Ginelle : – Bonsoir à tous et à toutes. Nous allons commencer dans cinq minutes. Je vous demanderais donc de vous asseoir. Nous allons bientôt commencer. Merci.

Bonsoir, c’est un plaisir pour moi de vous accueillir à cette assemblée publique à London, l’une de plusieurs réunions que le gouvernement de l’Ontario va tenir dans l’ensemble de la province pour vous entendre, vous, le public, concernant des enjeux clés relatifs au racisme systémique.

Je suis directrice générale d’un centre à Scarborough et je serai votre animatrice ce soir. C’est un grand plaisir avant tout d’offrir un don de tabac à notre aîné, et ceci a à voir avec la communication directe avec le créateur.

Je vais donc vous présenter l’aînée Elder Liz qui est travailleuse autonome à titre d’éducatrice de la décolonisation et gardienne des connaissances. Elle guérit et habilite les gens. Elle est fille d’un survivant de pensionnat, elle est fille d’un homme et d’une très belle femme de la  Nation. Éducatrice culturelle, elle utilise les connaissances et méthodes culturelles pour habiliter les Autochtones concernant l’impact des sévices émotionnels, physiques et spirituels survenus au pensionnat. Veuillez accueillir chaleureusement notre aînée.

(Applaudissements)

Elder Liz : Je vais allumer la médecine de la sauge pour reconnaître la création et les ancêtres qui étaient là bien avant nous tous et moi et qui ont fait des cérémonies, ont prié pour moi, pour que je puisse me rappeler, comprendre et apprendre qui je suis.

Donc, je vais allumer la sauge. La sauge calme nos émotions quand nous en avons besoin pour nous équilibrer et pour permettre que cela sorte en fonction de ce que les gens ont besoin à ce moment-là. Et je vais donc l’allumer pour reconnaître toute la création.

Et je veux aussi remercier le Créateur et toute la création, la Terre mère pour tout ce qu’elle nous donne en tant qu’êtres humains. Reconnaître les Protecteurs de l’eau qui sont en première ligne pour chercher de l’eau, se tiennent debout et sont la voix dont nous avons besoin. Nous avons besoin de cette eau, cette eau propre. Il nous faut penser à l’héritage que nous laisserons à nos enfants, nos petits enfants, nos arrières petits enfants. Je veux reconnaître ces femmes qui utilisent leur voix; elles le font parce que c’est la responsabilité des femmes de prendre soin de l’eau. Donc, je veux reconnaître celles qui sont debout et tous les hommes qui sont debout derrière ces femmes et tous ces jeunes qui sont en train de dire : « Qu’est-ce qui va se passer pour nous? Qu’allez-vous nous laisser? Comment allez-vous laisser la Terre et l’eau? Comment allons-nous survivre? » Et c’est à nous qu’incombe la responsabilité de pouvoir les soutenir.

Donc, avec cette idée et cette façon de comprendre les choses, je veux offrir une chanson. Nos chansons sont toutes aussi fortes que nos prières. Cette chanson est une demande au soleil dans les cieux, à Jésus, de nous rappeler la lumière qui vit en nous et l’importance de vivre une bonne vie. Mishomas, le grand-père, nous rappelle de vivre une bonne vie. Nokomis, la grand-mère, nous rappelle de vivre une bonne vie. Moqua, l’ours, est, selon ma compréhension, celui qui nous apporte ce médicament qui guérit notre cœur, notre esprit, notre corps de manière à nous rappeler qui nous sommes. Il importe également de reconnaître Kokamaqua qui nous rappelle de vivre une bonne vie.

Je chante également cette chanson parce que mon fils, le plus jeune, s’appelle Gesus [sic]. Il n’a pas de nom anglais, il n’a qu’un nom amérindien, et quand je chante cette chanson, je le reconnais. Il est mon benjamin. Il est aussi grand que ça, mais il est aussi mon aîné, parce qu’il est né avec des connaissances naturelles, avec un esprit; il est né pour comprendre toutes ces choses-là qui sont en train de se passer aujourd’hui. Je pense aussi à lui en ce moment en chantant cette chanson, car il est occupé : il est occupé à l’université, à écrire ce qu’il doit écrire. Je lui chante aussi cette chanson pour qu’il soit en contact avec son esprit, pour qu’il ne perde pas son chemin en vivant dans son esprit. Il faut qu’il vive aussi dans son cœur, dans son corps et dans son esprit.

Donc, ayant compris les choses comme ça, je vous demande de mettre vos pieds par terre avec vos mains ouvertes et dans vos pensées. Je vous demande de penser aux raisons pour lesquelles vous êtes reconnaissants de cette bonne vie, et pour lesquelles nous devons nous rappeler les uns aux autres de cette bonne vie, de l’esprit et de la lumière que chacun d’entre nous avons, qu’importe la nation dont nous sommes issus.

(Chanson et prière).

Elder Liz : Je voudrais également reconnaître tous les peuples de ce territoire, les peuples d’Onediga, les peuples anishinaabeg de ce territoire, d’où vient mon grand-père, et le peuple Lenape d’où vient l’un de mes beaux-fils, parce que ce sont eux qui prennent soin de ce territoire. Il faut reconnaître toutes ces nations d’hommes qui viennent dans ce territoire, cette ville, cette place; il faut reconnaître tous ceux qui sont en train d’utiliser leur voix au meilleur d’eux-mêmes, pour leurs enfants et leurs petits enfants; il faut reconnaître que ces quatre nations d’hommes se réunissent et les remercier.

Tout cela, je l’ai appris de mes grands-pères et grands-mères il y a plus de 30 ans. Pourtant, ils n’ont jamais compris qui j’étais. Je ne savais rien des cérémonies; quant à ma langue, je la connaissais à peine  puisque cette langue ne m’avait jamais été enseignée. Comme je suis la fille d’un homme élevé dans un pensionnat, je suis née dans un établissement colonisé. Je suis née dans la violence, à une période où la vie n’était pas bonne.

Je suis née à un moment où je devais avoir honte de mes origines. On m’avait dit, on me disait tous les jours, quand je passais par le système scolaire, que j’étais stupide, que je n’aurais jamais un travail, que je deviendrais alcoolique, que j’aurais beaucoup d’enfants et que je vivrais de l’assistance sociale. Et ces gens disaient qu’ils étaient des enfants de Dieu, et je les entendais dire ça quand j’étais petite. Donc, je pense à ces gens-là qui me disaient ces choses directement et indirectement dans la communauté dans laquelle on m’a élevée. En raison du fait que ma mère avait été adoptée par la communauté où j’ai été élevée, elle ne savait pas qui étaient ses parents. Ainsi, elle aussi a été déplacée, et mon père, en raison du fait qu’il a grandi au sein d’une institution, n’avait aucune idée de qui il était.

Il a grandi très fâché. Il a été retiré de sa mère quand il avait quatre ans. Il jouait dehors, quelqu’un l’a pris et l’a enlevé très loin de chez lui. Et ces adultes qui l’ont pris lui on dit : « Ta mère ne sait pas comment prendre soin de toi, ton père ne peut pas t’éduquer. » Mon père était pêcheur; nous habitions au bord de l’eau; nous disposions de tout ce dont nous avions besoin dans notre communauté pour nous soutenir. Je ne sais pas quel fut l’impact de cette tragédie sur grand-mère, l’enlèvement de son enfant, et je n’ai pas tout à fait compris les choses jusqu’à ce que je devienne plus âgée.

Elder Liz : Mon père a quitté cette terre c’est mon beau-père qui m’a élevée. J’ai alors appris qui j’étais; j’avais honte. Je marchais, m’attendant tout le temps à ce qu’on me dise quelque chose. En grandissant et en étant – en ayant honte de moi, je savais que j’étais traitée différemment. Je savais, quand nous allions dans les quartiers, je savais que ma mère était maltraitée. Ma mère n’a jamais consommé d’alcool; ma mère a pris soin de ses enfants. Je ne sais pas comment elle nous a nourris puisqu’il n’y avait jamais d’aliments dans la maison, mais elle nous a nourris.

Je disais : « Pourquoi est-ce qu’ils disent ça à propos de ma mère et de mon père, alors que ce sont des gens qui travaillent très fort? » Ma mère nous aime et prend bien soin de nous. Notre maison est toujours propre, nous faisons toujours quelque chose. Je n’ai jamais compris ce préjugé selon lequel les Indiens sont des fainéants. J’ai par la suite découvert que nous n’étions pas des Indiens. Nous sommes Anishinaabeg. C’est tout de même intéressant. J’ai dû quitter ma communauté anishinaabe où j’étais élevée pour aller dans la grande ville afin de rencontrer les aînés pour apprendre les cérémonies et ma langue.

Je n’ai pas appris ma langue dans ma communauté; ce fut fort surprenant d’aller dans une grande ville pour aller rencontrer les aînés, les sages qui connaissaient les cérémonies. Mais je suis très reconnaissante de l’avoir fait et d’avoir pu m’asseoir avec des gens des Premières Nations dans toute l’Amérique du Nord, aux États-Unis et au Canada. Ce que je fais, ce que je dis et ce que j’ai appris, ce sont ces gens qui me l’ont enseigné. C’est une tradition orale, et non des connaissances issues du système éducatif. Le système éducatif a été une fort mauvaise expérience pour moi.

Et je suis toujours étonnée de constater que mes six enfants, mes trois garçons et mes trois filles, aient réussi à naviguer dans ce système. J’ai également dû les protéger et veiller à leur bien-être afin que les enseignants n’avilissent pas leur esprit et ne les amènent pas à éprouver de la honte en raison de l’origine de leur mère et de leur grand-mère et de la couleur de leur peau. Mes enfants étaient étiquetés, stigmatisés, mais je continuais à leur apprendre qui nous étions et quel était notre lien avec mère Nature. J’ai appris à trouver ma voie. J’ai dû frapper aux portes de nombreuses écoles dans cette ville pour éduquer les directeurs, les directeurs adjoints et le personnel enseignant.

Mon enfant est un enfant des Premières Nations. Mon enfant est le cadeau le plus précieux que je confie à votre institution. La seule raison pour laquelle je l’amène ici, c’est parce que nous y sommes obligés. C’est toutefois ma responsabilité en tant que mère de leur enseigner leurs origines, la médecine et les cérémonies traditionnelles, et de les amener rencontrer mes aînés qui en connaissent plus que moi. Plus d’une fois, j’ai dû les protéger et rappeler aux gens : « C’est notre terre originale, on ne vient de nulle part ailleurs. » C’est ici que nous appartenons; nous n’avons pas d’autre endroit où aller.

Parfois, j’allais dans les centres d’achat et je voyais toutes ces différentes mères parler à leurs enfants dans leur langue. Une fois, je suis revenue à la maison et j’ai commencé à pleurer. Une de mes filles m’a demandé : « Pourquoi pleures-tu, Maman? » Parce que je devrais pouvoir parler avec toi dans ma langue, mais je ne la connais même pas. Et ce n’était pas que j’étais… j’étais triste, très triste, parce que je regardais toutes les autres mères d’autres nations qui pouvaient parler à leurs enfants dans leur propre langue. Et j’ai pensé à quel point cela devait être extraordinaire. Ce doit être formidable d’avoir la liberté de parler sa propre langue, et de ne pas devoir l’abandonner pour venir dans ce pays. Je suis d’ici; pourtant je n’ai pas pu parler ma propre langue avec mes bébés parce que mon père et mon beau-père ne nous ont jamais enseigné notre langue.

Mon beau-père me disait : « Je ne veux pas que tu vives la douleur que j’ai vécue; je ne vais donc pas t’enseigner nos langues traditionnelles. » C’est très triste, parce que vous savez que cette langue est dans le cœur : c’est votre identité, c’est ce qui nous maintient connectés, mentalement, physiquement, spirituellement, en tant que peuple, peu importe la nation dont nous sommes issus. Ainsi, chaque jour, je m’assois et j’essaie d’en apprendre davantage et de le partager quand je parle. Ma grand-mère me dit toujours : « Utilise le peu que tu connais et partage-le avec tes enfants et tes petits-enfants. »  Je dis « Meegwetch » (merci) pour ma vie, pour ce qu’elle nous a donné en tant qu’êtres humains; et en tant qu’humains, nous continuons… la mère, la Terre, c’est la mère d’origine. Nous devons redonner ce qu’elle nous donne, parce qu’en tant qu’êtres humains, nous pouvons vivre sans aliment pendant pas mal de temps, mais nous ne pouvons pas vivre sans eau. Et toutes ces grands-mères nous rappellent que l’eau, c’est la vie, et c’est vrai.

Ce sont les femmes qui prennent soin de cette eau, qui portent l’eau, parce que nous venons tous des femmes. L’eau vient d’abord et nous venons du corps de nos mères, nous venons tous du corps féminin. Et l’eau, c’est la vie. J’offre donc cette prière à l’intention des quatre nations autour de nous. Ces quatre nations de femmes se lèveront et seront la voix de la septième génération à venir, après nos enfants, nos petits-enfants et nos petits petits enfants.

Je chante pour tous ces hommes qui sont derrière les femmes, parce que c’est la responsabilité des hommes de protéger les femmes, les enfants et la terre, afin que les femmes puissent prendre soin des enfants.

Je dis ainsi Meegwetch à tous les grands-pères et les grands-mères qui m’ont enseigné ce que je sais aujourd’hui et qui continuent de le faire. Je continue de croire que je suis encore cette petite fille traversant le monde : il y a en effet tant à connaître, et tant à apprendre les uns des autres.

J’ai appris cela de mes gens. Ce sont mes gens qui m’ont parlé des quatre nations d’hommes. Je n’avais jamais entendu parler de cela auparavant. Je parlais des cadeaux que ces quatre nations d’hommes ont amenés sur la Terre auxquels nous serions liés plutôt que séparés. Cela fait partie de nos enseignements, et nos enseignements fomentent notre système éducatif, de notre naissance jusqu’à ce que nous quittions ce monde. Nous avons tellement à offrir à tout le reste de l’Amérique du Nord. Nous sommes les peuples originaires de l’Amérique du Nord, et nous avons tellement à offrir et tellement à donner; et c’est maintenant le temps. Je suis très heureuse que nous ayons cette réunion, et je suis reconnaissante à ces femmes qui m’ont demandé de venir. Il est temps, et la seule façon dont nous allons nous connaître, les uns et les autres, c’est de s’asseoir, de discuter, de partager. J’ai appris cela de mon benjamin quand il fréquentait l’école publique. Lorsqu’il revenait de l’école, il me disait : « Maman, j’ai rencontré cette personne; elle vient d’un autre pays, elle mange des aliments différents et parle une autre langue. Elle est comme nous. » Il me racontait des histoires, comme ma mère, comme ma grand-mère, qui avaient une façon de respecter les êtres humains des autres nations. C’est ce que mon plus jeune m’a enseigné : il m’a appris à voir la lumière dans les autres personnes. Et c’est ce que mon benjamin voit tout le temps : il voit la lumière dans les peuples des autres nations. Nous pouvons beaucoup apprendre des tout-petits, parce que c’est un peu comme les personnes âgées. Je dis donc Meegwetch et Yamagoa. Cette soirée sera fantastique. « Meegwetch ».

(Applaudissements)

Ginelle : Je vous remercie beaucoup d’avoir partagé ces histoires avec nous. Je vous demanderais maintenant d’accueillir la ministre Deb Matthews qui va présenter le ministre Michael Coteau.

Ministre Matthews : Meegwetch, Elder Liz. C’était une présentation magnifique pour amorcer cette soirée. Comme Elder Liz l’a mentionné, c’est si important de se connaître mieux, de s’écouter les uns et les autres, et c’est ça le but de cette soirée. Je suis très heureuse qu’il y ait de nombreux dirigeants communautaires dans cette salle. Je veux rendre hommage à mes collègues de la législature, Peggy Sattler et Teresa Armstrong, toutes deux présentes ce soir. Je vous remercie de vous être jointes à nous. Le maire Matt Brown est également présent. Merci, Monsieur le Maire. Et Harold Usher et Mosali viennent d’arriver. Je crois avoir identifié tous les membres du conseil présents ce soir. Je suis très heureuse de constater la présence de notre chef de police, Chef Percy et de Jeannette Eberhart. Et je suis également ravie de la présence de hauts fonctionnaires, soit la sous-ministre Nancy Matthews et le sous-ministre associé, Inclusion, diversité et antiracisme, Sam Erry. Nous sommes tous ici parce que nous souhaitons écouter. Mon collègue, Michael Coteau, a voyagé dans toute la province pour écouter des gens discuter de ce sujet très important.

Il s’agit de la septième de dix réunions prévues sur le sujet à laquelle le ministre Coteau a pris part. Je crois que la prochaine aura lieu demain à Thunder Bay. Le ministre Coteau souhaite vraiment entendre les gens des communautés de la province sur ce que nous devons faire pour éliminer le racisme en Ontario. Je regarde au sud de la frontière et je vois le vilain visage du racisme. Il serait fort imprudent de penser que ce problème ne nous concerne pas. En conséquence, il est plus important que jamais que nous ayons ces discussions. Je suis donc impatiente d’entendre l’opinion de ma communauté sur ce sujet important. Je vous demanderais donc de vous joindre à moi pour accueillir le ministre Michael Coteau, ministre délégué à l’Action contre le racisme.

(Applaudissements)

Ministre Coteau : Bonsoir à toutes et à tous. C’est un vrai plaisir pour moi d’être ici. Il s’agit de la septième de dix réunions. J’ai eu l’honneur de participer à toutes ces réunions; chacune a été unique. Nous avons eu de grands groupes et de petits groupes; ces deux formes de rencontre ont grandement contribué au thème élargi du racisme.

Comme vous le savez, les discussions concernant le racisme sont ardues. Il s’agit d’un thème que les gens n’aiment pas aborder. Je sais qu’ici, le conseil de la ville a eu une discussion sur le profilage racial qui renvoie au racisme à de nombreux égards. Je suis donc heureux de la présence dans la salle de membres du conseil de la ville, dont le Chef de police, le Maire et nos politiciens.

Un peu plus tôt, je mentionnais à quelqu’un que dans le cours de cet exercice, un autre chef de police avait participé à une autre réunion, et nous avons invité un nombre considérable de personnes. Obtenir la présence d’un conseiller municipal n’est pas chose facile : un autre maire a accepté notre invitation. Je crois donc qu’il serait opportun d’applaudir chaleureusement nos représentants présents ce soir.

(Applaudissements)

Ministre Coteau : Je pense en effet que ces représentants sont les meilleurs porte-paroles que vous puissiez avoir pour exprimer votre voix en tant que groupe. Évidemment, ces discussions sont très difficiles, car le racisme et, plus précisément, le racisme systémique sont fort difficiles à démontrer, étant profondément enracinés au sein des organismes. Son expression évolue et il prend de nouvelles formes. Le racisme est donc parfois difficile à cerner.

Toutefois, nous savons que le racisme existe et qu’en raison de son existence, certaines personnes n’ont pas des occasions justes et équitables quand il s’agit de travail, d’éducation, de redressement, de justice. Il y a des gens – et statistiquement, nous pouvons les chiffrer – qui, pour cette raison, sont désavantagés. Ainsi, notre objectif, et celui de la Première ministre de la province, est de cerner le racisme systémique et d’éliminer les obstacles qui en découlent au sein de notre société. Une fois ces obstacles éliminés, nous pourrons bâtir un Ontario où toutes et tous peuvent atteindre leur plein potentiel.

Dans le passé, nous avons parlé de multiculturalisme, de diversité et d’équité. Tous ces thèmes sont importants. Cependant, lorsque le racisme systémique affecte la vie quotidienne des Ontariens, notre société cesse de progresser. Nous voulons continuer à développer ce magnifique havre de paix. Vous le savez, j’ai été ministre des Affaires civiques et de l’Immigration; j’ai alors constaté que les étrangers souhaitaient immigrer au Canada parce que c’est un pays magnifique où les possibilités sont multiples. Cela ne fait aucun doute et nous en sommes tous très heureux. Je suis moi-même un immigrant et je suis très reconnaissant d’avoir grandi dans ce pays; toutefois, je sais aussi qu’il y a des obstacles. Imaginez un Ontario où le potentiel de tous les Ontariens était optimisé. Aujourd’hui, 70 000 jeunes ne travaillent pas, ne reçoivent pas de formation ou ne vont pas à l’école. Il s’agit là d’un potentiel inexploité.

Nous avons une surreprésentation d’Autochtones et de communautés ethniques dans les prisons. C’est inacceptable. Nous devons mettre en place des mesures et des outils qui éliminent ces obstacles et permettent de bâtir le genre d’Ontario que nous tous souhaitons. Je veux donc remercier toutes les personnes présentes ici ce soir; je tiens à remercier Elder Liz pour son discours liminaire : vos propos, emplis de sagesse, sont vibrants. Dans chaque communauté que nous avons visitée, un membre des Premières Nations est venu bénir nos réunions; chaque fois, les mots de sagesse exprimés ont été saisissants.

De fait, à Sudbury, je me souviens de cet homme qui nous a dit : « Nous alimentons des choses dans nos corps, des pensées, et si nous nous alimentons avec des pensées négatives comme le racisme,vous pouvez imaginer ce que nous devenons. » Vous, avez parlé du fait que quand vous étiez jeune, les gens disaient ceci et cela. Imaginez un enfant qui entend cela tout le temps. Imaginez par ailleurs un enfant qui est assis dans une chambre et ses parents, racistes, l’alimentent de leur point de vue. Cela ne fait qu’accroître la haine. Nous devons édifier une société où les jeunes sont nourris d’amour, d’espoir, d’occasions et d’attention. Selon moi, c’est un environnement semblable qui peut produire une communauté florissante et prospère, par opposition à une communauté suspicieuse et réprobatrice de toute personne en raison de la couleur de sa peau.

Donc, je vous remercie beaucoup. Je veux remercier aussi Sam Erry et toute l’équipe de la Direction générale de l’action contre le racisme. C’est un groupe formidable : entre 70 et 80 % de l’équipe provienne de l’extérieur du gouvernement; c’est formidable. Ils sont en train d’embaucher davantage de personnes, mais c’est admirable.

Je veux aussi remercier la sous-ministre Matthews du ministère des Services à l’enfance et à la jeunesse sous-ministre des services à l’enfance et à la jeunesse, qui, quoique non-responsable de ce dossier, s’est jointe à nous, car elle sait que le racisme et la lutte contre le racisme touchent tous nos ministères, tout notre gouvernement. Donc, je vous remercie d’être ici et je veux remercier les bénévoles qui accompagnent le cabinet de jeunes de London, qui s’appelle, sauf erreur, le Conseil consultatif des jeunes de London.

(Applaudissements)

Ministre Coteau : Et ils sont vraiment uniques, parce que vous êtes élu, ce qui est incroyable. Ils ont des élections pour choisir le Conseil consultatif. Je pense que c’est un modèle qui doit être reproduit dans l’ensemble de la province. Une fois de plus, merci beaucoup. Commençons les discussions.

Je vais maintenant vous présenter Sam Erry, qui va nous parler de ce que nous avons appris à ce jour et de ce que nous souhaitons faire ». Les discussions suivront. Merci à tous et à toutes d’être présents, un vendredi soir. Si vous êtes ici, c’est sans doute parce que le thème vous passionne énormément, ardemment, viscéralement. Donc, merci beaucoup. J’attends avec impatience d’entendre vos voix.

(Applaudissements)

Sam Erry : Bonsoir, mesdames et messieurs; c’est un plaisir d’être ici. Pour moi, il s’agit d’une soirée unique, non pas parce que c’est mon anniversaire, mais parce que je rentre chez moi. J’ai étudié à Western. J’habitais sur les rues Sarnia et Wonderland, une région essentiellement sauvage à l’époque. Ceux qui continuent de vivre à London savent que la ville s’est grandement élargie. Donc, merci, c’est un plaisir d’être ici à la tête de cet organisme. Je tiens à féliciter le gouvernement – c’est, je crois, Mahatma Gandhi qui l’a dit – pour le changement et la création de cet organisme. Dès le départ, je veux insister sur le fait que la Direction générale de l’action contre le racisme est dans le gouvernement, certes, mais elle a été créée à l’intention de tous les Ontariens. Nous souhaitons implanter les bonnes valeurs qui permettront de parvenir à l’équité raciale, notre objectif ultime. Ainsi que le ministre l’a indiqué, la Direction générale doit développer des capacités adéquates, une juste vision, afin de propulser le changement dont nous avons besoin.

Nous travaillons en ce sens au nom de tous les Ontariens. Je vais vous présenter en quelques minutes un aperçu de quelques-uns de nos domaines prioritaires et les mesures que nous envisageons de prendre pour mener à bien nos objectifs. Ainsi que le ministre l’a mentionné, nous en sommes à nos débuts. Ainsi, nous avons décidé de tenir ces réunions, entre autres pour cerner les thèmes importants et pertinents aujourd’hui, et déterminer la manière d’intégrer vos conseils, vos points de vue et vos perspectives vécues dans le travail que nous accomplissons.

Je serai présent plus tard; je ne suis pas en mesure de le faire maintenant. Toutefois, si vous souhaitez discuter avec moi, j’en serai fort heureux. Vous allez maintenant constater à quel point je suis dysfonctionnel. Je vais en effet essayer de faire deux choses en même temps.

Donc, la Direction générale de l’action contre le racisme est vraiment un organisme. Nous y voilà, c’est bon. Il existe de nombreuses formes de racisme dans la société, n’est-ce pas?

En fait, ce graphique vous montre les différents types de racisme observés. Nous allons nous concentrer sur la partie supérieure droite : le racisme systémique. Toutes les études nous montrent que tous les problèmes seront résolus dès lors que nous les adressons en amont. J’ai abordé longuement le sujet avec des personnes qui, fort respectueusement, ne comprennent pas ce qu’est le racisme systémique.

On comprend ce qu’est le racisme, ce qu’on rencontre, ce qu’on entend, mais on ne comprend pas ce qu’est le racisme systémique. En fait, les gens disent « systématique », mais c’est en fait systémique, non pas systématique. Et je vais vous donner la définition, la voilà.

Le racisme systémique est quelque chose qui est profondément enraciné, solidement ancré, dans l’ADN des institutions gouvernementales. Si vous retournez dans le temps, par exemple, lors de l’ère coloniale, il s’agissait d’une politique très consciente; dans le cadre de l’ère postcoloniale, cette politique était simplement consciente. Avec le temps, cela est devenu une activité inconsciente.

On parle de racisme inconscient et de toutes sortes de mesures. Ainsi, des systèmes et des institutions ont été créés pour soutenir les privilèges de la culture dominante. En conséquence, le racisme systémique est ancré très solidement. Il faut donc tenter de cerner ces défis et de déterminer la manière de les résoudre. Si nous réglons le problème en amont, nous serons en mesure de résoudre tous les autres problèmes en aval. Voici donc notre objectif. La définition du racisme systémique que je viens de vous présenter est celle approuvée aux échelons national et international.

Ainsi, bien que la Direction générale de l’action contre le racisme soit présente au sein du gouvernement pour apporter un changement au sein des institutions gouvernementales, le racisme et son élimination sont l’objectif que tous doivent atteindre. Bien évidemment, le gouvernement va piloter le processus, mais les communautés ont un rôle extrêmement important à jouer à cet égard. Également, la communauté des affaires doit participer activement à la réalisation de cet enjeu, car vous êtes des praticiens de la lutte contre le racisme : vous savez qu’au bout du compte, l’économie joue un rôle très important en ce qui concerne cette discussion sur l’équité.

En d’autres mots, il y a beaucoup de partenaires concernés; cela pourrait sembler être un cliché, mais la responsabilité nous incombe d’implanter ensemble l’équité raciale dans l’ensemble de notre province.

Maintenant, désolé, je ne peux presque pas voir de ce côté-là, mais je vais faire de mon mieux. Ce que je voulais vous indiquer ici, c’est que nous n’allons pas commencer à partir de zéro. Je sais que beaucoup d’entre vous sont en train de penser :  Bien, c’est super cette réunion, mais on a déjà fait beaucoup de travail. » Vous avez tout à fait raison.

Les rapports que vous voyez ont pris beaucoup de temps, d’énergie et d’expertise à concevoir; nous avons un plein accès à ces rapports. Ainsi, je ne veux pas vous donner l’impression ce soir que nous commençons à partir de zéro. Évidemment, c’est important de vous entendre aujourd’hui comme citoyens et de connaître vos priorités. Néanmoins, nous allons prendre en compte ces rapports pour formuler de fortes recommandations. Nous allons aussi prendre en considération l’une des plus récentes et douloureuses expériences à laquelle notre aînée a fait allusion un peu plus tôt, ainsi que la Commission de vérité et réconciliation et la réaction du gouvernement à l’égard de ces recommandations que nous allons mettre en œuvre tous ensemble.

Je n’ai pas l’intention de décrire chacun des objectifs que nous visons à atteindre. Vous pouvez les parcourir vous-même. Globalement, il s’agit de parvenir à l’équité raciale. Toute démocratie qui engage tous ses citoyens doit reconnaître l’équité raciale. Le coût du racisme est considérable, sur les plans économique, sociologiqu, psychologique. Tous ces aspects doivent être pris en compte. Quel est notre but ultime? Atteindre l’équité raciale.

Maintenant, où allons-nous porter notre attention? Nous avons ciblé quatre domaines prioritaires sur lesquels nous allons concentrer toutes nos énergies.

Notre premier domaine prioritaire est la collecte de données. Tout d’abord, du point de vue de la politique et de la recherche, nous allons encore une fois utiliser l’information dont nous disposons. Je vais utiliser l’expression suivante : pas de données, pas de problèmes. Vous comprenez : pas de données, pas de problèmes. Alors, une bonne politique publique est une politique fondée sur des données probantes; tout commence ainsi par la collecte de données. Nous allons déployer nos meilleurs efforts pour recueillir des données ventilées axées sur la race. La Commission des droits de la personne a déjà exprimé son avis sur le sujet et indiqué qu’une telle collecte ne causait pas de problème. Il s’agira donc de notre point de départ. Le rôle, de la Direction générale de l’action contre le racisme est de soutenir les gens en fournissant l’expertise. Nous allons donc sous peu créer un cadre de collecte de données ventilées axées sur la race afin de pouvoir comparer des choses qui peuvent être comparées et de axées sur la race afin de pouvoir comparer des choses qui peuvent être comparées et de déceler les brèches. La collecte de données est certes essentielle. Toutefois, le respect des principes de protection de la vie privée l’est tout autant. Il ne s’agit donc pas tout simplement de recueillir des données. On ne recueille pas de données tout simplement pour les recueillir. Un outil très puissant existe. Il a déjà fait l’objet d’essais dans un nombre considérable d’administrations, par exemple, la Ville de Portland, la Ville de Seattle et le comté de King dans l’État de Washington. Cet outil s’appelle l’Évaluation de l’impact de l’équité raciale. On pourrait comparer cet outil à l’évaluation environnementale que nous utilisons.

Aujourd’hui, aucun pont ou hôpital n’est construit en l’absence d’une évaluation environnementale. Cet outil doit être perçu de la même manière. Il a été conçu pour analyser les politiques, les programmes et les services au sein des communautés. Donc, l’outil va être très puissant et les données recueillies constitueront l’amorce de cette discussion.Ainsi, ces données vont alimenter l’évaluation, et cette évaluation va être appliquée en amont du travail qui est réalisé.

Notre second domaine prioritaire est l’éducation et la sensibilisation du public. Ça, c’est un exercice important. Et encore une fois, nous allons adopter une approche fondée sur des données probantes. Nous avons déjà commencé à mener des études de marché afin de découvrir comment les Ontariens se sentent par rapport au racisme. Qu’est-ce que le racisme signifie pour eux? Qu’est-ce que le racisme systémique signifie pour eux?

Comme le ministre l’a dit, il s’agit d’un thème difficile à aborder. Nous allons réaliser des recherches et ces recherches vont nous apporter des éclairages pour notre campagne d’éducation et de sensibilisation du public. Nous l’avons entendu dans un nombre considérable d’assemblées : l’éducation et la sensibilisation du public jouent un rôle capital. Nous pouvons donc souhaiter que ce travail nous permette de développer des stratégies; par exemple, nous pourrions mener une campagne élargie des médias sociaux. Notre aînée a fait allusion aux jeunes et aux plus jeunes générations.

Vous savez, moi, je suis assez jeune. Mais bon, il y en a apparemment qui sont plus jeunes que moi et qui sont en train de grandir dans un monde différent avec des outils différents. Donc, nous devons établir un dialogue avec tous ces publics lorsque nous traitons de racisme et de lutte contre le racisme. Nous allons également mener une campagne de Lutte contre le racisme dans l’ensemble de la province. Plus exactement, nous allons mettre en œuvre une stratégie de lutte contre le racisme dans toute la province incluant, sans s’y limiter, le racisme envers les Noirs, les Musulmans et les Juifs, en vue de contrer les actes et les incidents qui surviennent notamment dans les mosquées et dans les synagogues. Ainsi, nous aurons une stratégie ciblée et spécifique pour lutter contre cette forme de racisme. En outre, nous allons mettre en œuvre une stratégie de lutte contre le racisme élaborée en collaboration avec les Autochtones, et conçue en réponse au rapport final de la Commission de vérité et réconciliation du Canada et à la lumière de ce qui s’est passé à Thunder Bay.

Il s’agit là des éléments essentiels. Notre troisième domaine prioritaire est la collaboration communautaire. Il s’agit d’un aspect très très important. Je sais que la bureaucratie n’est pas très bonne dans ce domaine; nous allons donc concevoir de nouvelles approches pour atteindre les personnes marginalisées en vue de s’assurer que leur voix est entendue. Vous connaissez peut-être les nouveaux concepts de gouvernement ouvert et d’engagement ouvert. Ce sont ces concepts que nous utiliserons. Travailler avec nos partenaires dans la lutte contre le racisme sera fondamental au fur et à mesure que nous élaborerons ces stratégies et ces produits, afin que ces mesures retentissent et marquent une différence dans notre province.

Enfin, notre quatrième et dernier domaine prioritaire est la gouvernance durable. Un thème récurrent qui s’est dégagé de manière percutante dans toutes les réunions que nous avons tenues se rapporte à la gouvernance : veiller à faire en sorte que la Direction générale de l’action contre le racisme ne soit pas un simple exercice politique. La Direction doit être habilitée à accomplir ce travail fondamental, à le poursuivre et à le maintenir de façon durable, car la collecte de données exigera beaucoup de temps.

Ce travail va effectivement prendre du temps à accomplir. Cela ne signifie pas que nous ne pouvons pas aller plus vite. Néanmoins, la réalisation de ce travail fondamental est impossible en l’absence de durabilité de la Direction générale de l’action contre le racisme. Le ministre en a fait état, mais je veux insister publiquement sur ce point : les actions dans la lutte contre le racisme n’ont jamais été une force de la fonction publique, dont les compétences sont davantage concentrées sur la prestation de services, de politiques, la conception de programmes. Ainsi, dans le cadre de notre stratégie de recrutement, nous avons notamment opté pour un recrutement ouvert de manière à mobiliser des experts dans la lutte contre le racisme, qui comprennent les politiques publiques, qui sont d’excellents chercheurs, en d’autres mots, toute personne dotée des compétences nécessaires pour contribuer au travail que nous allons accomplir de façon à ce que lorsque nous rencontrerons nos homologues des autres directions et ministères, nous ayons les compétences pour les soutenir dans leur travail. Il ne s’agit pas de modifier leurs mandats, mais de s’assurer que la lutte contre le racisme, c’est le travail de tout et chacun. Quant à la Direction, son travail est de fournir l’expertise et les conseils afin que le travail soit réalisé. Je personne dotée des compétences nécessaires pour contribuer au travail que nous allons accomplir de façon à ce que lorsque nous rencontrerons nos homologues des autres directions et ministères, nous ayons les compétences pour les soutenir dans leur travail. Il ne s’agit pas de modifier leurs mandats, mais de s’assurer que la lutte contre le racisme, c’est le travail de tout et chacun. Quant à la Direction, son travail est de fournir l’expertise et les conseils afin que le travail soit réalisé. Je vais m’arrêter là. Cette réunion vous concerne. Je vais être présent plus tard pour répondre à vos questions, si vous en avez. Merci.

(Applaudissements)

Ginelle : Alors, maintenant, nous souhaiterions vous entendre. Quelques petites notes logistiques avant d’entreprendre les discussions. Nous avons entendu les remarques du ministre Coteau, responsable de la lutte contre le racisme et des services à l’enfance et à la jeunesse; nous venons tout juste d’entendre Sam Erry, de la Direction générale de l’action contre le racisme. Maintenant, c’est à vous de parler. Comment vous sentez-vous vis-à-vis cela?

Je veux que vous sachiez que la réunion est en direct et enregistrée et pourra peut-être même être rendue publique plus tard. Vous devez comprendre que vous devez consentir à cet enregistrement public. Nous avons la traduction en français et la langue des signes, en français et en américain. Afin que ces gens puissent faire leur travail, vous devez parler clairement au micro et aussi lentement que possible et le plus clairement possible. Nous avons plusieurs thèmes à discuter et certaines des questions qui sont affichées. Nous aimerions que vos commentaires soient axés sur ces thèmes.

Évidemment, nous sommes prêts à entendre tout ce que vous avez à dire. Je vous prierais d’associer ces themes aux lignes directrices. Si vous n’avez pas suffisamment de temps et qu’on vous demande d’interrompre, ne vous fâchez pas, s’il vous plaît. De plus, je vous invite à remplir la fiche de commentaires. Il y a une adresse de courriel également pour transmettre vos commentaires : antiracisme@Ontario.ca. C’est aussi valable pour les gens qui regardent la session en ligne.

Je pense que c’est tout ce que j’ai à dire avant de commencer. Donc, les jeunes qui sont là ce soir, en t-shirts rouges, vont vous guider au micro. Et si vous ne pouvez pas vous lever, si vous avez des problèmes de mobilité, nous vous amènerons le micro.

S’il n’y a pas d’autres questions, j’aimerais ouvrir la parole – donner la parole à l’auditoire. Nous prenons les questions au micro à ma gauche. La lumière est trop forte, trop brillante, il faudrait peut-être atténuer la lumière.

– Bonsoir, tout le monde. Je me permets d’abord de remercier le ministre Coteau pour sa présence ici, ce soir, à London. Je sais que vous avez beaucoup de responsabilités. Ce n’était pas un travail facile, c’est un problème qui n’est pas nouveau; il existe depuis longtemps. Mais, à tout le le moins, c’est un bon début et je vous remercie d’être ici.

À moins que vous ayez été la personne discriminée, le racisme est difficile à comprendre. Si vous ne faites pas partie d’une communauté marginalisée, vous ne ressentez pas le racisme au quotidien. Et c’est difficile d’expliquer ce problème aux autres citoyens qui se demandent : « Qu’est-ce que c’est, le racisme? » Il faut vivre avec cela : il y a la couleur de la peau, les accents. Même si vous êtes un citoyen, que vous vivez ici, que vous payez vos taxes, vous êtes victime de racisme. En tant que citoyen de London, j’écoute la radio, je lis le London Free Press. C’est vraiment difficile de lire, d’entendre, de tenter de s’entretenir avec des policiers. Les gens de la communauté se sentent intimidés parce qu’ils ont peur, ils ont peur des policiers. Ils vont dire : « Ah! Ils vont peut-être m’arrêter dans la rue ou me suivre chez moi; je ne veux pas être vu à la télé. » Donc, ils ne veulent pas être là, ils ne veulent pas être là. Je comprends cela. Lorsque vous êtes membre d’une communauté marginalisée, vous avez peur des policiers à cause de votre origine. Les policiers font peur aux communautés.

Au Canada, nous devrions avoir un système et un service de police qui soient justes. Je souhaiterais que nous nous sentions plus à l’aise d’être ici. À London, cela a pris tellement de temps pour bâtir les relations entre la communauté et la police. Je ne sais pas comment décrire cela, mais notre chef de police, je ne sais pas ce qu’il a l’intention de faire. Lorsque Hamilton décide d’interdire le profilage racial, Kitchener suit. Le maire et tous les autres emboîtent le pas. De manière générale, vont-ils appliquer la loi pour ce faire? Selon moi, ce que la police fait, c’est en fait du profilage. C’est du profilage.

Je n’ai pas de numéro de badge, je n’ai pas besoin d’un nom d’un agent. Alors que je marche et que je suis arrêté au hasard, ou qu’un ami de ma communauté est arrêté, comment peut-on collaborer avec les services policiers? Comment peut-on imaginer une collaboration entre la communauté et la police, alors que nos jeunes sont arrêtés en pleine rue et qu’il leur est ordonné de montrer leur carte d’identité? Où allons-nous? C’est totalement inacceptable. J’espère, monsieur Erry, que vous comprenez.

Je ne sais pas d’où vous avez tiré cette idée. Nous ne pouvons accepter cela. Nous allons avoir un rassemblement le 9 décembre contre la police. Membre du public : nous invitons tout le monde, tout le monde, à se joindre à nous le 9 décembre, à 16 h, parce que c’est inacceptable. Nous sommes main dans la main en tant que Canadiens, comme Londoniens, pas de profilage, pas aujourd’hui, pas demain.

Je veux être clair sur cette question. Une autre chose dont je veux parler, c’est de ma propre expérience.

Ginelle : Un moment s’il vous plaît. Votre temps de parole est écoulé. Toutefois, personne d’autre ne semble vouloir prendre la parole. Une autre personne souhaite s’exprimer? Je vous prierais de conclure.

Membre du public : Je vais terminer, mais c’est très important.

Ginelle : Merci.

Membre du public : Nous parlons de racisme. Nous devons aborder cet aspect. Je veux être clair. Le maire, Matt Brown, est ici et il devrait interdire ce genre de chose et agir comme l’ont fait Hamilton et à Kitchener, plutôt que de simplement dire : « Nous désapprouvons le profilage racial ». Il faut que le maire assume le leadership de cette ville, se tienne debout, s’oppose au profilage et en fasse davantage. Vous devez interdire aux policiers d’agir ainsi. Je vous remercie beaucoup.

Ginelle : Merci.

(Applaudissements)

Ginelle : Prochaine personne en ligne, s'il vous plaît. Veuillez vous approcher du micro.

Membre du public : Bonsoir, merci beaucoup. Je sens que je voyage avec vous à travers différentes communautés. Donc, comme vous le savez déjà, dans la lentille de la communauté, on a fait une soumission avec une liste de recommandations, je ne vais pas le répéter, mais je vais dire, oui, que dans la communauté de London, il y a du soutien en ce qui concerne la soumission et  toutes ses recommandations. En plus, la Fédération ontarienne du travail – la Fédération de travail de l’Ontario a fait plusieurs présentations verbales et des soumissions par écrit au ministère concernant le sujet du mandat et de la Direction générale de l’action contre le racisme et ce que cela devrait être.

Je pense que les communautés à London le soutiennent aussi, donc je ne vais pas répéter cela. Je souhaite plutôt me concentrer sur le racisme systémique. Le mandat de la Direction devrait être axé sur la réinsertion des gens marginalisés. Il faut les démarginaliser. On ne peut pas faire cela en faisant du mal aux peuples marginalisés encore une fois. Voici donc mon message au ministre : il y a des gens – … j’espère que ce n’est pas mon téléphone! – il y a des gens dans cette communauté et dans l’ensemble de l’Ontario qui ont suivi, pas à pas, depuis les années 80 et 90, l’histoire de notre passé.

La Direction générale, le secrétariat, c’est la même chose; ce n’est pas notre première fois, nous savons que ce n’est pas la première fois qu’on essaie de le faire. Les gens de couleur ou sans couleur sont  convaincus que le gouvernement est sérieux quant à sa décision d’aborder le racisme systémique. Toutefois, le financement n’est pas traité de manière réaliste. De plus, bien que cette Direction générale soit plus élevée, sur le plan hiérarchique, que l’ancien Secrétariat, le financement indiqué est moindre. Donc, ce que je vous demande, c’est que le gouvernement de l’Ontario verse l’argent au bon endroit. Nous devons savoir ce que vous êtes disposés à investir en abordant le racisme systémique.

Et si on revient à la question numéro 5, comme je l’ai mentionné, ce n’est pas la première fois que ce sujet est abordé.

Ginelle : Veuillez terminer votre intervention.

Membre du public : Des Secrétariats sont disparus dans le passé alors que nos communautés des Premières Nations étaient sans eau. Aujourd’hui, ce problème perdure. Le démantèlement des précédents secrétariats et directions contre le racisme est survenu alors que des personnes de couleur noire ou foncée et des autochtones étaient arrêtées sans motif, et que les renseignements obtenus ont été consignés et conservés en raison de leur possible utilisation contre ces personnes. Cette assemblée est formidable, incroyable. Toutefois, comment financer cette initiative et ne pas répéter les erreurs des secrétariats et directions actuels et passés? Merci.

(Applaudissements)

Ginelle : Nous allons demander à Sam de réagir à ce commentaire.

Sam Erry : Merci. Merci pour ce commentaire. Cette question du financement de la Direction générale a été soulevée à maintes reprises. Actuellement, une grande partie du travail de la Direction générale pourrait être décrit comme un travail fondamental de base. Cette année, une somme de cinq millions de dollars nous a été accordée pour assurer le démarrage de la Direction générale et le lancement de ses activités, dont l’élaboration d’un cadre de collecte de données axée sur la race. Toutefois, le point sur lequel je souhaite insister est le suivant : si vous regardez cette thématique dans une perspective gouvernementale globale, vous constaterez le gouvernement est en train de dépenser beaucoup d’argent dans de nombreux domaines. Ainsi, nous allons utiliser le mandat de ces ministères comme leviers afin de s’assurer que la lutte contre le racisme, l’action de lutte contre le racisme soit intégrée dans le travail qu’ils sont en train de réaliser.

Donc, on utilise ces mandats comme. Le ministère des Services à l’enfance et à la jeunesse et le ministère du Procureur général offrent de nombreux services dont nous allons tirer avantage. Il s’agit donc d’une approche globale au niveau du gouvernement. Vous constaterez les résultats par l’entremise des services fournis au sein de ces ministères. Et le ministère a été dans d’autres réunions aussi. Si nous avons besoin de plus d’argent et si nous devons concentrer davantage notre travail, nous ferons ce que tout le monde fait : nous élaborerons un argumentaire visant à accroître notre financement que nous présenterons au Conseil du trésor. Donc, ce que vous voyez en ce moment, c’est exactement ce dont nous avons besoin en ce moment. Toutefois, à mesure que nous deviendrons plus mûrs en tant qu’organisme, si nous avons besoin davantage d’argent, nous en demanderons. Néanmoins, je sais que dans l’optique de la communauté, les dollars pourraient sembler équivaloir à des résultats; ce n’est cependant pas forcément vrai. Nous dépensons beaucoup d’argent, soit 128 millions de dollars dans le gouvernement de l’Ontario. Mais où l’utiliser?

Où l’utiliser comme levier? Où obtenir des résultats réels en très peu de temps? C’est là où nous allons concentrer notre travail et j’espère que cela pourra vous aider.

Ginelle : J’ai une petite question technique. Est-ce que ce bruit vient de mon téléphone? Je l’ai dans le mode avion, mais j’ai besoin de ma montre comme chronomètre. Donc, qu’est-ce que je fais? Ce n’est pas mon problème? Passons donc au prochain intervenant.

Membre du public : Merci. Le père de Jésus, je suis face à toi d’abord pour te remercier que nous, en tant que communauté, ayons pu nous réunir. Je te remercie pour ceux qui sont ici; je te remercie et je demande ta bénédiction et ta paix, et je demande au Bon Dieu que tous les dignitaires qui sont là, que tu les renforces avec de la sagesse, des connaissances et de la compréhension quand ils vont vers l’avant, au nom de Jésus. La raison pour laquelle je suis debout ici vise d’abord à remercier la communauté dans laquelle j’habite et chacun d’entre vous et chacune d’entre vous. Et comme la jeune femme l’a mentionné et le monsieur l’a mentionné aussi, il y a différentes choses qui se sont passées avant et il y a différentes frustrations. Ma vision personnelle et que je fait valoir est la suivante : faire triompher la vérité.

Nous avons tous vécu beaucoup d’expériences négatives. Nous avons été soutenus, mentalement, physiquement, spirituellement à travers beaucoup d’épreuves. Si nous révélons la vérité, aussi difficile soit-elle, et même si cela pourrait être très difficile d’accepter ce qui est en train de se passer, nous pouvons nous dépasser, car même une personne raciste a souffert et a été une victime. Les victimes de racisme souffrent énormément. Toutefois, je veux vous dire que tout comme on a ici ce petit truc circulaire au début, où c’est écrit « La gouvernance durable »; c’est l’un des premiers éléments. Numéro 1 : où est-ce que cela commence? Ça commence au niveau individuel, au bas. Merci beaucoup. Ça commence au niveau individuel. Et si nous disons la vérité et nous nous respectons les uns et les autres, qu’il s’agisse d’envahir la vie privée sous forme de profilage ou d’offrir un emploi à quelqu’un d’autre qui est favorisé, peu importe sa compétence, nous nous retrouvons dans un cercle vicieux. Je demande donc à tous les paliers du gouvernement et à toutes les personnes individuelles de vraiment y penser, car se cercle vicieux va perdurer. Un rodéo est quelque chose de terrible quand on y pense. Évidemment, je ne fais pas référence au sport, et je ne suis ni en faveur ni contre le sport. Les gens l’aiment; c’est leur affaire; ce n’est pas de cela dont je parle. Ce dont je parle, c’est de la brutalité des choses. Donc, je vous prie, je vous demande : révélons la vérité. Vous savez, la dame, le chef. Je suis désolé.

Ginelle : Je vous prierais de conclure votre intervention.

Membre du public : Oui, je vais terminer. Beaucoup d’enfants, même dans la société actuelle, sont victimes de sévices très graves. Cela m’attriste, car beaucoup de ces sévices sont survenus au nom du Bon Dieu. C’est épouvantable. Toutefois, si on cache la vérité, on va continuer à être les mêmes encore une fois, d’une génération à une autre.

(Applaudissements)

Ginelle : Est-ce qu’on a quelqu’un du public qui souhaite s’exprimer? Je croyais que c’était le cas. Bon, retournons alors au micro.

Membre du public : Bonjour, je voudrais aborder le premier point dans les questions.

Ginelle : Dans les questions?

Membre du public : Oui, dans les questions. Le racisme systémique. Je dois admettre que je suis quelque peu partial, car j’ai consacré une grande partie de ma vie à titre d’enseignant et de directeur d’école, principalement au nord du Manitoba et dans les Territoires du

Nord-Ouest dans des communautés autochtones.

Je crois sincèrement que l’un des problèmes que nous avons, qui n’explique peut-être pas tous les comportements racistes, mais une partie des comportements racistes dans notre société, commence dans le système scolaire. Selonmoi, il s’agit d’un problème qui doit être abordé.

– Membre du public : Par exemple, je me rappelle d’un groupe d’élèves à qui j’enseignais. C’était une classe de cinquième année dans les Territoires du Nord-Ouest. Au cours de l’année, une nouvelle enseignante est arrivée. Elle avait un fils qui s’est retrouvé dans ma salle de classe. Dès l’instant où il est entré dans la salle de classe – il était un garçon blanc très gentil; il s’est assis –, j’ai immédiatement remarqué quelque chose : tous les enfants autochtones dans ma salle de classe ont cessé de parler, chaque fois que ce garçon était là. Il essayait pourtant de s’adapter le plus possible. Hélas, les autres enfants de la classe ont cessé de répondre aux questions, de faire leur travail; la situation est devenue tellement insupportable que j’ai dû lui demander de travailler tout seul dans la bibliothèque, parce que lorsqu’il était dans la salle de classe, tout s’arrêtait.

J’en suis donc venu à la conclusion que, même en cinquième année – on parle ici d’enfants de 11 ans –, l’estime de soi est tellement basse parmi les enfants autochtones de la salle de classe que la seule présence d’un enfant blanc les a amenés à se taire complètement.

Ce problème doit être résolu. Je pense que l’une des façons de le faire, c’est d’une certaine façon de changer le système scolaire tel qu’il est en ce qui concerne les peuples autochtones. Le système actuel ne fonctionne tout simplement pas de façon adéquate.

Un autre exemple que je peux vous donner, encore une fois, dans les Territoires du Nord-Ouest. Je regrette, mais plusieurs événements sont survenus au cours de cette année-là dans différentes communautés au Nord. Par exemple, les caribous migrent chaque année. Lors de la migration vers les communautés, ces dernières abandonnent leur routine et partent à la chasse au caribou. Ces communautés en dépendent pour leur survie. Les garçons vont aider les pères, les filles aident les mères pour cuisiner. Bref, les classes sont vides pendant cette période. Par ailleurs, lorsque les canards migrent, les communautés reproduisent ce rituel. J’ai fait beaucoup de présentations à la direction où je travaillais, suggérant que l’année scolaire pourrait être modifiée, en tenant compte de ces coutumes.

Pourquoi faire une année scolaire tandis que les enfants sont absents, et après, ne pas les laisser passer d’une année scolaire à l’autre, quand en fait ils sont en train de soutenir leur famille et leur communauté?

Un autre aspect à considérer dans les Territoires du Nord-Ouest : c’est la Terre du soleil de minuit. En été, il y a de la lumière jusqu’à très tard, et les gens restent debout jusqu’à très tard. Cependant, en hiver, c’est très obscur et il y a très peu à faire. J’ai donc suggéré que l’année scolaire soit modifiée afin de prendre en compte les différences saisonnières : j’ai ainsi proposé que les heures de classe s’étendent en hiver jusqu’à 20 h ou 21 h le soir, étant donné que les élèves aimeraient beaucoup avoir quelque chose à faire parce qu’il n’y a vraiment rien d’autre à faire pendant ce temps-là; j’ai par ailleurs fait valoir qu’en été, quand il y a des activités pour la communauté, cet horaire pourrait être modifié. J’ai reçu la réponse suivante : c’est ainsi. L’école se déroule de telle heure à telle heure; le programme a été ainsi conçu; essaies-tu d’obtenir davantage de vacances?

Ginelle : Je vais vous demander de conclure votre intervention.

Membre du public : Pardon?

Ginelle : Je vous demanderais simplement de mettre fin à vos propos. Nous vous écoutons.

Membre du public : En bref, le point que je voulais souligner, c’est qu’au moment où les élèves arrivent même à l’école secondaire, leur estime de soi est très basse. Pas tous, et c’est malheureux de relater que 30 ans plus tard, bon nombre des élèves à qui j’ai enseignés sont maintenant mes amis sur Facebook. J’ai rencontré leurs enfants et quelques-uns de leurs petits-enfants par l’entremise des médias sociaux, et nous sommes encore en contact. Je pense qu’un système scolaire adapté aux gens à qui il est destiné serait nettement plus efficace. (Applaudissements)

Membre du public : Ce que j’ai découvert, c’est que tout jeune qui a une bonne estime de soi va toujours mieux réussir plus tard dans la vie. Voilà.

(Applaudissements)

Ginelle : Merci.

(Applaudissements)

Ginelle : Intervenant suivant? Veuillez vous approcher du micro.

Membre du public : Merci de venir à London nous entendre. Nous sommes un groupe de musulmans locaux créé par des étudiants de London. Je m’adresse à notre invité d’honneur.

Si nous voulons mettre fin au racisme systémique, il faut se tourner vers les acteurs du système, les gens qui sont dans le système et qui perpétuent le racisme. Il faut aussi se tourner vers les gens qui ne veulent pas entrer dans le système, mais qui ont peur. « Pourquoi surmonter les barrières? » Selon moi, il y a trois causes : la peur, l’ignorance et la politique partisane.

La peur. Nous savons que les gens s’associent à ce qui leur est familier, développent de l’anxiété et de la peur devant l’inconnu. Une nouvelle école, une nouvelle ville, un nouvel emploi ou des gens différents de nous. Le racisme tire avantage de cette peur. Il manipule la peur. Ceux qui encouragent le racisme s’appuient sur cela, la peur. Ils profitent de cette peur. Craignez la différence. Craignez les immigrants qui se tourner vers les gens qui ne veulent pas entrer dans le système, mais qui ont peur. « Pourquoi surmonter les barrières? » Selon moi, il y a trois causes : la peur, l’ignorance et la politique partisane. La peur. Nous savons que les gens s’associent à ce qui leur est familier, développent de l’anxiété et de la peur devant l’inconnu. Une nouvelle école, une nouvelle ville, un nouvel emploi ou des gens différents de nous. Le racisme tire avantage de cette peur. Il manipule la peur. Ceux qui encouragent le racisme s’appuient sur cela, la peur. Ils profitent de cette peur. Craignez la différence. Craignez les immigrants qui vont voler vos emplois, envahir vos quartiers, transformer vos communautés. Il y a aussi l’ignorance. Les gens ont une routine qu’ils connaissent et ils ont confiance en cette routine.

Vous êtes confortable avec cette routine, cette façon de vivre. Vous êtes à l’aise avec votre conception du monde, qui, selon vous, est juste, à l’opposé d’autres conceptions du monde. La nature humaine étant ce qu’elle est, cette vision partagée par votre entourage vous conforte, écartant tout incitatif de remise en question de cette vision et toute possibilité de vous éloigner de votre groupe, par crainte d’en être exclu.

Enfin, la troisième cause se rapporte à la politique partisane qui a joué un rôle considérable au cours des deux dernières années. Le système politique et certains de ses partisans portent le blâme du racisme dans la société. Nous avons vu un exemple récent au sud de la frontière; nous avons été témoins de la légitimation de la haine. Il est facile d’accuser une seule personne; toutefois, dans les faits, les racines du racisme sont beaucoup plus profondes, allant aussi loin que les divisions profondes de notre système politique. Je fais ici référence à la notion de politique partisane. C’est-à-dire que si vous ne pensez pas comme moi, vous êtes mauvais, vous ne devriez pas être au pouvoir et vous devriez perdre. Cette politique de la peur donne le ton au public en général : vous êtes différent de moi, vous êtes donc mauvais; vous ne devriez pas jouer un rôle dans la gouvernance de la société et vous devriez être rejeté.

Au cours des deux dernières années, la politique a vraiment touché les problèmes de l’immigration, des réfugiés. Et dans notre communauté musulmane, cela nous touche directement. Sans surprise, au cours des dernières années, les incidents de crimes haineux ont augmenté. Une notion fort dangereuse selon laquelle si vous ne faites pas comme nous, vous êtes contre nous s’est implantée dans notre société.

En matière de solutions, nous demandons au gouvernement et à la Direction de prendre en compte deux éléments : d’abord, le leadership; ensuite, l’éducation. Nous demandons que le gouvernement et la Direction contre le racisme d’assumer un leadership et de faciliter l’éducation. En ce qui concerne le leadership, les dirigeants politiques doivent exercer un véritable leadership qui soit dépourvu de partisanerie. Nous avons besoin de dirigeants communautaires. Je sais que le maire est ici et qu’il y croit, tout comme les conseillers Sally et Usher, la sous-ministre Matthews, le vice-président, les députées Peggy Sattler et Teresa Armstrong. Nous avons de la chance à London. Nos dirigeants doivent montrer aux électeurs que le fait d’être différent n’est pas un problème. Le fait d’être différent ne signifie pas que vous êtes mauvais ou que vous devriez être détesté ou marginalisé. Avoir un point de vue différent ne veut pas dire que cette personne est supérieure ou inférieure.

Ginelle : Je vous prierais de conclure votre intervention.

Membre du public : L’obligation de rendre compte doit être accrue au niveau du gouvernement. Nous avons parlé de la Loi sur la santé et la sécurité au travail : elle doit être renforcée pour que les lieux de travail soient des milieux exempts de racisme. Nous devons faciliter l’éducation. Le gouvernement doit exercer un leadership à cet égard. Nous devons sensibiliser le public au problème des crimes haineux et soutenir efficacement les victimes de crimes semblables. Ces victimes doivent savoir qu’elles ont un véritable appui et qu’elles peuvent dénoncer de tels crimes; sinon elles ne le feront pas. Il faut s’assurer que les lieux de travail sont sans danger. Il faut encourager la diversité sur les lieux de travail et s’assurer qu’ils fournissent une formation sur la diversité.

Nous avons entendu parler d’une campagne publicitaire. Nous en avons besoin. Nous savons que les questions d’intimidation et de santé mentale sont des enjeux cruciaux. Nous demandons au gouvernement l’allocation de fonds afin que nous puissions lutter contre cette peur, cette ignorance et cette politique partisane. Merci beaucoup.

Ginelle : Merci beaucoup.

(Applaudissements)

Ginelle : Notre prochain orateur? Désolée. C’est un excellent micro. Notre prochain orateur s’il vous plaît.

Ginelle : Allez-y.

Membre du public : J’aimerais remercier mon ami qui m’a invité ce soir; je n’étais pas au courant de cette réunion. Nous avons eu une conversation l’autre jour; c’est alors que j’ai entendu parler de ce rassemblement; c’est intéressant.

Je pense qu’aborder le racisme, c’est important pour tous, y compris les auditeurs et les représentants du gouvernement, de comprendre que le Canada a été fondé sur une base de racisme. Je fais ici référence à la Doctrine de la découverte. Si vous ne savez pas de quoi il s’agit, faites une recherche à ce sujet. Nous parlons de racisme systémique. Cette forme de racisme se trouve partout. Tout ce que nous faisons, toutes les institutions ont ça pour racine et continuent à enseigner cette doctrine à l’université Western Ontario aujourd’hui. Essentiellement, selon cette doctrine, il y a des gens qui vivent en Amérique du Nord, mais ils ne sont pas vraiment humains : ce sont des sauvages. Il y a beaucoup de terres, de ressources et de choses qu’ils n’ont pas, dont la capacité de posséder des terres.

Donc, il suffit de dresser des drapeaux britanniques pour que cela devienne des terres britanniques, et tout ce que vous devez faire, faites-le; faites-le. Ça a été documenté dans l’histoire : jusqu’au 19e siècle,il y a eu des génocides délibérés, tels que des couvertures infectées de variole pour tuer les « sauvages » ou les « païens ». Nous avons le pensionnat. Notre aînée, Elder Liz, en a parlé et je corrobore tout ce tout ce qu’elle a dit. Mon père a été un survivant de pensionnat. Il y a passé sept ans. Je ne me souviens pas d’une fois où il m’a dit qu’il m’aimait; il ne m’a jamais pris dans ses bras, tout ce que je me rappelle, c’est qu’il me tapait dessus. C’est tout ce dont je me rappelle de mon enfance. J’aimerais renforcer les propos émis par l’enseignant qui a parlé un peu plus tôt. Ce qu’il a dit est la pure vérité.

Quand j’étais à l’école, nous n’étions pas encouragés à avoir une vie scolaire ou à aller au collège ou à l’université. On nous disait : « Le mieux que vous pourriez faire, c’est d’être un ouvrier dans la construction. Vous êtes tellement fainéants de toute façon que vous allez finir alcooliques. » Et c’est ce qu’on continue à entendre. Hélas, vous entendez ce message aujourd’hui encore, d’une manière plus subtile, mais persistante.

Je prends la parole ce soir, à titre de chef traditionnel de ma nation, et non en tant que cadre d’une organisation ici à London. Je veux faire état de quelques expériences vécues il y a tout juste quelques jours. Il y a un mois et demi, une mère est venue prendre part au conseil d’administration, s’inquiétant du fait que son fils était dans un centre de détention de Elgin Midddlesex. Je ne vais pas défendre ce qu’il a fait et pourquoi il était là, mais le problème, c’est qu’il a choisi de parler et de réagir. On l’a battu, et il a fini à l’hôpital.

Donc, la dame a demandé à notre conseil d’administration ce qui pouvait être fait. Le Conseil d’administration m’a demandé de tenter d’obtenir un poste au conseil d’administration du centre de détention de Elgin Middlesex. J’ai donc contacté les autorités du centre de détention. Je n’ai pas atteint un niveau très élevé. Je ne sais pas jusqu’à quel niveau hiérarchique je suis parvenu. J’ai expliqué que notre conseil d’administration souhaiter occuper un siège à leur conseil d’administration. Il m’a été répondu que les postes vacants étaient affichés, et qu’il m’était possible de soumettre ma candidature le cas échéant. J’ai manifestation mon insatisfaction à mon interlocutrice quant à la réponse qui venait de m’être donnée. Elle m’a indiqué qu’elle transmettrait mon message à son superviseur. C’est ainsi que notre conversation s’est terminée.

Elle ne voulait même pas m’appeler par mon nom. Ça, ça m’a vraiment gêné. Dans ma recherche, j’ai lu un rapport publié en mars 2016 au sujet du Centre de détention de Middlesex sur l’approche plus amicale adoptée par le Centre envers les minorités autochtones. Comparant cette lecture au traitement auquel j’avais eu droit quelques jours avant, j’ai conclu que ce rapport était un véritable mensonge. Ce ne sont que des mots. Par ailleurs, notre organisation héberge une école secondaire alternative. Il y a deux ans, alors que je regardais en direction du stationnement, j’ai vu un jeune homme arriver en camion, un camion en bon état. Un agent de police de la ville de London est apparu et l’a arrêté. Je n’ai pas entendu la conversation, mais je crois que l’agent voulait que le jeune homme lui montre le titre de propriété et l’assurance du véhicule. Le jeune homme lui a montré les documents demandés et est retourné à son camion. Je présume donc que ce camion était le sien. Un deuxième véhicule de police est alors arrivé, il voulait lui demander d’arrêter. Ginelle, je crois que vous allez me demander d’arrêter.

Ginelle : Veuillez terminer rapidement votre commentaire.

Membre du public : Tout ce que je dis c’est la vérité, je n’invente rien.

Ginelle : Oui, c’est bon. Merci.

Membre du public : Ce n’est pas un résumé. C’est la pure vérité.

Ginelle : Nous vous écoutons.

Membre du public : Le deuxième agent est arrivé; le premier est allé dans sa voiture, a fait la vérification sur l’ordinateur et ainsi de suite. Le second s’est approché du jeune homme et lui a dit – je ne sais pas ce qu’il a dit. Il est retourné en direction du camion, a commencé à chercher dans le véhicule et à faire une perquisition. Je ne sais pas ce qu’il cherchait, mais il supposait que le jeune homme était autochtone, qu’il avait des choses illégales.

Tout cela s’est passé en quelques minutes, en quelques secondes. La personne retourne à son véhicule; les policiers parlent ensemble. Le premier agent communique ses renseignements. Je sors alors pour savoir ce qui se passe. Quand j’arrive, les deux agents de police sont partis et je demande au jeune homme :

« Que s’est-il passé? » Il me dit : « J’ai été au Tim Hortons pour avoir un café et j’ai fait un virage à gauche sur la rue Horton en direction de Naramer et une voiture de  police passait. Ils m’ont vu conduire un camion et ils ont fait demi-tour pour revenir jusqu’à notre aire de stationnement. »

Qu’est-ce que ça veut dire? Ça, c’est du racisme. Ça, c’est du profilage. Je vais terminer mon intervention avec ce dernier commentaire. Récemment, j’assistais à un forum au Service de police de London. On y parlait des mesures à prendre pour avoir plus de peaux brunes chez les policiers. Bonne idée, je suppose. Toutefois, ils ont posé des questions, beaucoup des questions. Il y avait différentes tables et c’était un thème où les gens étaient de différents pays du monde.

La deuxième question concernait les relations avec la police. Le conseiller Archer était à cette table. Il a dit quelque chose dans une forme cristallisée : « La plupart d’entre nous dans cette salle, nous venons d’ailleurs dans le monde. Lorsque nous regardons les formes armées, dans nos pays respectifs, nous les associons à la force. Lorsque nous arrivons au Canada, nous regardons les agents de police comme des agents au service des gens ». Quant à moi, j’ai pensé que les Autochtones associons toujours les agents de police à la force; nous ne les considérons pas comme des amis. Ils ne sont pas là pour nous servir. (Applaudissements)

Ginelle : Je veux essayer de voir combien d’orateurs nous avons encore en salle. Veuillez bien lever la main. O. K. alors, je vais devoir arrêter la liste ici.

Je vais demander aux gens qui vont bientôt parler d’essayer de formuler vos propos de manière à ce que la Direction générale de l’action contre le racisme puisse faire rapport sur ce que vous dites. Les histoires sont très importantes, mais nous avons beaucoup de gens qui veulent parler. Nous souhaitons que toutes et tous aient l’occasion de transmettre son message ce soir.

Membre du public : Je veux dire tout simplement que l’une des choses auxquelles je crois et j’ai toujours cru, c’est que nous sommes tous égaux, peu importe d’où nous venons; nous sommes tous nés égaux et nous sommes libres. Nous avons une démocratie au Canada. Je veux que cette démocratie commence en amont, c’est-à-dire au gouvernement, au niveau fédéral et provincial.

Et si c’était là, ce serait dans nos communautés et ce serait pour toutes les personnes. Quant à moi, cela fait 62 ans que je suis blanche. Jamais, je n’ai fait l’objet de profilage. La seule fois où on m’a arrêtée, c’est quand j’ai oublié de mettre mon autocollant sur ma voiture. Donc, je vois toutes les minorités qui vivent dans ma ville, qui sont beaucoup plus fortes que moi, beaucoup plus puissantes que moi et beaucoup plus belles dans leurs esprits que ce que je suis, en raison de ce qu’elles subissent. Pour cette raison, je vous rends hommage. J’ai vécu une expérience à l’extérieur d’une banque. Je voulais entrer à cette banque; j’entendais des gens crier. C’était l’été; je ne savais pas d’où venaient ces cris. Je suis sortie de ma voiture; deux personnes près de moi étaient à côté de leur voiture. Ces personnes, âgées, avaient peur. Il y avait un homme noir de 6 pi 2; il y en avait un autre d’origine hispanique, de 5 pi 6. Moi, je mesure 5 pi 3. Je ne savais pas qui était à l’origine du problème. Donc, je me suis glissée entre les deux et j’ai regardé ces deux hommes vers le haut. J’ai compris chacun d’eux. Il s’agissait simplement d’un jeune homme noir, mais la couleur de sa peau, blanche ou noire, n’avait aucune importance. Il y avait cet homme d’origine hispanique en train d’être intimidé par le Noir, qui voulait se battre avec lui. Et moi, je me suis mise au milieu et j’ai commencé à dire : « Comment tu t’appelles, comment tu t’appelles, comment tu t’appelles? » J’ai dit cela pour ne pas que le gars puisse entendre ce que l’autre lui disait. Et je lui ai dit : « Si tu vas faire ce qu’il veut que tu fasses, tu seras comme lui. » Son ami a alors dit : « Elle a raison. » Et ils ont traversé de l’autre côté de la rue et ils sont partis.

Je me suis levée non pas parce que c’était un homme noir, mais parce que c’était une personne. Il avait peut-être 19 ans et je lui ai dit : « Tu as probablement fait ça tout simplement parce que tu ne te sens pas en sécurité. » Et ça s’est tout de suite terminé. Au moment où les policiers sont arrivés, il n’y avait plus personne.

Donc, il serait souhaitable que nous soyons tous des gens en quête de paix, et que nous puissions tous nous percevoir comme étant égaux. Je veux également demander au chef de police de London, à la lumière de ce que j’ai lu dans les journaux et de ce que j’ai ou n’ai pas entendu et pas entendu, que cesse le profilage. Ce n’est pas de la démocratie. Dans le cas où il choisit de ne pas y mettre fin, je souhaite, en tant que personne blanche, entendre ses raisons. J’espère que ses raisons n’ont rien à voir avec son ego, ce qui équivaudrait ni plus ni moins à un exercice de pouvoir et de contrôle.

(Applaudissements)

Ginelle : Merci de vos commentaires. Prochain orateur ou oratrice au micro, je vous prie.

Membre du public : Bonsoir à tous et à toutes, je voudrais remercier les dirigeants politiques et communautaires pour cette assemblée. Je suis consultant et j’ai agi pendant 20 ans à titre d’agent de police dans cette communauté. J’ai une question à deux volets qui, en fait, se rapporte à cinq points, plus spécifiquement peut-être avec le point numéro 5, concernant ce qui va se passer après ces consultations avec le public. Alors, ma question à deux volets est d’abord la suivante : s’agissant des programmes relatifs à la diversité auxquels participent beaucoup d’organismes, la province va-t-elle adopter une approche législative dans un cadre de reddition de compte? S’agissant du deuxième volet de ma question : s’il n’y a pas de réaction législative, que va-t-on prendre en considération?

(Applaudissements)

Ministre Coteau : Merci beaucoup. Où est-vous? Ah. Je vous vois. Bon. En ce qui concerne le deuxième volet de votre question relatif à la législation, nous l’avons entendu dans l’ensemble de la province. Je pense qu’il s’agit de l’une des composantes clés des recommandations constantes dont les gens que nous avons rencontrés nous ont fait part.

Ce que nous allons faire, c’est de mentionner ces idées, développer une stratégie et présenter le tout à mes collègues à la législature.

En ce qui concerne le cadre de reddition de compte, et implanter tout type d’équité d’emploi, ces éléments ont également été invoqués. Nous avons probablement reçu trois ou quatre douzaines de formulations de ces idées : la collecte de données, l’intégration de ces concepts dans les différents ministères, l’examen en fonction de la race. Ce qu’on est en train de faire ici, c’est de recueillir toutes ces idées; après quoi, nous allons les présenter au printemps sous forme de stratégie pour tout l’Ontario. Cela inclura tous ces aspects que nous estimons essentiels pour aller de l’avant.

Vous savez que votre Conseil agit en conformité avec ce que nous écoutons tout le temps. Néanmoins, je ne veux pas dire : « Oui, c’est ce que nous allons faire en ce moment ». Ce que je veux dire, c’est que probablement ces idées sont très populaires dans l’ensemble de la province de l’Ontario, au sein des consultations. Nous allons tout simplement développer une stratégie, probablement au début de l’année prochaine, qui va vraiment englober ces grandes idées qui, selon nous, doivent être mises de l’avant. Je vous remercie donc pour vos questions.

Ginelle : D’accord. Prochain orateur ou oratrice au micro, je vous prie.

Membre du public : Merci beaucoup. Tout d’abord, peut-être que ma voix va trembler un tout petit peu. ; je parle généralement très lentement. Donc, tout d’abord, je suis venu à cause de la première question.

Comme vous l’avez écrit au-dessus, pour moi, comme tout le monde le sait, les deux institutions qui sont en train de détruire notre communauté, c’est le service de police et les services d’aide à l’enfance.Ces deux organismes, je crois, ne font pas partie du gouvernement. Je vais les appeler « organismes ».Nous, en tant que minorités, nous sommes en train de mourir. Moi, je suis vraiment triste, parce que, à mon arrivée au Canada, on m’a dit, on m’a dit que dès qu’on arrive au Canada, si vous recevez un bon enseignement, si vous allez à l’école, vous serez une bonne personne.

Toutefois, maintenant, je me rends compte que quand j’arrive au Canada, dès l’instant où j’ai un bon emploi et une voiture, cette voiture va être mon problème.

(Applaudissements)

Membre de l’audience : Cela, en fait, m’est arrivé. Quand j’ai fini l’école secondaire, j’étais convaincu que j’aurais un bon emploi et que j’allais acheter une belle voiture. Je l’ai fait. Vous savez ce qui s’est passé? On me donne des amendes tout le temps. Pourquoi? Qu’est-ce que j’ai fait?

Moi, je pensais que je savais conduire. Et là, on m’a dit que c’est à cause des policiers, parce que c’est comme cela qu’ils obtiennent de l’argent. Donc, pour moi, je ne sais pas comment intégrer ce problème dans les présentes discussions. Cependant, je crois pouvoir l’associer à cette première question écrite. Nous sommes venus au Canada comme immigrants pour avoir une bonne vie; nous avons quitté nos pays où nous avons subi des sévices physiques. Ici, nous sommes maintenant victimes d’intimidation mentale. La question que vous pourriez vous poser est la suivante : est-il préférable d’être victime de sévices physiques ou mentaux?

Je suis allé à l’école, je suis allé à l’université. L’une des choses très importantes que j’ai apprises, c’est qu’être mentalement détruit est l’une des pires choses dont on puisse être victime. J’ai de la peine pour mes gens, et quand je dis « mes gens », c’est parce qu’ils sont en train d’être détruits mentalement maintenant, et c’est ce qui va se passer pour la communauté africaine, pour la communauté arabe. Ils sont en train d’être détruits, détruits par la police et par les services d’assistance aux enfants. Et ces deux organismes, si on ne les démantèle pas, nous n’aurons pas de vie comme immigrants, nous n’aurons pas de vie. J’ai quatre enfants moi-même…

Ginelle : Je vais vous demander de terminer votre commentaire.

Membre du public : Une chose que je voudrais mentionner, c’est que quand j’étais jeune, petit garçon de couleur noire, je me cachais de la police. Je n’ai jamais eu de problème. Mais maintenant, j’ai des problèmes à cause de mes enfants. Que puis-je faire? Parce que mon enfant, on demande à mon enfant à l’école : « Est-ce que ton papa t’a battu, est-ce que ta maman t’a battu? » C’est quoi ça? Qui a dit aux personnes blanches qu’un homme noir ne peut pas avoir d’enfant, qu’un homme noir ne peut pas avoir d’emploi? Ces deux organismes, la police et les services d’aide à l’enfance, c’est le fléau des immigrants.

(Applaudissements)

Ginelle : Je vous remercie de vos commentaires. Est-ce que je peux avoir le prochain orateur ou oratrice au micro, je vous prie?

Membre du public : Bonsoir à tous et à toutes. D’abord, je voudrais remercier les organisateurs de cet événement avant de passer à ma question. Ensuite, c’est un moment très spécial pour moi que d’être ici, parce que c’est une belle occasion de voir ce qui est écrit là. Et moi, je crois que le système fonctionne, quand je le regarde selon ma perspective, parce que quoique je n’ai pas d’exemple concret, ça fonctionne. Ma question comporte deux composantes. Je vais être très bref, notamment en raison de la barrière linguistique. Donc, ma première question est la suivante. Ça, c’est quelque chose de central que nous devons gérer. Ma première question est la suivante : comment résoudre les peurs et la faible estime de soi de nos enfants?

Comme mon frère l’a mentionné, nous vivons ce problème au sein de nos communautés et nous ne savons même pas quoi faire, parce que dans notre culture, nous devons faire les choses d’une certaine façon. Mais ici, au Canada, nous vivons dans différentes communautés et nous devons adopter une culture différente. Comment résoudre ce genre de peur causée par cette très faible estime de soi avec laquelle nous et nos enfants sommes aux prises?

S’agissant de la deuxième question que j’ai à poser, ainsi que mon confrère l’a mentionné, nos enfants sont enlevés de chez nous à cause de ce truc, de cette Société de l’aide à l’enfance, peu importe. -

Inconnu : Société de l’aide à l’enfance.

Membre du public : Alors, parfois, ils arrivent et commencent à parler. Parfois les gens parlent trop, et quand les gens parlent trop, ils ne savent pas se défendre. Et quand quelqu’un dit quatre, cinq mots, ça peut semer la confusion sur ce que vous souhaitez dire, et alors…

Ginelle : Veuillez terminer votre commentaire.

Membre du public : Et après tout, comme je l’ai mentionné, nous avons des barrières linguistiques. Donc, qu’allons-nous faire pour résoudre ce problème? Et le gouvernement de l’Ontario ou l’Ontario en général ou London en Ontario, que vont-ils faire pour résoudre le problème au sein de notre communauté? Je vous remercie de votre attention.

(Applaudissements)

Ginelle : Merci pour votre commentaire. Intervenant suivant, s’il vous plaît.

Membre du public : Bonsoir. Je m’excuse de mon retard. J’étais à Toronto et à Ottawa. J’essayais d’obtenir plus d’argent du gouvernement fédéral pour la Ville de London. Je suis très heureux d’être ici et je suis très très heureux surtout que vous soyez ici, vous, l’auditoire. Je suis désolé que le maire soit parti, parce qu’une des choses dont je veux parler, c’est une chose dans laquelle nous sommes associés tous les deux.

Membre du public : Quoi qu’il en soit, j’ai été engagé dans cette question depuis que je suis à London. Je suis un ingénieur de Bell Canada. Je suis arrivé en 1991. J’ai commencé comme bénévole. L’une des premières organisations avec laquelle j’ai travaillé, ça s’appelle la London Multicultural Youth Assoication. Il y avait beaucoup de jeunes, d’adolescents. Nous nous retrouvions ensemble chaque été. Il y avait des races différentes, toutes les couleurs; ils étaient là, ils travaillaient ensemble, ils faisaient des projets ensemble et cette formule fonctionnait bien.

Donc, pour moi, si vous les éduquez correctement, ils peuvent travailler ensemble et vivre ensemble. Et nous pouvons créer des possibilités pour chacun d’eux. Toutefois, depuis, la situation semble hors de contrôle à London et tout semble aller de pis en pis. À la fin des années 90, j’ai joint le Comité consultatif sur le racisme à London et je suis devenu le président de l’organisme. Une des premières choses que nous avons faites et une des dernières, en fait, durant ma présidence, c’est de créer une politique de relation raciale. Nous avons passé deux ans sur ce projet. J’en étais le vice-président avec un membre du personnel. Nous avons réussi à pondre un texte, à l’aide de groupes de réflexion. Ce texte, peu épais, était bon. Depuis, nous nous en sommes inspirés.

Mon problème avec tout cela est que l’idée de cette politique de relation raciale est de créer des possibilités. Au sein de la Ville de London, on devait commencer avec l’administration de la Ville de London. Nous comptions sur sa collaboration. À cette époque, le nombre de minorités visibles atteignait 9,8 %. En 2001, le pourcentage était de 11,2 %. En 2006, c’était 13,1 %; et en 2011, nous en étions à près de 15 %.

Le pourcentage du groupe des minorités visibles dans la Ville de London, la démographie. Vous pouvez regarder n’importe où ailleurs : on n’a même pas la moitié de cette démographie comme employés dans la Ville de London.

(Applaudissements)

Et je peux vous dire qu’en 2002, on a fait une étude démographique. À l’époque, le pourcentage atteignait 9,1 %. Je viens de regarder. Lorsque j’ai regardé l’article, il y avait une division où 36 % du personnel provenait des minorités visibles, et dans les autres divisions, 4 % du personnel était issu des minorités visibles. Quel type d’histoire de réussite est-ce, cela? À l’époque et vous pouvez trouver le même pourcentage. Ce qui se passe, c’est qu’on n’ajoute jamais le geste à la parole, et si la corporation de la Municipalité de London n’oblige pas les gens à le faire, aucune autre institution ne l’imposera.

(Applaudissements)

Ginelle : Monsieur, veuillez conclure, faute de temps.

Membre du public : C’est en général. Observez l’encadrement : il y a quasiment zéro pour cent de minorités visibles. Je sais que la municipalité de London va créer une stratégie au cours des mois à venir. Il y a une annonce, là, un document à l’extérieur vous invitant à prendre part à cette stratégie. J’étais à l’extérieur. Je viens donc juste de le voir pour la première fois. On y lit ce qui suit : « Vous êtes passionné à propos de la diversité et de l’inclusion? Joignez ce groupe. Joignez ce groupe et voyez si vous pouvez parler. »

Vous pouvez vivre à Toronto. Toutefois, London, ce n’est pas un clone de Toronto. Chaque fois que je vais à Toronto, je ne me sens pas comme une personne de couleur; quand je suis à London, je me sens vraiment comme une personne de couleur.

(Applaudissements)

Ginelle Merci. Je demanderais au prochain intervenant de prendre la parole.

Membre du public : Bonsoir à tous et à toutes. Je ne suis pas la meilleure à parler en public; je deviens nerveuse.

Ginelle : Pas de problème.

Membre du public : Toutefois, je ne pouvais pas être ici aujourd’hui sans venir au micro. J’ai une question, mais avant cela, un ou deux commentaires. J’habite London depuis quelques années déjà et je suis membre d’un syndicat et j’en suis fière. Je travaille dans un centre des sciences de la santé. Mon salaire est excellent. Je suis fière de travailler là. J’ai entendu mon confrère, et ma consœur auparavant. Il y a des préoccupations concernant l’efficacité des mesures envisagées. Ce qui m’inquiète, c’est que les bons salaires, les bons emplois, les frais de scolarité élevés visent les travailleurs marginalisés.

Donc, j’imagine que la question que je souhaite vous poser se rapporte à ce truc qui est en train de se passer – désolée, je suis nerveuse –, à ce qui est en train de se passer, ce que vous êtes en train de faire, que faire au sein du gouvernement pour viser les salaires des travailleurs marginalisés?

London a beaucoup de travail précaire. Je travaille dans un hôpital où nous sommes 10 personnes d’origine noire. Comment allez-vous prendre ceci et aborder des choses qui devraient être les premières, les salaires, les bons emplois, l’éducation, les frais de scolarité élevés? Comment est-ce que cela va toucher les travailleurs marginalisés? Parce que je pense que cela ferait une différence en ce qui concerne le racisme systémique. Pour moi, le racisme systémique équivaut au statu quo. On croit que les immigrants devraient être des chauffeurs de taxi et que des gens comme mon mari devraient travailler, non pas à titre de techniciens dans les hôpitaux, mais plutôt comme hommes de ménage, parce que ces hommes n’ont pas les moyens d’aller à l’école.

(Applaudissements)

Membre du public : Merci beaucoup. Il s’agit uniquement de quelques-unes de mes questions. Puis-je soulever ma question avant de terminer mon intervention?

Ginelle : O. K. alors, nous n’allons pas mêler les questions et les réponses en ce moment.

Membre du public : Non?

Ginelle : nous allons prendre votre question

Ministre Coteau :  Vous savez quoi? Pourrais-je parler sans microphone? Nous explorons les différentes manières de procéder. En ce qui concerne la Société de l’aide à l’enfance, ainsi que je l’ai indiqué en réponse à la question de l’orateur précédent, j’ai l’intention, à partir de la nouvelle loi adoptée par le parlement, de réellement moderniser la Société. Toutefois, ce qui s’est dégagé des assemblées publiques est que vous souhaitez traiter du racisme systémique. La première chose que nous devons faire est donc de regarder ce qui se passe au sein du gouvernement. Cela revient à ce que vous disiez. Qui tire avantage des possibilités et comment peut-on accélérer la croissance et les occasions pour les jeunes, notamment l’insertion des minorités ethniques au sein du gouvernement puisque les possibilités existent et que les gens cherchent des possibilités. Steve Orsini est chef de la fonction publique de l’Ontario (FPO). Il a mis en place une stratégie de lutte contre le racisme ou une stratégie en matière de diversité en ce qui concerne le recrutement au sein de la FPO dont Same Erry, ici présent, assume la responsabilité. Sam est responsable de la Direction générale de l’action contre le racisme et du Bureau de la diversité. Ces deux entités vont travailler à l’amélioration des possibilités d’emploi et à la question de l’équité d’emploi dans la FPO. Je veux ajouter que nous nous penchons maintenant sur la question des frais de scolarité et que Deb Matthews travaille étroitement avec l’éducation. Tout ménage dont le revenu est inférieur à 50 000 dollars sera admissible à la gratuité des frais de scolarité à partir de septembre 2017. Ainsi, en Ontario, si vous êtes membre d’une famille dont le revenu est inférieur à 50 000 dollars, vous serez exempt des frais de scolarité moyens en Ontario. Il s’agit d’un changement colossal.

(Applaudissements)

Inconnu : Poussez à fond cette initiative. L’éducation est sans l’ombre d’un doute la voix du succès dans tout ce que vous faites. Merci. Merci pour cette initiative.

Ginelle : Notre prochain orateur ou oratrice.

Membre du public : Bonsoir à tous et à toutes. J’ai quelques points que je voudrais mentionner, car je pense qu’ils sont importants. D’abord, je voulais exprimer ma reconnaissance envers la communauté et le fait qu’on aborde l’existence de l’islamophobie existe. Bien que l’Islam ne soit pas une race, les musulmans sont victimes de racisme; donc l’islamophobie peut être considérée une forme de racisme.

Deuxièmement, selon moi, je crois vraiment que si nous voulons combattre le racisme, nous devons parler de justice aussi, parce que nous ne pouvons pas parvenir à une société équitable en l’absence de justice. Et cela fait référence à la guerre écologique exercée contre nos confrères et consœurs. Nous devons parler des listes d’interdiction de vol et des pratiques de surveillance qui touchent les communautés musulmanes. Nous devons aborder les pratiques policières qui ciblent les communautés non blanches. Nous devons également parler de la notion de compétences culturelles utilisée contre les communautés qui ne nous permettent pas d’atteindre des compétences égales. Ainsi, en l’absence de justice, nous allons être là pendant 10 ans dans cette salle, et cela va continuer à tous les paliers du gouvernement.

Il faut changer le genre de conversation que nous avons.

Ginelle : Le prochain orateur ou la prochaine oratrice, je vous prie.

(Applaudissement)

Inconnu : Merci beaucoup.

Ginelle : Le prochain orateur ou la prochaine oratrice, je vous prie.

Membre du public : Bonsoir. Je comprends qu’il est possible de traduire du français vers l’anglais? Je parle en français; qui traduit?

Ginelle : Qui est l’interprète?

Membre du public : Je ne suis pas en mesure de traduire.

Membre du public : Vous avez dit qu’il y avait quelqu’un qui traduit, n’est-ce pas?

Ginelle : Bon.

Membre du public : Qui va traduire?

Ginelle : Un moment s’il vous plaît.

Membre du public : Mon anglais n’est pas suffisamment bon pour expliquer tout ce que je veux dire maintenant.

Ginelle : Je comprends.

Membre du public : Une autre barrière supplémentaire!

Ginelle : Essayons l’interprète.

Membre du public : Désolé.

Ginelle : Est-ce qu’on pourrait avoir le prochain orateur? Quand l’interprète sera là, vous serez le prochain orateur. Est-ce que c’est le dernier intervenant?

Membre du public : Non, une autre personne veut intervenir.

Ginelle : D’accord. Allez-y. Est-ce que vous voulez utiliser le microphone pour traduire? Venez au micro, s’il vous plaît.

Ginelle : Je vous remercie de votre patience.

Membre du public : Merci. Mes commentaires sont les suivants. En ce qui concerne la question 2, la collecte des données et de l’analyse, j’aimerais que le gouvernement puisse se pencher sur les mots et les expressions utilisées.

Membre du public : En effet, quand je vois le mot « ethnie », j’ai la sensation que nous sommes étiquetés, victimisés de nouveau. Quant à moi, il n’y a qu’une seule race sur la terre : c’est la race humaine.

(Applaudissements)

Membre du public : Le deuxième point que je voudrais ajouter a été traité par le ministre Coteau un peu plus tôt. Je suis heureuse d’apprendre qu’ils vont mettre en place un plan ontarien de lutte contre le racisme. Toutefois, ce que je souhaiterais voir dans ce plan – si je le compare avec le plan ontarien de lutte contre la violence – de lutte contre l’agression sexuelle, qui fonctionne très bien –, c’est une approche holistique. Je vais vous présenter un exemple concret. En ce qui concerne l’emploi, je souhaiterais que le gouvernement intègre dans sa stratégie une politique de quotas en faveur des immigrants. Qu’est-ce que cela veut dire? Ça veut dire que, par exemple, nous savons que le gouvernement donne beaucoup de subventions à de grosses entreprises pour démarrer. Donc, ces subventions découlent de nos taxes. Des obligations doivent être associées à l’obtention de ces subventions, par exemple, embaucher… un quota pour embaucher les immigrants dans une entreprise. Ça, c’est quelque chose qui pourrait accompagner le plan stratégique.

De la même manière, il serait souhaitable d’éliminer, en ce qui concerne l’embauche dans les entreprises, l’expérience canadienne : cette exigence exclut d’emblée les immigrants.

L’autre point est le suivant : après la mise en place de sa stratégie, le gouvernement devrait organiser des consultations dans la province, et créer des comités provinciaux intersectoriels permanents pour continuer la réflexion. Cela pourrait se faire à l’échelon de la province, dans le cadre d’une collaboration avec les dirigeants communautaires, les chercheurs, les employeurs et tous les gens de la communauté.

Enfin, en dernier lieu, soyons honnêtes : dans dix ans, il n’y aura pas beaucoup de changements. Néanmoins, le lancement de ce débat est un bon départ. Souhaitons que ce processus se poursuive sur une longue période de temps et qu’il soit permanent. Merci.

(Applaudissements)

Ginelle : Est-ce que le prochain orateur peut venir au micro, s’il vous plaît?

Membre du public : Bonjour, je veux commenter les deux premières questions. La première concerne le racisme systémique. Je souhaite que tous les aspects soient abordés. Toutefois, s’il faut commencer quelque part, il vaudrait peut-être mieux commencer avec le ministère de la Sécurité et des Services correctionnels. La question du profilage doit être résolue.

Je sais, il est facile de critiquer; comment pouvons-nous améliorer les choses?

En second lieu, comment expliquer que le gouvernement   puisse recueillir des données axées sur les races et les utiliser? Je vais faire quelque chose que je connais, que j’ai fait depuis 23 ans. J’ai travaillé dans le domaine de la fabrication de calibre mondial. Prenons la norme de qualité QS9000, par exemple. Il s’agit d’une façon simple d’aborder cette question. Vous prenez les données et vous les utilisez pour démonter que votre progrès. Le concept de base de la gestion de la qualité Consiste à dire ce que vous faites, à faire ce que vous avez dit que vous alliez faire et à prouver que vous l’avez fait.

(Applaudissements)

Membre de l’audience : On peut collecter des données, mais on ne sait pas ce qui se passe. Il faut prouver que nous faisons ce que nous faisons; il faut avoir des éléments mesurables. Dans le cas d’un système de qualité, il faut le faire tous les ans. Chaque année, vous devez démonter que vous avez fait des progrès. Il ne suffit pas de montrer avec fierté ce que vous avez fait. Vous devez démontrer que cela a fonctionné, que cela fonctionne et que cela continuera de fonctionner. Dans 10 ans, nous n’aurons peut-être pas atteint notre objectif, mais nous serons plus prêts de notre but que nous ne le sommes actuellement. Je suis frustré comme contribuable de voir ces innombrables discussions et groupes qui décrivent la manière dont ils ont collecté ces données. Cela ne suffit pas; il faut voir des résultats. Si vous utilisez un système de gestion de la qualité de base, vous pouvez aller voir n’importe quel fabricant : tous appliquent ce système de gestion de la qualité; c’est très puissant et ça fonctionne. Merci.

(Applaudissements)

Ginelle : Merci. Prochain intervenant s’il vous plaît.

Ginelle : Désolée. Allez-y.

Membre du public : Je veux simplement dire merci à tous les organisateurs, les intervenants. Je suis ici personnellement comme femme musulmane et aussi comme épouse d’un homme noir, mais je suis surtout ici pour le travail. Sarnia est une petite ville. Elle a 73 000 habitants. On a besoin d’événements comme celui-ci, autant sinon plus que dans les grandes villes. Je sais que vous aurez dix réunions semblables. Il faut accorder une plus grande attention aux villes les plus petites.

Oui, nous aimerions avoir une voix plus forte. Ce que je souhaiterais vous recommander, c’est d’aller voir les partenariats de l’immigration de l’Ontario, parce que nous sommes une excellente ressource. On collecte les données, on peut même faire la collecte de données que vous réalisez dans nos propres communautés, concevoir des enquêtes et mettre ça en route dans les communautés. Je crois qu’il s’agit d’une excellente ressource.

Il y a à London, à Sarnia, à Toronto, les partenariats locaux pour l’immigration. Ils sont un peu partout et c’est une excellente ressource. Notre mandat est d’avoir des communautés plus accueillantes pour les nouveaux arrivants. Je suis canadienne, je suis née au Canada, j’ai grandi au Canada, les petites villes devraient être incluses. J’aimerais que ces villes fassent partie des discussions. (Applaudissements)

Ginelle : Intervenant suivant, je vous prie. Allez-y.

Membre du public : Je suis nerveux, je veux dire un million de choses. J’aimerais remercier la Direction, je tiens à remercier les aînés, les interprètes et les fonctionnaires, les hauts fonctionnaires. Ma première question : quelle institution devrait se pencher sur le racisme systémique? Je pense d’abord au ministère de l’Éducation. Je suis une Canadienne de septième génération. Ma fille a huit ans. Quand j’étais à l’école, je n’avais pas d’image de population noire dans aucun livre, et aujourd’hui non plus. Ils vivent la même chose.

J’ai été à l’Université de Colombie-Britannique; nous étions dans une classe comportant 23 étudiants. Il n’y en avait que deux qui savaient qu’il y avait eu de l’esclavage au Canada. C’est choquant.

(Applaudissements)

Membre du public : De plus, vous faites beaucoup de collectes de données; c’est bien et je ne souhaite pas blâmer qui que ce soit, au contraire. Je veux simplement définir les choses. Le ministre de la Santé des Territoires du Nord-Ouest souhaitait faire de la recherche et collecter des données sur les activités des travailleurs de première ligne et sur leurs besoins. Or, il voulait avoir des experts pour réaliser cette collecte de données et cette recherche. N’étions-nous pas les experts, nous, les travailleurs de première ligne? Lorsque vous réaliserez votre travail, et collecterez vos données, ayez recours à ceux qui ont une expérience en matière de racisme.

(Applaudissements)

Membre du public : Ce sont les experts du racisme. C’est tout ce que je voulais dire. Merci beaucoup.

(Applaudissements)

Ginelle : Merci pour votre intervention. Est-ce qu’on a un ou deux orateurs ou oratrices supplémentaires? Veuillez vous approcher au micro. Trois? Merci. Allez-y.

Membre du public : Cette discussion a essentiellement porté sur ce qui a été fait aux gens de couleur, aux personnes de couleur dans la matrice multiculturelle. En abordant le racisme, on pourrait reculer un tout petit peu et penser à des événements récents qui ont eu lieu dans les élections américaines et le référendum britannique. Lorsque l’on traite de racisme, essayer de comprendre les résultats qui ont résulté de cette élection et ce référendum et examiner ce qui a amené les gens à voter comme ils l’ont fait pourrait être utile. Quelles sont leurs inquiétudes? Comment est-ce que leurs inquiétudes pourraient être abordées d’une façon qui puisse changer leur façon de penser, d’une manière que nous estimons indésirable vers une pensée axée sur l’atteinte des objectifs suivants : être ensemble et meilleurs, plutôt qu’être séparés.

Notre société est multiculturelle. Qu’est-ce que cela veut dire pour ceux qui sont en train de faire une rébellion? Je pense que c’est très important que cette Direction générale, en recueillant et en analysant les données, utilise cette optique aussi comme l’optique des gens qui se plaignent d’être traités d’une mauvaise façon. Merci.

(Applaudissements)

Ginelle : Est-ce que le prochain orateur, oratrice pourrait s’approcher au micro, je vous prie?

Membre du public : Bonjour, je voudrais dire que je sais que nous sommes en train de parler du racisme systémique, mais je crois que le gouvernement ou les institutions sont composés de personnes distinctes. Donc, je pense que tout commence avec les personnes prises individuellement. On peut cesser le profilage et on peut embaucher davantage de minorités, mais si ce n’est pas dans le cœur, je ne pense pas que ce soit important. Pour ce faire, je pense que plus d’argent et de temps doivent être accordés aux jeunes enfants, tout comme l’enseignant l’a dit auparavant. Et ce n’est qu’alors qu’on pourra changer les choses. Nous souhaitons que la prochaine génération de personnes vive sans appréhension et sans préjugés. On peut avoir des règles et tout peut être sur papier; on peut même avoir les 10 commandements, mais on peut les déchirer et les oublier. Merci.

(Applaudissements)

Ginelle : Je vous remercie de votre commentaire. Il s’agissait de la dernière intervention de la soirée. Je veux dire merci à tous ceux qui ont exprimé leurs commentaires et je veux essayer de prendre en compte ce qu’on a entendu ce soir. Nous avons entendu que le travail de la Direction générale est d’aborder les formes systémiques de racisme qui existent dans des institutions qui soutiennent les privilèges de la culture dominante. On ne commence pas à partir de zéro. Il y a beaucoup de recherches déjà réalisées, de données recueillies et de recommandations formulées qui vont être analysées. L’équité raciale est l’ultime objectif.

Nous avons aussi entendu qu’on va regarder des modèles provenant de différentes villes analysées. L’équité raciale est l’ultime objectif.

Nous avons aussi entendu qu’on va regarder des modèles provenant de différentes villes des États-Unis. On va se concentrer sur la durabilité, sur la collaboration communautaire et sur une stratégie provinciale qui inclut la sensibilisation du public. Selon les commentaires que vous avez partagés avec nous ce soir, vous voulez que nous pensions à l’expérience de personnes qui vivent le racisme de façon quotidienne, et que notre travail commence auprès des fonctionnaires en amont.

Nous avons aussi pris note que quelques membres communautaires ont senti qu’il était dangereux de venir ici ce soir. Ils se sont sentis intimidés. Je veux vous rappeler qu’il y a façon de donner de la rétroaction en ligne à l’adresse antiracisme@Ontario.ca. En ce qui concerne le profilage, il a été clairement dénoncé comme inacceptable à London. On a entendu qu’il y a un rassemblement prévu le 9 décembre, et il a été demandé au maire d’assumer le leadership. La nécessité de soutenir le réseau de la couleur de la pauvreté a été mentionnée. On a entendu que cette initiative n’était pas la première du genre; que d’autres avaient été entreprises auparavant. On souhaite davantage de financement pour établir l’importance de cette question, assurer son traitement effectif et sa durabilité. On a entendu que le financement actuel vise à lancer l’initiative, et qu’on va utiliser les mesures comme leviers dans les mandats d’autres ministères. Il faut que cette initiative soit menée conformément à une approche holistique ainsi que d’autres orateurs l’ont mentionné un peu plus tôt. Il ne faut pas que ce ne soit pas tout simplement la Direction générale de l’action contre le racisme qui agisse; tous les ministères doivent participer et regarder les choses de façon holistique.

On a une prière, une prière qui a parlé de la vérité vers l’avant pour aborder les sévices mentaux, physiques et spirituels. On a parlé du fait que ça commence dans le système scolaire. Cela, on l’a mentionné plusieurs fois. On a entendu des histoires d’insécurité et d’estime de soi très faible au sein du système scolaire.

Vous vous rappellerez de l’histoire du groupe d’enfants autochtones qui ont été silencieux en raison de la présence d’un enfant blanc dans leur salle de classe.

On a entendu qu’en regardant le racisme, il faut aborder les acteurs et ses causes : la peur, l’ignorance et les politiques.

On a entendu quelqu’un demander que le leadership soit assumé et que l’éducation soit facilitée. Nous avons aussi entendu que le Canada a été fondé sur la base du racisme et la Doctrine de la découverte, et que cela a déclenché un génocide délibéré.

Nous avons entendu des inquiétudes en ce qui concerne le traitement accordé aux jeunes quand ils sont mis en prison et soupçonnés sans motif. On a fait allusion à ces gens qui sont arrêtés par la police, et à qui on pose des questions, ainsi qu’à la perception selon laquelle la police est une force et non un service à la communauté ». Je pense que l’orateur souhaitait que la police soit considérée comme un service et non pas comme une force dirigée contre la communauté.

On a entendu parler de liberté et de démocratie, qui doivent commencer en amont. Ce thème a été répété à plusieurs reprises. Par ailleurs, une personne blanche a partagé son expérience avec les services policiers, racontant qu’on l’avait déjà arrêtée, mais pour de bonnes raisons. Cette personne a souhaité rendre hommage aux victimes du racisme qui le subissent de façon quotidienne.

Certains ont exprimé leurs préoccupations et leur curiosité par rapport à ce qui allait se passer après la consultation. Encore une fois, cette initiative n’est pas la première du genre. D’autres actions semblables ont été menées dans le passé. Des demandes été formulées en ce qui concerne la prise de mesures, la mise en œuvre d’une stratégie, l’adoption ou la modification de la législation, la réforme des services policiers et des services d’aide aux enfants. Il a été suggéré par les gens présents à l’assemblée de London, que ces organismes, en plus de l’éducation, soient les trois secteurs à examiner en premier lieu. Un orateur a fait allusion à son rôle au sein du Comité consultatif sur le racisme à London et a demandé que les employeurs de la Ville de London prennent en considération le taux de personnes employées par la Ville par rapport à la constitution raciale de la population.

Des inquiétudes ont été exprimées quant à l’efficacité de cette nouvelle initiative : « Est-ce que ceci a de la force? Est-ce qu’on regarde les travailleurs marginalisés, les frais de scolarité? » Il y a eu des réponses.

Il a été précisé que l’exercice allait commencer en amont, au sein de la FPO et que Sam Erry était responsable à la fois de l’action contre le racisme et de l’équité raciale dans l’embauche.

On a entendu ce que fait le gouvernement en ce qui concerne l’admissibilité à la gratuité des frais de scolarité gratuits pour les familles dont les revenus sont infé inférieurs à 50 000 dollars et de l’impact foudroyant que cette nouvelle mesure produirait.

Il a été demandé de porter une attention sur l’islamophobie, en soulignant que l’islam n’est pas une race, mais une religion, également visée par le racisme. On a entendu qu’il faut parler de justice et de respect quant au travail réalisé par les communautés autochtones pour sauvegarder l’écologie.

On a entendu à maintes reprises que ces enjeux doivent être abordés à tous les paliers du gouvernement. On a aussi entendu que même l’étiquette de « racialisée » victimise de nouveau les gens, qu’il y a une seule race sur la terre, la race humaine.

Nous avons entendu des doutes par rapport à la possibilité que des changements surviennent d’ici dix ans, mais que peut-être, malgré tout, de tels changements puissent survenir au cours de cette période. L’espoir et le désespoir se côtoient ainsi en ce qui concerne l’échéancier de cette initiative.

Une autre suggestion a été mise de l’avant : commencer avec les services correctionnels, le profilage et l’unité des enquêtes spéciales. En outre, des enquêtes doivent être menées dans les petites communautés comme Sarnia; ces communautés doivent être associées à ce débat. Encore une fois, je vous le rappelle : vous pouvez vous exprimer en ligne. Je pense également qu’une excellente proposition a été soumise en ce qui concerne la participation des partenariats locaux pour l’immigration à ces discussions. Une autre suggestion a été d’examiner les causes sous-jacentes au Brexit, au Royaume-Uni, et au résultat électoral aux États-Unis. Selon cette suggestion, il serait utile d’essayer de comprendre les motifs ayant amené les gens à voter comme ils l’ont fait, et d’explorer les moyens de les faire changer de point de vue et de leur faire qu’il est préférable d’être ensemble plutôt que séparé, et que cela commence au niveau des personnes prises individuellement.

Enfin, il a été dit que rien ne peut changer si, dans notre cœur, on n’estime pas que cet enjeu n’est pas important. Rien ne sert alors de changer les institutions. Il faut plutôt commencer avec la prochaine génération, avec son cœur. Je vous laisse sur ces commentaires. Je vous remercie d’avoir partagé vos idées avec nous ce soir et je passe le micro.

(Applaudissements)

Ministre Coteau : Rendons hommage à notre animatrice pour l’excellent travail qu’elle a accompli!

(Applaudissements)

Ministre Coteau : Je sais, c’est souvent difficile de dire que le changement surviendra, qu’il deviendra réalité. Durant les sept consultations, un des thèmes les plus forts qui a été soulevé se rapporte à cet enjeu : tout cela, c’est beau sur le papier; on discute et on discute. Est-ce que vous croyez vraiment que vous allez avoir un impact, que vous allez vraiment apporter des changements?

Je veux vous raconter rapidement l’histoire suivante. J’ai été élu pour la première fois au Conseil scolaire de Toronto en 2003. En 2004, j’ai demandé au Conseil scolaire d’entreprendre une collecte de données axée sur la race. C’est en 2006 que cette collecte a commencé, à la suite d’un vote favorable par une seule voix concernant une proposition à cet effet soumise par un autre administrateur et moi. Le premier recensement, puis le second nous ont permis de comparer nos données. Cet exercice fut difficile. Je crois qu’une personne a mentionné à quel point il est difficile de catégoriser les gens. Nous sommes tous membres d’une seule race. Toutefois on peut regarder les données sous une perspective complètement différente.

Une école, dans ma circonscription, était la troisième école la plus nécessiteuse dans tout le Conseil scolaire de Toronto qui compte 550 écoles. On a recueilli les données, on a regardé les résultats scolaires des étudiants, la démographie, on a appliqué tout ça au financement associé à la réussite des élèves. C’est à ce moment que nous avons vraiment commencé à évaluer la façon dont nous financions la réussite des élèves. Cette école, Forest Manner, qui était la troisième école la plus nécessiteuse se retrouvait, dans le cadre de ce nouveau système, la 330e école la plus nécessiteuse du système. Dans l’ancien système, si vous étiez avec un nouveau Canadien, vous aviez de plus grands besoins sur le plan scolaire. Toutefois, nous avons constaté que les étudiants de troisième génération d’immigrants réussissaient moins bien que les étudiants de première génération d’immigrants. À la lumière de ces résultats, nous avons entièrement reconfiguré notre système. Au Conseil scolaire de Toronto, nous avons désormais moins de suspensions, moins d’expulsions, et plus de réussites scolaires. Je pense sincèrement que ces données ont produit des choses.

Quand on parle de changements, je veux que vous réfléchissiez à ce que nous avons pu accomplir en Ontario au cours de la dernière décennie.

Il y a 10 ou 13 ans, 32 % des jeunes de cette province échouaient, c’est-à-dire qu’ils n’obtenaient pas leur diplôme d’études secondaires. Ce pourcentage s’est accru graduellement : nous sommes passés de 64 % à 84 %. J’ai discuté de cela à la radio; on m’a demandé de parler des éoliennes et de l’énergie verte. On constate aujourd’hui une réduction de 43 % des problèmes respiratoires et une baisse de 21 % des décès associés aux problèmes respiratoires en Ontario.

En outre, et j’en suis fier en tant que ministre des Services à l’enfance et à la jeunesse, nous avons observé une réduction considérable en ce qui concerne l’incarcération des jeunes et une baisse de 41 % de la criminalité violente parmi les jeunes. Parfois, c’est difficile de croire que le changement est réel. Le gouvernement fonctionne; toutefois, la machine est grosse et massive. On collecte des données, mais le changement peut être réel. Et je l’ai vu, j’ai vu le changement dans le Conseil scolaire de Toronto par l’entremise de la collecte de données. Il faut y croire. Je pense que nous allons réussir à l’implanter dans la communauté au printemps 2017. C’est un projet dont vous pourrez être fiers, un plan sur la lutte contre le racisme dont vous pourrez observer la mise en œuvre au cours des années à venir. Je pense que nous allons travailler ensemble, non seulement pour mettre en œuvre ce plan, mais pour le suivre et en discuter afin de déterminer si nous apportons de réels changements.

En bref, ayez confiance; nous avons une belle équipe à Queen’s Park. Nous croyons vraiment que nous pouvons fournir une contribution significative. Merci d’être venus ce soir : participer représente réellement le début du changement. Merci encore. Je vous souhaite une excellente soirée. Je veux remercier les fonctionnaires locaux, le chef de police, les conseillers municipaux, et, surtout, les résidents de London qui ont pris part à cet événement. Merci beaucoup.

(Applaudissements)

(Fin de la séance)