Qu'est-ce qu'une commotion cérébrale?

Lorsqu’on parle de la prévention et de la prise en charge des commotions cérébrales, il importe de veiller à bien comprendre le sujet. Les définitions du terme « commotion cérébrale » sont nombreuses, et certaines sont très techniques et médicales. L’une des définitions les plus utiles aux non-initiés est possiblement celle utilisée par l’organisme de prévention des blessures canadien Parachute :

Une commotion cérébrale est un type courant de traumatisme crânien et cérébral qui peut être causé par un coup direct ou indirect porté à la tête ou au corps (par exemple, une collision de voiture, une chute ou une blessure sportive). Cela provoque un changement dans le fonctionnement du cerveau, causant plusieurs symptômes. Lorsqu’une personne est victime d’une commotion cérébrale, les dommages à la structure de son cerveau ne sont pas apparents. Ainsi, les tests d’imagerie par résonance magnétique et tomodensitogrammes semblent appropriés footnote 1.

Tout au long du présent rapport, une distinction est établie entre les traumatismes crâniens et les commotions cérébrales. Dans ce contexte, le terme « traumatisme crânien » désigne autant les traumatismes légers, comme les ecchymoses ou les coupures sans commotion cérébrale, que les traumatismes très graves, comme les fractures au crâne ou les hémorragies cérébrales. Tous les traumatismes crâniens ne sont pas des commotions cérébrales; et les commotions cérébrales ne sont pas toutes causées par un traumatisme crânien.

Déclaration de consensus internationale sur les commotions cérébrales dans le sport

Le jury de l’enquête du coroner a recommandé que l’Ontario adopte la déclaration de consensus internationale sur les commotions cérébrales dans le sport. Cette déclaration a été établie pour la première fois dans le cadre d’un congrès tenu à Vienne, en Autriche, en 2001. Elle est mise à jour périodiquement. Ce fut le cas dernièrement au cinquième congrès international sur les commotions cérébrales dans le sport, tenu à Berlin, en Allemagne, en octobre 2016. Deux membres de notre comité, le Dr Charles Tator et Warren Hoshizaki, ont assisté au congrès. Le Dr Tator y a donné une présentation et a coécrit la déclaration de consensus.

Essentiellement, la déclaration de consensus internationale sur les commotions cérébrales dans le sport est axée sur les mesures suivantes : mieux informer les athlètes, les entraîneurs et les parents, et veiller à ce que les athlètes soient retirés de la surface de jeu même si on ne fait que soupçonner qu’ils ont subi une commotion cérébrale et exiger qu’on ne les autorise pas à retourner au jeu avant d’en avoir obtenu l’autorisation d’un médecin. Un athlète qui reçoit un diagnostic de commotion cérébrale doit suivre un processus de retour aux études et de retour au jeu qui est échelonné sur plusieurs étapes et qui s’appuie sur des lignes directrices fondées sur des données probantes, sous la supervision de professionnels dûment qualifiés.

Canada

À l’heure actuelle, il n’existe aucune approche commune au Canada pour prendre en charge les commotions cérébrales dans les nombreux milieux sportifs au sein desquels elles peuvent survenir, dont les écoles, les terrains de jeu et les centres de loisirs. La situation commence toutefois à changer.

En novembre 2015, dans ses lettres de mandat à l’intention de la ministre de la Santé et de la ministre des Sports et des Personnes handicapées, le très honorable premier ministre Justin Trudeau a inclus comme mesure l’élaboration « d’une stratégie nationale visant à renseigner les parents, les entraîneurs et les athlètes sur le traitement d’une commotion cérébrale ».

En mars 2016, le budget fédéral a attribué 1,4 million de dollars sur deux ans à l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) afin qu’elle travaille avec les provinces et les territoires à l’harmonisation des lignes directrices sur la prise en charge des commotions cérébrales en axant ses efforts sur les protocoles de retour aux études et de retour au jeu. L’harmonisation des lignes directrices sur la prise en charge des commotions cérébrales vise à fournir aux personnes soignantes, y compris les parents, et aux professionnels de première ligne, notamment les enseignants, les entraîneurs et les professionnels de la santé, des renseignements cohérents fondés sur des données probantes.

À la conférence fédérale, provinciale et territoriale des ministres responsables du sport, de l’activité physique et des loisirs tenue en juin 2016, il a été reconnu unanimement que les commotions cérébrales constituent un enjeu de santé publique important.

Le 6 décembre 2016, Son Excellence David Johnston a convoqué la Conférence du gouverneur général sur les commotions cérébrales dans le sport, intitulée Nous pouvons faire mieux. Cette conférence d’une journée, qui réunissait des dirigeants du domaine du sport, de la santé et des politiques publiques à Rideau Hall, a encouragé tout un chacun à faire de cet enjeu une priorité afin d’assurer une pratique sportive sécuritaire à tous les Canadiens. Cinq membres du Comité consultatif de la Loi Rowan ont assisté et participé à cet événement inspirant.

L’ASPC a accordé un financement à Parachute, un organisme canadien à but non lucratif de premier ordre consacré à la prévention des blessures formé en 2012, afin qu’il produise des lignes directrices canadiennes sur la prise en charge des commotions cérébrales qui sont fondées sur la déclaration de consensus élaborée à Berlin, présentant les mêmes objectifs que celle-ci, mais qui sont adaptées à la réalité canadienne. Un comité consultatif d’experts a été mis sur pied pour diriger ces efforts. Les Lignes directrices canadiennes sur les commotions cérébrales dans le sport ont été publiées par Parachute en juillet 2017.

Parachute collabore également avec des organismes de sport nationaux à l’examen des protocoles sur les commotions cérébrales qu’ils ont établis pour les sports sous leur responsabilité. Parachute et des intervenants du milieu du sport du pays ont discuté de l’orientation du processus d’élaboration des protocoles dans le cadre d’une activité d’harmonisation des protocoles sur les commotions cérébrales, à Ottawa, le 8 mai 2017. Les lignes directrices et les protocoles seront axés sur les enfants, les jeunes et les adultes qui pratiquent des activités sportives en milieu sportif ou récréatif, et ils devraient être achevés d’ici l’automne 2017.

En outre, les Instituts de recherche en santé du Canada financent actuellement 19 projets de recherche sur les traumatismes cérébraux légers, dans le but d’améliorer la prévention, le diagnostic et le traitement de ces traumatismes chez les populations les plus susceptibles d’en être victimes, notamment les enfants et les jeunes, les athlètes et les personnes âgées.

Le 29 mai 2017, le gouvernement du Manitoba a déposé le projet de loi 37, Loi sur les commotions cérébrales chez les jeunes athlètes. Ce projet de loi avait été soumis à une première lecture au moment de la rédaction du présent rapport, et il devrait faire l’objet d’une consultation publique à l’automne 2017.

Ontario

Parmi les territoires de compétence canadiens, l’Ontario est considéré comme un chef de file de la prise en charge des commotions cérébrales. Il s’agit de la première province à adopter une loi à l’égard des commotions cérébrales, en l’occurrence la Loi de 2016 sur le Comité consultatif de la Loi Rowan. De plus, l’Ontario a élaboré la note Politique/Programmes 158 (NPP 158), « Politiques des conseils scolaires sur les commotions cérébrales ». Cette note, publiée en 2014, demande aux conseils scolaires de la province d’élaborer et de mettre en oeuvre des politiques sur les commotions cérébrales qui prévoient des stratégies de sensibilisation aux commotions cérébrales, des stratégies de prévention et de reconnaissance des commotions cérébrales, ainsi que de la formation pour le personnel des conseils et des écoles.

La NPP 158 exige notamment que les conseils scolaires mettent en oeuvre des procédures de prise en charge (retour aux études et retour aux activités physiques) dans le cas des élèves chez lesquels on a diagnostiqué une commotion cérébrale. L’Association pour la santé et l’éducation physique de l’Ontario (Ophea) a élaboré un protocole sur les commotions cérébrales qui s’inscrit dans les Lignes directrices sur la sécurité en éducation physique de l’Ontario. Ce protocole était considéré comme la norme minimale devant être respectée par tous les conseils scolaires en Ontario dans le cadre de la mise en oeuvre de la NPP 158. Les 72 conseils scolaires de l’Ontario financés par les fonds publics disposent maintenant d’une politique sur les commotions cérébrales. Bien qu’il s’agisse d’un grand pas vers l’avant, les activités sportives qui se déroulent dans les écoles privées ou dans les écoles des Premières Nations et les sports amateurs extrascolaires ne sont pas régis par de telles exigences.

Le Comité est d’avis que bien que l’Ontario devrait être fier d’être un chef de file de la prise en charge des commotions cérébrales au Canada, le travail qu’il reste à accomplir est considérable. Vous trouverez ci-après les conseils que nous adressons au gouvernement pour lui permettre d’amorcer ce travail et de faire en sorte que la Loi Rowan devienne une réalité dans cette province, et un modèle aux quatre coins du pays.

État d'avancement

L’Ontario a déjà mis en oeuvre plusieurs des recommandations du jury depuis l’enquête du coroner sur le décès de Rowan Stringer. Il s’agit des recommandations indiquées ci-dessous :

Recommandation no 4

Le ministère du Tourisme, de la Culture et du Sport de l’Ontario devrait obtenir des renseignements et des ressources auprès de Parachute Canada, de l’Association pour la santé et l’éducation physique de l’Ontario (Ophea), de la Collaboration canadienne sur les commotions cérébrales et des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies des États-Unis et les mettre à la disposition des parents, des entraîneurs, des joueurs, des arbitres et des soigneurs.

Intervention : Cette recommandation a été mise en oeuvre par l’intermédiaire du portail relatif aux commotions cérébrales du site Ontario.ca. On la bonifiera en mettant en oeuvre la mesure de suivi no 13 du présent rapport.

Recommandation no 10

Le ministère de l’Éducation devrait dégager des fonds pour les districts scolaires afin d’assurer la pleine mise en oeuvre de la NPP 158. Ces fonds devraient servir notamment à couvrir les dépenses liées au projet de modification des Lignes directrices sur la sécurité en éducation physique de l’Ontario, en vigueur en septembre 2016, visant la certification des entraîneurs et les exigences relatives au secourisme.

Intervention : Des fonds ont été dégagés.

Recommandation no 13

Le ministère de l’Éducation devrait veiller à ce que la mise en oeuvre de la NPP 158 permette de répondre aux besoins uniques des familles dont la première langue n’est ni l’anglais ni le français, en mettant des ressources multilingues (p. ex., un outil de reconnaissance des commotions cérébrales) à la disposition des districts scolaires.

Intervention : Des ressources ont déjà été traduites en neuf langues différentes; elles sont accessibles sur le portail relatif aux commotions cérébrales du site Ontario.ca.

Recommandation no 17

Dans le cadre de la mise en oeuvre de la NPP 158, tous les conseils scolaires de l’Ontario devraient adopter les lignes directrices internationales consensuelles sur la prise en charge des commotions cérébrales dans le sport (élaborées à Zurich) comme norme de pratique pour assurer la prise en charge des commotions cérébrales.

Intervention : Les plus récentes lignes directrices internationales consensuelles sur la prise en charge des commotions cérébrales dans le sport, élaborées à Berlin et représentant une version actualisée de celles élaborées à Zurich, sont utilisées comme norme de pratique pour assurer la prise en charge des commotions cérébrales.

Recommandation no 19

Dans le cadre de la mise en oeuvre de la NPP 158, afin de soutenir les efforts de sensibilisation, tous les conseils scolaires de l’Ontario devraient obtenir des renseignements et des ressources auprès de Parachute Canada, de l’Association pour la santé et l’éducation physique de l’Ontario (Ophea), de la Collaboration canadienne sur les commotions cérébrales et des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies des États-Unis et les rendre accessibles.

Intervention : Cette recommandation a été mise en oeuvre par l’intermédiaire du portail relatif aux commotions cérébrales du site Ontario.ca. On la bonifiera en mettant en oeuvre la mesure de suivi no 13 du présent rapport.

Recommandation no 28

Dans le cadre de la mise en oeuvre de la NPP 158, tous les conseils scolaires de l’Ontario devraient veiller à ce que toutes les trousses de premiers soins des écoles contiennent un outil de reconnaissance des commotions cérébrales.

Intervention : Cette recommandation sera mise en oeuvre dans son intégralité en septembre 2017, lorsque la version actualisée d’un outil de reconnaissance des commotions cérébrales élaborée au congrès de Berlin sera accessible.

Recommandation no 46

La Société canadienne de la Croix-Rouge, Ambulance Saint-Jean et la Société de sauvetage devraient inclure un volet consacré à la sensibilisation aux commotions cérébrales et à la prise en charge de celles-ci dans la formation en secourisme. Ce volet de la formation devrait traiter des signes et des symptômes des commotions cérébrales, des conséquences catastrophiques possibles d’une prise en charge inadéquate de celles-ci, et de l’emploi des lignes directrices internationales consensuelles sur la prise en charge des commotions cérébrales dans le sport (élaborées à Zurich).

Intervention : Cette recommandation a déjà été mise en oeuvre.