Tendances de la population d’achigans à petite bouche et d’achigans à grande bouche et état de la pêche

La population d’achigans à petite bouche et d’achigans à grande bouche dans la ZGP 18 a fait l’objet d’un sondage entre 1992 et 2010 en se servant de l’index des communautés de poissons riverains pris au filet (ICPRF). Un total de 27 relevés de l’ICPRF ont été effectués dans 16 lacs de la zone. De plus, une surveillance à grande échelle (SGÉ) a été réalisée dans 40 lacs de la ZGP 18 entre 2008 et 2010.

L’abondance d’achigans est affectée par la récolte et par la qualité de son habitat; on estime cette abondance avec le nombre moyen d’achigans pris dans un filet (capture par unité d’effort). Le taux de capture moyen d’achigans calculé avec les relevés de l’index des communautés de poissons riverains pris au filet (ICPRF) est de 5,6 achigans à grande bouche/filet et de 2,9 achigans à petite bouche/filet dans la ZGP 18.

Le taux de capture moyen provenant des relevés de surveillance à grande échelle (SGÉ) est de 0,9 achigan à grande bouche/filet et de 1,4 achigan à petite bouche/filet. Un plus grand nombre de classes d’âges et de poissons d’un âge maximal élevé indique un recrutement et une survie des poissons adultes réussis. Les données d’évaluation montrent qu’un certain nombre d’achigans à grande bouche et d’achigans à petite bouche atteignent l’âge maximal commun de 15 ans (Scott et Crossman, 1998), ce qui suggère un taux de survie élevé. Cinq pour cent des achigans à grande bouche et huit pour cent des achigans à petite bouche étaient âgés d’au moins 10 ans.

L’abondance et la répartition des tailles de l’achigan à grande bouche et de l’achigan à petite bouche peuvent s’expliquer par l’écologie de chaque espèce et l’habitat présent dans chaque lac. Certains lacs offrent un habitat diversifié et peuvent soutenir une population abondante de ces deux espèces. D’autres lacs offrent un habitat plus limité pour l’achigan à grande bouche mais peuvent soutenir une population saine et abondante d’achigans à petite bouche. Par ailleurs, certains lacs offrent un plus grand habitat végétalisé en eau peu profonde convenant à l’achigan à grande bouche mais un habitat moins grand pour l’achigan à petite bouche. Des changements dans la limpidité de l’eau, le climat et la communauté de prédateurs ont également augmenté la capacité productive de plusieurs des lacs dans la ZGP 18 pour des prédateurs visuels comme l’achigan.

L’achigan représente environ 31 % des prises totales et 22 % (11 % de chaque espèce d’achigan) des récoltes totales des pêcheurs sportifs dans la ZGP 18, avec un effort de pêche total de 63 cannes à pêche-heure par hectare (MRN, 2009a). Cette proportion d’effort a augmenté avec le temps en raison d’un accroissement des efforts de pêche à l’achigan et d’une réduction des efforts de pêche au doré jaune. L’accroissement des efforts de pêche à l’achigan a également entraîné une augmentation du nombre total d’achigans récoltés, bien que l’on observe également une hausse de la prise et remise à l’eau au cours des années. La taille moyenne des achigans récoltés (les deux espèces combinées) a diminué. Ceci pourrait être dû à l’attitude changeante des pêcheurs sportifs entraînant des taux de remise à l’eau plus élevés des poissons plus gros ou à une tendance émergente envers la récolte d’achigans de plus petite taille.

En résumé, les populations d’achigans dans la majorité des lacs de la ZGP 18 sont considérées comme étant très saines, relativement assez abondantes et ne montrant pas de signe de mortalité élevée. La plupart des populations comprennent une forte proportion de poissons ayant atteint ou presque, ou ayant dépassé, l’âge de maturité. La gestion de cette espèce devrait viser le maintien des populations dans les lieux de pêche gérés principalement pour l’achigan.

Gestion de l’achigan dans la ZGP 18

L’abondance accrue d’achigans dans la ZGP 18 a été reconnue comme une magnifique opportunité dans le plan de gestion des pêches. La productivité de la population d’achigans a augmenté considérablement au cours des dernières années et l’achigan représente maintenant une plus grande proportion de la communauté de poissons piscivores. L’achigan à grande bouche et l’achigan à petite bouche sont considérés comme des éléments intégraux des communautés halieutiques saines dans les eaux chaudes de la ZGP 18 et fournissent des possibilités de pêche sportive d’excellente qualité. Le MRNF et le conseil consultatif ont identifié un certain nombre de défis (et d’opportunités) concernant la gestion de l’achigan dans la ZGP 18.

Défis posés par la gestion (de certaines pêches) :

  • abondance réduite du nombre de gros poissons adultes
  • pêche à l’achigan grandement pratiquée sur une base constante
  • l’impact des tournois de pêche sur les populations d’achigans continue d’être une source de préoccupation pour le public

Opportunités de gestion :

  • surabondance d’achigans dans les pêches gérées principalement pour le doré jaune ou le touladi

Le MRNF, avec l’aide du conseil consultatif, a élaboré des objectifs et des stratégies pour traiter les défis (et opportunités) posés et aider à atteindre le but de gestion suivant concernant l’achigan.

But :

Maintenir l’excellente qualité de la pêche à l’achigan qui se reproduit naturellement.

Objectif 1 :

Maintenir l’abondance de l’achigan.

Tel que mentionné au début de cette section, la population d’achigans dans la plupart des lacs de la ZGP 18 est très abondante. Le MRNF et le conseil consultatif reconnaissent tous les deux que la population d’achigans a augmenté dans la zone au cours des dernières années. Les efforts de pêche à la ligne à l’achigan sont également à la hausse dans les lacs de la ZGP 18. Ceci a entraîné une récolte totale plus élevée d’achigans, bien que les taux de récolte (par rapport à la proportion de prises) aient diminué. De plus, la taille moyenne des achigans récoltés a diminué, ce qui pourrait être causé plus par la tendance à remettre les plus gros achigans à l’eau que par une diminution de la qualité des pêches.

La stratégie provinciale relative aux pêches du MRNF et le conseil consultatif de la ZGP 18 mettent la priorité sur les populations autonomes qui se reproduisent naturellement. Un certain nombre de stratégies décrites dans ce document continueront de maintenir ou d’accroître l’abondance des achigans et d’améliorer la qualité des possibilités de pêche à la ligne.

Dans d’autres territoires de compétence légale, l’achigan est très prisé par les pêcheurs sportifs pour l’excellente expérience de pêche et les possibilités de récolte offertes. Un bon nombre de pêcheurs résidents de l’Ontario méprisent les bonnes possibilités de récolte de ces espèces (information anecdotique – conseil consultatif de la ZGP 18).

Les lacs qui se trouvent dans la ZGP 18 soutiennent présentement un nombre modéré d’activités de pêche compétitives ciblant l’achigan à grande bouche et l’achigan à petite bouche. Il y a de nombreux enjeux et bienfaits sociaux associés à ces activités. Il y a une perception que ces activités menacent la durabilité et la qualité de la pêche récréative à l’achigan. Tous les risques possibles, y compris les tournois de pêche, doivent être incorporés dans les programmes de surveillance des pêches.

Un bon nombre d’études scientifiques ont été affectées à la quantification et à l’identification des causes de mortalité liée aux tournois de pêche, spécialement pour l’achigan. La recherche sur les tournois de pêche à l’achigan a permis d’améliorer les procédures de tournois et de réduire la mortalité globale des poissons à un point tel que les activités de tournoi bien organisées peuvent avoir un taux de mortalité initial d’achigans qui est moins de 5 % (Gilliland et al., 2002). Avec la popularité accrue de la pêche compétitive, les gestionnaires des ressources ont mis plutôt l’accent sur des répercussions moins évidentes, comme la mortalité différée ou le déplacement des poissons de leur territoire naturel habituel. Une étude à grande échelle des activités de pêche compétitives dans la ZGP 17 a conclu que ces activités ne représentaient pas une menace pour la durabilité des populations d’achigans à grande bouche (Ridgway, 2006). De plus, une recherche a identifié que l’exposition à l’air, particulièrement pendant la pesée lors des tournois, représentait un facteur de stress important pour les poissons capturés pendant le tournoi (Suski et al., 2004). Cette recherche a contribué à l’amélioration des procédures de pesée au cours des tournois, ce qui pourrait accroître le taux de survie des achigans capturés pendant ces activités. Les bienfaits économiques des activités de pêche compétitives pour les collectivités locales peuvent être très importants et le succès à long terme de ces activités dépend entièrement de la gestion appropriée et responsable des ressources actuelles. Les pêches d’achigans trophées peuvent générer des revenus importants (Chen et al., 2003; Corbett, 1999).

Les stratégies pour atteindre l’objectif visé comprennent :

  • utiliser les limites de prise et les saisons pour maintenir la récolte des pêcheurs à la ligne à des niveaux durables
  • surveiller les populations d’achigans pour évaluer l’efficacité des règlements actuels
  • identifier les priorités de recherche sur l’achigan pour le MRNF et le milieu universitaire afin de mieux gérer ces espèces
  • encourager la récolte d’autres espèces de poissons-gibiers non traditionnelles (comme la marigane noire ou les petits poissons-gibiers) dans les pêches gérées principalement pour l’achigan
  • encourager l’adoption de pratiques responsables (PGO) par les organisateurs d’activités de pêche compétitives à l’échelle locale et dans toute la zone, et communiquer l’information sur les activités de pêche compétitives aux pêcheurs à la ligne et au grand public (génération de revenus, résultats de la surveillance biologique)
  • à l’aide d’activités de sensibilisation, d’éducation et de surveillance, favoriser la conformité aux règlements des activités de pêche compétitives

Objectif 2 :

Augmenter les possibilités de pêcher l’achigan.

La modélisation du changement climatique prédit une augmentation considérable du recrutement des espèces de poissons d’eaux chaudes, y compris l’achigan. De plus, des changements dans les caractéristiques physiques des lacs (comme une croissance accrue de la végétation) peuvent avoir contribué à une modification de la communauté piscivore. Ces changements dans les communautés halieutiques de la ZGP 18 suggèrent que les lacs peuvent absorber un effort de pêche et une récolte accrus des populations d’achigans sans compromettre la durabilité de ces pêches. On doit continuer de surveiller cette tendance pour s’assurer que la qualité des pêches à l’achigan est préservée.

Un des éléments du mandat du MRNF est de fournir des possibilités de pêche en tenant compte de l’utilisation durable des ressources de pêche. L’abondance des deux espèces d’achigans peut soutenir un niveau de récolte important. Les possibilités actuelles de pêche sportive à l’achigan sont sous-utilisées dans plusieurs plans d’eau de la ZGP 18.

Les stratégies pour atteindre l’objectif visé comprennent :

  • mettre en œuvre la saison prolongée actuelle de pêche à l’achigan (du 3e samedi de juin au 15 décembre)

Ce but, ces objectifs et ces stratégies ont été résumés dans le tableau 3.

Tableau 3 : Résumé de la gestion de l’achigan

Adapté du format tabulaire.

But de la gestion de l’achigan

Maintenir l’excellente qualité de la pêche à l’achigan qui se reproduit naturellement.

Objectifs 1 :

Maintenir l’abondance de l’achigan.

Stratégies
  • Utiliser les limites de prise et les saisons pour maintenir la récolte des pêcheurs à la ligne à des niveaux durables.
  • Surveiller les populations d’achigans pour évaluer l’efficacité des règlements actuels.
  • Identifier les priorités de recherche sur l’achigan pour le MRNF et le milieu universitaire afin de mieux gérer ces espèces.
  • Encourager la récolte d’autres espèces de poissons-gibiers non traditionnelles (comme la marigane noire ou les petits poissons-gibiers) dans les pêches gérées principalement pour l’achigan.
  • Encourager l’adoption de pratiques responsables (PGO) par les organisateurs d’activités de pêche compétitives à l’échelle locale et dans toute la zone, et communiquer l’information sur les activités de pêche compétitives aux pêcheurs à la ligne et au grand public (génération de revenus, résultats de la surveillance biologique).
  • À l’aide d’activités de sensibilisation, d’éducation et de surveillance, favoriser la conformité aux règlements des activités de pêche compétitives.
Évaluation des progrès
  • Cycle 3 du programme de SGÉ
  • Cycle1 de l’index ICPRF
Indicateurs Points de référence Cibles
Capture médiane (en poids) par unité d’effort, (échantillonné) par zone pondérée (tous les lacs combinés des relevés SGÉ) :
  • SGÉ
  • ICPRF
Poids actuel (kg/filet) Poids actuel (kg/filet)
Proportion de lacs dans les relevés SGÉ où le rapport de biomasse (B/Bmax) est >0,5 % actuel de lacs % actuel de lacs
Proportion de lacs dans les relevés SGÉ où le taux de mortalité (Z/M) est <2
  • SGÉ
  • ICPRF
% actuel de lacs % actuel de lacs
Objectifs 2 :

Augmenter les possibilités de pêcher l’achigan.

Stratégies
  • Mettre en œuvre la saison prolongée actuelle de pêche à l’achigan (du 3e samedi de juin au 15 décembre).
Indicateurs Points de référence Cibles
N/A N/A N/A

Surveillance et évaluation de l’achigan

Le programme provincial de surveillance à grande échelle (SGÉ) est la principale méthode d’évaluation utilisée pour recueillir des données sur les pêches dans les lacs de l’Ontario. Le programme compile de l’information sur un grand nombre de lacs pour déterminer l’état de la pêche et les tendances à l’échelle de la ZGP 18. Le programme de SGÉ fournit de l’information sur les espèces de poissons, l’abondance, la structure des populations, la croissance et la maturité des poissons ainsi que les efforts de pêche sportive. En ce qui concerne l’achigan à grande bouche, il se peut que l’on ne recueille pas assez de données pour surveiller adéquatement cette population à l’aide de relevés de SGÉ et d’autres méthodes de surveillance plus approfondies peuvent être requises. Ces méthodes peuvent comprendre des projets de SGÉ modifiés qui ciblent l’habitat de l’achigan à grande bouche ou d’autres protocoles standardisés de prise au filet du MRNF (DAPDJF,ICPRF) qui conviennent spécifiquement aux lacs d’eaux chaudes. Une surveillance plus approfondie aidera à prendre de meilleures décisions d’aménagement du territoire et de gestion des ressources qui sont conformes aux buts, objectifs et résultats du plan de gestion de la ZGP 18.

Stratégies :

  • élaborer un programme de surveillance de l’achigan plus efficace
  • mettre en œuvre un programme de surveillance pour évaluer efficacement l’état des populations d’achigans dans toute la ZGP 18
  • fournir des possibilités de collaboration avec le public/des partenaires pour évaluer les pressions exercées sur les pêches et les taux de récolte en demandant au public de signaler leurs observations (comme avec des programmes bénévoles de journal du pêcheur)

Règlements actuels sur les pêches à l’achigan

Les pêches à l’achigan dans la ZGP 18 sont présentement réglementées avec une saison ouverte du 3e samedi de juin au 15 décembre ainsi qu’une limite de prise et de possession de six (6) poissons pour les détenteurs d’un permis de pêche sportive et de deux (2) poissons pour les détenteurs d’un permis de pêche écologique. Avant 2013, une saison de pêche plus courte (du 4e samedi de juin au 30 novembre) était en vigueur. Les possibilités additionnelles de pêche ont été fournies en se fondant sur les discussions préliminaires effectuées avec le conseil consultatif concernant la gestion de l’achigan. Il n’y a aucune limite de taille légale du poisson pouvant être récolté et la limite de prise et de possession est une limite combinée pour l’achigan à grande bouche et l’achigan à petite bouche. Huit des neuf réserves (sanctuaires) de poissons, établies à l’année longue dans la ZGP 18, visent spécifiquement l’achigan. Ces réserves avaient été établies dans le but de protéger d’excellentes aires de frai de ce poisson.