Je travaille dans les systèmes de santé et de santé et sécurité au travail depuis 40 ans.

J’ai découvert mon intérêt pour la médecine du travail lorsque je faisais ma résidence en médecine. Au cours d’une ronde du vendredi, un médecin thoracique a présenté des radiographies pulmonaires de mineurs atteints de silicose — une maladie pulmonaire incurable, mais évitable, qui peut entraîner une invalidité grave. Ce cas a piqué ma curiosité et m’a poussée à retourner à l’université pour y mener des études en santé au travail et en hygiène du milieu.

Après une expérience de stage stimulante au ministère du Travail, la médecine du travail s’est fermement ancrée dans mon être.

J’ai commencé mon travail clinique à l’hôpital St Michael’s en 1983. Les fondateurs de cet hôpital croyaient que les soins aux travailleurs blessés et malades relevaient de leur mission. Bien qu’initialement axée sur les maladies pulmonaires professionnelles, ma pratique s’est déplacée vers la dermatite de contact professionnelle. J’ai commencé ma semaine de travail à la clinique et j’ai vu des travailleurs atteints de maladies de la peau qui pourraient être liées à leur travail.

Ces travailleurs m’ont tellement appris. Ils m’ont non seulement parlé de leur maladie, mais aussi de la façon dont elle les a touchés, eux et leurs familles. J’ai appris que même lorsqu’il s’agit d’une « éruption cutanée », elle peut avoir une incidence majeure sur de nombreuses vies. Ces récits ont été des éléments fondamentaux de mon enseignement, tant pour les stagiaires en médecine que pour les étudiants en santé au travail qui se sont formés pour être hygiénistes. Les enjeux et les problèmes des travailleurs ont semé les graines d’une grande partie de ma recherche : c’est-à-dire un processus axé sur leur maladie et son diagnostic, mais aussi sur leur parcours dans le système de santé et les répercussions de leur maladie sur leur vie. Ce processus a ensuite suscité des questions plus larges sur la façon dont les fournisseurs de soins de santé traitent les maladies professionnelles et le fonctionnement, ou non, de la prévention sur leur lieu de travail. Et ce processus a incité la création d’outils pour les aider dans leur cheminement.

J’ai vu les avantages et les difficultés des deux systèmes.

Au fil des ans, un quart d’entre nous, issu de différentes organisations, mais tous unis par notre passion pour les maladies professionnelles, a plaidé pour avoir voix au chapitre dans le système de santé et de sécurité au travail sur la question des maladies du travail. Finalement, il y avait un espace pour nous — nous avions fait des progrès.

Mon intérêt pour tout cela a commencé par l’examen des radiographies pulmonaires des travailleurs âgés atteints de silicose. Il est déchirant de penser que 40 ans plus tard, nous avons de jeunes travailleurs dans cette province qui meurent de silicose aiguë.

Nous avons encore bien du pain sur la planche.

Linn Holness