Au cours de 2018, neuf décès par suicide sont survenus parmi des agents de police en service et à la retraite dans la province de l’Ontario. Ce nombre était considéré sans précédentfootnote *. Tôt dans la nouvelle année, le bureau du coroner en chef a mis en branle un processus d’examen par comité d’experts. Le comité de huit membres a commencé son travail en juin 2019. Les experts du comité ont compris que les recherches mondiales sur la prévention du suicide avaient démontré que tout décès particulier par le suicide est difficile à prédire et à prévenir, étant donné que les indicateurs de risque connus pour le suicide sont également présents chez bon nombre de personnes qui ne tentent jamais de se suicider. Malgré cela, il y a un certain nombre d’indicateurs de risque fondés sur des données probantes sur le suicide, qui, lorsqu’ils sont rassemblés, fournissent une liste de facteurs qui ont été décelés dans la plupart des cas de suicide réussi. Ces situations à risque peuvent donc être utilisées comme cibles potentielles à des fins d’intervention lorsqu’il s’agit d’un individu vulnérable, et, pour l’objectif du comité, ces situations à risque pourraient être utilisées comme méthode pour organiser et comprendre l’information recueillie à propos des neuf agents de police décédés. Ces indicateurs de risque et cibles potentielles à des fins d’intervention pour prévenir un suicide sont décrits dans la partie 1 de notre rapport.

Ces modèles de risques étaient clairement évidents dans la vie de chacun des neuf agents. Dans la partie 2, nous indiquons plusieurs caractéristiques uniques aux services de police qui pourraient faire courir un plus grand risque aux policiers, y compris la présence de problèmes de santé mentale, qu’ils soient légers, modérés ou graves. Étant donné la présence d’un trouble mental pouvant faire l’objet d’un diagnostic (souvent la dépression) chez plus de 90 % de ceux qui sont décédés par le suicide, le comité a interprété son mandat pour l’élargir au-delà de la prévention des décès par suicide et mettre l’accent sur l’amélioration de la santé mentale chez tous les policiers.

Dans la partie 3 de notre rapport, nous présentons sept parcours pour améliorer les résultats et en discutons. Le premier, et probablement le plus important, consiste à normaliser les problèmes de santé mentale. Nous demandons des mesures concrètes pour adopter une culture plus ouverte qui appuiera la visibilité précoce et continue des problèmes de santé mentale, offrira un accès amélioré et continu aux soins, aux traitements et au rétablissement, et mettra fin à la dissociation sociale qui isole et peut souvent transformer ces problèmes à l’extrême. De façon transversale, les six autres thèmes sont fondés sur d’autres aspects de cette culture afin de renforcer le soutien organisationnel et clinique, protéger le fort sentiment d’appartenance prisé énormément par les policiers, informer et impliquer de façon plus active les familles des policiers et les soutiens externes, et mieux unifier et harmoniser les efforts d’amélioration considérables qui sont déjà déployés dans l’ensemble des systèmes policiers et de santé mentale. Parallèlement à cette discussion, nous offrons également dans des encadrés un certain nombre d’observations particulières sur les forces et les faiblesses de l’écosystème des services de police et de la santé mentale actuel. Dans la partie 4, ces thèmes sont consolidés en un héritage plus large.

Notre comité souligne un total de 36 mesures et précisions, assemblées en 14 principales recommandations dans la partie 5 de ce rapport, dont la plupart incluent des rôles et responsabilités proposés, et dont l’ensemble reflète un thème continu de collaboration. La première de ces mesures est un appel pour créer l’Organisme de concertation des membres de la Police de l’Ontario en santé mentale (OCMPOSM) qui sera un organe permanent chargé d’amorcer, d’orienter et de surveiller un plan d’action urgent et détaillé en Ontario et d’en rendre compte.

Les membres du comité sont nommés en annexe, et nous sommes reconnaissants au Dr  Dirk Huyer pour le leadership dont il a fait preuve dans la création de ce comité d’experts et pour nous avoir invités à participer à ce travail important. Nous aimerions également remercier les membres du personnel du Bureau du coroner en chef pour leur encadrement précieux tout au long du processus.

D’un point de vue statistique, il est beaucoup plus élevé que les taux signalés dans le grand public. Fait intéressant, il pourrait être le reflet de l’augmentation des problèmes de santé mentale dans l’ensemble du secteur des services de police.

Pour le comité, les services de police, les représentants des associations de policiers, les professionnels de la santé et, surtout, les familles éprouvées, il s’agit d’un nombre alarmant et inacceptable.


Notes en bas de page

  • note de bas de page[*] Retour au paragraphe Une remarque au sujet du nombre : Présentement, rien n’oblige les coroners ou autres en Ontario à inscrire ou à surveiller les décès par suicide parmi les premiers répondants, y compris la police. Nous ne savons donc pas si ce nombre de suicides au cours d’une seule année était plus élevé que celui des années précédentes.