Analyse d’échantillons coupés aux ciseaux pour optimiser la qualité des fourrages
Renseignez-vous sur la méthode de coupe aux ciseaux des échantillons de fourrage pour améliorer les résultats des tests d’analyse en laboratoire.
Au cours du printemps 2012, la température a favorisé une situation unique pour la croissance des cultures fourragères. Au début mars, la luzerne est sortie de son état de dormance et a connu une croissance importante en raison des températures élevées. Puis, des gels intenses ont suivi à la fin mars, causant des dommages aux points de croissance, et obligeant les plants à reprendre leur développement à partir de nouveaux bourgeons axillaires et bourgeons du collet. Le temps sec et frais en avril a retardé la reprise et la croissance des plants. Certaines régions ont également eu des gelées fortes à la fin avril. La croissance des plantes fourragères et leur maturité semblent préoccuper tout le monde! Quel effet auront ces conditions sur la qualité des fourrages et quand devrions-nous faire la première coupe pour l'ensilage préfané?
En production laitière, il est indispensable que les fourrages soient de qualité supérieure. Les paramètres utilisés pour une vache laitière à forte production de lait sont de 20 % de protéines brutes (PB), 30 % de fibres au détergent acide (ADF) et 40 % de fibres au détergent neutre (NDF). Bon nombre de spécialistes en nutrition animale considèrent que la teneur en NDF est le critère prépondérant.
Établissement de la qualité optimale
La teneur optimale en NDF pour la prise alimentaire et la fibre alimentaire est d'environ 40 %. On estime que ce pourcentage offre un bon équilibre entre les objectifs parfois incompatibles associés à une prise alimentaire optimale, l'énergie digestible, l'utilisation de la protéine, la quantité adéquate de fibre alimentaire (pour le fonctionnement du rumen) et le rendement à l'acre. Idéalement, l'ensilage préfané doit avoir une teneur en NDF de 40 % à peu près au milieu de la récolte. Sous l'effet du temps doux, cette teneur peut toutefois s'accroître de 0,7 unité par jour et la digestibilité des fibres (dNDF) peut diminuer de plus de 0,5 unité par jour, ce qui réduit rapidement la qualité des fourrages. À ce stade, le rendement à l'acre des peuplements de luzerne peut augmenter de 100 lb de matière sèche par jour, au détriment toutefois de la valeur nutritive. Les coupes trop hâtives peuvent aussi causer un stress aux plants. Il est toujours préférable de récolter trop tôt que trop tard. (Si on récolte trop tôt, il est toujours possible d'ajouter les fibres requises en intégrant de la paille à la ration totale mélangée.) L'attente de temps sec pour procéder à la récolte peut souvent compliquer les choses davantage.
Dans les peuplements mixtes, on doit s'assurer de tenir compte du stade de maturité des graminées pour décider du moment de la coupe. Les graminées ont des teneurs plus élevées en NDF, mais leur dNDF est également plus élevée que celle de la luzerne. La qualité fourragère des graminées diminue plus rapidement avec la maturité que celle de la luzerne. Les graminées données aux vaches laitières très productives devraient avoir une teneur en NDF inférieure à 55 % (idéalement 50 %). Une interruption tardive du stade de dormance de la luzerne et des températures printanières fraîches donnent souvent des peuplements mixtes qui contiennent une plus grande proportion de graminées, qui sont à un stade de maturité relativement plus avancé que la luzerne.
Objectif: de la luzerne avec une teneur en NDF de 40 %
La recherche a montré que d'une année à l'autre, la teneur en NDF peut accuser des écarts 10 % à la même date de coupe. La relation entre le stade phénologique (début ou fin du stade du bouton) et la teneur en NDF n'est pas toujours très précise. Des conditions fraîches et pluvieuses peuvent retarder l'apparition du stade du bouton tandis que la teneur en NDF continue de s'accroître. Dans le cadre d'une étude menée à l'Université Cornell, on a observé que dans certains cas, la teneur en NDF atteignait 40 % avant même l'apparition de boutons tandis que dans d'autres, elle n'atteignait ce pourcentage que deux semaines après l'apparition des boutons. La qualité des fourrages diminue toujours un peu à la récolte et durant l'entreposage. On vise donc une teneur plus faible en NDF dans le champ que dans l'ensilage préfané.
Facteurs de décision
Il est toujours difficile de décider du moment de la première coupe de luzerne. Certains facteurs de décision sont plus efficaces que d'autres. Les méthodes ci-dessous permettent de déterminer le moment de la première fauche :
- date du calendrier;
- date à laquelle le voisin commence à faucher;
- stade de développement (stade du bouton);
- degrés-jours de croissance (DJC);
- équations prédictives de la qualité de la luzerne (ÉPQL);
- données provenant des analyses d'échantillons coupés aux ciseaux.
Degrés-jours de croissance
Les modèles de DJC (température de base 5 °C) utilisant les températures quotidiennes minimales et maximales pour prédire les teneurs en NDF présentent certaines limites en Ontario. La plupart des modèles visent une teneur en NDF de 40 % NDF à 390 DJC (700 DJC à une température de base de 40 °F) ou moins. Les passionnés d'informatique l'aiment bien parce qu'il n'est pas nécessaire de parcourir le champ et d'inspecter les cultures, mais les résultats peuvent être variables. Il est particulièrement risqué d'utiliser les modèles de DJC cette année en raison de l'interruption précoce du stade de dormance et des problèmes associés aux dommages par le gel.
Équations prédictives de la qualité de la luzerne (ÉPQL)
La méthode des ÉPQL consiste à évaluer la teneur en NDF de la luzerne dans un peuplement sur pied (de 2 pieds carrés ou 0,19 mètre carré) à partir de la tige la plus longue et de la tige à l'état de maturité le plus avancé. La méthode utilise à la fois le stade de développement (des bourgeons, des fleurs) et la hauteur des plants. Des baguettes à mesurer la NDF par la méthode des ÉPQL sont offertes sur le marché (ou peuvent être fabriquées à la maison) et peuvent être utilisées au champ. Dans les peuplements presque purs de luzerne, sous des conditions normales de croissance, cette méthode peut être très précise. Elle possède en outre l'avantage d'exiger que le producteur parcoure ses champs.
Analyses d'échantillons coupés aux ciseaux
Des échantillons sont prélevés le matin une ou deux fois par semaine (du lundi au jeudi) à une hauteur normale de fauche. Différents petits échantillons sont prélevés au hasard à divers endroits du champ de manière à obtenir un échantillon final représentatif. Évitez de prendre des échantillons aux extrémités des champs et dans les plus petites parcelles ayant subi des dommages. Les échantillons devraient peser environ 225 g (0,5 lb). Éliminez l'excès d'humidité de l'échantillon avec une serviette et placez-le dans un sac en papier. Expédiez-le au laboratoire par livraison express pour le lendemain. Les laboratoires utilisent habituellement la méthode de spectroscopie de réflectance dans le proche infrarouge (NIRS) et devraient être en mesure de l'appliquer aux échantillons frais. Les laboratoires suivants offrent des services d'analyse d'échantillons coupés aux ciseaux :
Le laboratoire devrait transmettre les résultats par télécopieur ou par courriel dès le lendemain. Les frais de livraison et de laboratoire sont minimes comparativement aux coûts d'alimentation animale.
Partage des données
L'équilibre entre le rendement, la qualité et la longévité des fourrages n'est jamais facile à obtenir. Aucune de ces méthodes n'est parfaite. Les données recueillies par les échantillons coupés aux ciseaux peuvent être utiles à l'échelle de la ferme. Une certaine forme de coopération à cet égard peut aussi être avantageuse. L'affichage et le partage des données sur un site Web permettent d'améliorer la précision de la surveillance de la qualité des fourrages dans les champs de notre région. Alors, faites-moi parvenir vos données (joel.bagg@ontario.ca) et nous essaierons d'en tirer quelque chose d'utile!