Régulation émotionnelle : enfants ayant subi des traumatismes durant la petite enfance
Les enfants et les jeunes ayant subi des traumatismes durant la petite enfance ont parfois de la difficulté à réguler leurs émotions, et peuvent même être « émotionnellement plus jeunes » que les autres enfants du même âge. On doit donc en tenir compte lorsqu'on vient en aide à ces enfants au quotidien. Vous trouverez ci-après des stratégies proactives et ponctuelles jugées utiles pour aider les enfants à apprendre à mieux contrôler leurs émotions. N'oubliez pas que chaque enfant est unique et que les stratégies adoptées doivent en tenir compte. Il est important de donner à l'enfant ou au jeune l'occasion d'essayer différentes techniques d'adaptation ou d'apaisement et de lui permettre d'apporter sa contribution en cours de route, au fur et à mesure qu'il apprend par la pratique.
Les relations sont essentielles
Nous avons tous besoin de sentir qu'il y a des gens vers qui nous pouvons nous tourner en cas de besoin. Or, la confiance dans les relations peut être difficile pour les enfants et les jeunes ayant subi des traumatismes ou des abus par le passé. Une attitude axée sur la disponibilité, la bienveillance, la solidarité et l'engagement contribue à convaincre un enfant que ses parents ou la personne qui s'occupe de lui sont là pour l'aider. Cela aidera l'enfant à comprendre et lui inspirera confiance.
Activité physique
L'activité physique modifie l'activité cérébrale. Elle a également un impact sur nos sentiments. Cette stratégie étonnamment simple et pourtant très efficace peut grandement aider les enfants à apprendre à réguler leurs émotions. Intégrez dans la journée de l'enfant des exercices qui encouragent l'utilisation de grands groupes musculaires pour les aider à dépenser de l'énergie.
Relaxation
Les exercices de relaxation et de respiration sont efficaces pour aider les enfants à se calmer et à maîtriser leurs émotions et leur corps. L'imagerie guidée, le yoga, la respiration profonde et la visualisation peuvent être agréables et efficaces. Par contre, il est préférable d'éviter les stratégies qui consistent à faire le vide (notamment la méditation).
Mouvements rythmiques répétitifs
Les mouvements rythmiques répétitifs peuvent aider à réguler notre respiration et notre rythme cardiaque. Ils sont plus efficaces lorsqu'on prévoit de petits blocs horaires réguliers tout au long de la journée (par exemple, six blocs de cinq minutes auront un effet plus important et plus durable qu'un seul bloc de trente minutes).
Citons, à titre d'exemple, le fait de se bercer, de jouer du tambour, de sauter à la corde, de se balancer et/ou de faire rebondir une balle contre un mur.
Exprimer ses sentiments
Prévoyez une période durant laquelle vous exprimez vos sentiments et vous demandez à l'enfant et aux autres membres de la famille d'en faire autant. Aidez l'enfant à créer une histoire pour déterminer comment son corps réagit lorsqu'il éprouve un sentiment. Gardez ces renseignements à portée de main et faites-y référence souvent en demandant à l'enfant de raconter l'histoire.
Identifier les éléments déclencheurs
Qu'est-ce qui dérange l'enfant? Est-ce qu'il réagit fortement aux odeurs, aux sons, au toucher, à la vue ou au goût? Est-ce que ces réactions sont associées à la petite enfance? Si possible, modifiez l'environnement pour réduire les éléments déclencheurs et accroître ainsi le sentiment de sécurité (par exemple, déterminez où l'enfant se sent le plus en sécurité dans la salle de classe et déterminez s'il est possible d'y installer son pupitre).
Soyez aux aguets
Alors que certains enfants peuvent toujours ou parfois faire part de leurs besoins à leurs éducateurs, d'autres donnent une fausse impression et repoussent les éducateurs ou donnent l'impression qu'ils vont bien alors qu'ils éprouvent des difficultés émotionnelles. Il est essentiel que les éducateurs reconnaissent la situation et déterminent les signes que l'enfant montre lorsqu'il se trouve au plus bas, conformément au cercle de sécurité (Circle of Security™). Ces signaux peuvent être minuscules et sont très différents; il faut donc du temps pour dresser une liste. Il sera important de s'entraîner à interpréter les expressions faciales, le langage corporel, le ton de la voix et les capacités motrices pour déterminer ce qui se passe dans la tête de l'enfant (par exemple, un enfant insiste pour dire qu'il va bien, mais il évite de vous regarder dans les yeux et sa voix est tendue). Une fois que la personne qui s'occupe de l'enfant a déterminé où se trouve l'enfant dans le cercle, elle peut alors travailler pour répondre à ses besoins.
Détection rapide
On a parfois l'impression que le comportement d'un enfant est tout à fait inattendu, mais il y a toujours des signes avant-coureurs et, plus on est en mesure de déterminer où se situe un enfant dans le cercle, quelles sont les émotions qu'il ressent d'après les manifestations physiques et ce dont il a besoin, et plus il est facile d'aider l'enfant à maîtriser ses émotions. C'est pourquoi il est si important de savoir reconnaître les indices, les comportements et les signes afin d'intervenir rapidement.
Identifier un endroit sûr
Les enfants et les jeunes ayant subi des traumatismes durant la petite enfance peuvent avoir peur de faire face à des sentiments difficiles. Il est essentiel de promouvoir le sentiment de sécurité pendant ces périodes. Aidez l'enfant à indiquer un lieu où il se sent en sécurité et qui est à sa disposition, de manière proactive et ponctuelle. Veillez à ce que des activités calmantes soient disponibles à cet endroit (voir ci‑dessous).
Ne pas le laisser seul
Les enfants et les jeunes ayant subi des traumatismes et des abus durant la petite enfance ont appris à « se débrouiller seuls ». Remettez doucement en question cette façon de réagir en restant avec l'enfant pour l'aider à maîtriser et à gérer ses émotions. Si ce n'est pas sécuritaire pour vous, restez dans la pièce et assurez-vous qu'il sait que vous êtes là à proximité (notamment en lui parlant et selon le ton de la voix).
Faites appel aux cinq sens
Les traumatismes et les souvenirs difficiles peuvent facilement refaire surface par le biais d'une expérience sensorielle (par exemple, le son d'une sirène ou l'odeur d'un certain parfum). En faisant appel à ses sens de manière apaisante, l'enfant aura l'occasion de faire l'expérience de l'apport sensoriel d'une manière nouvelle, utile et saine. La liste ci-dessous n'est pas exhaustive et de nombreux exemples font appel à plus d'un sens. Travaillez avec l'enfant lorsqu'il est calme et en contrôle afin de déterminer ce qu'il juge apaisant et calmant.
| Sens | Des stratégies pour apaiser et calmer |
|---|---|
| Vue |
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| Odorat |
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| Ouïe |
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| Goût |
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| Toucher |
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Calmer le corps avant l'esprit
Il est très difficile de calmer le cerveau lorsqu'on est stressé. Imaginez que vous essayez de passer un examen avec un ours dans la pièce; votre note serait sérieusement compromise. Aidez l'enfant à maîtriser ses émotions lorsqu'il se trouve au bas du cercle. Réglez le problème et prévoyez des mesures pour une prochaine fois lorsque l'enfant montre qu'il est capable de maîtriser ses émotions et son comportement. N'oubliez pas qu'il y a un temps et un lieu pour chaque chose et pour chaque personne.
Faites preuve de patience et de gentillesse
Soyez gentil avec l'enfant et avec vous-même. On ne peut pas changer de stratégie d'adaptation et acquérir de nouvelles compétences du jour au lendemain. Il s'agit d'un processus graduel qui demande beaucoup d'efforts, tant de la part de l'enfant que de la part des personnes qui s'occupent de lui. C'est un défi que vous pouvez relever ensemble.