Élaboration d’un plan de gestion des pêches pour la ZGP 18

Lester et al. (2003) a identifié le besoin de modifier la gestion des ressources halieutiques en Ontario à l’échelle spatiale et temporelle. En 2005, le ministère a commencé à mettre en œuvre le Cadre stratégique pour la gestion écologique de la pêche sportive en Ontario afin d’assurer la durabilité des ressources halieutiques et d’optimiser les possibilités de pêche sportive. La démarche décrite dans ce cadre est conforme à l’orientation stratégique du ministère des Richesses naturelles et des Forêts (MRNF) présentée dans Horizons 2020 (MRNF, 2015a) et dans les principes énumérés dans la Stratégie provinciale relative aux pêches (MRNF, 2015b).

Les zones de gestion des pêches ZGP ont été créées en tenant compte de facteurs biologiques, climatiques et sociaux pour établir l’infrastructure de la gestion des pêches. Ceci est un élément fondamental du cadre stratégique et il a entraîné la création de 20 ZGP.

En plus d’établir des ZGP, le cadre stratégique a également mis l’accent sur une plus grande consultation et participation du public en matière de gestion des pêches. Le conseil consultatif de la ZGP 18 a été formé en 2008 pour faciliter la participation de divers intervenants au processus de planification. Les membres de ce conseil ont joué un rôle vital dans l’élaboration de l’ébauche du plan en identifiant les buts, objectifs et stratégies de gestion ainsi que les mesures à prendre. Le conseil consultatif de la ZGP 18 qui a contribué à l’élaboration du plan comprenait des particuliers et des représentants des organismes suivants :

  • Canadian Flyfishing Magazine
  • Carleton University – Institute of Environmental Science et Department of Biology
  • Conservationists of Frontenac Addington
  • Fish-hawk.net (tribune en ligne)
  • Associations de lacs
  • Land O’ Lakes Tourist Association
  • Leeds Grenville Stewardship Council
  • Muskies Canada – Section d’Ottawa
  • Ontario Commercial Fisheries Association
  • Ontario Federation of Anglers and Hunters – Zone F
  • Ottawa Fly Fishing Society
  • pêcheurs récréatifs et de compétition
  • Renegade Bass
  • exploitants d’entreprises touristiques
  • Algonquins de l’Ontario

But et portée du plan :

Le plan de gestion des pêches de la ZGP 18 a été mis au point par le ministère des Richesses naturelles et des Forêts (MRNF) en tenant compte des commentaires et des recommandations du conseil consultatif de la ZGP 18. Le plan porte sur l’ensemble de la ZGP 18, incluant les eaux de la voie navigable du canal Rideau.

Les buts généraux du plan de gestion des pêches sont les suivants.

  1. Protéger les écosystèmes, les espèces et la diversité génétique de la ZGP 18.
  2. Optimiser les possibilités et les valeurs sociales, culturelles et économiques provenant de l’utilisation durable du point de vue biologique des ressources aquatiques.

Le plan de gestion des pêches décrit les défis de gestion, principalement ceux associés à la pêche à la ligne, mais aussi ceux liés à la présence limitée de pêche commerciale dans la zone. Le plan vise à relever ces défis en établissant un but et des objectifs dans un contexte de gestion durable des ressources. Il veut surveiller les diverses pêches pour assurer leur durabilité et leur qualité, et pour veiller à ce que des possibilités de pêche continuent d’être offertes dans l’avenir. Cet équilibre est établi sur l’analyse des données halieutiques et sur des discussions de concertation avec des membres du public, les Premières Nations et les communautés autochtones, des organismes gouvernementaux et non gouvernementaux, et des agences partenaires.

De plus, le plan de gestion des pêches établit les stratégies de gestion ainsi que les mesures à prendre pour atteindre le but et les objectifs. Le plan est également axé sur l’amélioration, la promotion et le maintien de communications ouvertes entre les organismes gouvernementaux et les parties intéressées au moyen d’une structure qui favorise une gestion coordonnée et collaborative des pêches. Le plan est un document dynamique conçu pour être facilement adapté à des situations futures. Le plan fera l’objet d’un examen lorsque de nouveaux renseignements deviendront disponibles ou que de nouveaux problèmes de gestion surgiront.

Les objectifs généraux du plan sont :

  • protéger et améliorer l’intégrité biologique de l’écosystème aquatique
  • promouvoir l’utilisation durable des ressources halieutiques
  • développer une meilleure connaissance des populations de poissons, de leurs habitats et des écosystèmes aquatiques
  • décrire l’état actuel de la communauté de poissons afin d’établir un point de référence de la santé de l’écosystème
  • fournir un cadre de travail pour la gestion des pêches
  • restaurer les communautés et les habitats de poissons afin d’établir des populations indigènes autonomes
  • promouvoir la sensibilisation, la valorisation et la compréhension des ressources halieutiques et des habitats aquatiques dont elles dépendent
  • faire participer les associations de pêcheurs et groupes d’intérêts environnementaux organisés, ainsi que le grand public, aux activités de gestion des pêches

Le plan de gestion des pêches de la ZGP 18 orientera la gestion des ressources halieutiques dans cette zone. Le but, les objectifs, le succès et l’orientation future du plan seront revus au fur et à mesure que l’information provenant des cycles subséquents du programme de surveillance à grande échelle (SGÉ) sera disponible.

Description de la ZGP 18

La ZGP 18 (Figure 1) couvre un territoire d’environ 2,5 millions d’hectares (25 000 km2) et comprend quelque 135 500 hectares (1 355 km2) d’étendues d’eau. Elle s’étend sur trois districts administratifs du MRNF dans la région du Sud : Kemptville, Peterborough et Bancroft. La zone longe la rivière des Outaouais au nord et est délimitée par le lac Ontario et le fleuve Saint-Laurent au sud, ces deux derniers plans d’eau étant gérés par l’Unité de gestion du lac Ontario du MRNF. La ZGP 18 comprend des zones urbaines, comme les villes d’Ottawa, Kingston, Belleville, Cornwall, Brockville, Hawkesbury et Clarence-Rockland. De plus petites collectivités situées dans cette zone, comme Napanee, Trenton, Alexandria, Carleton Place, Gananoque, Smiths Falls, Cloyne, Denbigh, Ompah, Plevna et Perth, sont également situées près de nombreux plans d’eau (Figure 2). Selon un recensement récent de Statistique Canada (2006), il y avait environ 1 500 000 personnes résidant dans le territoire couvert par la ZGP 18.

Carte en niveaux de gris de la FMZ 18 et des régions avoisinantes avec contour rouge
Figure 1. Carte de la ZGP 18 montrant les zones de gestion des pêches adjacentes.
carte multicolore des limites des municipalités dans la ZGP 18
Figure 2. Municipalités de palier supérieur situées dans la ZGP 18.

Toute la ZGP 18 se trouve à l’intérieur de deux écozones – le Bouclier canadien et les plaines à forêts mixtes (Figure 3). L’écozone du Bouclier canadien est caractérisée par une abondance de sols peu profonds (comme du loam à texture grossière), un substrat rocheux imperméable et un terrain vallonné qui créent des conditions idéales pour des étendues d’eau de surface (comme des lacs, rivières, terres humides et ruisseaux). Quatre-vingt-huit pour cent des lacs, étangs et rivières de la ZGP 18 se trouvent dans l’écozone du Bouclier canadien. Par comparaison, la partie est de la zone est caractérisée par des sols composés principalement d’argile, de loam et de sable. Ces sols et la topographie plate ont créé plusieurs ruisseaux et rivières d’eau turbide au débit lent (MRN, 1987). Pour cette raison, les aires situées en dehors du Bouclier canadien sont dominées plus par des ruisseaux, rivières et terres humides que par des lacs.

La ZGP 18 comprend environ 135 500 hectares de lacs, étangs, ruisseaux et rivières, dont 871 lacs portant un nom. La zone comprend trois principaux bassins hydrographiques (de l’ouest à l’est) : les rivières Mississippi, Rideau et Nation Sud, qui sont reliées à la plupart des plus gros plans d’eau de la zone. À l’intérieur de cette zone, dix-sept lacs sont de plus de 1 000 ha et ils représentent environ 25 % de la superficie aquatique totale. Parmi les autres rivières importantes dans la ZGP 18, mentionnons les rivières Skootamatta, Raisin, Napanee, Gananoque, Tay, Black, Kemptville Creek (bras sud de la rivière Rideau), Moira, Salmon et Cataraqui.

Vous pouvez obtenir des renseignements supplémentaires sur la ZGP 18 et ses communautés halieutiques dans les Renseignements généraux sur l’élaboration d’un plan de gestion des pêches pour la Zone de gestion des pêches no18 (MRN, 2014) (disponible en anglais seulement).

carte verte, bleue et grise des limites de l’écozone
Figure 3. Écozones représentées dans la ZGP 18 montrant la répartition des plaines à forêts mixtes, du Bouclier canadien et des plans d’eau.

Lignes directrices pour l’élaboration du plan de gestion des pêches

Les principes écologiques et lignes de conduite suivants sont tirés de la Stratégie provinciale relative aux pêches (MRN, 2014a) et fournissent une orientation pour la formulation de buts, objectifs et stratégies ainsi que de mesures à prendre pour la gestion des pêches.

Principes écologiques

Approche écosystémique
Les pêches seront gérées dans le contexte d’une approche écosystémique où tous les composants des écosystèmes, y compris les êtres humains et leurs interactions, seront considérés selon des échelles appropriées.
Capacité naturelle
Il existe une limite à la capacité naturelle des écosystèmes aquatiques et, en conséquence, aux avantages que l’on peut en tirer.
Communautés halieutiques qui se reproduisent naturellement
Les communautés halieutiques qui se reproduisent naturellement, constituées de populations de poissons indigènes, seront gérées en priorité. Les espèces de poissons non indigènes qui sont naturalisées seront gérées, selon les objectifs établis.
Protéger, rétablir, réhabiliter
Maintenir la composition, la structure et le fonctionnement des écosystèmes est la grande priorité de la gestion parce qu’il s’agit d’une approche à plus faible risque et d’un meilleur rapport coût-efficacité que le rétablissement ou la réhabilitation des écosystèmes qui sont devenus dégradés. La priorité sera accordée à la protection des poissons, des pêches et des écosystèmes dont ils dépendent ainsi qu’au rétablissement ou à la réhabilitation de systèmes dégradés, lorsque cela est nécessaire.
Poissons et écosystèmes aquatiques mis en valeur
Les pêches, les communautés halieutiques et les écosystèmes dont elles dépendent fournissent d’importants services écologiques, sociaux, culturels et économiques qui seront pris en considération lors des prises de décisions liées à la gestion des ressources.

Lignes de conduite

Droits ancestraux et droits issus de traités –
Les droits ancestraux et les intérêts dans les ressources halieutiques seront reconnus et contribueront à guider les plans et les activités du MRNF. Le MRNF s’est engagé à respecter les obligations de la province, constitutionnelles et autres, envers les peuples autochtones.
Prises de décisions éclairées et transparentes
Les décisions liées à la gestion des ressources seront prises à partir des meilleures données disponibles de la science et des connaissances, de manière ouverte et responsable. L’échange de connaissances scientifiques, techniques, culturelles et traditionnelles sera encouragé de manière à appuyer la gestion des poissons, des pêches et des écosystèmes dont ils dépendent.
Collaboration
Le MRNF a un mandat clair pour la gestion des pêches en Ontario, mais l’exécution de ce mandat nécessite la collaboration avec d’autres organismes de gestion responsables et d’autres entités également concernées par l’intendance des ressources naturelles.

Le plan de gestion des pêches regroupe un ensemble de stratégies qui représente les priorités de gestion de la ZGP. Chaque stratégie décrit les défis et les opportunités en matière de gestion, le but de la gestion ainsi que les objectifs et les mesures à prendre, notamment en ce qui concerne :

  • la gestion du doré jaune et du doré noir
  • la gestion du touladi
  • la gestion de l’achigan à petite bouche et de l’achigan à grande bouche
  • la gestion des petits poissons-gibiers (perchaude, marigane noire, crapet-soleil et crapet arlequin)
  • la gestion du maskinongé
  • la gestion du grand brochet
  • la gestion des espèces d’eaux froides (omble de fontaine, truite arc-en-ciel, truite brune, truite moulac et grand corégone)
  • les autres espèces de poissons (poissons-fourrages, poissons communs, poissons commerciaux et espèces en péril)
  • la pêche commerciale
  • la gestion des espèces envahissantes et des maladies des poissons
  • la sensibilisation, l’éducation et la participation du public à la gestion des pêches
  • la surveillance et l’évaluation
  • l’empoissonnement

Buts et objectifs de gestion, indicateurs, points de référence, cibles et stratégies (mesures à prendre)

Une des orientations nouvelles ou améliorées en matière de gestion des pêches en Ontario est le fait que les plans de gestion des pêches seront maintenant fondés davantage sur des objectifs et seront plus mesurables (lorsque cela est possible) que par le passé. Cette démarche permettra de mieux identifier ce que les gestionnaires des pêches essaient d’accomplir et aidera le MRNF et le public à évaluer si les stratégies qui sont mises en œuvre obtiennent les résultats désirés et atteignent les buts de gestion établis pour les différentes espèces de poissons.

Les sections suivantes décrivent les buts de gestion, les objectifs, les indicateurs, les points de référence, les cibles et les stratégies. Chacun de ces facteurs sera expliqué pour que les lecteurs puissent bien comprendre ce qu’ils veulent dire et comment ils influent l’un sur l’autre. Lorsque cela est applicable, des indicateurs, points de référence et cibles pourront être indiqués dans le tableau récapitulatif dressé pour chaque espèce dans le plan.

Buts de gestion

Les buts de gestion décrivent, en termes généraux, les situations ou résultats que les gestionnaires des ressources essaient d’obtenir. Ces buts nécessitent la réalisation d’un ou de plusieurs objectifs de gestion.

Objectifs de gestion

Les objectifs de gestion décrivent les résultats finals souhaités. Les objectifs doivent contribuer aux buts généraux de gestion des pêches pour chaque espèce de poisson, se conformer aux orientations stratégiques et aux lignes directrices et, lorsque cela est possible, être mesurables. Les objectifs peuvent refléter des facteurs biologiques, économiques ou sociaux. Les objectifs d’ordre biologique ou économique peuvent être quantifiés et mesurés tandis que certains objectifs d’ordre social ne peuvent pas être évalués de la même façon. Dans ces cas, des mesures de rendement seront indiquées dans les tableaux récapitulatifs des buts, objectifs et stratégies de gestion. Le MRNF mesurera le succès de ces objectifs à partir des commentaires des membres du conseil consultatif de la ZGP 18 et du public.

Stratégies

Les stratégies sont des mesures de gestion précises qui seront mises en œuvre, entraînant des résultats qui permettront d’atteindre les cibles de gestion visées et, en dernier lieu, de réaliser les objectifs de gestion.

Indicateurs

Les indicateurs sont des variables précises que les gestionnaires des ressources mesureront pour déterminer s’ils réalisent leurs objectifs de gestion. Les indicateurs sont directement liés aux objectifs de gestion et peuvent être mesurés à l’aide de programmes de surveillance.

Points de référence

Des points de référence sont associés à chacun des indicateurs; ils offrent un repère que les gestionnaires des ressources utilisent pour déterminer les progrès accomplis pour atteindre les cibles de gestion et, en dernier lieu, les objectifs de gestion. Les points de référence peuvent être utilisés de deux façons. Ils peuvent décrire la ligne de base (la situation ou l’état actuel) ou fournir une mesure pour comparer avec une autre valeur connue (comme une moyenne régionale).

Cibles

Les cibles traduisent un objectif de gestion décrit avec des mots en un objectif quantifiable avec un chiffre. C’est ce chiffre qui rend l’objectif mesurable. Puisque les cibles sont des mesures précises d’un indicateur, elles aident le public et les gestionnaires des ressources à mieux comprendre si un objectif est atteint. Les cibles sont essentielles pour déterminer les mesures de gestion futures. Lorsqu’une cible n’est pas atteinte, ceci sous-entend que l’objectif n’est pas atteint et que des mesures de gestion peuvent devoir être prises pour changer cette situation.

Si un objectif n’est pas atteint, une évaluation sera faite pour déterminer les facteurs qui peuvent en être la cause et les mesures de gestion qui doivent être adoptées pour atteindre l’objectif. Il peut arriver toutefois que les facteurs qui empêchent l’atteinte d’un objectif dépassent le champ d’application de la gestion des pêches.

Que la mesure d’un indicateur soit égale, inférieure ou supérieure à la cible visée, un examen des objectifs et mesures de gestion associés à cette cible est réalisé. L’examen peut indiquer que les objectifs et mesures de gestion n’ont pas besoin de changer ou, au contraire, que des modifications sont nécessaires. Le processus d’examen appuie une démarche de gestion adaptée et confirme que les plans de gestion des pêches doivent être souples et dynamiques, et qu’ils doivent être modifiés au besoin.

Gestion de l’habitat du poisson

La réalisation des objectifs de gestion associés à des espèces précises dans ce plan dépend de la quantité et de la qualité de l’habitat du poisson. Un habitat convenable qui appuie des populations halieutiques saines est nécessaire pour assurer la gestion des populations de poissons de façon à fournir des bienfaits sociaux et économiques qui sont durables. Le conseil consultatif et le MRNF croient que l’habitat du poisson dans son ensemble a besoin d’améliorations importantes dans plusieurs plans d’eau et dans l’ensemble de la zone en raison de nombreux facteurs de pression qui ont influé ou pourraient influer négativement sur l’habitat du poisson. Les activités de développement du territoire, comme l’agriculture/le pâturage, le développement hydroélectrique, l’aménagement du rivage ou de chalets, le développement urbain, la foresterie, l’aménagement routier et les traverses de cours d’eau ainsi que l’exploitation minière, ont toutes le potentiel de réduire les populations de poissons en dessous d’un niveau acceptable ou durable en dégradant ou détruisant l’habitat du poisson et en augmentant l’accès à la ressource, et donc l’exploitation.

Les activités suivantes influent présentement sur l’habitat du poisson et pourraient avoir des répercussions encore plus importantes avec des pressions accrues causées par le développement :

  • l’aménagement riverain, les nouveaux réseaux routiers dans des régions plus éloignées (foresterie/exploitation minière) et les traverses de cours d’eau en général peuvent tous causer un enlèvement important des zones tampons en bordure des rives et, dans certains cas, empêcher l’accès à des habitats de frai vitaux
  • de mauvaises pratiques agricoles, en plus de l’enlèvement de zones tampons très importantes en bordure des rives à la suite de l’aménagement riverain, causent également un apport élevé d’éléments nutritifs (entraînant une eutrophisation) dans les plans d’eau adjacents
  • les répercussions de la production d’hydroélectricité influent sur la gestion des niveaux des bassins d’amont, le débit et le niveau d’eau en aval ainsi que la restriction ou l’élimination du passage des poissons. La planification de la gestion de l’eau au cours des dernières années a révélé la valeur de l’habitat du poisson et l’importance d’en tenir compte lorsque les intérêts de divers utilisateurs sont évalués

La protection du poisson et de son habitat est du ressort du gouvernement fédéral. Pêches et Océans Canada (MPO) utilise la Loi sur les pêches pour protéger le poisson et son habitat et pour veiller à ce que le passage des poissons se conforme aux objectifs de gestion des pêches. L’article 35 de la Loi sur les pêches – Protection des pêches et prévention de la pollution – interdit à quiconque « d’exploiter un ouvrage ou une entreprise ou d’exercer une activité entraînant des dommages sérieux à tout poisson visé par une pêche commerciale, récréative ou autochtone, ou à tout poisson dont dépend une telle pêche », à moins d’en obtenir l’autorisation. Des dommages sérieux sont définis dans la Loi sur les pêches comme « la mort de tout poisson ou la modification permanente ou la destruction de son habitat ».

Le MPO a formulé un Énoncé de politique sur la protection des pêches pour offrir des orientations au personnel du MPO et aux organismes de réglementation partenaires lorsqu’ils administrent les dispositions de protection des pêches de la Loi sur les pêches. L’Énoncé vise à assurer la durabilité et la productivité continue de la pêche commerciale, récréative et autochtone.

Environnement Canada est responsable des dispositions de prévention de la pollution de la Loi sur les pêches, qui interdit le dépôt d’une substance nocive dans des eaux poissonneuses.

L’Ontario et le MPO ont élaboré des ententes et des protocoles pour assurer la protection et la gestion efficaces de l’habitat du poisson, y compris le Protocole de référence de l’Ontario relatif à l’habitat des poissons (2009). Ce protocole sera mis à jour pour refléter les modifications récentes apportées à la Loi sur les pêches.

En plus de la Loi sur les pêches (Canada), l’Ontario a également plusieurs lois et règlements provinciaux qui visent la protection de l’habitat du poisson et la durabilité des populations halieutiques, notamment la Loi de 1997 sur la protection du poisson et de la faune, la Loi sur les terres publiques, la Loi sur l’aménagement des lacs et des rivières (LALR), la Loi sur l’aménagement du territoire et la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition (LEVD). Le MRNF dispose également d’un certain nombre de lignes directrices (comme Gestion forestière : conservation de la biodiversité à l’échelle du peuplement et du site – disponible en anglais seulement) et d’outils, comme des permis de travail, des guides de planification de la gestion de l’eau et de la gestion des forêts, des approbations en vertu de la LALR, des permis et ententes en vertu de la LEVD ainsi que le modèle d’évaluation de la capacité d’aménagement des rives. En plus de traiter les répercussions sur l’habitat du poisson, ces outils permettent également au MRNF d’examiner comment les activités de développement affectent les populations de poissons.

Orientation actuelle de la gestion

Au niveau provincial, la protection de l’habitat du poisson est identifiée comme un but dans le document Stratégie provinciale relative aux pêches – Assurer la pérennité des ressources halieutiques (MRNF, 2015b) (disponible en anglais seulement), qui fournit une orientation stratégique de la gestion des ressources halieutiques en Ontario. Un des buts établis pour cette gestion est le suivant :

  • des écosystèmes sains soutenant des communautés halieutiques indigènes qui se reproduisent naturellement

Des objectifs précis de gestion de l’habitat du poisson sont décrits pour atteindre ce but :

  • protéger et maintenir la diversité des écosystèmes, la connectivité, la structure et le fonctionnement des écosystèmes aquatiques, y compris l’habitat du poisson 
  • restaurer, rétablir ou réhabiliter les populations de poissons dégradées et les écosystèmes dont elles dépendent, y compris l’habitat du poisson
  • anticiper et atténuer les changements environnementaux à grande échelle ou s’y adapter, et minimiser les effets environnementaux cumulatifs

Cette orientation est également reflétée dans la Stratégie de la biodiversité de l’Ontario (Conseil de la biodiversité de l’Ontario, 2011) qui a identifié comme un de ses buts deprotéger et rétablir la diversité génétique, la diversité des espèces et la diversité écosystémique de l’Ontario et les fonctions et processus connexes des écosystèmes.

Le conseil consultatif de la ZGP 18 reconnaît et appuie la capacité des lois et lignes directrices fédérales et provinciales de protéger l’habitat du poisson dans la ZGP 18. Des stratégies de gestion de l’habitat d’espèces précises ont également été formulées au cours de l’élaboration de ce plan pour aider à réaliser les objectifs et, en dernier lieu, le but visé pour chaque espèce de poisson.

Changement climatique

Bien que les points discutés ci-haut au sujet de l’habitat du poisson puissent influer directement sur celui-ci, la question du changement climatique est également un facteur qui peut perturber de façon importante l’habitat du poisson à long terme. Un climat affecté par le réchauffement de la planète perturbera beaucoup les communautés halieutiques et des espèces de poissons qui dominent présentement les communautés seront remplacées par d’autres espèces mieux adaptées aux conditions plus chaudes. Pour mieux comprendre et s’adapter aux changements dans les communautés de poissons causés par l’environnement changeant, il est essentiel que nous élargissions le mandat de la surveillance des pêches pour qu’il passe de la démarche traditionnelle axée sur des espèces particulières en mettant l’accent sur la gestion de leur exploitation à une démarche écosystémique plus globale qui surveille les changements dans les communautés halieutiques et la structure trophique à l’échelle du paysage et au cours du temps. Le conseil consultatif de la ZGP 18 appuie le programme de surveillance à grande échelle (SGÉ) et croit que sa démarche axée sur les communautés halieutiques permettra de recueillir des renseignements essentiels pour gérer l’exploitation des pêches à court terme et les changements dans les communautés à long terme à l’échelle de la zone et du paysage.