Définition

La prévention de la criminalité a pour objet de prévenir un crime avant qu’il ne soit commis. Des recherches poussées ont été réalisées en matière de prévention de la criminalité. La définition qui sous-tend la prévention de la criminalité en Ontario se lit comme suit :

« L’anticipation, la reconnaissance et l’évaluation des risques de criminalité et des mesures prises, y compris le leadership communautaire intégré nécessaire, afin de faire disparaître ou de réduire ces risques. »
[Traduction libre]

Cette définition a pour objet de favoriser une démarche inclusive et vraiment préventive en vue d’anticiper, de reconnaître, de prévenir et d’amoindrir la criminalité en s’attaquant aux facteurs de risque associés à la criminalité et à la victimisation. Cette définition incite les collectivités à mettre l’accent sur les facteurs qui font naître la criminalité et les comportements antisociaux au moyen d’un train de mesures proactives qui visent tous les membres de la société, y compris les enfants, les jeunes et les personnes âgées, les contrevenants et les victimes.

Un « leadership communautaire intégré » est un aspect essentiel de la prévention de la criminalité. Les stratégies efficaces de prévention de la criminalité nécessitent une approche multisectorielle (établissements d’enseignement, organismes communautaires, gouvernement, organismes de santé mentale et services de police, entre autres) en vue de doter la collectivité d’une solide capacité, cohérente et locale, afin de prévenir la criminalité.

Facteurs de risque associés à la criminalité

Les facteurs de risque sont des caractéristiques ou des conditions négatives chez certaines personnes ou au sein de certaines familles, de collectivités ou de la société qui peuvent accroître la criminalité ou la crainte de la criminalité dans une collectivité. Ces facteurs peuvent également contribuer à faire augmenter la possibilité que des personnes exercent des activités criminelles ou deviennent des victimes. Il est important de noter que ces facteurs sont multidimensionnels et se chevauchent.

Le tableau ci-dessous en donne des exemples.

Facteurs de risque
Personne Famille/pairs Collectivité Société
  • Problèmes de comportement
  • Résultats scolaires médiocres
  • Problèmes de santé mentale
  • Antécédents criminels
  • Racisme et marginalisation
  • Victimisation/ mauvais traitement
  • Mauvais traitement
  • Faibles ressources économiques
  • Négligence
  • Pratiques parentales négatives
  • Mauvaises influences des pairs
  • Criminalité d’un parent ou d’un frère ou d’une sœur
  • Criminalité dans le secteur
  • Rareté des services sociaux
  • Forte concentration de pauvreté
  • Logements médiocres
  • Normes culturelles approuvant la violence
  • Désorganisation sociale
  • Image négative dans les médias

Aucun facteur de risque, pris isolément, n’entraîne à lui seul la criminalité. Les recherches démontrent plutôt que :

« …l’interaction entre facteurs de risque et leur accumulation accroissent la possibilité … » de faire naître un comportement délinquant ou criminel … « non seulement en raison de l’effet cumulatif des facteurs de risque, mais aussi de leur interaction. »
- Sécurité publique Canada

Une étude de recherche de Sécurité publique Canada sur les facteurs de risque liés aux délinquants autochtones a démontré que même si les facteurs de risque précités s’appliquent aux Autochtones, il y aurait lieu de tenir compte de facteurs de risque environnementaux additionnels. L’accès aux services, l’isolement et l’incidence des politiques d’assimilation sont tous des facteurs de risque mis de l’avant qui sont propres aux communautés autochtonesfootnote 1. Les différences culturelles pourraient jouer un rôle important dans l’élaboration de stratégies de traitement et dans des interventions appropriéesfootnote 2.

Facteurs de protection

Les facteurs de protection sont des éléments positifs qui peuvent amoindrir ou diminuer les effets des facteurs de risque, et contribuer à ce que les gens, les familles et les collectivités se portent mieux et, par conséquent, à rendre plus sécuritaires les collectivités. Vous trouverez ci-dessous une liste de facteurs de protection généraux, ainsi que de variables individuelles, familiales et sociales, qui peuvent réduire la survenance de la criminalité et de la victimisation. Pour une liste plus complète de facteurs de risque ou de facteurs de protection, reportez-vous à l’Annexe 1.

Facteurs de protection
Personne Famille/pairs Collectivité Société
  • Stratégies d’adaptation personnelles
  • Fort attachement à un adulte
  • Expérience scolaire positive
  • Estime de soi
  • Auto-efficacité
  • Sens des responsabilités
  • Surveillance parentale adéquate
  • Parent(s) participant à la vie de l’enfant
  • Bonne influence des pairs
  • Domicile à proximité de services
  • Collectivités cohésives
  • Installations récréatives pour les jeunes
  • Faible tolérance à la violence
  • Haute sensibilisation aux déterminants du bien-être

En mettant l’accent sur la création et l’accroissement des facteurs de protection mentionnés dans la présente section tout en réduisant les facteurs de risque cités, les Ontariens et les Ontariennes peuvent contribuer à la création de collectivités plus saines, plus fortes et plus sécuritaires, et offrir soutien et possibilités aux personnes qui en ont besoin et, par conséquent, diminuer considérablement la criminalité.

Approches en matière de prévention de la criminalité

Il est possible de prévenir la criminalité de diverses façons et à divers moments. Chaque phase du continuum décrit ci-dessous est extrêmement utile et a une fonction importante. Dans une perspective de prévention, les deux phases clés sont :

  1. la prévention avant le crime;
  2. la surveillance après l’incarcération et par la collectivité.
Table 2
Approches en matière de prévention de la criminalité Prévention avant le crime< Arrestation et période suivant l’arrestationfootnote 3 Condamnation Incarcération Surveillance après l’incarcération et par la collectivité
Possibilité de prévention Viser les facteurs de risque associés à la criminalité. Reconnaître et réprimer le crime Reconnaître les possibilités de recourir à d’autres mesures, à des programmes de déjudiciarisation et à des programmes obligatoires Réhabiliter et traiter les contrevenants Réduire l’incidence de récidive et influer sur les décisions du contrevenant
Mesures Prévenir
Intervenir
Traiter
Mettre en application
Enquêter
Appréhender
Mettre en œuvre la sentence appropriée Priver de la liberté
Contrôler
Réhabiliter
Réintégrer
Prévenir
Intervenir
Traiter
Objectif Facteurs de risque associés à la criminalité Acte criminel Acte criminel et facteurs de risque associés à la criminalité Acte criminel et facteurs de risque associés à la criminalité Facteurs de risque associés à la criminalité
Récidive
Personnes visées Victimes et contrevenants potentiels Accusé/Contrevenant Contrevenant Contrevenant et victime Contrevenant et victime

La prévention de la criminalité n’est pas un principe fixe, ses paramètres évoluent au fil du temps. Les méthodes actuelles mettent surtout l’accent sur les facteurs de risque qui incitent à la criminalité en recourant à des approches fondées sur le développement social. L’on met davantage l’accent sur une intervention précoce et l’on fait une large place à la combinaison de deux approches principales : la prévention situationnelle de la criminalité et la prévention de la criminalité par le développement social.

La prévention situationnelle de la criminalité vise à réduire les occasions de commettre des crimes à un moment ou dans un endroit en particulier. Dans le cadre de cette approche, les circonstances sont modifiées de sorte qu’il soit moins tentant pour un contrevenant potentiel de commettre un crime.

Exemples de prévention situationnelle de la criminalité :

  • Systèmes de contrôle et de surveillance
  • Prévention de la criminalité par l’agencement des lieux
  • Systèmes d’alarme pour la voiture et la maison

Dans le cadre de la prévention de la criminalité par le développement social, l’on reconnaît que la coexistence de plusieurs facteurs sociaux, économiques, sanitaires et environnementaux complexes conduit à la criminalité. Cette approche nécessite la mise en œuvre de mesures intégrées durables et fait intervenir plusieurs organismes qui s’intéressent aux facteurs de risque et qui dissuadent les gens de commettre des crimes, d’une part, et la mise en place de facteurs de protection pouvant amoindrir ces risques, d’autre part.

Il existe en Ontario un cadre bien établi de services policiers communautaires. Celui-ci fonctionne parallèlement aux méthodes de prévention situationnelle de la criminalité et de prévention de la criminalité par le développement social. L’Association des chefs de police de l’Ontario définit les « services policiers communautaires » comme un processus selon lequel la police et les autres membres de la collectivité font équipe afin d’améliorer le bien-être et la sécurité de la collectivité en recourant à une démarche de détection, d’analyse, d’intervention et d’évaluation conjointes en ce qui concerne les problèmes. Le Collège de police de l’Ontario traite actuellement de la question des services de police communautaires dans le cadre de la formation des nouvelles recrues et des policiers en fonction.

Exemples de prévention de la criminalité par le développement social :

  • Apprentissage de compétences parentales
  • Amélioration des taux d’alphabétisation
  • Conseils en gestion de l’agressivité et séances de thérapie
  • Accroissement des possibilités d’emploi
  • Engagement de la collectivité et participation à l’élaboration d’initiatives proactives

Notes en bas de page

  • note de bas de page[1] Retour au paragraphe Public Safety Canada. Risk Factors for Aboriginal Offenders. Research Summary Vol 11. No 5. September 2006.
  • note de bas de page[2] Retour au paragraphe Ibid.
  • note de bas de page[3] Retour au paragraphe Renvoie à la période entre l’arrestation et la condamnation (le cas échéant). Par exemple, faire l’objet d’une détention provisoire tombe dans la catégorie de la période qui suit l’arrestation.