La Police provinciale de l'Ontario traverse un moment difficile en ce qui concerne le mieux-être et la résilience de ses membres. Il existe continuellement une tension entre, d'une part, ce qu'il faut, sur le plan opérationnel, pour remplir le mandat de sécurité publique à l'échelle de l'Ontario dans un contexte où les demandes ne cessent d'augmenter alors que les ressources et les capacités organisationnelles sont limitées, et d'autre part, la santé physique et psychologique, le mieux-être, la résilience et l'expérience en milieu de travail des personnes qui exécutent ce mandat.

Les problèmes liés au mieux-être, notamment ceux qui découlent d'un travail dangereux et difficile, la pénurie de personnel et le stress lié au travail, sont responsables du nombre sans précédent d'agents qui ne sont pas en service ou qui ne travaillent pas sur les premières lignes. Tragiquement, depuis janvier 2012, 17 membres sont décédés par suicide, dont trois cette année.

Les membres ont fait état de cas préoccupants d'intimidation et de harcèlement au travail ainsi que des conflits et de la discorde au sein du milieu de travail. Les membres ont indiqué qu'il y a une perte de confiance envers le soutien de la direction.

Il nous apparaît clairement que la direction de la Police provinciale fait face à des défis immédiats et importants en ce qui concerne la culture organisationnelle et la santé de l'organisation. En particulier, le manque de soutien crédible, accessible et utile pour les membres qui ont des problèmes de santé mentale en est presque à un stade critique. Le manque de confiance de certains membres envers les processus offerts pour traiter les conflits au travail est très préoccupant. À certains égards, on dénote une dissonance entre les unités régionales et opérationnelles et certains services offerts par le Grand quartier général (GQG). Le mieux-être, qui peut être interprété d'une multitude de façons, présente des défis considérables dans l'organisme.

Cependant, la situation actuelle comporte également des occasions. Un nouveau commissaire, Thomas Carrique, a été nommé en avril 2019. C'est une occasion pour la Police provinciale de dresser le bilan des défis auxquels elle fait face et de renforcer les domaines dans lesquels elle connaît du succès. Le commissaire Carrique et sa nouvelle équipe de direction ont indiqué de façon sans équivoque que le mieux-être et la résilience font partie des grandes priorités.

« La plus grande force : la volonté en ce moment de reconnaître que le statu quo est intenable et que certaines choses doivent changer. » Membre de la Police provinciale

Les membres de la Police provinciale sont fiers, avec raison, du rôle de première importance qu'ils jouent dans les collectivités de l'Ontario et de servir le public. Il est important pour eux que l'organisation offre un milieu de travail sain et positif.

Un certain nombre d'études, de rapports et de discussions clés sur ces enjeux ont eu lieu en 2019 et fournissent des orientations concrètes et utiles pour la suite des choses. Grâce à la science, nous comprenons mieux maintenant les défis en matière de mieux-être auxquels font face les agents de police, les militaires et les autres premiers intervenants. La société parle de plus en plus de ces enjeux. Ce sont des signes positifs.

Pour gagner la pleine confiance des membres et favoriser la santé et la résilience au sein du personnel, le commissaire et son équipe de direction devront mettre en œuvre un train de mesures concrètes et constructives, notamment :

  • Veiller à ce que tous les membres la direction priorisent le mieux-être et la culture organisationnelle saine.
  • Veiller à ce que tous les membres de la direction, à tous les échelons, mettent l'accent sur les gens et l'empathie, et suivent des formations pour les aider à soutenir le personnel.
  • Recentrer et améliorer les ressources en santé mentale offertes aux membres.
  • Restructurer le processus de gestion des conflits en milieu de travail.
  • Prendre des mesures en ce qui concerne les pressions organisationnelles qui causent du stress pour le personnel de première ligne.

Bien que le présent Rapport contienne en grande partie des recommandations s'adressant au gouvernement et à la direction de la Police provinciale, les observations et les conclusions qui y sont présentées s'appliquent au sens large. Les défis auxquels font face les membres de la Police provinciale à l'heure actuelle ne dépendent pas de l'échec ou de la réussite d'une seule personne, d'un seul groupe ou d'une seule faction. De même, la responsabilité d'apporter des améliorations, de prendre des mesures et de réussir n'incombe pas à un seul individu ni à un seul groupe. Des mesures concertées sont nécessaires afin de remédier à ces enjeux préoccupants. Nous encourageons les personnes qui lisent le présent Rapport à réfléchir au rôle qu'elles peuvent jouer pour contribuer à une culture de mieux-être et de résilience au sein de la Police provinciale. Nous espérons également que les observations et idées mises de l'avant dans le présent Rapport seront utiles pour d'autres organisations qui font face à des défis similaires.