5.1 Stratégie d'intervention – activités de protection

Lors de l'intervention en cas d'urgence nucléaire, le CPOU doit mettre en œuvre une stratégie d'activités de protection pour protéger le public et les travailleurs d'urgence dépêchés sur place des effets d'une émission radioactive. Ces activités de protection comprennent les suivantes :

  1. mesures de précaution;
  2. mesures de protection aux fins de contrôle de l'exposition;
  3. mesures de protection aux fins de contrôle de l'ingestion;
  4. autres mesures destinées à protéger le public.

5.2 Mesures de précaution

Le commandant du CPOU doit faire adopter, comme il convient, toute mesure de précaution parmi les suivantes – voire l'ensemble de ces mesures – dans la zone de planification détaillée (ou une partie de celle-ci) et les secteurs adjacents (p. ex., la ZPU). On envisagera également de recourir à ces mesures au moment qui convient le mieux (dans le cas d'une émission retardée, il peut être indiqué de retarder l'application de certaines), et de diffuser le ou les bulletin(s) nécessaires ainsi que des directives pour leur mise en œuvre. Ces mesures sont les suivantes :

  1. la fermeture des plages, aires de loisirs, etc.;
  2. la fermeture des lieux de travail et des écoles;
  3. la suspension de l'admission, dans les hôpitaux, des patients dont l'état n'est pas critique;
  4. le contrôle de l'accès (voir la section 6.6);
  5. l'élimination des réserves de lait dans les fermes laitières;
  6. l'interdiction de consommer tout aliment et toute eau qui pourrait avoir été exposé à l'extérieur;
  7. l'interdiction de consommer et d'exporter du lait, de la viande, des légumes et des fruits produits localement, et d'exporter des animaux laitiers et de boucherie locaux;
  8. le retrait des animaux laitiers et de boucherie des pâturages et le blocage de leur accès aux sources d'eau à l'air libre.

5.3 Mesures de protection aux fins de contrôle de l'exposition

5.3.1 Évacuation

  1. Le temps d'évacuation estimé (voir la section 2.6.3) devrait guider la prise de décisions en ce qui concerne la mise en œuvre des stratégies d'évacuation.
  2. Toutes les voies disponibles seront utilisées pour évacuer le public.
  3. Des évacuations de zones périphériques pourraient survenir spontanément dans des secteurs contigus à la zone de planification détaillée et, subséquemment, ralentir l'évacuation de la ZPD.
  4. Contamination
    1. Dans un cas d'émission retardée, il n'est pas prévu que les personnes évacuées soient contaminées ni ne requièrent une surveillance ou une décontamination.
    2. Dans un cas d'émission en cours ou imminente, il est prévu que certaines personnes évacuées exposées à l'émission de matières radioactives soient contaminées à divers degrés.
    3. La contamination, le cas échéant, prendra la forme de particules libres sur ces personnes, ainsi que sur leurs biens et leurs véhicules.
    4. Les personnes exposées à une émission de matières radioactives peuvent également présenter une contamination interne.
    5. Étant donné la densité de la population, l'auto-décontamination pourrait être le moyen principal de décontamination, le cas échéant.
    6. Des installations de surveillance de la contamination et de décontamination sont requises pour les personnes évacuées incapables de se décontaminer par elles-mêmes, ainsi que pour celles qui veulent une assurance de la sécurité sanitaire.
  5. Transports
    1. Lors d'une urgence nucléaire, la densité et le volume de la circulation sur les grandes artères et autoroutes augmentent considérablement. Par conséquent, la durée des déplacements dans toutes les directions sera plus longue qu'en temps normal.
    2. La gestion intégrée des transports, selon de multiples modèles, est nécessaire pour assurer des évacuations aussi harmonieuses que possible.
  6. Réunification des familles avant l'évacuation
    1. Les familles voudront se réunir et évacuer ensemble dans toute la mesure du possible.
    2. La faisabilité de la réunification des familles dépend du moment du jour où débutera l'urgence et de la nécessité d'évacuer rapidement (p. ex., le moment de l'émission).
    3. Les facteurs qui entrent en ligne de compte pour la réunification des familles sont le lieu de travail, l'école des enfants, les membres des familles qui se trouvent dans des hôpitaux, des foyers de soins de longue durée ou d'autres établissements, etc.
  7. Assistance générale
    1. La majorité des personnes évacuées prendront leurs propres dispositions quant aux soins et à l'hébergement. Des dispositions d'assistance générale doivent être prises pour celles qui ne disposent pas de ces ressources.
    2. Les personnes évacuées qui ont besoin d'un hébergement public ou privé pourraient devoir être assurées que cet hébergement n'est pas contaminé.
  8. Protection et soin des animaux
    1. En vertu du paragraphe 7.0.2. (4) de la LPCGSU, les plans municipaux de mesures d'urgence devraient contenir des dispositions pour la protection et le soin de tous les animaux, y compris ceux laissés derrière lors d'une évacuation.
    2. Les municipalités désignées devraient, au besoin, consulter les organismes suivants pour obtenir de l'aide dans l'élaboration de plans pour la protection et le soin des animaux :
      • la Société de protection des animaux de l'Ontario (SPAO) (qui a pour mission de protéger tous les animaux dans la province);
      • le ministère de l'Agriculture, de l'Alimentation et des Affaires rurales de l'Ontario (direction provinciale de la protection de la santé des animaux d'élevage [décret 1157/2009]);
      • le ministère des Richesses naturelles et des Forêts (MRNF), pour les questions relatives aux animaux sauvages.
    3. Le CPOU devrait fournir aux intervenants susmentionnés l'aide dont ils ont besoin pour assurer la protection et le soin des animaux.
  9. Prise en charge de l'évacuation
    1. Les évacuations doivent être dirigées par secteur d'intervention ou l'anneau de secteurs de la zone de planification et comprendre de l'information délimitant la région à évacuer avec des itinéraires et des points de repère identifiables.
    2. Les personnes évacuées pouvant avoir été exposées à une émission doivent être orientées vers une unité de surveillance de la contamination et de décontamination (USCD) ou devront se décontaminer elles-mêmes dès qu'elles arriveront à destination. L'information sur les endroits de surveillance sera communiquée au moment de l'urgence.
    3. Les personnes évacuées ne présentant aucun risque de contamination doivent recevoir l'ordre de quitter la zone de planification détaillée sans devoir se rendre à une USCD ou se décontaminer.
    4. Les personnes qui évacuent peuvent se diriger vers la destination de leur choix en se soumettant aux restrictions (climat, état de la circulation, etc.) annoncées dans les bulletins d'urgence du commandant du CPOU.
    5. La responsabilité pour le mouvement rapide des personnes évacuées par le réseau de transport provincial est attribuée dans le Plan de gestion globale des transports.
    6. Le Centre de coordination globale des transports doit surveiller le réseau de transport provincial utilisé par les personnes évacuées et informer le commandant du CPOU de tout problème influant sur l'évacuation.
  10. Dispositions concernant l'évacuation
    1. Le plan d'urgence de la municipalité de Kincardine doit comprendra des dispositions de transport d'évacuation de masse et de transferts médicaux.
    2. L'évacuation du public touché devrait être facilitée par la planification et la préparation effectuées au préalable, notamment :
      • la gestion du transport (p. ex., le ministère des Transports);
      • les centres de réception et d'évacuation (p. ex., les municipalités désignées);
      • le logement à long terme (p. ex., un groupe de planification interministérielle et interterritoriale);
      • les problèmes de santé (sous la direction des bureaux de santé publique locaux et des médecins hygiénistes en collaboration avec le MSSLD, les réseaux locaux d'intégration des services de santé [RLISS] et les services paramédicaux).
    3. L'assistance médicale requise au cours d'une évacuation relève des services médicaux d'urgence et des hôpitaux en vertu d'ententes municipales et devrait être détaillée dans les plans municipaux.
    4. Les plans d'urgence des municipalités désignées et des municipalités hôtes doivent inclure des dispositions pour la prise en charge des personnes évacuées et les soins à leur donner.
    5. L'exploitant de la CNB doit inclure des dispositions pour la surveillance et la décontamination des personnes évacuées dans son plan d'urgence et dans ses procédures associées (voir la section 6.9).
    6. Les plans d'urgence des écoles de la zone de planification détaillée doivent prévoir le déplacement du personnel et des élèves vers des écoles hôtes prévues à l'avance et, au besoin, vers des unités de surveillance de la contamination et de décontamination aux fins de surveillance et de décontamination préalables. Les élèves évacués demeureront sous la responsabilité du personnel de leur école jusqu'à ce que leurs gardiens ou leurs parents viennent les chercher à l'école hôte.
    7. Les plans d'urgence des hôpitaux, des foyers de soins de longue durée et des autres établissements de soins de santé de la zone de planification détaillée doivent comporter des dispositions relatives au transfert du personnel, des résidants et des patients vers une installation appropriée à l'extérieur de la ZPD avec laquelle une entente préalable aura été prise. Des dispositions doivent également permettre d'amener le personnel, les résidants et les patients vers des unités de surveillance de la contamination et de décontamination, au besoin.
    8. Comme il peut être impossible ou non souhaitable d'évacuer certaines de ces personnes, des dispositions spéciales devront être prises pour le personnel, les résidants et les patients demeurant derrière, tel que cela est indiqué dans les plans municipaux.
  11. Évacuation de la centrale nucléaire de Bruce (CNB)

    La CNB prépare ses propres plans d'évacuation du personnel non indispensable sur le site. Durant une urgence, l'évacuation réelle du personnel du site devrait s'effectuer en consultation avec le commandant du CPOU. Lorsque le délai le permet et sans compromettre la sécurité du personnel de la centrale (émission retardée ou imminente), le moment et la séquence d'une telle évacuation du site devraient être convenus à l'avance avec le CPOU.

5.3.2 Réinstallation temporaire

  1. Réinstallation temporaire :
    1. correspond au déplacement de personnes qui quittent leur domicile pendant une période allant d'une semaine à un an pour éviter une exposition chronique aux rayonnements, habituellement attribuables à la contamination du sol. Pour une période supérieure à un an, le CPOU devrait envisager la réinstallation permanente.
    2. Peut être ordonnée après le rejet, pendant la phase d'intervention intermédiaire, en fonction des niveaux de contamination réels mesurés.
    3. Peut être ordonnée comme mesure à la suite de l'évacuation, ou de la mise à l'abri sur place, ou comme mesure distincte.
    4. Est déterminée après l'analyse des résultats de la surveillance des rayonnements dans l'environnement et l'évaluation des niveaux d'intervention opérationnels (NIO; plan directeur du PPIUN, annexe E, appendice 2).
  2. Les dispositions relatives à l'évacuation précédemment décrites à la section 5.3.1 j) doivent être envisagées et appliquées suivant les besoins, pour la mise en œuvre de la réinstallation temporaire.
  3. Le CPOU devrait tenir compte des facteurs socioéconomiques avant de recommander la réinstallation temporaire étant donné que les répercussions potentielles de cette activité peuvent ne pas être justifiées dans les zones où le NIO pour la réinstallation est à peine dépassé.

5.3.3 Blocage de la fonction thyroïdienne

  1. Il incombe à l'exploitant de la CNB de se procurer suffisamment de cachets de KI pour la population de la zone de planification détaillée (plan directeur du PPIUN, section 6.5.2).
  2. Les municipalités désignées doivent préciser dans leur plan les moyens par lesquels elles mettent :
    1. des cachets de KI à la disposition des établissements de soins de santé de la zone de planification détaillée ainsi que des centres d'urgence (centres des travailleurs d'urgence, centres de réception et d'évacuation et centres d'hébergement);
    2. des cachets de KI à la disposition de toute personne de la zone de planification détaillée qui souhaiterait en détenir une réserve.
  3. Toutes les responsabilités concernant le blocage thyroïdien (stockage, distribution et administration des cachets) sont décrites dans le PISIRN élaboré par le MSSLD.
  4. Le médecin hygiéniste en chef doit décider quand administrer le KI, en concertation avec le commandant du CPOU.

5.3.4 Mise à l'abri sur place

Le besoin de mise à l'abri sur place future en guise de mesure de protection doit être diffusé dans le bulletin d'information dès qu'il est connu. Le commandant du CPOU décidera, en dernier ressort, du moment d'émettre une directive opérationnelle de mise à l'abri sur place (ou, si une situation d'urgence a été déclarée, d'aviser que tel décret d'urgence a été émis) – quoiqu'en tant que directive générale, le bulletin d'urgence ordonnant cette mesure de protection doive être diffusé au moins 4 heures avant le début prévu de l'émission – suivant l'intensification de l'intervention vers l'activation complète.

5.4 Mesures de contrôle de l'ingestion

5.4.1 Avant le début d'une émission, des mesures de contrôle de l'ingestion appropriées seront ordonnées à titre de précaution dans la zone de planification détaillée et, au besoin, dans les zones adjacentes (p. ex. la ZPU).

5.4.2 Une fois l'émission débutée, les mesures de contrôle de l'ingestion adoptées à titre de précaution devraient être révisées par la Section des services scientifiques du CPOU et ajustées suivant les besoins lorsque les résultats de la surveillance de l'environnement seront disponibles.

5.4.3 Si la surveillance environnementale en indique le besoin, des mesures de contrôle de l'ingestion appropriées devraient être envisagées dans des régions connues pour être contaminées ou soupçonnées de l'être.

5.4.4 Selon les données résultant de la surveillance au sol, des mesures de contrôle de l'ingestion additionnelles devraient être envisagées, là où c'est nécessaire, alors que les mesures de précaution initiales pourront être levées là où cela est approprié.

5.5 Autres mesures pour protéger le public

5.5.1 Le commandant du CPOU peut recommander d'autres mesures pratiques de réduction de la dose pour le public. Ces mesures peuvent être mises en œuvre en combinaison avec celles décrites ci-dessus ou être simplement recommandées pour assurer un niveau de protection supplémentaire contre la présence possible de radionucléides dans l'air ou sur le sol, mais qui ne respectent pas les critères génériques ou les NIO. Ces mesures comprennent ce qui suit :

  1. La protection respiratoire, comme se couvrir le nez et la bouche avec l'équipement disponible capable de filtrer les particules présentes dans l'air.
  2. L'autodécontamination, notamment retirer les vêtements contaminés et les mettre dans un sac, prendre une douche, décontaminer les surfaces des zones critiques et les objets.
  3. Demeurer à l'intérieur dans la mesure du possible, p. ex. n'accomplir des tâches à l'extérieur que s'il le faut (p. ex. rechercher des soins médicaux, acheter des aliments et des biens de première nécessité).

5.5.2 Des conseils détaillés sur ces mesures doivent être intégrés au matériel de sensibilisation et d'éducation du public, ainsi qu'aux bulletins d'urgence.