Dans le cadre du présent rapport, le Comité consultatif de la Loi Rowan recommande un certain nombre de mesures que l’Ontario pourrait prendre pour assurer la prévention et la prise en charge des commotions cérébrales dans le sport amateur.

Comme point de départ, nous nous sommes appuyés sur les recommandations du jury du coroner, que nous avons élargies et adaptées dans certains cas afin qu’elles englobent d’autres sports que le rugby. Les mesures recommandées sont indiquées ci-dessous. Parallèlement à celles-ci, nous tenons à attirer l’attention vers ce que nous jugeons comme la chose la plus importante devant se produire en Ontario, et au Canada, pour prévenir les commotions cérébrales : la culture liée aux traumatismes crâniens doit changer.

À une époque pas si lointaine, « se faire sonner les cloches » constituait presque un objet de fierté chez les athlètes. On riait de la situation et on la laissait derrière soi. Manifestement, c’est de moins en moins le cas aujourd’hui. Nous en savons maintenant beaucoup plus sur les effets et les dangers des commotions cérébrales. Cependant, pour un trop grand nombre de personnes, les commotions cérébrales sont un enjeu qui n’est toujours pas reconnu et abordé ouvertement. En fait, elles constituent une blessure invisible. Elles sont dissimulées et leurs effets sont cachés des entraîneurs, des coéquipiers et des membres de la famille. Cela peut être d’autant plus vrai dans le cas des athlètes animés par un esprit de compétition qui désirent plus que tout au monde « retourner au jeu ».

Rowan Stringer souhaitait « retourner au jeu ». Comme un tel sentiment d’invincibilité est si souvent observé chez les jeunes, il est difficile d’imaginer un jeune de 17 ans se sentir différemment dans pareil cas. La connaissance et la sensibilisation à l’égard des commotions cérébrales ainsi que des dangers encourus si elles ne sont pas prises en charge convenablement s’avèrent nécessaires pour faire contrepoids à ce sentiment d’invincibilité. Une commotion cérébrale n’est pas comme une entorse ou une ecchymose—on ne peut pas « la laisser passer » sans risquer des conséquences dévastatrices. Cela nécessite un changement de culture important, et un changement dans les conversations qui ont lieu dans chaque école, terrain de jeu et foyer.

Nous sommes d’avis que les mesures que nous recommandons dans le présent rapport contribueront grandement à améliorer la prise en charge des commotions cérébrales en Ontario. Elles permettront de mieux protéger les jeunes athlètes, mais elles s’avéreront plus efficaces si elles s’accompagnent d’une modification fondamentale de notre opinion à l’égard des traumatismes crâniens et, plus particulièrement, des commotions cérébrales. Parents, entraîneurs, joueurs, partisans — nous devons tous nous efforcer de changer cette culture dans le sport et dans les autres sphères, de sorte que le fait de subir une blessure pouvant être à l’origine d’une commotion cérébrale soit immédiatement considéré comme une situation grave. Tout athlète qui quitte un match ou une compétition pour subir des examens après avoir été frappé devrait être félicité, et non stigmatisé. Jusqu’à ce que nous soyons prêts, en tant que société, à changer cette culture, il nous sera difficile d’accroître la pratique sportive sécuritaire.