Commandant des opérations sur le lieu de l’incident

Dans un incident bien circonscrit, comme un incendie résidentiel, le lieu est considéré comme tout ce qui se trouve à l’intérieur du « ruban jaune ». La coordination et le commandement sont assurés par un commandant des opérations sur le lieu de l’incident, titre couramment utilisé qui se trouve dans la structure de bon nombre d’organisations et d’agences d’intervention.

Cependant, si plusieurs organisations emploient ce titre à l’interne, la duplication des commandants des opérations sur le lieu de l’incident présente un risque de confusion. Dans ces situations, le SGI propose plutôt le terme chef des opérations sur le lieu de l’incident.

Chef des opérations sur le lieu de l’incident : l’option de rechange

Le titre de chef des opérations sur le lieu de l’incident peut faciliter la coordination des incidents complexes qui sont non circonscrits ou touchent plusieurs lieux, comme les urgences sanitaires. La coordination et le commandement de tels incidents requièrent plusieurs organisations d’intervention et comprennent parfois la définition d’objectifs, de stratégies et de tactiques.

La fonction de coordination et de commandement des incidents complexes s’organise parfois en réseau. Il s’agit d’une approche collaborative décentralisée dans laquelle chaque organisation établit ses propres objectifs, stratégies et tactiques.

Le chef des opérations sur le lieu de l’incident fixe des objectifs généraux, mais il peut aussi avoir pour tâche principale d’assurer la communication, la coordination et la collaboration entre les différentes organisations d’intervention, en maintenant un cycle de planification régulier prévoyant des appels, des réunions en personne et divers autres contacts. Voici quelques questions à se poser avant de choisir ce titre :

  • L’incident touche-t-il un lieu bien défini?
  • Quelle est la structure organisationnelle de l’organisation d’intervention?
  • L’organisation a-t-elle l’obligation légale d’assumer un rôle de commandement?
  • S’agit-il d’un incident hautement complexe et décentralisé sans lieu unique précis?
  • Est-ce qu’au moins l’une des organisations d’intervention utilise le titre de commandant des opérations sur le lieu de l’incident à l’interne (risque de confusion)?

6.1 Coordination et commandement sur le lieu de l’incident

Le commandant des opérations sur le lieu de l’incident s’occupe de la gestion globale des activités sur le lieu de l’incident. C’est à lui seul (ou, en de rares occasions, au commandement unifié) que revient la responsabilité de la fonction de coordination et de commandement.

Le personnel de coordination et de commandement collabore étroitement avec le commandant des opérations pour assurer cette fonction, tandis que l’état-major général, sous l’autorité du commandant, dirige les sections fonctionnelles (voir la figure 1 : Organigramme de gestion des incidents). Ensemble, ils facilitent la coordination et le commandement des incidents. Ils peuvent également être sollicités pour leur expertise, leurs aptitudes et leurs conseils.

Flexibilité du SGI

Certains incidents ne requièrent que quelques intervenants, voire un seul. Le commandant des opérations sur le lieu de l’incident peut alors gérer la situation seul ou avec une ou deux sections fonctionnelles. Cependant, les autres fonctions doivent tout de même être exécutées. Ainsi, si la Section des opérations est la seule à avoir été mise sur pied, le commandant des opérations doit se charger des fonctions normalement gérées par les sections de la planification, de la logistique, et des finances et de l’administration (et de la gestion de l’information publique s’il y a lieu).

Figure 1 : Organigramme de gestion des incidents

  • Commandant des opérations sur le lieu de l’incident
    • Section des opérations
    • Section de la planification
    • Section de la logistique
    • Section des finances et de l’administration

Organigramme illustrant la structure d’intervention, se composant d’un commandant des opérations sur le lieu de l’incident (en vert) et se divisant en sections fonctionnelles : les opérations (en rouge), la planification (en bleu), la logistique (en jaune) et les finances et l’administration (en gris).

Chaque incident est unique. Certains requièrent la mise en place de toutes les sections, d’autres non. Dans les petites collectivités et organisations, il manque parfois de personnel pour remplir toutes les sections. Si tel est le cas, ou si l’incident ne demande qu’un petit nombre d’intervenants, une même personne peut exécuter plusieurs fonctions. Il arrive même que le commandant des opérations sur le lieu de l’incident exécute toutes les fonctions à lui seul. Certains incidents peuvent aussi être gérés par un directeur du COU, un chef conjoint de la Section des opérations et de la Section de la planification, et un chef conjoint de la Section de la logistique et de la Section des finances et de l’administration.

6.2 Personnel de coordination et de commandement

Figure 2 : Organigramme de la coordination et du commandement sur le lieu de l’incident

  • Commandant des opérations sur le lieu de l’incident
    • Agent de liaison
    • Secrétaire
    • Agent de sécurité
    • Agent d’information sur les situations d’urgence

Organigramme illustrant la structure de coordination et de commandement sur le lieu de l’incident, se composant d’un commandant des opérations sur le lieu de l’incident, d’un agent de liaison, d’un agent de sécurité, d’un agent d’information sur les situations d’urgence et d’un secrétaire (tous en vert). 

Les COU qui sont responsables de la coordination et du commandement sur le lieu de l’incident peuvent aussi appliquer cette structure. Par exemple, puisqu’il n’y a généralement pas de lieu défini pour les éclosions de maladies infectieuses évoluant en pandémie, la coordination et le commandement peuvent s’orchestrer dans un COU.

Rôles de coordination et de commandement

Agent de liaison

  • personne-ressource principale des organisations d’intervention, sous l’autorité du commandant des opérations sur le lieu de l’incident
  • la liste d’organisations d’intervention comprend tous les ordres de gouvernement, les services de premiers intervenants, les organisations non gouvernementales et les organisations du secteur privé
  • l’agent de liaison peut solliciter les organisations d’intervention pour leur expertise ou leurs aptitudes, ou pour d’autres types de soutien

Agent de sécurité

  • évalue les conditions de sécurité et établit des mesures de sûreté en cas d’incident
  • évalue et communique les risques associés aux incidents
  • conseille le commandant des opérations sur le lieu de l’incident (ou le commandement unifié) sur les questions relatives à la santé et à la sécurité des intervenants
  • veille au port de l’équipement de protection individuelle (EPI) approprié
  • contribue à la portion sécurité du PAI ou au plan médical en cas d’incident, selon les besoins
  • coordonne les mesures de sécurité lorsqu’il y a plusieurs organisations d’intervention
  • détient le pouvoir de changer, de suspendre ou d’arrêter toute activité posant un risque pour la santé ou la sécurité des intervenants

À noter que le commandant des opérations sur le lieu de l’incident conserve l’autorité ultime dans les questions de santé et de sécurité

Agent d’information sur les situations d’urgence

L’agent d’information sur les situations d’urgence (AISU) communique avec le public et assure la liaison avec les médias. Dans les incidents importants, il dirige parfois une équipe de communication; il est alors responsable de la Section de la gestion de l’information publique. Certaines collectivités et organisations préfèrent confier cette fonction à une section distincte relevant de l’AISU (voir la section 7.10 – Section de la gestion de l’information publique du COU (dirigée par l’AISU)).

Secrétaire

Le secrétaire prend des notes pendant les réunions et les téléconférences et consigne les opérations, les ententes et les événements importants, plus tout élément qui pourrait avoir une portée juridique. Dans de nombreux services de police, il demeure en tout temps avec le commandant des opérations sur le lieu de l’incident, prenant des notes pendant les réunions de commandement et mettant par écrit les décisions. La préparation des documents demeure la responsabilité de tous même en présence d’un secrétaire.

Autres rôles

Scientifique et spécialiste technique : Scientifique et spécialiste technique : Dans certains cas, un avis d’expert et les recommandations techniques d’un scientifique ou d’un spécialiste technique peuvent s’avérer nécessaires. Les scientifiques et spécialistes techniques peuvent :

  • avoir des responsabilités et des pouvoirs spécifiques dans les incidents tels qu’un déversement de produits chimiques ou un incident nucléaire
  • faire partie de la Section des opérations ou de la Section de la planification, selon les besoins
  • faire partie de la Section des services scientifiques et techniques – situation rare généralement réservée aux COU (voir la section 7.13 – Section des services scientifiques et techniques)

Commandant adjoint des opérations sur le lieu de l’incident : En cas d’incident important ou complexe, le commandant des opérations sur le lieu de l’incident peut nommer un adjoint à la coordination et au commandement. Celui-ci peut aussi prendre les commandes d’un lieu pendant que le commandant des opérations s’acquitte d’autres tâches, comme être porte-parole ou donner un compte rendu aux représentants élus et hauts fonctionnaires.

Autres fonctions du SGI sur le lieu de l’incident : Certains incidents requièrent des fonctions supplémentaires sur le lieu (sections du renseignement, des enquêtes, scientifique ou technique, de la continuité des opérations, des services sociaux d’urgence (SSU), etc.).

6.3 Section de la planification

La Section de la planification assure la transmission d’information sur la situation, la création du PAI et la planification à long terme. Sa fonction peut être exécutée par le commandant des opérations sur le lieu de l’incident, le chef de la Section de la planification ou une Section de la planification complète, selon la capacité des organisations d’intervention.

Planification

La Section de la planification a trois fonctions principales : l’établissement d’un plan d’action en cas d’incident, la planification à long terme et la planification d’urgence.

L’établissement d’un plan d’action en cas d’incident est la priorité absolue de la Section de la planification, qui doit :

  • collaborer avec le commandant des opérations sur le lieu de l’incident et les autres sections fonctionnelles pour élaborer un PAI définissant les objectifs, les stratégies et les tactiques d’intervention de la prochaine phase opérationnelle
  • produire et diffuser une version écrite du PAI

La Section de la planification doit avoir des plans à long terme pour toute situation ou tout besoin en ressources susceptible de survenir après la phase opérationnelle en cours, de même que des plans d’urgence évaluant les risques et les résultats associés aux scénarios les plus optimistes et pessimistes. Elle doit aussi préparer des plans de démobilisation.

Gestion de l’information

La Section de la planification veille à la gestion de l’information en assurant la transmission de renseignements sur la situation et la tenue de registres.

Elle :

  • collecte, vérifie, analyse et transmet les données sur l’incident
  • rédige des rapports de situation et met à la disposition des intervenants les informations les plus récentes
  • gère les documents et les registres relatifs à l’incident

6.4 Section des opérations

La Section des opérations s’occupe des activités tactiques nécessaires à la mise en œuvre du PAI, y compris la gestion des opérations quotidiennes et l’établissement de plans à court terme.

Le chef de la Section orchestre les activités autour des besoins créés par l’incident et s’assure que les ressources sont utilisées à bon escient. Comme toutes les sections du SGI, la Section des opérations est flexible et sa fonction peut être exécutée par le commandant des opérations sur le lieu de l’incident, un chef de la Section des opérations ou une Section des opérations réunissant plusieurs intervenants.

Coordonnant toutes les mesures d’intervention, elle regroupe des membres de diverses organisations qui jouent un rôle important dans la gestion de l’incident.

Ses principales responsabilités sont les suivantes :

  • coordonner les opérations d’intervention
  • communiquer avec le commandant des opérations sur le lieu de l’incident et les autres sections fonctionnelles pour tenir les intervenants au courant de la situation
  • contribuer à l’élaboration du PAI, y compris au choix des stratégies et des tactiques à employer pour atteindre les objectifs
  • mettre en œuvre le PAI et effectuer les modifications nécessaires à mesure que la situation évolue
  • il appartient au chef de la Section des opérations de déterminer si une modification doit être approuvée par le commandant des opérations sur le lieu de l’incident
  • gérer l’utilisation des ressources déployées pour un incident
  • planifier en détail les mesures d’intervention immédiate

Il est important de noter que, en cas d’incident complexe, la Section des opérations peut se diviser en plusieurs branches (gestion des bénévoles, services aux victimes, services sociaux d’urgence, etc.).

6.5 Section de la logistique

La Section de la logistique exécute plusieurs fonctions importantes sur le lieu de l’incident, notamment la mobilisation et la gestion des ressources de soutien aux opérations et aux intervenants. Elle peut par exemple organiser la livraison d’équipement lourd sur le lieu et commander de la nourriture pour les intervenants.

La Section de la logistique collabore étroitement avec la Section des opérations pour répondre aux besoins en ressources actuels et avec la Section de la planification pour anticiper les besoins futurs. Elle maintient également une collaboration étroite avec la Section des finances et de l’administration pour coordonner l’acquisition, le suivi et le paiement des ressources ainsi que la tenue de registres.

Voici des exemples de ressources :

  • personnel
  • équipement
  • fournitures
  • services
  • installations
  • soutien aux télécommunications et aux TI
  • transport
  • services médicaux aux intervenants

Les responsabilités principales de la Section de la logistique sont les suivantes :

  • commander, recevoir, stocker et tenir en réserve les ressources nécessaires
  • aménager, entretenir et démobiliser les installations comme le poste de commandement du lieu de l’incident
  • organiser les transports
  • installer, entretenir et contrôler les télécommunications et l’équipement informatique
  • assurer des soins médicaux aux intervenants
  • planifier les repas

La Section de la logistique joue un rôle particulièrement important sur le lieu, où la demande de multiples ressources est plus élevée. En cas d’évacuation coordonnée par une municipalité, elle pourrait par exemple fournir de la nourriture, un abri et des articles personnels aux évacués.

6.6 Section des finances et de l’administration

La Section des finances et de l’administration est responsable des aspects financier et administratif, y compris les feuilles de temps. Elle effectue généralement la majorité de ses tâches en dehors du lieu de l’incident.

Certaines situations complexes requièrent une expertise financière et administrative sur le lieu pour faire un suivi des coûts et des ressources et traiter divers problèmes. La Section peut alors envoyer un ou plusieurs intervenants sur le lieu, selon les besoins.

6.7 Ralliement des sections

Il importe que l’ensemble des sections et intervenants fonctionnels poursuivent les mêmes objectifs et tendent vers une image commune de la situation opérationnelle pour éviter de travailler isolément.

Voici quelques conseils pour favoriser une collaboration efficace :

  • établir un cycle de planification prévoyant des communications régulières (formelles et informelles) sous forme de rapports de situation, de réunions et de breffages
  • définir clairement les responsabilités de chacun et insister sur l’importance des communications efficaces entre les intervenants
  • encourager le travail d’équipe et les approches collaboratives de résolution de problèmes
  • tenir l’unité d’information sur la situation au courant des derniers développements pour qu’elle puisse renseigner les intervenants
  • participer à des formations et des exercices de groupe pour renforcer les relations, la confiance et les réseaux et améliorer la préparation aux incidents