Des travaux antérieurs ont révélé que les groupes les plus à risque de périr dans un incendie étaient les enfants et les personnes âgées. On constate ici que chez les enfants de moins de 10 ans, le taux de mortalité associé aux incendies résidentiels dans les communautés des Premières Nations est 86 fois plus élevé que celui du reste de l’Ontario, et plus élevé en particulier chez les enfants de moins de 5 ans.

En examinant le moment où ont eu lieu les incendies mortels dans les communautés des Premières Nations, on constate que 70 % des incendies mortels ont eu lieu durant les mois plus froids et 70 %, durant la nuit. On a observé le même phénomène dans le reste de l’Ontario et dans d’autres populations. Durant certains mois (avril, juin et novembre), les données de notre analyse s’éloignent cependant de la tendance généralement observée. Une analyse approfondie de ces mois devrait être envisagée. Que se passait-il dans les communautés en avril, en juillet et en août pour qu’aucun incendie mortel n’ait eu lieu? Et que se passait-il en janvier, en juin et en décembre pour qu’ils se multiplient?

Pour la plupart (86 %) des incendies mortels ayant frappé les Premières Nations, on a soit noté l’absence d’avertisseurs de fumée (fonctionnels), soit été incapable de déterminer s’il y en avait ou non. Il convient d’insister ici sur le rôle vital que jouent les avertisseurs et les plans d’urgence pour prévenir les pertes de vie. En signalant la présence de fumée, les avertisseurs peuvent leur donner le temps aux occupants d’une maison d’étouffer l’incendie dans l’œuf ou d’évacuer. Or, le recours à ces appareils peut être plus compliqué pour les Premières Nations en raison de facteurs comme l’éloignement ou bien l’utilisation de poêles à bois (lesquels tendent à déclencher de fausses alarmes).

La sensibilisation et la prévention restent donc essentielles pour réduire les pertes de vie. Pour favoriser l’installation, l’utilisation et l’entretien d’avertisseurs, il faut envisager des mesures de sensibilisation et de financement adéquates. On doit fournir aux ménages des avertisseurs de fumée convenant aux sources de chauffage qu’ils utilisent. Par exemple, dans les communautés où on utilise des poêles à bois, on pourrait recourir à des modèles spécifiquement conçus pour réduire les fausses alarmes. Le BCI propose des ressourcesfootnote 1 conformes au Code de prévention des incendies de l’Ontario pouvant être consultées par les communautés des Premières Nations. On y parle notamment de l’installation, du déplacement et de l’entretien d’un avertisseur de fumée; de la fonction d’arrêt temporaire des fausses alarmes; de l’essai de différents types d’avertisseurs; et des plans et exercices d’évacuation.

On conclut plus souvent à une cause inconnue dans les enquêtes sur les incendies mortels survenus dans des communautés des Premières Nations que dans celles menées dans les autres collectivités de l’Ontario. Cette situation est sans doute attribuable au fait que les structures sont souvent plus endommagées dans les communautés des Premières Nations. Le BCI indique en effet que les dommages aux structures sont plus importants dans les régions rurales ou éloignées qui ont un accès limité (voire inexistant) à un service de suppression des incendies. Dans ces conditions, il peut être très difficile de déterminer la cause du sinistre. Ces observations correspondent à celles des enquêtes menées dans des communautés des Premières Nations éloignées.

Il est important de noter que la réaction des services d’intervention et l’extinction de l’incendie ont à elles seules une influence limitée sur la survie des occupants; par conséquent, il est vital que ceux-ci soient mis en garde et évacuent les lieux rapidement. Il faut songer au financement et aux ressources qui permettront aux communautés des Premières Nations – que des services de sécurité incendie soient disponibles ou non – de mener les activités de formation et de sensibilisation dont elles ont besoin en matière d’évacuation en cas de feu, de sécurité incendie, d’entretien des installations et des ressources, etc. La formation doit par ailleurs être adaptée aux besoins et circonstances de chaque communauté. Pour guider leurs décisions quant à la protection contre les incendies, les communautés peuvent utiliser les guides d’évaluation des risques et les feuilles de travail élaborés par le BCI.

La présente analyse porte sur les facteurs ayant une incidence sur les décès par le feu. Comme on l’explique dans la section « Limites de l’analyse », d’autres facteurs pourraient jouer un rôle différent étant donné la réalité propre à chacune des 20 communautés étudiées. L’effet de divers facteurs socio-économiques (statut socio-économique, sécurité alimentaire, coût de la vie, surpeuplement, etc.) pourrait faire l’objet d’une nouvelle étude. Il pourrait aussi être pertinent d’analyser les ressources et les réalités des communautés des Premières Nations qui ont été frappées par des incendies mortels et de les comparer à celles qui ont échappé au même sort.

On pourrait enfin étudier l’incidence des éléments structurels sur les incendies mortels. Les matériaux de construction peuvent accroître l’inflammabilité d’un bâtiment et la vitesse de propagation d’un incendie. La présente analyse révèle des différences quant aux matériaux de construction et aux sources de chauffage dans les trois catégories de communautés étudiées. Les raisons de ces différences auraient besoin d’être étudiées.

Le groupe consultatif a soulevé plusieurs questions concernant les habitations et le financement. La Société canadienne d’hypothèques et de logement indiquait en 2018 qu’en Ontario, 25,5 % des Autochtones vivant dans des réserves habitaient des logements inacceptables, sans possibilité d’en trouver un défini comme convenablefootnote 2.

Voici certains enjeux associés aux décès par le feu pour lesquels une analyse poussée serait nécessaire :

  • financement des bâtiments
  • allocation des fonds pour répondre aux besoins de la communauté
  • rôle des codes relatifs aux incendies et aux bâtiments
  • entretien des bâtiments
  • problèmes et responsabilités liés au domaine de compétences

Notes en bas de page