Introduction

La portée de ce chapitre est la gestion des grappes de maladies professionnellesen Ontario.

Le terme « grappe » a été utilisé ces dernières années pour décrire un nombre inhabituel de cancers survenant parmi un groupe relativement restreint de personnes qui peuvent être attribuables à de nouveaux dangers ou à des dangers en croissance. Les grappes de MP peuvent comprendre de nombreuses maladies et peuvent être cernées lorsqu’il existe un risque excessif perçu dans une population plus grande qui peut être exposée à des dangers reconnus. Les CDC des États-Unis définissent une grappe comme [traduction] « un nombre plus élevé que prévu de cas qui se produisent au sein d’un groupe de personnes dans une zone géographique sur une période de temps définie ».

Nous utiliserons des grappes pour décrire un groupe de travailleurs susceptibles de souffrir d’une maladie professionnelle liée à des expositions sur le lieu de travail. Une grappe est utilisée pour désigner un groupe de travailleurs ayant un problème commun. Nous examinerons trois types de grappes :

  1. Les grappes peuvent comprendre des expositions et des effets aigus — blessures par inhalation, brûlures chimiques.
  2. Les expositions et les effets chroniques sur les travailleurs encore sur le lieu de travail — asthme professionnel, dermatite professionnelle.
  3. Les maladies de longue durée, soit lorsque les travailleurs se trouvent ou non sur le lieu de travail et, dans certains cas, le lieu de travail et ses dossiers n’existent plus — le cancer.

Contexte

Il convient de souligner qu’il n’y a pas d’exigences législatives ou réglementaires liées aux enquêtes sur les grappes, autres que les grappes de maladies infectieuses potentielles qui peuvent relever de la santé publique.

Voici une courte synthèse des résultats liés aux pratiques de gestion des grappes et aux résultats de la recherche. Nous avons défini divers scénarios aux fins de cette discussion. Il n’y a pas de langage ni même nécessairement de compréhension commune de ces différents scénarios.

Il est probable que les membres d’un groupe d’individus ayant des symptômes aigus se rendront à l’urgence si le problème est grave ou consulteront leurs autres fournisseurs de soins si les symptômes ne mettent pas leur vie en danger. Selon la gravité de l’exposition et de la maladie, il y a souvent une enquête immédiate sur le lieu de travail (p. ex. une intoxication au monoxyde de carbone). Toutefois, si les symptômes ne sont pas aussi graves, la grappe peut se maintenir et la résolution peut prendre un certain temps.

Les travailleurs qui ont été exposés à des agents sur le lieu de travail pendant une période plus longue (des semaines à des années) peuvent progressivement développer des maladies professionnelles. Dans ces cas, ils sont généralement encore sur le lieu de travail, et le diagnostic devient alors la question clé — de quelle maladie souffrent les travailleurs? L’obtention d’un diagnostic définitif est essentielle pour comprendre s’il est, en fait, lié aux expositions sur le lieu de travail. L’asthme professionnel et la dermatite en sont des exemples. Dans ces cas, à moins de reconnaître que plusieurs personnes semblent avoir le même problème, il est probable que les travailleurs chercheront des soins individuellement. Si on reconnaît qu’il semble y avoir une grappe sur le lieu de travail, le groupe pourrait faire l’objet d’une analyse groupée.

Le troisième type de grappe comprend les maladies qui surviennent après de nombreuses années d’exposition. Les travailleurs pourraient encore être sur le lieu de travail, ou non. Dans certains cas, il se peut que l’entreprise n’existe plus. Les cancers et les maladies chroniques sont des exemples de maladies qui feraient très probablement partie de ce groupe. Ces travailleurs sont les plus susceptibles d’avoir été diagnostiqués par leur propre fournisseur de soins de santé.

Contexte

Dans le passé, le ministère du Travail de l’Ontario avait un groupe de personnel spécialisé en clinique, en épidémiologie et en hygiène du travail qui a mené des études d’échantillonnage, examiné les tendances et orienté la prévention.

Il y avait également une collaboration entre les cliniciens de la communauté et les médecins du ministère du Travail.

L’enquête initiale sur la « Flock disease », une maladie touchant les travailleurs du secteur du textile à Kingston, a été effectuée par des pneumologues de Kingston avec l’aide des médecins du ministère du Travail. Non seulement le problème a été reconnu, mais le groupe de spécialistes local a suivi le groupe de travailleurs pendant un certain nombre d’années, contribuant ainsi à notre compréhension de l’histoire naturelle de cette maladie respiratoire qui touche les travailleurs du textile. Il est intéressant de souligner que l’identification de cette grappe a été facilitée par le fait qu’elle est apparue dans une petite ville avec un grand hôpital, de sorte que les travailleurs étaient vus par un petit groupe de pneumologues qui se voyaient régulièrement et discutaient des cas.

Pour les grappes impliquant des expositions actuelles et nécessitant un diagnostic clinique spécialisé, la clinique de médecine du travail de l’hôpital St. Michael’s a entrepris ce type d’enquête. Les exemples comprennent : un rejet de halon 1301 dans un système d’extinction d’incendie, des travailleurs exposés au plomb dans la démolition d’une usine de traitement de l’eau, deux grappes distinctes comprenant des travailleurs atteints de dermatite de contact liée à des expositions à l’époxy et deux épidémies de gale dans des établissements de soins chroniques, dont l’une s’est propagée à la collectivité.

Plusieurs de ces enquêtes ont été publiées.

OHCOW étudie plusieurs grappes historiques. Certaines d’entre elles sont liées à des lieux de travail spécifiques, et d’autres s’appliquent à tous les lieux de travail. Les travailleurs souffrent non seulement de cancer, mais aussi de diverses autres maladies.

Santé publique Ontario étudie les grappes. Les enquêtes portent généralement sur des facteurs environnementaux (p. ex. environnement, milieux scolaires), mais Santé publique Ontario peut recevoir des demandes liées à grappes en milieu de travail.

Récapitulatif de la consultation et de l’examen

Rapports et examens

Un rapport de l’OCRC sur une approche d’enquête sur les grappes est en cours de rédaction. On s’attend à ce que le rapport traite de la nécessité pour le MTIFDC et d’autres partenaires du système d’élaborer ce qui suit :

  1. des démarches collaboratives
  2. des protocoles et des ressources d’intervention rapide

Groupes de discussion avec les parties prenantes

Thèmes des lacunes

  1. Le processus de gestion des grappes est inconnu.
  2. L’identification des grappes pose de nombreux défis.
  3. Le manque de ressources pour gérer les grappes.
  4. La gestion des grappes par rapport aux cas individuels doit être différenciée ou clarifiée.

Thèmes de la solution

  1. Clarifier le protocole ou le processus d’enquête et de gestion des grappes en tenant compte des éléments suivants :
    • Faire la différence entre les grappes historiques ou à longue période de latence et les grappes de maladies émergentes actives.
    • Définir les problèmes de santé sur lesquels se concentrer en premier.
    • Obtenir que le ministère enquête de manière proactive sur les lieux de travail lorsqu’il entend parler d’une grappe potentielle.
    • Faire la distinction entre l’objet du processus de réclamation ou d’indemnisation par rapport aux soins de santé et à la prévention secondaire.
  2. Équilibrer l’utilisation des données épidémiologiques avec d’autres sources de données :
    • Tenir compte de différents types de preuves de manière équitable lors de l’évaluation des grappes.
    • Rassembler les données du MTIFDC, du MSAN, et du MEO.
  3. Écouter et reconnaître les récits (ne laissez pas les travailleurs, leurs familles et leurs collectivités sans soutien ni ressources).
  4. Clarifier les rôles et augmenter les ressources (définir qui identifie, qui enquête, qui décide).

Conclusions de l’examen sommaire

  1. Le terme « grappe » a de nombreuses significations. Il existe également différents objectifs pour l’étude des grappes.
  2. Aucun organisme en Ontario n’est responsable d’enquêter sur les grappes professionnelles; ni la CSPAAT ni le MTIFDC n’ont la capacité nécessaire en matière de recherche clinique, épidémiologique ou d’hygiène du travail.
  3. On ne sait pas qui a le rôle ou l’autorité de lancer une enquête sur les grappes (p. ex. la CSPAAT, la MTIFDC, l’OHCOW, les syndicats, ou les défenseurs des travailleurs et des patients, de sorte que certains ou tous peuvent essayer).
  4. Contrairement aux éclosions en santé publique, il n’existe actuellement aucun protocole officiel pour l’enquête et la gestion des grappes de MP en Ontario. La réponse aux grappes reste principalement réactive.

Recommandations

Objectifs du système

  • Définir clairement les types de grappes.
  • Établir une compréhension claire de l’objet de l’enquête sur divers types de grappes.
  • Clarifier les rôles et les étapes du processus et veiller à une capture de données normalisée pour le suivi et la surveillance
  • Améliorer la transparence et la communication avec toutes les parties concernées.

Recommandations à court terme

5.1 La MTIFDC et la CSPAAT s’entendent sur les définitions des grappes, les énoncés d’objectifs et les critères d’identification des grappes. À cette fin, nous définissons deux types différents de grappes :

  1. maladies aiguës et à longue période de latence
  2. grappes historiques de maladies à longue période de latence

Directives de mise en œuvre :

  • Le MTIFDC rassemble une équipe pour rédiger des définitions, des énoncés d’objectifs et des critères pour l’identification des grappes, en tenant compte du rapport de l’OCRC, qui est en cours d’élaboration, sur les grappes.
  • Organiser une réunion avec plusieurs parties prenantes pour affiner ces éléments et s’entendre sur ceux-ci.
  • Communiquer formellement.
  • Envisager un processus ponctuel pour traiter avec les enquêtes en cours sur les grappes.

5.2 Pour les maladies aiguës et à longue période de latence où le potentiel d’une maladie liée au travail est présent dans un groupe de travailleurs, mais le diagnostic est inconnu, et des spécialistes sont nécessaires pour le diagnostic et la gestion. Dans ce type de grappe, il sera peut-être nécessaire de formuler des interventions sur le lieu de travail pour contrôler les expositions et améliorer la prévention.

  • Mettre en place un groupe de travail clinique expert pour développer des protocoles d’intervention.
  • Mettre en place une équipe d’intervention clinique experte (des spécialistes, le cas échéant, pour la présentation clinique et le personnel clinique de soutien) pour enquêter et fournir des services de diagnostic spécialisés au besoin (voir le sujet 6 : Carrefour universitaire)
  • Élaborer un protocole comprenant le MTIFDC et les partenaires du système de SST pour fournir une assistance au lieu de travail, en particulier aux petits et moyens lieux de travail pour l’évaluation, ainsi que des recommandations pour contrôler l’exposition et améliorer la prévention.

5.3 Les grappes historiques ou à latence de longue durée, où les diagnostics sont généralement connus et la question clé porte sur le lien aux expositions sur le lieu de travail.

  • Le MTIFDC mandatera un groupe de travail d’experts pour établir un protocole d’acceptation des demandes de consultation, des étapes et des méthodes d’enquête, et des étapes de la gestion, y compris :
    • l’enquête sur les grappes
    • le soutien à la prévention sur le lieu de travail si nécessaire
    • la communication et les relations externes
    • les étapes administratives à suivre avec la WSIB

Recommandations à plus long terme

5.4 Élaborer un plan et un processus de mise en œuvre pour l’introduction progressive de nouveaux protocoles sur les grappes.

5.5 Veiller à ce que les données des grappes soient liées au système de surveillance provincial pour orienter les efforts de prévention à l’échelle du secteur.