Cette publication hautement spécialisée (Rapport sur l’état des ressources relatives au caribou des bois sylvicole : 2e partie) n'est disponible qu'en anglais conformément au Règlement 671/92, selon lequel il n’est pas obligatoire de la traduire en vertu de la Loi sur les services en français. Pour obtenir des renseignements en français, veuillez communiquer avec le ministère des Richesses naturelles au 807 343-4020 ou par courriel à caribou@ontario.ca.

Avant-propos

Il existe deux écotypes de caribou des bois en Ontario, dont l’appellation est liée à son habitat principal : le caribou des bois sylvicole et le caribou de la toundra. La population sylvicole boréale de caribous des bois (Rangifer tarandus caribou) (appelée « caribou » dans le présent document) figure sur la liste des espèces en péril en vertu de la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition (LEVD). Comme le caribou est une espèce menacée, l’espèce et l’habitat sont tous deux protégés. Cela signifie qu’il est interdit de nuire au caribou ou d’endommager son habitat.

La LEVD exige que les stratégies de rétablissement et les déclarations d’intervention du gouvernement soient préparées dans des délais prescrits pour les espèces qui figurent sur la liste des espèces en voie de disparition ou menacées. En 2008, la Stratégie de rétablissement du caribou des bois (Rangifer tarandus caribou) (population boréale sylvicole) en Ontario (équipe de rétablissement du caribou des bois en Ontario, 2008) a été mise au point; elle donnait des conseils scientifiques au ministre des Richesses naturelles et des Forêts sur les moyens à prendre pour protéger et rétablir les populations de caribous en Ontario. La déclaration d’intervention du gouvernement rédigée pour cette stratégie de rétablissement a été le Plan de protection du caribou des bois en Ontario (le PPC) (MRN 2009). Le PPC décrit les grandes lignes de l’objectif visé par le gouvernement pour le rétablissement du caribou. Il indique les mesures que le ministère des Richesses naturelles (MRN) de l’époque, qui est maintenant le ministère des Richesses naturelles et des Forêts (MRNF), a l’intention de prendre pour protéger et rétablir le caribou en Ontario.

Le document Ontario’s Woodland Caribou Conservation Plan Progress Report (le rapport d’étape) (MRN 2012) donne de l’information sur les réalisations des trois années qui ont suivi la diffusion du PPC. Ce document comprend, et s’appuie sur, les réalisations décrites dans le rapport d’étape. Bien qu’il ne soit ni un examen ni une révision du PPC, le Rapport sur l’état des ressources relatives au caribou des bois sylvicole rend compte des interventions que le MRNF s’est engagé à faire dans le PPC et donne un aperçu détaillé des initiatives entreprises pour la protection et le rétablissement du caribou. Le Rapport est divisé en trois parties :

1re partie : Fait des comptes rendus sur l’investissement de plus de 11 millions de dollars du MRNF dans les progrès réalisés à l’égard des mesures de rétablissement et des engagements contenus dans le PPC, y compris des rapports sur l’état d’avancement des engagements liés aux politiques, à la planification et à la gestion des ressources.

2e partie : Donne des détails techniques et communique les principaux résultats sur la surveillance et l’évaluation du caribou à l’intérieur de l’aire de répartition continue de l’Ontario (sauf pour l’aire de répartition sur les rives du lac Supérieur); décrit la distribution du caribou et résume les résultats des premières évaluations intégrées des aires de répartition.

3e partie : Fait un résumé technique des renseignements sur le programme de recherche exhaustif sur le caribou axé sur la collaboration à l’échelle provinciale du MRNF qui discute des résultats des engagements liés à la recherche dans le cadre du PPC.

Chaque partie du Rapport peut être lue indépendamment des autres, bien qu’elle fasse partie du Rapport sur l’état des ressources relatives au caribou des bois sylvicole. Des renseignements supplémentaires à l’appui se trouvent dans les annexes de chaque partie.

Objectif pour la protection du caribou des bois en Ontario

Maintenir, où elles existent déjà, des populations locales de caribou des bois sylvicole qui sont liées génétiquement; améliorer la sûreté des populations locales isolées ainsi que les liens qui existent entre elles et faciliter le retour du caribou à des endroits stratégiques, près des endroits où il existe déjà.

La LEVD exige qu’un rapport soit produit sur les progrès réalisés dans la protection et le rétablissement d’une espèce cinq ans après la publication de la déclaration d’intervention du gouvernement. De plus, le PPC contient un engagement de principe qui se résume à élaborer un « Rapport sur l’état des ressources relatives au caribou des bois sylvicole » en 2014. Ce document répond aux exigences relatives aux lois et aux politiques.

Ce document est la deuxième partie du Rapport sur l’état des ressources relatives au caribou des bois sylvicole. Il respecte l’engagement du Plan de protection du caribou des bois en Ontario (PPCB) (MRNF 2009) de faire rapport sur la répartition du caribou en Ontario en résumant les conclusions de la surveillance et de l’évaluation du caribou à l’intérieur de la répartition continue de l’Ontario (qui n’inclut pas l’aire de répartition de la côte du lac Supérieur).

Dans la foulée du Protocole pour les évaluations intégrées des aires derépartition du caribou des bois en Ontario (le « protocole ») (MRNF 2014c), le MRNF a réalisé des évaluations intégrées des aires de répartition pour 12 secteurs de la répartition continue, excluant l’aire de répartition de la côte du lac Supérieur. La condition de l’aire de répartition a été établie à partir de l’état des populations et des habitats et l’état des populations comprend la taille de la population, établie en utilisant le décompte minimal et la tendance de la population, calculés à l’aide de taux de recrutement annuels et du taux de survie des femelles adultes, alors que l’état de l’habitat est établi en analysant les perturbations naturelles et anthropogéniques (causées par les êtres humains) de même que la quantité et la disposition des habitats. Ces évaluations intégrées des aires de répartition sont documentées dans les rapports des évaluations intégrées des aires de répartition (MRNF 2014d-k).

La répartition du caribou a aussi été étudiée d’autres manières, notamment le long de la limite septentrionale de la répartition continue, et abordait aussi l’utilisation de l’espace par le caribou, la probabilité d’occupation dans une zone donnée, sa répartition actuelle au sud et sa connectivité génétique.

Limite septentrionale de répartition continue

La limite méridionale de l’écorégion de la taïga du nord (1E) (Crins et coll.  2009) a été utilisée comme nouvelle limite nord de la répartition continue et les aires de répartition qui la constituent le long de cette limite dans le rapport de délimitation des aires de répartition (MRNF 2014a). Les travaux de recherche récents (Berglund et coll., 2014) suggèrent que la limite méridionale de l’écorégion de la taïga du nord (1E) constitue une approximation raisonnable, fondée sur le plan écologique de la limite septentrionale de l’aire de répartition pour l’écotype sylvicole.

Observations de la distribution en hiver

Des études de distribution en deux étapes ont été réalisées en février et/ou en mars dans les aires de répartition de la répartition continue et ont fourni des données pour les estimations de l’occupation par le caribou et de sa répartition, sur les taux de recrutement, sur la taille de la population et les tendances à cet égard.

Résumé

Dans les aires de répartition du Grand Nord de l’Ontario, un nombre plus important de preuves de la présence du caribou, que ce soit des observations ou des signes d’activité du caribou, ont été répertoriées dans l’aire de répartition de Missisa, en grande partie près de l’interface entre les écozones du bouclier ontarien et des basses terres de la baie d’Hudson (MRNF 2014g). Les caribous étaient plus uniformément répartis à l’intérieur de l’aire de répartition de la baie James, alors que dans les aires de repartition de Spirit, d’Ozhiski et de Kinloch, où surviennent fréquemment d’imposants feux de forêt, les caribous ont été associés à des zones de forêt plus âgées et à des tourbières (MRNF 2014g).

Dans les aires de répartition plus au sud, les caribous se trouvent généralement dans des zones comportant une plus grande quantité de forêts de conifères plus âgés ou de tourbières, et on ne trouve généralement pas d’individus dans les forêts plus jeunes (MRNF 2014d-f, h-k). Le nombre plus élevé de preuves de la présence du caribou, obtenues par observation ou grâce à des signes d’activité, ont été répertoriées dans des aires de répartition comportant moins de perturbations naturelles ou anthropogéniques (MRNF 2014d-f, h-k).

Taille de la population

On a constaté que la tendance moyenne annuelle de population (l) est de moins de 0,99 pour toutes les aires de répartition et qu’elle varie de 0,86 à 0,98 (Figure 2-6) (MRNF 2014d-k). Selon Environnement Canada (2008, 2011), cette constatation appuie l’interprétation voulant que les populations de caribous en Ontario soient sujettes à un déclin à court terme. La tendance en matière de population et de survie ne peut être calculée pour les aires de répartition de Swan ou d’Ozhiski, en raison de la petite taille de l’échantillon. Les deux aires de répartition comptent toutefois de taux de recrutement plus bas que le seuil jugé nécessaire pour qu’une population soit considérée comme stable ou en croissance (MRNF 2014g).

Évaluation des perturbations

À l’heure actuelle, les perturbations cumulatives varient de 6 p. cent (aire de répartition de la baie James) à 62,7 p. cent (aire de répartition de Sydney) dans toute la zone de répartition continue (Tableau 2-1) (MRNF 2014d-k). À partir des liens établis entre les perturbations et le recrutement, les aires de répartition de Berens et de Pagwachuan, et toutes les aires du Grand Nord de l’Ontario verront vraisemblablement leur population se stabiliser ou croître (MRNF 2014c; EC 2011). Dans les aires de répartition de Churchill, Brightsand, Nipigon et Kesagami, il y a incertitude quant à la stabilité ou à la croissance de la population (MRNF 2014e, f, i, h). Le degré de perturbation de l’aire de répartition de Sydney est de 62,7 %; il est donc peu probable que la croissance de la population de l’aire de répartition de Sydney demeure stable ou augmente si on se fie aux conditions observées lors de l’évaluation intégrée des aires de répartition (MRNF 2014k).

Évaluation des habitats

On constate qu’il y a moins d’habitats (d’hiver et/ou comme refuge) disponibles dans les aires de répartition de Sydney, de Brightsand, de Kesagami, de Berens, de Nipigon et de Pagwachuan que ce à quoi on s’attendrait dans des conditions naturelles (MRNF 2014d, e, h-k). On a constaté que l’aire de répartition de Churchill comportait un nombre d’habitats d’hiver ou de refuge conformes aux conditions naturelles (MRNF 2014f).

Dans les aires de répartition de Berens, de Sydney, de Nipigon, de Pagwachuan, de Kesagami et de Brightsand, on a noté une plus grande fragmentation des habitats d’hiver ou de refuge que dans des conditions naturelles (MRNF 2014d, e, h-k). L’aire de répartition de Churchill Range disposait d’un aménagement convenable tant pour les habitats d’hiver que pour les habitats de refuge (MRNF 2014f).

Évaluation intégrée des risques

Conformément à la description contenue dans le protocole (MRNF 2014c), le terme « risque » définit la probabilité projetée que les caribous occupant une aire de répartition soient autosuffisants. Généralement, un risque élevé équivaut à une faible probabilité de population autosuffisante, alors qu’un risque faible en indique une probabilité élevée.

Un certain nombre d’aires de répartition ont été établies comme à risque intermédiaire ou élevé. On constate un degré de risque élevé dans l’aire de répartition de Sydney (MRNF 2014k), un niveau de risque intermédiaire dans les aires de répartition de Brightsand, de Churchill, de Kesagami, de Nipigon, de Pagwachuan, de Kinloch, de Missisa, de Spirit et de la baie James (MRNF 2014e-j) et un faible niveau de risque dans les aires de répartition de Berens, d’Ozhiski et de Swan (MRNF 2014d, g). Un certain nombre d’aires de répartition ont montré de faibles mesures de perturbations lors d’une évaluation; toutefois, des preuves directes de la tendance en matière de population suggèrent que les populations pourraient être en déclin.

Condition des aires de répartition

La condition des aires de répartition varie partout en Ontario (Tableau 2-3, figure 2-11) et leur état est fondé sur les conditions au moment où les évaluations intégrées des aires de répartition ont été réalisées. Les aires de répartition d’Ozhiski et de Swan ont été choisies en vue d’obtenir des conditions « suffisantes pour le maintien du caribou » (MRNF 2014g). Par contre, les aires de répartition de Kesagami et de Sydney ont été évaluées et considérées comme « insuffisantes pour le maintien du caribou » (MRNF 2014h, k). Pour les aires de répartition restantes, on dit « ne pouvoir donner de certitude quant à leur capacité à maintenir le caribou » (MRNF 2014d-g, i, j).

Aires de répartition annuelles

Certaines données recueillies lors d’activités de surveillance et d’évaluation, notamment dans le cadre du projet pour le caribou dans le Grand Nord et des évaluations intégrées des aires de répartition et dans le projet de recherche, ont été utilisées pour calculer le domaine vital annuel du caribou (la zone dans laquelle un caribou vit et se déplace). Plus précisément, des données télémétriques de 208 femelles portant un collier ont été analysées afin de produire des estimations annuelles pour les domaines vitaux à partir de polygones convexes minimums et d’estimations de noyaux de densité.

Ces analyses ont fourni de l’information sur la quantité d’espace essentielle pour qu’un caribou puisse répondre à ses besoins vitaux. De façon générale, les déplacements annuels du caribou sont plus importants dans le nord que dans le sud, et plus importants dans l’est que dans la portion ouest de l’Ontario.

Probabilité d’occupation

La probabilité d’occupation est constamment plus élevée le long de l’interface entre les écozones du bouclier ontarien et des basses terres de la baie d’Hudson (MRNF 2014d-k). Des probabilités élevées dans les aires de répartition de Spirit, de Swan et d’Ozhiski ont été associées à des complexes de tourbières plus vastes (MRNF 2014g). Les aires de répartition du Grand Nord de l’Ontario ont une plus faible probabilité d’occupation par le caribou dans les zones de jeunes forêts.

Dans les aires de répartition plus au sud, les probabilités d’occupation les plus élevées ont été corrélées avec la forêt de conifères matures (36 ans ou plus), la forêt marécageuse ou la forêt clairsemée (MRNF 2014g). De faibles probabilités ont été corrélées plus fortement avec des secteurs présentant des perturbations abondantes ou une forêt jeune (moins de 36 ans, stade pionnier) (MRNF 2014d-k). Les modèles d’occupation ont été comparativement plus élevés dans les environs du parc provincial de Wabakimi (aires de répartition de Brightsand) (MRNF 2014e) et du parc provincial Woodland Caribou (aires de répartition de Berens et de Sydney) (MRNF 2014d, k).

Répartition actuelle dans le sud

Un changement dans la probabilité d’occupation près du prolongement sud de la zone de répartition continue est peut- être l’un des meilleurs indicateurs que la récession de l’aire de répartition se poursuit ou a cessé. La probabilité d’occupation de la limite méridionale actuelle et d’un territoire de 50 km au nord a été établie. Elle servira de comparatif pour vérifier si la récession de l’aire de répartition se poursuit.

Connectivité génétique

L’analyse préliminaire ne révèle aucune preuve d’isolation génétique du caribou au sein de la répartition continue. Les caribous occupant le Grand Nord de l’Ontario montrent un degré plus élevé de diversité génétique que les caribous du sud. Les régions à l’interface des écozones du bouclier ontarien et des basses terres de la baie d’Hudson abritent des individus à composante génétique variée comparativement à ceux qui vivent plus loin à l’est ou au sud (Thompson et Wilson dans Berglund et coll. , 2014).