Introduction

Les ingrédients d’alimentation animale à la portée des éleveurs sont nombreux, mais la protéine demeure parmi ceux qui sont le plus en demande, et pas nécessairement parce qu'elle est difficile à obtenir, mais en raison de ses coûts variables à la hausse.

La fèverole, dont le nom latin est Vicia faba, pourrait s'avérer une source intéressante de protéine pour l’alimentation des animaux d’élevage. On l’appelle aussi fève à cheval, fèverole à petits grains, fève des marais ou gourgane.

Nutrition

Les éleveurs sèment des fèveroles dans le but de se procurer une source de protéine cultivée sur place et qui peut être facilement transformée à la ferme, puisqu'elles contiennent peu d’huile. Les fèveroles ont aussi l’avantage de ne pas contenir d’enzymes à caractère antinutritionnel et n'ont donc pas besoin d’être torréfiées. Les fèveroles s'apparentent aux haricots de Lima et contiennent environ 30 % de protéine. Elles constituent une bonne source d’énergie issue de l’amidon. La figure 1 fournit un exemple d’un rapport d’analyse (2015) de la valeur nutritive de fèveroles, dont les résultats moyens pour la saison concernée indiquaient une concentration en protéine brute de 28 à 33 % et de 11,5 à 17 % pour la protéine soluble.

Figure 1a. Résultats d’analyse de laboratoire de la valeur nutritive de fèveroles, 2015. ID de l’échantillon : 2 — Fèveroles 2015. Type d’analyse : NCPS — Cultures non fourragères. Matière sèche % 86,47 tel quel. Humidité % 13,53 tel quel.
Substance analysée : Protéine Base matière sèche Tel quel
Protéine % (N × 6,25) 30,83 26,66
Protéine soluble (%) 16,5 14,27
% de PS de la PB 53,52 non reporté
% PB-FDA (PDA) 0,31 0,27
PDA en % de la PB 1,01 non reporté
% PB-FDN (PDN) 3,1 2,68
PDN en % de PB 10,06 non reporté
Est. des PDI, % de PB 28,34 non reporté
Figure 1b. Résultats d’analyse de laboratoire de la valeur nutritive de fèveroles, 2015. ID de l’échantillon : 2 — Fèveroles 2015. Type d’analyse : NCPS — Cultures non fourragères. Matière sèche % 86,47 tel quel. Humidité % 13,53 tel quel.
Substance analysée : Fibres Base matière sèche Tel quel
Fibre au détergent acide (%) 10 8,65
Fibre au détergent neutre (%) 13,57 11,73
LIG % de FDN 0,07 0,06
Figure 1c. Résultats d’analyse de laboratoire de la valeur nutritive de fèveroles, 2015. ID de l’échantillon : 2 — Fèveroles 2015. Type d’analyse : NCPS — Cultures non fourragères. Matière sèche % 86,47 tel quel. Humidité % 13,53 tel quel.
Substance analysée : Non-Fibres Base matière sèche Tel quel
Matière grasse (%) 0,25 0,22
Choline hydrosoluble (%) 8,87 7,67
Amidon (%) 32,8 28,36
Amidon % de glucides non fibreux 62,3 non reporté
Glucides non fibreux (%) 52,65 45,53
Figure 1d. Résultats d’analyse de laboratoire de la valeur nutritive de fèveroles, 2015. ID de l’échantillon : 2 — Fèveroles 2015. Type d’analyse : NCPS — Cultures non fourragères. Matière sèche % 86,47 tel quel. Humidité % 13,53 tel quel.
Substance analysée : Non-Minéraux Base matière sèche Tel quel
Cendres (%) 5,8 non reporté
Calcium (%) 0,37 non reporté
Phosphore (%) 0,78 non reporté
Potassium (%) 1,32 non reporté
Magnésium (%) 0,29 non reporté
Sodium (%) 0,03 non reporté
Cuivre (ppm) 19,68 non reporté
Fer (ppm) 130,68 non reporté
Manganèse (ppm) 16,69 non reporté
Zinc (ppm) 50,41 non reporté
Figure 1e. Résultats d’analyse de laboratoire de la valeur nutritive de fèveroles, 2015. ID de l’échantillon : 2 — Fèveroles 2015. Type d’analyse : NCPS — Cultures non fourragères. Matière sèche % 86,47 tel quel. Humidité % 13,53 tel quel.
Substance analysée : Non-Énergie Base matière sèche Tel quel
UNT (%) 86,77 non reporté
Énergie nette (lactation) Mcal/kg (ENL) 1,74 non reporté
Énergie nette (croissance) Mcal/kg (ENC) 1,66 non reporté
Énergie nette (entretien) Mcal/kg (ENE) 2,37 non reporté
WUNT 81,19 non reporté
WENL 2 non reporté
WENC 1,47 non reporté
WENE 2,15 non reporté

Des recherches menées au Canada ont révélé que l’utilisation de tourteau de soya ou de fèveroles comme source de protéine dans les rations n'entraînait pas de différence significative dans la production de lait. Par comparaison, l’énergie fournie par la fèverole est supérieure à celle du tourteau de soya, mais inférieure à celle de l’orge. En tant que source de lysine, la fèverole se compare aux pois secs avec un ratio lysine : L-méthionine de 2 :1. La fèverole est également riche en thiamine et en phosphore.

Tableau 1. Comparaison des valeurs nutritives de la fèverole, du tourteau de soya et du tourteau de canola.
Ingrédient Protéine brute % Amidon % Énergie nette (lactation) (Mcal/kg)
Fèverole 30-35 30-40 1.9
Tourteau de soya 46 5 1.65
Canola/colza 36 6 1.5

Source : Dairy Vision Consulting

La plupart des variétés de fèveroles offertes au Canada sont produites en Allemagne et dans les Pays-Bas. Les premières variétés possédaient une concentration peu souhaitable en tanins, contenus surtout dans la gousse qui réduit la digestibilité des protéines. Bien que les tanins rendent la fèverole plus savoureuse et qu'ils soient digestibles pour les ruminants, ils ne le sont pas pour les monogastriques. Les variétés ont évolué avec le temps et leur concentration en tanins a été considérablement réduite. À la floraison, il est possible de vérifier si la variété contient des tanins, lorsque les fleurs sont mauves ou roses. Ces variétés sont habituellement utilisées pour l’industrie alimentaire. Les variétés sans tanins ou qui présentent des concentrations très faibles auront des fleurs blanches; c'est le cas des cultivars Imposa, Snowbird et Tabasco.

Ensemencement

On doit inoculer les fèveroles pour favoriser une distribution plus homogène et une formation plus rapide des nodules, afin de maximiser la fixation de l’azote. Comme les autres légumineuses à grains, il s'agit d’une culture intéressante en raison de sa remarquable capacité à fixer l’azote, laquelle permet de réduire l’apport additionnel d’azote pour la culture subséquente. Les plants de fèveroles utilisent une assez grande quantité de phosphore pour le développement de leur système racinaire et la croissance des jeunes pousses. Selon la quantité de phosphore disponible dans le sol, le phosphate peut être au besoin appliqué en bandes avec les semences. Des études ont montré que le phosphore facilite la fixation de l’azote et améliore la tolérance à la sécheresse.

Les fèveroles peuvent être semées avec un semoir à maïs ou à soya, un semoir pneumatique, un semoir à grains, ou, au besoin, en utilisant une autre technique d’ensemencent pour les plus grosses fèves, étant donné qu'elles peuvent causer des problèmes d’écoulement dans les systèmes de distribution dont les tuyaux sont plus petits. L’espacement entre les rangs varie, selon les préférences, de 19 à 76 cm (7,5 à 30 po). L’espacement le plus courant est de 38 cm (15 po). La densité de peuplement suggérée est de 180 000 graines à l’acre, semées à une profondeur de 3,8 à 5 cm (1,5 à 2 po). Certaines des valeurs indiquées dans cette fiche technique sont en mesures impériales, pour refléter ce qui se fait couramment dans l’industrie.

On recommande habituellement que les semis soient terminés à la fin de la première semaine de mai; certains producteurs se fixent le 7 mai comme date limite. La fèverole est tolérante au gel et les semences peuvent être mises en terre lorsque la température du sol est autour de 3 °C. On a observé une réduction des rendements associés aux semis tardifs, en raison d’une maturation tardive et du stress dû à la sécheresse liée à des températures élevées à la floraison. Une différence de deux semaines entre les dates de semis peut entraîner une réduction de rendement allant jusqu'à 32 %.

Saison de croissance

La saison de croissance de la fèverole est raisonnablement longue. Comme la graine de fèverole est relativement tolérante, on peut la semer tôt sans craindre qu'elle soit détruite par le gel. Elle ne survit pas cependant aux gelées d’automne. Le temps frais durant la saison de croissance lui est favorable, et la fèverole s'adapte bien aux fluctuations d’humidité, mais son développement peut être compromis sous des climats chauds et secs.

Les semis doivent se faire dans un champ exempt de mauvaises herbes. En effet, la fèverole supporte mal la concurrence des mauvaises herbes, surtout au stade de plantule, étant donné que la levée et les premiers stades de croissance sont plus lents que pour beaucoup d’autres cultures. À la levée on doit inspecter le champ pour évaluer l’abondance et la distribution des mauvaises herbes; du glyphosate appliqué en pré-levée peut être efficace. On peut aussi utiliser des herbicides, mais on estime qu'ils sont moins efficaces que les traitements en pré-levée.

Habituellement, les plants atteignent une hauteur de 0,9 à 1,5 m (3 à 5 pi), selon la saison de croissance et la variété. Quand la floraison commence, le plant continue de croître et de fleurir dans le haut, pendant que les fleurs du bas se transforment en gousses (voir la figure 2). Une grappe de fleurs peut produire jusqu'à six gousses pouvant mesurer 10 cm de longueur et jusqu'à 1,5 cm de largeur et portant de 4 à 6 fèves par gousse.

Photo en gros plan de gousses de fèverole.
Figure 2. Faba bean pods.

Production et rendement

Dans l’Ouest du Canada, la production commerciale de fèverole a commencé en 1972, surtout pour remplacer le tourteau de soya dans les rations des animaux d’élevage. Ces dernières années, la fèverole a aussi remplacé le canola dans certains régimes alimentaires. En 2013, on estime que les superficies de fèveroles en Alberta étaient autour de 6475 ha (16000 acres). En Ontario, cependant, ces superficies sont beaucoup moins élevées, mais elles sont à la hausse. On estime que les superficies de fèveroles étaient environ de 162 ha (400 acres) dans le Sud de l’Ontario en 2015. En 2016, elles ont augmenté dans cette même région pour atteindre environ 405 ha (1000 acres). Dans le Nord de l’Ontario, les superficies sont de 810 ha (2000 acres). En raison du rendement des fèveroles, on a besoin de moins de superficies pour obtenir le même poids au boisseau sur un hectare ou un acre comparativement au soya. En 2014, le rendement moyen du soya dans le Sud de l’Ontario était de 45,5 boisseaux/acre alors que celui de la fèverole était d’environ 85 boisseaux/acre. Pour cette même année, le rendement du canola était de 43,1 boisseaux/acre.

En ce qui a trait à la quantité de fèveroles par tonne (36,7 boisseaux/tonne), la figure 3 illustre comment l’équation de Petersen peut être utilisée pour calculer la valeur des fourrages de remplacement, dans ce cas de la fèverole. Les valeurs sont basées sur sa teneur en protéine et en énergie par comparaison à la valeur nutritive et au coût du maïs et du tourteau de soya.

En outre, les unités nutritives totales (UNT) du maïs et du tourteau de soya, ainsi que la concentration en protéine brute (PB) sont utilisées pour obtenir les valeurs de substitution A, B et C.

Tableau montrant les valeurs comparatives de la fèverole établies à l’aide des équations de Petersen.
Figure 3. Calcul de la valeur relative des aliments pour animaux, effectué à l’aide des équations de Petersen. Téléchargez la version .csv pour un échantillon des données.

Les valeurs de substitution sont une indication du rythme auquel l’aliment analysé doit être donné pour fournir les mêmes éléments nutritifs que l’aliment de base qu’il remplace. Une tonne de l’aliment évalué remplace « A » tonnes d’une source d’énergie plus « B » tonnes d’une source de protéine dans la ration. Si « C » est supérieur à 1, la densité nutritive augmente et la quantité d’aliments requise pour nourrir l’animal diminue. Si « C » est inférieur à 1, c’est que l’utilisation de l’aliment évalué diminue la densité nutritive de la ration et exige une plus grande prise alimentaire. La figure 3 illustre la valeur de la fèverole en utilisant trois coûts différents, par tonne, pour le tourteau de soya et le maïs, étant donné que ces valeurs changent de manière constante. À la figure 3, les valeurs de la fèverole se situent entre 342 et 446 $, et les valeurs du maïs et du tourteau de soya se situent respectivement entre 190 et 220 $ et entre 440 et 640 $ la tonne.

Les équations de Petersen ont été mises au point dans le but d’établir rapidement et facilement une comparaison de coûts pour des ingrédients de remplacement dans l’alimentation animale. Pour plus d’information sur les équations de Petersen, voir le lien fourni à la fin de cette fiche.

Pression exercée par la maladie et méthodes de lutte

Quelques maladies peuvent affecter la fèverole au cours de sa croissance. Selon les conditions qui prévalent, la fèverole peut être infectée par la pourriture grise (Botrytis), la pourriture à sclérotes (Sclerotinia), la fonte des semis et la pourriture fusarienne. La fonte des semis et la pourriture fusarienne sont associées à des températures plutôt chaudes, alors que les infections causant la pourriture grise et la pourriture à sclérotes sont associées à des températures fraîches. Les sols humides favorisent l’apparition de toutes ces maladies. Quand l’espacement entre les rangs est plus étroit, les pourritures peuvent être plus marquées que dans les allées plus larges, puisque l’humidité s'y trouve piégée.

Les traitements et les moyens de prévenir ces maladies sont propres à chacune d’elles. Ainsi, alors que les fongicides sont efficaces contre la pourriture grise et la pourriture à sclérotes, ils ne les sont pas contre la pourriture fusarienne, car il est déjà trop tard pour traiter quand les symptômes apparaissent. En outre, le produit utilisé ne se rend pas jusqu'aux racines. Dans le cas de la pourriture fusarienne, l’utilisation de semences supérieures traitées constitue le meilleur moyen de prévention. Par ailleurs, comme beaucoup d’autres cultures, la fèverole peut être infestée par certains insectes comme les pucerons, les cicadelles, les charançons rayés du pois, les sauterelles et surtout les punaises ternes. Le dépistage au stade du développement de la gousse permettra de surveiller les populations de punaises et, au besoin, d’avoir recours à un insecticide.

Récolte

La fèverole prend environ de 110 à 130 jours pour parvenir à maturité, selon la variété et les conditions de croissance. À mesure que le plant se développe, les feuilles du bas deviennent plus foncées et tombent. Par la suite, les gousses noircissent et s'assèchent graduellement le long de la tige. Parallèlement à la maturation, il est important d’examiner les gousses du bas. Habituellement, aux environs de la dernière semaine d’août, le plant arrive à maturité et 80 à 85 % des gousses du bas auront noirci; il est alors temps de pulvériser un produit pour en supprimer l’humidité, c'est-à-dire de procéder à la dessiccation.

La dessiccation est indispensable puisque les gousses ne s'assècheront pas toutes en même temps, comme le font les épis de blé, par exemple. On peut récolter les fèveroles environ huit à 10 jours après la dessiccation. Le moment de la dessiccation varie selon les provinces, mais cela s'effectue toujours quand 80 à 90 % des gousses ont noirci. Lorsque les plants arrivés à pleine maturité sont laissés dans le champ, les risques d’égrenage prématuré augmentent. Quand la déshydratation se poursuit et que la teneur en humidité atteint de 12 à 14 %, une attention particulière s'impose, car les plants étant suffisamment secs, les gousses risquent de tomber au moindre effleurement.

Il est préférable que les gousses soient récoltées entre 16 et 18 % d’humidité et ventilées en entrepôt pour que le taux d’humidité continue de s'abaisser jusqu'à 14 %. Si la teneur en humidité à la récolte est plus élevée, on recommande de procéder à la déshydratation en deux étapes, en respectant une pause d’une journée pour que l’humidité puisse se déplacer vers la surface de la graine. Si la déshydratation exige un apport de chaleur, la température ne doit pas dépasser 32 °C afin de prévenir le durcissement de l’enveloppe de la graine.

Réduire au minimum les hauteurs de chute afin de diminuer les risques de craquement des fèves. On peut rapidement vérifier la teneur en humidité des fèveroles en croquant une fève; si la texture est plutôt moelleuse, c'est que la teneur en humidité est supérieure à 15 %. Si la fève est dure et demeure intacte quand on la croque, c'est qu'elle contient moins de 15 % d’humidité. La transformation à la ferme des fèveroles peut se faire à l’aide d’un moulin à cylindres ou avec un tamis de 10 mm (0,38 po) placé sur un broyeur à marteaux ou une presse à foin.

On peut aussi procéder à l’andainage des fèveroles. Idéalement, l’andainage des fèveroles devrait s'effectuer quand le noircissement des gousses est visible jusqu'à la troisième gousse en partant de la base sur 25 % des plants dans le champ. On les laisse ensuite sécher pour les ramasser lorsque la teneur en humidité des fèves se situe entre 18 à 20 %, préférablement le matin puisque la déshydratation peut se poursuivre durant la journée et également pour prévenir les pertes associées à l’égrenage prématuré si l’humidité continue de décroître. Les fèveroles récoltées peuvent ensuite être asséchées davantage pour atteindre 14 % d’humidité en entrepôt.

En plus de ramasser les fèveroles pour les déshydrater, on peut aussi les récolter à une haute teneur en humidité ou récolter le plant entier à utiliser comme fourrage. L’ensilage de fèveroles est goûteux pour les animaux et on peut les récolter directement ou les laisser faner jusqu'à 30 à 35 % de matière sèche, ce qui procurera environ 17 à 18 % de protéine brute.

Les fèveroles sont semblables à beaucoup d’autres légumineuses à grains, comme les pois et les haricots secs. On peut les donner aux animaux de différentes manières. Elles constituent également une source de protéine qui peut être donnée aux monogastriques comme aux ruminants. La fèverole est donc un excellent ingrédient de l’alimentation animale et c'est pourquoi elle est utilisée dans le monde entier depuis des décennies et continuera sans doute de l’être à l’avenir.

Remerciements

Cette fiche technique a été rédigée par Anita Heeg, spécialiste des ingrédients et des sous-produits, alimentation animale, MAAARO, Woodstock.

L’auteur aimerait remercier Dairy Vision Consulting, distributeur de semences de fèveroles, pour les renseignements fournis.