Section 1 : Contexte

Une collectivité-amie des aînés permet d’offrir les possibilités et de relever les défis d’une population vieillissante en créant des milieux physiques et sociaux qui appuient une vie autonome et active et en procurant aux personnes âgées l’occasion de continuer à contribuer à toutes les facettes de la vie sociale.

Bien que le concept de la collectivité-amie des aînés soit relativement nouveau, il remonte à plus de cinquante ans dans le domaine de la gérontologie environnementalefootnote 2. L’une des notions principales de ce domaine est l’« adéquation entre la personne et son milieu » (adéquation p-m)footnote 3. Ce terme signifie que la capacité d’une personne de vieillir bien et de façon autonome provient de l’adéquation entre sa capacité physique et mentale et les « pressions » (ou les obstacles) qui se dressent dans son milieu. Par exemple, une personne âgée qui vit de manière autonome dans sa maison initiale aura peut-être de plus en plus de difficultés à monter les escaliers (une « pression ») à cause de problèmes de santé chroniques ou d’une incapacité physique. Toutefois, plutôt que de déménager, une personne âgée pourrait décider d’adapter sa maison et d’alléger les obstacles présents dans son milieu en installant un monte-escalier ou en trouvant d’autres façons de supprimer les obstacles.

Les efforts déployés pour établir des collectivités-amies des aînés constituent un placement sûr. Les collectivités-amies des aînés sont des milieux physiques et sociaux de soutien qui permettent aux personnes âgées de mener une existence active, sécuritaire et significative et de continuer à contribuer dans tous les secteurs de la vie sociale. Dans le cas des entreprises privées, les avantages de la mise en marché et de la fourniture de biens et services dans ce marché en croissance sont manifestes. Pour ce qui est de l’ensemble de la collectivité, les personnes âgées sont des résidents de longue durée et dévoués qui font bénéficier leurs collectivités de leur temps, de leur énergie et de toute leur expérience.

Section 2 : L’utilisation du présent guide

Chacun et chacune d’entre nous devons contribuer à la création d’une province-amie des aînés : les résidents et résidentes, les groupes communautaires, les gouvernements, le milieu des affaires et le secteur des organismes sans but lucratif oeuvrant de concert. De nombreuses connaissances et ressources provenant des universités, du gouvernement et des organismes non gouvernementaux appuient les initiatives de planification de la collectivité-amie des aînés. Nous avons conçu ce guide pour traiter des questions qui touchent les collectivités de l’Ontario et les intervenants visés qui entreprennent ou qui envisagent des initiatives de CAA. Le Secrétariat aux affaires des personnes âgées de l’Ontario (le Secrétariat), l’Université de Waterloo, l’Université McMaster et la Direction générale de l’accessibilité pour l’Ontario ont élaboré ce guide afin de présenter les principes de la collectivité-amie des aînés. Il énonce également un cadre de sélection de toute une gamme d’outils et de mesures d’évaluation de la collectivité afin d’éclairer votre plan d’action de la collectivité-amie des aînés. Le présent guide :

Explique les caractéristiques d’une collectivité-amie des aînés et sa façon de réagir aux possibilités et aux défis que présente la population vieillissante de l’Ontario.

Fournit un « guichet unique » pour une multitude de ressources CAA existantes.

Reconnaît qu’il est crucial de recueillir de l’information qui reflète le plus possible les carac-téristiques de votre collectivité pour le succès d’une initiative CAA.

Offre aux personnes qui se consacrent aux initiatives CAA un cadre pour faire des choix éclairés parmi plusieurs outils souples d’évaluation de la collectivité qui peuvent être adaptés aux circonstances locales.

Section 3 : Dimensions de la collectivité-amie des aînés

Les listes de vérification et les outils d’évaluation des CAA, comme ceux qui sont établis par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), tiennent compte des dimensions physiques et sociales qui contribuent à un vieillissement autonome et actiffootnote 4.

Les chercheurs de l’Université de Waterloo et de l’Université McMaster ainsi que le personnel du Secrétariat aux affaires des personnes âgées de l’Ontario présentent une série d’outils d’évaluation afin que les intervenants de l’Ontario les envisagent et puissent les adapter à leurs propres initiatives CAA. Les huit dimensions de l’OMS qui décrivent une collectivité-amie des aînés constituent le fondement de la présentation des outils d’évaluation dans le présent guide.

Bref, les huit dimensions de l’OMS comprennent :

Espaces extérieurs et bâtiments : Lorsque les gens considèrent leur quartier comme sûr et accessible, cela les encourage à exercer des activités extérieures ou à s’engager dans la collectivité. L’accessibilité consiste notamment à supprimer les obstacles qui restreignent les possibilités qu’ont les personnes handicapées, dont les personnes âgées qui ont des dé-ficiences liées à l’âge, et à permettre aux personnes âgées de prendre part à des activités sociales ou d’avoir accès à des entreprises et à des services de santé et des services so-ciaux importants.

Transports : La condition et la conception de l’infrastructure liée aux transports comme les panneaux, les feux de circulation et les trottoirs ont une incidence sur la mobilité des per-sonnes. L’accès à des transports en commun fiables et abordables devient de plus en plus important et la conduite devient de plus en plus stressante et difficile.

Logement : De nombreuses personnes âgées souhaitent vieillir chez elles. La disponibilité de logements adéquats et abordables comportant un certain choix de styles et d’emplacements et une certaine souplesse grâce à des éléments d’adaptation est essentielle pour les collec-tivités-amies des aînés.

Participation au tissu social : L’interaction avec la famille et les amis représente un volet important de la santé mentale positive et de la sensibilisation à la collectivité. La participa-tion au tissu social comprend le niveau d’interaction des personnes âgées avec les autres membres de leur collectivité et la mesure dans laquelle la collectivité elle-même rend cette interaction possible.

Respect et inclusion sociale : Les attitudes de la collectivité, telles que le sentiment général de respect et la reconnaissance du rôle que jouent les personnes âgées dans notre société, constituent des facteurs primordiaux d’établissement d’une collectivité-amie des aînés. Les collectivités-amies des aînés donnent des images positives du vieillissement et de la com-préhension intergénérationnelle qui permettent de lutter contre les attitudes négatives.

Participation citoyenne et emploi : La participation citoyenne comprend le désir des person-nes âgées de prendre part aux aspects de la vie sociale qui vont au-delà de leurs activités quotidiennes, comme le bénévolat, le fait de devenir actif sur la scène politique, de voter ou de se consacrer à des comités. La sécurité économique revêt de l’importance pour de nom-breuses personnes âgées, notamment celles à faible revenu et à revenu fixe. La capacité d’une personne âgée de demeurée employée ou de trouver un nouvel emploi lui assure de la sécurité économique et profite aux employeurs qui reconnaissent l’expérience et le dévoue-ment des employés plus âgés dans le milieu du travail.

Communication et information : Les collectivités-amies des aînés veillent à ce que l’information sur les activités communautaires ou les services importants soit facilement ac-cessible et se présente dans un format qui convient aux personnes âgées. En outre, une col-lectivité-amie des aînés reconnaît la diversité au sein de la population de personnes âgées et assure la promotion des initiatives communautaires auprès des familles non traditionnelles, des minorités ethnoculturelles, des nouveaux-venus et des collectivités autochtones.

Soutien communautaire et services de santé : Une bonne santé mentale et physique contri-bue à la qualité de vie et à la convivialité à l’égard des aînés. Pour évaluer ladite convivialité, il convient de prendre en compte l’accès à des services communautaires qui appuient le bien-être physique ou mental et la disponibilité des services de promotion de la santé ou de sensibilisation qui favorisent et appuient les comportements et les choix de vie sains.

Section 4 : Définir les principes locaux

Les premières étapes de l’établissement d’un processus CAA consistent à collaborer avec les intervenants de la collectivité pour définir le mandat de votre initiative. Il pourrait s’agir d’élaborer des principes directeurs, une vision et des objectifs pour votre collectivité, des rôles et des responsabilités, des échéanciers et des produits livrables. Les intervenants de la collectivité comprennent les résidents âgés, les propriétaires d’entreprises, les fonctionnaires de la municipalité, les membres du conseil, les fournisseurs de service, les bénévoles, les membres d’établissements postsecondaires et d’autres groupes qui s’engagent également à améliorer leur collectivité au profit de toutes et de tous.

Les étapes clés du volet « Définir les principes locaux » sont :

  • Constituer un comité directeur : Regrouper des gens d’expériences, de professions, de disci-plines universitaires et d’antécédents différents qui sont prêts à diriger et à établir une vision pour votre initiative CAA. Le site Web CAA du programme Kenneth G. Murray Alzheimer Re-search and Education Program (MAREP) de l’Université de Waterloo (http://healthy.uwaterloo.ca/~afc/) (en anglais seulement) fournit des renseignements et des conseils utiles sur le processus CAA, notamment des outils à utiliser dans le cadre de cette étape.
  • Élaborer des principes directeurs : Une fois que vous aurez constitué votre comité directeur, prévoyez une séance de planification pour établir la vision et les valeurs de CAA de votre col-lectivité. Encore une fois, les ressources MAREP constituent un bon point de départ et le coffre à outils en ligne de l’initiative AdvantAge (en anglais seulement) propose des façons de créer la vision CAA d’une collectivité.
  • Bâtir des partenariats : Tenir compte des partenariats déjà établis par votre groupe et du soutien complémentaire — par exemple, d’autres groupes ou organisations, des engage-ments financiers — dont vous pourriez avoir besoin pour votre initiative CAA. Mobiliser des organisations au sein de votre collectivité, des entreprises et des organismes sans but lucra-tif, comme Centraide ou d’autres organismes qui pourraient appuyer votre processus. Envi-sager de vous adresser à des organismes de financement possibles comme la Fondation Tril-lium de l’Ontario et d’autres fondations privées et sans but lucratif.
  • Recueillir de l’information : Vous pouvez évaluer la qualité d’amie des aînés de votre collecti-vité en tenant une combinaison de discussions en petits groupes parmi les membres du co-mité directeur, en interviewant des bénévoles d’organismes locaux de personnes âgées, en distribuant des questionnaires et en puisant dans l’information existante recueillie à d’autres fins — par exemple, des données statistiques provenant de l’examen du plan municipal offi-ciel de votre collectivité ou des sondages sur les programmes et les utilisateurs que le per-sonnel chargé des parcs et des loisirs de votre municipalité a pu diffuser.
  • Discuter des priorités : Commencer à déterminer les objectifs de CAA. Dresser un ordre de priorité de ces objectifs avant d’évaluer les besoins.

Section 5 : Personnaliser l’évaluation des besoins

Une évaluation des besoins cerne les lacunes dans le statut d’amie des aînés d’une collectivité et relève les possibilités de l’améliorer. Pour effectuer une évaluation des besoins, il faut déterminer l’information que vous désirez recueillir et les outils dont vous vous servirez pour recueillir cette information (comme des sondages, des groupes de discussion ou des questionnaires). Vous pouvez élaborer votre approche après avoir établi l’adéquation p-m de votre collectivité, qui reflète les huit dimensions d’une collectivité-amie des aînés énoncées par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

Le processus recommandé pour établir l’évaluation des besoins de votre collectivité est le suivant :

  • Examiner les outils de collecte de données : Dix-sept outils d’évaluation amis des aînés ont été examinés et compilés dans le présent guide pour offrir une ressource exhaustive aux uti-lisateurs qui n’ont pas besoin d’une recherche indépendante, fastidieuse et potentiellement coûteuse. Les outils renferment des questions axées sur les huit dimensions d’une collectivi-té-amie des aînés qui ont été déterminées par l’OMS. Certaines portent sur le milieu physi-que (par exemple, le logement, les espaces extérieurs et les bâtiments, les transports). D’autres traitent du volet social d’une collectivité-amie des aînés (par exemple, la participa-tion au tissu social, le respect et l’inclusion sociale). L’accent mis sur les outils qui reflètent les priorités est établi dans « Définir les principes locaux ».
  • Créer une liste de questions provisoire : Se reporter au site Web de l’Université de Waterloo (en anglais seulement) où vous trouverez les 17 outils d’évaluation CAA et les questions qui y sont associées dans une base de données téléchargeable. Choisir les questions qui s’appliquent à votre collectivité.
  • Créer des jumelages entre la personne et son milieu : Pour vous assurer que les questions de votre évaluation des besoins produisent l’information sur l’adéquation entre la personne et son milieu (adéquation p-m) de votre collectivité, établir un équilibre entre les questions sur le milieu de votre collectivité et les questions sur ce que ressentent les gens au sujet de leur milieu.
  • Finaliser l’évaluation des besoins : Avant de soumettre votre évaluation des besoins à la col-lectivité pour recueillir de l’information, procédez à une évaluation préalable pour déterminer ses forces et ses faiblesses. Assoyez-vous avec un petit groupe des personnes dont vous ai-meriez obtenir les commentaires (par exemple, les personnes âgées, les aidants, les fournis-seurs de service) et demandez-leur des suggestions d’amélioration de l’évaluation des be-soins.

Section 6 : Élaborer un plan d’action

Utilisez l’information que vous avez recueilli au moyen de l’évaluation des besoins pour élaborer votre plan d’action ou comme feuille de route qui orientera la planification amie des aînés de votre collectivité. Le plan d’action comporte les éléments suivants :

  • Analyser l’information recueillie grâce à votre évaluation des besoins.
  • Élaborer des stratégies pour devenir davantage ami des aînés.
  • Transformer ces stratégies en un plan d’action qui orientera les politiques et les programmes amis des aînés de votre collectivité.
  • Évaluer le plan d’action dans le cadre de sa mise en oeuvre.

Vous pouvez souvent établir des stratégies et des plans d’action de façon non structurée (par exemple, au moyen de séances de remue-méninges des membres de comité). Nous vous recommandons toutefois de baser votre discussion ouverte et l’élaboration de votre stratégie sur des questions précises (adaptées du document de John M. Bryson intitulé Applying Private-Sector Strategic Planning in the Public Sectorfootnote 5et du cadre « Utilization-Focused Evaluation » [U-FE] de Michael Quinn Patton)footnote 6pour traiter des préoccupations que les conseillers et les employés de votre municipalité pourraient avoir.

  • Quelles solutions de rechange pourrions-nous envisager pour régler ce problème?
  • Quels sont les obstacles à ces solutions de rechange?
  • Quelles approches (s’il y a lieu) pourrions-nous adopter pour surmonter ces obstacles?
  • Quelles sont les mesures prioritaires pour les deux à trois prochaines années et pour les trois à cinq prochaines années, et quelles ressources sont disponibles pour la mise en oeuvre des stratégies (les employés municipaux ou les chargés de programmes responsables des servi-ces et des programmes sur les aînés)?
  • Quelles mesures spécifiques devez-vous prendre à court terme et à plus long terme pour met-tre les stratégies en oeuvre, et qui est chargé de chaque étape?

Section 7 : Mise en oeuvre et évaluation

Une fois que votre plan d’action a été adopté et est mis en oeuvre, il faut l’évaluer à la fois pendant et après la mise en oeuvre. L’évaluation vous aidera à déterminer comment vous pouvez améliorer le plan d’action et si ses stratégies et ces mesures obtiennent les résultats souhaités.

La présente section présente deux approches d’évaluation :

Une évaluation formative qui met moins l’accent sur le résultat et davantage sur les façons d’améliorer un plan d’action en cours. Elle peut cerner des facteurs ayant assuré le succès d’une initiative, mais elle s’emploie surtout à recueillir les commentaires des intervenants pour réviser le plan d’action au besoin.

Une évaluation sommative constitue essentiellement un test qui sert à juger de la valeur d’un plan d’action à la fin des activités du programme. Elle est axée sur le résultat et sert surtout à juger du bien-fondé et de la valeur d’une initiative pour aider les utilisateurs principaux à établir si l’utilisation de l’initiative doit prendre fin, être élargie ou se répandre.


Notes en bas de page

  • note de bas de page[2] Retour au paragraphe hodge, G. (2008). The Geography of Aging :Preparing Communities for the Surge in Seniors. Montréal et Kingston :McGill-Queen’s University Press; lawton, M-P. et L. nahemow, L. (1973). Ecology of the aging process, dans : eisdorfer, C. et M-P. Lawton (éd.), Psychology of Adult Development and Aging, p. 619–624. Washington, DC : American Psychological Association.
  • note de bas de page[3] Retour au paragraphe lawton, M-P. (1982). Competence, environmental press, and the adaptation of older people, dans :lawton, M.P., P. windley et T. byerts (éd.), Aging and the Environment, p. 33–59. New York :Springer.
  • note de bas de page[4] Retour au paragraphe organisation mondiale de la santé. (2007). Guide mondial des villes-amies des aînés. Genève : OMS.
  • note de bas de page[5] Retour au paragraphe bryson, J., et W. Roering (1987). Applying private-sector strategic planning in the public sector. Journal of the American Planning Association 53(1) : 9–22.
  • note de bas de page[6] Retour au paragraphe patton, M. (2008). Utilization-Focused Evaluation, 4th edition. Thousand Oaks, CA : Sage Publications.