La mobilisation et la participation des partenaires autochtones, qu’ils soient inuits, métis ou membres de Premières Nations, jouent un rôle important dans les démarches visant la sécurité et le bien-être dans les collectivités. C’est d’ailleurs en Ontario que l’on compte la plus importante population autochtone au Canada, dont 85 % vivent en secteur urbain ou rural (Statistique Canada, recensement de 2016). Les Autochtones forment le groupe démographique le plus jeune et le plus diversifié au pays, et celui dont la croissance est la plus rapide (Statistique Canada, recensement de 2016). Leurs valeurs, leurs approches et leurs pratiques innovantes offrent des possibilités uniques qui peuvent enrichir la vie de tous les Canadiens.

La sensibilité à la culture et à l’identité des communautés, élément essentiel de la planification de la sécurité et du bien-être dans les collectivités, devrait se refléter dans les stratégies et les programmes issus des plans locaux. C’est ainsi qu’on s’assure de créer des programmes locaux qui sont viables et stratégiques. Les municipalités doivent reconnaître que pour élaborer un plan efficace, il faut tâcher de comprendre les inégalités et les facteurs particuliers touchant les différents groupes, et aussi d’offrir une réponse. À titre d’exemple, les peuples autochtones pourraient être affectés par des facteurs de risque précis découlant d’événements historiques, comme la colonisation et la mise en œuvre de politiques d’assimilation. Notons également que les situations d’urgence à caractère social vécues dans les communautés autochtones, qui entraînent des débordements dans les services, peuvent aussi avoir des répercussions sur les services offerts par les municipalités avoisinantes.

L’établissement de relations avec les partenaires autochtones dès le début du processus de planification peut aider à ce que les forces, les points de vue, les besoins et la contribution des peuples, organisations et communautés autochtones soient intégrés dans les plans locaux. En veillant au respect des priorités et des points de vue de chacun, les municipalités peuvent gagner la confiance des partenaires autochtones. Cette approche peut aussi favoriser le renforcement des relations, la résolution de problèmes potentiels et la collaboration, dans l’objectif d’assurer le bien-être social et économique de toute la collectivité.

La présente section se veut un guide grâce auquel les municipalités qui se lancent dans la planification de la sécurité et du bien-être dans leur collectivité pourront mieux savoir comment mobiliser des partenaires autochtones et travailler avec eux.

Avantages de la mobilisation des partenaires autochtones

La liste ci-dessous présente certaines des retombées positives associées à l’intégration de partenaires autochtones à la planification de la sécurité et du bien-être dans la collectivité :

  • Création et maintien d’une collectivité où les peuples autochtones se sentent en sécurité et à leur place, et sont vus comme des partenaires égaux dans les décisions touchant la sécurité et le bien-être du milieu.
  • Établissement de relations positives et de partenariats fondés sur le respect mutuel.
  • Sensibilisation aux réalités vécues par les peuples autochtones et au traumatisme intergénérationnel qui les affecte, et amélioration des réponses à ces problèmes.
  • Reconnaissance des préjugés systémiques inscrits dans les structures actuelles, prise en charge de ces problèmes et déconstruction des stéréotypes touchant les peuples autochtones.
  • Élaboration conjointe de solutions culturellement pertinentes répondant aux divers besoins particuliers des Autochtones.
  • Création ou maintien de stratégies locales solidement ancrées dans la reconnaissance culturelle qui sont dirigées par les peuples et les communautés autochtones et entraînent des avantages à long terme pour toute la collectivité.

Grands principes de mobilisation

Il n’y a pas d’approche universelle pour mobiliser des partenaires autochtones. Chacun offre un point de vue unique et peut présenter des structures de gouvernance, des processus d’interaction ou des protocoles qui lui sont propres, et qui devraient être respectés.

Voici cependant certains grands principes à suivre lorsque vient le temps de mobiliser des partenaires autochtones et de travailler avec eux à la planification de la sécurité et du bien-être dans la collectivité:

  • Prendre le temps d’établir une relation basée sur la confiance et la compréhension : En raison de certains facteurs (par exemple, événements historiques, protocoles culturels, disponibilité des ressources), il pourrait être nécessaire de tenir plusieurs rencontres pour créer un lien solide. Une mobilisation réussie repose sur des relations de travail efficaces, qui se bâtissent avec le temps, dans le respect et la confiance. Soyez prêts à nouer des relations à long terme.
  • Connaître l’histoire : Avant d’entamer les discussions, vous devriez avoir une certaine compréhension des relations entre les collectivités autochtones et non autochtones. Consultez des membres de la communauté autochtone locale, des dirigeants d’organisations, des chefs politiques, des organisations autochtones provinciales, des aînés, des jeunes ou d’autres personnes afin de comprendre le contexte historique et actuel. Le rapport et les appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation peuvent aussi s’avérer des ressources utiles pour orienter les discussions.
  • Comprendre les répercussions des expériences vécues : Sachez que bon nombre de peuples, de communautés et d’organisations autochtones doivent composer avec les conséquences de la colonisation, qui perdurent par-delà les générations. Chaque partenaire peut en être à un stade différent dans le processus de réappropriation de ses traditions et enseignements culturels; c’est pourquoi les retombées de la mobilisation et de la collaboration pourraient varier selon les parties concernées. De plus, la prise en compte de la diversité entre les différents peuples et communautés autochtones, et au sein de chacun d’eux, aura pour effet de renforcer les avantages de la démarche.
  • Être prêt pour la discussion : Entamez vos discussions en ayant une bonne idée de ce que vous pouvez offrir dans le cadre de ce partenariat et établissez des attentes claires. Donnez à votre personnel des outils pour les préparer; un bon point de départ, par exemple, serait de le faire participer à une formation sur les compétences culturelles autochtones. En outre, la connaissance des protocoles permet d’établir des fondations stables centrées sur le respect mutuel, et donne le ton pour la suite des choses. Lors d’une rencontre avec des partenaires autochtones, une pratique courante consiste à reconnaître le territoire où l’on se trouve et à suivre le protocole culturel qui s’applique pour entamer une nouvelle relation du bon pied.
  • Déterminer les priorités et les objectifs communs : Cette démarche est une occasion de collaborer avec des partenaires autochtones. Lorsque vient le moment de définir les objectifs, une pratique exemplaire consiste à élaborer avec eux un processus de mobilisation qui conviendra à tous. Soyez ouverts à la possibilité de travailler conjointement, que ce soit pour définir les enjeux et les priorités ou élaborer les initiatives et les stratégies.
  • Mobiliser les partenaires au début du processus et à plusieurs reprises par la suite : Dans un projet, les partenaires autochtones sont souvent sollicités en fin de processus, lorsque les possibilités de contribuer de manière pertinente sont réduites. Il importe donc de mobiliser ces partenaires dès le début du projet, et de décider avec eux de la meilleure approche à adopter. Demandez-leur comment ils aimeraient participer, et définissez clairement des rôles et des responsabilités favorisant la responsabilisation mutuelle des parties. Par exemple, vous pourriez inviter des représentants de communautés ou d’organisations autochtones à siéger au comité consultatif participant à la planification de la sécurité et du bien-être dans la collectivité.
  • Établir des échéances raisonnables et créer un contexte où les partenaires se sentiront à l’aise : Une planification efficace passe par des échéanciers appropriés pour vos partenaires autochtones. Sachez que certains d’entre eux pourraient être dans des situations particulières influant sur leur capacité à participer aux rencontres. Par ailleurs, le processus de mobilisation devrait être adapté à la culture et accessible à tous ceux souhaitant y participer.

Pour entamer le processus de mobilisation, une municipalité communiquera avec les partenaires pour leur demander s’ils aimeraient s’investir, et si oui, de quelle façon. Elle pourrait vouloir solliciter les partenaires autochtones suivants : membres ou dirigeants des communautés en milieu urbain sur son territoire, communautés avoisinantes (par exemple, conseils de bande ou conseils tribaux), services de police, organisations communautaires locales (par exemple, conseils des Métis), organisations provinciales (par exemple, Tungasuvvingat Inuit) et fournisseurs de services locaux (par exemple, Indigenous Friendship Centres).