Chapitre 4 : pressions exercées sur la capacité immédiate et à long terme

Les pressions exercées sur la capacité contribuent également au problème des soins de santé de couloir en Ontario. Plusieurs causes sont sous-jacentes au problème de capacité :

  1. il se peut que l’Ontario ne dispose pas du nombre approprié de lits d’hôpitaux ou de places en soins de longue durée pour répondre aux besoins de la population en matière de santé,
  2. la capacité est insuffisante dans les systèmes de soins communautaires, p. ex., soins à domicile, soins de santé mentale et de lutte contre les dépendances, pour éviter que les gens ne doivent aller à l’hôpital et leur permettre d’en sortir et de retourner chez eux rapidement, et
  3. la province n’utilise pas les lits de l’ensemble du système aussi efficacement que possible. En pratique, cela signifie qu’il y a des personnes dans la province qui passent du temps dans les lits d’hôpitaux, parce qu’elles ne peuvent pas accéder à d’autres options de soins de santé.

En Ontario, de nombreux patients attendent au mauvais endroit du système et ont besoin d’accéder à un autre niveau de soins (ANS). Ainsi, en octobre 2018, presque 16 % des jours d’hospitalisation correspondaient à des patients attendant des soins dans un autre milieu.footnote 23 This rate is high, and it is also increasing despite investments in more beds across the system. As of November 2018, there were approximately 4,665 patients designated as requiring an ALC.footnote 24 Ce pourcentage est élevé et il augmente malgré les investissements engagés pour un plus grand nombre de lits dans l’ensemble du système. En novembre 2018, environ 4 665 patients étaient considérés comme nécessitant un ANS.footnote 25

En plus d’être élevé, le pourcentage d’ANS est différent selon l’endroit où vous vous trouvez dans la province et peut changer selon la période de l’année. En octobre 2018, la fourchette de pourcentages d’ANS en Ontario variait entre 5 % et 34 %, certains problèmes étant plus prononcés dans le nord de la province et dans la région du grand Toronto.footnote 26

Il existe de nombreux exemples de personnes attendant des soins de santé au mauvais endroit du système qui pourraient bénéficier d’un autre type de soutien. Ainsi, plus de 9 % des personnes considérées comme nécessitant un ANS qui ont attendu plus de 30 jours sont des personnes qui ont des besoins spécialisés en santé mentalefootnote 27 qui pourraient être servies, avec des soutiens appropriés, dans des logements avec services de soutien plutôt que dans des lits d’hôpitaux.

Un autre domaine dans lequel nous pouvons constater l’incidence directe des pressions exercées sur la capacité réside dans la difficulté à trouver une place dans les foyers de soins de longue durée. La majeure partie des jours cumulés en ANS (à l’échelle de la province) est actuellement attribuée à des patients en attente de prise en charge en soins de longue durée (59 %).footnote 28 Cela signifie que ces personnes attendent trop longtemps dans les hôpitaux avant d’être déplacées vers un lit vacant dans un foyer de soins de longue durée. Ceci est en partie dû au fait que la capacité des foyers de soins de longue durée est actuellement occupée à 98 %, avec environ 78 910 résidents répartis dans 627 foyers de soins de longue durée dans toute la province, et également parce que les soutiens communautaires ne se développent pas assez vite.footnote 29 Par exemple, un rapport de 2017 de l’Institut canadien d’information sur la santé a conclu qu’au Canada, plus de 20 % des personnes âgées admises en soins en établissement pourraient rester chez elles avec des soutiens appropriés. En outre, les personnes âgées évaluées à l’hôpital risquent beaucoup plus d’être admises en soins en établissement que celles évaluées par le système communautaire.footnote 30 TLa non-concordance de la capacité, de la demande et de l’utilisation des services est l’un des principaux points de pression auxquels est confronté le système de santé, et qui contribue aux soins de santé de couloir.

En attente de soins au mauvais endroit : comprendre l’accès à un autre niveau de soins (ANS)

Une approche courante pour mesurer l’adéquation de l’utilisation des places pour les patients consiste à effectuer un suivi du nombre de patients qui nécessitent un « autre niveau de soins ». Lorsqu’un patient occupe un lit dans un hôpital et qu’il n’a pas besoin de l’intensité des ressources ou des services offerts, le patient est considéré comme ayant besoin d’un autre niveau de soins.

Les pourcentages et les volumes d’ANS ne sont qu’un moyen de mesurer l’efficacité avec laquelle le système de santé fait circuler les patients vers les différents milieux de soins. C’est une désignation qui fait référence aux patients qui restent à l’hôpital bien qu’ils n’aient plus besoin de soins hospitaliers.

Un système de soins de santé hautement performant aurait un pourcentage d’ANS faible, ce qui signifierait que les patients reçoivent les soins correspondant à leurs besoins à l’endroit approprié.

Vieillissement de la population et services de soins de santé

Selon les projections démographiques, la population âgée de l’Ontario (personnes de plus de 65 ans) devrait presque doubler, passant de 2,4 millions, soit quasi 17 % de la population en 2017 à 4,6 millions, soit 25 % d’ici 2041.footnote 31 Ainsi, cela signifie pour les services de soins de santé, que 76 % des personnes âgées (de plus de 75 ans) ayant besoin de soins reçoivent les soins à domicile. Pour maintenir ce pourcentage, le système devrait offrir des services de soins à domicile à plus de 97 194 patients.Ministère de la Santé et des Soins de longue durée, 2019. Données du MSSLD.footnote 32

Croissance de la population par groupe d’âge, 2017 à 2041

2017

12M (<65) 13.5 (65 to 74) 14.5M (75+)

2021

12.25M (<65) 14M (65 to 74) 15M (75+)

2026

12.50M (<65) 14.5M (65 to 74) 15.25M (75+)

2031

13M (<65) 14.75M (65 to 74) 16.25M (75+)

2036

13.75M (<65) 15.25M (65 to 74) 16.75M (75+)

2041

14.25M (<65) 15.50M (65 to 74) 17.50M (75+)

(Source : ministère de la Santé et des Soins de longue durée, 2019)

L’un des défis associés à une population vieillissante est l’augmentation du nombre de patients atteints de démence. Près de 228 000 Ontariens sont actuellement atteints de démence et ce nombre va augmenter à plus de 430 000 d’ici 2038.footnote 33 La démence est l’une des principales causes de dépendance et de handicap chez les personnes âgées et les responsabilités vis-à-vis d’une personne atteinte de démence peuvent avoir des répercussions importantes sur la famille et les amis.

Entre 2008 et 2038, la démence coûtera à la province près de 325 milliards de dollars.footnote 34 Ceci comprend les soins de santé et d’autres frais, notamment les salaires perdus ou les frais remboursables avancés par les personnes atteintes de démence ou leurs partenaires de soins.

Environ 64 % des résidents des foyers de soins de longue durée souffrent de démence.footnote 35 Certains foyers de soins de longue durée ne peuvent pas accueillir de résidents supplémentaires atteints de démence, car leur nombre est déjà très élevé, ce qui peut retarder les admissions et entraîner un fardeau supplémentaire pour les familles en recherche de soutien.

Et alors que nous nous concentrons sur le nombre croissant de personnes âgées requérant différents services de soins de santé, il est également important de noter que d’ici les vingt prochaines années, il y aura plus de 560 000 enfants (âgés de 0 à 18 ans) de plus en Ontario.footnote 36 Des interventions de soins de santé proactives et précoces aideront ces enfants à avoir une vie meilleure et permettront de réduire les frais de soins de santé tout au long de leur vie.

Déterminants sociaux de la santé

Les déterminants sociaux de la santé sont les facteurs économiques et sociaux qui ont un impact sur notre santé. Ils jouent un rôle essentiel à long terme sur les soins de santé, en particulier pour les personnes souffrant de problèmes chroniques. Avoir un emploi, manger de la nourriture saine et avoir un endroit sûr pour dormir sont la base d’une bonne santé.

Croissance de la population et services de soins de santé

En plus de la croissance prévue de la population vieillissante, la population ontarienne globale augmente également. Les projections démographiques suggèrent que la province connaîtra une augmentation de sa population d’environ 30 % d’ici 2041.footnote 37

Cette croissance de la population n’aura pas lieu de manière uniforme dans l’ensemble de la province, ce qui aura une incidence sur la façon dont le système de soins de santé prévoira de gérer cette croissance future et ce à quoi il allouera ses ressources limitées pour répondre à l’augmentation prévue de la demande de services.

Les projections suggèrent en particulier que la population de la région du grand Toronto (RGT) sera la région à la croissance la plus rapide de la province. D’ici 2041, la population de la RGT devrait s’accroître de 41 %, soit environ 2,8 millions de personnes, par rapport à 2017. Parallèlement, la croissance de la population sera plus lente dans certaines parties de la province, ce qui impactera le système de différentes manières.footnote 38

Si aucune mesure n’est prise, ces changements démographiques auront un impact considérable sur la disponibilité des soins de santé dans la province. Sans la création de capacité supplémentaire, ou si aucune autre efficacité n’est trouvée dans le système, le nombre de lits d’hôpitaux en Ontario déclinera d’environ 222 lits pour 100 000 personnes en 2018 à approximativement 173 lits pour 100 000 personnes en 2041.footnote 39

Les projections sont plus préoccupantes pour le nombre de lits en soins de longue durée, qui devrait baisser de 72 pour 1 000 personnes âgées de 75 ans ou plus à 29 lits pour 1 000 personnes âgées de 75 ans ou plus d’ici 2041. Cela correspond à un déclin total du nombre de lits en soins de longue durée d’environ 60 %, soit l’équivalent de la suppression de 48 000 lits d’ici 2041 si rien n’est entrepris.footnote 40

Le fait de rajouter simplement des lits au système ne résoudra pas le problème des soins de santé de couloir. Ainsi, les services communautaires de santé mentale et de lutte contre les dépendances, ainsi que les services communautaires de réadaptation sont deux secteurs dans lesquels un accès supplémentaire aux services pourrait permettre d’alléger en partie les pressions à l’origine des soins de santé de couloir.

En raison des pressions actuelles sur la capacité et des implications des changements démographiques futurs, le Conseil cherchera des solutions novatrices en vue de supprimer les obstacles inutiles qui empêchent les Ontariens d’obtenir un accès aux soins de santé qui soit juste, opportun et adapté à la culture.


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