Introduction

Le présent chapitre porte sur le parcours du travailleur-patient dans le système, soit du lieu de travail en passant par le système de santé pour le diagnostic et la gestion aux résultats de la MP à l’examen de ce qui est connu sur la pratique du médecin — à la fois du point de vue du médecin et du travailleur. Un examen des processus de la CSPAAT est expressément exclu de notre mandat.

Contexte

Le parcours de santé du travailleur commence sur le lieu de travail par une formation sur les effets néfastes pour la santé de l’exposition. Une première étape importante consiste à comprendre les éventuels effets néfastes de l’exposition sur le lieu de travail pour la santé du travailleur. Ce sujet est abordé en détail dans le chapitre 2, Formation en milieu de travail. Selon les expositions sur le lieu de travail, le dépistage médical peut être important pour déterminer la possibilité d’une maladie très précoce avant qu’elle ne se manifeste cliniquement chez le travailleur. Ce sujet est abordé en détail au chapitre 3. Le dépistage est l’activité qui relie d’abord clairement les systèmes de SST et de SS.

Le parcours du travailleur dans le système de santé pour le traitement d’une MP commence généralement lorsqu’il présente des symptômes qui l’amènent à demander des soins ou qui peuvent survenir en raison de tests de dépistage positifs qui mènent à une enquête plus approfondie pour déterminer si le travailleur est atteint d’une maladie professionnelle. Les cas aigus peuvent être évidents pour tous et sont envoyés au service des urgences ou à un fournisseur de soins primaires pour des soins intensifs. De nombreuses MP n’ont pas de présentation aiguë; elles développeront d’abord seulement des symptômes de la maladie. À un moment donné, les travailleurs chercheront à recevoir des soins, en commençant généralement, encore une fois, par le système de soins primaires. Selon la maladie, une enquête plus approfondie engageant divers spécialistes peut se produire, menant à un diagnostic et à un traitement. En plus du traitement et de la gestion sur le plan médical, la gestion des expositions sur le lieu de travail est également une partie nécessaire de la gestion de la MP.

Par exemple, un travailleur ayant des problèmes respiratoires tels que l’asthme ou la silicose serait probablement vu en premier dans le système de soins primaires, puis réacheminé à un pneumologue. De même, un travailleur atteint de dermatite serait probablement vu pour la première fois dans le système de soins primaires, puis transféré à un dermatologue. Dans ces cas, la nature professionnelle du diagnostic exige que le lien au travail fasse partie du processus de diagnostic. Le cancer en est un autre exemple. Dans ce cas, le travailleur serait généralement diagnostiqué et traité par les spécialistes appropriés (p. ex. oncologue, radiothérapeute, chirurgien). Toutefois, dans le cas de maladies comme le cancer, le lien au travail n’est généralement pas essentiel à son diagnostic et à sa gestion.

Une fois le diagnostic établi et les conseils de traitement fournis, le suivi du travailleur dans le système de santé peut varier. Dans certains cas, ils retourneront chez le fournisseur de soins primaires ou le spécialiste de leur collectivité pour obtenir des soins continus (p. ex. les cas d’asthme ou de dermatite), tandis que dans d’autres cas, ils peuvent rester avec les médecins spécialistes (p. ex. les cas de cancer).

Selon la maladie chronique, comme les cancers, le parcours de soins de santé peut éventuellement mener aux soins palliatifs.

La communication est essentielle tout au long de ce parcours pour fournir des soins rapides et efficaces. Dans la plupart des rencontres sur les soins de santé, les principaux échanges se font entre le fournisseur et le patient, et leurs autres fournisseurs de soins dans le système de santé. Cependant, dans le cas d’une maladie liée au travail, les liens de communication sont élargis et peuvent comprendre la CSPAAT et l’employeur, augmentant ainsi le travail du fournisseur de soins de santé.

Des directives de pratique clinique ont été élaborées au cours des dernières décennies pour de nombreuses maladies. Il existe des examens systématiques et des consensus relativement à certaines MP; toutefois, leurs recommandations ne sont pas liées au système de SS. La CSPAAT a élaboré des programmes de soins qui visent généralement les problèmes et les blessures musculo-squelettiques.

Contexte actuel

D’après les chapitres précédents, nous savons ce qui suit :

  • Les MP sont sous-estimées et sous-déclarées.
  • Les ressources humaines en santé sont limitées et en baisse en ce qui concerne l’expertise clinique (médecine du travail et autres spécialistes pertinents) liée au diagnostic et à la gestion des MP.
  • Le système de soins de santé est généralement surchargé et effectue une transition vers de nouveaux modèles de soins.

Récapitulatif de la consultation et de l’examen

Recherche

Notez qu’une synthèse complète de la recherche du CREOD est publiée sur son site Web.

Voici quelques-unes des principales conclusions :

  1. La recherche sur le parcours de santé des travailleurs et des patients de l’Ontario montre qu’un travailleur atteint d’une maladie professionnelle est généralement dans le système de santé pendant un certain temps avant qu’un diagnostic définitif ne soit posé. Il voit plusieurs médecins, à la fois de soins primaires et des spécialistes.
  2. La recherche clinique a permis d’améliorer nos pratiques diagnostiques en matière de MP.
  3. Des outils cliniques ont été élaborés pour faciliter le diagnostic et la prise en charge des MP.

Rapports et examens

Aucun rapport ou examen formel sur cette partie du système.

L’Australie a réagi à la récente épidémie de silicose avec un groupe de travail national sur les maladies attribuables à la poussière.

Le groupe a donné lieu, entre autres, à de nombreux documents fournissant des conseils aux fournisseurs de soins de santé aux différentes étapes du parcours de santé des travailleurs.

Groupes de discussion avec les parties prenantes

Thèmes des lacunes

  1. Le besoin d’une meilleure voie de soins pour l’évaluation de la santé des travailleurs et leur traitement.
  2. La nécessité d’augmenter la capacité de soins de santé.
  3. Le besoin de clarifier et de protéger les droits des travailleurs pour préserver leur santé.
  4. La nécessité de l’éducation.

Thèmes de la solution

  1. La clarification et la simplification du parcours de santé des travailleurs.
  2. La diffusion ou la mise de l’avant du parcours.
  3. La clarification des rôles à chaque étape du parcours.
  4. L’amélioration et la simplification des rapports sur les expositions et les symptômes.
  5. Le traitement du risque de conflit d’intérêts pour les médecins afin de s’assurer qu’ils ne sont pas pris entre la défense de la santé d’un travailleur et la protection de l’employeur.
    • La création d’un certain niveau d’indépendance.
    • La nécessité d’un mécanisme transparent (pourquoi, quoi, comment) de collecte des données personnelles et de santé sur le lieu de travail.
  6. La création d’outils pour responsabiliser les travailleurs tout au long du parcours de santé.
    • La conception d’un outil d’historique sur l’exposition des travailleurs (un passeport… comme les carnets de vaccination et les dossiers de patients en pharmacie).
    • L’élaboration d’un questionnaire ou d’un outil d’autodépistage anonyme qui aide les travailleurs à faire le lien entre leurs symptômes et les substances désignées sur leur lieu de travail et fournit des conseils sur les prochaines étapes s’ils sont concernés (signalement, accès aux soins de santé, etc.).
  7. L’amélioration de l’éducation des professionnels de la santé.
    • La sensibilisation au lien entre le travail et la santé.
    • La communication de renseignements sur l’exposition du patient ou du travailleur (passeport).
    • La fourniture de schémas ou de soutiens pour les diagnostics — quels tests demander et quand les demander.
    • Les obligations de déclaration.

Conclusions de l’examen sommaire

  1. Nous savons qu’à l’heure actuelle, il y a des défis pour les travailleurs avec des MP qui naviguent dans le système de SS. Nous comprenons certains des facteurs qui entraînent des retards, dont les raisons pour lesquelles le travailleur cherche ou ne cherche pas à obtenir des soins, et les pratiques médicales relatives au diagnostic et à la prise en charge des MP, y compris les obstacles et les facteurs aidants.
  2. Il existe des lignes directrices pour le diagnostic et la prise en charge de certaines MP; or, celles-ci ne sont pas nécessairement liées au système de soins de santé, de sorte que leur mise en œuvre est limitée.
  3. Certains outils ont été élaborés pour aider au diagnostic et à la gestion, mais ils n’ont pas été intégrés aux soins.

Recommandations

Objectifs du système

  • La reconnaissance précoce d’une possible MP menant à un diagnostic et à un traitement en temps opportun pour obtenir les meilleurs résultats possibles pour le travailleur.
  • L’utilisation des pratiques exemplaires ou des soins fondés sur des données probantes tout au long du parcours de santé des travailleurs.
  • La poursuite de la recherche clinique appliquée pour continuer à améliorer le diagnostic et la prise en charge des MP.

Recommandations à court terme

7.1 Développer des parcours de soins cliniques pour les MP courantes.

  • Le parcours clinique commencerait dès l’exposition du travailleur à un danger et par la nécessité d’une éducation sur les effets indésirables et les stratégies de prévention (sujet 2).
  • Le parcours comprendrait le dépistage, s’il y a lieu, puis le diagnostic et la prise en charge.
  • Un élément déterminant du parcours n’est pas seulement ces étapes, mais aussi la définition des rôles des différents fournisseurs de soins de santé tout au long du parcours.

Directives de mise en œuvre :

  • Convoquer un groupe de spécialistes cliniques du carrefour universitaire sur les MP (voir le sujet 6), et le compléter par des experts cliniques supplémentaires au besoin, des fournisseurs de soins primaires pratiquants et un travailleur touché par la maladie en question.
  • Commencer par les maladies respiratoires, la silicose et l’asthme.
  • Tirer des leçons du modèle australien (utiliser les directives du groupe de travail sur les maladies attribuables à la poussière comme point de départ pour la silice).
  • Aborder les problèmes de mise en œuvre avec ceux qui ont une expertise dans la mise en œuvre clinique, et ce, dès le début du processus.

7.2 Mettre à l’essai différents outils déjà développés et évalués en Ontario pour une utilisation dans les soins primaires et spécialisés

Directives de mise en œuvre :

  • Commencer par l’outil de dépistage de l’asthme (WRASQ(L).
  • Faire appel au réseau de pneumologues (sujet 6) pour s’engager dans l’apprentissage de l’outil et faciliter son utilisation dans la pratique.
  • Comprendre les obstacles et les facteurs favorables de l’initiative de soins primaires (sujet 6) pour son utilisation éventuelle dans les soins primaires.

Recommandations à plus long terme

7.3 Mettre en œuvre des parcours cliniques et les évaluer à l’aide du cadre d’application des connaissances.

7.4 Déterminer les prochains parcours à développer en fonction des besoins cliniques et des ressources humaines en santé dans la province.