Le cadre de la planification de la sécurité et du bien-être dans les collectivités vise à amener les municipalités, les Premières Nations et leurs partenaires à songer à de nouvelles manières d’aborder les problèmes locaux et à trouver des solutions potentielles en explorant les options de gestion des risques par le truchement du développement social, de la prévention et de l’intervention centrée sur le risque. Alors que cela pourrait susciter un intérêt pour entamer un processus de planification collaborative à l’échelle locale, il existe plusieurs facteurs qui seront essentiels à l’élaboration et à la mise en œuvre réussies d’un plan.

Les facteurs clés du succès qui suivent devraient être pris en compte dans l’élaboration d’un plan :

  • points forts
  • accent sur les risques
  • sensibilisation et compréhension
  • plus haut niveau d’engagement
  • partenariats efficaces
  • données probantes et évaluation
  • sensibilité à la culture.

Points fortsd

La planification de la sécurité et du bien-être dans les collectivités ne consiste pas à réinventer la roue – il s’agit de reconnaître l’excellent travail qui se fait déjà dans les organismes et organisations individuels, et d’avoir recours à la collaboration pour faire davantage avec l’expérience et l’expertise locales. Les collectivités de l’Ontario comptent de nombreuses personnes travaillantes, compétentes et engagées qui veulent faire de leur collectivité un lieu sécuritaire et sain, et il est important de miser sur ces personnes lors de l’élaboration d’un plan. On peut également obtenir des renseignements et des conseils utiles en communiquant avec les autres collectivités afin de tirer profit de leurs réussites et des leçons qu’elles ont apprises.

Le domaine de la sécurité et du bien-être dans les collectivités touche tous les résidents et est important pour tous les aspects de notre collectivité — de l’éducation à la santé en passant par le développement économique. Il s’agit d’un domaine de la planification communautaire auquel de nombreux membres de la collectivité s’intéressent vivement et participent avec joie.
Lianne Sauter, Town of Bancroft

Accent sur les risques

La planification de la sécurité et du bien-être dans les collectivités est fondée sur une idée qui a retenu l’attention du secteur des soins de la santé depuis de nombreuses années — il est beaucoup plus efficace et bénéfique pour la qualité de vie d’une personne de prévenir plutôt que de guérir. Pour cette raison, les plans locaux devraient être axés sur les risques, et non sur les incidents, et devraient cibler les circonstances, les personnes et les lieux les plus exposés au risque. Comme stratégie de prévention à long terme, il est plus efficace de se concentrer sur le pourquoi ( c.-à-d. un élève souffrant d’un trouble déficitaire de l’attention non diagnostiqué et éprouvant des problèmes à la maison) que sur ce qui se produit (par exemple, un élève pris à sécher ses cours). Les risques devraient être isolés grâce aux expériences, aux renseignements et aux données des membres de la collectivité et des partenaires pour mettre en évidence les problèmes les plus importants et courants dans la collectivité. Par exemple, de nombreuses collectivités engagent un vaste éventail d’organisations et organismes locaux pour discuter des risques auxquels ils sont le plus souvent exposés, et compilent les données disponibles afin d’effectuer une analyse supplémentaire des tendances de risque sur lesquelles se concentrer dans leur plan.

Sensibilisation et compréhension

La planification de la sécurité et du bien-être dans les collectivités exige que chaque membre de la collectivité comprenne le rôle qu’il doit jouer afin de faire de la collectivité un endroit sécuritaire et sain pour vivre. Il est important d’engager les personnes, les groupes, les organismes, les organisations et les élus à travailler en collaboration et à promouvoir la sensibilisation et la compréhension de l’objet et des avantages d’un plan stratégique à long terme pour gérer les risques communautaires. Par exemple, il pourrait être plus utile de parler des résultats liés à une meilleure qualité de vie dans la collectivité — comme des familles et des quartiers plus forts — que de la baisse de la criminalité. Il ne s’agit pas seulement de prévenir la criminalité. Il s’agit de gérer les risques qui mènent les individus à la criminalité, et de jeter un regard critique sur les problèmes sociaux et les inégalités qui créent le risque en tout premier lieu. Les partenaires potentiels devront probablement comprendre à quoi ils s’engagent — et pourquoi — avant d’affecter tout le temps et toutes les ressources nécessaires.

Je crois qu’il est important de changer le discours tôt dans le processus. Une approche de développement social quant à la sécurité et au bien-être dans les collectivités est davantage un marathon qu’un sprint.
Susan Evenden, City of Brantford

Plus haut niveau d’engagement

Puisque la municipalité dispose du pouvoir, des ressources, de l’ampleur des services et du contact avec le public pour s’attaquer aux facteurs de risque et faciliter les partenariats communautaires, les collectivités de l’Ontario ont confirmé que les municipalités sont les mieux placées pour diriger le processus de la planification de la sécurité et du bien-être dans les collectivités. Dans les collectivités des Premières Nations, l’obtention de l’appui du chef et du conseil de bande donnera une voix forte au soutien de la planification de la sécurité et du bien-être dans les collectivités. Ce type de planification est une initiative à l’échelle de la collectivité qui nécessite un dévouement et un apport d’un vaste éventail de secteurs, d’organismes, d’organisations et de groupes. Pour s’assurer que tous les bons joueurs soient à la table, il est essentiel d’obtenir l’engagement du leadership politique local, des chefs des organismes et organisations, de même que d’autres principaux décideurs qui peuvent défendre la cause et s’assurer que leur personnel et leurs ressources sont disponibles pour appuyer le processus de planification.

Partenariats efficaces

Aucune personne ou organisation, ni aucun organisme ne peut, en agissant seul, exécuter entièrement la planification – l’efficacité d’un plan dépendra des partenariats et de la collaboration multisectorielle qui existent parmi ceux qui élaborent et mettent en œuvre le plan. En raison de la complexité de nombreuses questions qui ont une incidence sur la sécurité et le bien-être des personnes, des familles et des collectivités, notamment la pauvreté, les problèmes de santé mentale, les dépendances et la violence domestique, un vaste éventail d’organismes, d’organisations et de services doivent être impliqués pour créer des solutions exhaustives et durables. Cela pourrait commencer par la communication entre les fournisseurs de services, lorsque des renseignements sont échangés pour soutenir des liens significatifs tout en maintenant des objectifs et des programmes distincts. La coopération entre les organismes et les organisations est mutuellement bénéfique, car elle fait en sorte que ceux-ci s’entraident dans leurs activités respectives. La coordination repousse les limites des partenariats grâce à la planification et à l’organisation conjointes des activités et à l’atteinte d’objectifs communs. On parle de collaboration lorsque des personnes, des organisations ou des organismes sont prêts à faire des compromis et à travailler ensemble dans le but d’obtenir des résultats ou des gains mutuels. Il sera essentiel de travailler de cette façon pour l’élaboration d’un plan multisectoriel efficace. Bon nombre de municipalités, de Premières Nations et leurs partenaires qui élaborent des plans locaux ont découvert que le fait d’avoir un coordinateur spécialisé était très utile au soutien et à la facilitation de la collaboration parmi les différents partenaires engagés dans l’élaboration du plan. Au fur et à mesure que les partenaires travaillent ensemble et trouvent de nouvelles façons plus efficaces de s’attaquer à des problèmes communs, ceux-ci peuvent commencer à travailler en convergence, ce qui implique la restructuration des services, des programmes, des budgets, des objectifs ou du personnel.

Données probantes et évaluation

Avant qu’un plan puisse être élaboré, il sera important de recueillir les renseignements et les données probantes pour brosser un tableau clair de ce qui se passe dans la collectivité pour appuyer l’identification des risques prioritaires locaux. Certaines collectivités ont déjà commencé à recueillir et à analyser des données de diverses sources, dont Statistique Canada, des données des services de police et portant sur la criminalité, les niveaux d’emploi, les niveaux d’études, de même que des renseignements relatifs aux services sociaux et aux soins de santé. Si des lacunes dans le service ou les programmes sont découvertes dans les domaines de risque identifiés à l’échelle locale, une recherche devrait être effectuée pour déterminer l’intervention fondée sur des données probantes la plus appropriée à mettre en place. Par ailleurs, les collectivités qui ont déjà des stratégies fondées sur des données probantes en place qui répondent directement à un risque prioritaire local identifié dans leur plan devraient examiner chaque stratégie pour s’assurer que les mesures des résultats sont établies et qu’elles démontrent un impact positif. Selon ces résultats, l’amélioration ou l’expansion de ces stratégies devrait être considérée. Lorsqu’un plan achevé est mis en œuvre, les données et les renseignements seront tout aussi essentiels à l’évaluation de l’efficacité du plan à traiter des risques prioritaires et à créer des changements positifs dans la collectivité. Les mêmes sources de données et de renseignements qui indiquaient au départ que le logement et l’itinérance, par exemple, constituaient un risque prioritaire dans la collectivité devraient être revues et corrigées afin de déterminer si le risque a été atténué ou non. Le fait de partager la démonstration que le plan donne de meilleurs résultats pour les membres de la collectivité aidera à rehausser la confiance et l’appui à l’égard des organismes et organisations partenaires qui mettent en œuvre le plan, du processus de planification et du plan lui-même.

Sensibilité à la culture

La sensibilité à la culture est la capacité à bien tenir compte des besoins des divers groupes de la collectivité et à y répondre efficacement. Cette aptitude commence par la sensibilisation aux différentes cultures et pratiques et à la vision du monde de sa propre culture. Il s’agit de faire preuve d’ouverture et de respect à l’égard des différences culturelles, et d’acquérir les compétences et les connaissances nécessaires pour construire de bonnes relations interculturelles. Être sensibilisé à la culture, c’est aussi élaborer des stratégies et des programmes qui tiennent compte des contextes sociohistoriques, des déséquilibres de pouvoir systémiques et interpersonnels ainsi que des besoins et visions du monde des différents groupes, et qui offrent une réponse aux inégalités vécues par chacun de ces groupes.

  • sensibilsation à la culture - reconnaissance des différences
  • sensibilité culturelle - respect des différences
  • compétence - acquisition de compétences et de connaissances
  • séecurisation culturelle - Autoréflexion, empathie et défense des intérêts

Le processus de planification de la sécurité et du bien-être dans les collectivités devrait au minimum prendre en compte les critères de diversité ci-dessous, ainsi que leur influence sur les expériences vécues par les personnes et les groupes concernés (par exemple, augmentation des risques de préjudice, de victimisation et de crime) :

  • origine ethnique (par exemple, communautés racisées et communautés autochtones)
  • identité de genre et orientation sexuelle (par exemple, lesbiennes, gais, bisexuels, transgenres, transsexuels, bispirituels, intersexués, allosexuels et en questionnement)
  • religion
  • statut socioéconomique
  • éducation
  • âge (personnes âgées et jeunes)
  • handicap
  • statut de citoyenneté (par exemple, nouveaux arrivants, immigrants et réfugiés)
  • lieu de résidence (par exemple, régions nordiques, rurales et éloignées)

Les collectivités devraient adapter leurs programmes et leurs stratégies en fonction des besoins et des forces de chaque groupe, et aussi intégrer les facteurs de risque particuliers qui le touchent. Les responsables des plans devraient aussi viser l’inclusion dans la collectivité en veillant à éliminer les obstacles à la participation et en mobilisant de façon pertinente les groupes de la diversité.

Pour en savoir plus sur la mobilisation des jeunes, des personnes âgées et des partenaires autochtones, consultez respectivement les annexes B - Mobilisation des jeunes, C - Mobilisation des personnes âgées et D - Mobilisation des partenaires autochtones.

Conclusion

Les municipalités, les Premières Nations et leurs partenaires devraient prendre en considération les facteurs clés du succès tout au long du processus d’élaboration, de mise en œuvre, d’examen, d’évaluation et de mise à jour du plan. La prochaine section reliera le cadre de la planification de la sécurité et du bien-être dans les collectivités et les facteurs clés du succès aux conseils pratiques pour réaliser ce processus de planification.