Étude de cas sur les brise-vent visant à protéger les érablières et favoriser la production de sirop

Aperçu

Exploitation agricole de cultures commerciales et produits de l’érable

Doug et Cecilia Cassie ont adopté une approche novatrice pour produire du sirop d’érable à Elora (figure 1).

Chaque printemps, les Cassie entaillent les érables à sucre en bordure de la route qui longe leur ferme en vue de produire du sirop. Ils ont aussi obtenu la permission des voisins d’entailler leurs érables situés sur le bord de la route.

Propriétaires de l’exploitation se tenant debout à l’arrière d’une table et montrant leurs produits de l’érable.

Figure 1. Doug et Cecilia Cassie et certains produits de l’érable qu’ils commercialisent.

Actuellement la moitié de leur production de sirop provient d’arbres en bordure de route, et l’autre moitié, des érables qui bordent leurs allées. Cette année, toutefois, ils envisagent d’augmenter le nombre d’entailles le long d’allées additionnelles, avec l’accord de leurs voisins. Ils espèrent entailler un jour leur érablière. Les arbres en bordure de route peuvent donnent une sève plus sucrée et une plus grande quantité de sirop en raison de leur frondaison plus large.

Les arbres en bordure de la route qui longe leur ferme servent également de brise-vent pour protéger des vents du nord-ouest leur plantation adjacente d’érables. Cette dernière compte 240 jeunes érables à sucre et est très vulnérable aux dommages causés par le vent et la faune, notamment les chevreuils, les souris et les lapins.

Aménagement de la plantation d’érables

Les Cassie ont collaboré avec l’office de protection de la nature de la région (Office de protection de la nature de Grand River [GRCA]), et ont retiré quatre acres (1,6 ha) de la production pour aménager leur plantation d’érables à sucre. Parallèlement, afin d’accroître leur superficie en production dans d’autres champs cultivés, ils ont enlevé des haies et certains arbres se trouvant dans ces parcelles. Il faudra encore un certain temps avant que les érables de la plantation soient assez gros pour être entaillés (20 à 30 ans). Cette plantation contribuera cependant à assurer le maintien de leur production acéricole pour la prochaine génération.

Lorsqu'on abat quelques arbres, c'est peut-être une bonne idée d’en replanter d’autres.

Doug Cassie

Pratiques de gestion optimale

Afin de protéger la plantation d’érables du broutage des chevreuils, les Cassie ont eu recours à une pratique de gestion optimale qui consiste à attacher un pain de savon dans un contenant au tuteur des arbrisseaux à risque. Le broutage nuit habituellement à la croissance des arbrisseaux, ce qui retarde le moment où l’arbre deviendra productif.

Pain de savon dans une bouteille en plastique sans bouchon suspendue vers le bas sur un jeune érable à sucre.

Figure 2. L’odeur du savon agit comme répulsif contre les chevreuils.

La méthode consiste à éloigner les chevreuils par l’odeur qui se dégage d’un pain de savon inséré dans une bouteille perforée.

Utilisation multifonctionnelle des brise-vent

Les Cassie ont des superficies en culture à proximité des érables en bordure de la route et des brise-vent à côté de la maison. Des framboisiers, des fraisiers et peut-être des pommes de terre seront plantés dans ces champs. Ces cultures seront commercialisées à la ferme ou serviront à leur consommation personnelle.

Toutes ces cultures (la plantation d’érables, les fruits et les légumes) seront protégés des dommages causés par le vent, grâce aux brise-vent situés sur la ferme et le long de la route. On comprend donc que les brise-vent peuvent être utilisés à plusieurs fins.

En plantant ces cultures, les Cassie obtiendront des résultats immédiats dans les superficies qui resteraient autrement improductives en attendant que les érables puissent être entaillés.

Jeune plantation d’érables à sucre.

Figure 3. Jeune plantation d’érables à sucre.

La jeune plantation d’érables des Cassie va croître pendant environ 20 autres années avant de pouvoir être entaillée pour la production de sirop. En attendant, il est possible de semer des fruits et légumes annuels entre les rangées d’arbres.

Résumé

Les brise-vent ont accru la pérennité de l’exploitation agricole des Cassie. Ces brise-vent protègent leurs cultures et permettent aux Cassie de gagner un revenu additionnel.

Étude de cas sur les brise-vent visant à soutenir la certification biologique

Aperçu

Exploitation agricole certifiée biologique

Ross Campbell, qui possède une exploitation agricole certifiée biologique dans le comté d’Oxford, à East Zorra-Tavistock, a planté un brise-vent en 2007 avec les objectifs suivants :

  • protéger ses cultures biologiques des contaminants
  • prévenir l’érosion du sol
  • prévenir les dommages causés par le vent
  • améliorer l’environnement à long terme
  • favoriser la biodiversité
  • ajouter un élément esthétique au paysage

L’exploitation agricole de Ross Campbell ainsi que les cultures et la zone tampon herbeuse existante sur laquelle les arbres sont plantés sont protégées par une double rangée de mélèzes européens et d’épinettes de Norvège.

Homme se tenant debout à côté d’une épinette devant un champ de soya.

Figure 4. Ross Campbell a recours à des brise-vent dans son exploitation agricole certifiée biologique dans les zones tampons entourant ses champs.

Brise-vent et agriculture biologique

Pour conserver leur certification biologique, les exploitants agricoles doivent entourer leurs champs de zones tampons afin d’empêcher la contamination de leurs cultures par les champs voisins. Les brise-vent aident à protéger les précieuses cultures biologiques contre les dérives de pesticides, les cultures génétiquement modifiées et d’autres contaminants. Le fait de posséder une zone tampon herbeuse et un brise-vent aide Ross à conserver sa certification biologique.

En tant que producteur biologique certifié, je dois prévoir des zones tampons d’au moins 25 pieds autour de mon exploitation. Les arbres trouvent parfaitement leur place dans ces zones tampons.

Ross Campbell

Utilisation de paillis plastique

Le paillis plastique permet aux brise-vent de s’établir plus vite et de protéger les cultures rapidement. Le paillis plastique présente, entre autres, les avantages suivants :

  • une meilleure rétention d’eau
  • une plus grande rétention de la chaleur dans le sol
  • une réduction de la croissance des mauvaises herbes

Comparativement à d’autres méthodes, le paillis plastique permet aux arbres de pousser plus rapidement et ainsi d’être plus utiles, puisqu'ils commencent à jouer leur rôle de brise-vent beaucoup plus tôt.

Même pendant la saison sèche, l’utilisation de paillis plastique sur les brise-vent a permis à Ross Campbell de sauver 90 % de ses arbres.

Ross Campbell est également convaincu que « le paillis plastique est la meilleure méthode dans une ferme biologique pour empêcher les mauvaises herbes de pousser », puisque les exploitations biologiques ne peuvent pas utiliser de produits de chimiques de synthèse contre les mauvaises herbes.

Quand j’ai posé le paillis plastique, j’ai constaté que ce matériel comportait d’importants avantages… le plastique retenait l’humidité. Nous avons planté ces arbres au cours d’une année très sèche, et les arbres ont quand même bien poussé cette année-là.

Ross Campbell

Le fait d’avoir moins de mauvaises herbes minimise également l’entretien des brise-vent. Aujourd'hui, Ross Campbell se contente de tailler les doubles flèches qui se développent sur certaines épinettes. Cette pratique améliore la santé et la forme de l’arbre.

Épinette dont une branche a été tirée vers l’arrière afin de montrer la double flèche.

Figure 5. Arbre avec double flèche. Les doubles flèches peuvent être taillées en une flèche unique dans le but de contrôler et de favoriser la croissance de l’arbre.

Épinette plus haute au premier plan et épinettes plus petites à l’arrière en rangée.

Figure 6. Le paillis plastique contribue à réduire la compétition exercée par les mauvaises herbes et améliore la croissance des plants.

Résumé

Grâce aux brise-vent, l’exploitation de Ross Campbell respecte davantage les principes d’agriculture durable. Non seulement les brise-vent protègent ses précieuses cultures biologiques, mais ils améliorent aussi l’environnement par la présence d’arbres additionnels et d’habitats pour les oiseaux et d’autres animaux. Par ailleurs, l’utilisation de paillis plastique s’est révélée une méthode très utile pour l’établissement d’une haie brise-vent à la ferme de Ross Campbell.

Étude de cas sur les brise-vent visant à protéger les cultures et à générer des revenus

Aperçu

Exploitation agricole de cultures commerciales de 160 hectares (400 acres) et scierie

Le brise-vent comportant 4 500 arbres chez Bob Taylor protège ses cultures des effets nuisibles des vents dominants et procure un habitat aux oiseaux nicheurs.

Agriculteur portant une casquette de baseball devant un champ de maïs.

Figure 7. Bob Taylor, du Canton de Zorra, a eu recours aux brise-vent pour protéger ses cultures et procurer un habitat aux oiseaux.

Bob Taylor a eu l’idée de planter un brise-vent à sa ferme après avoir assisté à un atelier sur ce sujet en 1982 au campus Ridgetown de l’Université de Guelph. Depuis, il travaille en étroite collaboration avec l’office local de protection de la nature. Selon lui, les offices de protection de la nature sont de précieux partenaires en matière de planification et de plantation de brise-vent. Ils sont notamment très utiles en ce qui a trait à l’évaluation des fermes et à la préparation des sites l’année précédant la plantation des arbres, en vue d’assurer la réussite de l’opération.

Aménagement

Les extrémités ouest et est de l’exploitation de Bob Taylor sont bordées de deux rangées de haies brise-vent composées d’épinettes de Norvège et de thuya occidental. Bob croit que ces espèces représentent une bonne combinaison dans le cas des brise-vent en double rangée. Il estime toutefois que ce serait efficace aussi dans un système de rangée unique où l’on alterne les espèces d’arbres.

Rendement des investissements

Les principaux avantages des brise-vent sont de nature financière. Pour Bob Taylor, les brise-vent ont permis d’accroître ses revenus en procurant les avantages suivants :

  • Hausse des rendements culturaux en réduisant la vitesse du vent et l’érosion du sol et en permettant de retenir les particules de sol sujettes à l’érosion.
  • Accès à du bois qui peut être transformé dans sa scierie et vendu comme bois d’œuvre.

Comme la valeur de ses terres a augmenté, Bob s'est rendu compte qu'il était vital de maximiser les superficies réservées à la production de cultures. Même si les brise-vent occupent une certaine partie de ses terres cultivées, il estime que ces derniers contribuent à hausser significativement ses rendements culturaux et lui procurent un revenu additionnel.

Je crois que cette initiative est un succès et que les brise-vent comportent des avantages que je n'avais pas soupçonnés, soit :

  • une protection contre le vent
  • de l’ombre
  • un lieu de nidification pour les oiseaux
  • une hausse du rendement des cultures

Et je ne me déferais pas de ces arbres pour tout l’or du monde.

Bob Taylor

Gestion des brise-vent

Pour favoriser la croissance des arbres et les garder en santé, Bob a éclairci la haie une fois au cours des 20 dernières années et prévoit le faire de nouveau. Selon lui, « même si la taille et l’éclaircissage représentent beaucoup de travail, ces opérations sont nécessaires pour assurer la santé des arbres. »

Deux hommes qui marchent le long d’une haie brise-vent d’environ 25 mètres de hauteur.

Figure 8. Bob Taylor marche le long de sa haie brise-vent avec un agent de l’office de conservation.

Exemples d’autres stratégies de gestion des brise-vent :

  • éliminer les branches inférieures des arbres afin de réduire les risques de dommages à la machinerie
  • appliquer de la simazine sur les arbres plantés mécaniquement pour lutter contre les graminées et les mauvaises herbes

Résumé

Bob espère continuer à utiliser le bois issu de ses brise-vent ainsi que sa scierie pour terminer la construction de sa nouvelle maison. Il utilise aussi sa scierie pour transformer le bois qu'il reçoit de clients locaux.

Scierie portative permettant de transformer les troncs d’arbres utilisés comme brise-vent en bois d’œuvre de dimensions utilisables.

Figure 9. Scierie portative permettant de transformer les troncs d’arbres utilisés comme brise-vent en bois d’œuvre de dimensions utilisables.

Entretien des brise-vent : avantages et conseils

  • Favoriser la santé des brise-vent en effectuant un entretien périodique, en éclaircissant et en faisant des inspections.
  • Éliminer les branches inférieures des arbres afin de réduire les risques de dommages à la machinerie.
  • Tailler les doubles flèches (c'est-à-dire les deux pousses issues de la tige ou de la branche au sommet de l’arbre), afin que l’arbre pousse plus droit et plus rapidement et joue ainsi plus tôt son rôle protecteur.
  • Éclaircir les branches maîtresses ou enlever les tiges des brise-vent matures afin de les utiliser à des fins lucratives, comme pour la fabrication de piquets de clôture, de bois de chauffage ou de billots de sciage.
  • Recourir à des techniques de diffusion d’odeurs répulsives contre les chevreuils, comme des bouteilles de plastique avec des pains de savon ainsi que des protecteurs d’arbres pour améliorer les chances de survie de ces derniers et permettre une croissance plus rapide. En effet, on obtient une meilleure productivité lorsque les arbres croissent plus rapidement ainsi qu'une protection plus efficace des cultures et des arbres environnants.
  • Enlever les mauvaises herbes vivaces nuisibles, comme les vignes grimpantes et le nerprun envahissant qui peuvent tuer les arbres utilisés comme brise-vent.

Vidéos sur les brise-vent

De nombreux producteurs agricoles ont mis en place des brise-vent après une planification rigoureuse. Les vidéos suivants présentent des exemples de réussite ainsi que des idées sur ce qu’il faut faire et ce qu’on doit éviter. On y traite de la planification, de la plantation et de l’entretien des brise-vent.