Aperçu

Le secteur des arts comprend des artistes et des organismes qui travaillent dans des disciplines telles que la danse, la musique, le théâtre, les arts visuels, les arts des médias et les arts littéraires, ainsi que des formes d’arts interdisciplinaires, multidisciplinaires et émergentes.

Les artistes et les organismes voués aux arts sont soutenus par des producteurs professionnels, des agents, des techniciens, des administrateurs, des bailleurs de fonds, des spécialistes du marketing, des agents publicitaires, des conservateurs, des critiques et des éducateurs. Ils sont également soutenus par des établissements de formation et d’enseignement, et d’autres entités, telles que des organismes, des guildes, des syndicats et des associations commerciales dans le domaine des arts. Le secteur englobe la recherche et l’expérimentation artistique, la création, la production et la diffusion, la commercialisation et la promotion, ainsi que la participation et l’engagement du grand public.

Quarante-trois pour cent des artistes du Canada vivent en Ontario. En 2011, un travailleur sur 115 dans la province était un artiste, soit environ 58 100 personnes en tout, dont 52 % de femmes. En 2011, 16 % des artistes de l’Ontario appartenaient à une minorité visible,footnote 92 24 % étaient des immigrants de première génération et presque 2 % étaient membres des Premières Nations, des Métis ou des Inuits. Le nombre d’artistes en Ontario a augmenté de 48 % entre 1989 et 2013, contre seulement 34 % pour l’ensemble des effectifs de la province.footnote 93

Les organismes voués aux arts englobent les compagnies de théâtre, les compagnies de danse, les orchestres, les groupes de musique, les diffuseurs des arts de la scène, les galeries d’art, les salles de vente, les festivals, les centres d’art autogérés, les studios et les salles communautaires. En 2013-2014, le Conseil des arts de l’Ontario a fourni de l’aide à 1 095 organismes voués aux arts sans but lucratif à l’échelle de la province.footnote 94

Pour une analyse contextuelle plus poussée du secteur artistique, consultez le document de Robyn Jeffrey et Elizabeth MacKinnon, Analyse du Conseil des arts de l’Ontario de l’écosystème artistique en 2013.footnote 95

Artistes

Les artistes sont au cœur du secteur des arts. La Loi sur le statut des artistes ontariens, adoptée en 2007, reconnaît formellement leur apport social et économique à la province.footnote 96

Le marché de l’emploi des artistes de l’Ontario se caractérise par une proportion élevée de travailleurs autonomes. Environ la moitié des artistes de l’Ontario (47 %) sont des travailleurs autonomes (en comparaison, ce taux est seulement de 10 % pour l’ensemble de la population active de l’Ontario).footnote 97

Les créateurs et autres travailleurs autonomes du secteur artistique doivent faire face à plusieurs types de problèmes, tels que le statut précaire, l’autogestion de carrière, des revenus et des bénéfices insuffisants ou fluctuants, et l’instabilité de l’emploi.footnote 98 Ceci étant, les métiers des arts sont généralement associés à un meilleur épanouissement personnel et à une plus grande autonomie personnelle.footnote 99

Bien qu’ils aient généralement suivi des études supérieures, les artistes gagnent en moyenne 30 % de moins que les autres travailleurs de l’Ontario. En 2011, le revenu moyen pour un artiste ontarien toutes sources confondues était de 34 900 dollars. La moitié des artistes de la province gagnait 23 200 dollars ou moins.footnote 100 Les danseurs, les artistes des métiers d’art et les artistes visuels comptent parmi ceux qui gagnent le moins. Ce sont des disciplines choisies majoritairement par des femmes.footnote 101

Des écarts de salaire entre les hommes et les femmes s’observent également dans la gestion des arts. Dans les musées d’art en Amérique du Nord, par exemple, les femmes occupent moins de 50 % des postes de direction et le salaire moyen d’une directrice de musée est inférieur à celui d’un homme. Aux États-Unis, la disparité est plus importante dans les grands musées d’art, où les femmes occupent seulement 24 % des postes d’administrateurs et où les directrices gagnent en moyenne 71 % du salaire des hommes.footnote 102

Certains artistes et professionnels indépendants mènent plusieurs carrières de front, en tirant parti de leurs diverses compétences et de leurs centres d’intérêt, afin de générer plusieurs sources de revenus en diversifiant leurs activités.footnote 103 Pour certains, c’est par choix, pour d’autres, c’est une obligation.footnote 104

Contrairement à la plupart des autres professions, la très grande majorité des artistes ne partent pas à la retraite.footnote 105 Plus le nombre des artistes qui continuent à travailler à l’âge de la retraite augmente, plus forte est la demande de plans susceptibles d’assurer une sécurité du revenu adaptée à leurs besoins, tels que des modèles flexibles de prestations de retraite et des modes d’hébergement abordables.footnote 106

Engagement envers les arts

L’exposition aux arts et la participation aux activités artistiques inspirent les Ontariens, quel que soit leur âge ou leur milieu. La grande majorité des Ontariens pensent que les arts participent à enrichir leur vie et que les activités artistiques sont bonnes pour la communauté.footnote 107

Presque tous les Ontariens participent à des activités artistiques quelconques. Par exemple, 99 % des Ontariens participent au moins une fois par année à des activités musicales, 98 % à des activités liées aux arts visuels, aux métiers d’art ou au cinéma, et 64 % à des activités théâtrales.footnote 108 En 2010, 73 % des Ontariens avaient assisté à un spectacle ou à un événement culturel. La même année, 36 % des Ontariens s’étaient rendus dans une galerie d’art.footnote 109 Ceci étant, des études montrent que les taux de participation à l’échelle du pays sont inférieurs parmi les personnes handicapées, les aînés et les membres des minorités visibles.footnote 110

Le bénévolat constitue une autre forme importante de participation dans les arts. Les organismes voués aux arts financés par le Conseil des arts de l’Ontario ont enregistré 1,7 million d’heures de bénévolat entre 2011 et 2012.footnote 111

Les membres des Premières Nations, les Métis et les Inuits connaissent un taux de participation aux activités créatives bien supérieur à celui du reste de la population ontarienne. Parmi ces activités, citons la création littéraire, l’apprentissage des arts (leçons de musique, par exemple) et les activités artistiques issues de la communauté, comme la danse sociale.footnote 112

Avantages économiques et sociaux des arts

Outre leur valeur intrinsèque, les arts contribuent de manière significative à la qualité de vie des collectivités ontariennes. Ils élargissent le point de vue des personnes, font naître des points de vue et des aspirations, stimulent la curiosité et réunissent les gens pour partager des expériences. De plus en plus, les arts sont reconnus comme un facteur de bien-être important.footnote 113

Pour la jeunesse, le lien entre les arts et de meilleurs résultats scolaires n’est plus à démontrer.footnote 114 Par exemple, l’éducation musicale contribue à l’acquisition de connaissances spécialisées, comme les mathématiques, la logique et le traitement cognitif.footnote 115 Il est prouvé que les programmes d’éducation artistique permettent d’améliorer les aptitudes en matière de raisonnement critique et de pensée latérale.footnote 116

Les artistes et les organismes voués aux arts offrent des programmes d’éducation en arts pour les élèves de tous âges et prennent part à des activités de sensibilisation dans leurs communautés.footnote 117 Les arts dans les environnements éducatifs sont associés à un vaste éventail d’avantages sociaux, comme une meilleure estime de soi, une résilience accrue et une capacité de découverte renforcée. Il a été démontré que les jeunes qui s’engagent dans les arts améliorent leurs aptitudes relationnelles.footnote 118

Les arts sont également importants pour la santé économique de l’Ontario, en contribuant à hauteur de 936 millions de dollars au PIB et en créant 24 786 emplois en

Principales tendances

Évolution démographique et pratiques artistiques

Les tendances démographiques se reflètent dans les diverses formes d’art, activités et services qui fleurissent en Ontario.footnote 119 Des études ont permis de relier la diversité culturelle parmi les artistes à l’apparition de pratiques artistiques hybrides qui réunissent des formes d’art contemporain et traditionnel, particulièrement chez les artistes formés aux deux types de pratiques.footnote 120 Cette scène artistique en mutation suscite des occasions d’intéresser des publics plus larges en Ontario, même si elle apporte son lot de défis quand il s’agit d’accueillir de nouveaux artistes et de nouvelles formes artistiques au sein des environnements financiers et physiques existants.

Au cours des deux dernières décennies, les « arts pratiqués par des personnes handicapées ou atteintes de surdité » se sont révélés un nouveau domaine de pratique au Canada. Les principaux défis que doivent affronter ces artistes sont l’accès au financement, à la formation et aux ressources physiques, telles que les établissements de formation, les salles de spectacles et les galeries d’art.footnote 121 Le dernier plan stratégique du Conseil des arts de l’Ontario désigne les artistes atteints de surdité et ceux atteints de handicaps comme groupe prioritaire et a défini des programmes et des services particuliers pour subvenir à leurs besoins particuliers.footnote 122

En réponse au vieillissement de la population, des collaborations se forment pour positionner les arts dans le cadre d’un vieillissement en santé.footnote 123 La Fondation Trillium de l’Ontario soutient un certain nombre de projets issus des communautés qui font participer les aînés aux activités artistiques et culturelles. Les projets s’articulent autour des thèmes des Personnes actives, des Personnes connectées et des Personnes inspirées. Dans certains endroits, des programmes artistiques viennent s’ajouter à l’offre existante pour les aînés (le projet de Vancouver axé sur les arts, la santé et les aînés, par exemple).footnote 124 La difficulté consiste à s’assurer que les artistes bénéficient du soutien des professionnels de la santé et des services aux aînés. Le programme de Vancouver, qui s’étend désormais à d’autres parties de la Colombie-Britannique, met en relation les artistes et les professionnels des services aux aînés.footnote 125

Les artistes, et particulièrement les jeunes, sont de plus en plus intéressés par d’autres domaines, comme l’environnement, la justice ou les droits de la personne.footnote 126 Les collaborations avec d’autres artistes, des scientifiques et des acteurs de l’industrie culturelle peuvent apporter une dose d’innovation dans l’expression artistique, et favoriser l’apparition d’outils créatifs et de nouveaux produits. En Ontario, le projet Adjacent Possibilities in art+energy du programme de bourses Studio Y de MaRS (un organisme de bienfaisance enregistré) réunit des artistes et des entrepreneurs du domaine de l’énergie pour reformuler la manière d'aborder le changement climatique.footnote 127

Certains artistes des Premières Nations, métis ou inuits expérimentent et inventent des formes d’art autochtone hybrides qui marient la vision du monde traditionnelle et les pratiques artistiques contemporaines.footnote 128 Des politiques et des structures de financement ont été mises au point pour encourager l’art autochtone dans plusieurs régions.  Le Bureau des arts autochtones du Conseil des arts de l’Ontario dispose de son propre personnel et de programmes spécialisés.footnote 129

Technologies numériques

Les nouvelles technologies numériques sont en train de changer de manière significative et durable les modes de création, de production et de diffusion de l’art.footnote 130 Les artistes s’approprient de manière créative et innovante les nouvelles technologies numériques dans toutes les disciplines, y compris les arts de la scène, les arts visuels, les métiers d’art et les arts des médias. Au cours des dix dernières années, les médias numériques ont été de plus en plus utilisés dans le travail des artistes et des organismes voués aux arts. En outre, la diffusion numérique offre aux artistes de tous genres une visibilité accrue auprès de publics éloignés.

Le secteur artistique doit faire face à deux défis importants nés de l’évolution rapide des technologies numériques. Le premier est le besoin de formation pour acquérir et conserver la capacité de tirer le meilleur parti des technologies numériques pour la création, la commercialisation et la promotion des arts.footnote 131 L’autre défi consiste à trouver comment générer des revenus et obtenir une juste rémunération de la diffusion numérique des œuvres. Les consommateurs peuvent désormais accéder comme jamais auparavant à un éventail illimité d’œuvres par l’intermédiaire d’Internet et sont capables de reproduire numériquement ces œuvres à la perfection. Cette situation met en péril la viabilité économique et les protections offertes par les lois sur le droit d’auteur aux écrivains, compositeurs, interprètes, artistes visuels, cinéastes, etc.footnote 132.

Contexte financier

Les demandes de soutien financier au secteur artistique devraient augmenter au Canada.footnote 133 Le foisonnement des activités artistiques menées par des artistes émergents et des organismes voués aux arts oblige les bailleurs de fonds traditionnels à en faire plus avec les ressources existantes.footnote 134

Les organismes voués aux arts sans but lucratif de l’Ontario peuvent compter sur trois principales sources de revenus : les recettes récoltées, les dons du secteur privé et le soutien (à tous les niveaux) du gouvernement. En moyenne, les dons du secteur privé représentent 27 % du total des recettes d’un organisme voué aux arts.footnote 135

Les donations privées subissent une mutation à l’échelle mondiale et tous secteurs caritatifs confondus, y compris celui des arts. Des études récentes montrent que nombre de fiducies, fondations et donateurs de premier plan sont intéressés par une approche plus stratégique. Cela se traduit généralement par un rétrécissement de la portée des dons, la recherche d’une participation accrue des bénéficiaires des fonds et une volonté plus prononcée de mesurer et évaluer les retombées.footnote 136 Le défi pour le secteur artistique de l’Ontario consistera à répondre à ces nouvelles exigences tout en continuant à bénéficier de ce soutien crucial. Le secteur devra également continuer à rechercher de nouvelles sources de revenus et découvrir de nouvelles stratégies de fonctionnement.

Les organismes voués aux arts trouvent de nouveaux financements en collaborant plus étroitement avec le secteur des entreprises. Ce secteur peut donner accès aux mécènes et aux sociétés commanditaires.footnote 137 Americans for the Arts aux États-Unisfootnote 138 et Les affaires pour les arts au Canadafootnote 139 font la promotion des partenariats entre les entreprises et le secteur artistique dans leur intérêt mutuel. Les partenariats stratégiques avec d’autres organisations, que ce soit des entreprises ou des organismes voués aux arts, ou encore d’autres entités sans but lucratif, peuvent aider à trouver de nouveaux publics et d’autres revenus.footnote 140

Le modèle traditionnel de l’organisme sans but lucratif n’est pas adapté à l’ensemble du monde artistique. De nouveaux modèles d’organisation apparaissent pour répondre aux besoins des artistes et de leurs projets. Des modèles d’entreprises sociales et des fournisseurs de services sans but lucratif offrent, par exemple, un large éventail de services professionnels pour éviter de recourir à une expertise interne.

Aux États-Unis, Fractured Atlas encourage le parrainage financier et met divers outils à la disposition des artistes et des organismes voués aux arts, y compris une police d’assurance, un programme informatique de gestion des billets, des événements et des dons, ainsi qu’un outil de mise en relation des fournisseurs et des loueurs d’espaces créatifs. footnote 141 Cet outil, dont le nom est Spacefinder, fonctionne dans onze villes américaines et vient de faire une incursion au Canada sous le nom de Spacefinder Toronto.footnote 142 Creative Partnerships Australia (CPA), un organisme sans but lucratif soutenu par le gouvernement australien au travers du Ministry for the Arts, constitue un autre type d’exemple. Le statut du CPA lui permet de délivrer des reçus pour les dons déductibles d’impôt que les donateurs remettent aux artistes, organismes ou projets.

Plusieurs régions envisagent de créer des plateformes caritatives pour accueillir les projets des artistes et éviter ainsi de multiples constitutions en sociétés.footnote 143 Au Canada, la loi fiscale actuelle n’autorise pas les sociétés à fin charitable à verser des fonds en dehors d’autres organismes de bienfaisance enregistrés constitués en personne morale.

Popularisé par les réseaux sociaux, le financement collectif permet aux organismes et aux artistes de bénéficier d’un financement de démarrage pour lancer de nouveaux projets. Le financement collectif permet également aux contributeurs de participer au processus créatif et de s’engager auprès des créateurs. Certaines plateformes (Kickstarter, Indiegogo, par exemple) apportent leur soutien pour aider les projets à atteindre leur cible de financement, mais pour réussir le financement collectif nécessite une expertise et des ressources humaines et financières suffisantes.footnote 144


Notes en bas de page