Les services, les placements et les organisations qui affirment et qui incluent les communautés LGBT2SQ créent des conditions dans lesquelles les enfants et les jeunes peuvent se sentir à l’aise de s’exprimer sans craindre qu’on les rejette, qu’on les ridiculise, qu’on leur manque de respect ou qu’on les ignore. Les environnements inclusifs dans le système de bien-être de l’enfance peuvent aider les enfants et les jeunes LGBT2SQà se sentir en sécurité et respectés et à diminuer la possibilité qu’ils connaissent les risques et les difficultés énoncés dans la section précédente. Les services qui affirment et qui incluent les communautés LGBT2SQ peuvent aider les enfants et les jeunes à acquérir une conscience de soi positive, à accroître leur résilience et à tisser des liens de confiance qui seront importants tout au long de leurs vies.

Chaque personne a un rôle important à jouer pour créer des services inclusifs et affirmatifs dans le système de bien-être de l’enfance et pour aider les enfants et les jeunes LGBT2SQ à être en sécurité et à donner leur pleine mesure :

  • Toutes les personnes concernées par le système de bien-être de l’enfance peuvent devenir des alliées ou des alliés. Les personnes alliées sont des jeunes, des familles, des fournisseurs de soins, des préposées ou préposés à la protection de l’enfance et des dirigeantes ou dirigeants du bien-être de l’enfance qui ne s’identifient pas comme des personnes LGBT2SQ, mais qui sont déterminés à poser des gestes afin de favoriser la justice, l’acceptation, le respect mutuel et l’équité pour les enfants, les jeunes et les familles LGBT2SQ.
  • Les familles et les fournisseurs de soins peuvent faire des choix conscients afin de favoriser des soins positifs, inclusifs et affirmatifs pour les enfants et les jeunes LGBT2SQ. Les familles qui acceptent l’orientation sexuelle, l’identité de genre et l’expression de genre de leur enfant ou de leur jeune constituent un facteur de protection crucial qui diminue grandement les risques auxquels les enfants et les jeunes LGBT2SQ sont exposés et elles ont une grande influence sur la santé, le bien-être et les résultats positifs de leur enfantfootnote 65.
  • Les professionnels du bien-être de l’enfance peuvent épauler les familles et les fournisseurs de soins qui ont du mal à accepter l’identité de l’enfant ou du jeune LGBT2SQ en assurant des services, dans le cadre de leur mandat, qui sont positifs, accessibles et affirmatifs. Les professionnels peuvent également aider les enfants et les jeunes LGBT2SQ à avoir accès à des soins de santé, à une éducation, à des services, à des espaces positifs, à des pairs et à des communautés affirmatifs qui sont culturellement significatifs.
  • Les dirigeantes et dirigeants de la protection de l’enfance peuvent s’engager à instaurer des cultures organisationnelles qui sont sécuritaires, inclusives et affirmatives afin que tous les services soient inclusifs, équitables et respectueux envers les enfants, les jeunes et les familles LGBT2SQ.

Les services affirmatifs et inclusifs favorisent la résilience des enfants et des jeunes qui, selon la recherche, améliore les résultats futursfootnote 66. La résilience fait référence à la capacité de l’enfant ou du jeune de rebondir après des situations difficiles et de s’épanouirfootnote 67. Favoriser la résilience peut diminuer la possibilité qu’un enfant ou un jeune se sente isolé et aide à acquérir les capacités nécessaires pour se remettre très vite des difficultés qu’il éprouve. L’introduction de seulement quelques éléments positifs dans la vie d’un enfant ou d’un jeune (p. ex. des soutiens familiaux, des environnements sociaux positifs) peut l’aider à rebondir, à s’épanouir et à donner sa pleine mesure footnote 68.

Pour être résilients, les enfants et les jeunes LGBT2SQ ont besoin d’avoir dans leur vie des adultes qui respectent leur orientation sexuelle, leur identité de genre ainsi que leur expression de genre. Le facteur le plus important pour les enfants et les jeunes qui sont résilients est la présence d’au moins une relation stable et fidèle avec un parent, un fournisseur de soins ou un autre adulte positiffootnote 69.

Il est important de comprendre que la résilience chez les enfants et les jeunes autochtones bispirituels et LGBTQ ne prendra pas la même forme que chez les enfants et les jeunes non autochtones. Pour accroître leur résilience, les enfants et les jeunes autochtones bispirituels et LGBTQ doivent avoir accès à la culture et aux cérémonies et doivent pouvoir acquérir un sentiment d’appartenance à leur communauté. Il est impératif qu’ils aient accès à des soutiens holistiques qui affirment leurs identités qui se chevauchent et qui s’intersectent. L’importance des soutiens communautaires holistiques pour accroître la résilience s’applique aussi aux autres populations d’enfants et de jeunes LGBTQ (p. ex. les enfants et les jeunes noirs et racialisés).

Cette partie du guide contient des conseils et des ressources que les familles, les fournisseurs de soins et les préposées ou préposés à la protection de l’enfance et aux services en établissement peuvent consulter afin de concevoir, de promouvoir et de créer des pratiques affirmatives et inclusives pour les personnes LGBT2SQ. La partie III aborde les sujets suivants :

  • L’importance des personnes alliées
  • Avoir des conversations respectueuses avec les enfants et les jeunes LGBT2SQ
  • Aider les familles qui ont du mal à composer l’identité de leur enfant ou de leur jeune
  • Une planification de l’admission, de l’évaluation et des services pour les enfants et les jeunes LGBT2SQ
  • Un langage inclusif dans les formulaires et les outils
  • Des placements affirmatifs
  • Des placements affirmatifs et inclusifs pour les enfants et les jeunes transgenres
  • Appuyer les enfants et les jeunes transgenres et de diverses identités de genre
  • Des activités et des programmes affirmatifs pour les enfants et les jeunes LGBT2SQ
  • Accompagner les jeunes LGBT2SQ dans leur transition vers l’âge adulte

L’importance des personnes alliées

Comme il a été mentionné précédemment, les personnes alliées jouent un rôle important dans le système de bien-être de l’enfance en encourageant des cultures organisationnelles et systémiques dans lesquelles les personnes LGBT2SQ sont valorisées et respectées et en contribuant à ces cultures. Elles donnent des exemples de comportements et de pratiques qui affirment les identités ainsi que l’importance et l’égalité des enfants et des jeunesfootnote 70. Les personnes alliées luttent en permanence contre l’homophobie, la transphobie, la biphobie ainsi que toutes les formes d’oppression en posant des gestes.

Les personnes alliées peuvent avoir l’assurance que, bien que leur soutien puisse sembler petit, ces gestes peuvent apporter des changements significatifs dans la vie des enfants et des jeunes LGBT2SQ et peuvent favoriser un changement systémique et organisationnel positif.

Comment vous pouvez devenir une personne alliée

  • Présumez, dans chaque conversation, qu’il y a des personnes LGBT2SQ ou des gens qui ont des proches LGBT2SQ dans la pièce. Les personnes alliées tiennent compte de l’incidence que le ton et l’orientation de la discussion peuvent avoir sur les autres.
  • Ne présumez pas comment les gens s’identifient. Tendez l’oreille ou demandez poliment, et au bon moment, comment une personne s’identifie (p. ex. gaie, lesbienne, cisgenre, transgenre, au genre fluide, de genre queer) et quel est le nom ainsi que le pronom personnel (p. ex. il, elle, ils) qu’elle préfère.
  • Reconnaissez de quelles façons les personnes cisgenres et/ou hétérosexuelles sont privilégiées dans la société et trouvez des moyens pour utiliser ce privilège afin d’aider les personnes et les communautés LGBT2SQ.
  • Employez un langage inclusif dans les conversations individuelles comme dans les conversations en groupe afin que toutes les personnes se sentent les bienvenues (p. ex. employez le terme « partenaire » au lieu d’utiliser seulement l’expression « petit ami » ou « petite amie », dites « bonjour tout le monde » au lieu de dire « les garçons et les filles » ou « Mesdames et Messieurs »).
  • Écoutez respectueusement les expériences et les points de vue des enfants et des jeunes LGBT2SQ, validez ce qui est raconté et reconnaissez que l’homophobie, la biphobie et la transphobie existent bel et bien et qu’il faut du courage pour raconter des histoires et des idées personnelles.
  • Prenez la parole quand vous êtes témoin d’un langage offensant ou d’un comportement intimidant. La lutte contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie est une responsabilité partagée, elle ne concerne pas seulement les personnes LGBT2SQ.
  • Encouragez des pratiques, des politiques et des procédures inclusives qui s’attaquent aux obstacles qui se dressent devant les enfants et les jeunes LGBT2SQ (p. ex. le manque de messages, d’espaces et de programmes favorables aux communautés LGBT2SQ, les formulaires non inclusifs) au sein d’une organisation.
  • Reconnaissez et abordez les identités entrecroisées des enfants et des jeunes, les oppressions multiples qu’ils peuvent subir ainsi que les situations et les obstacles uniques auxquels ils peuvent être confrontés (p. ex. les enfants et les jeunes LGBT2SQ qui sont autochtones, noirs, racialisés, handicapés).
  • Dites à tous les enfants et les jeunes qu’il vous ferait plaisir de parler de leurs identités LGBT2SQ et de leurs expériences et de les affirmer.

Avoir des conversations respectueuses avec les enfants et les jeunes LGBT2SQ

Lorsque les enfants et les jeunes peuvent parler ouvertement de leurs identités, les fournisseurs de services sont mieux outillés pour répondre à leurs besoins. À toutes les étapes de la participation dans le système de bien-être de l’enfance (p. ex. le contact initial et la première évaluation, les services continus et la transition vers la fin des soins), les enfants et les jeunes doivent sentir qu’ils sont respectés et qu’ils sont consultés sur les enjeux qui ont des incidences sur leurs soins et leur bien-être.

Un enfant ou un jeune peut divulguer son identité/orientation et/ou ses expériences ou en discuter avec n’importe qui et en tout temps. Par conséquent, toutes les préposées et tous les préposés à la protection de l’enfance, les autres membres du personnel et les membres du conseil dans les organismes de placement en famille d’accueil, les fournisseurs de soins, les familles et les bénévoles devraient être bien formés et prêts à avoir ces conversations d’une manière éclairée et positive.

Comme il est important de ne pas oublier que vous pouvez ne pas savoir qu’un enfant ou un jeune est une personne LGBT2SQ, toutes les conversations devraient être respectueuses et encourager les enfants et les jeunes à se sentir en sécurité et à l’aise de divulguer volontairement de l’information sur leur identité.

Lorsque vous avez l’occasion d’avoir une conversation en tête-à-tête avec un enfant ou un jeune au sujet de son orientation sexuelle et/ou de son identité de genre :

  • Tendez l’oreille et créez un espace propice à la révélation de soi. Les enfants et les jeunes dévoilent leur orientation sexuelle et/ou leur identité de genre si et quand ils se sentent prêts et si on leur montre qu’ils peuvent le faire en toute sécurité.
  • Il ne faut pas « dévoiler l’identité de genre » d’un enfant ou d’un jeune sans sa permission. La « sortie du placard » d’un enfant ou d’un jeune sans son consentement est une forme de discrimination. Laissez-le établir le rythme de son « coming out » si c’est ce qu’il désire. Entamez de façon proactive des conversations qui portent sur la diversité de genre et sexuelle (p. ex. posez la question suivante : « Sais-tu ce que l’étiquette de l’arc-en-ciel sur mon agenda signifie? »).
  • Demandez le consentement de l’enfant ou du jeune pour inscrire, communiquer ou utiliser le ou les noms et pronoms choisis ou d’autres renseignements liés à son orientation sexuelle et/ou à son identité de genre.
  • Posez des questions respectueuses et expliquez clairement que vous voulez comprendre ses points de vue, ses désirs et ses expériences et que vous allez l’accepter et l’épauler dans l’identité avec laquelle il est le plus à l’aise.
  • Les enfants et les jeunes ont droit à la confidentialité. Vous ne devriez pas divulguer des renseignements au sujet de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre d’un enfant ou d’un jeune sans une bonne raison (p. ex. une préoccupation pour sa sécurité) et seulement avec sa permission. Cela inclut la divulgation à la famille ou au fournisseur de soins de l’enfant ou du jeune.
  • Ne faites jamais de suppositions à l’égard de l’identité de genre ou de l’orientation sexuelle d’un enfant ou d’un jeune en fonction de son habillement, de son comportement ou de toutes autres formes d’expression de genre, bien qu’elles puissent parfois donner des indices sur son identité.
  • Ne présumez pas que les enfants et les jeunes LGBT2SQ souffrent ou ont des regrets en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre et qu’ils veulent être hétérosexuels ou cisgenre. Dans la même veine, si un enfant ou un jeune LGBT2SQ a des problèmes, ne présumez pas que c’est à cause de son orientation sexuelle ou de son identité de genre.
  • Reconnaissez que de nombreux enfants et jeunes n’ont jamais rien entendu de positif sur les personnes LGBT2SQ. Ils peuvent avoir des messages sociaux négatifs et des stéréotypes internalisés au sujet des personnes LGBT2SQ. Donnez-leur une réponse positive qui affirme leur identité ainsi que leurs expériences en tant que personnes qui s’identifient aux communautés LGBT2SQ.
  • Créez un environnement sécuritaire en les laissant mener la conversation le plus possible.
  • Soyez une courroie de transmission. Les enfants et les jeunes ont besoin d’avoir de l’information et d’avoir accès à d’autres personnes LGBT2SQ de tous âges, y compris des pairs et des modèles – lorsqu’ils sont prêts. Dans les régions plus petites, il peut s’avérer nécessaire de tendre la main à l’ensemble de la communauté ou à d’autres communautés réparties dans la province. Les enfants et les jeunes LGBT2SQ qui vivent dans des régions où ces soutiens ne sont pas facilement accessibles peuvent être mis en contact avec des soutiens qui sont accessibles en ligne (voir la partie V : B du présent guide – organismes provinciaux et nationaux pertinents, répertoires de services; agences communautaires et régionales et réseaux de soutien, centre de santé spécifiques aux LGBT2SQ et activités sociales LGBT2SQ (p. ex. festivals de films spécifiques aux LGBT2SQ, organismes de la Fierté) – p. 60).
  • Les jeunes LGBT2SQ ont vécu des expériences différentes et ont des besoins spécialisés. Veillez à vous renseigner sur les services et les soutiens adéquats pour les personnes LGBT2SQ (p. ex. les soins de santé, la santé mentale et l’éducation) afin de favoriser un développement sain et une bonne estime de soi.
  • En ce qui concerne les jeunes qui sont en voie de quitter la prise en charge, une transition réussie vers l’âge adulte peut être facilitée par des relations avec des adultes bienveillants qui apportent aux jeunes un soutien affectif, des conseils ainsi qu’une assistance en cette période de changement. Mettez en contact les jeunes LGBT2SQ qui font la transition vers la fin de la prise en charge avec des organisations, des ressources et des services pertinents et aidez-les à bâtir une communauté qui inclut les autres pairs et mentors LGBT2SQ.

Aider les familles qui éprouvent des difficultés avec l’identité de leur enfant ou de leur jeune

La recherche indique que l’acceptation ou le rejet par la famille joue un rôle crucial qui a une influence sur la santé, la santé mentale et le bien-être de tous les enfants et les jeunesfootnote 71. Des recherches donnent à entendre que les enfants et les jeunes LGBT2SQ peuvent être surreprésentés dans le système de bien-être de l’enfance parce qu’ils ont été rejetés ou maltraités par leur famille à cause de leur identité LGBT2SQfootnote 72. L’objectif des sociétés dans tous les cas de protection de l’enfance consiste à collaborer de façon continue avec la famille et la famille élargie de l’enfant ou la communauté afin d’établir un foyer stable, sécuritaire et permanent pour l’enfant.

Les familles qui ont du mal à accepter l’orientation sexuelle et/ou l’identité de genre de leur enfant ou de leur jeune peuvent avoir besoin du soutien de professionnels du bien-être de l’enfance pour changer leurs comportements s’ils ont amené l’enfant ou le jeune à subir un préjudice ou à être exposé à un risque de préjudice au sens des lois sur le bien-être de l’enfance. Dans certains cas, il peut s’avérer nécessaire d’amener l’enfant ou le jeune dans un lieu sûr pendant que les parents ou les fournisseurs de soins apprennent à mieux soutenir les enfants et les jeunes LGBT2SQ. La recherche montre que les familles qui les rejettent peuvent devenir beaucoup plus tolérantes si elles reçoivent un soutien ainsi que des renseignements exacts afin de comprendre et d’accepter les enfants et de communiquer avec euxfootnote 73.

Les préposées ou préposés à la protection de l’enfance peuvent aider les familles et les fournisseurs de soins qui éprouvent des difficultés avec l’identité de enfant ou du jeune enfootnote 74 :

  • offrant un endroit où les parents et les fournisseurs de soins peuvent exprimer, en privé, leurs inquiétudes et leurs sentiments concernant l’identité de leur enfant, ainsi que poser des questions à ce sujet;
  • donnant de l’information afin de corriger les malentendus et d’aborder les mythes qui entourent la diversité sexuelle et de genre;
  • renseignant les familles et les fournisseurs des soins sur les incidences du rejet par la famille sur les enfants et les jeunes LGBT2SQ;
  • enseignant aux familles à adopter un langage respectueux pour parler de l’orientation sexuelle et/ou de l’identité et de l’expression de genre avec leur enfant ou leur jeune;
  • montrant aux familles et aux fournisseurs de soins quels sont les effets positifs des comportements favorables et tolérants sur les enfants et les jeunes LGBT2SQ et à quoi ressemblent ces comportements (p. ex. en employant le ou les noms et pronoms choisis par l’enfant ou le jeune, en permettant des relations adaptées à l’âge, en donnant des renseignements positifs sur les personnes LGBT2SQ, y compris des ressources communautaires);
  • orientant les familles vers des soutiens par les pairs qui aident à créer des liens avec des familles positives à l’égard des communautés LGBT2SQ ainsi qu’avec des personnes alliées (p. ex. des réseaux de soutien par les pairs comme PFLAGfootnote 75), et lorsque c’est possible, en essayant de les mettre en contact avec d’autres familles et fournisseurs de soins qui ont des cultures, des convictions religieuses et des lieux d’origine similaires qui soutiennent leurs enfants et leurs jeunes LGBT2SQ.

De nombreuses familles se débattent toutes seules pour comprendre l’identité de leur enfant ou de leur jeune sans savoir qu’il existe des ressources communautaires qui peuvent leur venir en aide. Procurer des ressources et un soutien pertinents peut réparer ou resserrer le lien entre les membres de la famille et l’enfant ou le jeune et les aider à comprendre, à changer leurs points de vue, à modifier leurs comportements et à former une alliance.

La planification de l’admission, de l’évaluation et des services pour les enfants et les jeunes LGBT2SQ

Il y a des exigences précises énoncées dans les lois, les règlements et les normes que les sociétés et les préposées ou préposés à la protection de l’enfance doivent respecter afin de déterminer si un enfant ou un jeune a besoin d’une protection ainsi que pour offrir des services de protection de l’enfance, si cela convient. La présente section donne les grandes lignes des principales étapes de ce processus. Elle aborde également les moyens que les préposées et préposés à la protection de l’enfance peuvent prendre pour mieux connaître les expériences ainsi que les besoins des enfants, des jeunes et des familles LGBT2SQ et pour se servir de leurs aptitudes en évaluation clinique afin d’explorer les questions de sécurité et de bien-être qui sont liées à l’identité à chaque étape d’un cas de protection de l’enfance.

Admission : réception d’un signalement et détermination de la meilleure intervention

Lorsqu’une société reçoit un rapport ou un renseignement voulant qu’un enfant ou un jeune ait peut-être besoin d’une protection, elle évalue l’aiguillage conformément aux exigences qui sont contenues dans les Normes de la protection de l’enfance en Ontario (les Normes) et elle met en application les Échelles d’admissibilité des services de bien-être de l’enfance de l’Ontario (les Échelles) afin de faciliter la prise de décisions au sujet de l’admissibilité de l’enfant aux services de protection. La préposée ou le préposé à la protection de l’enfance utilise les Échelles, conjointement avec les autres renseignements disponibles sur les facteurs de défense, sur les menaces et les risques pour la sécurité ainsi que sur les antécédents liés au bien-être de l’enfant, afin de déterminer la réponse la plus pertinente au signalement qui répond aux besoins particuliers de l’enfant ou du jeune (au point de vue de la sécurité) et de sa famille (au point de vue du soutien).

Au moment de déterminer si des enfants et des jeunes LGBT2SQ sont admissibles à des services selon les renseignements disponibles, les préposées et préposés à la protection de l’enfant devraient se demander dans quelle mesure, s’il y a lieu, l’orientation sexuelle, l’identité de genre et/ou l’expression de genre sont des facteurs contributifs liés à l’aiguillage vers les services de protection de l’enfance et ils devraient s’interroger sur leur niveau de sécurité et de risque. En procédant de cette façon, les préposées et préposés à la protection de l’enfance peuvent évaluer plus adéquatement les besoins uniques de l’enfant ou du jeune et de sa famille et déterminer l’intervention la plus pertinente.

Conduite d’une évaluation de la sécurité et d’une évaluation des risques

Si une préposé ou un préposé à la protection de l’enfance détermine qu’une enquête s’avère nécessaire, les Normes guident ses décisions relatives aux besoins et aux soins de l’enfant – de la phase de l’enquête sur les services jusqu’à la planification de la gestion du dossier en cours ainsi que pendant toute la durée du cas.

Conformément aux Normes, la préposée ou le préposé à la protection de l’enfance commence par faire une évaluation de la sécurité afin de déterminer le niveau de danger immédiat pour l’enfant ou le jeune. La préposée ou le préposé à la protection de l’enfance prend en considération la menace de préjudice immédiate ainsi que la gravité du préjudice ou du danger compte tenu de l’information et des circonstances actuelles. La préposée ou le préposé à la protection de l’enfance effectue également une évaluation afin de déterminer si d’autres risques de maltraitrance pourraient surgir un jour ou l’autre en raison des caractéristiques, des comportements et du fonctionnement de la famille. Les résultats de l’évaluation des risques visent à éclairer la prise de décisions relatives au cas ainsi que la prestation des services.

Il est important de noter que la détermination d’une intervention continue doit être fondée sur les motifs existants afin de décider si un enfant a besoin d’une protection en conformité avec les Normes et les Échelles. La détermination du besoin de protection de l’enfant dépend de la réaction de la famille à l’identité LGBT2SQ de l’enfant, à moins qu’il n’y ait un préjudice ou un risque de préjudice suffisant pour motiver le besoin de protection de l’enfant. La présence d’un conflit au sein de la famille par rapport à l’identité LGBT2SQ de l’enfant ou du jeune, même s’il inclut un degré de mauvais traitements, ne constitue pas en soi un motif pour une intervention de la protection de l’enfance.

Le rejet par la famille est un facteur de détermination et d’évaluation important au moment de décider si un enfant ou un jeune a besoin d’une protection, car le rejet par la famille de l’identité sexuelle et/ou de genre de l’enfant ou du jeune peut accroître le risque de préjudice, d’automutilation ainsi que de pensées et de comportements suicidaires.

Lorsqu’ils procèdent aux évaluations de la sécurité et des risques pour les enfants et les jeunes qui s’identifient comme des personnes LGBT2SQ ou qui peuvent en être, les préposées et préposés à la protection de l’enfance peuvent notamment se demander si les attitudes et/ou la réaction des parents ou des fournisseurs de soins à l’égard de l’orientation sexuelle, de l’identité de genre et/ou de l’expression de genre exposent l’enfant ou le jeune à un risque de préjudice affectif, physique ou sexuelfootnote 76. La préposée ou le préposé à la protection de l’enfance peut évaluer les effets du rejet ou de l’acceptation par la famille sur le bien-être des enfants et des jeunes LGBT2SQfootnote 77.

Au moment d’effectuer une évaluation de la sécurité et des risques, la préposée ou le préposé à la protection de l’enfance pourra se demander si l’enfant ou le jeune LGBT2SQ subit ou risque de subir des mauvais traitements et des attitudes de rejet, par exemple :

  • des sévices physiques à cause de son orientation sexuelle, son identité de genre et/ou son expression de genre;
  • du harcèlement verbal ou des injures liés à son identité LGBT2SQ;
  • des agressions sexuelles liées à son identité LGBT2SQ;
  • l’interdiction de s’habiller, de s’arranger ou de s’exprimer d’une manière qui est compatible avec son identité de genre;
  • l’interdiction d’avoir accès à des soutiens et une communauté LGBT2SQ sains, comme des pairs ou des mentors;
  • l’interdiction d’avoir accès à des soins de santé orientés sur l’affirmation du genre et à un soutien à la transition;
  • le refus de reconnaître le choix du nom et des pronoms personnels d’un enfant et d’un jeune transgenre et de diverses identités de genre;
  • la soumission de l’enfant ou du jeune à une thérapie réparatrice, à des conversions religieuses ou à un autre traitement dans le but de tenter de changer son orientation sexuelle et/ou son identité de genrefootnote 78.

Une fois l’enquête terminée, si on détermine que l’enfant ou le jeune a besoin d’une protection et si le cas est transféré aux services continus, l’objectif des services continus consiste à protéger l’enfant et à amener la famille à participer aux services ainsi qu’aux autres soutiens communautaires afin de diminuer la probabilité que l’enfant subisse un préjudice. À cette étape du cas de protection de l’enfance, il est impératif que les préposées et préposés à la protection de l’enfance aident l’enfant ou le jeune qui a été jugé avoir besoin d’une protection et sa famille en repérant et en consultant des services communautaires qui sont affirmatifs et qui favorisent l’acceptation des diverses identités sexuelles et de genre.

Gestion des cas bénéficiant de services continus

Une fois que l’on a décidé que l’enfant ou le jeune et la famille recevront des services de protection de l’enfance continus par une société, la préposée ou le préposé à la protection de l’enfance dressera un plan de services (pour les services à l’intérieur et à l’extérieur de la prise en charge). Le plan de services, qui est le lien entre l’évaluation et l’intervention, guide la famille, la préposée ou le préposé à la protection de l’enfance, les autres fournisseurs de services ainsi que toutes les activités liées au traitement du dossier vers des objectifs et des résultats bien définis dont les progrès se constatent au fil du temps. Le plan de services, qui met à contribution les points forts de la famille et qui cible les besoins, vise à diminuer et/ou à éliminer le risque et à accroître la sécurité ainsi que le bien-être de l’enfant ou du jeune et de la famille.

L’approche axée sur l’enfant et centrée sur la famille de la prestation des services est à la fois une philosophie et une pratique qui favorise la participation active et significative des familles et de leur réseau de soutien à la planification des cas ainsi qu’à la prise de décisions relatives aux services. Ensemble, la préposée ou le préposé à la protection de l’enfance et la famille déterminent les stratégies d’intervention ainsi que les services qui pourraient contribuer à réduire et/ou à éliminer le risque pour l’enfant ou le jeune LGBT2SQ et à accroître sa sécurité ainsi que son bien-être. Si le plan de services comporte un placement en dehors de la maison, la préposée ou le préposé et la famille tracent le parcours vers la réunification de la famille.

L’objectif du plan de services, qui a été conçu avec la collaboration et la participation de la famille et de l’enfant ou du jeune, consiste à aborder les comportements qui ont engendré le besoin de protection. Le plan devrait comporter les initiatives suivantes :

  • acquérir une compréhension du point de vue du fournisseur de soins, y compris les suppositions et les valeurs qui peuvent être associées aux comportements qui ont occasionné le besoin de protection;
  • déterminer les soutiens ou les services disponibles (p. ex. des groupes de soutien par les pairs pour les familles des enfants et des jeunes LGBT2SQ) qui pourraient aider à aborder les préoccupations liées à la protection en favorisant un changement positif et en améliorant la sécurité ainsi que le bien-être des enfants et des jeunes;
  • resserrer les liens de l’enfant ou du jeune avec des adultes positifs;
  • repérer les personnes au sein de la famille et des réseaux de l’enfant ou du jeune, y compris les communautés culturelles et confessionnelles, qui peuvent servir de modèles et renforcer l’acceptation de l’enfant ou du jeune LGBT2SQ et apporter un soutien direct à l’enfant ou au jeune et/ou à sa famille;
  • adopter une approche centrée sur l’enfant ou le jeune qui l’encourage à s’exprimer et qui tient compte de ses opinions.

Dans des situations où il faut séparer l’enfant de ses parents, le placement choisi devrait être une option qui affirme l’identité LGBT2SQ de l’enfant ou du jeunefootnote 79. Le plan de services peut également tenir compte des personnes, des organisations et des professionnels de la part desquels l’enfant ou le jeune pourrait vouloir recevoir un plus grand soutien à l’égard de son identité LGBT2SQ.

Le tableau suivant indique les éléments que les préposées et préposés à la protection de l’enfance doivent prendre en considération lorsqu’ils utilisent les outils mandatés avec les enfants et les jeunes LGBT2SQ et/ou leurs familles. Bien que ces outils soient nécessaires et structurés, les préposées et préposés peuvent s’en servir d’une manière qui aide les enfants, les jeunes et les familles LGBT2SQ et qui affirment leurs identités. Les considérations n’excluent aucun des outils qui peuvent être utilisés à toutes les étapes de la gestion du cas et elles ne sont pas limitées par ces outils.

Évaluation des points forts et des besoins de la famille

Description : Aide les préposées et préposés à la protection de l’enfance à détecter la présence des points forts et des ressources de la famille et de l’enfant ou du jeune en cernant les besoins des membres de la famille et en se servant des forces de la famille tout en ciblant les besoins.

Éléments à considérer au moment d’utiliser l’outil :

  • Est-ce que l’enfant ou le jeune a des soutiens en place qui lui permettent d’exprimer ouvertement son orientation sexuelle ou son identité de genre?
  • Est-ce que la famille ou le fournisseur de soins a des soutiens en place pour l’aider à comprendre et à accepter l’orientation sexuelle, l’identité de genre ou l’expression de genre de l’enfant ou du jeune, y compris ceux qui sont liés à sa communauté culturelle ou confessionnelle?
  • L’enfant a-t-il des personnes dans sa vie qui peuvent faire valoir ses besoins dans des espaces comme l’école si nécessaire?
  • Est-ce que l’enfant ou le jeune consomme de la drogue ou de l’alcool, s’automutile, songe au suicide ou a fait des tentatives de suicide ou des fugues, possiblement pour composer avec une homophobie, une biphobie ou une transphobie intériorisée qui peut être liée ou non à sa situation à la maison?
  • L’enfant a-t-il subi de l’intimidation à l’école ou ailleurs à cause de son orientation sexuelle ou de son identité ou expression de genre?
  • Quelle image l’enfant ou le jeune a-t-il de lui-même?
  • L’enfant ou le jeune a-t-il un groupe de pairs ou des amis qui font partie des communautés LGBT2SQ?

Plan de soins

Description : Précise le plan pour un enfant ou un jeune lorsqu’il reçoit des services d’une société, y compris les résultats escomptés liés à ses besoins et ses forces.

Éléments à considérer au moment d’utiliser l’outil :

  • Est-ce que l’orientation sexuelle l’identité de genre ou l’expression de genre de l’enfant ou du jeune a été prise en compte dans l’élaboration du plan de soins (p. ex. les soutiens par les pairs possibles, un placement et un fournisseur de soins affirmatifs, des fournisseurs de services affirmatifs) ainsi que l’accès à des soutiens à la transition et à des soins de santé orientés sur l’affirmation du genre, si désiré?

Cahier d’évaluation et de suivi (CÉS)

Description ;: Suit les progrès de l’enfant ou du jeune qui est pris en charge dans sept dimensions de la vie : la santé, l’éducation, l’identité, les relations familiales et sociales, la présentation sociale, le développement affectif et comportemental et les capacités d’autonomie. Le CÉS aide les professionnels du bien-être de l’enfance, les familles et les fournisseurs de soins à évaluer les besoins de l’enfant ou du jeune, à élaborer des plans de soins de grande qualité et à surveiller les progrès de l’enfant ou du jeune d’une année à l’autre.

Éléments à considérer au moment d’utiliser l’outil :

  • Est-ce que l’enfant ou le jeune a manifesté un intérêt à explorer davantage son orientation sexuelle et son identité ou son expression de genre?
  • Est-ce que l’enfant ou le jeune a une relation avec des personnes qui sont favorables à son orientation sexuelle ou son identité de genre son expression de genre? Si c’est le cas, qui?
  • L’enfant ou le jeune se sent-il à l’aise de parler au médecin qui lui fournit des soins primaires de son orientation sexuelle ou de son identité ou expression de genre?
  • Comment les autres ont-ils réagi à son identité ou aux perceptions de son identité? A-t-il connu des réactions négatives (p. ex. de l’intimidation, des reproches, de l’ostracisme)?
  • Dans quelle mesure est-il épaulé par rapport à son identité dans sa famille ou dans le milieu où il est placé? À l’école? Dans la collectivité?

Un langage inclusif dans les formulaires et les outils

En employant un langage inclusif, le personnel et les fournisseurs de soins peuvent dire à leurs patients qu’ils peuvent s’ouvrir à eux en toute sécurité au sujet de leur identité de genre et de leur orientation sexuelle. Le langage inclusif est un outil puissant pour montrer qu’on ne fera pas de suppositions et/ou de jugements de valeurs à propos de l’identité d’un enfant ou d’un jeune ou de ses façons préférées d’exprimer son genre.

Lorsque le personnel adopte un langage inclusif au moment d’utiliser les outils de bien-être de l’enfance, les services sont plus susceptibles d’être mieux adaptés aux besoins de l’enfant ou du jeune.

Un langage inclusif dans les formulaires du bien-être de l’enfance montre également l’engagement de l’organisation à l’égard de l’inclusion et de la diversité et il communique aux enfants et aux jeunes qu’ils sont reconnus. Il peut contribuer à rendre les services mieux adaptés aux besoins uniques de chaque enfant ou jeune LGBT2SQ. Par exemple, chaque fois qu’un renseignement sur le genre est exigé, les formulaires devraient inclure plusieurs options, et pas seulement le choix entre « homme » ou « femme ». Les formulaires devraient également permettre aux personnes d’indiquer si le nom qui les désigne est différent de leur nom légal. Par exemple, si un nom légal est requis, on peut demander « le nom légal » ainsi que « le ou les noms choisis » dans le formulaire. Le langage peut être encore plus inclusif en remplaçant des options étroites comme « mère » et « père » par « parent 1 », « parent 2 » et « parent 3 ».

Procéder à un examen de tous les formulaires et les outils est une étape importante pour faire en sorte que le langage inclue les enfants, les jeunes et les familles LGBT2SQ.

Mettre un espace vide pour la désignation de l’identité de genre permet à la personne d’indiquer son identité de genre. La case « Autres » peut donner l’impression d’avoir été ajoutée après coup et amener la personne à se sentir comme un phénomène parce qu’elle « ne correspond pas « aux autres cases.

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Des placements affirmatifs

Recrutement des fournisseurs de soins et sélection du placement

Trouver des placements adéquats et affirmatifs pour les enfants et les jeunes LGBT2SQ (p. ex. les placements dans des familles d’accueil, avec des aidants traditionnels, avec des proches et dans des foyers de groupe) est d’une importance capitale pour leur sécurité et leur bien-être. Lorsque les enfants et les jeunes LGBT2SQ sont placés dans des milieux qui ne sont pas affirmatifs, ils courent un plus grand risque de subir des actes d’intimidation et de violence par leurs pairs et de se buter au rejet ou au refus de leur identité par leurs fournisseurs de soins. Les placements affirmatifs, en revanche, peuvent aider l’enfant ou le jeune à acquérir une estime de soi, une assurance ainsi qu’une autoreprésentation, autant de facteurs qui peuvent contribuer à des résultats positifs à long terme. En ce qui a trait aux enfants et aux jeunes autochtones bispirituels et LGBTQ, noirs et racialisés, les placements culturellement adaptés et la facilitation des contacts avec des membres des communautés, des mentors et des espaces culturels qui affirment et qui favorisent leurs identités sexuelle et de genre sont indispensables pour assurer de bons soins.

Notre organisme doit revoir ses politiques sur les foyers d’accueil et d’adoption pour les enfants et les jeunes gais et lesbiennes. Comment voulez-vous que les jeunes se sentent quand leur identité n’est pas acceptée?

Parent d’accueil

Avec l’objectif de trouver des placements affirmatifs, les professionnels du bien-être de l’enfance peuvent se poser les questions suivantes, qu’ils connaissent ou non l’identité de l’enfant ou du jeune :

  • Est-ce que le fournisseur de soins ou la famille a reçu des informations et une formation adéquates sur l’inclusion des personnes LGBT2SQ?
  • Le fournisseur de soins est-il disposé à se renseigner sur la diversité de genre et sexuelle et à examiner ses propres préjugés?
  • Est-ce que le fournisseur de soins ou des membres de la famille s’identifient ouvertement comme des personnes LGBT2SQ?
  • Le fournisseur de soins est-il au courant et conscient de l’existence des communautés LGBT2SQ et des enjeux qui peuvent avoir des incidences uniques sur les enfants et les jeunes LGBT2SQ?
  • Est-ce que le fournisseur de soins a une expérience du repérage de foyers positifs pour les enfants et les jeunes LGBT2SQ?
  • Est-ce qu’il y a d’autres enfants, jeunes ou adultes LGBT2SQ dans le milieu ciblé pour le placement à l’heure actuelle?
  • Le fournisseur de soins donne-t-il des exemples de comportements affirmatifs et inclusifs envers les personnes LGBT2SQ (p. ex. en désignant les enfants et les jeunes par le ou les noms et pronoms choisis, en encourageant les enfants et les jeunes à utiliser les toilettes qui sont les plus compatibles avec leur identité de genre)?
  • Le fournisseur de soins est-il ouvert et disposé à affirmer le choix du nom, des pronoms, des vêtements et des coiffures de l’enfant ou du jeune et/ou d’autres indicateurs d’identité?
  • Le fournisseur de soins est-il disposé à favoriser et à promouvoir l’inclusion culturelle des personnes LGBT2SQ dans le foyer (p. ex. en exposant des affiches et des symboles positifs à l’égard des personnes LGBT2SQ, en rendant accessibles des ressources, des livres et des films positifs à l’endroit des personnes LGBT2SQ)?
  • Le fournisseur de soins aidera-t-il l’enfant ou le jeune à avoir accès à des activités sociales pour les personnes LGBT2SQ ou à des groupes d’entraide spécialement destinés aux personnes LGBT2SQ ainsi qu’à tous les rendez-vous dans le domaine de la santé qui sont liés à son identité?

Les familles et les fournisseurs de soins peuvent créer et entretenir des foyers ouverts, sécuritaires et inclusifs à l’aide de différentes stratégies, notamment en :

  • créant un environnement où on se sent en sécurité et à l’aise de parler ouvertement et honnêtement de l’orientation sexuelle et/ou de l’identité de genre (p. ex. en donnant l’exemple d’un comportement positif pour les autres membres de la famille et les pairs, en ne tolérant pas les incidents ou les expressions d’homophobie, de transphobie ou de biphobie, en ayant des conversations quotidiennes qui affirment l’enfant ou le jeune);
  • invitant les amis de l’enfant et/ou le partenaire du jeune aux événements et aux activités du foyer ou de la famille;
  • se tournant vers de groupes de soutien par les pairs (p. ex. d’une famille à une famille, d’un parent à un parent, d’un fournisseur de soins à un fournisseur de soins) et vers des groupes communautaires positifs qui accueillent les enfants, les jeunes et les familles LGBT2SQfootnote 80 ;
  • ne tolérant aucun langage, message ou média homophobique, biphobique ou transphobique dans le foyer de la part des membres de la famille, des visiteurs ou de toute personne qui peut avoir été en contact avec l’enfant ou le jeune dont elle a la charge.

Des placements affirmatifs pour les enfants et les jeunes transgenres et de diverses identités de genre

Les enfants et les jeunes transgenres ont des besoins distincts et sont souvent confrontés à plusieurs obstacles et changements en matière de placementfootnote 81. Les praticiens du bien-être de l’enfance peuvent désirer tenir compte des éléments suivants au moment de recruter des fournisseurs de soins et de sélectionner des placements pour les enfants et les jeunes transgenres :

  • On devrait consulter les enfants et les jeunes transgenres sur le type de placement qu’ils préfèrent. En règle générale, on devrait leur proposer des placements qui correspondent au genre à l’aide duquel ils s’identifient, ou encore, des placements de genre mixte. Ils ne devraient pas être placés en fonction de leur sexe légal/sexe à la naissance. On peut faire des exceptions dans certaines circonstances en consultation avec l’enfant ou le jeune (p. ex. s’il est placé dans un milieu stable au moment où il décide d’affirmer son identité et s’il préfère y rester, s’il n’est qu’au début de sa transition et s’il se sentirait mal à l’aise ou en danger s’il était placé dans un milieu en fonction de son identité de genre).
  • Les enfants et les jeunes transgenres devraient avoir accès à des installations sanitaires appropriées (p. ex. des toilettes pour tous les genres, des cabines individuelles) ainsi qu’à des espaces privés. Si les toilettes sont sexospécifiques, les enfants et les jeunes transgenres devraient avoir l’autorisation d’utiliser les toilettes avec lesquelles ils se sentent le plus à l’aise, en s’appuyant sur l’identité de genre et les questions de sécurité qu’ils ont vécues.
  • Les placements devraient être favorables à la transition des enfants et des jeunes transgenres.
  • On devrait demander aux enfants et aux jeunes transgenres quelles sont leurs préférences en ce qui a trait au partage d’une chambre à coucher avec un autre enfant ou jeune qui est du même sexe assigné à la naissance.

Le partage des chambres à coucher est courant dans le système de placement en famille d’accueil, ce qui peut être un peu plus compliqué pour les trans.

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Accompagner les enfants et les jeunes transgenres et de diverses identités de genre

Offrir un foyer et des services aux enfants et aux jeunes transgenres et de diverses identités de genre qui sont pris en charge par le système de bien-être de l’enfance leur permet d’exprimer leur identité librement et ouvertement. Cela consiste notamment à soutenir le choix de vêtements ou de coiffure de l’enfant ou du jeune, car ils peuvent être des aspects importants de l’extériorisation. Cela peut aussi consister à faciliter l’accès à des outils (p. ex. des bandes thoraciques, des bourrures, des appareils pour uriner debout), à des soins de santé et/ou à des interventions orientés sur l’affirmation du genre (p. ex. des traitements hormonaux, l’épilation des poils) qui peuvent aider certains enfants et jeunes à sentir que leur corps correspond mieux à leur identité de genre.

Il est d’une importance capitale que les jeunes transgenres qui s’intéressent aux inhibiteurs d’hormones, aux traitements hormonaux ainsi qu’à d’autres interventions d’affirmation du genre reçoivent des conseils et des soins médicaux compétents et affirmatifs. Les jeunes qui n’ont pas accès aux services de santé dont ils ont besoin, par exemple, peuvent en venir à employer des hormones sans la supervision d’un médecin, ce qui pourrait entraîner des conséquences néfastes pour leur santé. Le manque d’accès à des soins de santé transaffirmatifs peut aussi mener à des préoccupations pour la santé mentale (dépression, anxiété), à l’automutilation, à la consommation d’alcool ou d’autres drogues et à au suicide.

Il est également important d’éviter de supposer que les jeunes qui s’intéressent aux inhibiteurs d’hormones, aux thérapies hormonales ou à d’autres interventions médicales devraient attendre d’être plus âgés avant de prendre des décisions. Forcer les jeunes à attendre pour avoir accès à des soins de santé orientés sur l’affirmation du genre peut accroître considérablement les risques, y compris les pensées et les comportements suicidairesfootnote 82. On devrait demander des aiguillages vers des professionnels de la médecine qui ont l’habitude de travailler avec des jeunes transgenres et de diverses identités de genre afin que ces jeunes puissent recevoir des conseils et des soins adéquats. Lorsque les professionnels de la médecine sont difficilement accessibles, en particulier dans les collectivités rurales ou nordiques, un mentorat par des praticiens d’expérience et des soins collaboratifs par des praticiens de la région ou à distance peuvent être possiblesfootnote 83.

Trouver des fournitures affirmatives du genre

Il est important de chercher des magasins ou des organismes, en ligne et dans votre collectivité, qui vendent ou qui louent des fournitures affirmatives du genre, comme des bandes, des bourrures, des dispositifs pour uriner debout et des appareils pour épiler les poils.

Lire la ressource de QMUNITY sur la santé thoracique pour les communautés trans, de diverses identités de genre et bispirituelles pour en savoir davantage sur les pratiques sécuritaires de bandage thoracique et sur les sites où acheter des bandes thoraciques en ligne. La ressource est disponible à l’adresse : http://qmunity.ca/wp-content/uploads/2015/03/I_Heart_My_Chest_-_English_version.pdf

Plein feux sur les communautés : le DressCode Project

Le DressCode Project est une initiative qui vise à créer des espaces dans les salons de coiffure pour les personnes qui font partie des communautés LGBT2SQ. L’initiative souligne l’importance de pouvoir avoir une apparence qui correspond à ce que l’on ressent et elle montre à quel point il peut parfois être angoissant et difficile de se rendre à un salon et demander une coupe de cheveux qui n’est pas traditionnellement associée à son genre, surtout pour les personnes qui sont transgenres.

Le Dresscode Project a pour objectif de mettre fin à la discrimination fondée sur le genre dans le domaine de la coiffure en assurant une expérience affirmative, positive et tolérante dans les salons. Dans tous les salons DressCode, on veille à employer les pronoms appropriés, on aménage des toilettes neutres et on suit une formation de sensibilisation complète offerte par le Dresscode Project. Le Dressecode Project anime également le « Gender Free Haircut Club », un événement dans le cadre duquel les jeunes LGBT2SQ ont droit à une coupe de cheveux gratuite à tous les deux mois à Toronto. Pour obtenir plus de renseignements et pour consulter le répertoire des salons participants, http://dresscodeproject.com/.

instagram : @thedresscodeproject,
Facebook : Dress Code Project

Les professionnels du bien-être de l’enfance et les fournisseurs de soins peuvent encourager, eux aussi, l’extériorisation des jeunes transgenres et de diverses identités de genre enfootnote 84 :

  • favorisant des cultures ou des politiques organisationnelles qui encouragent l’extériorisation du jeune;
  • donnant des exemples de comportements transpositifs dans le milieu du travail, à la maison et dans la collectivité;
  • participant et en encourageant des activités communautaires transpositives;
  • présumant que les jeunes transgenres NE FONT PAS une « mise en scène » lorsqu’ils expriment leur identité de genre.

[Traduction] Ne pas pouvoir prendre mes propres décisions, ça veut dire, pour moi, que ma voix et mon opinion ne sont pas entendues. Ne pas pouvoir prendre ses propres décisions peut amener une personne à se sentir rabaissée et invisible. Cela pourrait insécuriser les gens parce qu’il n’y a personne qui écoute leurs opinions, leurs idées et leurs décisions.

Jeune (extrait du document The Ultimate Health Rights Survival Guide, intervenant provincial en faveur des enfants et des jeunes)

La pièce d’identité délivrée par le gouvernement et l’identité de genre

Le sexe/sexe assigné de tous les enfants et les jeunes est inscrit sur l’enregistrement de la naissance et les certificats de naissance. Les renseignements personnels qui figurent sur l’enregistrement de la naissance et les certificats de naissance sont utilisés pour concevoir d’autres formes d’identification délivrées par le gouvernement. Pour les enfants et les jeunes transgenres et genderqueers, cela signifie que leur pièce d’identité délivrée par le gouvernement est compatible avec leur sexe/sexe assigné et non avec leur identité de genre (Santé arc-en-ciel Ontario, 2015).

Il est important que les enfants et les jeunes transgenres et genderqueers aient le choix de changer leur pièce d’identité délivrée par le gouvernement afin qu’elle soit compatible avec leur identité de genre. Le manque d’accès à une identification affirmative peut avoir des répercussions importantes sur les possibilités d’emploi, le logement, les soins de santé et les services sociaux pertinents en plus de diminuer la sécurité (particulièrement si le contenu de la pièce d’identité de l’enfant ou du jeune ne correspond pas à son expression de genre).

Avec le soutien des parents, des tutrices et tuteurs et des fournisseurs de soins, la désignation du sexe peut être changée sur les pièces d’identité délivrées par le gouvernement suivantes :

  • l’enregistrement et le certificat de naissance de l’Ontario
  • le permis de conduire de l’Ontario
  • les passeports fédéraux

Remarque : La désignation du sexe ne figure plus sur les cartes Santé de l’Ontario qui ont été délivrées depuis le 13 juin 2016 (bien que cette information demeure dans la base de données du ministère de la Santé et des Soins de longue durée).

Jetez un coup d’œil sur les sites Web suivants afin d’obtenir plus d’information sur la marche à suivre pour changer la désignation du sexe sur les pièces d’identité délivrées par le gouvernement :

Des activités et des programmes affirmatifs pour les enfants et les jeunes LGBT2SQ

Les programmes conçus sur mesure pour les enfants et les jeunes LGBT2SQ favorisent les liens avec les pairs et les communautés, renforcent l’identité, contribuent à une estime de soi positive, en plus d’être des occasions de tenir des activités sociales agréables. Les programmes qui ne sont pas conçus spécifiquement pour les enfants et les jeunes LGBT2SQ, mais qui encouragent leur présence et qui affirment activement leurs droits ainsi que leur dignité, peuvent également aider les enfants et les jeunes LGBT2SQ à sentir qu’ils n’ont pas besoin de cacher leur identitéfootnote 85. Dans les collectivités nordiques, éloignées et rurales, les préposées et préposés au bien-être de l’enfance peuvent être créatifs et collaborer avec d’autres organisations et organismes communautaires afin de veiller à ce que les enfants et les jeunes aient accès à des activités et des programmes affirmatifs.

Certains organismes ont formé des groupes de soutien ou de loisirs et sociaux pour les personnes LGBT2SQ. Ces groupes peuvent inclure des personnes alliées, être organisés en partenariat avec d’autres organismes communautaires et inclure des enfants et des jeunes LGBT2SQ qui ne sont pas pris en charge par le système de bien-être de l’enfance. Parrainer des événements de la fierté (p. ex. Fierté LGBT2SQ, Fierté trans) et y participer sont également des moyens importants d’affirmer les enfants et les jeunes LGBT2SQ. S’il n’y a pas de groupes de soutien par les pairs ou de groupes sociaux pour les enfants et les jeunes LGBT2SQ, les préposées et préposés au bien-être de l’enfance peuvent, en tant que personnes alliées, donner un coup de main pour en créer.

Il est important que les organismes de bien-être de l’enfance collaborent avec d’autres organisations fondées sur l’identité, par exemple, des organismes autochtones qui procurent des services culturels et holistiques. Les enfants et les jeunes autochtones bispirituels ou LGBTQ peuvent être orientés vers un centre d’amitié autochtone de la régionfootnote 86 afin d’avoir accès à des services et des programmes axés sur la culture ou d’obtenir de l’information sur le Native Youth Sexual Health Network, une organisation dirigée par et pour les jeunes autochtones qui traite des enjeux comme la santé sexuelle et reproductive, les droits et la justicefootnote 87

Accompagner les jeunes LGBT2SQ pris en charge pendant leur transition vers l’âge adulte

Tous les jeunes qui quittent la prise en charge doivent avoir accès à des soutiens qui les aident à faire une transition réussie vers l’âge adulte, notamment en favorisant les liens avec la collectivité, en créant des réseaux sociaux, en acquérant les aptitudes nécessaires à la vie courante, en obtenant un logement stable, en poursuivant leurs études, en suivant des formations et en trouvant un emploi. Lorsqu’on accompagne des jeunes LGBT2SQ au fil de ces transitions, il faut songer à leur permettre de renforcer leur autonomie sociale ainsi que leurs aptitudes à résoudre des problèmes afin de les aider à affronter la discrimination et les préjugés auxquels ils pourraient se buter dans les systèmes de services aux adultes ainsi que dans l’ensemble de la collectivité (p. ex. pour obtenir un logement). Il faut absolument mettre ces jeunes en contact avec des programmes LGBT2SQ, des mentors, des soutiens par les pairs, des réseaux et des occasions sociales qui affirment les personnes LGBT2SQ. Il faudrait aussi aider les jeunes à prendre contact avec les services et les soutiens culturels et confessionnels qu’ils recherchent. L’annexe B contient de l’information sur certains organismes, répertoires de services, organismes communautaires et réseaux d’entraide.

Intervenants auprès des jeunes en transition

Le ministère des Services à l’enfance et à la jeunesse finance le Programme des intervenants auprès des jeunes en transition (IJT) dans les agences communautaires de l’Ontario. Les IJT travaillent avec les jeunes du système de protection de la jeunesse et les dirigent vers les ressources éducatives, les services d’emploi, l’aide au logement, la préparation à la vie quotidienne, les services de santé mentale et autres soutiens communautaires et en les accompagnent dans leur transition vers l’âge adulte.

Le programme IJT finance le programme Supporting Our Youth (SOY) du Sherbourne Health Centre, qui est un programme de mentorat destiné aux enfants et aux jeunes LGBT2SQ de l’Ontario. SOY compte un IJTqui aide les enfants et les jeunes LGBT2SQ arrivant du système de protection de la jeunesse à identifier les services et aides de leur collectivité, à y accéder et à y naviguer afin de leur assurer une transition en douceur vers l’âge adulte.

 


Notes en bas de page