5.1 Stratégie d'intervention — Mesures de protection

5.1.1 Lors d'une intervention en cas d'urgence nucléaire, le CPOU doit appliquer une stratégie comprenant des mesures de protection pour protéger le public et les travailleurs d'urgence contre les émissions radioactives. Voici ces mesures :

  1. Mesures de précaution
  2. Mesures de contrôle de l'exposition
  3. Mesures de contrôle de l'ingestion
  4. Autres mesures de protection du public

5.1.2 L'approche pour décider des mesures de protection à prendre en cas d'urgence à la centrale Fermi 2 repose sur les facteurs suivants :

  1. Les mesures de contrôle de l'exposition du Michigan appliquées pendant toute l'intervention.
  2. Les mesures de contrôle de l'ingestion du Michigan appliquées à la phase précoce, avant que les données et analyses de l'Ontario issues de la surveillance environnementale sur le terrain soient disponibles.
  3. L'analyse, par la Section des services scientifiques du CPOU, des données de l'Ontario issues de la surveillance environnementale sur le terrain.
  4. La situation opérationnelle en Ontario exigeant la prise de mesures de protection.
  5. La nécessité de prendre des mesures de précaution.

5.2 Mesures de précaution

5.2.1 Le commandant du CPOU doit ordonner, au besoin, la prise d'une partie ou de la totalité des mesures de précaution qui suivent dans la ZPD et ses alentours (ex. : la ZPU). Il doit aussi tenir compte du moment le plus opportun pour prendre ces mesures (en cas de rejet retardé, il pourrait convenir de reporter certaines d'entre elles) et diffuser les bulletins et directives nécessaires à leur mise en œuvre. Voici ces mesures :

  1. Fermeture des plages, aires de loisirs, etc.;
  2. Fermeture des lieux de travail et des écoles;
  3. Suspension de l'admission dans les hôpitaux des patients dont l'état n'est pas critique (selon les directives du ministère de la Santé);
  4. Contrôle de l'accès (voir la section 6.6);
  5. Élimination des réserves de lait dans les fermes laitières;
  6. Interdiction de consommer les aliments ou l'eau qui pourraient avoir été exposés à l'air libre;
  7. Interdiction de consommer et d'exporter du lait, de la viande et des fruits et légumes produits localement, et d'exporter des animaux laitiers et de boucherie locaux;
  8. Retrait des animaux laitiers et de boucherie des pâturages et blocage de leur accès aux sources d'eau à l'air libre;
  9. Évacuation de l'île aux Bois Blancs (île Boblo), pour des raisons pratiques et logistiques.

5.3 Mesures de contrôle de l'exposition

5.3.1 Évacuation

  1. Le commandant du CPOU devrait s'éclairer des estimations à sa disposition quant au temps d'évacuation (voir la sous-section 2.6.2) pour prendre les décisions concernant la mise en œuvre des stratégies d'évacuation.
  2. Il peut y avoir des évacuations « parallèles » spontanées dans les zones voisines de la ZPD; celles-ci doivent être prises en compte dans les estimations du temps d'évacuation.
  3. Contamination :
    1. Si une évacuation est nécessaire et a lieu avant un rejet, les personnes évacuées ne seront sans doute pas contaminées et n'auront pas à être surveillées ni décontaminées.
    2. Dans le cas d'un rejet en cours ou imminent, les personnes évacuées exposées à la matière radioactive peuvent être contaminées à divers degrés.
    3. La contamination, le cas échéant, se retrouvera sous forme de particules à l'état libre sur les gens, leurs objets personnels et leurs véhicules.
    4. Une contamination interne est possible chez les personnes exposées à une émission radioactive.
    5. L'autodécontamination est l'un des moyens de décontamination possible.
    6. Il faut mettre en place des unités de surveillance et de décontamination pour les personnes évacuées qui ont été exposées au panache et pour celles qui souhaitent être surveillées par précaution.
  4. Transport
    1. Lors d'une urgence nucléaire, la circulation sur les grandes artères et voies publiques augmente considérablement de densité et de volume, et rend donc le temps de déplacement dans toutes les directions beaucoup plus long que la normale.
    2. Pour faciliter autant que possible les évacuations, c'est le CCGT qui assure la gestion intégrée et multimodale du transport (voir les sections 6.6 et 6.7).
  5. Réunification des familles avant l'évacuation
    1. Les membres d'une famille voudront se retrouver pour évacuer ensemble, si possible.
    2. La faisabilité de la réunification des familles dépend de l'heure à laquelle commence la situation d'urgence et du degré d'urgence de l'évacuation (moment du rejet).
    3. Les facteurs qui influent sur la réunification des familles comprennent le lieu de travail, la présence de membres de la famille à l'école, à l'hôpital, en foyer de soins de longue durée ou dans un d'autres établissements, etc.
    4. S'il n'est pas sécuritaire pour une famille de se réunir avant d'évacuer, c'est le centre de réception de la municipalité hôte qui devrait gérer la réunification.
  6. Soins de masse
    1. La plupart des personnes évacuées prendront leurs propres dispositions pour leurs soins et leur hébergement. La ville d'Essex et la cité de Windsor, en tant que municipalités hôtes, sont responsables des soins de masse des personnes évacuées qui n'ont pas les ressources nécessaires à cette fin.
  7. Protection et soin des animaux
    1. Selon le paragraphe 7.0.2 (4) de la LPCGSU, les ordres d'évacuation provinciaux peuvent viser les animaux lorsqu'une situation d'urgence provinciale est déclarée. Ainsi, les plans d'intervention d'urgence des municipalités devraient contenir des dispositions sur la protection et le soin de tous les animaux, y compris ceux abandonnés pendant une évacuation.
    2. Les municipalités désignées devraient, au besoin, demander l'aide des ministères provinciaux suivants pour préparer leurs plans de protection et de soin des animaux :
      • Ministère du Solliciteur général (Services relatifs au bien-être des animaux)
      • Ministère de l'Agriculture, de l'Alimentation et des Affaires rurales, qui s'occupe des maladies des animaux d'élevage (Décret 1157/2009)
      • Ministère du Développement du Nord, des Mines, des Richesses naturelles et des Forêts, pour les questions relatives aux animaux sauvages
    3. Le CPOU devrait fournir à ces ministères l'aide nécessaire pour assurer la protection et le soin des animaux.
  8. h) Directives d'évacuation
    1. Les directives d'évacuation devraient préciser les limites du secteur au moyen de routes ou de points de repère facilement reconnaissables.
    2. Les personnes évacuées susceptibles d'avoir été exposées aux émissions doivent être envoyées à une unité de surveillance et de décontamination (USD), dont le lieu doit être communiqué au moment de l'urgence.
    3. Les personnes évacuées qui ne sont pas à risque d'être contaminées doivent être priées de quitter la ZPD, et non de se présenter à une USD.
    4. De l'information précise destinée aux personnes évacuées doit être incluse dans les bulletins d'urgence diffusés par le CPOU.
    5. Les responsabilités relatives à l'évacuation rapide des personnes par les réseaux de transport sont indiquées dans le plan de gestion globale des transports.
    6. Le Centre de coordination globale des transports doit surveiller le réseau de transport emprunté par les personnes évacuées et informer le commandant du CPOU de tout facteur nuisant à l'évacuation.
  9. Arrangements en vue d'une évacuation
    1. Les plans de la ville d'Amherstburg doivent prévoir des arrangements pour le transport lors d'une évacuation de masse.
    2. L'évacuation des personnes touchées devrait être planifiée et préparée d'avance, notamment en ce qui concerne :
      • La gestion du transport (ex. : le ministère des Transports);
      • Les centres de réception et d'évacuation (ex. : les municipalités hôtes désignées);
      • L'hébergement à long terme (ex. : un groupe de planification interministériel et interterritorial);
      • Les problèmes de santé et les transferts de patients (sous la direction des bureaux de santé publique locaux et des médecins hygiénistes, en collaboration avec le MSAN, les bureaux régionaux de Santé Ontario et les services paramédicaux, au besoin).
    3. L'aide médicale requise lors d'une évacuation relève de la responsabilité des services médicaux d'urgence et des hôpitaux, de concert avec les partenaires en santé et les autres organismes participant à l'évacuation.
    4. Les municipalités désignées et les municipalités hôtes désignées doivent traiter dans leurs plans d'urgence de l'accueil et de la prise en charge des personnes évacuées.
    5. Les plans d'urgence des écoles se trouvant dans la ZPD devraient prévoir le déplacement du personnel et des élèves vers des écoles hôtes, désignées à l'avance, et au besoin vers une unité de surveillance et de décontamination. Les élèves évacués sont sous la responsabilité du personnel de l'école jusqu'à ce que leurs parents ou tuteurs viennent les chercher à l'école hôte.
    6. Les plans d'urgence des hôpitaux, des foyers de soins de longue durée et des autres établissements se trouvant dans la ZPD devraient prévoir le transfert des membres du personnel, des résidents et des patients hors de la ZPD vers un établissement approprié avec lequel des ententes doivent être conclues au préalable, selon le Plan d'intervention sanitaire en cas d'incident radiologique ou nucléaire. Ils devraient également prévoir le transport des membres du personnel, des résidents et des patients aux unités de surveillance et de décontamination, au besoin.
    7. Comme l'évacuation de certains membres du personnel, résidents et patients peut s'avérer impossible ou non souhaitable, il faut prévoir la prise en charge de ces personnes qui ne pourront être évacuées, comme l'exigent les plans organisationnels.

5.3.2 Réinstallation temporaire

  1. Réinstallation temporaire
    1. La réinstallation temporaire correspond au déplacement de personnes qui quittent leur domicile pendant une période allant d'une semaine à un an pour éviter une exposition chronique au rayonnement, habituellement attribuable à la contamination du sol. Après une année, la réinstallation permanente devrait être envisagée.
    2. La réinstallation temporaire peut se faire après le rejet, pendant la phase d'intervention intermédiaire, en fonction des niveaux de contamination réels mesurés.
    3. Elle peut être ordonnée comme mesure subséquente à l'évacuation ou à la mise à l'abri sur place, ou comme mesure distincte.
    4. Sa nécessité est établie d'après l'analyse des résultats de la surveillance du rayonnement dans l'environnement et leur évaluation au regard des niveaux d'intervention opérationnels (NIO; annexe E, appendice 2 du plan directeur du PPIUN).
  2. Les dispositions d'évacuation mentionnées à l'alinéa 5.3.1 i) doivent être prises en compte et appliquées, s'il y a lieu, en vue de la réinstallation temporaire.
  3. Le CPOU devrait tenir compte des facteurs socioéconomiques avant de recommander la réinstallation temporaire étant donné que celle-ci peut avoir des répercussions non justifiées dans les zones où le NIO pour la réinstallation est à peine dépassé.

5.3.3 Blocage de la fonction thyroïdienne

  1. La ville d'Amherstburg doit préciser dans son plan les moyens par lesquels elle et le bureau de santé publique du comté de Windsor-Essex assureront :
    1. La distribution préalable de comprimés de KI avec instructions dans les résidences, commerces, établissements et centres d'urgence (ex. : centres des travailleurs d'urgence, centres de réception et centres d'évacuation) qui se trouvent dans la ZPD.
  2. Les bureaux de santé publique du comté de Windsor-Essex et de Chatham-Kent doivent préciser dans leurs plans les moyens par lesquels ils assureront, sur leur territoire respectif :
    1. la mise à disposition de comprimés de KI pour les résidents de la ZPU et de la ZPI, notamment les populations vulnérables qui souhaiteraient s'en faire une réserve pour les cas d'urgence.
  3. Le MSAN doit acheter, à l'avance, des quantités suffisantes de cachets de KI qu'utiliseront les autorités locales pour les résidents de la ZPD, de la ZPU et de la ZPI en cas d'urgence nucléaire (annexe I, appendice 7 du plan directeur du PPIUN).
  4. Le MSAN doit épauler les autorités locales responsables des résidents de la ZPD, de la ZPU et de la ZPI pour assurer l'exécution des exigences relatives au blocage de la fonction thyroïdienne énoncées dans les plans municipaux et le PPIUN (annexe I, appendice 7 du plan directeur du PPIUN).
  5. La ville d'Amherstburg et les bureaux de santé locaux désignés devraient examiner périodiquement les populations locales pour déterminer si leurs programmes de distribution d'agent de blocage de la fonction thyroïdienne sont adéquats.
  6. Les autres responsabilités opérationnelles concernant le blocage de la fonction thyroïdienne (stockage, distribution et administration des cachets) sont énoncées dans le Plan d'intervention sanitaire en cas d'incident radiologique ou nucléaire du MSAN.
  7. C'est le médecin hygiéniste en chef qui décide quand administrer les cachets de KI, en consultation avec le commandant du CPOU et les médecins hygiénistes concernés.

5.3.4 Mise à l'abri sur place

La nécessité d'inclure une éventuelle mise à l'abri sur place dans les mesures de protection devrait être communiquée dans un bulletin d'urgence dès qu'elle est relevée. Le moment d'émettre une directive opérationnelle de mise à l'abri sur place (ou, en cas de situation d'urgence déclarée, de communiquer la prise de décrets d'urgence) est, en fin de compte, décidé par le commandant du CPOU (généralement toutefois, le bulletin d'urgence en question devrait être diffusé au moins quatre heures avant le moment prévu du rejet) après le passage à une intervention de niveau d'activation complète.

5.4 Mesures de contrôle de l'ingestion

5.4.1 Avant qu'un rejet survienne, le commandant du CPOU devrait imposer, par précaution, des mesures de contrôle de l'ingestion dans la zone qui convient d'après les mesures correspondantes de l'État du Michigan.

5.4.2 Une fois le rejet commencé, les mesures de contrôle de l'ingestion prises par précaution devraient être revues par la Section des services scientifiques du CPOU et modifiées, au besoin, par le commandant du CPOU une fois obtenus les résultats de la surveillance de l'environnement.

5.4.3 Si les résultats de la surveillance de l'environnement en révèlent la nécessité, des mesures de contrôle de l'ingestion devraient être envisagées dans les zones où la contamination est certaine ou probable.

5.4.4 Selon les données recueillies lors de la surveillance sur le terrain, de nouvelles mesures de contrôle de l'ingestion devraient être envisagées là où c'est nécessaire et celles en place peuvent être levées là où elles ne sont plus utiles.

5.5 Autres mesures de protection du public

5.5.1 Le commandant du CPOU peut recommander d'autres mesures pratiques pour réduire la dose de rayonnement à laquelle le public est exposé. Ces mesures peuvent être combinées à celles décrites ci-dessus ou être simplement recommandées comme couche de protection supplémentaire contre la présence possible de radionucléides dans l'air ou sur le sol, sans égard aux critères génériques ou aux NIO. Ces mesures comprennent ce qui suit :

  1. La protection respiratoire, comme se couvrir le nez et la bouche avec un matériau capable de filtrer les particules présentes dans l'air.
  2. L'autodécontamination, notamment retirer les vêtements contaminés et les mettre dans un sac, prendre une douche, décontaminer les surfaces et les objets à risque.
  3. Demeurer à l'intérieur dans la mesure du possible, en se limitant par exemple aux sorties essentielles (ex. : rendez-vous médicaux, courses à l'épicerie et achat de biens de première nécessité).

5.5.2 Ces mesures doivent être expliquées dans les documents de sensibilisation et d'éducation du public produits par le Bureau du commissaire des incendies et de la gestion des situations d'urgence (BCIGSU), en coordination avec la ville d'Amherstburg et d'autres intervenants (voir l'annexe C du plan directeur du PPIUN).

5.5.3 Des directives détaillées destinées au public sur ces mesures doivent être communiquées par le commandant du CPOU dans les bulletins d'urgence.