Les personnes soignantes prodiguent gracieusement des soins aux membres de leur famille, à leurs amis et à leurs voisins de tout âge ayant besoin de soins de santé physique ou mentale. L’importance des personnes soignantes, la nécessité de les soutenir et les problèmes auxquels elles font face sont mentionnés dans de nombreux rapports. Même si l’Ontario présente l’avantage d’abriter un grand nombre d’organismes offrant des services de soutien aux personnes soignantes, ces dernières ont tout de même du mal à trouver les renseignements et les services de soutien, ainsi qu’à y accéder.

Au début de 2017, le ministre de la Santé et des Soins de longue durée, le Dr Eric Hoskins, m’a demandé de façonner les étapes suivantes relatives à la coordination et au renforcement des services de soutien aux personnes soignantes. Je devais, entre autres, indiquer s’il serait judicieux de créer un nouvel organisme provincial à l’intention des personnes soignantes de l’Ontario et, si tel est le cas, de recommander une structure organisationnelle qui compléterait et optimiserait la capacité et l’expertise des organismes déjà en place pour offrir un soutien aux personnes soignantes. L’élargissement des services de soutien aux personnes soignantes est une des 10 étapes que renferme la « Feuille de route pour renforcer les soins à domicile et en milieu communautaire » du ministère de la Santé et des Soins de longue durée.

Mes observations et mes recommandations s’inspirent de l’écoute de plus de 200 personnes soignantes et représentants d’organismes de soins à domicile et en milieu communautaire et d’organismes de soutien aux personnes soignantes d’autres autorités, ainsi que de la lecture de documents pertinents. Mes conseils, inspirés de la perspective des personnes soignantes, sont exprimés dans les trois recommandations fondées sur ma ferme croyance que l’Ontario doit investir dans le soutien à   ses personnes soignantes et qu’il serait bienvenu et très avantageux d’adopter une approche de notre cru pour ce faire.

Les consultations ont montré qu’il est largement admis que l’efficacité des services de soutien aux personnes soignantes passe par des initiatives au niveau des personnes, des organismes et du système. Ma première recommandation consiste à mettre sur pied des initiatives de soutien aux personnes soignantes à chacun des trois niveaux suivants :

  • Des services de soutien au niveau de la personne doivent comporter un point d’accès où les personnes soignantes obtiendront des renseignements et seront mises en contact avec les services et les soutiens disponibles.
  • Des services de soutien au niveau de l’organisme doivent repérer les lacunes observées au sein des réseaux locaux d’intégration des services de santé (RLISS) et entre les RLISS en matière de soutien aux personnes soignantes – et au sein des organismes qui offrent des services de soutien aux personnes soignantes – et donner des conseils sur les possibilités de combler les lacunes, de normaliser les services, de faire un meilleur usage des ressources collectives, de prolonger les programmes qui obtiennent d’excellents résultats et d’assurer un accès plus équitable aux services de soutien.
  • Des services de soutien au niveau du système doivent comporter des programmes d’éducation et de sensibilisation sur la valeur de la prestation de soins, son importance et les difficultés qu’elle pose; une meilleure connaissance, par les fournisseurs de services de santé et d’autres services (comme les services médicaux d’urgence et les services policiers), du rôle des personnes soignantes et de la valeur de leur engagement; des possibilités d’améliorer et d’aligner les politiques et les lois relatives aux services de soutien aux personnes soignantes aux échelons municipal, provincial et fédéral; des possibilités de recherche sur les personnes soignantes et les pratiques exemplaires.

Au cours des consultations, il était convenu qu’à l’heure actuelle, l’Ontario ne dispose pas d’organisme ou d’entité qui se concentre exclusivement sur les personnes soignantes et leurs besoins multiples et variés; qui tient compte de la vaste culture de prestation de soins, comparativement à la prestation de soins dans un ou des domaine(s) spécialisé(s); qui procure et coordonne toute la gamme de services de soutien au niveau des personnes, des organismes et du système. Les personnes soignantes appuient largement la création d’un organisme consacré à la satisfaction de leurs vastes besoins. Ma deuxième recommandation, qui fait suite à l’examen attentif de diverses options, consiste à créer un organisme autonome de services de soutien aux personnes soignantes, qui procure et coordonne toute la gamme de services de soutien aux personnes soignantes. Voici les principales caractéristiques de cet organisme  :

  • un conseil d’administration composé de bénévoles;
  • un secrétariat doté en personnel à un bureau central et dans des bureaux régionaux – renforcé par des réseaux de bénévoles locaux – en harmonie avec les RLISS, logés à la même enseigne et indépendant de ceux-ci;
  • du personnel relevant d’un directeur général pour l’organisme, qui a l’obligation de rendre compte au ministre de la Santé et des Soins de longue durée ou à la personne désignée par celui-ci;
  • un statut d’organisme caritatif sans but lucratif ayant un financement gouvernemental échelonné sur plusieurs années;
  • une obligation de rendre compte du rendement;
  • une évaluation et une amélioration continues, au fil de l’évolution du système de santé.

Ces initiatives doivent être sensibles au fait que chaque personne soignante apporte ses propres expériences, influencées par la culture, la langue, l’âge et d’autres facteurs, qui évoluent au fil du temps. Les consultations ont mis en évidence la nécessité de reconnaître les personnes soignantes francophones et de leur offrir des services de soutien en français. Elles ont en outre accentué l’importance de concevoir des services de soutien et de les développer avec et pour les peuples autochtones, et de travailler conjointement avec la communauté LGBTQ pour mieux comprendre ces personnes soignantes et créer des services  de soutien qui leur conviennent.

De plus, il serait important de respecter le rôle essentiel que jouent les organismes existants, qui ont de solides antécédents en matière de soutien aux bénéficiaires de soins et aux personnes soignantes. Leur perspective est depuis toujours inestimable. Nous devons puiser dans cette expérience et cette expertise et leur laisser une marge de manœuvre pour qu’ils continuent de fournir des services de soutien aux personnes soignantes.

Ma troisième recommandation consiste à nommer un responsable de la mise en œuvre dans de brefs délais, pour qu’il entame ces importants travaux. Cette volonté concrète de mise en œuvre est primordiale.

Ces recommandations appuient l’engagement pris par l’Ontario de donner la « Priorité aux patients », qui place les gens et les patients au centre de l’expérience de soins. L’apport et la valeur de la prestation de soins ne cessent de gagner en importance.

Les personnes soignantes complètent nos services financés par les deniers publics, constituent une partie intrinsèque de  notre système de santé et contribuent grandement à la santé et au bien-être des Ontariens. Je crois très sincèrement que ces recommandations seront bénéfiques aux personnes soignantes, amélioreront leur expérience de prestation de soins et leur permettront de continuer à se charger de cet important travail.