Message du ministre

Une eau propre est essentielle à la santé de l’environnement et des collectivités de l’Ontario. Les habitants de la région de lac Simcoe le savent très bien. Au fil des années, il est devenu évident que les activités humaines comme le développement urbain, l’agriculture et les loisirs ont eu des répercussions sur la santé du lac, raison pour laquelle des organismes, des groupes communautaires, des défenseurs locaux de la cause et tous les ordres de gouvernement ont uni leurs forces pour remettre en état et protéger ce bassin hydrographique vital.

Cette collaboration a abouti à l’adoption, en 2008, de la Loi sur la protection du lac Simcoe, le premier texte législatif dédié à un bassin hydrographique au Canada, suivie en 2009 par la publication du premier plan de protection d’un bassin hydrographique en Ontario, le Plan de protection du lac Simcoe. Ensemble, la Loi et le plan mentionnent les mesures et les objectifs qui entraîneront des améliorations environnementales pour le lac Simcoe.

La remise en état du lac Simcoe et de son bassin hydrographique était au cœur d’un engagement majeur du Plan environnemental pour l'Ontario de notre gouvernement et faisait partie intégrante d’un effort généralisé visant à protéger les ressources en eau de la province.

Ce rapport marque une étape déterminante pour le lac Simcoe : il expose les mesures mises en place dans le cadre du Plan de protection du lac Simcoe ces cinq dernières années, montrant une progression dans des secteurs préoccupants clés. Cela comprend entre autres une réduction de 50 % depuis 2009 du phosphore rejeté par les stations d’épuration des eaux usées dans le bassin hydrographique, une diminution des quantités d’algues et une reproduction réussie de poissons d’eau froide, comme le touladi, même si les niveaux demeurent plus faibles que dans le passé. Ces résultats sont très encourageants, mais il reste encore beaucoup à faire.

Les sections suivantes décrivent les importants progrès accomplis dans le sens des grandes priorités pour lesquelles il est essentiel d’atteindre les cibles et les objectifs établis dans le Plan de protection du lac Simcoe, comme l’amélioration de la qualité de l’eau et la restauration de la vie aquatique. Des données et des tendances tirées de plusieurs programmes de surveillance provinciaux corroborent chaque zone prioritaire, et sont complétées par des données provenant de partenaires, comme l’Office de protection de la nature de la région de lac Simcoe.

Vous prendrez connaissance de nos travaux en collaboration avec des partenaires dans un certain nombre d’initiatives, notamment un projet visant à réduire le volume d’eaux de ruissellement associées au développement urbain et des travaux d’enquête sur la contamination de l’environnement par le plastique et ses effets sur la santé des poissons. Une autre initiative en cours consiste à mettre sur pied une formation et une sensibilisation sur l’utilisation des sels de voirie pour le déglaçage, ainsi que des outils de bonne gestion pour l’inspection et l’entretien d’installations septiques en vue de réduire l’acheminement de contaminants dans les lacs et rivières locaux.

Grâce au Plan de protection du lac Simcoe, nous maintiendrons le cap sur l’amélioration de la qualité de l’eau du lac, la restauration des principaux éléments du patrimoine naturel et l’atténuation des impacts des espèces envahissantes et d’autres menaces, comme les changements climatiques. Il s’agira entre autres de maintenir les investissements annuels dans la mise en œuvre du Plan de protection du lac Simcoe et de faire fond sur les réalisations antérieures.

Je tiens à remercier les offices de protection de la nature locaux, les communautés autochtones, les municipalités, les secteurs agricoles et commerciaux, de même que les résidents qui ont œuvré sans relâche à la mise en place des mesures visant à protéger et à restaurer la santé écologique du lac Simcoe. Je tiens également à remercier le Comité de coordination du lac Simcoe et le Comité scientifique du lac Simcoe pour leurs conseils sur les endroits où nous devions concentrer nos efforts. Ces travaux continus doivent être réalisés en collaboration, et j’espère que cet important partenariat avec vous perdurera.

Je suis fier des progrès accomplis ensemble pour améliorer la santé du lac Simcoe et de son bassin hydrographique, et il me tarde de poursuivre ces travaux essentiels à la protection de ce magnifique lac intérieur pendant les 10 années à venir, et plus encore.

Jeff Yurek
Ministre de l’Environnement, de la Protection de la nature et des Parcs

Sommaire - un lac en mutation

La protection et la restauration des ressources en eau de l’Ontario, dont celles du lac Simcoe et de son bassin hydrographique, occupent une place prépondérante dans le Plan environnemental pour l’Ontario du gouvernement provincial. Le Plan de protection du lac Simcoe (le Plan) fournit une feuille de route pour la restauration de la santé du lac Simcoe.

Au cours de la dernière décennie, l’Ontario et ses partenaires ont mis en place un vaste ensemble de mesures favorisant la protection et l’amélioration de la santé écologique du bassin hydrographique du lac Simcoe. Nous constatons une certaine amélioration de la santé générale du lac, comme une augmentation des teneurs en oxygène dissous dans les eaux profondes du lac, ce qui constitue une étape positive vers l’obtention du résultat escompté de restaurer et subvenir aux besoins d’une communauté de poissons d’eau froide.

Ce rapport consolidé, qui répond aux exigences de rapports quinquennaux et annuels imposés par la Loi de 2008 sur la protection du lac Simcoe, décrit les efforts concertés qui ont été déployés pour mettre en œuvre le Plan de protection du lac Simcoe, les résultats des programmes de surveillance et les progrès accomplis vers l’atteinte des objectifs du Plan.

Les sections faisant suite au sommaire portent sur :

  • les mesures mises en place dans les principales zones prioritaires afin de régler les problèmes de santé les plus critiques du lac Simcoe, avec l’appui de données et de tendances tirées des programmes de surveillance :
    • la restauration de la vie aquatique
    • l’amélioration de la qualité de l’eau
    • la compréhension de la variabilité face à un changement climatique
    • la protection et l’enrichissement du patrimoine naturel
    • la lutte contre les espèces envahissantes
  • un résumé des facteurs à considérer pour les 10 prochaines années
  • les conseils du Comité de coordination pour le lac Simcoe et du Comité consultatif scientifique du lac Simcoe (consulter l'annexe)

Un écosystème sous pression

Le lac Simcoe subit une grande variété de pressions interdépendantes. Les changements apportés au paysage naturel et des stresseurs comme les apports de nutriments, les espèces envahissantes et les changements climatiques ont causé une importante dégradation du lac, ce qui a entraîné l’écroulement des pêches, une mauvaise qualité de l’eau et des habitats détériorés.

Depuis l’apparition des premiers signes visibles de stress observés dans le lac, comme la croissance abondante de végétaux et d’algues et le déclin des poissons dans les années 1970, la province n’a pas cessé de recueillir des données sur d’importants indicateurs de la santé du lac et du bassin hydrographique, comme les teneurs en oxygène dissous. Les renseignements recueillis constituent le fondement d’un grand nombre de politiques et d’objectifs mentionnés dans le Plan, et nous disposons maintenant d’enregistrements de données à long terme qui s’échelonnent sur plus de 30 ans.

L’inspiration puisée dans les mesures antérieures

Le Plan fait fond sur les efforts de protection et de restauration du lac qui ont commencé dans les années 1980, et continue de s’inspirer d’une démarche en partenariat. Des partenaires du bassin hydrographique prennent des mesures coopératives, notamment tous les ordres de gouvernement, les communautés des Premières Nations et des Inuits, les offices de protection de la nature locaux, les universités ontariennes, les organisations non gouvernementales locales, de même que les propriétaires fonciers et les visiteurs du bassin hydrographique. Trois ministères provinciaux collaborent afin d’orienter la mise en œuvre du plan et de faire le suivi des changements de note environnement qui indiquent l’accomplissement de progrès découlant de nos efforts :

  • Le ministère de l’Environnement, de la Protection de la nature et des Parcs coordonne la gestion adaptative du plan et entreprend les travaux liés à la gestion, à la conservation et à la protection des ressources en eau, de même que l’atténuation des changements climatiques et l’adaptation à ceux-ci. Le ministère collabore en outre avec l’Office de protection de la nature de la région de lac Simcoe pour recueillir des données à long terme sur la qualité de l’eau du lac et des affluents du bassin hydrographique et du lac (dont la majorité sont consultables dans le catalogue de données de l'Ontario)
  • Le ministère des Richesses naturelles et des Forêts pilote la surveillance et la recherche, en plus d’entreprendre des travaux sur le terrain qui ont trait à la gestion des pêches, au patrimoine naturel (p. ex. terres boisées, milieux humides) et aux zones écologiques importantes (p. ex. rives), aux espèces envahissantes et à la biodiversité.
  • Le ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales dirige les travaux ayant trait à la préservation et à la mise en valeur des terres agricoles, à la planification de la gestion des nutriments et à la conservation des sols, ainsi qu’à la production agricole locale dans le bassin hydrographique. Il fait également le suivi des données sur les tendances en agriculture dans le bassin hydrographique à partir des produits de Statistique Canada, comme le Recensement de l’agriculture.

Les programmes actuels sont adaptables en fonction du changement de situations dans le bassin hydrographique et de nouvelles données, afin que nous prenions les mesures les plus efficaces pour gérer les menaces. Tous les ministères revoient régulièrement les exigences et les priorités en matière de surveillance afin de recueillir les données qui conviennent pour éclairer le processus de gestion adaptative et d’éviter le chevauchement des efforts de surveillance.

Un contexte changeant

Le bassin hydrographique a subi de nombreux changements depuis l’entrée en vigueur du Plan.

  • Sa population a augmenté de plus de 100 000 habitants. Une urbanisation rapide a donné lieu à une augmentation des surfaces imperméables, comme les routes pavées, et à un léger recul du couvert naturel.
  • Le Plan fixe un objectif de 40 % de couvert naturel de grande qualité et, malgré des pertes minimales de terres boisées et de milieux humides entre 2005 et 2015, il aura fallu beaucoup de temps avant de définir un couvert naturel de « grande qualité ». Nous disposons maintenant d’un solide « indice du couvert naturel de grande qualité », qui consiste en une mesure composite de plusieurs indicateurs particuliers de la qualité. Rehausser la qualité du couvert naturel demeure un défi, puisque la majorité des terres du bassin hydrographique sont des propriétés privées.
  • En 2009, le Plan se concentrait principalement sur l’amélioration de la qualité de l’eau par une réduction du phosphore. Bien que ce soit encore une priorité, nos efforts de surveillance montrent que nous devons étendre la portée pour inclure d’autres problèmes liés à la qualité de l’eau, comme la contamination par les chlorures provenant des sels de voirie épandus en hiver.
  • Un des grands axes de 2009 consistait à assurer un débit d’eau suffisant dans les rivières et les ruisseaux pour subvenir aux besoins des écosystèmes aquatiques; maintenant, les phénomènes météorologiques extrêmes induits par les changements climatiques ont mis en exergue la nécessité de trouver des solutions susceptibles de créer de la résilience dans tout le bassin hydrographique. Nous étions certes conscients, en 2009, que les changements climatiques constituaient un facteur de stress, et observons maintenant leurs effets directs à l’échelle locale, comme une réduction de la période de gel de la surface du lac en hiver.

Les progrès réalisés à ce jour

Pendant que se poursuivent nos programmes de surveillance, nous faisons un suivi des améliorations et des changements des indicateurs clés du Plan et évaluons nos cibles. Notre surveillance montre que le lac affiche certains signes encourageants d’amélioration, ce qui confirme que nos efforts continus de correction ont une incidence :

  • Les charges en phosphore déversées dans le bassin hydrographique par les stations d’épuration ont diminué d’approximativement 50 % depuis 2009.
  • Les concentrations totales de phosphore au printemps alors que le lac n’est pas gelé (de mai à octobre) sont demeurées constamment faibles depuis le Rapport quinquennal de 2015, et ont beaucoup diminué de 1980 à 2018.
  • La quantité d’algues (mesurées en tant que teneur en chlorophylle-a) dans le lac a également diminué au fil du temps, ce qui a mené à une meilleure qualité de l’eau, en plus de demeurer stable dans presque tout le bassin hydrographique depuis le Rapport quinquennal de 2015.
  • Les concentrations d’oxygène dissous en eau profonde, dans les eaux froides du lac qui abritent l’habitat principal des poissons d’eau froide, ont augmenté depuis 1980, ce qui permet de subvenir aux besoins de populations de poissons d’eau froide comme le touladi.
  • En ce qui a trait à la communauté de poissons d’eau froide, la surveillance a montré que le touladi, le grand corégone et le cisco continuent de bien se reproduire, même si les populations sauvages de ces espèces sont dominées par seulement quelques classes d’âge (poissons nés la même année) et leurs niveaux sont plus faibles qu’auparavant.

L’établissement de la marche à suivre

Dans les 10 ans qui ont suivi le lancement du Plan, nous sommes parvenus à mieux comprendre l’interaction complexe des facteurs de stress et les solutions possibles. Nous avons des preuves à l’appui de nouvelles mesures, de même que de nouveaux outils de gestion prêts pour leur mise en application. Les tendances des données renforcent la nécessité d’adopter une démarche globale afin de comprendre et de gérer les effets cumulatifs de multiples facteurs de stress. Une diminution des pressions est peu probable, puisque la population ne cesse de s’accroître aux abords du lac, que la demande pour des ressources en eau augmente et que les changements climatiques modifient l’écosystème lacustre. Notre engagement à effectuer une gestion adaptative nous oblige à réfléchir à ce qui donne de bons résultats, à repérer l’emplacement des lacunes et des possibilités, et à décider s’il faut apporter des modifications au Plan pour lutter contre les pressions déjà exercées sur le lac.

Les leçons tirées des 10 années de mise en œuvre et les nouvelles données probantes recueillies éclairent notre premier examen exhaustif du Plan, en 2019-2020, conformément aux exigences de la Loi de 2008 sur la protection du lac Simcoe. Ce rapport fournit les principaux renseignements nécessaires pour alimenter les discussions durant l’examen du Plan, de même que pour formuler des recommandations quant aux modifications à apporter au cadre de gestion adaptative.

Priorité du plan : la restauration de la vie aquatique

Comme le reconnaissent le Plan environnemental pour l’Ontario et le Plan de protection du lac Simcoe, la santé de la vie aquatique, en particulier celle des communautés de poissons, est un indicateur clé de la santé générale de l’écosystème aquatique. Le Plan cherche à améliorer les habitats pour la vie aquatique, de même qu’à protéger et à restaurer les communautés aquatiques de tout le bassin hydrographique, grâce au perfectionnement de la gestion et de l’intendance de ces ressources.

Le lac Simcoe abrite une communauté de poissons d’eau chaude et une autre, d’eau froide. Les poissons d’eau chaude, comme l’achigan, la perche, les ménés et les barbues de rivière, vivent dans les zones peu profondes et sublittorales du lac, où l’eau est plus chaude. Les zones profondes du lac, éloignées des rives, accueillent des poissons d’eau froide, comme le touladi, le cisco, le grand corégone et la lotte. Ces poissons ont besoin d’eau froide, profonde et bien oxygénée pour survivre et prospérer.

Le ministère des Richesses naturelles et des Forêts est responsable de la gestion des pêches du lac Simcoe, tâche dont il s’acquitte en appliquant une méthode adaptative. Le ministère reçoit des conseils et des recommandations en matière de gestion des pêches de la part de deux comités de pêche dans le lac Simcoe :

  • Le Comité de gestion des pêches du lac Simcoe, un comité gouvernemental composé de spécialistes en science, en politique et en exploitation qui prodiguent aux gestionnaires des pêches des conseils sur la santé écologique du lac Simcoe et de ses ressources halieutiques. Le comité examine les données recueillies sur le lac et évalue les progrès accomplis vers l’atteinte des objectifs envisagés pour la communauté de poissons du lac Simcoe (présentés ci-dessous).
  • Le Comité d’intervenants en matière de pêche du lac Simcoe est un comité externe composé de représentants d’un vaste éventail de secteurs d’activités liés aux pêches comme des organisations d’intervenants, des communautés autochtones, des exploitants de cabanes à pêche et des organismes environnementaux de la région. Le comité soumet des conseils et des recommandations au ministère des Richesses naturelles et des Forêts à propos de la question des ressources halieutiques du lac Simcoe. Il occupe également un rôle actif dans la promotion de l’intendance des pêches dans le bassin hydrographique, afin d’améliorer la santé des communautés de poissons.

La prise de mesures pour restaurer la vie aquatique

Le ministère des Richesses naturelles et des Forêts et ses partenaires ont pris d’importantes mesures pour gérer la communauté de poissons du lac Simcoe ces 10 dernières années. Les objectifs envisagés pour la communauté de poissons du lac Simcoe (les objectifs), établis en 2011, visaient à fournir un ensemble complet d’objectifs pour orienter les efforts collectifs de gestion de la communauté de poissons et des ressources halieutiques du bassin hydrographique du lac Simcoe. Le but ultime de ces travaux consiste à « avoir une communauté de poissons caractéristique d’un écosystème rétabli et qui contribue à le garder en bonne santé, où les avantages socioéconomiques et culturels des pêches sont obtenus aujourd’hui et pourront l’être demain ». Afin d’atteindre ce but, le ministère des Richesses naturelles et des Forêts, en collaboration avec ses partenaires, a mis en place les mesures clés suivantes :

  • Un examen du programme d’empoissonnement des poissons d’eau froide, réalisé en 2018, en vue d’évaluer le programme en place, d’étudier d’éventuelles options en matière d’empoissonnement et de décider de l’orientation à prendre pour la gestion de cette activité. Il s’agit d’un élément clé de la méthode de gestion adaptative, qui favorise la reproduction naturelle des espèces indigènes comme le touladi, de même que l’obtention d’une pêche autosuffisante s’accompagnant de possibilités de récolte durable.
  • Des données sur les programmes de surveillance aquatique à long terme, utilisées pour mesurer les progrès accomplis vers l’atteinte des objectifs envisagés pour la communauté de poissons et pour fournir les renseignements nécessaires aux décisions en matière de gestion des pêches, comme les niveaux d’empoissonnement et les limites de prises dans la pêche récréative. La pêche au cisco, par exemple, a repris en 2015 après 13 ans d’interdiction, sur le fondement de données probantes issues de la surveillance qui montraient une tendance positive quant aux populations de ce poisson.
  • Des habitats ont été repérés dans les affluents en vue de protéger et de restaurer des espèces comme l’omble de fontaine.

Le ministère des Richesses naturelles et des Forêts a élaboré des programmes et des projets pour amener de nombreux groupes communautaires à prendre part activement à des activités de sensibilisation. Le ministère a par exemple mis en place une petite écloserie de touladi pluriannuelle en partenariat avec l’école élémentaire Waabgon Gamig de la Première Nation Chippewas de Georgina Island, l’école publique Morning Glory d’Innisfil et l’Office de protection de la nature de la région de lac Simcoe. L’instauration du programme d’enseignement, basé sur le programme scolaire, visait à faire participer les élèves à des activités pratiques de restauration et à les renseigner sur la biodiversité et l’habitat aquatique du lac, faisant ainsi naître les intendants environnementaux de demain. Les élèves ont appris le cycle de vie du touladi, tout en les observant grandir dans un aquarium installé dans leur école. Ils ont appris l’importance des plantes aquatiques et des milieux humides, de même que leur lien avec une communauté aquatique saine dans le lac Simcoe. Les élèves ont acquis une expérience pratique de restauration en relâchant leurs poissons dans la source et en participant à des activités de plantation dans le ruisseau Gerties des îles Georgina.

Des efforts sont déployés pour restaurer des éléments perdus de la communauté de poissons, comme le maskinongé. Le ministère a mis en place un programme de restauration du maskinongé dans le lac Simcoe, en 2005, en partenariat avec des groupes clés comme Muskies Canada, le Collège Fleming, Orillia Fish and Game et l’Ontario Federation of Anglers and Hunters. Anciennement abondante dans le lac Simcoe, l’espèce en serait presque disparue dans les années 1930, selon ce qu’on croit. Une variété de raisons l’expliquerait, notamment une récolte excessive par les premières pêches commerciales et la perte de l’habitat.

L’objectif consiste à rétablir une population autosuffisante de maskinongés grâce à une restauration collaborative de longue durée qui comprend une remise en état de l’habitat, des activités d’empoisonnement et un suivi de l’efficacité, ce qui concorde avec plusieurs objectifs du Plan de protection du lac Simcoe. La surveillance réalisée pour soutenir le programme comprenait la pêche au filet, une analyse génétique, l’échantillonnage de l’ADN environnemental, la pêche à l’électricité, des observations visuelles et l’appui de membres de Muskies Canada Inc. grâce à une pêche à la ligne ciblée autorisée par un permis de collecte à des fins scientifiques.

L’empoissonnement réalisé au cours du programme a atteint, au total, 20 159 maskinongés (figure 1). Une pêche à l’électricité réalisée dans le lac Simcoe en 2016 a permis d’échantillonner une souche de maskinongé de la baie Georgienne (celle utilisée pour l’empoissonnement du lac Simcoe), ce qui constitue un signe positif dans l’évaluation de la réussite des activités d’empoissonnement en fonction du temps. Il faudra possiblement des années avant d’observer et de suivre le rétablissement des populations, surtout pour une espèce ayant une grande longévité comme le maskinongé. Puisque les activités de surveillance (notamment la pêche au filet, une analyse génétique, l’échantillonnage de l’ADN environnemental, la pêche à l’électricité et les observations visuelles) fournissent d’importants renseignements sur les résultats du programme, elles en orienteront les prochaines étapes.

Un homme tenant deux sacs en plastique contenant des maskinongés vivants, un jour d’automne au lac Simcoe.
Figure 1 : Le programme a permis l’empoissonnement de plus de 20 000 maskinongés dans le lac Simcoe.

Le surveillance de la vie aquatique

Le ministère des Richesses naturelles et des Forêts a désigné le lac Simcoe en tant que zone de « pêches dans les eaux intérieures importantes pour la province » en raison de son importance sociale, économique et écologique. Cette désignation permet l’élaboration d’une méthode de surveillance et de gestion des pêches unique au lac Simcoe. Le programme de surveillance aquatique du ministère dans le lac Simcoe comprend :

  • Des évaluations de la biodiversité des petits poissons, dans le cadre desquelles le personnel du ministère rassemble des données sur la communauté de poissons sublittorale, ce qui permet aux gestionnaires des ressources de cerner la richesse, la diversité, l’abondance et la répartition spatiale des espèces.
  • La pêche indicatrice au filet dans la zone benthique extracôtière, dans le cadre de laquelle le personnel étend des filets au fond du lac, au milieu de l’été, pour contrôler l’abondance relative de poissons d’eau froide, comme le touladi, le grand corégone et le cisco.
  • La pêche indicatrice au filet de la communauté sublittorale, dans le cadre de laquelle le personnel évalue l’abondance relative des principales espèces d’eau chaude, comme la perchaude, l’achigan à petite bouche, l’achigan à grande bouche et le brochet (figure 2).
  • Des relevés effectués par des pêcheurs à la ligne, l’hiver et l’été, pour évaluer l’activité de pêche, la prise et la récolte de poissons.
  • Les relevés hydroacoustiques annuels (c. à d. sonar de pêche), réalisés depuis 2011 au lac Simcoe, pour évaluer la communauté de poissons pélagiques (en eau libre et dans la zone extracôtière).
Deux membres du personnel du MRNF déployant un filet-piège au lac Simcoe dans le but de procéder à un contrôle de la population de poissons d’eau chaude.
Figure 2 : Relevé au filet lié à l’indice de la communauté sublittorale

La surveillance a permis d’observer que le cisco, un poisson-proie indigène du touladi qui était autrement en déclin marqué dans le lac, montre des signes encourageants de rétablissement. Cette découverte a favorisé la réouverture de la pêche hivernale conservatrice du cisco en 2015. De jeunes ciscos ont depuis été observés chaque année dans le cadre de ce relevé, et leur nombre avait augmenté en 2018. Les relevés hydroacoustiques continuent de soutenir les décisions en matière de gestion. Ils ont par exemple montré la présence d’un solide fond de proies pour le touladi, information qui se révèle intéressante pour l’étude de l’empoissonnement de cette espèce.

 

Des recherches novatrices sur la vie aquatique

Le ministère des Richesses naturelles et des Forêts mène des recherches novatrices sur la vie aquatique dans le lac Simcoe, et plusieurs projets de recherche sont en cours pour procurer les renseignements nécessaires sur les priorités en matière de gestion des pêches. Le ministère réalise quelques études émergentes, notamment :

  • Une étude de l’alimentation des espèces d’eau chaude, menée en 2017, pour capturer une variété d’espèces d’eau chaude de la zone sublittorale à l’aide de plusieurs types d’apparaux de pêche. Une analyse du contenu de l’estomac permet de mieux comprendre l’alimentation des espèces de poissons et le réseau trophique aquatique. Des études de cette nature nous aident à comprendre comment des espèces envahissantes comme le gobie à taches noires s’intègrent à un plus vaste réseau trophique aquatique après leur envahissement. Plus généralement, les études sur l’alimentation des poissons sont importantes pour évaluer la santé des populations halieutiques. Elles permettent par exemple à savoir si les poissons de pêche sportive ont suffisamment de nourriture et s’ils sont capables de réagir aux changements de l’écosystème. Ces études et d’autres activités de surveillance et de recherche favorisent une meilleure compréhension du potentiel de rétablissement de nos ressources halieutiques dans le lac Simcoe.
  • Des essais expérimentaux de la méthode nord américaine de pêche indicatrice au filet, une norme utilisée pour faire le suivi de toutes les ressources lacustres de pêche dans les eaux intérieures de la province à l’extérieur du lac Simcoe, ont été effectués au cours de l’été 2018. Contrairement à la méthode de pêche indicatrice au filet de la zone benthique extracôtière, les emplacements des lieux d’échantillonnage sont répartis dans toutes les profondeurs du lac pour permettre une évaluation simultanée des communautés de poissons d’eau chaude, d’eau tiède et d’eau froide dans toute leur plage de températures. Il sera possible, grâce aux résultats obtenus, de prédire les densités réelles de poissons dans le lac qui, combinées aux renseignements sur la récolte et au contexte spatial des résultats (c. à d. en quoi ils se comparent à ceux obtenus dans d’autres lacs semblables), procureront une évaluation plus fiable des besoins et des aboutissements liés à la gestion.
  • Le ministère de l’Environnement, de la Protection de la nature et des Parcs, l’Université de Toronto et le Comité de gestion des pêches du lac Simcoe ont travaillé de concert à l’élaboration d’un modèle informatique de l’écosystème du réseau trophique aquatique du lac Simcoe. Ce modèle tire profit de l’abondance de données de surveillance recueillies sur le lac et sert à évaluer les répercussions de la pêche, de l’empoissonnement, de la réduction du phosphore et des espèces envahissantes sur les populations de poissons d’eau froide. Le modèle sert également à évaluer d’autres scénarios de gestion pour les pêches dans le lac et à mieux comprendre les changements récents subis par les populations de poissons du lac Simcoe. Nous avons par exemple appris que des réductions du phosphore ont favorisé l’éventuel rétablissement de la population sauvage de touladi, mais qu’une propagation de moules de la famille des dreissenidés et de cladocères épineux (puces d’eau) y a nui.
  • Des recherches ont été menées pour savoir ce qui cause une élévation du nombre de poissons nouvellement éclos (larves) (figure 3) certaines années, et une baisse de ce nombre d’autres années. Une des hypothèses avancées veut que la survie des larves soit élevée dans les années où le pic de zooplancton (leur source alimentaire) coïncide avec l’éclosion des larves. Les changements climatiques pourraient bien déplacer le moment de l’éclosion des larves par rapport au moment du pic de zooplancton, et les espèces envahissantes, influer sur l’abondance de zooplancton. Dans le cadre de ce projet, une évaluation de l’alimentation et de la croissance des larves indiquera si les larves ont suffisamment de nourriture. Une meilleure compréhension de la production, du développement et de la survie de cette espèce importante pour la pêche sportive, de même que les effets de facteurs comme les changements climatiques et les espèces envahissantes favoriseront une gestion durable des pêches récréatives dans le lac Simcoe.

Le bilan de la vie aquatique

Une larve de poisson mesure environ 9 mm. Ce poisson a été prélevé afin d’évaluer la survie en début de vie et la croissance du cisco dans le lac Simcoe.
Figure 3 : Larve de cisco prélevée dans le lac Simcoe au printemps 2017. Ce poisson mesure environ 9 mm. Le codage à barres de l’ADN réalisé par le laboratoire génétique de la Section de la recherche et de la surveillance en matière de pêche du ministère des Richesses naturelles et des Forêts a servi à identifier l’espèce de poisson.

À l’aide d’enregistrements historiques des prises de pêche remontant jusqu’à 1868, les chercheurs ont montré que bien que les gros poissons prédateurs, comme le maskinongé, le doré jaune et l’esturgeon, constituaient auparavant les principales prises de la pêche commerciale, ces espèces ont connu un déclin, au fil du temps, pour être remplacées par des espèces plus petites se rapprochant de la base du réseau trophique. La pêche commerciale non durable pratiquée à la fin du XIXe et au début du XXe siècle aura sans doute été l’un de plusieurs catalyseurs des premiers déclins de la population de poissons du lac Simcoe, en plus de la dégradation ultérieure de l’habitat et de la piètre qualité de l’eau du milieu du XXe siècle. Cependant, lorsque la pêche commerciale a pris fin et que la pêche récréative a gagné en ampleur dans le lac Simcoe, la tendance s’est renversée et les prises ont commencé à revenir une fois encore à de plus grandes espèces de la tranche supérieure du réseau trophique (p. ex. touladi). Ces dernières années, l’empoissonnement et les espèces envahissantes ont aussi fait varier les tailles, les diètes et les espèces de poissons prises dans le cadre de la pêche récréative.

La communauté de poissons d’eau froide

La communauté de poissons d’eau froide du lac Simcoe a montré une variété de tendances de 2003 à 2018, selon l’espèce (figure 4). Les prises de touladi sauvage dans les filets de surveillance sont demeurées faibles, mais stables, tandis que les prises de touladi d’élevage ont diminué de 2003 à 2018. La surveillance a également montré que le touladi continue de se reproduire, même si ce n’est qu’à de faibles niveaux. La majorité des touladis sauvages sont actuellement de gros poissons âgés (15 ans et plus), ce qui porte à croire que la dernière année de grande reproduction remonte à 2004, malgré la production d’un nombre considérable de poissons sauvages en 2013.

Si les prises de grand corégone sauvage dans les filets de surveillance ont été nettement plus importantes en 2003 et en 2004, les prises d’individus sauvages et d’élevage ont diminué depuis 2009. Les prises comprenaient plus de poissons sauvages que de ceux d’élevage et, malgré la naissance d’au moins quelques poissons sauvages au cours des dernières années, les poissons nés en 2004 et en 2012 forment la majeure partie de la population de grands corégones sauvages.

Les prises de cisco dans les filets de surveillance ont varié depuis 2003. Les recherches à l’aide de sonar de pêche (décrites plus haut) ont montré la production d’un grand nombre de jeunes ciscos certaines années (p. ex. 2012), mais pas à d’autres. Le grand nombre de ciscos produits ces dernières années (p. ex. 2018) aura été trop faible pour être perçu dans les filets de surveillance. Les prises de lotte dans les filets de surveillance ont quelque peu augmenté, même si peu de lottes sont habituellement prises dans les filets.

Ce graphique linéaire présente le nombre moyen de prises par filet-piège d’espèces de poissons d’eau froide (touladi sauvage et d’élevage, grand corégone sauvage et d’élevage, cisco et lotte) par année. Les tendances varient selon les espèces.
Figure 4 : Prise de poissons d’eau froide du lac Simcoe de 2003 à 2018.

La communauté de poissons d’eau chaude

La surveillance à long terme de la communauté de poissons d’eau chaude montre que le poids général de la prise (appelé la biomasse) de poissons dans les filets de surveillance s’est avéré stable, dans l’ensemble, depuis 1992, avec une certaine variabilité d’une année à l’autre pour la majorité des espèces (figure 5). La stabilité générale est le signe d’une communauté de poissons en bonne santé.

Les espèces contribuant le plus à la biomasse globale dans la période de 2009 à 2018 sont le crapet de roche, la perchaude et le poisson-castor. Une comparaison entre 2009-2018 et 1999-2008 montre une augmentation de la biomasse de perchaude et du crapet arlequin, et une diminution de la biomasse de barbotte brune.

Graphique de la biomasse moyenne des espèces de poissons d’eau chaude capturés dans des filets-pièges, par année. Les tendances varient selon les espèces.
Figure 5 : Poids moyen des poissons (biomasse) pris par jeu de filets-pièges pour chaque espèce, dans le cadre d’un programme de pêche indicatrice au filet de la communauté sublittorale du lac Simcoe de 1992 à 2018.

La pêche sportive au lac Simcoe

Le ministère des Richesses naturelles et des Forêts surveille également les pêcheurs à la ligne sur le lac, en été et en hiver, pour mesurer l’activité totale de pêche à la ligne et le nombre de poissons pris. Ces relevés de la pêche à la ligne ont lieu depuis 1961 en hiver, et depuis 1981 en été. Dans le passé, ces données ont révélé des déclins des prises de touladis et de grands corégones dans les années 1960 et 1970, puis de ciscos dans les années 1980 et 1990, qui ont plus tard été suivis par des hausses attribuables à l’empoissonnement (de touladis et de grands corégones) et à la reproduction naturelle. Les prises de perchaudes ont aussi affiché une forte hausse depuis les années 1960.

Plus récemment, les relevés de pêche à la ligne ont montré que les activités totales de pêche à la ligne annuelles dans le lac Simcoe représentaient en moyenne 980 000 heures, entre 2009 et 2018. Il s’agit d’une réduction par rapport à la moyenne des activités annuelles de pêche à la ligne de 1999 à 2008, qui représentaient environ 1,2 million d’heures. Les prises globales de poissons (toutes espèces confondues, en été et en hiver) issues de la pêche entre 2009 et 2018 ne laissent percevoir aucune tendance apparente, avec une moyenne de 1 136 000 poissons par année. De la récolte annuelle effectuée à l’échelle du lac, la perchaude compose jusqu’à 80 % de la récolte en termes de quantité, suivie par le crapet (8 %) et l’achigan (6 %) pour la période de 2009 à 2018. Les résidents de l’Ontario, invariablement les principaux utilisateurs des ressources halieutiques, et la proportion de pêcheurs à la ligne effectuant une excursion de pêche d’une journée au lac Simcoe durant l’été a beaucoup augmenté.

En sa qualité de programme de surveillance des pêches au lac Simcoe le plus étendu dans le temps, le relevé de la pêche à la ligne donne des indices sur la situation des populations de poissons et les tendances liées à la pêche au fil des décennies. À titre d’exemple, si les pêcheurs à la ligne prennent des touladis et de grands corégones sauvages et d’élevage (un indicateur favorable pour ces espèces et la santé du lac), leurs prises actuelles demeurent inférieures aux niveaux passés.

Priorité du plan : l'amélioration de la qualité de l'eau

Les pressions exercées par les activités urbaines et rurales ont opéré des changements sur le paysage du bassin hydrographique du lac Simcoe, fait augmenter les apports en nutriments et en polluants dans le lac, et altéré les fonctions écologiques du bassin hydrographique. Voici les principaux facteurs de stress qui entraînent la dégradation de la qualité de l’eau du lac Simcoe :

  • un excès de nutriments comme le phosphore, qui donne lieu à une croissance accrue de végétaux et d’algues dans le lac; lorsque ces plantes meurent, elles coulent au fond et se décomposent, utilisant l’oxygène dissous qui se trouve dans les eaux profondes du lac;
  • les polluants et les contaminants, comme les métaux lourds, les sédiments et les chlorures;
  • les agents pathogènes (des microorganismes causant des maladies), comme E. coli.

Un des grands objectifs du Plan de protection du lac Simcoe consiste à « réduire les rejets de polluants dans le lac Simcoe et ses affluents ». La protection et la restauration de la qualité de l’eau de nos lacs occupent également une place importante dans le Plan environnemental pour l’Ontario.

La qualité de l’eau de surface et de l’eau souterraine varie dans le bassin hydrographique du lac Simcoe. Le plus récent Watershed Report Card (2018) (bulletin de santé du bassin versant) de l’Office de protection de la nature de la région de lac Simcoe indique que la qualité globale de l’eau souterraine est plutôt constante et bonne dans tous les sous-bassins versants du lac Simcoe. Bien que la qualité de l’eau de surface soit restée relativement stable depuis le dépôt du dernier bulletin de santé, en 2013, il existe de grands facteurs de stress dans les zones intensément urbanisées et certaines zones agricoles. Pour obtenir plus de renseignements sur l’ensemble normalisé d’indicateurs utilisés par les offices de protection de la nature de l’Ontario pour dresser leurs bulletins de santé, visitez le site web Watershed Checkup (en anglais seulement).

La qualité de l’eau souterraine et de l’eau de surface dans les milieux ruraux et urbains est soumise aux effets de processus naturels et d’incidences anthropiques. Dans les milieux urbains, l’augmentation des surfaces imperméables, comme les routes pavées, donne lieu à une hausse du ruissellement d’eaux contaminées susceptibles d’altérer la qualité de l’eau. Dans les milieux agricoles, l’agriculture intensive et des installations septiques mal entretenues (c. à d. les zones rurales n’ayant pas de réseaux d’eau et d’égout centralisés) peuvent parfois entraîner une altération de la qualité de l’eau.

Puisque le phosphore est un élément préoccupant pour la qualité de l’eau du lac Simcoe, la province a publié en 2010 la Stratégie de réduction du phosphore pour le lac Simcoe afin d’orienter les efforts déployés par de multiples partenaires en vue de réduire les charges de phosphore. La stratégie mentionne les diverses sources de phosphore et les mesures recommandées qui réduisent non seulement le phosphore, mais aussi d’autres nutriments et polluants provenant de sources rurales et urbaines.

Le traitement des facteurs de stress ruraux

Quelques-unes des terres agricoles les plus productives du Canada se situent dans le bassin hydrographique du lac Simcoe. Les terres agricoles occupent plus de la moitié du bassin hydrographique et, ensemble, génèrent plus de 450 millions de dollars en ventes annuelles de produits agricoles. Le ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales a principalement consacré ses efforts à la réduction de la perte de nutriments par les terres agricoles tout en rehaussant la productivité.

L’encouragement de saines pratiques de gestion dans les polders du lac Simcoe

Les polders, ou terres tourbeuses, sont des terres humides qui ont été drainées à des fins agricoles. Le marais Holland, près de Bradford West Gwillimbury, est le plus vaste polder du bassin hydrographique du lac Simcoe. Avec près de 2 900 hectares de terres tourbeuses hautement productives, le marais Holland produit chaque année pour 130 millions de dollars de carottes et 160 millions de dollars d'oignons, sans compter plus de 60 différents types d’autres légumes. Malgré leur impressionnante capacité de production, ces terres tourbeuses sont aussi enclines à la perte de nutriments et pourraient être une source d’apport de phosphore dans le lac et ses affluents dans le bassin hydrographique.

La stabilité économique et écologique du marais Holland dépend du maintien de la qualité de ses terres tourbeuses, et le ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales tient résolument à leur intendance. En 2012, la Muck Crops Research Station (station de recherche sur la culture de terres noires) a mené une étude de trois ans sur les taux d’épandage d’engrais phosphoré et le recours à des cultures de couverture dans le marais Holland. Les résultats de cette étude ont mis l’accent sur l’importance de procéder à des analyses de la teneur en phosphore du sol afin d’établir les besoins additionnels d’engrais phosphoré. Cette étude a aussi montré l’efficacité des cultures de couverture, et ce, même si elles sont ensemencées bien après la récolte des carottes et des oignons, pour prévenir les pertes de sol causées par l’érosion.

Une autre source agricole de la perte de phosphore peut également apparaître durant le traitement suivant la récolte. Après la récolte, les légumes sont nettoyés avec de l’eau, et cette eau de nettoyage pourrait accumuler du phosphore qui serait ensuite rejeté dans l’environnement. De plus, l’eau des sols agricoles est habituellement drainée à l’aide de canalisations perforées appelées « drains souterrains ». Le recours à des technologies d’épuration de l’eau de nettoyage et des drains souterrains pourrait réduire davantage la perte de phosphore, mais les coûts de mise en application de ces technologies ont été prohibitifs. La province a travaillé en collaboration avec les agriculteurs pour recenser une gamme de technologies et adopter des solutions peu coûteuses permettant de réduire les risques pour l’environnement.

Depuis 2013, le ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales s’est joint à des chercheurs de l’Université de Waterloo et de l’Université de Windsor pour évaluer l’efficacité de filtres à faible coût visant à traiter le phosphore contenu dans l’eau. Les résultats montrent un retrait de 60 % du phosphore contenu dans l’eau grâce à de simples filtres biologiques remplis de copeaux de bois (figure 6). Cette solution simple présente d’éventuelles possibilités d’installation futures en raison de son efficacité, de son faible coût et des moindres besoins d’entretien.

Ces photos montrent un biofiltre en construction, à gauche et le même biofiltre une fois complété, à droite. À gauche, on peut voir une fosse rectangulaire d’environ 5 pieds de large, 15 pieds de long et 4 pieds de profondeur, contenant un tuyau perforé provenant d’une station de lavage de légumes au bas de la fosse. La photo de droite montre la même fosse remplie de copeaux de bois et constitue ainsi un biofiltre complet, maintenant en mesure de traiter l’eau ayant servi au lavage des légumes.
Figure 6 : Photographies prises avant et après les installations de biofiltres de copeaux de bois.

Le travail avec les agriculteurs – saines pratiques de gestion et sites de démonstration

Le ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales travaille directement auprès des agriculteurs et des associations agricoles pour faire en sorte qu’ils aient accès aux recherches et aux technologies de pointe. Cela comprend l’adaptation des recherches pour qu’elles concordent avec les besoins des agriculteurs, de même que des activités variées de sensibilisation et d’intervention. Voici les points saillants des travaux avec les agriculteurs :

  • Water Smart Farming (agriculture respectueuse de l’eau) : l’utilisation efficiente de l’eau est un élément important pour en améliorer la qualité. Une irrigation précise fait en sorte que les cultures obtiennent la bonne quantité d’eau lorsqu’elles en ont besoin, et évite les pertes de phosphore par ruissellement. En partenariat avec le ministère, Farm and Foodcare Ontario a effectué plusieurs évaluations de l’utilisation de l’eau dans les exploitations agricoles afin de promouvoir et d’encourager l’adoption de pratiques de conservation de l’eau (figure 7). Le projet visait à repérer les possibilités d’optimiser l’utilisation d'eau qui soient rentables et propres à l’emplacement, grâce à une réduction, à la réutilisation et au recyclage. Les agriculteurs et les transformateurs ayant adopté les pratiques recommandées ont pu réaliser des économies d’eau utilisée de l’ordre de 30 % à 70 %.
  • La démonstration d’une saine pratique de gestion ciblée à la rivière Talbot : le ministère, en collaboration avec l’Office de protection de la nature de Kawartha et de la région, a encouragé l’adoption de saines pratiques de gestion qui entraînent une réduction de la perte de phosphore et de l’érosion des sols. Grâce à un engagement direct auprès des agriculteurs, ils ont financé 34 projets individuels dans le sous-bassin versant de la rivière Talbot. Ces projets comptent entre autres une meilleure gestion du fumier, le détournement des ruissellements d’eau, l’installation de clôtures empêchant le bétail d’entrer dans des zones sensibles sur le plan écologique, l’intendance des puits d’eau et la mise en place d’un couvert d’arbres sur les terres marginales enclines aux pertes de phosphore. Ces projets ont procuré des bienfaits immédiats et sensibilisé davantage à l’efficacité de saines pratiques au sein d’une communauté locale.
Ces photos montrent diverses stratégies de conservation de l’eau utilisées par les agriculteurs du marais Holland, dans le cadre d’un projet réalisé avec Farm and Foodcare Ontario. Sur la photo de gauche, on peut voir un système de gicleurs pour l’irrigation d’un champ. L’image du centre montre un système d’irrigation pour le repiquage de jeunes plants, imitant une pluie légère. À droite, on peut voir un système de lavage des pommes de terre où les tubercules sont transportés sur un tapis roulant à partir un réservoir de collecte de sédiments rempli d’eau.
Figure 7 : Stratégies d’économie d’eau mises en place dans le cadre du projet « Water Smart Farming » de Farm and Foodcare Ontario.

L’adoption de saines pratiques de gestion stimulées par des incitatifs stratégiques

Les agriculteurs sont des intendants naturels de leur terre, mais les exploitations agricoles sont aussi des entreprises. L’instauration de saines pratiques de gestion est habituellement une solution où tout le monde gagne, compte tenu des avantages environnementaux et économiques. Lorsque les avantages économiques sont moins évidents, des incitatifs constituent un élément clé pour amener les agriculteurs à adopter de saines pratiques de gestion de l’environnement. Au cours de la dernière décennie, le ministère de l'Agriculture, de l'Alimentation et des Affaires rurales a collaboré avec des partenaires comme l'Association pour l’amélioration des sols et des récoltes de l’Ontario pour inciter à la prise de mesures grâce à des programmes qui assument une partie des coûts associés à l’instauration de saines pratiques de gestion. L'Association a examiné dernièrement des projets de partage des coûts qu’ils ont administré dans le bassin hydrographique du lac Simcoe de 2004 à 2017.

Les résultats ont confirmé l’accomplissement de progrès considérables. Entre 2004 et 2017, plus de 26 millions de dollars ont été investis dans 1 248 projets environnementaux uniques. Les projets ont été menés à bien dans 376 fermes, ce qui correspond à environ 22 % de toutes les exploitations agricoles du bassin hydrographique. Ces fermes ont investi collectivement 15 millions de dollars de leurs propres fonds, auxquels s’est ajouté un financement de 11 millions de dollars du gouvernement en coûts partagés, pour aboutir aux résultats suivants :

  • l’installation d’environ 23 km de clôtures pour protéger et améliorer l’habitat agricole
  • la plantation de plus de 16 000 arbres et arbustes
  • l’élaboration de plans pour une meilleure gestion de l’eau et des nutriments pour environ 22 000 hectares de terres agricoles
  • l’achèvement de plus de 90 projets de modernisation de l’équipement, pour améliorer le travail du sol et l’épandage d’engrais

La mobilisation des agriculteurs a rendu possible la réalisation de progrès dans l’instauration de saines pratiques de gestion. D’autres possibilités d’inciter à la prise de mesures directes sur le sol se dessinent pour l’avenir, comme le recours à des cultures de couverture, l’apport de modifications à l’équipement en vue de réduire le travail du sol et l’adoption du cadre de référence « 4R Nutrient Stewardship » (gérance des nutriments 4R) qui encourage la bonne dose, le bon moment, la bonne source et le bon endroit pour l'épandage d'engrais, ce qui réduit par conséquent le risque de perte de nutriments dans les cours d’eau.

Les tendances relatives à l’agriculture au lac Simcoe

Les tendances relatives à l’agriculture dans le bassin hydrographique du lac Simcoe sont tirées de l’analyse du Recensement de l’agriculture, un produit mis au point par Statistique Canada tous les cinq ans. Cette analyse indiquait que sur une période de 10 ans (2006-2016), l’agriculture dans le bassin hydrographique du lac Simcoe a connu des changements semblables à d’autres régions de l’Ontario. Nous observons les tendances suivantes relatives à l’agriculture dans le bassin hydrographique :

  • Le nombre d’exploitations agricoles continue de décroître, tandis que la taille moyenne de celles-ci augmente (figure 8).
  • Les agriculteurs sèment davantage de cultures en rang, comme le blé et le soya, tandis que les hectares consacrés au pâturage ont beaucoup diminué (figure 9).
  • Le nombre de têtes de bétail et d’exploitations d’élevage diminue (figure 10 et figure 11).
  • Fait surprenant, malgré une réduction du bétail, les hectares de terres agricoles soumises à l’épandage de fumier augmentent (figure 12). Cela indique que les agriculteurs épandent le fumier de façon plus stratégique (c. à d. moins de fumier par hectare, en moyenne) et risque moins de pertes de phosphore.
  • L’augmentation des hectares fertilisés concorde avec celle des cultures en rang annuelles et correspond à une augmentation du nombre d’agriculteurs adoptant de saines pratiques de gestion propres à ces modes de production. Comparativement à la période précédant le Plan de protection du lac Simcoe, par exemple, le nombre d’exploitations agricoles ayant recours à des cultures de couverture a augmenté de 25 %, et deux fois plus d’hectares ont fait l’objet d’une réduction des pratiques aratoires (figure 13). Ces observations sont encourageantes, puisque les cultures de couverture et une réduction du travail du sol sont de saines pratiques de gestion importantes qui améliorent la santé du sol et retiennent le phosphore dans les terres agricoles.
Cette figure montre un graphique en barres doublé d’un graphique linéaire. Le graphique en barres montre un déclin progressif du nombre d’exploitations agricoles dans le bassin hydrographique du lac Simcoe, dont le nombre est passé de 1 817 en 2006 à 1 705 en 2011, puis à 1 408 en 2016. Le graphique linéaire superposé aux barres montre une augmentation constante de la superficie moyenne des exploitations agricoles, passée de 183 hectares en 2006 à 195 hectares en 2011, puis à 241 hectares en 2016. Données adaptées des recensements de l’agriculture de 2006, 2011 et 2016 de Statistique Canada.

Figure 8 : Nombre d’exploitations agricoles et leur taille moyenne dans le bassin hydrographique du lac Simcoe. Le nombre d’exploitations agricoles est illustré par des barres et leur taille moyenne, par des lignes. Données adaptées du Recensement de l’agriculture de 2006 et de 2016 de Statistique Canada.

Ce graphique en barres montre le nombre total d’hectares consacré à la culture du maïs, du soya et du pâturage en 2006 et en 2016, calculé pour le bassin hydrographique du lac Simcoe, à partir des rapports de recensements de l’agriculture de Statistique Canada. Ces données montrent une augmentation du nombre d’hectares de maïs et de soja cultivés, mais une diminution du nombre d’hectares consacré au pâturage. Le nombre d’hectares de maïs a augmenté pour passer de 38 628 en 2006 à 58 375 en 2016. Le nombre d’hectares de soya a augmenté pour passer de 33 245 en 2006 à 59 842 en 2016. Le nombre d’hectares de pâturage a diminué pour passer de 70 176 en 2006 à 47 683 en 2016.

Figure 9 : Acres de cultures de blé, de soya et de pâturage dans le bassin hydrographique du lac Simcoe. Données adaptées du Recensement de l’agriculture de 2006 et de 2016 de Statistique Canada.

Ce graphique en barres montre le nombre d’unités nutritives pour le bœuf, la production laitière, le porc et le poulet en 2006 et en 2016. Les données obtenues ont été calculées pour le bassin hydrographique du lac Simcoe à partir des rapports de recensements de l’agriculture de Statistique Canada. Les données montrent une diminution du nombre d’unités nutritives pour toutes les catégories d’animaux d’élevage, avec une plus grande diminution observée pour les porcs. Les bovins de boucherie sont passés de 6 587 à 3 587 unités nutritives en 2016. Le nombre de vaches laitières est passé de 5 061 unités nutritives en 2006 à 3 572 unités en 2016. Le nombre de porcs est passé de 4 934 unités nutritives en 2006 à 621 en 2016. Les poulets sont passés de 2 786 unités nutritives en 2006 à 1 843 unités en 2016.

Figure 10 : Unités de bétail, par bœuf, vache laitière, porc et poulet dans le bassin hydrographique du lac Simcoe. Données adaptées du Recensement de l’agriculture de 2006 et de 2016 de Statistique Canada.

Ce graphique en barres montre le nombre d’exploitations agricoles dans le bassin hydrographique du lac Simcoe effectuant l’élevage divers types de bétail, en 2006 et en 2016. Les données qu’il contient ont été calculées pour le bassin hydrographique du lac Simcoe, à partir des rapports de recensements de l’agriculture de Statistique Canada. Le nombre d’exploitations agricoles élevant des bovins de boucherie a diminué et est passé de 585 exploitations agricoles déclarées en 2006 à 372 en 2016. Le nombre d’exploitations agricoles élevant des vaches laitières a diminué et est passé de 134 en 2006 à 96 en 2016. Le nombre d’exploitations agricoles faisant l’élevage du porc a aussi diminué, passant de 48 en 2006 à 35 en 2016. Enfin, le nombre d’exploitations agricoles faisant l’élevage de poulets a légèrement augmenté, passant de 242 en 2006 à 253 en 2016.

Figure 11 : Nombre d’exploitations d’élevage de bœufs, de vaches laitières, de porcs et de poulets dans le bassin hydrographique du lac Simcoe. Données adaptées du Recensement de l’agriculture de 2006 et de 2016 de Statistique Canada.

Ce graphique en barres horizontales montre le nombre d’hectares de terres agricoles où l’on procède à l’application de fertilisants ou à l’épandage de fumier, pour 2006 et 2016, calculé pour le bassin hydrographique du lac Simcoe, à partir des rapports de recensements de l’agriculture de Statistique Canada. La superficie des terres où des fertilisants ont été utilisés a augmenté pour passer de 137 285 hectares en 2006 à 162 847 hectares en 2016. Le nombre d’hectares soumis à l’épandage de fumier dans le bassin hydrographique du lac Simcoe a augmenté pour passer de 27 574 hectares en 2006 à 37 865 hectares en 2016.

Figure 12 : Acres soumis à un épandage de fumier ou d’engrais dans le bassin hydrographique du lac Simcoe. Données adaptées du Recensement de l’agriculture de 2006 et de 2016 de Statistique Canada.

Ce graphique montre le nombre d’hectares soumis à diverses méthodes de travail du sol, en 2006 et en 2016, calculé pour le bassin hydrographique du lac Simcoe, à partir des rapports de recensements de l’agriculture de Statistique Canada. Le travail du sol suivant une méthode traditionnelle a augmenté pour passer de 71 623 hectares en 2006 à 83 976 hectares en 2016. Le nombre d’hectares sans labour a légèrement augmenté, passant de 37 895 hectares en 2006 à 38 747 hectares en 2016. Le nombre d’hectares soumis à des méthodes de travail réduit est celui ayant connu la plus forte augmentation et a plus que doublé pour passer de 38 987 hectares en 2006 à 84 004 hectares en 2016.

Figure 13 : Acres soumis à des pratiques conventionnelles, sans travail du sol et à un travail du sol réduit dans le bassin hydrographique du lac Simcoe. Données adaptées du Recensement de l’agriculture de 2006 et de 2016 de Statistique Canada.

L’agriculture a peut-être changé, mais les tendances indiquent que les agriculteurs s’adaptent à partir de méthodes qui favorisent une amélioration de la qualité de l’eau. Malgré les importants progrès accomplis dans le secteur agricole dans l’instauration de saines pratiques de gestion dans le bassin hydrographique du lac Simcoe ces 10 dernières années, le secteur fera face dans les années à venir aux pressions accrues exercées par les changements climatiques, qui entraîneront des pluies plus fréquentes et intenses, davantage de fontes de neige en hiver et des changements quant aux températures atmosphériques. Il importera de déployer des efforts continus et durables pour renforcer la résilience et accroître la viabilité environnementale pour que l’agriculture demeure économiquement viable, dans la région, et qu’elle réponde à la demande croissante d’aliments locaux produits de façon durable, et ce, sans compromettre la qualité de l’eau du bassin hydrographique.

Les installations septiques

Bien conçues, construites et entretenues, les installations septiques peuvent réduire considérablement, voire éliminer la majorité des menaces pour l’homme et l’environnement que posent les polluants dans les eaux usées domestiques. Toutefois, elles échouent à cette tâche si elles sont mal entretenues. Des installations déficientes peuvent contaminer le sol et le sous sol qui les entourent, ce qui aura éventuellement des conséquences sur l’environnement naturel et les sources d’eau potable.

Dans le bassin hydrographique du lac Simcoe, les installations septiques seraient responsables, selon les estimations, d’un apport d’environ 4,4 tonnes de phosphore par année dans le lac. Ces estimations reposent sur une approximation du nombre d’installations septiques que l’on pense adjacentes au lac. De précédents travaux de relevé estimaient qu’environ 3 700 installations septiques se situaient dans un rayon de 100 mètres du lac. Toutefois, les municipalités du bassin versant ne recueillent pas systématiquement de renseignements sur chacune des installations septiques (c. à-d. emplacement, âge, condition, capacité), et les résultats des inspections municipales ne font pas l’objet de suivis à l’échelle du bassin. De plus, la complexité reliée à la situation (c.-à d. dans quelle mesure les installations septiques sont bien entretenues, quelles sont les voies de transport en place, et autres) fait en sorte qu’il est très difficile de savoir si le panache contaminé provenant d’une fosse septique défectueuse atteindra ultimement le lac ou le perturbera. Cette situation complique considérablement l’estimation de la perte de nutriments et d’agents pathogènes par les installations septiques à l’échelle du bassin hydrographique.

En 2012, le Comité consultatif scientifique du lac Simcoe a recommandé au ministère de l’Environnement, de la Protection de la nature et des Parcs de concentrer ses efforts sur une meilleure vue du nombre de fosses septiques situées à proximité de cours d’eau et du mode de migration du phosphore dans les panaches de dispersion de ces fosses. Suivant ce conseil, le ministre a financé les travaux de l’Université de Western Ontario pour la mise au point d’un outil géospatial permettant de mieux estimer le nombre d’installations septiques dans le bassin hydrographique. Les estimations découlant des premiers résultats indiquent la présence d’environ 28 500 installations septiques dans le bassin hydrographique, dont quelque 5 700 sont situées dans un rayon de 100 mètres du lac, d’étangs ou de cours d’eau permanent dans le bassin versant. Les chercheurs ont découvert qu’une proportion allant jusqu’à 20 % des effluents septiques issus d’installations défectueuses pourrait atteindre les affluents du bassin hydrographique, particulièrement dans des conditions de débit élevé (c. à d. en cas de fuite d’un effluent à partir de champs d’épuration souterrains).

Le Plan a nécessité une mise à jour du Code du bâtiment, qui a mené à l’inspection de toutes les installations septiques dans un rayon de 100 mètres du lac Simcoe avant 2015. Toutes les municipalités ont maintenant effectué ces inspections et devront inspecter de nouveau les installations à intervalles de 5 ans. Les installations qui ont échoué à l’inspection doivent possiblement être réparées ou remplacées, selon les exigences municipales. L’étape suivante de ces travaux consiste à inspecter toutes les installations septiques situées dans un rayon de 100 mètres d’un étang, de rivières et de ruisseaux permanents du bassin hydrographique du lac Simcoe d’ici le 1er janvier 2021, et à intervalles de 5 ans par la suite. Pour faciliter ces travaux, le ministère de l’Environnement, de la Protection de la nature et des Parcs et l’Office de protection de la nature de la région de lac Simcoe ont remis aux municipalités des cartes exposant les limites de ces zones.

Le ministère a également financé des recherches menées par l’Université de Guelph pour l’établissement de pratiques exemplaires que les municipalités pourront adopter pour effectuer des inspections et faire le suivi des obligations conséquentes d’améliorations. Le projet a également décelé les obstacles susceptibles d’empêcher les propriétaires fonciers d’entretenir correctement leurs installations septiques sur place, et recommandé un cadre permettant aux municipalités, aux propriétaires fonciers et aux entreprises privées d’œuvrer ensemble à la protection de nos sources d’eau potable.

De nombreux groupes déploient de grands efforts pour atténuer les conséquences grâce au repérage et à la réparation d’installations septiques défectueuses ou à l’amélioration des techniques d’élimination du phosphore dans ces mêmes installations :

  • Depuis 2004, le Restauration Assistance Program (programme d’aide à la restauration) de l’Office de protection de la nature de la région de lac Simcoe a apporté une assistance technique et financière afin de moderniser, de réparer et de remplacer 610 installations septiques défectueuses.
  • La Ville d’Innisfil ouvre la marche en mettant en place une technologie de pointe pour l’élimination du phosphore. En 2018, la ville a modifié son plan officiel (en anglais seulement) pour interdire la pose de nouvelles installations septiques ou souterraines dans un rayon de 100 mètres d’une zone vulnérable connue, à moins que les installations effectuent un traitement tertiaire (qui élimine des eaux usées les nutriments comme le phosphore et l’azote, et presque toutes les particules en suspension et matières organiques).
  • Le ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales a transmis de l’information aux propriétaires fonciers du bassin hydrographique concernant les saines pratiques de gestion relatives à l’entretien des installations septiques. Plus de 6 000 copies du DVD « Les systèmes à fosse septique », des brochures d’information et des listes de contrôle ont été produites et distribuées dans le bassin hydrographique et partout en Ontario.

Appel à action : ce pouvez faire

  • Sachez où se trouvent vos installations septiques et votre champ d’épuration.
  • Faites pomper vos installations septiques tous les 3 à 5 ans.
  • Consignez avec exactitude les entretiens de vos installations septiques.
  • Faites dévier l’eau de surface, notamment les gouttières et votre pompe de puisard, loin de votre champ d’épuration.
  • Remplacez les toilettes inefficientes par des modèles à faible débit.
  • Ne versez jamais d’huiles de cuisson ou de déchets alimentaires dans le drain.
  • Ne versez ou ne rejetez jamais de produits chimiques dangereux ou de produits pharmaceutiques dans les conduits.
  • Veillez à ne pas conduire ou stationner un véhicule sur la fosse septique ou le champ d’épuration.
  • Évitez de planter des arbres et des arbustes près de la fosse septique ou du champ d’épuration.
  • Évitez d’utiliser des savons antibactériens, de l’eau de Javel et des produits de nettoyage agressifs.

Le traitement des facteurs de stress urbains

Lorsque les terrains sont aménagés, le couvert de terre naturel est souvent remplacé par des surfaces dures et imperméables (p. ex. chaussées des aires de stationnement et des routes). Cela modifie les cycles naturels de l’eau dans l’environnement en empêchant la pluie et la neige de pénétrer dans le sol et en augmentant le ruissellement. L’eau qui ruisselle peut ramasser dans son courant plusieurs contaminants présents sur les surfaces pavées, notamment du phosphore, des chlorures, des agents pathogènes, des métaux et des composés chimiques organiques. La surveillance montre que la majeure partie des concentrations de phosphore issues du ruissellement urbain augmentent proportionnellement à la densité urbaine.

Les zones urbaines du bassin hydrographique connaissent divers degrés de pression démographique. Puisqu’il s’agit d’une des régions de l’Ontario affichant le taux de croissance le plus rapide, la population du bassin hydrographique a connu une hausse de quelque 30 % de 2001 à 2016 (figure 14). L’Office de protection de la nature de la région de lac Simcoe estime que de 2016 à 2041, la zone urbaine du bassin hydrographique aura augmenté d’environ 50 % et que sa population aura presque doublé.

Ce graphique linéaire montre la croissance estimée de la population dans la région du bassin hydrographique du lac Simcoe de 1981 à 2016. L’axe des X (ordonnées) présente les années où des données ont été recueillies, alors que l’axe des Y (abscisses) présente les estimations de population. Le graphique montre une augmentation constante de la population; la projection initiale du nombre d’habitants se chiffrait à environ 184 000 en 1981 et est passée à 460 000 en 2016.
Figure 14 : Effectif de la population du bassin hydrographique du lac Simcoe (estimé à partir des données de Recensement Canada au niveau de la subdivision de recensement).

En 2017, le ministère de l’Environnement, de la Protection de la nature et des Parcs a financé l’Office de protection de la nature de la région de lac Simcoe pour qu’il fasse le suivi des modifications des propriétés imperméables (routes, aires de stationnement, bâtiments) et de l’utilisation des terrains (agricole, urbaine) dans le bassin hydrographique au fil du temps. À partir d’une couverture photographique aérienne de la totalité du bassin hydrographique du lac Simcoe, réalisée en 2002-2003, en 2008 et en 2013, les responsables ont créé une série chronologique de cartes du couvert terrestre qui a montré une augmentation du couvert imperméable dans le bassin hydrographique depuis 2002, à mesure que croissait sa population. Le rapport de l’étude (en anglais seulement) présentait les résultats suivants :

  • La zone imperméable avait augmenté de 3,4 % en 2003 à 4,3 % en 2013. Toutefois, la vitesse de cette augmentation a diminué entre la période 2002-2008 et celle de 2008-2013 (figure 15), signe que les municipalités en croissance ont su mieux absorber les hausses de population sans beaucoup accroître le couvert imperméable.
  • De 2002 à 2013, l’utilisation des terrains agricoles a diminué (4 359 hectares, ou 1,5 % du bassin hydrographique), de même que les éléments du patrimoine naturel (458 hectares, ou 0,2 %), tandis que la zone urbaine s’étendait, notamment le secteur résidentiel (1 479 hectares, ou 0,5 %) et le secteur industriel, commercial et institutionnel (1 064 hectares, ou 0,4 %).
Ce graphique en barres montre le nombre total d’hectares de surfaces imperméables en 2002, 2008 et 2013 répertorié dans le bassin hydrographique du lac Simcoe. Les routes forment la plus large part de ces superficies avec 4 582 hectares en 2002, 4 754 en 2008 et 5 009 hectares en 2013. Les immeubles occupaient 3 229 hectares en 2002, 3 717 en 2008 et 3 960 en 2013. Les stationnements occupaient 2 030 hectares en 2002, 2 452 hectares en 2008 et 3 365 hectares en 2013.
Figure 15 : Étendue des éléments imperméables dans le bassin hydrographique du lac Simcoe (2002-2003, 2008 et 2013).

En 2018, le ministère de l’Environnement, de la Protection de la nature et des Parcs a financé des travaux de recherche de l’Institut des sciences environnementales du fleuve Saint-Laurent visant à trouver une nouvelle façon de repérer à distance les points de fortes concentrations de phosphore à l’aide d’imagerie satellitaire multispectrale. Le Spectral Landscape Nutrient Estimate model (le modèle spectral d’estimation des nutriments du paysage) pourrait servir de complément à la surveillance traditionnelle afin d’aboutir à une meilleure compréhension des points de concentration de phosphore dans des zones éloignées où l’échantillonnage du sol se révèle parfois difficile et coûteux. Cela pourrait ultimement aider les gestionnaires du bassin hydrographique à décider des endroits où instaurer de saines pratiques de gestion afin de réduire le phosphore.

Les sels de voirie et les chlorures

Les chlorures, qui se retrouvent naturellement dans l’environnement en raison de l’érosion des roches, sont sans danger à de faibles concentrations. Toutefois, l’épandage de sels de voirie, qui contient des chlorures, fait parfois en sorte que les concentrations de ces substances sont élevées dans l’eau douce. De fortes concentrations de chlorures peuvent contaminer des sources d’eau potable et porter atteinte aux poissons et à d’autres organismes qui vivent dans nos eaux douces. Les Recommandations canadiennes pour la qualité des eaux : protection de la vie aquatique portant sur les chlorures fixent à 120 mg/L la dose toxique pour une exposition de longue durée (constante) et à 640 mg/L, celle d’une exposition aiguë (de courte durée).

Le ministère de l’Environnement, de la Protection de la nature et des Parcs et l’Office de protection de la nature de la région de lac Simcoe mesurent les concentrations de chlorures depuis 1971 au passage Atherley (où les eaux du lac Simcoe se déversent vers le nord) et depuis 2000 à diverses stations sur le lac (figure 16). Les concentrations de chlorures ont beaucoup augmenté au passage Atherley et atteignent la moyenne dans tout le lac (figure 17).

Les concentrations de chlorures à l’échelle du lac étaient de 44 mg/L en 2012 et de 52 mg/L en 2018. De 2011 à 2013, elles n’avaient pas augmenté dans le lac, mais depuis (2013-2018), elles augmentent à un rythme de 1,67 mg/L/an. À cette vitesse, le lac Simcoe atteindra la valeur limite d’exposition à long terme d’ici 2058, c’est à dire la concentration maximale de chlorures d’une exposition constante avant qu’elle nuise à la vie aquatique vulnérable. L’atteinte de cette valeur devancerait de 11 ans les prévisions antérieures, en raison d’un rythme d’augmentation plus élevé.

Sur cette carte, on peut voir les emplacements des diverses stations de contrôle de la qualité de l’eau utilisée dans le présent rapport. On trouve huit stations sur le lac : C1, C6 et C9 sont à l’extrémité de la baie de Cook; K39 et K42 à la baie de Kempenfelt, à l’ouest; S15, K45 et E51 dans le bassin principal. La station du passage Passage Atherley se trouve là où les eaux du lac Simcoe se déversent vers le nord.

Figure 16 : Emplacement des stations de contrôle de la qualité de l’eau du ministère de l’Environnement, de la Protection de la nature et des Parcs au lac Simcoe et au point de déversement du lac, le passage Atherley.

Ce graphique montre les concentrations annuelles moyennes de chlorure (en milligrammes par litre) au passage Atherley de 1971 à 2018, de même que les moyennes pour les huit stations du lac, de 2000 à 2018. Les deux ensembles de données démontrent que les niveaux de chlorure ont augmenté de manière importante.

Figure 17 : Concentrations de chlorures au point de déversement du lac Simcoe, le passage Atherley, et moyenne à divers points du lac. Remarque : La surveillance à diverses stations sur le lac a commencé en 2000.

En 2012, le Comité consultatif scientifique du lac Simcoe a recommandé au ministère de l’Environnement, de la Protection de la nature et des Parcs de concentrer ses efforts sur l’acquisition d’une meilleure compréhension de la hausse des concentrations de chlorures dans le bassin hydrographique du lac Simcoe. Le ministère a financé l’Office de protection de la nature de la région de lac Simcoe pour qu’il effectue des recherches visant à repérer les endroits où l’instauration de pratiques exemplaires serait la plus susceptible d’entraîner des améliorations. Les chercheurs de l’Office de protection de la nature de la région de lac Simcoe ont procédé à des essais et fait le suivi des résultats de l’épandage de sels de voirie sur diverses surfaces, en hiver, et contrôlé les concentrations de sel dans les cours d’eau de la région.

Les résultats obtenus par l’office de protection de la nature ont montré que les plus fortes concentrations de chlorures enregistrées se trouvaient dans les affluents s’écoulant des zones urbaines. Les ruisseaux urbains affichaient de fortes concentrations tout au long de l’année. Conscient de ce fait, l’office de protection de la nature a amorcé des travaux avec des partenaires des secteurs municipal, provincial et privé afin de promouvoir l’adoption de pratiques exemplaires en matière d’entretien hivernal afin de réduire les concentrations de chlorures dans le lac Simcoe et ses affluents. Ces cinq dernières années, plusieurs municipalités importantes et en voie d’urbanisation ont fait l’acquisition de nouveaux équipements, mis à jour leurs politiques et adopté de meilleures pratiques, ce qui pourrait entraîner une réduction de près de 40 % de leurs taux d’épandage. Pour obtenir plus de renseignements sur les travaux de l’office de protection de la nature relativement à la réduction des sels de voirie et des chlorures, cliquez ici (en anglais seulement).

La Ville de Barrie (en anglais seulement) prêche par l’exemple en montrant à la collectivité que des pratiques sûres et respectueuses de l’environnement en matière de gestion des sels de voirie et de l’entretien hivernal font partie de ses priorités. Depuis la mise en application de la stratégie, la Ville aurait réduit la quantité totale de sels de voirie sur ses routes de 354,58 tonnes durant la saison hivernale 2016-2017 et de 618,45 tonnes dans la saison hivernale 2017-2018, selon les estimations.

L’office de protection de la nature a également surveillé les concentrations de chlorures dans les eaux de ruissellement d’une aire de stationnement commercial dans le bassin hydrographique chaque hiver, depuis 2014, et a observé chaque année que les concentrations qu’elles renfermaient se révélaient près de 4 fois supérieures à celles de l’eau de mer, pour une valeur maximale enregistrée de 73 127 mg/L en 2018. Les responsables ont décelé des possibilités de réduire considérablement la quantité de sels de voirie utilisée dans les aires de stationnement et sur les trottoirs, tout en obtenant des surfaces sûres en hiver, en songeant aux conditions hivernales lors de la conception d’espaces publics (en anglais seulement). Cela fait appel à des éléments de conception qui nécessiteront moins d’épandage de sels pour un entretien à un même niveau de service, sans augmenter les risques. Pour obtenir plus de renseignements, visitez la page du site Web de l’office de protection de la nature consacrée aux Parking Lot Design Guidelines (lignes directrices sur la conception d’aires de stationnement) favorisant une réduction des sels.

Comme les entrepreneurs et les gestionnaires d’immeubles sont parfois enclins à épandre des sels à l’excès pour apaiser la perception de risques de la part du public, le ministère a également financé les travaux de Smart About Salt Council pour qu’il mette au point une formation bilingue, en ligne, qui amènerait les entrepreneurs à adopter des pratiques exemplaires visant à optimiser l’épandage de sels. Cette formation encourage le bon mélange de produits et le recours à des techniques d’élimination qui limitent l’altération de la qualité de l’eau en réduisant le risque de glissement.

Des dirigeants du secteur privé, des gouvernements provincial et fédéral, et d’organisations non gouvernementales ont pris part à cet effort par leur participation à une table ronde sur l’eau douce (en anglais seulement) en vue de mieux comprendre les avantages et les obstacles liés à l’adoption de pratiques exemplaires en matière d’épandage de sels de voirie. Une collaboration continue avec ce groupe de divers intervenants devrait favoriser une plus forte adoption de pratiques exemplaires pour l’entretien hivernal dans les aires de stationnement qui jalonnent le bassin hydrographique du lac Simcoe, et d’autres.

Appel à l'action : ce que vous pouvez faire pour réduire les chlorures dans le lac Simcoe

  • L'Office de protection de la nature de la région de lac Simcoe recommande de retirer autant de neige et de glace que possible de votre allée et de votre entrée de garage avant d’aller chercher ce sac de sels de voirie. Si vous décidez d’épandre des sels de voirie, rappelez vous qu’une petite quantité dure longtemps : l’accumulation de sels, couche après couche, n’accélérera pas la vitesse de fonte et pourrait même rendre votre trottoir glissant et votre cour, un désastre.
  • Si vous embauchez un entrepreneur pour rendre votre propriété sécuritaire en hiver, demandez lui s’il détient la certification Smart About Salt. Le programme Smart About Salt est une source ontarienne de formation et de certification sur l’épandage de sels de voirie, qui est bénéfique pour le gestionnaire d’immeubles et l’entrepreneur et constitue la première étape pour réduire l’épandage excessif de sels de voirie.
  • Consultez Ontario 511, un outil de planification des déplacements, qui renseigne les conducteurs sur les conditions susceptibles d’influer sur leurs déplacements sur les routes de la province. Le site Web « Repérer mon chasse neige » vous permet de prévoir et de voir à quels endroits de votre itinéraire vous êtes susceptible de rencontrer un chasse neige ou un véhicule d’épandage de sels, ainsi que les portions de votre trajet déjà entretenues.
  • Apprenez comment vous préparer à conduire prudemment en hiver en lisant attentivement les astuces de conduite dans des conditions hivernales (p. ex. installer des pneus d’hiver).

Les nouveaux contaminants préoccupants

Bien que le phosphore et les chlorures constituent les principaux problèmes pour la qualité de l’eau du lac Simcoe, d’autres contaminants doivent faire l’objet d’une surveillance et de recherches. Les « produits pharmaceutiques et les produits de soins personnels » forment une vaste catégorie de produits qui comprend entre autres les médicaments, les cosmétiques et les parfums, dont certains peuvent se frayer un chemin jusqu’à nos eaux.

Le ministère de l’Environnement, de la Protection de la nature et des Parcs a collaboré à des recherches sur les produits pharmaceutiques (en anglais seulement) et en a mené certaines (notamment sur les antibiotiques, les anticonvulsivants, les stabilisateurs de l’humeur et les hormones) et d’autres contaminants émergents depuis la fin des années 1990. Habituellement, les concentrations de produits pharmaceutiques mesurées dans l’eau potable traitée et non traitée en Ontario sont très faibles et peu susceptibles de nuire à la santé humaine, mais le ministère reste à l’affût des recherches scientifiques sur ce nouveau problème. Les concentrations de produits pharmaceutiques dans les effluents des stations d’épuration des eaux usées pourraient être supérieures à celles présentes dans le plan d’eau récepteur. Un traitement conventionnel réduit toutefois les concentrations de la majorité des produits pharmaceutiques. Les concentrations observées en Ontario sont inférieures ou égales à celles signalées dans d’autres provinces et, selon toute attente, l’occurrence d’effets sur la vie aquatique serait plus probable aux endroits où des stations d’épuration plus vétustes déversent leurs effluents dans de petits plans d’eau.

Le ministère a travaillé de concert avec des municipalités pour sensibiliser davantage le public au mode d’introduction possible de ces contaminants dans les réseaux d’égout municipaux, en amont des stations d’épuration des eaux usées. La majorité des municipalités et toutes les pharmacies ont maintenant en place des programmes de récupération des produits pharmaceutiques non utilisés. La région de York collabore avec l’industrie pharmaceutique pour encourager la prévention de la pollution, le traitement sur place ou les processus de récupération afin que les fabricants réduisent la quantité de produits pharmaceutiques et d’autres contaminants déversés dans les égouts et les stations d’épuration des eaux usées.

Les microplastiques, ces petites particules de plastique de l’ordre d’environ 0,001 à 5 millimètres, constituent eux aussi un nouveau contaminant préoccupant. Les lacs et les rivières de l’Ontario contiennent des microplastiques, ce qui soulève des préoccupations parce que ces particules prennent beaucoup de temps à se décomposer et que les espèces sauvages peuvent les ingérer en les confondant avec la nourriture. Cette situation pourrait influer sur la nutrition et la santé des espèces sauvages en cas d’occlusions et de remplacement des aliments par du plastique.

Le ministère et l’Université de Toronto mesurent les quantités et les types de microplastiques présents dans les eaux du lac Simcoe, les sédiments au fond du lac et les poissons. Même si les analyses se poursuivent, les premiers résultats montrent la présence de microplastiques, principalement des fibres et des fragments, dans l’eau, les sédiments et les estomacs de poissons du lac, et ce, à des taux égaux ou inférieurs à ceux mesurés dans les Grands Lacs. L’observation de quantités plus élevées dans les Grands Lacs se concentre dans les régions plus densément peuplées, où les rivières déversent les eaux pluviales dans les lacs et où le bassin versant héberge un plus grand nombre d’entreprises de transformation des plastiques.

La majeure partie des microplastiques ingérés par l’organisme avec de la nourriture traversent les espèces sauvages et les humains. Des études réalisées sur les filets de poisson et l’eau potable indiquent la présence de très petites quantités de microplastiques, lorsqu’elles peuvent être détectées. Selon les données actuelles, l’Organisation mondiale de la Santé précise qu’il n’existe aucun problème connu pour la santé humaine qui découle de la présence de microparticules de plastique dans l’eau potable. Le ministère s’est engagé dans le Plan environnemental pour l’Ontario à réduire les déchets de plastique et à limiter les microplastiques susceptibles d’aboutir dans nos lacs et nos rivières.

Appel à l'action : ce que vous pouvez faire

  • Ne versez ou ne rejetez jamais de produits chimiques dangereux ou de produits pharmaceutiques dans les conduits.
  • Rapportez les médicaments expirés ou non utilisés dans une pharmacie locale.
  • Réduisez votre utilisation de plastiques à usage unique.
  • Participez à une activité de nettoyage de plage dans votre communauté ou organisez en une.

La réduction du phosphore dans les eaux de ruissellement urbaines

Le ministère de l’Environnement, de la Protection de la nature et des Parcs travaille avec l’Office de protection de la nature de la région de lac Simcoe et les municipalités de la région pour établir de saines pratiques de gestion des sources urbaines de phosphore, les promouvoir et en faire le suivi. Ces pratiques comprennent la modernisation de la gestion des eaux pluviales et de meilleurs contrôles de celles-ci afin de réduire au minimum les sédiments et l’érosion occasionnés par la construction et le nouvel aménagement.

L’office de protection de la nature a mis en place un programme de contrôle de l’érosion et des sédiments à l’intérieur du bassin hydrographique afin de favoriser une réduction des risques d’érosion posés par les activités de construction. Ces efforts comportent une suite d’outils qui facilitent les contrôles des sédiments et de l’érosion durant la construction et l’aménagement, entre autres :

  • 2016 Erosion and Sediment Control Research Study (étude technique de contrôle de l’érosion et des sédiments, 2016) pour encourager l’adoption de pratiques de contrôle de l’érosion et des sédiments dans le bassin hydrographique et la réduction des répercussions générales des eaux pluviales sur le lac Simcoe et ses affluents.
  • Erosion and Sediment Control Guidelines (lignes directrices sur le contrôle de l’érosion et des sédiments) que les promoteurs immobiliers doivent respecter durant les activités de construction (élaborées par l’entremise du programme STEP – Sustainable Technologies Evaluation Program).
  • Erosion and Sediment Control Site Evaluation Tool (outil d’évaluation du chantier pour le contrôle de l’érosion et des sédiments) pour faciliter la détection et la gestion des risques d’érosion et de sédimentation liés aux chantiers de construction urbains, en plus d’une compilation d’exemples de saines pratiques de gestion (en anglais seulement) en vigueur dans l’industrie visant la réduction des sédiments et de l’érosion issus de l’aménagement.
  • Plus de 88 participants, dont des promoteurs, des consultants, des entrepreneurs et des représentants municipaux ont pris part à deux ateliers tenus en 2017 en vue de leur faire connaître les lignes directrices actuelles sur le contrôle de l’érosion et des sédiments de l’office de protection de la nature.
  • Formation sur le contrôle des sédiments et de l’érosion, dispensée par un inspecteur agréé à plus de 45 participants.

Les résultats obtenus par ces projets orienteront les prochaines mesures à prendre dans le bassin hydrographique (et ailleurs) afin de rehausser la santé du sol et de réduire l’érosion. Ces travaux favorisent directement l’atteinte de l’objectif du Plan, qui consiste à « encourager les utilisations, activités et pratiques d’aménagement terrestres et aquatiques du point de vue environnemental ».

L’infrastructure des eaux pluviales et les changements climatiques

Les recherches menées par l’Office de protection de la nature de la région de lac Simcoe ont révélé que les étangs de bassins d’eaux pluviales filtrent moins bien le ruissellement s’ils sont mal entretenus. Les chercheurs estiment que l’efficience réduite occasionne chaque année un ajout de 0,81 tonne de phosphore additionnelle dans les cours d’eau du bassin hydrographique. L’inspection, l’entretien et la modernisation des installations de gestion des eaux pluviales en place occupent une place prépondérante dans la protection de la qualité de l’eau, mais s’accompagnent parfois de coûts élevés et entrent en concurrence avec d’autres besoins en matière de services municipaux. Dans le bassin hydrographique du lac Simcoe, cette réalité est exacerbée par la croissance démographique prévue, qui fera augmenter le nombre d’installations de gestion des eaux pluviales nécessaires.

En 2017, le ministère de l’Environnement, de la Protection de la nature et des Parcs a collaboré avec l’Office de protection de la nature de la région de lac Simcoe à la mise sur pied du Stormwater Management Pond Inspection and Maintenance Program (programme d’inspection et d’entretien des bassins de gestion des eaux pluviales), qui présente une méthode normalisée d’évaluation ou de réalisation d’une inspection des bassins d’eaux pluviales et d’établissement des priorités en matière d’entretien. Le ministère a également versé des fonds à l’office de protection de la nature pour qu’il travaille avec des propriétaires (privés et publics) de bassins d’eaux pluviales en vue d’améliorer les pratiques en matière d’inspection, d’entretien et de tenue de registre liés aux eaux pluviales. De concert avec plusieurs municipalités du bassin hydrographique, l’office de protection a créé une base de données sur les éléments municipaux liés aux eaux pluviales, dont 355 bassins d’eaux pluviales, 106 systèmes d’interception d’huiles et de sédiments et des éléments relatifs aux eaux pluviales qui favorisent l’infiltration sur place, comme des jardins de pluie. L’application de base de données (en anglais seulement) comprend également des renseignements concernant des autorisations de travaux pour des outils d’entretien et d’inspection, afin d’aider les municipalités à adopter de saines pratiques de gestion et à procéder à l’entretien régulier de leurs installations de gestion des eaux pluviales.

Les municipalités auront ainsi plus de facilité à établir l’ordre de priorité des bassins de gestion des eaux pluviales ayant le plus besoin de rénovations et à gérer leurs investissements dans des infrastructures. Le ministère de l’Environnement, de la Protection de la nature et des Parcs a en outre financé en 2016 les travaux de compilation et de communication de données de la Ville de Newmarket (en anglais seulement) sur l’utilisation des droits de services publics liés aux eaux pluviales et les programmes de crédit pour propriétaires. Le ministère a entrepris ce projet pilote avec la Ville, conscient du fait que plusieurs municipalités du bassin hydrographique du lac Simcoe avaient besoin d’un exemple à suivre pour obtenir des sources de financement stables et fiables pour la gestion des installations de gestion des eaux pluviales, notamment l’adoption d’un inventaire permanent, l’inspection et les besoins en matière d’entretien.

La politique de compensation du phosphore

En 2017, l’Office de protection de la nature de la région de lac Simcoe, en collaboration avec la province, la Première Nation Chippewas de Georgina Island, les municipalités locales, la Building Industry and Land Development Association et les membres de la communauté du bassin hydrographique, a mis au point et a mis en œuvre la Lake Simcoe Phosphorus Offsetting Policy (politique de compensation du phosphore du lac Simcoe). En vertu de cette politique, les promoteurs doivent s’assurer qu’aucun phosphore ne sera exporté depuis tout projet d’aménagement comportant une aire imperméable de 500 mètres carrés ou plus. S'il est impossible de viser l’absence totale de phosphore, même après avoir pris les mesures sur place, tout phosphore résiduel laissé sur le chantier devra faire l’objet d’une compensation par un paiement en espèces selon un ratio de 2,5:1. Ainsi, pour chaque tonne de phosphore laissée sur le chantier, les promoteurs devront verser des fonds qui serviront à l’élimination de 2,5 tonnes de phosphore ailleurs dans la même zone du sous bassin versant.

Les fonds seront engagés dans le financement de projets de modernisation d’installations urbaines de gestion des eaux pluviales dans des zones urbaines où l’écoulement n'est pas contrôlé. Cela devrait permettre d’obtenir une réduction nette globale du chargement de phosphore dans le lac Simcoe.

Les stations d’épuration des eaux usées

Le bassin hydrographique du lac Simcoe compte 14 stations d’épuration des eaux usées municipales et 1 industrielle. Sept stations évacuent les eaux traitées dans le lac Simcoe, et les huit autres les rejettent dans des cours d’eau qui se déversent éventuellement dans le lac. Même si les eaux évacuées sont épurées selon une norme stricte, elles contiennent encore du phosphore. Le ministère de l’Environnement, de la Protection de la nature et des Parcs inspecte et surveille régulièrement les activités des stations d’épuration des eaux usées afin de s’assurer du respect de toutes les conditions d’exploitation et de l’absence d’effets nocifs pour l’environnement.

Avant l’adoption du Plan de protection du lac Simcoe, la charge annuelle moyenne de phosphore en provenance des stations d’épuration des eaux usées s’élevait à environ 5,1 tonnes par année. Comme l’exigeait le Plan, le ministère a modifié les approbations environnementales des stations d’épuration des eaux usées dans le bassin hydrographique afin d’imposer de nouvelles limites et charges rigoureuses (voir le tableau 1). Les améliorations apportées à la technologie et aux techniques d’élimination du phosphore qui s’ensuivirent ont donné lieu à une diminution d'environ 50 % des chargements de phosphore provenant des stations d’épuration des eaux usées par rapport aux niveaux observés avant le Plan. En 2017, la quantité totale de phosphore se frayant un chemin jusqu’au lac en provenance des stations d’épuration des eaux usées était inférieure à 2 tonnes par année. La réduction du phosphore issu des stations d’épuration des eaux usées est considérée comme un accomplissement majeur compte tenu des pressions accrues exercées par le développement urbain. Les stations d’épuration des eaux usées du bassin hydrographique font maintenant partie des plus novatrices et efficaces en Ontario en matière d’élimination du phosphore.

Tableau 1 : Chargements de phosphore des stations d’épuration des eaux usées dans le bassin hydrographique du lac Simcoe, 2010-2018
Station d'épuration des eaux uséesCharges max. visées par la PRS
(kg/a)
201020112012201320142015201620172018
Lac Simcoe (Beaverton)190331925415023262525
Bradford698149151147204232216272259220
Sutton187496953425342473432
Beaverton River #2 (Cannington)97345643483424425643
Innisfil629176215134171160125168268250
Orillia996600504501471510421482476400
Barrie2 7741 4231 3461 1541 5248761 278586511744
Uxbridge Brook2868986871009683424768
Queensville/Holland Landing Lagoon124623240472933486550
Keswick footnote 1655385652452193777212410899
Mount Albert757914152021152015
Schomberg7511119111616141517
Lagoon City124323027343522263730
Beaverton River #1 (Sunderland)58887111487148
Silani Cheese2714231912931763813
Total6 9953 0723 2112 7122 9242 2112 4151 9751 9722 015

La station d’épuration des eaux usées de la Ville de Barrie a connu une importante réduction de ses concentrations de phosphore rejetées depuis la mise en œuvre de la stratégie de réduction du phosphore. Cette réduction des taux de phosphore a eu un effet direct sur l’adoption de stratégies novatrices pour améliorer le rendement du traitement au delà des critères de conception actuels des stations. Un meilleur rendement du traitement a tiré profit de la capacité de traitement restante qu’offrait la station, en plus d’optimiser le processus d’élimination des nutriments. La Ville de Barrie n’en est actuellement qu’aux premières étapes d’un projet pluriannuel visant à modifier la technologie de traitement des eaux usées en place pour assurer le maintien du déversement d’un effluent de qualité supérieure dans le lac Simcoe pendant des décennies.

Les résultats en ce qui a trait à la qualité de l’eau

Les charges et les concentrations de phosphore

Par son partenariat avec l’Office de protection de la région de lac Simcoe, le ministère participe à la surveillance, à l’évaluation et à la déclaration des charges de phosphore dans le lac Simcoe depuis les années 1990. Le calcul des charges se fait habituellement tous les trois ans hydrologiques, l’année hydrologique s’échelonnant du 1er juin au 31 mai de l’année suivante. La plus récente publication des charges de phosphore (des années hydrologiques 2015 à 2017), en janvier 2020, apparaît sur le site Web de l’office de protection de la nature (en anglais seulement).

Les charges de phosphore sont exprimées en tonnes métriques et dépendent en grande partie de la quantité d’eau traversant le bassin hydrographique. Elles sont estimées chaque année par source – atmosphérique, septique, polders, stations d’épuration des eaux usées (aussi appelées « usines d’épuration ») et affluents. Pour avoir plus de renseignements sur les sources de phosphore dans le bassin hydrographique, veuillez visiter le site Web de l’Office de protection de la nature de la région de lac Simcoe (en anglais seulement).

Ce graphique montre les charges de phosphore (tonnes par année) pour les années hydrographiques de 2000 à 2017, les objectifs de charge à long terme du Plan, qui sont de 44 tonnes par année, ainsi que le volume du débit annuel des affluents (kilomètres cubes par an). Au cours de cette période, les charges de phosphore ont varié et ont toujours été supérieures à celles de l’objectif à long terme. Les débits ont été variables, mais de manière similaire, c’est-à-dire que dans les cas de débits très élevés, les charges de phosphore sont également très élevées.

Figure 18 : Charges de phosphore des années hydrographiques 2000 à 2017, accompagnées de l’objectif de chargement de phosphore de 44 tonnes et du volume d’écoulement fluvial annuel.

Comme l’indique la figure 18, les charges des années hydrologiques de 2015 à 2017 étaient les suivantes :

  • 2015 = 87 tonnes par année
  • 2016 = 73 tonnes par année
  • 2017 = 131 tonnes par année

Les charges élevées des dernières années sont largement transportées par de grands volumes d’eau se déversant dans le lac Simcoe. Cela s’explique par des pluies plus fréquentes et intenses, de même que par de plus fortes fontes de neige en hiver. Un plus grand écoulement d’eau dans le lac fait augmenter la quantité de phosphore.

Bien que les charges de phosphore demeurent élevées, les concentrations de phosphore ont diminué dans le lac depuis la mise en œuvre du Plan. Ces concentrations correspondent à la quantité de phosphore dans une unité d’eau et sont exprimées en microgrammes par litre (µg/L). Outre les baisses printanières (moyennes d’avril à juin 2020) des moyennes de concentration de phosphore à l’échelle du lac depuis 1980 (figure 19), des déclins sont maintenant observés également au niveau des concentrations totales de phosphore par année (moyennes de mai à octobre, c. à d. la saison sans glace) à toutes les stations de surveillance sauf une (S15; figure 16 et figure 20).

Les concentrations de phosphore, en particulier, ont maintenu de faibles niveaux depuis le rapport quinquennal de 2015. Des huit stations de surveillance de la qualité de l’eau du lac (figure 16 et figure 20), la concentration totale de phosphore la plus élevée se situait à l’extrémité sud de la baie de Cook (station C1; figure 16 et figure 20), qui est une zone peu profonde qui reçoit les eaux de ruissellement de zones agricoles et urbaines comme Newmarket et Aurora.

Ce graphique montre les changements dans les concentrations annuelles totales en phosphore (en microgrammes par litre) au printemps, en moyenne pour l’ensemble du lac, de 1980 à 2018. Au cours de cette période, les niveaux totaux de phosphore au printemps ont diminué considérablement dans l’ensemble.

Figure 19 : Moyennes printanières de phosphore total dans tout le lac.

Ce graphique montre les changements dans la moyenne des concentrations annuelles totales de phosphore (en microgrammes par litre), de mai à octobre, pour les années 1980 à 2018 à chacune des huit stations de surveillance du lac. Au cours de cette période, les niveaux de phosphore totaux ont diminué considérablement dans l’ensemble, pour toutes les stations de surveillance, sauf une.

Figure 20 : Moyenne de phosphore total à chaque station du lac, de mai à octobre.

Les concentrations de chlorophylle-a

Compte tenu des faibles concentrations de phosphore dans le lac ces dernières années, la prolifération d’algues devrait être moindre, puisque le phosphore est un facteur important de sa limitation dans la majorité des lacs de l’Ontario. Les concentrations de chlorophylle-a constituent un indicateur courant de la présence d’algues dans l’eau douce. Depuis les années 1980, les concentrations de chlorophylle a dans les échantillons prélevés durant la saison sans glace ont affiché d’importantes baisses à toutes les stations du lac (figure 21). Les concentrations de chlorophylle-a sont habituellement les plus élevées à la station C1, qui affiche les plus fortes concentrations totales de phosphore, propices à la prolifération d'algues.

Moins de chlorophylle-a, donc moins d’algues, devrait donner lieu à de meilleurs niveaux d’oxygène dissous en eaux profondes dans la saison estivale. Lorsqu’elles meurent, les algues coulent au fond du lac où elles se décomposent. Le processus de décomposition fait intervenir de l’oxygène, extirpé des eaux environnantes. Une réduction des quantités d’algues entraîne une baisse de la quantité d’oxygène dissous utilisée pour leur décomposition.

Ce graphique montre les changements dans la moyenne des concentrations annuelles totales de chlorophylle-a (en microgrammes par litre) de mai à octobre pour les années 1980 à 2018 chacune des huit stations de surveillance du lac. Au cours de cette période, les niveaux de chlorophylle-a totaux ont diminué considérablement dans l’ensemble, pour toutes les stations de surveillance du lac.

Figure 21 : Concentrations moyennes de chlorophylle-a à chaque station du lac, de mai à octobre.

L’oxygène dissous

Afin d’améliorer l’habitat de la vie aquatique, le Plan vise à accroître les niveaux d’oxygène dissous dans les eaux profondes du lac, pour qu’ils atteignent 7 mg/L. Ce niveau est nécessaire pour subvenir aux besoins de la reproduction naturelle des poissons d’eau froide (comme le touladi, le grand corégone et le cisco) qui vivent dans les eaux froides des profondeurs du lac.

Le ministère de l’Environnement, de la Protection de la nature et des Parcs surveille les niveaux d’oxygène dissous depuis les années 1980 dans le cadre de sa surveillance à long terme de la qualité de l’eau du lac Simcoe. Les données servent à calculer deux indicateurs clés :

  • le niveau le plus faible d’oxygène dissous dans les eaux profondes à la fin de l’été;
  • la vitesse d’utilisation de l’oxygène dissous au cours de l’été, qui correspond à la vitesse de l’épuisement de ses réserves.

La quantité d’oxygène dissous en eaux profondes continue d’afficher des améliorations. Le niveau minimal d’oxygène dissous en eaux profondes à la fin de l’été n’a pas cessé d’augmenter depuis les années 1980 (figure 22). Depuis 2012, il se situe entre 5,52 et 7,14 mg/L, ce qui dépasse la cible du plan de 2014, qui était de 7 mg/L.

L’augmentation de l’oxygène dissous en eaux profondes depuis les années 1980 s’expliquerait entre autres par un ralentissement de la vitesse d’épuisement de ses réserves (figure 23). Ce ralentissement favoriserait des niveaux plus élevés d’oxygène dissous en eaux profondes à la fin de l’été. D’autres recherches devront être menées pour découvrir la raison de ce ralentissement de la vitesse d’épuisement des réserves d’oxygène dissous, mais il appert qu’un des facteurs y ayant contribué serait vraisemblablement la réduction de la quantité d’algues, ce qui diminue la quantité d’oxygène dissous consacrée à leur décomposition.

Ce graphique montre les changements dans les quantités minimales d’oxygène dissous en eaux profondes à la fin de l’été (en milligrammes par litre) de 1980 à 2018 à la station de surveillance installée le plus profondément dans le lac. Au cours de cette période, les niveaux d’oxygène en eaux profondes ont considérablement diminué dans l’ensemble. Le niveau cible d’oxygène dissous en eaux profondes du Plan est de 7 milligrammes par litre pour la restauration de la communauté de poisson d’eau froide dans le lac Simcoe et est indiqué par une ligne pointillée.

Figure 22 : Niveau les plus faibles d’oxygène dissous en eaux profondes à la fin de l’été.

Ce graphique montre les changements dans la vitesse d’épuisement de l’oxygène dissous en eau profonde (en milligrammes par litre, par mois) de 1980 à 2018, mesuré à partir de la station de surveillance la plus profonde du lac. Au cours de cette période, la vitesse d’épuisement a considérablement diminué dans l’ensemble.

Figure 23 : Vitesse d’épuisement des réserves d’oxygène dissous.

La compréhension du lien entre phosphore et oxygène dissous

L’objectif à long terme du Plan pour le chargement de phosphore a été fixé à 44 tonnes par année. Au moment de l’établissement du Plan, il s’agissait du niveau qui était jugé nécessaire pour l’atteinte de la cible d’un minimum de 7 mg/L d’oxygène dissous en eaux profondes. Une série de liens, élaborée par Nicholls (1997), a servi à relier ces deux éléments (figure 24).

Ce diagramme montre le lien entre la charge en phosphore et l’oxygène dissous en eaux profondes. La charge en phosphore affecte la concentration en phosphore du lac, et celle-ci affecte la concentration en chlorophylle-a, alors que la concentration en chlorophylle-a dans le lac affecte l’oxygène dissous en eaux profondes.

Figure 24 : Liens unissant le chargement de phosphore à l’oxygène dissous en eaux profondes dans le lac Simcoe.

La charge en phosphore est une estimation de l’ensemble du phosphore entrant dans le lac chaque année. On s’attend à ce que la quantité de phosphore pénétrant dans le lac ait une influence sur la concentration de phosphore qui s’y trouve. Cela aura, par le fait même, un effet sur la quantité d’algues (représentée par la concentration de chlorophylle-a), car le phosphore est un nutriment limitatif pour la croissance des algues dans le lac. Les algues utilisent l’oxygène au fond du lac lorsqu’elles se décomposent. Par conséquent, la concentration en chlorophylle-a influence la concentration en oxygène dissous en eaux profondes.

Pour le Rapport quinquennal de 2015, une réévaluation de ces liens aura permis de déterminer si la cible fixée pour la charge de phosphore convenait toujours. À l’aide des données les plus à jour sur la charge de phosphore disponibles à ce moment-là (qui comprennent les données sur la charge de 2009), les liens tenaient toujours. Ces relations ont fait l’objet d’une nouvelle réévaluation, avec les données les plus récentes.

Tout au long des 10 années de collecte de données de surveillance sur les concentrations de phosphore, la chlorophylle-a constituant un indicateur de la quantité d’algues présentes dans l’eau et de la concentration d’oxygène en eaux profondes, nous avons compris que la relation existant entre la charge de phosphore et l’oxygène dissous en eaux profondes est beaucoup plus complexe que ce que nous avions d’abord cru. Nous devons entreprendre de plus amples travaux afin de bien saisir l’écologie sous-jacente, tout en continuant simultanément à mettre en œuvre la Stratégie de réduction du phosphore en vue de réduire davantage la quantité de phosphore introduite dans le lac et de continuer à favoriser les améliorations.

Recherches sur les sources de carbone organique dissous

La matière organique décomposée donne à l’eau du lac la couleur brune parfois observée dans le lac Simcoe. Cette matière, appelée « carbone organique dissous », est importante dans le réseau trophique du lac. Dans le Rapport quinquennal de 2015, nous avons mentionné une forte augmentation du carbone organique dissous dans toutes les stations du lac Simcoe, surtout en 1999. Des chercheurs de l’Université Trent ont tenté de trouver la provenance du carbone organique dissous : le bassin hydrographique, des modifications de l’utilisation des terres ou les changements climatiques, ou l’intérieur même du lac? Ils ont découvert que la majeure partie de l’augmentation du carbone organique dissous était produite à l’intérieur du lac, possiblement par la décomposition d’une abondance de végétaux aquatiques le long des rives.

Les plages du lac Simcoe

Les magnifiques plages publiques qui longent toutes les rives du lac Simcoe ne cessent d’attirer les foules. De temps en temps, les plages deviennent impropres à la baignade. La présence de bactéries fécales, qui peuvent nuire à la santé humaine, en est parfois la cause. Les animaux (p. ex. animaux de compagnie, espèces sauvages, agriculture) ou les humains (p. ex. fuites d’installations septiques, déversements d’eaux usées) peuvent être des sources d’introduction de bactéries fécales dans l’eau.

Tout au long de la saison estivale, les services régionaux de santé de Durham, de York et de Simcoe analysent l’eau des plages publiques pour évaluer les risques pour la sécurité publique. Des mesures de la bactérie Escherichia coli permettent de déceler une éventuelle contamination fécale. Si la plage est jugée non sécuritaire, un avis d’interdiction de baignade est affiché. De nouvelles analyses de ces plages sont réalisées à différentes fréquences, selon la région, afin de déterminer le moment où les niveaux de bactéries reviennent dans les limites sécuritaires, puis de retirer les affiches. Dans le Plan, les affiches d’avis sur les plages servent d’indicateur de la santé environnementale et permettent d’estimer les agents pathogènes dans le but de réduire leurs chargements et de cesser les fermetures de plage.

Le nombre d’affiches (fréquence) et le nombre total de jours d’affichage des avis (durée) ont très peu changé dans les trois régions; seule la durée dans la région de Durham a montré une nette augmentation (figure 25). Cette tendance était également importante dans le premier rapport quinquennal. Dans les années qui ont suivi (2013-2017), de nombreuses plages de Durham et de York ont connu moins d’affichages d’avis et ces derniers duraient moins longtemps, dans l’ensemble. Cependant, certaines plages de York le long de la rive sud, près de la baie de Cook, ont connu quelques hausses. Les plages qui longent les rives sud et est, plus exposées aux vents du large, deviennent par conséquent plus vulnérables aux orages, qui constituent un facteur important contribuant aux affichages d’avis relatifs à la baignade sur les plages. Les plages de la région de Simcoe, le long des rives ouest et nord, comptaient auparavant très peu d’affichages d’avis; mais, ces dernières années, quelques unes de ces plages ont connu des hausses de la fréquence des affichages d’avis et de leur durée.

Sur cette carte, on peut voir la fréquence et la durée totale (en jours) des avis de fermeture de 27 plages du lac Simcoe, de 2013 à 2017. La fréquence des fermetures est exprimée par la taille des pastilles et la durée des avis de fermeture, de 0 à 238 jours, est exprimée par leur couleur.

Figure 25a : Emplacement des plages du lac Simcoe surveillées, et fréquence et durée des affichages d’avis relatifs à la baignade sur les plages de 2013 à 2017.

Ces graphiques montrent la fréquence annuelle moyenne (graphique du haut, à droite) des avis d’interdiction de baignade pour les trois régions du lac Simcoe, soit Durham, York et Simcoe. Les fréquences les plus élevées des avis d’interdiction de baignade, de 2003 à 2017, ont été celles des régions de Durham et d’York. La durée de ces avis de fermeture a augmenté considérablement de 1998 à 2017 à Durham, où elles ont également duré plus longtemps que dans les régions d’York et de Simcoe.

Figure 25b : Fréquence et durée des affichages d’avis au lac Simcoe, par année, entre 1998 et 2017.

Priorité du plan : la compréhension de la variabilité face à un changement climatique

Bien que la quantité d’eau des rivières et des lacs varie de façon naturelle tout au long de l’année, les changements climatiques ont eu un effet massif sur la saisonnalité du cycle aqueux. De fortes précipitations et une fonte hivernales peuvent faire augmenter la quantité de contaminants entraînés dans le lac. Les températures estivales plus chaudes peuvent accroître la durée des conditions de faible débit, ce qui influe sur la quantité d’eau disponible pour la population et les écosystèmes aquatiques. Des niveaux élevés et de faibles niveaux du lac peuvent occasionner une plus forte érosion des berges, ce qui provoque de la sédimentation et des préoccupations quant à la qualité de l’eau.

Les changements climatiques ont déjà des effets sur le bassin hydrographique du lac Simcoe et subissent les effets de divers facteurs externes. Ces changements de débit déjà observés ont possiblement des effets sur la qualité de l’eau, sur la structure et la fonction de l’écosystème aquatique et terrestre, ainsi que sur l’intégrité des zones naturelles et des berges. Ces changements auront une incidence sur le mode de gestion, par les collectivités de tout le bassin hydrographique du lac Simcoe, des biens naturels et de l’infrastructure érigée autour d’eux. Renforcer la résilience à ces changements dans tout le bassin hydrographique est crucial pour protéger l’intégrité écologique et l’environnement construit par l’homme.

Renforcer la résilience au climat en s’attaquant aux facteurs de stress cumulatifs dans les lacs constitue une priorité du Plan environnemental pour l’Ontario, et des travaux importants sont en cours dans le bassin hydrographique du lac Simcoe. La province travaille de concert avec une variété de partenaires pour aider les communautés et les familles à se préparer aux changements climatiques, notamment par une surveillance du climat, la promotion de jardins d’eau pour accroître l’infiltration sur place, la plantation stratégique d’arbres, des efforts d’intendance et de restauration, et la mise en place d’une infrastructure verte. Ces travaux sont présentés en détail ci dessous.

La compréhension des changements climatiques locaux

La température atmosphérique annuelle médiane augmente (figure 26) et les projections climatiques prévoient que cette tendance se maintiendra dans le bassin hydrographique. Des températures atmosphériques plus chaudes ont déjà occasionné des changements dans le lac, notamment une hausse des températures de l’eau de surface durant la période sans glace (figure 27) et une durée écourtée de la couverture de glace en hiver.

S’ajoute à des températures accrues de l’air et de l’eau un changement apparent de la durée de la couverture de glace sur le lac (figure 28). En plus des répercussions socioéconomiques locales d’une saison de pêche sur la glace plus courte, ce changement peut influer sur le cycle et la répartition de l’oxygène et des nutriments dans le lac, en raison de la température du lac. À l’opposé de la température atmosphérique, les précipitations annuelles totales n’ont pas augmenté ou diminué de façon constante au cours de la période enregistrée (figure 29).

Ce graphique montre les changements dans la moyenne annuelle de la température de l’air (en degrés Celsius) de 1980 à 2018. Au cours de cette période, la température de l’air a considérablement augmenté dans l’ensemble.

Figure 26 : Médiane de la température atmosphérique annuelle, selon les mesures de la station météorologique d’Environnement et Changement climatique Canada située à Shanty Bay, au lac Simcoe.

Ce graphique montre les changements dans la température annuelle moyenne de l’eau à la surface du lac (en degrés Celsius), à 1 mètre de profondeur, de mai à septembre pour les années 1980 à 2018 chacune des stations de surveillance du lac. Au cours de cette période, la température de l’eau à la surface du lac a augmenté considérablement dans l’ensemble.

Figure 27 : Médiane de la température de l’eau du lac à une profondeur de 1 mètre durant la période sans glace (mai à septembre), selon les moyennes de toutes les stations du lac.

Ce graphique montre les changements dans la durée de la couverture de glace (en jour) de 1964 à 2018 sur le lac Simcoe. Au cours de cette période, le nombre de jours avec couverture de glace sur le lac Simcoe a diminué considérablement dans l’ensemble.

Figure 28 : Durée de la couverture de glace sur le lac Simcoe de 1964 à 2018.

Ce graphique montre les changements dans la moyenne annuelle des précipitations totales (en millimètres) de 1980 à 2018. Au cours de cette période, les précipitations totales ont varié sans qu’un changement significatif soit observé dans l’ensemble.

Figure 29 : Médiane des précipitations annuelles, selon les mesures de la station météorologique d’Environnement et Changement climatique Canada située à Shanty Bay, au lac Simcoe.

Le changement de la dynamique fluviale

La province, en collaboration avec l’Office de protection de la région de lac Simcoe, surveille les niveaux d’eau dans les ruisseaux pour détecter les changements de débit et la santé du ruisseau correspondant. Grâce à cette collaboration, l’office de protection de la nature élabore une façon plus efficace de comprendre la quantité d’eau qui doit s’écouler dans les ruisseaux du bassin hydrographique pour la bonne santé des écosystèmes fluviaux.

Le Plan de protection du lac Simcoe visait, à l’origine, l’établissement de cibles de « faible débit » singulières pour les rivières stressées. Toutefois, il est désormais établi que la bonne santé des écosystèmes fluviaux dépend d’un éventail complet de débits pour soutenir une variété de fonctions des rivières, communément appelé « régime d’écoulement ». Les rivières, comme les végétaux et les animaux qui y vivent, se sont non seulement adaptées à ces variations du débit, mais ont aussi évolué de façon à dépendre de cette variation pour l’accomplissement de fonctions clés du cycle de vie, comme le récurage et le nettoyage des frayères ou l’inondation de la végétation de la rivière qui procure un habitat.

Le but consiste maintenant à établir un « régime d’écoulement environnemental » qui favorisera une meilleure compréhension de la variation en fonction du temps, de la durée et de l’ampleur des écoulements dans les cours d’eau. Une meilleure compréhension des régimes d’écoulement facilitera la prise de décisions en cas de demandes conflictuelles pour l’eau.

Bien que le ministère et l’Office de protection de la nature de la région de lac Simcoe aient établi une cible d’écoulement simple pour la Maskinonge River (débit supérieur à zéro durant l’été), l’application d’une méthode la plus holistique aura servi plus récemment à l’établissement d’un régime d’écoulement cible pour le ruisseau Lovers et la rivière East Holland. Pour ces deux derniers cours d’eau, le changement le plus substantiel aura été l’augmentation des volumes d’écoulement associés à la croissance urbaine. Ainsi, l’atténuation de volumes d’écoulement élevés aura constitué, pour chacun de ces systèmes, un facteur clé pris en considération dans le régime d’écoulement environnemental cible.

Depuis 2009, l’Office de protection de la nature de la région de lac Simcoe a apporté un soutien technique et financier, par le truchement de son Restoration Assistance Program (programme d’aide à la restauration), pour la réalisation de 220 projets de restauration du littoral et des berges. Ces projets ont mené à la restauration de plus de 9 800 mètres de berges pour améliorer l’habitat d’espèces de poissons indigènes, étendre le couvert riverain et réduire les apports de sédiments et de nutriments dans le lac.

Le bilan hydrique et la conservation de l’eau

Les bilans hydriques sont des évaluations qui quantifient l’offre et la demande en eau, mentionnent les portions du paysage qui sont essentiels au maintien des habitats vulnérables et prévoient les pressions exercées sur la quantité d’eau. Grâce au financement de la province et de plusieurs municipalités de la région, l’Office de protection de la nature de la région de lac Simcoe a établi des bilans hydriques pour tous les sous-bassins versants, comme l’exige le Plan. Les bilans hydriques fournissent des renseignements sur la conservation des eaux et l’efficacité des plans et des décisions des municipalités concernant la croissance et l’aménagement.

Pour bien comprendre dans quelle mesure le bilan hydrique du lac provient des eaux souterraines, le ministère de l’Environnement, de la Protection de la nature et des Parcs a financé il y a peu des chercheurs de l’Université de Western Ontario pour qu’ils effectuent des relevés du déversement d’eaux souterraines dans le lac. Les résultats montrent que le déversement d’eaux souterraines près des rives du lac Simcoe représente de 5 à 10 % des apports lacustres. Ces chiffres confirment que le déversement d’eaux souterraines près des rives ne constitue pas une composante majeure du bilan hydrique du lac.

Une bonne compréhension du mode d’écoulement des eaux souterraines est aussi cruciale pour orienter les décisions liées à l’utilisation de terres. Au début de 2018, le ministère a fourni à l’Office de protection de la nature de la région de lac Simcoe les fonds nécessaires pour recueillir des données sur les eaux souterraines du sous-bassin versant de la rivière East Holland afin d’aider les planificateurs municipaux et les ingénieurs responsables des eaux pluviales à planifier des options d’infrastructure dans ce sous-bassin versant sous pression. Ces travaux aideront les municipalités à élaborer des politiques qui protégeront la qualité des eaux souterraines et leur quantité dans des zones de recharge vulnérables sur le plan écologique, ce qui constitue une exigence du Plan.

Pour favoriser davantage la conservation de l’eau et l’efficience des entreprises locales du bassin hydrographique, le ministère a également financé Tourism Barrie, l’Université Ryerson et l’organisation touristique de la région 7 pour qu’ils encouragent l’adoption de pratiques récréatives et touristiques durables. Les huit Greening Guides (guides d’écologisation) créés, propres à chaque secteur, portent sur des questions d’aménagement et présentent des recommandations pour une utilisation efficiente des ressources (y compris la conservation de l’eau). Durant les années 2015 et 2016, le coordonnateur de projet a communiqué avec 300 entreprises favorables à l’élaboration de plans de durabilité individuels.

Le développement à faible impact

Low Impact Development (développement à faible impact) est une méthode d’aménagement du territoire et de conception technique visant la gestion du ruissellement des eaux pluviales qui s’inspire de l’écoulement naturel de l’eau en mettant à contribution les éléments naturels afin de favoriser l’infiltration sur place, dans le sol. Cette méthode réduit au minimum l’incidence du développement urbain en entraînant une diminution du volume d’écoulement des eaux pluviales ainsi que la quantité de sédiment qu’elles transportent.

L’Office de protection de la nature de la région de lac Simcoe soutient l’achèvement de plusieurs projets municipaux de démonstration dans Newmarket, Aurora et Bradford/West Gwillimbury afin que les résidents et les propriétaires fonciers comprennent mieux les avantages d’un développement à faible impact. Plusieurs rénovations faisant appel à des méthodes de développement à faible impact ont été achevées depuis 2015 :

  • le projet d’aire de stationnement du centre communautaire d’Aurora, à Aurora;
  • la réfection des rues Kennedy et Temperance et du chemin Ransom Court, à Aurora;
  • le projet de Forest Glen, à Newmarket;
  • le projet d’aire de stationnement du complexe de loisirs Ray-Twinney, à Newmarket;
  • le projet de Magna Centre, à Newmarket;
  • le renforcement de la rue Queen, à Newmarket;
  • le projet de démonstration de développement à faible impact du siège social de l’Office de protection de la nature de la région de lac Simcoe;
  • la réfection de l’aire de stationnement de la rue May, à Bradford/West Gwillimbury.

Depuis 2009, l’office de protection de la nature a tenu des ateliers sur le développement à faible impact en tant qu’outil de gestion des eaux pluviales, auxquels ont pris part 556 spécialistes de l’environnement et plus de 536 membres du personnel municipal, et a mentionné d’autres possibilités d’instaurer cette pratique dans chaque municipalité.

De 2015 à 2017, l’Office de protection de la nature de la région de lac Simcoe a mis au point « l’outil de formation sur le traitement du développement à faible impact » en partenariat avec les offices de protection de la nature de Credit Valley et de la région de Toronto, à l’aide du financement du ministère. Cet outil présente des méthodes cohérentes, ouvertes et faciles à utiliser pour l'évaluation des pratiques de conception liées au développement à faible impact partout en Ontario, afin d’aider les promoteurs, les consultants, les municipalités et les propriétaires fonciers. Dans le contexte du bassin hydrographique du lac Simcoe, l’outil procure aux spécialistes une solution pour montrer en quoi des changements proposés sur le chantier réduiront ou élimineront l’exportation de phosphore, conformément à la politique de compensation du phosphore du lac Simcoe.

En 2017, le ministère a financé le programme multiservices STEP (Sustainable Technologies Evaluation Program), dirigé par l’Office de protection de la nature de la région de lac Simcoe, afin d’accroître la sensibilisation et la connaissance des saines pratiques de gestion préconisées pour l’aménagement, la conception, la construction et l’inspection des installations à faible impact. Les responsables ont mis le tout au point en créant le « Low Impact Development WIKI » (wiki sur le développement à faible impact), une plateforme qui facilite le dialogue et la documentation à propos de ces nouvelles méthodes dans le contexte ontarien. Ces outils Web faciles à utiliser fournissent de l’aide pour le processus de conception et pour la sélection des saines pratiques de gestion qui conviennent dans différents contextes d’aménagement.

L’adaptation de la plantation d’arbres aux changements climatiques

Le maintien, l’expansion et la densification du couvert forestier dans tout le bassin hydrographique sont importants pour la protection et la restauration de la qualité de l’eau dans le lac. Les effets des changements climatiques, comme les températures plus élevées, une saison de croissance prolongée et des schémas de précipitations variables peuvent tous influer sur la santé des forêts du bassin hydrographique. Grâce aux fonds octroyés en 2018 par le ministère de l’Environnement, de la Protection de la nature et des Parcs, l’Office de protection de la nature de la région de lac Simcoe a mené à bien une étude exhaustive visant à relever les défis auxquels sont confrontées les forêts de la région en raison des changements climatiques. À l’aide de projections de la diversité climatique, l’étude, intitulée « Adapting Forestry Programs for Climate Change » (adaptation des programmes de foresterie aux changements climatiques), a mené à la formulation d’une série de recommandations pour l’adaptation de la gestion des forêts et des arbres, et à une liste révisée des espèces d’arbres et d’arbustes de ce bassin hydrographique qui seront les plus résilientes. L’office de protection intègre ces espèces à ses programmes et transmet les renseignements aux municipalités partenaires, aux offices de protection de la nature et aux organisations environnementales non gouvernementales du bassin hydrographique du lac Simcoe.

Le partenariat avec des communautés autochtones pour l’adaptation au climat

La province s’est engagée dans la mise en œuvre du Plan de protection du lac Simcoe à établir et à maintenir des relations avec les Premières Nations. La Première Nation Chippewas de Georgina Island a participé activement à la conception, à l’élaboration et à la mise en œuvre de plusieurs initiatives dans le cadre du Plan. En 2015 et en 2016, la province a octroyé à la Première Nation Chippewas de Georgina Island les fonds nécessaires à l’élaboration de la Climate Change Adaptation Strategy (stratégie d’adaptation aux changements climatiques) pour la région, qui intègre le savoir écologique traditionnel à propos des changements du climat et de la météo, des végétaux, des animaux, des terres et de l’eau. Ces travaux se sont étendus aux communautés de Beausoleil et de Rama de la Première Nation, en ayant pour point névralgique le renforcement de leurs capacités d’adaptation aux changements climatiques et l’atténuation des répercussions sur les terres et les eaux, y compris celles du bassin hydrographique du lac Simcoe.

Priorité du plan : la protection et l'enrichissement du patrimoine naturel

Le Plan de protection du lac Simcoe et le Plan environnemental pour l’Ontario reconnaissent l’importance des zones du patrimoine naturel (p. ex. terres boisées, milieux humides), des parcs et des espaces verts pour la santé générale de l’écosystème. Ces zones procurent des fonctions essentielles et des bienfaits culturels, sociaux et économiques, en plus de leur lien étroit avec la qualité de l’eau et sa quantité.

Le Plan de protection du lac Simcoe s’inspire de mesures de protection pour le bassin hydrographique du lac Simcoe qui sont fournies dans des plans provinciaux s’appliquant à la totalité ou à une partie du bassin, notamment le Plan de conservation de la moraine d’Oak Ridges, le Plan de la ceinture de verdure et « En plein essor : Plan de croissance de la région élargie du Golden Horseshoe ».

En février 2018, la province a publié un rapport sur les Natural Heritage Systems (systèmes naturels patrimoniaux) à l’appui des politiques de « En plein essor ». En plus de cet ajout, la province a mentionné la cartographie des systèmes naturels patrimoniaux, effectuée à une échelle régionale, qui présente la totalité du bassin hydrographique du lac Simcoe, détachée des zones de peuplement existantes.

L’Office de protection de la région de lac Simcoe a aussi apporté en 2018 la dernière touche à sa Natural Heritage System and Restoration Strategy (stratégie relative aux systèmes naturels patrimoniaux et de restauration) pour le bassin hydrographique du lac Simcoe. La stratégie reconnaît que les éléments du patrimoine naturel jouent un rôle de premier plan dans l’atténuation des répercussions de l’expansion urbaine et des changements climatiques, tout en faisant profiter de nombreux bienfaits à la population qui réside dans le bassin hydrographique. Dans le cadre de la stratégie, l’office de protection de la nature a repéré et cartographié les principaux éléments du patrimoine naturel, et ciblé les possibilités de renforcement. En collaboration avec d’autres intervenants et des partenaires, l’office de protection de la nature dirige la mise en place de 39 mesures de suivi visant à rendre le système naturel patrimonial plus résilient, pour un lac Simcoe plus sain.

La prise de mesures pour protéger et restaurer les espaces verts

Une adolescente portant un casque protecteur et des gants de travail est agenouillée dans un champ pour couper la branche d’un arbre à l’aide d’une égoïne.
Figure 30 : Jeune brigadière arrachant un pin sylvestre et des espèces envahissantes dans le bassin hydrographique du lac Simcoe.

Le bassin hydrographique du lac Simcoe a bénéficié d’équipes dévouées de jeunes brigadiers d’intendance environnementale du ministère des Richesses naturelles et des Forêts de 2014 à 2018. Les brigadiers ont fourni un soutien pratique à une variété de partenaires mettant en œuvre des projets d’intendance sur le terrain (figure 30). Les jeunes brigadiers ont travaillé à des projets comme l’entretien et la création de sentiers, la surveillance et l’élimination d’espèces envahissantes, des plantations d’arbres indigènes, des entreprises de nettoyage des berges, des activités d’apprentissage des techniques de pêche et des relevés des poissons et des espèces sauvages.

En plus du concours des jeunes brigadiers, le ministère des Richesses naturelles et des Forêts a financé de nombreux projets de restauration par l’entremise de partenariats formés dans tout le bassin hydrographique. Des organismes comme Ontario Streams et South Simcoe Stream Network ont lancé des projets de mise en valeur des cours d’eau et de plantations riveraines, et Canards Illimités a créé et restauré des milieux humides.

L’association South Simcoe Streams Network, en partenariat avec la ville d’Innisfil, l’Office de protection de la nature de la région de lac Simcoe, le Dufferin Simcoe Land Stewardship Network, Canards Illimités et le ministère des Richesses naturelles et des Forêts, a mené à bien en 2016 la désaffection de l’étang du parc du Centenaire dans les eaux d’amont du ruisseau Lovers. Ce projet visait à améliorer le passage des poissons, à atténuer les effets thermiques entraînés par l’étang et à restaurer le régime d’écoulement et de sédimentation dans le ruisseau. Environ 1,4 hectare de l’écosystème palustre et aquatique existant a été restauré, et 0,1 hectare d’habitat, créé par la construction d’un canal de dérivation (figure 31 et figure 32).

Photo aérienne, par une journée ensoleillée du début de l’automne, montrant un grand étang d’eau libre comportant un canal sur la droite et entouré d’une forêt.
Figure 31 : Canal de dérivation nouvellement construit et restauration du milieu humide à l’étang du Centenaire.
Un groupe réunissant de nombreuses personnes disséminées le long d’un canal, par une journée froide de l’automne, qui creusent à l’aide de pelles des trous destinés à recevoir des arbres.
Figure 32 : Activité bénévole de plantation d’arbres afin de naturaliser la zone riveraine du canal de dérivation nouvellement construit.

Le ministère des Richesses naturelles et des Forêts a aussi financé le Lake Simcoe Community Stewardship Program (programme d’intendance communautaire du lac Simcoe) de 2009 à 2012, ce qui a fourni un soutien financier et technique aux propriétaires fonciers du bassin hydrographique. Le programme se poursuit en tant que programme d’intendance du lac Simcoe et de la baie Georgienne jusqu’en 2017, pour ensuite devenir le Dufferin Simcoe Land Stewardship Network. Ce programme a financé l’entreprise de projets d’intendance sur le terrain qui ciblaient des éléments du littoral, riverains et du patrimoine naturel, comme des milieux humides, afin de réduire les apports de nutriments et de restaurer plus facilement les habitats naturels présents dans le bassin hydrographique.

Voici quelques réalisations estimées du programme entre 2008 et 2017 :

  • l’achèvement de plus de 50 projets d’intendance
  • la restauration de 15 km de berges détériorées
  • la plantation de plus de 55 000 arbres et arbustes
  • la création ou la restauration de 120 hectares de milieux humides
  • la réparation ou le remplacement de 160 installations septiques défectueuses

Le projet de restauration du riz sauvage au lac Simcoe

De 2010 à 2018, le ministère des Richesses naturelles et des Forêts a dirigé un projet de restauration du riz sauvage au lac Simcoe, en partenariat avec les Premières Nations Chippewas de Georgina Island et de Rama. Compte tenu de l’utilisation traditionnelle du riz sauvage dans les communautés des Premières Nations installées dans le bassin hydrographique et de son importance écologique (p. ex. habitat d’alevinage pour jeunes poissons, couvert pour une variété d’espèces de gros poissons d’eau chaude et source d’alimentation préférée de la sauvagine), le projet visait à restaurer la population de riz sauvage là où elle avait déjà été florissante. D’autres partenaires, comme Ontario Streams, Aurora Bassmasters et Floating Leaf Fine Foods, ont soutenu les efforts de restauration du riz sauvage au lac Simcoe et près du lac Couchiching. À ce jour, la plantation a restauré des colonies le long de la rive sud de l’île Georgina, à la rivière Talbot et à Barnstable Bay. La dernière plantation, en 2018, a eu lieu dans la région du passage Atherley et au lac Couchiching. Bien que ce programme vise, entre autres objectifs, la récolte du riz sauvage à des fins alimentaires, les partenaires conviennent à l’heure actuelle qu’il faut laisser tranquilles les colonies qui commencent à s’établir jusqu’à ce qu’elles soient suffisamment denses pour permettre une récolte.

Le suivi des changements du paysage

Le ministère des Richesses naturelles et des Forêts a évalué les changements subis par le couvert boisé et le milieu humide dans l’aire d’étude de la Loi sur la protection du lac Simcoe sur une période de 10 ans s’échelonnant de 2005 à 2015, en ayant recours aux données du Système d’information sur les terres du Sud de l’Ontario (tableau 2). Les tendances montrent des pertes minimales de terres boisées et de milieux humides sur une période de 10 ans allant de 2005 à 2015 (la superficie des terres boisées a diminué de 1 % et celle des milieux humides, de moins de 1 %). Les valeurs sont constantes sur les périodes de 2 et de 5 ans (2005 à 2010 et 2010 à 2015). Toutes les pertes de milieux humides ont touché l’intérieur des terres du lac Simcoe, alors que les milieux humides côtiers (ceux situés le long des berges du lac Simcoe et de la rivière Holland ont subi les effets des niveaux d’eau du lac Simcoe) sont restés intacts au cours de la décennie observée.

Tableau 2 : Inventaire des terres boisées et des milieux humides du Système d’information sur les terres du Sud de l’Ontario pour l’aire à l’étude de la Loi sur la protection du lac Simcoe
Catégorie de couvert terrestreInventaire de référence année 2000 (hectares)Inventaire de référence année 2005 (hectares)Inventaire de référence année 2010 (hectares)Inventaire de référence année 2015 (hectares)
Terres boisées41 92741 71041 49441 206
Milieux humides (total)49 63549 40449 21148 985
Milieux humides côtiers2 2622 2622 2622 262
Milieux humides intérieurs47 37347 14246 94946 723

Pour parvenir à atteindre les 40 % de couverture végétale naturelle dans le bassin hydrographique du lac Simcoe visée par le Plan, l’Office de protection de la nature de la région de lac Simcoe a adopté officiellement une Ecological Offsetting Policy (politique de compensation écologique) en 2017. Cette politique cible la perte d’éléments du patrimoine naturel qui sont parfois nécessaires pour faire place à un aménagement. En cas de perte d’un élément dans le paysage, la politique exige que le promoteur immobilier recrée un élément ailleurs, selon un rapport de 2:1 pour les terres boisées et de 3:1 pour les milieux humides, assurant ainsi le maintien et l’expansion du couvert naturel total dans le bassin hydrographique. Elle trouve un important équilibre entre conservation et croissance économique en facilitant l’aménagement de terres convoitées sur le plan stratégique tout en faisant respecter le principe d’« aucune perte nette ». En reconnaissance du fait que les éléments du patrimoine naturel ne sont pas tous facilement remplaçables, la compensation écologique n’est envisagée qu’en l’absence d’une autre option. La mise en application de cette politique, dirigée par l’Office de protection de la nature de la région de lac Simcoe, aide autant les municipalités que la communauté d’aménagement du bassin hydrographique.

L’évaluation d’un couvert naturel de haute qualité

Le Plan de protection du lac Simcoe comprend une cible de 40 % de couvert végétal naturel de haute qualité dans le bassin hydrographique. Le couvert naturel se compose de terres boisées, de marécages, de milieux humides sans arbres, de prés, d’alvars (un sol herbagé qui abrite un groupe distinct d’herbacés), de prairies herbeuses, de landes sablonneuses et de savanes. En 2008-2009, le bassin hydrographique comptait 35 % de couvert naturel général, mais il n’existait alors aucune donnée ou méthodologie permettant de déterminer la proportion de celui-ci qui était de haute qualité. Pour définir un couvert naturel de haute qualité, il fallait disposer d’indicateurs de végétation structuraux (quantité) et compositionnels (espèces présentes), que seul un programme de surveillance au niveau du site conçu avec soin permettait d’obtenir.

Le ministère des Richesses naturelles et des Forêts et le ministère de l’Environnement, de la Protection de la nature et des Parcs ont travaillé de concert avec l’Université de Toronto pour mettre sur pied un programme de surveillance du bassin hydrographique fondé sur le Vegetation Sampling Protocol (VSP) (protocole d’échantillonnage de la végétation). En 2017 ont eu lieu le premier échantillonnage de référence à grande échelle et la première évaluation du couvert naturel du bassin hydrographique. Cet effort tirait parti des quatre années précédentes de programmes pilotes, d’échantillonnage, de recherches et de contacts établis avec les propriétaires fonciers de tout le bassin hydrographique. L’échantillonnage réalisé en 2017 portait sur un total de 422 lopins de terre situés dans des zones naturelles de tout le bassin hydrographique du lac Simcoe, couvrant 19 des 20 sous-bassins versants, ce qui dépassait la cible de 350 lopins de terre qui avait été fixée (figure 33). Tout au long des travaux de 2017, les données nécessaires du terrain recueillies sur les lopins de terre ont par la suite servi à établir une condition de base et à créer l’indice d’un couvert naturel de haute qualité. Nous avons également repéré et cartographié des zones de couvert naturel de haute qualité d’une superficie de 25 hectares ou plus, dont les données sont présentées dans le Catalogue de données ouvertes de l’Ontario.

L’indice du couvert naturel de grande qualité consiste en une mesure composite de plusieurs indicateurs particuliers de la qualité. Les indicateurs compris dans la définition de « haute qualité » dépendent du type de couvert naturel, notamment la biomasse aérienne, la qualité floristique, l’indice d’absence de végétation, la biomasse aérienne morte, la régénération forestière et l’indice de la structure verticale du couvert forestier.

Il est possible d’extraire chacun de ces indices, de même que l’indice composite de la « haute qualité », pour chacun des lieux d’échantillonnage et de les utiliser plus tard pour faciliter la modélisation et la cartographie sur toute la superficie du bassin hydrographique. Les cartes d’indices modélisés pour tout le bassin hydrographique fourniront les renseignements nécessaires à la prise de mesures et de décisions de gestion adaptative qui feront progresser vers l’atteinte de la cible du Plan de 40 % de couvert végétal naturel de haute qualité.

Carte montrant les limites du bassin hydrographique du lac Simcoe; les surfaces d’échantillonnage sont identifiées par des points.

Figure 33 : Sites du protocole VSP échantillonnés dans le bassin hydrographique du lac Simcoe entre le 30 mai et le 28 août 2017.

L’estimation de la biomasse et du carbone

Les forêts constituent les sources de végétation naturelle prépondérantes dans le bassin hydrographique du lac Simcoe. Ce sont les principaux éléments de structure de paysages résilients et fonctionnels et des options relativement économiques pour accroître le stockage de carbone terrestre et favoriser une réduction des gaz à effet de serre dans l’atmosphère. La productivité des écosystèmes forestiers et leur capacité à renforcer des fonctions écologiques cruciales comme le cycle des nutriments, la provision d’habitats, le maintien du cycle hydrologique, de même que la séquestration et le stockage du carbone, peuvent se manifester par l’entremise de la biomasse aérienne vivante. La biomasse forestière aérienne est un des indicateurs de surveillance terrestres qui sert également de mesure du stock de carbone. En combinant les données de terrain tirées du projet du protocole VSP aux données de télédétection, l’Université de Toronto, avec le financement de la province, a créé des cartes pour estimer la quantité de biomasse forestière et de carbone présente dans le paysage du bassin hydrographique.

Ces cartes constituent une solution intuitive pour faire participer les intervenants et les propriétaires fonciers aux débats concernant les marchés de compensation du carbone et aux mesures d’atténuation des changements climatiques, puisqu’ils sont en mesure de voir sans difficulté les estimations des stocks de carbone potentiels. Ces cartes peuvent également servir à montrer une nette variation du stock de carbone en lien avec les types de forêts, leur âge et la productivité du site.

Les cartes qui en découlent permettront de prendre des mesures de gestion du bassin hydrographique en temps opportun en procurant les renseignements nécessaires à la conception de systèmes naturels patrimoniaux et à l’aménagement du territoire. Elles faciliteront aussi le repérage des endroits où entreprendre des activités réactives en vue de minimiser la présence d’espèces végétales envahissantes qui ont été découvertes dans le bassin hydrographique.

Les communautés de plantes aquatiques

La surveillance assurée par l’Office de protection de la nature de la région de lac Simcoe a montré que la communauté de plantes aquatiques du lac Simcoe a subi des changements marqués depuis la mise en œuvre du Plan. Bien que la majorité des végétaux aquatiques occupe une part naturelle, normale et nécessaire d’un écosystème lacustre sain, en servant d’abri aux poissons, en ralentissant l’érosion des berges et en permettant la fixation des sédiments, plusieurs plantes aquatiques envahissantes nuisent à la diversité des espèces et modifient l’habitat en eaux peu profondes.

Les trois cartes de la figure 34 montrent la quantité totale de plantes aquatiques présentes dans le lac, selon des échantillons prélevés à plus de 200 endroits, le vert foncé indiquant les plus fortes quantités de végétaux. Les relevés ont permis de consigner 23 espèces végétales submergées dans le lac, dont 3 espèces envahissantes : le myriophylle en épi (premier signalement en 1984), le potamot crépu (1984) et le chara étoilé (2009). Les zones lacustres ayant les plus fortes quantités de plantes en croissance ont continué de connaître des hausses en raison de la présence d’un habitat convenable (forte luminosité, à l’abri du vent et des vagues, et sédiments meubles auxquels s’accrocher), ainsi que des densités accrues d’espèces envahissantes.

Figure 34a
Figure 34b
Figure 34c

Figure 34 : Végétaux aquatiques dans le lac Simcoe en fonction du temps, selon des échantillons prélevés à plus de 200 endroits.

Priorité du plan : la lutte contre les espèces envahissantes

Le Plan environnemental pour l'Ontario mentionne que les espèces envahissantes soulèvent de grandes préoccupations environnementales. Les espèces envahissantes peuvent nuire aux poissons et aux espèces sauvages indigènes, et constituent la deuxième plus importante cause de perte de biodiversité dans le monde. Elles perturbent également l’économie, tant régionale que provinciale. Le chara étoilé, par exemple, un envahisseur aquatique qui se propage en nappes denses, peut influer sur la navigation, la natation et d’autres activités récréatives pratiquées dans le lac Simcoe.

Figure 35 : Liste de surveillance des espèces envahissantes du lac Simcoe

Longicorne asiatique

Menaces pour les forêts

  • Longicorne asiatique
  • Puceron lanigère de la pruche
  • Vigne japonaise
  • Flétrissure du chêne
Sanglier sauvage

Menaces pour la faune

  • Sanglier sauvage
  • Maladie débilitante chronique des cervidés
Stratiote faux-aloès

Menaces pour l’eau

  • Stratiote faux-aloès
  • Myriophylle aquatique
  • Hydrille verticilée
  • Élodée dense
  • Cabomba de Caroline
Carpe asiatique

Menaces pour la vie aquatique

  • Carpe asiatique
  • Poisson à tête de serpent
  • Pseudorasbora parva (goujon asiatique)
  • Écrevisse de Murray
  • Silure glane
  • Tanche

Une récente étude réalisée par le Centre de lutte contre les espèces envahissantes a estimé que l’impact des espèces envahissantes en Ontario se chiffrait à 3,6 milliards de dollars par année, les municipalités et les offices de protection de la nature ayant dépensé au moins 50,8 millions de dollars entre 2017 et 2019. Les estimations des dépenses annuelles engagées dans la lutte et la gestion des espèces envahissantes par neuf municipalités de palier inférieur et de palier supérieur et un office de protection de la nature œuvrant dans le bassin hydrographique du lac Simcoe étaient de l’ordre de 3,73 millions de dollars. La prévention de l’introduction et de l’établissement d’espèces envahissantes constitue la méthode la plus efficace et la moins coûteuse pour gérer les intruses.

L’Ontario collabore avec plusieurs partenaires de conservation présents dans le bassin hydrographique du lac Simcoe pour coordonner les activités de prévention, de lutte, de recherche et de gestion qui favoriseront l’éradication de cette sérieuse menace. La sensibilisation publique et la mobilisation de particuliers pour la prise de mesures préventives sont essentielles pour éviter l’introduction et la survie de nouvelles espèces.

La Loi de 2015 sur les espèces envahissantes de l’Ontario

En 2009, la portée des instruments réglementaires en place pour lutter contre les espèces envahissantes était limitée. En 2015, l’Ontario a adopté la Loi sur les espèces envahissantes. La Loi et son règlement (Règlement de l’Ontario 354/16) sont entrés en vigueur en 2016. La Loi porte essentiellement sur la prévention de l’introduction et de la propagation d’espèces envahissantes (tant terrestres qu’aquatiques) qui menacent l’environnement naturel de l’Ontario. Elle fournit des outils législatifs pour interdire et restreindre certaines espèces envahissantes et leurs transporteurs (voies d’accès) qui favorisent la propagation d’espèces envahissantes.

Sur la liste de surveillance des espèces envahissantes du lac Simcoe (figure 35), 13 ont été réglementées en 2016 en tant qu’espèces interdites en vertu de la Loi. La réglementation d’autres espèces envahissantes pourrait être envisagée, en vertu de la Loi, afin de soutenir les efforts de prévention dans le lac Simcoe. La réglementation en vertu de la Loi des principales voies d’accès pour l’introduction d’espèces envahissantes (p. ex. navigation récréative) pourrait également être étudiée.

La prévention des espèces envahissantes dans le lac Simcoe

Guidé par le Plan, le ministère des Richesses naturelles et des Forêts a établi une liste de surveillance des espèces envahissantes du lac Simcoe afin de concentrer les efforts de prévention et de donner la priorité aux espèces envahissantes menaçant le bassin hydrographique du lac Simcoe qui posent les plus grands risques. Cette liste, présentée à la figure 35, comprend 22 espèces envahissantes menaçant l’environnement naturel du lac Simcoe qui ont été repérées puis inscrites.

Le ministère des Richesses naturelles et des Forêts et ses partenaires ont dirigé la mise en place de plusieurs mesures pour freiner l’introduction et l’établissement de ces espèces nuisibles dans le bassin hydrographique. En 2016, 13 espèces inscrites sur la liste de surveillance du lac Simcoe ont été réglementées en tant qu’espèces envahissantes interdites en vertu de la Loi sur les espèces envahissantes de l'Ontario. D’autres espèces de la liste de surveillance font aussi l’objet d’un examen en vue d’une réglementation, puisqu’elles ne sont pas déjà visées efficacement par d’autres lois provinciales ou fédérales en vigueur. Pour mieux soutenir les mesures de détection et d’intervention précoces, le ministère et ses partenaires ont encouragé la déclaration citoyenne à l’aide d’outils, comme Early Detection and Distribution Mapping System for Ontario (cartes du système de détection précoce et de la répartition pour l’Ontario). Cet important outil fait un suivi en temps réel des occurrences d’espèces envahissantes en Ontario. Le ministère a formé un partenariat avec la Fédération des Pêcheurs et Chasseurs de l’Ontario et d’autres pour faire connaître et mettre en œuvre de solides programmes d’intervention communautaire pour engager des pêcheurs à la ligne, des plaisanciers et des jardiniers dans les efforts de prévention, notamment :

  • opération Bateau propre 2014-2017 (4 000 plaisanciers et pêcheurs à la ligne contactés);
  • opération Seau d’appâts 2011-2017 (6 000 pêcheurs sur glace contactés);
  • projet Bateaux propres et bons tournois 2016-2017 (10 tournois);
  • promotion du programme Grow Me Instead (plante de remplacement) de l’Ontario Invasive Plant Council, et plantes indigènes de remplacement dans les centres de jardinage.

L’utilisation et la circulation des appâts (c. à d. poissons-appâts et sangsues) pour la pêche représentent une voie d’accès potentielle pour la propagation d’espèces envahissantes aquatiques et de maladies. Ces 10 dernières années, le ministère a pris les mesures suivantes pour atténuer les risques de propagation d’espèces envahissantes aquatiques dans le bassin hydrographique du lac Simcoe causés par des activités liées au commerce des appâts :

  • établissement d’une zone de gestion au lac Simcoe, qui restreint les mouvements commerciaux d’appâts vivants et morts récoltés à l’extérieur du bassin hydrographique afin qu’ils ne pénètrent pas dans cette zone;
  • restriction, pour les exploitants de commerces d’appâts, quant à la détention de poissons-appâts vivants dans des étangs situés dans la plaine inondable, à moins d’avoir mis en place des mesures prescrites pour éviter la fuite ou la libération accidentelle d’organismes dans le lac Simcoe ou les eaux réceptrices;
  • restriction quant à la détention de poissons-appâts vivants dans un dispositif de retenue de poissons vivants dans des ruisseaux naturels, des rivières, des étangs ou des lacs dans les bassins hydrographiques du lac Simcoe et du lac Couchiching, à moins que les poissons-appâts proviennent de ces eaux;
  • examen complet de toutes les politiques en vigueur en matière d’appâts et proposition d’un nouveau cadre politique pour la « Stratégie ontarienne de gestion durable des appâts ». La politique proposée vise à favoriser une réduction des risques écologiques associés à la récolte, aux mouvements et à l’utilisation d’appâts, tout en assurant une marge de manœuvre aux pêcheurs à la ligne et aux exploitants de commerces d’appâts.

L’aloès d’eau

Les récentes réalisations du ministère des Richesses naturelles et des Forêts dans sa lutte contre l’aloès d’eau, une plante envahissante, montrent l’importance des efforts déployés pour cibler les espèces envahissantes. L’aloès d’eau est une plante aquatique originaire d’Europe qui était vendue pour les jardins d’eau, avant sa réglementation en 2016. Dès sa détection dans la rivière Black, en 2015, le ministère a formé des partenariats avec des intervenants clés afin de mettre au point et en œuvre un plan d’intervention rapide qui refrénerait la propagation de cette plante et lutterait contre elle. Les activités de lutte se sont poursuivies jusqu’à l’automne 2016, suivies d’activités de surveillance tout au long de 2017 et de 2018 (figure 36 et figure 37). La surveillance de suivi montre l’efficacité de ces efforts pour enrayer la plante à cet endroit.

Une femme assise dans une chaloupe, par une journée ensoleillée, referme le bouchon d’une bouteille utilisée pour le prélèvement d’un échantillon d’eau dans la rivière

Figure 36 : Employée du ministère des Richesses naturelles et des Forêts prélevant des échantillons d’ADN environnemental pour faire le suivi des efforts d’éradication de l’aloès d’eau.

Une femme, avec dans la main une botte de stratiote faux-aloès, dans une chaloupe contenant une abondance de plantes récemment arrachées dans la rivière

Figure 37 : Employée du ministère des Richesses naturelles et des Forêts en train de retirer des plans d’aloès d’eau de la rivière Black.

Les moules zébrées et quaggas

Certaines espèces envahissantes, comme les moules zébrées et quaggas, sont présentes depuis de nombreuses années dans le lac Simcoe d’où il est impossible de les extirper. L’Office de protection de la nature de la région de lac Simcoe procède à une surveillance continue pour faire un suivi de la propagation et de l’abondance des moules envahissantes, ainsi que de leurs effets sur l’écosystème du lac Simcoe. Les responsables ont découvert que le changement le plus important subi par la communauté des invertébrés qui vit au fond du lac Simcoe aura été un transfert de domination des moules zébrées aux moules quaggas. Ce changement est survenu dans le lac Simcoe autour de 2010 et concorde avec les changements signalés dans d’autres lacs où vivent les deux espèces envahissantes de moules. Les moules quaggas sont en concurrence avec les moules zébrées pour l’alimentation et l’habitat convenable. Les moules quaggas, qui ont l’avantage d’avoir une recherche de nourriture et une reproduction actives dans des eaux plus froides, peuvent tolérer plus longtemps des périodes prolongées de faible disponibilité de nourriture (algues), en plus de pouvoir coloniser des substrats meubles au fond du lac. Cette capacité à coloniser des sédiments meubles a ouvert les zones plus profondes du lac Simcoe (inférieures à 20 mètres de profondeur, où le fond du lac se compose principalement d’un fin limon) à la colonisation par les moules quaggas.

Les cartes de la figure 38 montrent un changement de la quantité de moules zébrées et quaggas enregistrée dans les 2 relevés effectués en 2009 et en 2015 dans plus de 700 emplacements chacun. Les couleurs foncées indiquent de plus fortes quantités de chaque espèce. La quantité de moules zébrées a subi une forte réduction entre 2009 et 2015, tandis que les moules quaggas ont augmenté, surtout dans les zones d’eaux profondes du bassin principal et de la baie de Kempenfelt. Une surveillance annuelle réalisée jusqu’en 2017 a montré la poursuite du déplacement des moules quaggas dans les eaux plus profondes du lac.

Moules zébrées de 2009
Moules quagga de 2009
Moules zébrées de 2015
Moules quagga de 2015

Figure 38 : Transfert des moules zébrées aux moules quaggas de 2009 à 2015

Le transfert des moules zébrées aux moules quaggas a eu de nombreux effets sur le lac, notamment :

  • des modifications du réseau trophique et, par conséquent, du courant d’énergie dans les habitats en eaux profondes;
  • une prolifération (p. ex. recouvrement) de moules quaggas sur l’infrastructure (p. ex. tuyaux de prise d’eau) qui se trouvaient auparavant à une profondeur de 20 mètres sous l’eau pour éviter une colonisation par les moules zébrées;
  • une diminution de la densité d’autres invertébrés qui vivent au fond du lac. Cette tendance fait l’objet d’une enquête plus approfondie, mais est sans doute attribuable à la concurrence avec les moules quaggas pour la nourriture, elles qui sont plus efficaces pour extraire les aliments de l’eau.

Appel à l'action

Sur l’eau, dans le jardin, au chalet ou sur un sentier, vous pouvez participer à l’éradication des espèces envahissantes et protéger notre environnement. Voici les gestes à poser :

  • Apprenez les règles de l’Ontario pour prévenir et contrôler la propagation d'espèces envahissantes présentant un risque élevé.
  • Contrôlez les plantes envahissantes présentes sur votre propriété. Voici quelques conseils utiles sur les meilleurs moyens de les retirer en évitant leur propagation.
  • Jardinez de façon responsable. Optez pour des plantes indigènes ou non envahissantes et évitez de transplanter des plantes du jardin de votre domicile au chalet, ou vice versa. Construisez votre jardin d’eau loin des cours d’eau naturels afin de prévenir les échappées involontaires.
  • Ne les laissez pas aller! Ne relâchez jamais de plantes ou d’animaux d’aquarium. Certains animaux de compagnie, comme les poissons rouges, sont des espèces envahissantes.
  • Nettoyez, essorez et asséchez votre embarcation et vos apparaux avant de vous rendre dans un autre plan d’eau. Des plantes aquatiques, des moules et autres petites bêtes envahissantes peuvent s’agripper à votre embarcation pour être transportées dans un autre lac.
  • Allez pêcher de façon responsable. Prenez connaissance des règles. Utilisez des appâts locaux; récoltez-les ou achetez-les aussi près que possible de l’endroit où vous compter pêcher. Ne vous débarrassez jamais de vos appâts dans le lac ou sur la glace.
  • Restez dans le sentier et n’oubliez pas de nettoyer des choses comme les bottes de randonnée, les bicyclettes et les VTT afin d’éviter de propager accidentellement des plantes envahissantes et leurs graines dans votre zone naturelle préférée.
  • Campez ou séjournez au chalet de façon responsable. Utilisez du bois à brûler coupé dans les environs. Le bois peut abriter un organisme nuisible ou une maladie qui peut endommager nos forêts. Évitez d’en transporter sur de longues distances.
  • Signalez les envahisseurs. Composez le numéro sans frais de la ligne d’assistance téléphonique pour les espèces envahissantes, au 1 800 563-7711 , ou visitez EDDSMapS Ontario (en anglais seulement) pour signaler une observation.

Les étapes suivantes

Le gouvernement de l’Ontario est conscient de l’importance du lac Simcoe et tient résolument à protéger son écosystème. À l’orée d’une nouvelle décennie de travaux de protection du lac Simcoe, nous n’échapperons pas aux multiples difficultés qui nous attendent. Les facteurs de stress auxquels le bassin hydrographique du lac Simcoe est soumis sont complexes et cumulatifs, et les changements climatiques continueront de nuire à l’écosystème local. La pression continuellement exercée par l’urbanisation et la croissance, de même que la nécessité de contrôler les voies d’accès de nouvelles espèces envahissantes exigeront l’application de solutions novatrices.

Ce rapport montre que nos efforts pour protéger le lac portent des fruits, et que nous progressons vers l’atteinte des objectifs de la Loi sur la protection du lac Simcoe et du Plan. Grâce à des recherches scientifiques et à une surveillance continues, nous sommes en mesure de faire le suivi des progrès accomplis et de prendre des décisions éclairées par des données scientifiques probantes. Les travaux que nous accomplissons pour réduire l’introduction de polluants et de nutriments préoccupants et pour promouvoir une utilisation durable des terres et de l’eau mènent à l’apport de changements positifs dans tout le bassin hydrographique. Nous œuvrons activement à la prévention de l’introduction de nouvelles espèces envahissantes dans le bassin hydrographique et agissons sur les effets néfastes de celles qui y sont déjà établies. En aidant les collectivités à renforcer leurs capacités à réagir aux changements climatiques, nous protégeons aussi les éléments qui concourent à la bonne santé de l’écosystème.

Même si la charge de phosphore qui entre dans le lac est encore plus élevée que l’objectif à long terme, les concentrations d’oxygène dissous augmentent et la santé écologique générale du lac s’améliore. Nous observons continuellement des signes de la reproduction naturelle d’espèces d’eau froide, comme le touladi, le grand corégone et le cisco, ce qui représente une étape positive pour la restauration et la viabilité de la communauté de poissons d’eau froide. L’atteinte des objectifs du Plan de protection du lac Simcoe, à long terme, nécessitera la participation continue de tous les secteurs à la mise en place permanente des mesures prioritaires du Plan.

La législation visant le lac Simcoe a entériné un cadre pour protéger la santé du lac Simcoe à longue échéance et intégré les « éléments de structure » de notre démarche : surveillance, recherche, échange d’information et mesures de gestion, ainsi que des mesures de soutien sur le terrain. Le bassin hydrographique a une longue histoire de partenariats qui nous permet aujourd’hui de disposer de données de qualité et de compétences spécialisées pour orienter nos actions. Les leçons tirées des 10 dernières années et les nouveaux renseignements que nous glanons grâce à la recherche et à la surveillance éclaireront le premier examen du Plan. Nous avons des preuves pouvant appuyer de nouvelles politiques provinciales pour imposer la prise de mesures, de même que de nouveaux outils de gestion prêts pour leur mise en application. Nous sommes impatients de consulter les intervenants et de faire participer le public à l’examen du Plan et à toute décision qui aboutira à des changements. Nous tenons à nous assurer d’avoir mis en place de solides mesures de protection pour le lac Simcoe, afin que le bassin hydrographique continue pendant des générations de subvenir aux besoins d’une des régions de l’Ontario qui connaît la plus forte croissance.

Annexe - conseils des comités

Deux comités nommés par les pouvoirs publics ont été constitués en 2010 en vertu de la Loi sur la protection du lac Simcoe : le Comité de coordination pour le lac Simcoe et le Comité consultatif scientifique du lac Simcoe. Ces comités donnent des conseils au ministère de l’Environnement, de la Protection de la nature et des Parcs sur la mise en œuvre du Plan de protection du lac Simcoe et la santé écologique du bassin hydrographique du lac Simcoe.

Les conseils prodigués par les comités depuis le Rapport quinquennal de 2015 ont porté essentiellement sur huit grands secteurs :

  1. La réduction du phosphore
    • Continuer d’axer les efforts sur la réduction des charges de phosphore grâce à des pratiques appliquées et novatrices.
    • Réviser le cadre de réduction proportionnelle de la Stratégie de réduction du phosphore pour faire en sorte que les activités de réduction du phosphore soient économiques.
    • Étudier les options pour soutenir les mesures visant à réduire davantage les dépôts atmosphériques de phosphore et la réduction/récupération du phosphore provenant de polders, comme le marais Holland.
    • Rechercher et encourager des mécanismes de financement novateurs (p. ex. programme de compensation du phosphore de l’Office de protection de la nature de la région de lac Simcoe) qui généreraient des revenus pour s’attaquer au chargement existant dans les zones urbaines non contrôlées.
    • Mettre à jour les lignes directrices sur les eaux pluviales pour qu’elles prennent en compte les pratiques exemplaires en matière de développement à faible impact.
  2. La planification et les changements climatiques
    • Encourager une planification locale de l’adaptation et de l’atténuation des changements climatiques qui gère les risques et équilibre les coûts et les bénéfices, tout en établissant des mesures prioritaires.
  3. Les berges et le couvert naturel
    • Mettre au point et en œuvre un plan pour l’atteinte des cibles relatives au couvert naturel et aux berges, et faire le suivi des progrès accomplis au fil du temps en ce sens.
    • Mettre en application une stratégie de gestion des berges qui mentionne les pratiques exemplaires pour la protection des berges, qui précise la politique sur les mesures actuelles de protection des berges et fait le suivi des changements subis par les berges au fil du temps.
    • Faire en sorte que les programmes de surveillance du patrimoine naturel, comme le protocole VSP (Vegetation Sampling Protocol), fournissent les renseignements nécessaires à l’élaboration de politiques, d’instruments et de programmes qui font progresser les cibles du Plan.
  4. La participation et la consultation significative des Autochtones
    • Donner de l’information, des délais suffisants et un soutien financier afin de renforcer les capacités des communautés des Premières Nations à participer de façon significative à la mise en œuvre et à l’examen du Plan.
    • Collaborer avec des communautés autochtones pour établir les politiques du Plan qui nécessitent une implication plus soutenue des Premières Nations, leur avis ou leur savoir écologique traditionnel, et établir leur ordre de priorité.
  5. La réduction des chlorures
    • Rechercher et surveiller les effets d’une contamination aux chlorures, repérer les obstacles susceptibles de limiter l’adoption de pratiques exemplaires et envisager des solutions stratégiques et pratiques pour réduire la contamination aux chlorures découlant de l’épandage de sels de voirie en hiver.
  6. Les autres contaminants préoccupants émergents
    • Continuer d’étudier et de surveiller d’autres contaminants présents dans le bassin hydrographique (p. ex. microplastiques, agents pathogènes, produits pharmaceutiques) afin de mieux comprendre leurs conséquences sur le lac.
  7. Les effets de la croissance
    • Veiller à prendre en considération la capacité d’autoépuration et la santé de l’écosystème du bassin hydrographique avant d’apporter quelque modification que ce soit à de futures projections de la croissance.
    • Financer des programmes novateurs qui sont susceptibles d’atténuer les effets d’une nouvelle croissance (p. ex. programme de compensation du phosphore du lac Simcoe, outil de formation sur le traitement du développement à faible impact, lignes directrices sur la gestion des eaux pluviales) et surveiller leur efficacité.
  8. La gestion de l’innovation et des connaissances
    • Poursuivre les activités de recherche et de suivi afin de combler les lacunes de connaissances et de faire en sorte que les prochaines décisions et mesures de gestion soient à la fois efficientes et efficaces, en plus de reposer sur les meilleures données scientifiques disponibles.
    • Financer des projets novateurs sur le terrain qui reposent sur des données probantes tirées de la recherche et de la surveillance.
    • Continuer d’appliquer à plus grande échelle les projets pilotes performants dans le bassin hydrographique et la province, et apprendre des autres provinces et territoires.
    • Poursuivre la communication en langage simple de données scientifiques aux décideurs, aux intervenants et au public afin de mieux comprendre et d’encourager une gestion environnementale d’avant-garde.

Ces avis d’experts permettent la réalisation de recherches scientifiques rigoureuses et significatives, la détection en temps opportun des menaces pour le lac et la mise en application efficace de stratégies pour gérer les menaces. La province apprécie et accorde une grande valeur à la contribution des comités et tient à en remercier tous les membres pour leur dévouement à l’endroit du lac Simcoe.