Le ginseng est cultivé commercialement en Ontario depuis plus de 100 ans. Les superficies ont augmenté rapidement dans les années 1980 et 1990, car un grand nombre de producteurs abandonnaient la culture du tabac au profit du ginseng. La valeur annuelle à la ferme de l'industrie du ginseng en 2012 se situait autour de 130 000 000 $, ce qui en fait la culture horticole de champ de la plus grande valeur en Ontario. Au cours des dernières années, l'intérêt pour la culture du ginseng s'est accru, car les prix ont quelque peu remonté après avoir baissé en 2008 et 2009. Mais avant de se lancer dans cette culture, certains points méritent d'être pris en considération.

Coût de production

Le coût de production du ginseng est très élevé. En 2009, les coûts pour cultiver un acre de ginseng se situaient autour de 57 000 $, sans compter les frais pour l'équipement de base comme le tracteur et le pulvérisateur. Près de la moitié des coûts de production sont attribuables à l'établissement de la culture, particulièrement pour l'achat et la mise en place des ombrières. Les coûts ont aussi vraisemblablement augmenté pour plusieurs intrants depuis 2009.

Certains coûts de production, comme ceux qui sont liés aux semis et à la récolte à forfait, peuvent être réduits par l'achat de matériel spécialisé, bien que cela contribue à hausser les coûts de démarrage. Les coûts de production peuvent aussi diminuer avec le temps, puisque les coûts de la machinerie s'amortissent et que le matériel est réutilisé.

Cela prend trois ou quatre ans pour que le ginseng parvienne à maturité, après une première année de préparation. Il faut donc quatre ou cinq années de cultures établies avant de réaliser la première récolte. Par conséquent, les producteurs doivent investir près de 200 000 $ l'acre avant de tirer un revenu de la culture. En raison de cet investissement majeur et des risques qui y sont associés, la plupart des producteurs se contentent de démarrer avec un ou deux acres de ginseng et augmentent leur superficie avec le temps.

Sol et maladies

Le ginseng est vulnérable à un certain nombre de maladies dévastatrices, incluant la brûlure foliaire à Phytophthora, la rousselure due à Cylindrocarpon, l'alternariose, la brûlure des feuilles et le rhizoctone commun. Chacune de ces maladies peut détruire une culture entière en quelques semaines en l'absence de mesures de lutte intensive. Plusieurs autres maladies peuvent aussi causer des dommages considérables au ginseng. Durant les périodes de fortes précipitations, des maladies peuvent entraîner des réductions majeures de rendement même sous gestion intensive. Il n'est pas rare que de superficies entières soient détruites par la maladie les années de fortes précipitations. Les nouveaux producteurs s'exposent à des risques de maladie plus élevés en raison de leur inexpérience à lutter contre ces dernières.

Risques climatiques

Outre les risques associés à la maladie, le vent et les épisodes de grêle peuvent aussi détruire les ombrières et des inondations peuvent également se produire. Le risque le plus important pour le ginseng, relié au climat, est probablement le gel, qui a d'ailleurs causé des dommages considérables au cours de trois des quatre dernières années. Le ginseng lève habituellement au début mai et les gels qui surviennent à la mi-mai peuvent tuer les jeunes pousses ou rabougrir les plants plus avancés. Les plants qui ont été victimes du gel sont également plus vulnérables aux maladies pendant le reste de la saison.

Assurance-récolte

Actuellement, il n'existe pas de régime d'assurance-récolte pour le ginseng. Agricorp a en place un régime pilote pour un nombre limité de producteurs qui permet d'assurer la première année de la production de ginseng, en vue de couvrir le coût de remplacement des parcelles dont les jeunes pousses ont été endommagées. Il n'existe pas de moyen de récupérer les pertes subies dans les parcelles de plants plus âgés. Par conséquent, le ginseng est une culture à risque très élevé et il n'existe aucune garantie de rendement du capital initialement investi.

Le sol

Bon nombre de maladies terricoles du ginseng sont favorisées par un degré élevé d'humidité du sol. Le drainage est donc le principal facteur de prévention des maladies. C'est ce qui explique que la production de ginseng ne réussit que dans les sols sableux ou les loams sableux, et ne donne des rendements élevés que dans les sols vraiment sableux. C'est pourquoi la production de ginseng est surtout présente dans les comtés de Norfolk, de Brant et d'Oxford, et dans certaines zones restreintes de sol sableux ailleurs. Les producteurs habitués à cultiver dans l'argile ou dans des loams argileux ont souvent tendance à classer comme sableux certains sols de leur exploitation, mais les véritables sols sableux sont rares à l'extérieur des régions traditionnellement productrices de tabac et de ginseng. Les véritables sols sableux sont semblables à du sable de plage et possèdent très peu de matière organique. Pour confirmer qu'il s'agit d'un véritable sol sableux, on peut faire un test rapide en saturant une petite quantité de sol et en tentant de former une boule. Une boule de sol sableux se défait facilement et aucune des particules ne reste ensemble.

Par ailleurs, le ginseng ne peut pas être cultivé deux fois sur le même terrain en raison des risques de maladie de replantation. La maladie de replantation est une condition encore mal comprise qui empêche la culture du ginseng sur la même parcelle, même 40 à 50 ans plus tard, en raison d'importantes maladies terricoles s'attaquant aux cultures subséquentes. Cette situation a entraîné une pénurie de terres convenant à la production de ginseng et causé une hausse des prix de location des terres destinées à la culture du ginseng. De plus, de nombreux producteurs doivent parcourir de grandes distances de leur résidence jusqu'à leurs champs, ce qui fait augmenter les coûts de carburant et de main-d'œuvre.

Le prix

Les prix du ginseng fluctuent grandement d'une année à l'autre. Le prix moyen sur 15 ans pour une livre de ginseng une fois séchée est de 17 $. Les prix sont descendus aussi bas que 10 à 12 $/lb au cours des cinq dernières années. Le rendement moyen du ginseng en sol sableux se situe autour de 2 500 lb/ac pour un producteur inexpérimenté et un peu plus pour un producteur qui a de l'expérience. Toutefois, comme il a été dit précédemment, les rendements peuvent être nuls lorsqu'une maladie détruit une parcelle. Les rendements sont plus bas dans les loams sableux et encore moins élevés dans les sols plus lourds. À ces prix moyens, cela donne des ventes brutes de 42 500 $ pour les racines, ce qui est bien inférieur au coût de production pour un nouveau producteur. La cueillette et la vente de semences peuvent aussi augmenter quelque peu le montant des ventes brutes, mais il est peu probable qu'un nouveau producteur puisse obtenir des profits importants à ces prix moyens.

Cela explique en grande partie pourquoi 45 % des producteurs de ginseng ont quitté la production au cours des cinq dernières années. Les producteurs actuels survivent en cultivant de grandes superficies, ce qui réduit ainsi leurs coûts de production. Ils réussissent par ailleurs à obtenir des rendements supérieurs à la moyenne grâce à des décennies d'expérience avec cette culture. Les prix actuels du ginseng ont augmenté, mais il est probable qu'ils chuteront dans quatre ou cinq ans, d'ici la récolte d'une nouvelle plantation. Lorsque les prix sont élevés, l'industrie tend à planter de plus grandes superficies, mais la hausse de production entraîne toujours une chute de prix peu après. En règle générale, cela prend au moins 10 ans pour qu'un producteur atteigne le seuil de rentabilité dans cette production. Il faut habituellement qu'il démarre avec seulement un ou deux acres et qu'il augmente progressivement ses superficies avec le temps, en raison des coûts de démarrage élevés.

Les producteurs qui souhaitent cultiver du ginseng sont invités à faire beaucoup de recherche sur le sujet au préalable. Le MAAARO disposent de plusieurs ressources pour aider les producteurs éventuels :

Les producteurs sont également invités à démarrer dans cette production avec de petites superficies d'un acre ou moins avant d'acquérir l'expérience avec cette culture et d'être certains qu'ils sont en mesure d'obtenir une récolte raisonnable. Toute personne qui cultive plus de 0,25 acres de ginseng est tenue de déclarer ses superficies à l'Association des producteurs de ginseng de l'Ontario et de verser une cotisation selon les superficies cultivées.