Une bonne taille des pommiers permet d'atteindre plusieurs objectifs, notamment donner à l'arbre une forme qui permet d'intercepter le maximum de lumière et renouveler la surface fructifère. Par ailleurs, nous en avons appris davantage récemment sur l'importance de la taille de dormance en vue d'obtenir des fruits de bon calibre en réduisant le nombre de boutons à fruit.

La plupart des pommiers produisent beaucoup plus de fleurs qu'il en faut pour avoir une récolte. Plusieurs des pratiques utilisées dans nos vergers favorisent cette situation : le recours à des porte-greffes nanifiants, l'utilisation de treillis, la bonne fertilité des sols et l'humidité procurée, l'éclaircissage des fruits et le captage de la lumière. On peut le constater dans les vergers traditionnels, mais l'effet est amplifié dans les systèmes à haute densité comme les conduites à fuseau élevé.

Nous savons que ce ne sont pas toutes les fleurs qui vont donner des fruits, et que bon nombre de jeunes fruits pollinisés seront éliminés par l'éclaircissage chimique ou manuel. Mais si on réfléchit à toute l'énergie utilisée par l'arbre pour produire les fleurs, le pollen et les jeunes fruits inutiles, on constate un gaspillage d'énergie et donc une diminution du potentiel de calibre des fruits restants qui constituent la récolte vendable.

La taille de dormance représente un moyen facile et efficace de limiter le nombre de fleurs qui se partageront l'énergie de l'arbre nécessaire à la mise à fruits. Pour optimiser cette méthode, toutefois, il faut accepter d'y consacrer un certain temps : évaluation des bourgeons, calcul de la charge fruitière visée et adaptation de la stratégie de taille, en acceptant peut-être d'y consacrer plus de main-d'œuvre. Mais tout cela, c'est du temps bien employé qui permet d'obtenir des fruits de meilleur calibre.

La taille de dormance utilisée comme stratégie de gestion de précision de la charge de récolte est une méthode efficace, car il est avantageux pour l'arbre, du point de vue horticole, de produire moins de fleurs et de jeunes fruits. En économisant l'énergie de l'arbre et en la redirigeant ailleurs avant la floraison, on obtiendra de plus gros fruits, ce qui peut faire une bonne différence dans les mises en marché de l'hiver suivant.

  • Le défi à surmonter. Essayez cette technique ce printemps dans deux blocs pour constater vous-mêmes les résultats. Calculez votre objectif de rendement et établissez combien de fruits par arbre sont requis (voir l'article « Résultats d’un essai sur l’élagage de précision », Le Pomiculteur, numéro de février). Cette étape peut être réalisée au bureau.
  • Choisissez deux blocs de pommiers plus petits, un de moins de cinq ans et l'autre plus mature d'environ 10 ans. Il est plus facile de compter des arbres de taille semblable, et les cultivars à petits fruits comme Gala sont ceux qui risquent d'être le plus sensibles à cette pratique.
  • Comptez les boutons à fruit sur cinq à 10 arbres. Sur les plus gros arbres, on peut compter plusieurs des plus grosses branches et multiplier par le nombre total d'arbres.
  • Si le nombre de boutons à fruit est plus du double de ce qu'on a besoin (pour ne pas prendre de risques), il faut tailler davantage. La manière la plus rapide de procéder consiste à retirer des branches entières pour réduire le nombre de boutons.
  • Identifiez les arbres et retournez dans le bloc après l'éclaircissage, ainsi qu'à la récolte pour observer le calibre des fruits. Retournez-y l'année suivante pour observer la nouvelle floraison.

Le disque Equilifruit ou le Cornell Young Tree Gauge peuvent aussi aider l'équipe d'élagage à connaître le nombre de boutons par branche à conserver. Quelle que soit la méthode, gardez des registres et des plans pour constater les résultats sur ces arbres, cette année et l'an prochain. Profitons de l'avantage horticole associé à une gestion hâtive de la charge de récolte par la taille des pommiers.