Les expériences négatives vécues durant l'enfance peuvent être une source importante de stress. Les enfants et les jeunes sont particulièrement sensibles au stress, car leur corps est encore en développement. Le stress perturbe le développement et le lien entre les différents systèmes de notre corps et il peut avoir des répercussions sur différents aspects, de nos connexions cérébrales à notre comportement, en passant par notre ADN. Autrement dit, un traumatisme peut faire dérailler différents systèmes dans le corps.

« Le traumatisme n'est pas seulement un événement qui s'est produit à un moment donné dans le passé; c'est aussi l'empreinte laissée par cet événement sur l'esprit, le cerveau et le corps »

- Bessel A. van der Kolk

Vous trouverez ci-dessous un aperçu de la façon dont les traumatismes façonnent le cerveau, le corps et le comportement.

La réponse au stress

Lorsqu'un enfant perçoit une menace, sa réaction au stress est activée. Cela signifie qu'il y a une forte augmentation des hormones de stress qui circulent dans le corps. Ses battements de cœur s'accélèrent, sa respiration augmente et l'enfant devient nerveux. L'enfant peut exprimer sa détresse en pleurant, en criant ou en devenant agressif. Il peut également se renfermer sur lui-même et essayer d'éviter la situation.

Nous produisons tous des hormones de stress en situation d'urgence. Ces hormones nous préparent à répondre à une menace et sont utiles dans les situations d'urgence. Par contre, si nous sommes constamment en mode « urgence », ces hormones peuvent devenir nocives pour notre cerveau et pour notre corps. Cela peut arriver aux enfants qui ont subi un traumatisme.

Le stress subi durant la petite enfance peut rendre un enfant plus sensible à des situations stressantes par la suite. Ainsi, lorsque l'enfant perçoit une menace ou un danger plusieurs années après avoir subi un traumatisme, une plus grande quantité d'hormones de stress circulent dans son corps pendant une période plus longue.

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Stress toxique

Il est question de « stress toxique » lorsqu'un enfant est stressé pendant une longue période sans qu'un adulte ne lui vienne en aide. De nombreux facteurs peuvent affecter la capacité d'une personne à s'occuper de son enfant, notamment la dépression, les problèmes de santé mentale, la toxicomanie et la violence conjugale.

Pendant l'enfance, le stress toxique perturbe les connexions dans le cerveau et dans d'autres systèmes organiques. Les jeunes cerveaux sont très sensibles aux hormones du stress et on sait que des niveaux chroniquement élevés d'hormones du stress affectent le développement du cerveau. Or, la petite enfance étant une période de développement importante, cela peut entraîner des changements permanents dans la façon dont le cerveau se développe et ces changements occasionnent des troubles de l'apprentissage et du comportement. Certains scientifiques appellent cela un cerveau submergé par le stress.

Le cerveau

Trois grandes régions du cerveau sont touchées par les expériences négatives vécues durant la petite enfance : l'amygdale, le cortex préfrontal et l'hippocampe.

Figure 1 : Rôles des régions du cerveau touchées par les traumatismes subis durant la petite enfance.
Amygdale Cortex préfrontal Hippocampe
Responsable de la reconnaissance et de l'évaluation de la valence émotionnelle et des réponses comportementales, en particulier de la peur. Contrôle les comportements complexes, les impulsions, les réactions émotionnelles, la personnalité, la concentration, la planification et le fait de ne pas tenir compte des distractions extérieures. Traite la mémoire à long terme et les réponses émotionnelles

Le stress chronique peut entraîner une suractivité de certaines régions du cerveau et la perte de connexions dans d'autres régions. Parfois, les deux peuvent se produire dans la même région.

La perte de connexions dans certaines régions du cerveau peut entraver la capacité de déterminer ce qui est sûr et ce qui est dangereux. La suractivité dans certaines régions peut entraîner des niveaux de stress, de peur et d'anxiété plus élevés. Le stress chronique peut également affecter la capacité du cerveau de prendre des décisions, de s'autoréguler, de contrôler les impulsions et d'accéder à la mémoire.

Vous trouverez, à la page qui suit, un diagramme (Figure 2) indiquant quelles régions du cerveau subissent une perte de neurones (les cellules « de connexion » du cerveau) et quelles régions du cerveau deviennent trop actives.

Génétique

Notre ADN contient les schémas directeurs de la façon dont nous comprenons différentes situations et de la façon dont nous réagissons face à celles-ci. C'est ce qu'on appelle les gènes.

Nous sommes nés avec un ensemble spécifique de gènes et nous vivons avec toute notre vie. Si nos gènes ne changent pas, nos expériences de vie peuvent affecter la façon dont ces plans sont utilisés. Ce processus est appelé « épigénétique ».

En temps normal, notre corps a des systèmes en place qui lui indiquent de se calmer et de revenir à un état de détente. Autrement dit, ces systèmes nous aident à gérer notre stress. Certains de ces systèmes sont contrôlés par nos gènes – les schémas directeurs de notre ADN.

De nombreux enfants ayant subi un traumatisme ont des niveaux d'hormones de stress très élevés, ce qui peut entraîner la désactivation des gènes contribuant à la gestion du stress. Voir la Figure 3 pour obtenir un aperçu de la manière dont ce gène est désactivé et de la manière dont l'enfant est affecté par ce changement.

Lorsque nos gènes de gestion du stress sont désactivés, il devient très difficile pour nous de gérer le stress. Le corps n'arrive pas à se calmer.

C'est pourquoi certains enfants ayant subi un traumatisme sont constamment en état d'alerte. Les comportements innocents des autres peuvent être considérés comme menaçants. Certains enfants peuvent également avoir de la difficulté avec le changement et devenir agressifs.

Heureusement, cette situation n'est pas nécessairement permanente. Une relation de soutien avec un adulte peut contribuer à la réactivation du gène de la gestion du stress, ce qui fait que le corps peut réapprendre à se calmer et revenir à un état de détente.

Recâblage : Un sentiment d'espoir

Des interactions positives, réactives et cohérentes avec des adultes bienveillants influencent fortement le développement du cerveau. Au fil du temps, ces interactions correctives créent des connexions solides dans les zones sociales et émotionnelles du cerveau, offrant ainsi au cerveau traumatisé la possibilité de se « recâbler ». Cela demande du temps et beaucoup de répétitions. L'établissement d'une relation fondée sur la confiance, la sécurité et la communication est essentiel pour aider votre enfant à apprendre une nouvelle façon d'interagir avec les autres.

Pour plus d'information sur la manière de soutenir un tel changement, consultez les ressources des SCETA, à l'adresse www.cpri.ca.

« Le fait de pouvoir se sentir en sécurité avec d'autres personnes est probablement l'aspect le plus important de la santé mentale; il est primordial d'établir des relations fiables pour avoir une vie satisfaisante et enrichissante »

-Bessel A. van der Kolk