Introduction

Le champ d’application de ce chapitre est la formation sur le lieu de travail liée à la prévention des maladies professionnelles (MP). Une attention particulière est accordée à l’élaboration de programmes de formation, à l’éducation continue et au renforcement des connaissances, ainsi qu’aux méthodes et aux modes de prestation.

Contexte

Les exigences législatives et réglementaires de l’Ontario

Remarque : il ne s’agit pas d’une liste exhaustive de tous les lois et règlements relatifs à la formation sur le lieu de travail, mais d’un aperçu.

La Loi sur la santé et la sécurité au travail de l’Ontario et ses règlements et codes fournissent une orientation pour les exigences générales en matière de formation en matière de santé et de sécurité. Il s’agit notamment de la formation de sensibilisation, de la formation SIMDUT et de la formation obligatoire ou accréditée pour les membres de comités mixtes sur la santé et la sécurité au travail (CMSST). Les employeurs sont tenus de fournir des informations, des instructions et une supervision à un travailleur pour protéger sa santé et sa sécurité et le familiariser (ou son superviseur) avec tout danger sur le lieu de travail. Les superviseurs doivent suivre une formation de base de deux jours sur la SST.

Il existe également des exigences de formation plus spécifiques dans plusieurs règlements :

  • Pour les exigences axées sur les expositions qui peuvent causer des MP, en plus des exigences générales de formation, le Règlement sur les substances désignées (SD) exige que les employeurs aient des programmes de contrôle qui comprennent la formation des travailleurs et des superviseurs sur les effets sur la santé des substances désignées et les mesures et procédures requises pour les protéger contre l’exposition.
  • Une formation est nécessaire pour l’utilisation du respirateur conformément aux exigences de contrôle de l’exposition à des agents biologiques ou chimiques.
  • La réglementation sur le bruit exige que les travailleurs munis d’un appareil de protection auditive disposent d’instructions sur son utilisation et son entretien.
  • Les médecins qui effectuent une surveillance médicale en vertu du Règlement sur les substances désignées sont tenus de fournir une formation au travailleur.

Contexte actuel

En Ontario, de nombreuses organisations diverses offrent de la formation, y compris des professionnels de la SST dans les grandes entreprises, les quatre associations sectorielles de santé et de sécurité (ASS), le Centre de santé et sécurité des travailleurs et travailleuses (CSSTT) et de nombreuses organisations privées. En règle générale, la formation liée aux dangers des MP est intégrée à une formation plus générale en SST.

Le directeur général de la prévention (DGP) du MTIFDC peut établir des normes pour les programmes de formation et les personnes qui dispensent la formation. Cependant, il n’en existe actuellement aucune qui soit propre aux MP. Les inspecteurs peuvent examiner les pratiques de formation, parfois dans le cadre d’une plainte ou d’un incident.

Les ASS et le CSSTT disposent d’une expertise considérable en matière de développement de produits éducatifs. Cette expertise est principalement interne, mais la connaissance du contenu provient de revues de la littérature et d’experts externes tels que les centres de recherche provinciaux, y compris le Centre d’expertise en recherche sur les maladies professionnelles (CREOD), le Centre de recherche sur le cancer au travail (OCRC), l’Institut de recherche sur le travail et la santé (IWH), le Centre de recherche sur la santé et sécurité au travail (CROSH) et d’autres. La formation sectorielle a tendance à se concentrer sur les dangers plutôt que sur la santé et les maladies. Les exceptions comprennent un module de santé en milieu minier ajouté à la formation des superviseurs et un module sur la santé et l’échappement de moteurs diesel ajoutés à la formation de la partie 2 des CMSST.

Récapitulatif de la consultation et de l’examen

Faits saillants de la recherche

Notez qu’une synthèse complète de la recherche du CREOD est publiée sur son site Web.

Il y a eu des recherches considérables sur les études de formation spécifiques aux MP en Ontario, particulièrement axées sur les maladies professionnelles de la peau. Les conclusions principales comprennent les suivantes :

  • Pour certaines maladies professionnelles où la formation a été étudiée, une proportion importante de travailleurs déclarent ne pas recevoir de formation propre aux risques.
  • Même ceux qui déclarent avoir reçu une formation spécifique aux dangers disent qu’il existe des lacunes importantes dans le contenu.
  • Les travailleurs signalent des exemples de bonne formation efficace, comme la RCR et les premiers soins, tandis que le SIMDUT a été nommé comme un exemple de formation inefficace (c’est-à-dire, peu mémorable en raison du contenu, de la méthode de prestation et du manque de suivi).
  • En général, la formation est axée sur la sécurité et la prévention des blessures plutôt que sur les MP.
  • Les travailleurs ont exprimé le désir d’en apprendre davantage sur les stratégies de prévention, les risques en milieu de travail et les maladies professionnelles en plus d’une formation pratique propre à leurs tâches professionnelles.
  • Les caractéristiques d’une formation efficace ont été décrites comme étant multimodales avec plusieurs méthodes d’enseignement pour aborder différents styles d’apprentissage, telles que la formation en personne, la formation pratique avec une composante de démonstration, l’utilisation de visuels, l’utilisation de récits personnels et les mises en contexte négatives ou l’utilisation de scénarios potentiellement les plus défavorables pour souligner l’importance de la prévention.
  • Les autres problèmes soulevés étaient le manque de suivi et le manque de soutien des superviseurs.

D’autres recherches de l’IWH ont révélé ce qui suit :

  • moins de 20 % des travailleurs déclarent avoir reçu une formation au cours de la première année de travail
  • la formation de sensibilisation active a été associée à des répercussions plus fortes que la formation passive
  • un examen de la formation obligatoire sur les chutes de hauteur a révélé un effet modeste sur la réduction des blessures ciblées par la formation

Rapports et examens

Examen des recommandations du Comité consultatif d’experts de la santé et de la sécurité au travail (décembre 2010)

Ce rapport et ses recommandations étaient axés sur plusieurs sujets, y compris la formation en milieu de travail.

La mise en œuvre des recommandations varie. Plusieurs recommandations clés comprennent les éléments suivants :

  1. Mettre en œuvre et vérifier les normes de formation : Le nouvel organisme de prévention devrait assurer la création, la mise en œuvre et la vérification de normes régissant la formation exigée en vertu de la Loi sur la santé et la sécurité au travail prises en application de celle-ci. Il devrait également avoir le pouvoir d’élaborer des normes pour l’élaboration, la conception et l’évaluation globales de la qualité de la formation et d’élaborer des normes de formation obligatoires pour les instructeurs et les formateurs.
  2. Faire de l’Ontario un chef de file en matière d’apprentissage et de formation continus en SST : Le nouvel organisme de prévention devrait travailler de concert avec d’autres ministères et organismes de formation afin de mettre au point une stratégie progressive de sensibilisation et de formation en matière de santé et de sécurité au travail. Ainsi, l’Ontario pourrait se positionner en tant que chef de file du territoire en termes d’apprentissage et de formation continus en santé et en sécurité au travail, notamment :
  3. Bien que les recommandations notées s’appliquent à la formation en général, il y a d’autres orientations importantes à noter concernant la stratégie de formation globale liée à a) l’élaboration d’une formation obligatoire en matière de santé et de sécurité pour tous les travailleurs; les représentants en matière de santé et de sécurité et les superviseurs; b) la réponse aux besoins de formation spécifiques des travailleurs vulnérables et des petits lieux de travail; et c) l’amélioration de l’éducation et de la formation en matière de santé et de sécurité dans les écoles. Bon nombre de ces points ont été réitérés au cours de cet examen, y compris dans les groupes de discussion.

Examen de la santé et de la sécurité dans les mines et de la prévention (2015)

L’examen sur les mines a porté sur les processus qui seraient utiles pour mieux comprendre et traiter les MP. En voici les faits saillants :

  • une évaluation des risques du secteur minier a été effectuée et cinq dangers ont été classés par ordre de priorité
  • l’une des cinq priorités était l’exposition aux dangers atmosphériques
  • la nécessité de sensibiliser les travailleurs et les employeurs à la maîtrise des risques pour la santé a été soulignée
  • il y avait un fort soutien pour les normes de formation obligatoires et un programme de base commun
  • la nécessité d’une amélioration continue en ce qui concerne la prestation de la formation, la formation des superviseurs et l’accès à la formation de recyclage a été notée

Autres conclusions

Les points suivants ont été soulevés lors des réunions avec les principaux répondants et parties prenantes au cours de l’examen.

Il existe un large éventail de modes de formation ou d’éducation qui doivent être pris en compte lors de la conception des programmes d’éducation, notamment :

  • l’enseignement pratique, en ligne ou en classe
  • les affiches, les classeurs et les cartes de rappel
  • les outils d’audit, les applications, les listes de contrôle et les outils d’évaluation de la santé

Il existe un grand nombre d’organisations publiques et privées qui dispensent des formations et on sait peu de choses sur ce qui est dispensé, comment et par qui. Cependant, le site Web Ontario.ca fournit des informations sur la formation ou les formateurs disponibles pour les programmes de formation obligatoires.

Les études d’évaluation des risques sectoriels (analyse des causes profondes) se sont avérées efficaces pour échanger et élaborer des réponses éducatives utiles.

L’utilisation d’une méthode innovante de « services étendus » développée par Workplace Safety North (WSN) est prometteuse pour résoudre les problèmes de capacité de formation et de portée géographique. WSN élabore la formation et fournit un soutien aux formateurs locaux sur les lieux de travail.

Les quatre associations sectorielles de santé et de sécurité (ASS) donnent la priorité à l’élaboration des programmes en fonction des priorités et de la demande du ministère (occasions génératrices de revenus).

Groupes de discussion avec les parties prenantes

Dans l’ensemble, des préoccupations ont été exprimées au sujet du manque de normes pour la formation sur les MP (contenu, méthodes d’apprentissage, formateurs), de la capacité du système de santé et de sécurité à fournir et, en fin de compte, de la question de savoir si la formation fait une différence pour la prévention et la santé des travailleurs.

Thèmes des lacunes

  • Il y a un certain niveau de confusion parmi les employeurs quant à la nécessité d’une formation au-delà de celle sur le SIMDUT (p. ex. ce qui est obligatoire) et la reconnaissance du fait qu’il y a très peu de formation spécifique sur les risques de maladie.
  • L’approche décentralisée de la formation en Ontario avec des centaines de fournisseurs de services présente un risque pour la qualité.
  • Les programmes de formation peuvent manquer de principes d’apprentissage des adultes et ne pas tenir compte des avantages de la formation virtuelle par rapport à la formation en personne ou des besoins uniques des petits et moyens lieux de travail.
  • Peu d’attention est accordée (par exemple dans le SIMDUT) à la façon dont l’apprentissage est appliqué dans des milieux de travail spécifiques.
  • L’approche d’audit actuelle (le nombre de personnes qui ont suivi et terminé le cours) est insuffisante et doit passer à une démonstration de l’acquisition de connaissances spécifiques au lieu de travail (p. ex. la manipulation de produits conformément à la fiche de données de sécurité).
  • Les ASS ont un rôle à jouer pour soutenir les exigences du ministère en matière de formation aux substances désignées.
  • Il serait utile de relier la formation au dépistage médical.

Thèmes de la solution

La nécessité de passer d’un état d’esprit axé sur la formation à un état d’esprit axé sur l’éducation a été le thème général de la discussion sur les solutions. L’éducation fait référence à un processus d’apprentissage qui comprend un mélange de modes de prestation interactifs, d’application et d’apprentissage en pratique (sur le lieu de travail), ainsi que la formation continue et l’amélioration des compétences et des connaissances au fil du temps.

Les thèmes de la solution liés à la prestation de la formation sont les suivants :

  1. Se concentrer davantage sur l’acquisition et le suivi des connaissances spécifiques au lieu de travail ou à l’emploi en utilisant la formation du secteur minier comme bon exemple.
  2. Fournir plus de soutien à la formation pour les lieux de travail non syndiqués ou plus petits.
  3. Passer de la surveillance de la formation à l’efficacité de la formation.
  4. Améliorer la prestation de la formation en fournissant :
    • un moyen de tester le transfert d’apprentissage
    • une évaluation de la qualité des instructeurs
    • un mélange de formation en personne et de cours d’autoapprentissage en ligne

Les thèmes de la solution liés spécifiquement aux MP sont les suivants :

  1. Intégrer un module de formation sur les MP dans toutes les formations existantes en matière de santé et de sécurité (p. ex. formation de sensibilisation générale pour les travailleurs et les superviseurs, SIMDUT, formation à la certification).
  2. Améliorer le programme ou le contenu de la formation par les moyens suivants :
    • la centralisation de l’élaboration des programmes d’études pour les MP
    • en commençant par les substances désignées (SD), mais sans s’y limiter
    • l’élaboration de programmes éducatifs comprenant des modules de formation, des mini-guides éducatifs, des rappels sur le lieu de travail (p. ex. des affiches, des codes QR, etc.)
    • l’autorisation des ASS à personnaliser le programme de base au besoin
  3. Travailler avec le SIMDUT et en tirer parti par les moyens suivants :
    • revisiter les normes existantes et en introduire de nouvelles là où elles ne fonctionnent pas
    • mettre à jour des fiches techniques du SIMDUT pour mieux décrire les dangers
    • tisser un lien entre les fiches techniques des fiches signalétiques et la formation en temps réel
    • élaborer d’une formation SIMDUT spécifique au secteur basée sur les évaluations des risques et de la faisabilité

Conclusions de l’examen sommaire

  1. Les employeurs ont tendance à se concentrer sur les exigences du ministère pour prioriser les ressources et le temps utilisés pour former les superviseurs et les travailleurs.
  2. Étant donné le peu de règlements et de lignes directrices liés aux maladies professionnelles, les informations spécifiques aux risques de maladies professionnelles sont souvent intégrées dans des programmes de formation plus généraux en matière de santé et de sécurité, tels que la formation à la certification des CMSST.
  3. Il n’y a aucun moyen pratique de savoir ce que la formation sur les MP se passe sur les lieux de travail.
  4. Le développement des programmes de formation sur les MP en Ontario est très décentralisé, ce qui entraîne les suivants :
    • le dédoublement des efforts
    • les normes limitées pour les programmes de formation et les formateurs
    • l’absence de capacité à surveiller, à évaluer et à suivre la formation sur les MP au niveau du système
  5. Les problèmes de prestation comprennent les suivants :
    • trop d’informations à conserver ou les informations ne sont ni mémorables ni pertinentes
    • le faible renforcement de l’apprentissage dans la pratique
    • la faisabilité des exigences en matière de formation pour les petites entreprises
    • les ressources de sensibilisation et la formation doivent être mieux intégrées pour renforcer l’apprentissage

Recommandations

Remarque : les recommandations suivantes relatives à la formation sur les MP peuvent s’appliquer à la formation sur le lieu de travail en général. Les recommandations des rapports précédents (rapport de M. Dean et rapport sur les mines) ont entraîné certains changements dans les pratiques de formation, mais il est nécessaire de poursuivre la mise en œuvre de leurs recommandations et leur application aux MP en particulier.

Objectifs du système

  • Les employeurs et les travailleurs reçoivent des informations pertinentes, opportunes et utiles sur les dangers sur leur lieu de travail, les effets sur la santé associés et les méthodes de prévention.
  • Les informations de prévention sont fournies d’une manière qui soutient leur acquisition réussie et leur mise en pratique réelle à l’avenir.

Recommandations générales

2.1 Reprenant les conclusions du rapport de M. Dean, on recommande que l’Ontario devienne un chef de file en matière d’apprentissage et de formation continus en SST par les moyens suivants

Directives de mise en œuvre :

  • Utiliser un modèle d’apprentissage pour adultes.
  • Aligner les meilleures pratiques dans les organismes soutenus par le gouvernement (ASS).
  • Examiner la formation requise pour évaluer si elle devrait être accréditée.
  • Améliorer le processus d’audit pour passer de la confirmation qu’un cours ou qu’une formation a été dispensé à une évaluation des connaissances, des compétences et des comportements des travailleurs.

Recommandations à court terme

Finalement, bien que nous aimerions que toutes les formations répondent aux normes les plus élevées, il y a des mesures à prendre entretemps. Étant donné qu’il y a très peu de contenu propre aux MP, les recommandations suivantes sont censées servir de tremplin vers une formation robuste sur les MP :

2.2 Élaborer des modules d’apprentissage en ligne pour les principales expositions causant des maladies professionnelles, en commençant par les substances désignées. Les modules doivent être librement accessibles à tous. Ils pourraient être utilisés comme éléments constitutifs d’un programme de formation plus complet, mais fourniraient également aux petites entreprises et aux travailleurs au moins des informations de base. De plus, normalisez ce message avec toutes les initiatives de sensibilisation.

Directives de mise en œuvre :

  • Mettre l’accent sur les substances désignées lorsqu’il existe une exigence réglementaire en matière de formation. Il existe quelques programmes de formation offerts par les ASS qui sont principalement axés sur l’amiante.
  • Le MTIFDC affecte une équipe de base d’experts (tirée des ASS et ajoute une expertise clinique) pour développer le contenu de base des modules d’apprentissage en ligne.
  • Les ASS du secteur personnalisent les modules selon les besoins.
  • Créer une série de produits pour compléter les modules d’apprentissage en ligne avec des informations cohérentes, telles que du matériel ou des ressources de sensibilisation et des outils de renforcement, en tenant compte des éléments suivants :
    • les affiches de messagerie
    • la fiche d’information sur les dangers pour les travailleurs (notamment l’exposition, les principales stratégies de prévention et les effets indésirables)
    • les rappels sur le lieu de travail sur le site du danger
    • un module de recyclage potentiel pour les superviseurs afin de soutenir et de renforcer l’apprentissage continu sur les MP pour leurs travailleurs.

2.3 Essayer des moyens innovants d’atteindre les travailleurs et les lieux de travail marginalisés en comprenant qu’ils doivent être évalués pour évaluer l’efficacité et l’évolutivité.

Directives de mise en œuvre :

  • Travailler avec des centres de santé communautaires ayant une expérience des problèmes de santé au travail et des patients ou des travailleurs marginalisés qui ont fait ce travail.

2.4 Changer l’orientation de l’audit de la conformité (formation dispensée) à des connaissances ou apprentissages démontrés.

Directives de mise en œuvre :

  • Élaborer une liste de contrôle à l’intention des inspecteurs lorsqu’ils travaillent dans des organisations avec des SD.

Recommandations à plus long terme

2.5 Une fois les modules (série de produits) sur les substances désignées terminés, définir les principaux autres dangers et concevoir des outils similaires.

2.6 Repenser le SIMDUT et en tirer parti comme une entrée pour les activités de sensibilisation et de prévention des MP. Passer au statut de cours accrédité.