L’application des recommandations qui suivent se fera par des organismes qui ne relèvent pas du ministère des Richesses naturelles et des Forêts (MRNF). Je compte toutefois sur lui pour entamer des discussions avec chaque organisme afin d’essayer de trouver une façon d’adopter la recommandation, en tout ou en partie.

Les trois organismes ci-dessous m’ont fourni durant l’examen une quantité considérable de documents et de présentations PowerPoint, y compris des photos, des graphiques et des tableaux très descriptifs. Une grande part de l’information est technique, mais détaille avec précision leurs opérations avant, pendant et après une inondation, notamment les décisions prises. Certains renseignements ont été présentés aux résidents lors d’assemblées publiques.

7.1 Commission mixte internationale

Une partie de la population et certains groupes d’intervenants ne semblent pas bien comprendre le fonctionnement des structures sur le fleuve Saint-Laurent ni le rôle de celles-ci en cas de crues extrêmes. Certains croient que l’exploitation des structures par la Commission mixte internationale (CMI) influe négativement sur les crues du lac Ontario ou même de la rivière des Outaouais. Toutefois, il est primordial de comprendre que même si la CMI est responsable de régulariser le débit sortant du barrage Moses- Saunders sur le fleuve, elle ne peut pas régulariser complètement les niveaux d’eau du lac Ontario et du fleuve, et elle n’a absolument aucune compétence sur les débits de la rivière des Outaouais. Le barrage Moses-Saunders permet l’écoulement d’un débit sortant plus élevé du lac Ontario vers le fleuve que dans l’état naturel, avant sa construction, et les débits de pointe des crues de 2017 et de 2019 du lac Ontario étaient inférieurs à ceux qui auraient été observés à l’état naturel. (Pour en savoir plus : Commission mixte internationale.)

Le site Web de la CMI est riche en renseignements utiles, mais si l’on ne sait pas ce que l’on cherche, il n’est pas facile de s’y retrouver et on peut passer beaucoup de temps à passer les rapports au peigne fin pour trouver une information précise. Le public doit avoir accès directement et facilement aux questions d’actualité, comme les inondations de 2017 et de 2019. L’ajout d’un bouton « inondations de 2017 » à la page d’accueil, avec des liens menant aux rapports connexes, serait utile, mais il faudrait aussi tirer des rapports les images du réseau hydrographique des Grands Lacs et du fleuve Saint-Laurent ou encore des effets de leur exploitation sur les niveaux d’eau en 2017 pour les afficher bien en évidence sur la page des inondations de 2017. Par exemple, les figures 2-1 et 2-2 du rapport du 13 novembre 2018, Résumé des répercussions du niveau d’eau et des conditions observées dans le bassin des Grands Lacs en 2017 à l’appui de l’évaluation continue du plan de régularisation (PDF), illustrent très bien ce réseau hydrographique. Quant à la figure 2.6 du rapport du 25 mai 2018, Conditions observées et régularisation du débit en 2017 (PDF), elle montre très bien le profil du plan d’eau constitué du lac Ontario et du fleuve Saint- Laurent et illustre les effets qu’aurait le déversement, pendant une semaine, de la quantité d’eau requise pour que le niveau du lac Ontario diminue d’un centimètre sur le niveau dans les secteurs critiques du fleuve Saint-Laurent, notamment Montréal. Il y a probablement beaucoup d’autres images qui pourraient être extraites des rapports et affichées en évidence sur le site.

7.2 Commission de planification de la régularisation de la rivière des Outaouais

Comme pour la CMI, le public et les groupes d’intervenants ne comprennent pas bien comment la Commission de planification de la régularisation de la rivière des Outaouais exploite les structures de régularisation des eaux sur la rivière des Outaouais et quels sont les effets de cette exploitation sur les crues extrêmes. Un commentaire qui est revenu souvent est que l’information est trop technique pour les profanes. Vu les dommages causés par les inondations de 2017 et 2019, les résidents se demandent si l’on peut faire plus pour mieux prévoir les inondations et atténuer leurs répercussions.

Le 11 juillet 2019, l’honorable John Yakabuski, ministre des Richesses naturelles et des Forêts, a envoyé une lettre à ses homologues provincial et fédéraux pour leur demander de participer à un examen indépendant de la gestion de la rivière des Outaouais. Dans cette lettre, il leur demandait de nommer une personne de leur ministère qui réglerait les détails de l’examen avec le MRNF.

La Commission de planification de la régularisation de la rivière des Outaouais a laissé entendre que le temps était peut-être venu de revoir l’entente de 1983 qui régit ses activités, son rôle et ses responsabilités et de voir si les conclusions formulées en 1980 s’appliquent toujours, près de 40 ans plus tard. L’examen pourrait reprendre le processus original, soit étudier la coordination entre les exploitants des centrales ainsi qu’envisager l’agrandissement du réservoir et calculer les coûts associés.

Les prévisions hydrologiques doivent mieux rendre compte des niveaux d’eau de la rivière des Outaouais. La population s’intéresse rarement aux débits; elle veut savoir quel niveau atteindra l’eau pour pouvoir se préparer en conséquence. La plupart des données sont exactes à proximité d’une structure hydrologique, mais beaucoup de résidences et de chalets le long de la rivière sont situés entre les échelles. Puisqu’il s’agit d’un réseau hydrographique complexe, on sait qu’il est difficile d’interpoler entre deux échelles (la relation n’étant pas linéaire).

7.3 Ontario Power Generation

Comme pour les deux organismes précédents, la population et les groupes de parties prenantes ne comprennent pas bien le fonctionnement des centrales d’Ontario Power Generation (OPG) ni les effets de leur exploitation pendant les inondations extrêmes. La section 4.1 explique longuement les problèmes relatifs à la rivière des Outaouais soulevés par les parties prenantes.

Il faut également souligner que si les producteurs d’hydroélectricité abondent aux quatre coins de la province, je me suis concentré sur les activités d’OPG menées sur la rivière des Outaouais, puisqu’il s’agit du seul fournisseur d’hydroélectricité de l’Ontario qui exploite directement ce cours d’eau. Cependant, les recommandations ci-dessous peuvent être tout aussi pertinentes pour d’autres producteurs d’hydroélectricité de la province.

En ce qui concerne la section 4.1.5, Explication des conditions de la centrale Des Joachims et du tronçon sec de Deux-Rivières, OPG a initialement fourni deux diagrammes indiquant le niveau de l’eau en présence d’un débit normal et élevé pour tenter d’expliquer la situation. Ils n’ont pas été ajoutés au présent rapport, puisqu’à mon avis, ils risqueraient d’entraîner de la confusion chez les lecteurs. Il serait beaucoup plus utile à ces derniers de disposer d’illustrations supplémentaires montrant l’évolution du niveau de la rivière, de conditions normales à un niveau élevé, puis au retour à la normale.

J’ai aussi présenté les problèmes de la partie supérieure du bassin hydrographique de la rivière des Outaouais (Mattawa) à la section 4.2 et recommandé une approche collaborative et une meilleure communication à la section 6.2.3.2, recommandations avec lesquelles OPG est d’accord.

OPG m’a transmis plusieurs recommandations sur d’autres points; la majorité d’entre elles sont examinées dans d’autres sections du présent rapport.

L’une des recommandations d’OPG qui pourraient permettre d’atténuer les conséquences des inondations est la modification de la date de remplissage des réservoirs dans le plan de gestion des eaux de chaque barrage hydro-électrique. Il est suggéré que cette date soit déterminée en fonction de l’état du bassin hydrographique, notamment l’ampleur et la vitesse de la crue dans la région. Il faut dire que les plans de gestion des eaux n’ont pas été pensés pour gérer les inondations. Il peut parfois être difficile d’établir un équilibre entre les restrictions du plan et les inondations potentielles. Les restrictions relatives au remplissage à effectuer à la fête de la Reine visent principalement à combler des besoins récréatifs; cependant, elles forcent le personnel de gestion des eaux à choisir entre les mesures de résilience aux inondations et les loisirs. Les dates de remplissage ne devraient pas être fixes; elles doivent plutôt être déterminées en fonction des conditions propres à une année donnée.