Introduction

Les porcs sont des animaux omnivores. Leur alimentation est composée à la fois des aliments d’origine végétale et animale. Comme les humains, les porcs ont un estomac à compartiment unique, ce qui en fait une espèce monogastrique. En raison du fonctionnement de leur système digestif, les porcs ne peuvent répondre à leurs besoins nutritionnels s’ils se nourrissent uniquement de fourrage ou de régimes à base de pâturage.

Pour qu’un porc se développe adéquatement, il doit être nourri avec un régime équilibré qui contient :

  • de l’énergie (graisses et glucides)
  • des acides aminés (protéines)
  • des vitamines
  • des minéraux
  • de l’eau

Le régime alimentaire d’un porc aura une incidence sur le temps nécessaire dont il aura besoin pour atteindre son poids optimal pour le marché ainsi que sur la qualité de sa viande, ses performances en matière de reproduction et sa santé. Les besoins nutritionnels varieront d’une exploitation agricole à une autre en fonction de nombreux facteurs, notamment :

  • la race ou la génétique de l’animal
  • le type de système de logement (intérieur, extérieur, mixte)
  • la façon dont ils sont gérés
  • l’état de santé des animaux
  • la saison/la période de l’année ou le climat dans lequel ils sont élevés
  • l’âge de l’animal
  • le statut reproductif de l’animal

Exigences en matière de nutrition chez les porcs

Énergie

L’énergie est essentielle pour soutenir la santé, la croissance et les fonctions reproductives des porcs. Les besoins énergétiques sont principalement satisfaits par des aliments riches en graisses et en glucides, bien qu’une certaine quantité d’énergie puisse être générée à partir d’acides aminés alimentaires. Les graisses fournissent des niveaux élevés en énergie.

Les glucides peuvent être divisés en glucides « à haute teneur en énergie » et « à faible teneur en énergie ». Les amidons et les sucres sont considérés comme une source à haute teneur en énergie, tandis que les fibres sont considérées comme une source à faible teneur en énergie, car elles sont plus difficiles à digérer et à utiliser par le porc.

Acides aminés

Les acides aminés sont les composantes de base des protéines. Il existe 22 acides aminés différents qui se combinent pour former des protéines. Sur les 22 acides aminés, 10 sont essentiels au porc, ce qui signifie qu’ils doivent absolument être intégrés au régime alimentaire, car l’animal ne peut les produire lui-même.

Les régimes alimentaires doivent être équilibrés en fonction de leur teneur en acides aminés et non en fonction de la teneur totale en protéines brutes. Lorsqu’un porc consomme un aliment protéiné, il est décomposé dans le tractus intestinal en acides aminés individuels. Ces acides aminés sont ensuite transportés vers les nombreux tissus du corps, où ils pourront ensuite être utilisés pour la synthèse des protéines musculaires ou la synthèse d’autres protéines telles que les enzymes, les protéines de transport, les protéines immunitaires et les protéines du lait. La lysine est généralement l’acide aminé le plus limitant dans les régimes alimentaires des porcs et doit donc servir de base pour les formulations.

Vitamines et minéraux

Les vitamines et minéraux sont considérés comme des micronutriments et l’animal en a besoin seulement en petite quantité, mais ils sont essentiels au bon fonctionnement de tous ses mécanismes physiologiques. La majorité des besoins en vitamines et minéraux peuvent être satisfaits par les ingrédients qui se retrouvent habituellement dans les aliments. Pour cette raison, il est impératif que des vitamines et minéraux prémélangés soient ajoutés à tous les régimes alimentaires des porcs. Il est possible de provoquer des problèmes de santé ou de production si les vitamines et minéraux sont offerts en trop petite ou trop grande quantité ou de manière déséquilibrée. Vous trouverez de plus amples renseignements à propos des carences nutritionnelles qui peuvent être rencontrés chez les porcs en consultant la page Web sur les carences nutritionnelles de la Iowa State University (en anglais seulement).

La composition des formules prémélangées offertes au porc varie en fonction de son âge, sa taille et sa fonction productive (croissance vs reproduction). Si vous mélangez les régimes alimentaires sur l’exploitation, vous pouvez acheter une formule prémélangée dans une provenderie ou un magasin d’alimentation local. Si vous achetez des aliments complets par l’intermédiaire d’une entreprise, votre nutritionniste aura au préalable créé une formule prémélangée de vitamines et de minéraux adaptés au besoin de vos porcs.

Eau

L’eau représente plus de 80 % du poids corporel d’un porc nouveau-né et environ 50 % du poids corporel d’un porc de marché. L’eau est essentielle à la vie et intervient dans de nombreux processus physiologiques au sein de l’organisme, notamment :

  • la régulation de la température
  • la forme structurelle par la turgescence cellulaire
  • le transport des nutriments vers les cellules
  • l’élimination des déchets des cellules
  • les réactions chimiques dans le corps
  • la lubrification des articulations
  • le coussin protecteur du système nerveux

Les porcs consomment de l’eau de trois façons :

  • par consommation directe d’eau
  • par l’eau présente dans l’alimentation
  • par l’eau métabolique produite par des réactions chimiques dans le corps

L’eau est évacuée par le corps de quatre façons principales :

  • la respiration
  • l’évaporation par la peau
  • la défécation par le tractus intestinal
  • la miction

La consommation d’eau varie considérablement selon la taille des porcs et peut être influencée par l’environnement et l’apport alimentaire. D’ailleurs, si les températures de la porcherie dépassent le seuil de confort thermique des porcs, leur consommation d’eau peut augmenter de 15 % à 50 %.

Considérations pour la formulation des régimes alimentaires des porcs

Il est recommandé que les producteurs de porcs collaborent avec une entreprise d’alimentation et un spécialiste en nutrition pour développer un programme d’alimentation équilibré adapté à leur exploitation agricole. Que vous soyez un agriculteur amateur ou un producteur commercial, un bon programme de nutrition est essentiel pour élever des porcs en bonne santé. De nombreux producteurs achètent des aliments complets auprès d’entreprises d’alimentation locales, tandis que d’autres mélangent leur propre nourriture en utilisant des préparations spécifiques. Ces deux façons (ou une combinaison des deux) sont des bonnes façons de nourrir vos porcs. Cependant, assurez-vous d’inclure un mélange adéquat de vitamines et de minéraux dans vos régimes alimentaires si vous fabriquez votre propre moulée.

Il est important de comprendre que les nutriments contenus dans les différents ingrédients varient considérablement. Les céréales, les graines oléagineuses et les sous-produits utilisés ont tous des profils nutritionnels très différents. De plus, la même source de céréales ou de maïs peut avoir une teneur nutritionnelle différente en fonction du cultivar, de la saison de croissance et du lieu de culture. Si vous cultivez vos propres aliments, vous devriez les faire analyser pour connaître leurs compositions nutritionnelles avant de les donner à vos porcs.

Pour obtenir des renseignements sur la façon de recueillir et faire analyser des échantillons alimentaires, visitez les pages suivantes du Ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et de l’Agroentreprise (MAAAO) :

L’énergie et les protéines constituent les principaux éléments nutritifs d’une ration pour porcs. Les céréales comme le maïs, l’orge, le blé et l’avoine sont des sources d’énergie bien connues, tandis que les protéines proviennent généralement de tourteaux de graines oléagineuses telles que le soja et le colza. Les ingrédients des aliments fournissent également des vitamines et des minéraux essentiels aux porcs.

Pour de plus amples renseignements sur les différents ingrédients pour les porcs et leur composition nutritionnelle, consultez les fiches techniques du MAAAO :

Le guide sur les « Principles of Balancing Swine Diets – Hogs, Pigs, and Pork (en anglais seulement) » (Principes de l’équilibre dans les régimes alimentaires pour les porcs – suidés, cochons et porcs) de la National Institute of Food and Agriculture (Institut National de l’Alimentation et de l’Agriculture) du Département de l’Agriculture des États-Unis (USDA) est une excellente ressource pour vous aider à comprendre les principes de l’équilibre dans les régimes alimentaires chez les porcs.

Fourrages

Au cours des dernières années, des recherches ont démontré que les porcs sont en mesure, jusqu’à un certain point, d’utiliser les fourrages comme source de nutriments et qu’ils peuvent être intégrés avec succès dans leurs régimes alimentaires. Les porcs plus matures sont plus en mesure de digérer et d’absorber les nutriments des fourrages que les jeunes animaux.

Améliorer l’utilisation des nutriments

Il existe plusieurs façons d’améliorer l’utilisation des nutriments contenus dans les aliments pour porcs, notamment en les broyant ou en les mélangeant (réduire la taille des particules, améliorer l’uniformité du mélange des aliments) et utiliser des additifs alimentaires tels que les enzymes.

Broyer/mélanger les aliments

La taille des particules fait référence au diamètre moyen des particules individuelles dans une ration ou, en d’autres termes, à la finesse de la mouture des ingrédients. La réduction de la taille des particules dans l’alimentation des porcs a été largement étudiée et il a été démontré que cette technique peut améliorer l’efficacité de l’alimentation. Lorsqu’un grain est moulu, sa surface augmente, permettant ainsi une plus grande interaction entre l’ingrédient et les enzymes digestives du porc, ce qui favorise à son tour l’utilisation des nutriments par le porc. Cependant, une mouture fine présente des avantages et des inconvénients. Il est donc essentiel de trouver la taille optimale des particules, en tenant compte de la performance des porcs ainsi que de l’efficacité du broyage et de l’alimentation. Le broyage des ingrédients peut améliorer la manipulation et l’uniformité du mélange. Cependant, une mouture trop fine peut entraîner des ponts d’alimentation dans les silos et les mangeoires et, dans certains cas, des ulcères gastriques chez les porcs. Les moutures plus fines augmentent également le coût de traitement des aliments et la quantité de poussière dans le moulin. Dans la plupart des tests effectués, une taille de particule alimentaire d’environ 700 microns favorise à la fois la performance des porcs et l’efficacité de l’alimentation et du broyage.

Si vous produisez vous-même des aliments, vous devriez intégrer régulièrement l’analyse de la taille des particules à un programme de contrôle de qualité à la ferme puisqu’il s’agit d’un test relativement peu coûteux. Les producteurs devraient vérifier les grains moulus ou le régime alimentaire complet au moins deux fois par année et les grandes exploitations, au moins tous les 60 à 90 jours. Il existe plusieurs laboratoires commerciaux qui peuvent aider à déterminer la taille des particules, ainsi que plusieurs trousses d’utilisation à la ferme. Les points clés à rechercher dans l’analyse sont :

  • la taille moyenne des particules (700–800 microns)
  • la forme du graphique/courbe (en forme de cloche ou normale)
  • la confirmation que moins de 10 % des particules de l’échantillon sont trop grosses (>1 850 microns) ou trop fines (<300 microns)

Certains laboratoires commerciaux peuvent offrir ce service. Pour de plus amples renseignements sur les laboratoires qui proposent ces analyses, visitez les pages du MAAAO :

Lors du mélange des aliments sur l’exploitation, il est important de s’assurer que l’équipement du moulin est bien entretenu et correctement calibré. Indépendamment du type d’équipement utilisé, il est important d’effectuer un entretien régulier afin de prévenir les erreurs lors du brassage. Les enquêtes sur l’étalonnage des moulins à alimentation révèlent que plus de la moitié des moulins ne sont pas correctement étalonnés pour un ou plusieurs ingrédients.

Une mauvaise calibration provient habituellement des différences dans la densité apparente (poids au boisseau) ou les niveaux d’humidité des grains et des suppléments protéiniques par rapport à ceux pour lesquels le moulin a été initialement calibré. Le poids au boisseau et les niveaux d’humidité des céréales peuvent varier considérablement en fonction de la charge, du silo et du champ. La fabrique d’aliments doit donc être calibrée régulièrement et le moulin doit être recalibré si la densité ou l’humidité varie de plus de 3 %.

Pour obtenir un mélange uniforme des ingrédients, les mélangeurs ne doivent pas être peu remplis ou trop remplis, et la vitesse à laquelle les ingrédients sont mélangés doit suivre les recommandations du fabricant. Les mélangeurs horizontaux doivent être remplis au minimum au tiers, tandis que les mélangeurs verticaux doivent être remplis au moins à 50 %. L’un des problèmes les plus courants est de mettre une trop grande quantité dans les mélangeurs. Pour les mélangeurs verticaux, il ne faut jamais les remplir au-dessus du sommet de l’élévateur, tandis que pour ceux qui sont horizontaux, le bord supérieur des rubans ou des vis qui se trouvent au-dessus des aliments devrait tout juste être visible.

L’ordre de chargement des ingrédients dans le mélangeur est crucial pour obtenir un bon mélange. Pour les mélangeurs verticaux, les micro-ingrédients ou les ingrédients prémélangés doivent être ajoutés à mi-chemin du processus de chargement pour assurer leur incorporation complète et pour éviter qu’ils ne se séparent. Pour les mélangeurs horizontaux, commencez par charger les ingrédients principaux, puis ajoutez les suppléments, minéraux ou les aliments prémélangés. Dans les deux types de mélangeurs, les liquides ne doivent être ajoutés qu’après le mélange des matériaux secs, car ils modifient le schéma de flux et peuvent arrêter complètement le processus de mélange.

Il est essentiel d’éviter que des résidus ne s’amassent dans l’équipement ou soient transférés dans le lot suivant. Les fines particules, les aliments collants ou les liquides peuvent favoriser cette accumulation. Retirez toute accumulation dès que possible, rincez les équipements après l’utilisation d’additifs ou d’antibiotiques, suivez la séquence d’alimentation recommandée et nettoyez manuellement au besoin.

Inclusions des enzymes

Il existe de nombreux produits à base d’enzyme disponibles sur le marché qui peuvent être ajoutés aux rations pour porcs afin d’améliorer l’utilisation des nutriments. Les enzymes soutiennent la décomposition des ingrédients spécifiques de l’alimentation, rendant ainsi les nutriments plus faciles à digérer et à absorber. Les enzymes les plus couramment utilisées pour l’alimentation des porcs sont les phytases, les protéases et les carbohydrases.

La phytase facilite la disponibilité du phosphore dans le système gastro-intestinal en brisant la liaison phosphore-phytate des ingrédients alimentaires d’origine végétale. Cela permet aux porcs de mieux absorber le phosphore végétal, réduisant ainsi le besoin en suppléments et limitant l’excrétion excessive de phosphore dans l’environnement. La phytase est ajoutée dans la plupart des rations commerciales pour porcs.

L’utilisation de carbohydrases et de protéases dans les rations pour porcs produits des résultats variables. Les protéases sont des enzymes qui dégradent les protéines, tandis que les carbohydrases dégradent les glucides. L’ajout d’enzymes dans les rations doit être adapté au type de substrat du régime alimentaire. Par exemple, si vous essayez de favoriser la dégradation des protéines dans le tourteau de soja, une protéase devrait être utilisée. Cependant, si vous essayez de dégrader les glucides (surtout dans des ingrédients riches en fibres comme le blé ou l’orge), le xylanase (blé) ou le β-glucanase (orge) devrait être privilégié. Les protéases peuvent être utilisées conjointement avec les carbohydrases.

Inclure des enzymes dans les rations pour porcs devrait être un choix économique et permettre d’améliorer les performances. Il est conseillé de discuter avec votre nutritionniste pour découvrir les produits les mieux adaptés à votre situation en raison de la grande variété de produits sur le marché.

Remerciements

Cette fiche technique a été rédigée par le DJaydee Smith, spécialiste de la production porcine, MAAAO et la Dre Laura Eastwood, ancienne spécialiste de la production porcine, MAAAO.