Objet

Le Ministère de la Recherche, d l’innovation et des Sciences offre trois programmes par concours soutiennent la recherche académique de calibre mondial dans ses universités, ses collèges et ses hôpitaux de recherche : le Programme d'excellence en recherche du Fonds pour la recherche en Ontario (Programme ER-FRO), le Programme d'infrastructure de recherche du Fonds pour la recherche en Ontario (Programme IR-FRO) et le Programme de bourses de nouveaux chercheurs (Programme BNC). À titre de Comité d'experts chargé de l'examen du FRO, nous avons pour mandat de prodiguer au ministère de la Recherche, de l'Innovation et des Sciences des conseils sur le plan actuel de ces programmes, leur portée et leur efficacité, ainsi que sur leurs lacunes et la façon d'y remédier. Plus particulièrement, nous avons tenté de répondre aux questions clés suivantes :

  • Le plan de programme fait-il ce qui devait être réalisé?
  • Est-il encore axé sur les bonnes choses?
  • A-t-il toujours la bonne orientation?
  • Y a-t-il des lacunes relatives aux programmes?

En outre, nous avons été chargés de prodiguer des conseils sur la manière dont les programmes doivent s'adapter aux nouvelles méthodes et possibilités, en mettant l'accent sur le soutien de chercheurs ontariens en début et en milieu de carrière. Notre mandat consistait à effectuer l'examen dans les limites des affectations actuelles de fonds pour les programmes.

Dans le présent rapport, nous présentons nos conclusions fondées sur l'examen des données disponibles recueillies par le ministère de la Recherche, de l'Innovation et des Sciences ainsi que sur les commentaires reçus dans le cadre des consultations avec les intervenants. Les résumés des conclusions ainsi que les recommandations figurent dans la section finale.

Méthodologie

En se fondant sur notre expertise et notre expérience internationale à titre de chercheurs académique et d'administrateurs, nous avons examiné les programmes de l'Ontario selon ce que nous considérions comme étant des pratiques exemplaires et les tendances actuelles dans les programmes de soutien à la recherche. Nous nous sommes demandé à quoi ressemble un programme de recherche efficace. La littérature indique que diverses démarches pour examiner les programmes de recherche ont été proposées par le passé, mais qu'aucune d'elles ne fait consensus. Par conséquent, nous avons élaboré un ensemble de caractéristiques clés d'un programme de soutien à la recherche efficace ou d'une série de programmes en guise de cadre pour notre analyse (voir ci-dessous).

Six caractéristiques clés des programmes de soutien à la recherche efficaces

Excellence et innovation

Bien que conscient de la pertinence et de la valeur sociétales d'un projet de recherche particulier, le programme doit accorder une priorité équivalente à la recherche choisie pour sa contribution à l'étendue et à la profondeur des connaissances dans un domaine d'études particulier. C'est pour cette raison qu'un projet est évalué et choisi de manière équitable et objective par des experts indépendants d'un champ d'études selon les normes les plus élevées et les plus actuelles de l'excellence en matière de recherche. Néanmoins, les projets intrinsèquement risqués devraient également être reconnus pour leur caractère innovateur et leur capacité à révolutionner les connaissances actuelles.

Talent et équipes

Le programme devrait créer des possibilités et des débouchés pour les chercheurs de différents milieux et à diverses étapes de leur cheminement de carrière afin d'accroître leur mobilité professionnelle dans leur domaine d'étude, leur établissement et le marché du travail plus large. Le programme doit non seulement favoriser la création d'équipes d'excellence qui soutiennent les chercheurs principaux, mais aussi générer des occasions pour les chercheurs débutants afin qu'ils participent à de telles équipes.

Relations et réseaux

Le programme accroît la capacité des établissements, des chercheurs et des équipes de recherche d'établir des liens, des interactions, des réseaux et des collaborations efficaces avec les principaux acteurs en matière d'innovation, y compris d'autres chercheurs, les établissements, les gouvernements et les entreprises, de l'échelle locale à l'échelle mondiale, ainsi que dans l'ensemble des disciplines. Si ces liens sont établis efficacement, ces derniers permettront d'ouvrir les canaux officiels et non officiels des connaissances entre les principaux acteurs en matière d'innovation, y compris les connaissances intégrées dans les technologies et la propriété intellectuelle.

Viabilité technique et financière

Le programme soutient le matériel, les installations et d'autres infrastructures, y compris les bases de données et les ordinateurs, qui sont essentiels à la réussite d'un projet de recherche. Il est tout aussi important que le programme couvre les coûts indirects (généraux) de la recherche menée dans un établissement. Ces coûts peuvent comprendre, sans toutefois s'y limiter, d'autres frais administratifs, de sécurité, d'approvisionnement, de bibliothèque, de garde et juridiques créés par l'entreprise de recherche.

Sensibilisation et participation du public

Le programme diffuse les résultats des projets de recherche et offre des possibilités de sensibilisation auxquelles participent des chercheurs auprès du grand public, en particulier les jeunes. L'objectif de la participation du public est d'aider à promouvoir, à créer et à diffuser une « culture de la science ».

Efficacité administrative et reddition de compte

Tous les programmes de financement exigent de remplir une certaine quantité de paperasse au cours du cycle de vie d'un projet, de la présentation de la demande à l'achèvement du projet, souvent afin de démontrer sa responsabilité à l'égard des dépenses publiques. Toutefois, les aspects administratifs liés à un projet ne doivent pas décourager les personnes de présenter des demandes ou nuire inutilement au succès du projet.

La liste des caractéristiques a été réduite à un nombre raisonnable de six; celles-ci sous-tendaient la question suivante : Dans quelle mesure la conception des trois programmes de soutien à la recherche, que ce soit ensemble ou séparément, se positionne-t-elle par rapport à ces six caractéristiques clés?footnote 1

Un autre aspect de l'analyse était d'examiner les résultats et les répercussions des trois programmes. Il ne suffit pas, toutefois, de compter uniquement des résultats, comme le nombre de documents, de brevets et de jeunes entreprises sont créés, même s'il s'agit d'indicateurs importants de réussite.

Parce que les répercussions ne peuvent pas être évaluées directement, nous avons fait preuve de discernement en nous fondant sur les données disponibles pour évaluer la mesure dans laquelle les trois programmes ont contribué à renforcer le système d'innovation de l'Ontario dans lequel les établissements de recherche financés par les pouvoirs publics et leurs acteurs jouent un rôle essentiel. En d'autres mots, à quel point ces programmes arrivent-ils à bien soutenir le rôle que les établissements de recherche financés par les pouvoirs publics jouent dans le système d'innovation de l'Ontario? Répondent-ils aux besoins des établissements, ou y a-t-il des lacunes dans le plan et l'offre d'un programme qui doivent être comblées?

Dans le cadre de notre analyse, nous nous sommes fondés sur les bases de données du ministère pour obtenir des renseignements sur les demandes du projet, ceux qui étaient financés et ceux qui ne l'étaient pas, et les données issues de rapports annuels sur les projets pour chaque programme. Nous avons également consulté et passé en revue les commentaires et l'expérience d'un large éventail de chercheurs académique et d'administrateurs dans les universités, les collèges et les hôpitaux d'enseignement de l'Ontario, ainsi que ceux concernant différentes disciplines et différents stades de leur carrière, y compris auprès des personnes qui n'ont pas réussi à obtenir du financement par l'intermédiaire des trois programmes. En résumé, l'examen comprenait une analyse des données probantes quantitatives et qualitatives.

La démarche comporte deux limites. Tout d'abord, il est très difficile de comparer trois programmes de recherche offerts en Ontario à ceux offerts dans d'autres territoires de compétence. Les territoires de compétence ont un profil économique, politique, social et culturel différent ainsi que des défis uniques qui devraient être pris en compte. Tout en tenant compte des pratiques exemplaires en matière de soutien à la recherche, il n'était pas possible de faire une comparaison valable entre le Programme NBC et les Programmes ER-FRO et IR-FRO offerts dans d'autres territoires de compétence.

Ensuite, il aurait pu être utile de disposer de données provenant des trois programmes qui pourraient être intégrées dans un « modèle logique » évaluant les intrants, les extrants, les résultats et l'incidence socioéconomique. Il aurait également pu être utile que le modèle permette d'analyser le rendement et d'isoler les répercussions des trois programmes de recherche des autres programmes et activités, comme la R-D menée par une entreprise. Le Conseil des académies canadiennes a mis au point un tel modèle pour les investissements du gouvernement dans l'écosystème d'innovation de l'Ontario, mais il n'a pas trouvé suffisamment de données fiables pour l'appliquerfootnote 2. Même si le comité convient que la collecte et l'analyse de données détaillées sont essentielles pour effectuer une évaluation plus rigoureuse du programme, et du coup utile aux fins d'examen par le ministère, il n'était pas possible d'y parvenir selon le calendrier de l'examen.

Enfin, nous souhaitons reconnaître la contribution importante à la discussion sur le soutien du gouvernement à la science de l'examen du soutien fédéral à la science fondamentale, présidé par le Dr David Naylor, l'ancien président de l'Université de Toronto. Le comité de l'examen a publié son rapport en 2017footnote 3.

En réponse au rapport du comité de l'examen, le gouvernement fédéral a annoncé, dans son budget de 2018, un investissement de près de quatre milliards de dollars dans le système de recherche canadien afin de soutenir le travail des chercheurs et de leur donner accès aux outils et aux installations de pointe dont ils ont besoinfootnote 4. L'Ontario bénéficiera de cet investissement en aidant à soutenir une nouvelle génération de chercheurs qui est plus grande et plus diversifiée.

L'examen a également appliqué certaines des recommandations formulées dans le rapport du comité afin de se concentrer sur des aspects particuliers sur lesquels la province doit se pencher pour améliorer ses programmes de recherche. Par exemple : Les programmes de l'Ontario produisent-ils des résultats de recherche présentant un risque élevé et une incidence importante? Permettent-ils d'atteindre un bon équilibre de soutien pour les chercheurs en début et en milieu de carrière, ainsi qu'entre la recherche « dirigée par un chercheur principal » et celle « axée sur la priorité »footnote 5, et / ou la recherche fondamentale et la recherche appliquéefootnote 6? Quelle est la proposition de valeur de la participation de l'industrie?

Au sujet de l'importance de la recherche universitaire

Au cœur de notre examen se trouve la présomption clé qu'un environnement de recherche solide et concurrentiel est essentiel à la croissance et au développement de l'économie en tant qu'économie de pointe de l'Ontario. Non seulement cette présomption ouvre-t-elle de nouveaux horizons en matière de connaissances et de compréhension fondamentales, mais elle contribue également à notre qualité de vie en générant des idées visant à s'attaquer aux grands enjeux sociaux, du changement climatique au cancer, de l'itinérance au transport urbain, et plus encore.

En même temps, nous sommes d'accord avec l'idée du Comité consultatif sur l'examen du soutien fédéral à la science fondamentale que la recherche de nouvelles connaissances doit pouvoir continuer à poursuivre tous les moyens d'étude de la théorie à la pratique, puisque ses répercussions à long terme sont difficiles à prévoir :

Bien que le travail des chercheurs à temps plein du Canada et de l'étranger soit parfois perçu comme peu accessible, il est fondé sur des traditions de la science et de la recherche qui ont transformé notre monde au cours des derniers siècles. Ces répercussions ont souvent été tout à fait imprévisibles. Elles ont été ressenties lorsque diverses découvertes ont abouti à des inventions qui ont catalysé la création de nouveaux secteurs économiques, ou encore lorsque de remarquables résultats de la recherche sociale ont entraîné des modifications importantes au fondement de données probantes ayant soutenu l'élaboration de politiques publiques ».footnote 7

Un environnement durable pour la recherche académique contribue également à inspirer et à créer des experts brillants. Ce sont les étudiants prometteurs au premier cycle qui évoluent aux cycles supérieurs et qui, à leur tour, doivent être soutenus pour devenir des chercheurs et des innovateurs, dont un grand nombre deviennent des chercheurs principaux à part entière – en dirigeant des équipes de collaboration composées d'autres chercheurs et d'étudiants, parfois au-delà des frontières internationales

Comme la recherche au 21e siècle est de plus en plus effectuée à l'échelle internationale, le ministère doit continuer d'accroître la capacité de l'Ontario en matière de collaboration internationale entre les chercheurs locaux et leurs homologues internationaux. En tirant parti de sa gamme actuelle de programmes de financement de la recherche, la province peut accroître l'accès aux ressources mondiales de premier ordre, améliorer sa réputation en tant que destination internationale de recherche de pointe et, ce faisant, se positionner comme un acteur clé dans l'économie du savoir de l'avenir.

Cette richesse de talents en recherche diversifiés sur le plan culturel tire parti des investissements des secteurs public et privé et permet d'accorder une reconnaissance internationale aux 21 universités, 23 hôpitaux de recherche et 24 collèges de l'Ontario financés par les pouvoirs publics. De nombreux chercheurs poursuivent leurs efforts afin d'avoir une carrière enrichissante en affaires, au sein du gouvernement et auprès d'organismes communautaires. Certains établissent de nouvelles entreprises en vue de commercialiser des technologies novatrices. Ils agissent également à titre de modèles à suivre pour la prochaine génération de chercheurs en Ontario.

La société accorde une grande valeur aux connaissances et aux progrès scientifiques et, pour cette raison, elle doit prendre un engagement ferme et durable visant à nourrir les grands talents en recherche et à promouvoir l'excellence dans la recherche. En reconnaissance de cet engagement, nous sommes rassurés par la nomination en novembre 2017 de Molly Shoichet, Ph. D., à titre de première scientifique en chef de l'Ontario, afin de conseiller le premier ministre de l'Ontario sur la façon de rendre le gouvernement plus intelligent et plus efficace en fournissant aux décideurs les meilleures recherches scientifiques et données probantes au monde et en améliorant la réputation de la province à titre de destination mondiale pour les meilleurs talents en recherche.

Personnel hautement qualifié

Personnel hautement qualifié est un terme utilisé par le ministère pour définir les personnes qui sont formées afin d'acquérir des compétences de pointe en recherche par l'entremise de ses programmes pour créer le bassin de gens que les entreprises, les organismes sans but lucratif, les établissements d'enseignement postsecondaires et les hôpitaux de recherche désirent embaucher. Il s'agit principalement d'étudiants qui obtiennent un baccalauréat spécialisé, un diplôme d'un collège, une maîtrise ou un doctorat, ainsi que des boursiers de recherche postdoctorale, des chercheurs et d'autres membres de l'équipe de recherche comme les assistants de laboratoire. Ces personnes constituent les meilleurs talents en recherche pour lesquels l'Ontario est reconnu.

Quelques considérations clés

En se fondant sur notre expérience collective et sur l'excellent travail réalisé par l'Examen du soutien fédéral aux sciences, nous nous sommes concentrés sur quelques-uns des principaux enjeux auxquels font face les programmes de recherche de l'Ontario, mais qui ne sont pas tout à fait uniques à l'Ontario.

L'un de ces enjeux consiste à assurer que les programmes de recherche de l'Ontario sont efficaces dans la formation de talents de recherche dans la province et qu'ils fournissent les possibilités et le soutien appropriés aux chercheurs académiques qui commencent à consolider leur carrière en se fondant sur la réputation d'excellence en recherche. Les données probantes préliminaires suggèrent que les programmes aident efficacement les chercheurs en début de carrière et bien avancés dans leur carrière, mais qu'ils pourraient ne pas adéquatement répondre aux besoins des chercheurs en milieu de carrière.

La société perd des talents précieux si les chercheurs en début de carrière et en milieu de carrière académiques se découragent au point d'abandonner le chemin professionnel qu'ils ont choisi. Il n'en est que plus difficile d'encourager les étudiants du premier cycle et des cycles supérieurs à choisir la voie de chercheur académiques.

Chercheurs en début de carrière et en milieu de carrière

Que voulons-nous dire par « chercheurs en début de carrière et en milieu de carrière »? Combien de ces chercheurs y a-t-il en Ontario? Que savons-nous à propos de leur âge et de leur sexe? De nombreux programmes de soutien à la recherche financés par le gouvernement définissent les étapes de carrière d'un chercheur par le nombre d'années suivant l'obtention de leur doctorat ou le début de leur travail à titre d'académique indépendant (c.-à-d. quelqu'un qui est déjà en mesure de publier, d'assurer une supervision et de faire des demandes de financement de façon indépendante). Par exemple, selon le Programme de bourses de nouveaux chercheurs de l'Ontario, un chercheur en début de carrière est quelqu'un qui travaille depuis moins de cinq ans à titre d'académique indépendant et qui terminera son doctorat, son D.M.V. ou son M.D. dans un délai de 10 ans. Cependant, il ne s'agit pas d'une norme universelle entre les territoires de compétence, voire entre les établissements.

Tableau 1 : Un profil statistique du corps professoral dans les universités ontariennes, selon le rang, 2005-2006 et 2016-2017 footnote 8

Description de remplacement : Le tableau 1 fournit une ventilation des chercheurs dans les universités de l'Ontario selon leur rang (professeur titulaire, professeur agrégé, professeur adjoint et rang ou niveau inférieur à celui de professeur adjoint) en comparant les données de 2005-2006 à celles de 2016-2017.
Année Professeur titulaire Professeur agrégé Professeur adjoint Rang ou niveau inférieur à celui de professeur adjointfootnote 9 Autre Total
2005-2006 4 342 (31,5 %) 4 439 (32,2 %) 4 131 (30,0 %) S.O. 870 (6,0 %) 13 782 (100,0 %)
2016-2017 5 274 (32,9 %) 6 309 (39,4 %) 3 027 (18,9 %) 1 185 (7,4 %) 228 (1,4 %) 16 023 (100,0 %)

Nous nous préoccupons également de la diversité du personnel de recherche de l'Ontario. Les données disponibles indiquent que le bassin de chercheurs universitaires de l'Ontario a augmenté de 16 % entre 2005-2006 et 2016-2017. Il demeure dominé par les hommes, bien qu'il y ait a eu une modeste hausse du pourcentage de chercheuses universitaires depuis 2005-2006 et une variabilité dans la distribution des sexes par discipline (voir le tableau 2).

Tableau 2 : Pourcentage de femmes au sein du corps professoral universitaire dans les universités de l'Ontario, selon leur rang, 2005-2006 et 2016-2017footnote 10

Description de remplacement : Le tableau 2 fournit la proportion des chercheuses dans les universités de l'Ontario selon leur rang (professeure titulaire, professeure agrégée, professeure adjointe et rang ou niveau inférieur à celui de professeur adjoint) en 2005-06 et 2016-2017.
Année Professeur titulaire Professeur agrégé Professeur adjoint Rang ou niveau inférieur à celui de professeur adjointfootnote 11 Autre Total
2005-06 19,8 % 35,7 % 42,1 % 54,9 % 62,5 % 33,9 %
2016-2017 27,1 % 43,5 % 47,4 % 49,1 % 57,9 % 39,4 %

Tout comme le reste de la province, nous pouvons constater une hausse du taux de vieillissement. L'âge médian d'un professeur titulaire est de 58 ans (voir le tableau 3). Le pourcentage du personnel enseignant à temps plein de plus de 65 ans a passé de moins de 2 % à un peu moins de 9 % au cours des 10 dernières années depuis que la retraite obligatoire a été éliminée en Ontario en 2006. Le pourcentage croissant des membres du personnel enseignant âgé de 65 ans est une contrainte accrue dans le renouvellement des enseignantsfootnote 12 et, potentiellement, dans l'avancement de la carrière des chercheurs. En outre, nous ne possédons pas de renseignements pertinents sur les antécédents culturels de nos chercheurs.

Tableau 3 : Âge médian du corps professoral universitaire dans les universités de l'Ontario, selon leur rang, 2016-2017footnote 13

Description de remplacement : Le tableau 3 fournit l'âge médian des chercheurs dans les universités de l'Ontario selon leur rang (professeur titulaire, professeur agrégé, professeur adjoint et rang ou niveau inférieur à celui de professeur adjoint) et leur sexe en 2016-2017.
Année Professeur titulaire Professeur agrégé Professeur adjoint Rang ou niveau inférieur à celui de professeur adjointfootnote 14 Autre
Hommes 58 49 39 47 52
Femmes 57 49 39 50 50
Total 58 49 39 48 51

Un autre enjeu concerne l'importance de stimuler les découvertes et les nouvelles connaissances de la recherche motivée par la curiosité ou de la recherche qui est désignée par les termes « recherche fondamentale », « recherche pure » ou « recherche scientifique ». Nous acceptons le fait que tous les gouvernements souhaitent établir un lien entre les résultats de la science aux avantages sociaux et économiques, ce qui est souvent décrit comme un « rendement du capital investi ». Les nombreux programmes de soutien à la recherche tendent ainsi à favoriser la recherche appliquée, commercialisable ou « pertinente au secteur ».

Nous savons toutefois depuis un certain temps que l'innovation ne se produit pas de façon linéaire, de la recherche fondamentale à la recherche appliquée, jusqu'au produit commercial. En fait, elle est plutôt circulaire et itérative et circule librement de la théorie à la pratique lorsqu'il s'agit de résoudre des problèmes complexes. De quelle manière un programme de financement reconnaît-il cette approche systémique de l'innovation, tout en devant générer un retour à un investissement public dans la recherche?

En ce qui concerne l'enjeu de la science fondamentale, il faut savoir si l'argent public de la recherche est investi dans une vaste gamme de disciplines. L'investissement dans la recherche de l'Ontario devrait-il cibler des secteurs et des disciplines « stratégiques » ou devrait-il être réparti plus équitablement? Devrait-il, par exemple, chercher un plus grand équilibre entre le financement de la recherche dans les sciences de la vie et les technologies numériques et celui de la recherche dans les sciences sociales, les arts et les sciences humaines? Toutes les disciplines contribuent à la richesse des connaissances et au bien-être de la société.

Nous avons également tenu compte de la contribution des chercheurs dans les collèges communautaires de l'Ontario. Les programmes de recherche de l'Ontario répondent-ils adéquatement aux besoins des chercheurs au collégial?

Le montant du financement accordé aux programmes constitue, bien sûr, un défi constant. Les coûts augmentent, tandis que les gouvernements font face à des demandes concurrentes pour les services publics. L'Ontario rivalise également avec d'autres provinces afin d'obtenir davantage de financement en recherche du fédéral et, tout particulièrement, le cofinancement fédéral d'importante infrastructure de recherche. L'Ontario reçoit-il sa juste part par rapport non seulement à sa taille économique, mais aussi à sa capacité de recherche? Est-ce que l'investissement fédéral s'harmonise avec les priorités stratégiques de l'Ontario en recherche et en innovation?

Le budget de 2018 du gouvernement fédéral comprenait un investissement bienvenu de près de 4 milliards de dollars. Mais une partie de cet investissement demandera le cofinancement provincial, par exemple, pour les mégadonnées, l'infrastructure en recherche numérique et d'autres importantes initiatives scientifiques. Alors que nous reconnaissons que le cofinancement puisse générer à court terme des pressions financières supplémentaires pour l'Ontario, il est important de se rappeler les avantages à long terme que l'investissement du gouvernement fédéral et du secteur accordera à l'avantage concurrentiel de l'Ontario en tant qu'économie innovante.

Stimuler le soutien du public à l'égard de l'investissement en recherche représente un réel défi, surtout en ce qui concerne la recherche motivée, qui ne donne pas de résultats tangibles immédiats. En règle générale, les chercheurs académiques se concentrent sur leur travail, ce qui leur laisse peu de temps pour entrer en contact avec le grand public de manière suffisante. C’est cependant nécessaire. Les programmes de recherche doivent tenir compte de la façon dont les résultats des projets de recherche sont diffusés et offrir des possibilités de sensibilisation auxquelles participent des chercheurs auprès du grand public, en particulier les jeunes. L'objectif de la participation du public est d'aider à créer et à diffuser une « culture de la science ». Une caractéristique unique et apparemment populaire des programmes de recherche de l'Ontario est la sensibilisation chez les jeunes lorsque les chercheurs présentent certains aspects de leur travail à des élèves du primaire et du secondaire.

Enfin, nous ne devrions pas oublier le fardeau administratif que les programmes de recherche financés publiquement imposent souvent aux chercheurs et aux institutions. Le processus de sélection des projets doit être juste, fondé sur des critères rigoureux d'excellence et ouvert à tous les chercheurs qualifiés. Le chercheur sélectionné doit ainsi faire rapport des jalons et des résultats du projet, ce qui constitue un autre obstacle majeur à l'octroi de financement supplémentaire, mais une condition nécessaire pour assurer la responsabilisation.

Toutefois, les aspects administratifs liés à un projet ne doivent pas décourager les personnes de présenter des demandes ou nuire inutilement au succès du projet. Les chercheurs devraient passer plus de temps à effectuer de la recherche, et non à remplir des formulaires. De quelle manière les processus de demande et de production de rapports des programmes de recherche de l'Ontario peuvent-ils être simplifiés et repensés afin de réduire le fardeau administratif, tout en assurant l'équité, l'excellence et la responsabilisation?

Nous soulevons de nombreux enjeux et questions à examiner, plus encore que nous ne pouvons résoudre pleinement dans le présent rapport. Un examen du programme ne se termine pas lorsqu'un rapport est présenté. Nous espérons plutôt que notre rapport favorise un dialogue continu avec les intervenants concernés – le milieu de la recherche de l'Ontario – et une discussion plus poussée sur la façon d'améliorer la conception et la mise en œuvre des programmes de recherche de l'Ontario.


Notes en bas de page

  • note de bas de page[1] Retour au paragraphe Nous nous rendons compte que ce ne sont pas toutes les caractéristiques qui s'appliquent de la même manière aux trois programmes, et certaines peuvent ne pas s'appliquer du tout. Par exemple, la caractéristique de « talent et équipes » représente une plus grande priorité pour le Programme BNC que pour le Programme IR-FRO. C'est pourquoi l'analyse se penche sur les programmes de manière individuelle ainsi que collectivement.
  • note de bas de page[2] Retour au paragraphe Conseil des académies canadiennes. Incidences de l'innovation : Mesure et évaluation : Le comité d'experts sur les incidences socio-économiques des investissements dans l'innovation, 2013.
  • note de bas de page[3] Retour au paragraphe Comité consultatif sur l'examen du soutien fédéral à la science fondamentale, Investir dans l'avenir du Canada : Consolider les bases de la recherche au pays, L'examen du soutien fédéral aux sciences, gouvernement du Canada, Ottawa, 2017.
  • note de bas de page[4] Retour au paragraphe Gouvernement du Canada. Égalité et croissance pour une classe moyenne forte (budget de 2018), gouvernement du Canada, Ottawa, 2018.
  • note de bas de page[5] Retour au paragraphe Comité consultatif sur l'examen du soutien fédéral à la science fondamentale, Investir dans l'avenir du Canada : Consolider les bases de la recherche au pays, L'examen du soutien fédéral aux sciences, gouvernement du Canada, Ottawa, 2017. p. vii.
  • note de bas de page[6] Retour au paragraphe C’est une question que le Bureau du vérificateur général de l’Ontario a recommandé au ministère d’examiner dans le document suivant : Bureau du vérificateur général de l’Ontario, Rapport annuel 2015. Chapitre 3,14 : Propriété intellectuelle des universités, 2015, p. 637.
  • note de bas de page[7] Retour au paragraphe Comité consultatif sur l'examen du soutien fédéral à la science fondamentale, Investir dans l'avenir du Canada : Consolider les bases de la recherche au pays, L'examen du soutien fédéral aux sciences, gouvernement du Canada, Ottawa, 2017, p. 18.
  • note de bas de page[8] Retour au paragraphe Statistique Canada, « CANSIM 477-0017 », Ottawa, Conseil des universités de l'Ontario, 2017, [En ligne], pour les données de 2005-2006.
  • note de bas de page[9] Retour au paragraphe Rang ou niveau inférieur à celui de professeur adjoint inclus les chargés de cours, maîtres de conférences et autres membres du personnel enseignant.
  • note de bas de page[10] Retour au paragraphe Statistique Canada, « CANSIM 477-0017 », Ottawa, 2017.
  • note de bas de page[11] Retour au paragraphe Rang ou niveau inférieur à celui de professeur adjoint inclus les chargés de cours, maîtres de conférences et autres membres du personnel enseignant.
  • note de bas de page[12] Retour au paragraphe Weingarten, H. P., L. Jonker, A. Kaufman et M. Hicks, Viabilité des universités : dépenses, Conseil ontarien de la qualité de l'enseignement supérieur, Toronto, 2018, p. 21.
  • note de bas de page[13] Retour au paragraphe Statistique Canada, « CANSIM 477-0017 », Ottawa, 2017.
  • note de bas de page[14] Retour au paragraphe Rang ou niveau inférieur à celui de professeur adjoint inclus les chargés de cours, maîtres de conférences et autres membres du personnel enseignant.