Blaireau d’Amérique
Photo: JD Taylor

Description de l’espèce

Le blaireau d’Amérique (Taxidea taxus) est un mammifère carnivore de taille moyenne faisant partie de la famille de la belette. L’espèce est grise et pourvue de rayures noires et blanches sur la tête et la face. Les individus ont un corps long, des pattes courtes, de longues griffes et des paupières transparentes pour protéger leurs yeux des poussières; tous ces attributs leur permettent de creuser des terriers et de déterrer des proies. Cette espèce est principalement nocturne.

Deux populations de blaireau d’Amérique sont reconnues sur la liste des espèces en péril de l’Ontario. La population de blaireau d’Amérique du sud-ouest de l’Ontario (Taxidea taxus jacksoni) est principalement présente le long de la rive nord du lac Érié, tandis que la population du nord-ouest de l’Ontario (Taxidea taxus) s’observe près de la rivière à la Pluie et de Fort Frances. Le blaireau d’Amérique occupe des habitats tels que les prairies, les forêts à couvert ouvert, les haies et les lisières de champ. Le sol est un des principaux facteurs qui influent sur sa répartition et l’espèce privilégie les régions à sol sableux et loameux en Ontario. Le blaireau d’Amérique n’occupe habituellement pas les champs cultivés. Le site Web sur les espèces en péril du gouvernement de l’Ontario présente une carte de la répartition provinciale du blaireau d’Amérique.

Plusieurs menaces pèsent sur la survie et le rétablissement du blaireau d’Amérique, notamment la perte d’habitat, la mortalité routière, la prédation par les chiens domestiques et les coyotes, l’extermination et la persécution, le piégeage accidentel et la maladie telle que la maladie du Carré. La perte des habitats de prairies naturelles et de prairies entretenues par l’homme a été considérable dans toute l’aire de répartition historique du blaireau d’Amérique.

D’autres facteurs influent également sur la survie et le rétablissement du blaireau d’Amérique. Comme on l’a mentionné ci-dessus, l’espèce privilégie les régions présentant des dépôts sableux. Cette préférence peut amener le blaireau d’Amérique à se confiner dans des régions précises, ce qui limite sa capacité de se disperser. De plus, la disponibilité limitée de la nourriture et la faible densité démographique peuvent obliger le blaireau d’Amérique à agrandir son domaine vital pour trouver des proies et de la nourriture, ce qui peut accroître le risque de mortalité routière.

Les deux populations de blaireau d’Amérique sont inscrites comme espèce en voie de disparition sur la liste des espèces en péril à l’échelon provincial (Liste des espèces en péril en Ontario). À l’échelon fédéral, le blaireau d’Amérique de la sous-espèce jacksoni est inscrit comme espèce en voie de disparition (Annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril) et le blaireau d’Amérique de la sous-espèce taxus a été évalué comme espèce préoccupante par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC). À l’échelle mondiale, le blaireau d’Amérique est réputé non en péril; ce classement tient compte de plusieurs sous-espèces de blaireau d’Amérique.

Situation provinciale

Avant l’adoption de la Loi sur les espèces en voie de disparition, en 2007 (LEVD ou la « Loi »), le Comité de détermination du statut des espèces en péril en Ontario (CDSEPO) avait évalué le blaireau d’Amérique. Celui-ci a été inscrit comme espèce en voie de disparition sur la Liste des espèces en péril en Ontario, en 2004, mais il n’était pas réglementé aux termes de la Loi sur les espèces en voie de disparition précédente. L’espèce a conservé son statut d’espèce en voie de disparition au moment de l’entrée en vigueur de la LEVD en 2008. Le blaireau d’Amérique a récemment été réévalué par le CDSEPO, qui a alors désigné deux populations géographiquement distinctes de l’espèce, à savoir la population du nord-ouest (Taxidea taxus) et la population du sud-ouest (Taxidea taxus jacksoni). Ces deux populations sont inscrites comme espèces en voie de disparition. La Liste des espèces en péril en Ontario a été modifiée le 31 mars 2015 pour inclure les deux populations de l’espèce. De récentes études génétiques (Ethier et coll. 2012) ont indiqué que la population du sud-est semble génétiquement isolée des autres blaireaux du Canada, ce qui justifie sa reconnaissance en tant que population géographiquement distincte. On reconnaît également que la population du nord-ouest est plus étroitement regroupée avec le blaireau d’Amérique de la sous-espèce taxus au Manitoba. Dans ses prochaines évaluations, le CDSEPO pourrait examiner les renseignements qui concernent les menaces pour l’espèce et les tendances de sa population et de sa répartition que les mesures de protection et de rétablissement ont permis d’obtenir.

Protection de l’espèce et de l’habitat

La protection du blaireau d’Amérique et l’application de la réglementation qui vise à protéger son habitat sont des éléments importants de la mise en application de la LEVD et continuent d’être des mesures menées par le gouvernement, comme le précise la Déclaration du gouvernement de l’Ontario en réponse au programme de rétablissement. Les deux populations de blaireau d’Amérique sont inscrites comme espèce en voie de disparition et sont protégées depuis l’entrée en vigueur de la LEVD en 2008, loi qui interdit de les tuer, blesser, harceler, capturer ou prendre. De plus, l’habitat du blaireau d’Amérique est protégé de l’endommagement et de la destruction depuis 2010, année où le gouvernement a élaboré un règlement sur l’habitat pour cette espèce. La section 2.3 du chapitre d’introduction du présent document présente de plus amples renseignements sur la protection de l’espèce et de son habitat.

Même si la LEVD n’exige pas l’élaboration d’un règlement sur l’habitat pour une espèce en transition footnote 1 comme le blaireau d’Amérique, le gouvernement a tout de même élaboré un (Règlement de l’Ontario 242/08, article 24) afin de fournir des éclaircissements au public et aux autres intéressés sur les aires protégées en tant qu’habitat du blaireau d’Amérique. Le règlement sur l’habitat est inspiré des besoins de l’espèce en matière d’habitat et des commentaires reçus dans le cadre d’une consultation publique.

En 2015, le blaireau d’Amérique a été divisé en deux populations distinctes sur la Liste des espèces en péril en Ontario. Les deux populations sont toujours protégées en vertu de la LEVD, qui interdit de les tuer, blesser, harceler, capturer ou prendre. Cependant, par suite de la division de l’espèce en deux populations, le règlement sur l’habitat actuel pour le blaireau d’Amérique ne s’applique plus légalement à l’espèce. L’habitat des deux populations de blaireau d’Amérique est maintenant plutôt protégé de l’endommagement ou de la destruction d’après la définition générale de l’habitat dans la LEVD. Même si le règlement sur l’habitat ne s’applique plus, il reflète encore les meilleurs renseignements scientifiques disponibles, lesquels peuvent être utilisés lors de l’application de la définition générale de l’habitat aux deux populations nouvellement inscrites.

Toute personne qui nuit au blaireau d’Amérique ou à son habitat sans autorisation préalable risque une poursuite judiciaire en vertu de la LEVD.

En tant qu’espèce en voie de disparition, les deux populations de blaireau d’Amérique sont protégées depuis l’entrée en vigueur de la LEVD en 2008, loi qui interdit de les tuer, blesser, harceler, capturer ou prendre.

De plus, l’habitat du blaireau d’Amérique est protégé de l’endommagement ou de la destruction depuis 2010, moment où le gouvernement a élaboré un règlement sur l’habitat pour l’espèce.

Programme de rétablissement

Le blaireau d’Amérique fait l’objet d’un programme de rétablissement depuis le 18 février 2010, date qui a précédé celle exigée par la LEVD.

Ce programme renferme les meilleurs conseils scientifiques à l’intention du gouvernement. Il mentionne les besoins du blaireau d’Amérique en matière d’habitat et les menaces auxquelles il est confronté, en plus de recommander des objectifs et des approches pour protéger et rétablir l’espèce. Le programme de rétablissement comprend également des recommandations sur les aires d’habitat à envisager dans le cadre de l’élaboration d’un règlement sur l’habitat.

Déclaration du gouvernement en réponse au programme de rétablissement

Le ministère des Richesses naturelles et des Forêts (le « Ministère ») a publié le 18 novembre 2010 une déclaration du gouvernement en réponse au programme de rétablissement (la « Déclaration ») du blaireau d’Amérique, période qui correspond à l’échéance imposée par la LEVD. La Déclaration est une politique gouvernementale qui contient l’objectif du gouvernement de l’Ontario en ce qui a trait au rétablissement du blaireau d’Amérique.

Objectif de rétablissement

L’objectif du gouvernement de l’Ontario pour le rétablissement du blaireau d’Amérique est d’en arriver à des populations qui se reproduisent de façon durable et qui sont protégées dans toute l’aire de répartition actuelle de l’espèce en Ontario.

Pour faciliter l’atteinte de cet objectif, le gouvernement dirige et appuie un certain nombre de mesures de rétablissement. La section 2.5 du chapitre d’introduction du présent document présente les mesures communes menées par le gouvernement dans le cadre de travaux qui visent à atteindre l’objectif de rétablissement de l’espèce. La Déclaration relative au blaireau d’Amérique fait aussi mention de 11 mesures dans le cadre desquelles le gouvernement a mis en place différentes démarches pour soutenir la participation d’autres intervenants. Ces mesures, appuyées par le gouvernement, vont dans le sens des objectifs énoncés dans la Déclaration, à savoir :

  • Combler les lacunes dans les connaissances sur l’écologie, la répartition, la dynamique des populations et l’utilisation de l’habitat dans l’aire de répartition de l’espèce en Ontario
  • Déterminer, puis réduire ou éliminer les menaces associées à l’activité humaine qui pèsent sur le blaireau d’Amérique en Ontario
  • Accroître la sensibilisation du public et l’appréciation à l’égard du blaireau d’Amérique et son rôle écologique au sein des écosystèmes agricoles et des prairies

Les autres sections de ce chapitre présentent un examen des mesures menées ou appuyées par le gouvernement en vue d’atteindre l’objectif de rétablissement du blaireau d’Amérique.

2004 Inscription comme espèce en voie de disparition
 
2008 Protection de l'espèce
 
2010 Protection de l'habitat par un règlement sur l’habitat en 2010, puis par la définition générale de l’habitat en 2015
 
2010 Achèvement du programme de rétablissement
 
2010 Achèvement de la déclaration du gouvernement en réponse au programme de rétablissement
 
2015 Achèvement de l'examen quinquennale
 

Projets financés par le gouvernement

Le soutien financier de partenaires pour la mise en oeuvre d’activités de protection et de rétablissement du blaireau d’Amérique constitue une importante mesure menée par le gouvernement qui est mentionnée dans la Déclaration relative à l’espèce. Le Ministère, par l’entremise du Fonds d’intendance des espèces en péril, a financé un total de 29 projets conçus pour favoriser la protection et le rétablissement du blaireau d’Amérique. Quatre de ces projets (307 149 $) ciblaient exclusivement l’espèce, tandis que les 25 autres projets (1 452 886 $) ciblaient plusieurs espèces en péril, dont le blaireau d’Amérique. En plus du financement fourni par l’entremise du Fonds d’intendance des espèces en péril, les partenaires qui se concentraient exclusivement sur le blaireau d’Amérique ont signalé qu’ils avaient réussi à obtenir des fonds supplémentaires (53 665 $) d’autres sources, comme l’ont fait les partenaires des projets conçus pour profiter à plusieurs espèces en péril, y compris le blaireau d’Amérique (1 660 819 $). Ces valeurs du financement supplémentaire et de l’appui non financier comprennent les valeurs estimées du temps et de l’expertise que des bénévoles ont consacrés aux projets, et sont mentionnées ci-dessous.

Les partenaires d’intendance ont également indiqué que le soutien financier de la province leur avait permis de faire participer bénévolement six personnes, pendant 1 150 heures, à des activités de protection et de rétablissement axées exclusivement sur le blaireau d’Amérique, pour une valeur estimée à 11 000 $. Par ailleurs, un total de 2 091 personnes ont consacré bénévolement 25 879 heures de leur temps à des activités de protection et de rétablissement de plusieurs espèces en péril, dont le blaireau d’Amérique, pour une valeur estimée à 622 850 $. Les partenaires d’intendance du Ministère ont déclaré avoir assuré un rayonnement axé sur le blaireau d’Amérique auprès de 111 200 personnes par l’entremise des médias (p. ex., journaux, télévision et visites de sites Web) et d’événements communautaires. Un rayonnement axé sur l’écosystème et sur plusieurs espèces (dont le blaireau d’Amérique) a été assuré auprès de 30 515 personnes.

Fonds d’intendance des espèces en péril

  • 29

    projets incluaient le blaireau d’Amérique

  • 307 149 $

    projet pour blaireau d’Amérique exclusivement

  • 1 452 886 $

    pour des projets visant plusieurs espèces, don le blaireau d’Amérique

  • 1 714 484 $

    en appui et financement supplémentaires

  • 2 097

    bénévoles

  • 27 029

    heures de bénévolat

  • 141 715

    personnes atteintes par la sensibilisation

Par ailleurs, le Ministère soutient les promoteurs dans la recherche qui aborde les importantes lacunes dans les connaissances sur les espèces en péril. Par l’entremise du Fonds de recherche sur les espèces en péril de l’Ontario, le Ministère a offert du financement à un total de quatre projets pour effectuer de la recherche sur le déplacement, la dispersion, la répartition et la génétique du blaireau d’Amérique.

Dans le but de mieux comprendre l’écologie du blaireau d’Amérique, les partenaires d’intendance ont combiné la sensibilisation du public avec la recherche et la surveillance en invitant les membres du public à faire état de toute observation de l’espèce. Les observations signalées par le public ont permis aux partenaires de déterminer d’abord les zones d’activité récente du blaireau d’Amérique, puis de concentrer les efforts de recherche et de surveillance sur le terrain dans ces zones. Ces projets ont grandi et pris appui sur les travaux précédents au cours de chaque année de financement. Le reste de la présente section souligne ces projets et d’autres qui ont été soutenus par l’entremise du Fonds d’intendance des espèces en péril et du Fonds de recherche sur les espèces en péril de l’Ontario, ainsi que les mesures de rétablissement correspondantes soutenues par le gouvernement.

Pour accroître la sensibilisation et l’appréciation à l’égard du blaireau d’Amérique, les partenaires d’intendance ont rédigé de nombreux articles de journaux et de revues, ont distribué des dépliants, des brochures et des affiches et ont donné plusieurs présentations aux écoles et lors des événements à l’intention des intervenants. Des documents de sensibilisation ont été distribués de manière stratégique aux groupes d’intérêts pertinents tels que les propriétaires fonciers, les agriculteurs, les chasseurs, les taxidermistes, les naturalistes, les travailleurs routiers, les organismes de réhabilitation, les offices de protection de la nature et les parcs provinciaux. À titre d’exemple, les partenaires ont mobilisé directement les propriétaires de terres privées soupçonnés d’exercer des activités liées au blaireau d’Amérique en leur parlant personnellement ou en laissant de l’information à leur résidence. En Ontario, l’habitat de la plupart des espèces se trouve sur des terres privées et le fait de mobiliser directement les propriétaires permet d’accroître leurs connaissances au sujet des blaireaux tout en évoquant un sentiment de participation et de fierté. On a mobilisé davantage les agriculteurs par l’entremise d’articles dans des revues agricoles et des journaux locaux, ainsi que des envois postaux ciblés. De plus, un site Web a été créé en 2009 et a été mis à jour en conséquence pour fournir de l’information sur les blaireaux d’Amérique et des détails sur la manière de les reconnaître et de faire état de toute observation de ceux-ci. On a observé une augmentation spectaculaire du nombre de visites du site Web depuis sa création. On estime que le site Web fait l’objet d’environ 30 visites par jour, dont la moitié provient de l’Ontario. Ce projet a appuyé la mesure énoncée dans la Déclaration pour l’élaboration de documents de sensibilisation et de surveillance aux fins de distribution à divers groupes d’intervenants.

On a également maintenu une ligne directe pour permettre au public de signaler les observations; il s’agit d’une mesure indiquée dans la Déclaration. Par l’entremise de la ligne directe, du courriel et du site Web, environ 423 observations possibles de blaireau d’Amérique ont été signalées entre 2009 et 2013. Ces signalements ont aidé à déterminer les zones où les blaireaux d’Amérique pourraient résider et ont augmenté la sensibilisation à l’espèce.

Depuis 2009, les partenaires d’intendance analysent l’ADN des spécimens tués sur les routes et piégés ainsi que les échantillons de déjections et de poils provenant des blaireaux d’Amérique afin de déterminer le nombre d’individus au sein d’une certaine zone. Ce projet a mené à de nouveaux renseignements au sujet de la taille de la population de blaireau d’Amérique dans cette zone d’étude ainsi qu’à des renseignements sur des méthodes possibles de surveillance de la taille des populations de blaireau d’Amérique. Ce projet est en harmonie avec la mesure dans la Déclaration visant l’élaboration et la mise en oeuvre de protocoles de surveillance et de rapports afin de mieux comprendre la répartition et l’abondance du blaireau d’Amérique.

Les partenaires d’intendance ont également examiné les lacunes dans les connaissances sur la répartition et l’utilisation de l’habitat des blaireaux d’Amérique grâce à des dispositifs de radiotélémesure utilisés pour suivre neuf blaireaux d’Amérique en 2012 et 2013. Cette recherche a mené à d’importants nouveaux renseignements au sujet de l’utilisation de l’habitat de l’espèce, y compris la taille des domaines vitaux ainsi que les changements quotidiens et saisonniers dans les déplacements de l’espèce. L’étude a de plus permis de trouver un indicateur possible pour déterminer si un paysage convient à l’habitat du blaireau d’Amérique. Ces travaux sont directement liés à la mesure dans la Déclaration visant à déterminer l’utilisation de l’habitat et les déplacements de l’espèce grâce aux études à l’aide de dispositifs de radiotélémesure.

De grands progrès ont été accomplis relativement à la mesure dans la Déclaration visant à étudier la connectivité et les similitudes génétiques entre les populations de blaireaux d’Amérique pour améliorer les connaissances sur les obstacles à la dispersion et au flux génétique de l’espèce. Un partenaire a utilisé l’analyse de l’ADN de sous-espèces de blaireaux reconnues au Canada pour examiner la structure génétique de la population de blaireaux de l’Ontario. Les résultats de l’étude ont révélé que l’aire de répartition de la sous-espèce Taxidea taxus jacksoni pourrait être plus isolée et restreinte qu’on ne le croyait antérieurement et que les blaireaux d’Amérique dans le nord-ouest étaient plus étroitement associés à la sous-espèce Taxidea taxus qu’à la sous-espèce Taxidea taxus jacksoni. Les résultats de cette étude ont indiqué que deux populations génétiquement différentes de blaireaux d’Amérique se trouvent en Ontario. En outre, en examinant la connectivité entre les populations, les partenaires ont constaté que le détroit de Mackinac est probablement un obstacle important à la dispersion des blaireaux, tandis que la rivière Sainte-Claire semblait avoir un effet moins considérable à cet égard. Cela laisse entendre que la population du sud-ouest pourrait présenter un risque élevé à cause de l’isolement génétique et de la faible taille effective de la population (Ethier et coll. 2012). Les résultats de cette recherche ont joué un rôle-clé dans la réévaluation du blaireau d’Amérique et sont liés à la mesure dans la Déclaration visant à étudier la connectivité et les similitudes génétiques entre les populations de blaireaux d’Amérique pour améliorer les connaissances sur les obstacles aux déplacements et au flux génétique.

Efforts en vue de réduire au minimum les effets négatifs sur le blaireau d’Amérique

Le soutien des partenaires pour qu’ils entreprennent des activités visant à protéger et à rétablir le blaireau d’Amérique, par exemple par l’entremise de permis et des conditions assorties, est une importante mesure dirigée par le gouvernement indiquée dans la Déclaration pour l’espèce. Quatre « permis pour raison de protection ou de rétablissement » (c.-à-d. permis délivré en vertu de l’alinéa 17(2)(b)) ont été délivrés, exclusivement pour le blaireau d’Amérique. Les permis pour raison de protection ou de rétablissement sont délivrés si l’activité a pour but d’aider à protéger ou à rétablir une espèce en péril. On voulait ces permis dans le but d’effectuer des travaux de surveillance et de recherche scientifique sur le blaireau d’Amérique. La recherche a nécessité l’utilisation de dispositifs de radiotélémesure pour suivre les déplacements des blaireaux d’Amérique et pour prélever des échantillons de poils, de griffes, de tissus et d’excréments aux fins de tests génétiques. Le respect des protocoles de traitement des animaux pour le blaireau d’Amérique était une condition de délivrance des permis. Plusieurs de ces permis ont permis de mettre en oeuvre les mesures appuyées par le gouvernement indiquées dans la Déclaration, telles que déterminer l’utilisation de l’habitat et les déplacements de l’espèce, améliorer les connaissances sur la répartition et l’abondance de l’espèce et étudier la connectivité et les similitudes génétiques.

Sept activités susceptibles de nuire au blaireau d’Amérique ou à son habitat ont été enregistrées pour l’application du Règlement de l’Ontario 242/08 en vertu de la LEVD depuis 2013. Six des activités sont enregistrées sous « Menaces non imminentes pour la santé ou la sécurité » (article 23.18), tandis qu’une seule est enregistrée sous « Centrales éoliennes » (article 23.20). Les activités enregistrées sous « Menaces non imminentes pour la santé ou la sécurité » (article 23.18) exigent que la personne enregistrée se conforme à toutes les conditions du règlement, notamment :

  • prendre des mesures immédiates pour réduire au minimum les effets négatifs sur l’espèce et son habitat
  • créer et mettre en oeuvre un plan d’atténuation élaboré par un expert sur les espèces touchées pour les activités plus complexes

Les activités enregistrées sous « Centrales éoliennes » (article 23.30) exigent que la personne enregistrée se conforme à toutes les conditions du règlement, notamment :

  • prendre des mesures immédiates pour réduire au minimum les effets négatifs sur l’espèce et son habitat
  • créer et mettre en oeuvre un plan d’atténuation élaboré par un expert sur les espèces touchées et veiller à ce que le plan soit mis à jour au moins une fois tous les cinq ans
  • signaler toute observation d’une espèce rare
  • faire appel à un expert pour surveiller les effets des activités sur l’espèce ainsi que l’efficacité des mesures prises pour réduire au minimum les répercussion
  • 4
    permis pour raison de protection ou de rétablissement
  • 7
    enregistrements

Occurrences du blaireau d’Amérique en Ontario

Centre d’information sur le patrimoine naturel

Le blaireau d’Amérique est divisé en deux populations distinctes dans la province : la population du sud-ouest de l’Ontario et la population du nord-ouest de l’Ontario. Dans le sud-ouest de l’Ontario, on compte 19 populations locales footnote 2 où l’espèce a été documentée par des preuves de la reproduction. Seize populations locales sont subsistantes (c.-à-d. observées dans les 20 dernières années) et une seule population de blaireau d’Amérique, que l’on croit disparue (c.-à-d. qu’elle n’existe plus), a été signalée à la fin des années 1800. Il existe également deux populations historiques footnote 3 de blaireau d’Amérique (c.-à-d. qu’aucune observation de l’espèce n’a été signalée dans les 20 dernières années).

Depuis 2008, neuf nouvelles populations locales de blaireau d’Amérique ont été identifiées dans le sud-ouest de l’Ontario et des observations de l’espèce faites avant 2008 et récemment soumises ont permis d’identifier cinq autres populations locales, pour un total de 14 nouvelles populations. L’identification de ces nouvelles populations locales est probablement le fruit des efforts accrus de recherche et d’éducation au sujet du blaireau d’Amérique. En 2012, le COSEPAC a estimé que la population du sud-ouest de l’Ontario comportait moins de 200 adultes. La répartition globale de l’espèce demeure en général inchangée.

Le blaireau d’Amérique a toujours été présent dans le nord-ouest de l’Ontario et on croit que son établissement est dû à une série d’événements de colonisation et de disparition d’un endroit donné plutôt que de représenter une population viable et permanente (COSEPAC 2012). Les observations de l’espèce dans le nord-ouest de l’Ontario se limitent à une zone de 3 000 km2 entre la rivière à la Pluie et Fort Frances (COSEPAC 2012). Une aire de mise bas occupée a été observée en 2014 (J. Van den Broeck, comm. pers., 2015), confirmant la présence récente de l’espèce.

Depuis 2008, moment où le blaireau d’Amérique a bénéficié d’une protection en vertu de la LEVD, le Ministère a reçu 75 signalements de l’espèce. Ces signalements sont tirés d’observations documentées entre 1957 et 2014 en provenance de différentes sources. Ils ont permis de redéfinir le lieu où l’on sait que l’espèce se trouve au sein des deux populations en plus de fournir de plus amples renseignements sur l’habitat et les menaces. Par exemple, depuis 2008, des observations de l’espèce ont été faites chez deux populations antérieurement connues de blaireau d’Amérique. Il est possible que des observations du blaireau d’Amérique n’aient pas été soumises au Ministère. Encourager la soumission des observations de blaireau d’Amérique fait partie des mesures menées par le gouvernement qui sont inscrites dans la Déclaration.

Tout le monde est encouragé ou pourrait être obligé, par les exigences liées à une autorisation ou à une approbation, de soumettre ses observations du blaireau d’Amérique au Centre d’information sur le patrimoine naturel du Ministère pour qu’elles soient consignées au registre d’observations provincial.

  • 75
    signalements de ces espèces ont été communiqués au CIPN depuis 2008

Résumé des progrès accomplis vers l’atteinte de l’objectif de rétablissement et des recommandations

Résumé des progrès accomplis

La mise en place de toutes les mesures menées par le gouvernement et de la majorité de celles qu’il a appuyées, dont il est fait mention dans la Déclaration relative au blaireau d’Amérique, a progressé. Comme il est indiqué dans le présent chapitre, le gouvernement de l’Ontario a mené directement certaines mesures afin d’encourager la soumission de données sur le blaireau d’Amérique au Centre d’information sur le patrimoine naturel; de protéger l’espèce grâce à la LEVD et son habitat grâce au règlement sur l’habitat; de soutenir financièrement ses partenaires dans la mise en oeuvre d’activités de protection et de rétablissement de l’espèce. De plus, comme le mentionne le chapitre d’introduction du présent document, le gouvernement a établi et fait connaître ses mesures annuelles à financer en priorité (section 3.1); instruit les autres organismes et les autorités de planification sur la nécessité de tenir compte de la protection de l’espèce et de son habitat (sections 3.3 et 4.4); réalisé des activités de communication et d’intervention directe pour sensibiliser davantage le public aux espèces en péril en Ontario (section 4.3).

Des progrès ont été réalisés vers l’atteinte de tous les objectifs de rétablissement appuyés par le gouvernement et de la plupart des mesures connexes mentionnés dans la Déclaration relative au blaireau d’Amérique.

On a progressé vers l’atteinte des quatre mesures de l’objectif visant à combler les lacunes dans les connaissances sur l’écologie, la répartition, la dynamique des populations et l’utilisation de l’habitat dans l’aire de répartition de l’espèce en Ontario. Ces mesures ont été mises en place par le truchement des projets appuyés par le Fonds d’intendance des espèces en péril, par le truchement du Fonds de recherche sur les espèces en péril de l’Ontario ainsi que par le truchement des autorisations. Les mesures associées à cet objectif sont les suivantes :

  • déterminer l’utilisation de l’habitat et les déplacements de l’espèce grâce à des études menées à l’aide de dispositifs de radiotélémesure et d’une évaluation de la disponibilité d’habitat. (Mesure no 1; hautement prioritaire)
  • étudier le régime alimentaire du blaireau d’Amérique et l’écologie de ses espèces-proies. (Mesure no 2; hautement prioritaire)
  • mettre au point et en oeuvre des protocoles de rapport d’observation et de surveillance en vue de mieux comprendre la répartition et l’abondance du blaireau d’Amérique. Cela pourrait comprendre la collecte et l’analyse des individus tués sur les routes et piégés ainsi que des échantillons de déjections et de poils. (Mesure no 3; hautement prioritaire)
  • étudier la connectivité et les similitudes génétiques entre les populations de blaireaux d’Amérique pour améliorer les connaissances sur les obstacles aux déplacements et au flux génétique. (Mesure no 4)

Dans le cadre de l’objectif de déterminer, puis réduire ou éliminer les menaces associées à l’activité humaine qui pèsent sur le blaireau d’Amérique en Ontario, les projets permis grâce au Fonds d’intendance des espèces en péril ont appuyé les progrès accomplis vers la réalisation d’une des mesures de rétablissement indiquées, plus précisément :

  • déterminer la cause de la mort de tous les échantillons trouvés (mesure no 6)

Dans le cadre de l’objectif visant à accroître la sensibilisation du public et l’appréciation à l’égard du blaireau d’Amérique et son rôle écologique au sein des écosystèmes agricoles et des prairies, on a accompli des progrès vers la réalisation des trois mesures de rétablissement. Ces mesures ont été mises en oeuvre par le truchement de projets appuyés par le Fonds d’intendance des espèces en péril et ce sont les suivantes :

  • mettre au point une documentation axée sur la diffusion et la surveillance qui sera distribuée dans les collectivités rurales, auprès des agriculteurs, des piégeurs et des secteurs d’exploitation des agrégats, et tenir des ateliers d’information pour les groupes d’intervenants (mesure no 9)
  • collaborer avec les initiatives de rétablissement qui ciblent les écosystèmes des prairies et les espèces en péril afin de partager l’information et de chercher des possibilités d’optimiser les activités en cours (mesure no 10)
  • mettre en place une ligne téléphonique réservée au blaireau pour le signalement des observations par le public (mesure no 11)

Depuis 2008, on observe une augmentation du nombre de populations locales de blaireau d’Amérique au sein de la population du sud-ouest de l’Ontario. L’identification de ces nouvelles populations locales est probablement le fruit des efforts accrus de recherche et d’éducation qui sont déployés dans l’aire de répartition de l’espèce. Il est difficile d’estimer le nombre total de blaireaux d’Amérique; cependant, les résultats autorisent à penser que la population comporte moins de 200 adultes (COSEPAC 2012). On croit que l’existence de la population du nord-ouest de l’Ontario est due à une série d’événements de colonisation et de disparition d’un endroit donné (COSEPAC 2012). Une observation récente faite en 2014 indique que l’espèce est toujours présente.

De plus amples renseignements sont requis pour déterminer si le blaireau d’Amérique est en voie d’atteindre son objectif d’en arriver à des populations qui se reproduisent de façon durable et qui sont protégées; toutefois, l’identification de neuf nouvelles populations locales dans le sud-ouest de l’Ontario depuis 2008 est encourageante. La mise en oeuvre de protocoles de surveillance et de rapports, qui est une mesure appuyée par le gouvernement, et le fait de continuer à soumettre les observations du blaireau d’Amérique au Centre d’information sur le patrimoine naturel aideront à suivre les progrès vers l’atteinte de cet objectif.

Recommandations

Comme le stipule la Déclaration, l’évaluation des progrès accomplis pour protéger et rétablir le blaireau d’Amérique peut servir à déterminer plus facilement les ajustements à faire pour parvenir à protéger et à rétablir l’espèce. D’après les progrès accomplis à ce jour, l’orientation générale que propose la Déclaration relative au blaireau d’Amérique devrait continuer de guider les mesures de protection et de rétablissement de l’espèce, surtout en ce qui a trait à la mesure que la Déclaration désigne comme hautement prioritaire. La recommandation sur la mise en oeuvre de la Déclaration proposée ci-dessous vise à aller plus loin dans la protection et le rétablissement du blaireau d’Amérique :

  • il faudrait soutenir les mesures qui ont fait l’objet de peu de progrès dans la prochaine planification de la mise en oeuvre, comme élaborer et mettre en oeuvre, dans la mesure du possible, des options visant à réduire la mortalité sur les routes et le piégeage accidentel (mesure no 5); élaborer et mettre en oeuvre des protocoles à suivre pour s’occuper des animaux blessés, pour signaler les blaireaux d’Amérique blessés ou orphelins et pour maintenir des relations de travail avec les centres de réadaptation de la faune (mesure no 7); au fur et à mesure que les occasions se présentent, appuyer la protection de l’habitat du blaireau d’Amérique par l’entremise des programmes existants de protection et d’intendance des terres (mesure no 8).

Dans l’avenir, la protection et le rétablissement du blaireau d’Amérique continueront d’être une responsabilité partagée qui nécessitera la participation d’un grand nombre de particuliers, d’organismes et de collectivités. Le Fonds d’intendance des espèces en péril, le Fonds de recherche sur les espèces en péril en Ontario ou le Programme d’encouragement des exploitants agricoles à la protection des espèces en péril pourraient assurer un soutien financier pour la mise en place des mesures. Le Ministère pourrait aussi donner des conseils sur la possible nécessité d’obtenir une autorisation en vertu de la LEVD ou d’autres lois avant d’entreprendre un projet. Un travail concerté permettra d’accomplir d’autres progrès pour la protection et le rétablissement du blaireau d’Amérique en Ontario.

Résumé des progrès accomplis vers la protection et le rétablissement du blaireau d’Amérique en Ontario (de 2007 à 2014)

Situation provinciale

  • Le blaireau d’Amérique a été désigné comme une espèce en voie de disparition en vertu de la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition (LEVD) au moment de son entrée en vigueur. L’espèce a été réévaluée et divisée en deux populations nouvellement inscrites, les deux comme étant en voie de disparition, le 31 mars 2015. Le blaireau d’Amérique est protégé depuis 2008, car il est interdit de le tuer, blesser, harceler, capturer ou prendre; de plus, son habitat est protégé de l’endommagement et de la destruction depuis 2010. La protection de l’espèce et de son habitat continue de s’appliquer aux deux populations nouvellement inscrites.

Documents et directives propres à l’espèce publiés par le gouvernement

Projets d’intendance appuyés par le gouvernement

  • Par l’entremise du Fonds d’intendance des espèces en péril, le ministère des Richesses naturelles et des Forêts (le « Ministère »), a permis à ses partenaires d’intendance de mettre en oeuvre un total de 29 projets qui ont favorisé la protection et le rétablissement du blaireau d’Amérique. Quatre de ces projets (307 149 $) ciblaient exclusivement le blaireau d’Amérique, tandis que les 25 autres projets (1 452 886 $) ciblaient plusieurs espèces en péril, dont le blaireau d’Amérique.
  • Le soutien financier du Ministère a aidé les partenaires d’intendance à faire participer 2 097 personnes qui ont consacré bénévolement 27 029 heures de leur temps à des activités de protection et de rétablissement de multiples espèces en péril, dont le blaireau d’Amérique. La valeur estimée de ces participations bénévoles, à laquelle s’ajoute l’appui non financier s’élève à 1 714 484 $.
  • Les partenaires d’intendance ont signalé avoir assuré un rayonnement sur plusieurs espèces en péril, dont le blaireau d’Amérique, auprès de 141 715 personnes.
  • Par l’entremise du Fonds de recherche sur les espèces en péril en Ontario, le Ministère a appuyé un total de cinq projets qui abordent d’importantes lacunes de surveillance de l’espèce.

Soutien des activités humaines tout en assurant le soutien adéquat du rétablissement de l’espèce

  • Le Ministère a délivré quatre « permis pour raison de protection ou de rétablissement » en vertu de l’alinéa 17(2)(b) de la LEVD.
  • Sept activités ont été enregistrées pour l’application du Règlement de l’Ontario 242/08 en vertu de la LEVD pour cette espèce. Les activités sont enregistrées sous « Menaces non imminentes pour la santé ou la sécurité » (article 23.18) et « Centrales éoliennes » (article 23.20).

Occurrences et répartition

  • Deux populations de blaireau d’Amérique se trouvent en Ontario : une dans le sud-ouest et l’autre dans le nord-ouest. Les blaireaux d’Amérique ont été documentés dans 19 populations locales dans le sud-ouest de l’Ontario et s’établissent ici et là dans le nord-ouest de l’Ontario. Plus récemment, des blaireaux d’Amérique ont été observés en 2014 dans le nord-ouest de l’Ontario et dans neuf nouvelles populations locales dans le sud-ouest de l’Ontario depuis 2008.

Références et renseignements connexes


Notes en bas de page

  • note de bas de page[1] Retour au paragraphe Une « espèce en transition » est inscrite aux annexes 1, 3 ou 4 de la LEVD, mais a conservé le même statut depuis juin 2008.
  • note de bas de page[2] Retour au paragraphe Une population locale est une occurrence d’élément qui représente une zone de terre ou d’eau sur ou dans laquelle un élément (c.-à-d. blaireau d’Amérique) est ou a été présent. Elle comprend au moins une observation, et la zone a une valeur pratique de conservation puisqu’elle est importante pour la conservation de l’espèce.
  • note de bas de page[3] Retour au paragraphe Une population est considérée comme historique si elle n’a pas été enregistrée dans les 20 dernières années. Il se peut que des populations historiques existent encore, mais des renseignements mis à jour ne sont pas disponibles