Une photo d’une Couleuvre royale
Photo : Joe Crowley

Introduction

Le présent chapitre propose une évaluation des progrès accomplis en Ontario dans la protection et le rétablissement de la couleuvre royale entre 2007 et 2015.

Renseignements sur l’espèce

La couleuvre royalee (Regina septemvittata) est un mince serpent non venimeux qui peut atteindre habituellement une longueur de 40 à 60 centimètres. Son dos est de couleur olive brunâtre et son ventre, jaune pâle. L’espèce se distingue grâce aux trois étroites bandes noires longitudinales sur son dos et les quatre bandes foncées qui parcourent toute la longueur de son ventre.

Au Canada, la couleuvre royale se trouve seulement dans le sud-ouest des comtés de Middlesex, Brant, Huron et Essex et sur la péninsule Bruce de l’Ontario. Cette espèce semi-aquatique se trouve rarement à plus de quelques mètres de l’eau. Elle a besoin d’une nappe d’eau permanente, de nombreux endroits où se cacher, comme des roches plates, et la présence d’écrevisses indigènes à chasser. Une nappe d’eau convenable peut être constituée d’eau courante ou stagnante, dont la température ne doit pas descendre sous les 18,3 °C pendant presque toute la saison active de l’espèce. La couleuvre royale a également besoin d’aires particulières pour la saison d’hibernation, comme des terriers de petits mammifères, des talus d’éboulis, des fentes de rocher ou des ouvertures dans les racines d’arbres.

Les plus importantes menaces à la survie et au rétablissement de la couleuvre royale sont la perte, la fragmentation et la dégradation de l’habitat, y compris la perte d’habitats particuliers, comme les sites d’hibernation, la fragmentation de l’habitat par des routes et d’autres obstacles, et les modifications de l’habitat causées par des espèces envahissantes, comme le roseau commun (Phragmites australis).

La survie et le rétablissement de la couleuvre royale reposent aussi sur leur sensibilité à la disponibilité d’un habitat riverain et aux exigences de leur diète spécialisée. Ces limitations influent sur la capacité de l’espèce à s'étendre dans de nouveaux habitats. Leur alimentation constituée principalement d’écrevisses est très préoccupante, puisque l’écrevisse américaine (Orconectes rusticus) ferait concurrence au principal objet de sa chasse. De plus, les populations de couleuvre royale sont relativement petites et dispersées sur tout le territoire de la province. La modestie et la fragmentation des populations entraînent une diminution de la variation génétique de chacune d’elles, de sorte que l’espèce présente moins de possibilités de s'adapter aux changements, ce qui nuit à sa survie et à son rétablissement.

La couleuvre royale est inscrite comme espèce en voie de disparition sur la liste des espèces en péril aux niveaux provincial (Liste des espèces en péril en Ontario) et fédéral (Annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril). À l’échelle mondiale, l’espèce est apparemment ou tout à fait hors de danger.

Situation provinciale

Avant l’adoption de la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition (LEVD ou la « Loi »), le Comité de détermination du statut des espèces en péril en Ontario (CDSEPO) avait établi que la couleuvre royale était une espèce menacée, mais elle n'était pas réglementée aux termes de la version précédente de la LEVD. Cette évaluation a mené à l’inscription de la couleuvre royale en tant qu'espèce menacée, en 2000, statut qu'elle détenait toujours au moment de l’entrée en vigueur de la LEVD, en 2008. Après une réévaluation du statut de la couleuvre royale, le CDSEPO l’a désignée espèce en voie de disparition et, en 2010, a modifié son statut dans la Liste des espèces en péril en Ontario. Au cours des prochaines évaluations, le CDSEPO pourrait tenir compte des données tirées des mesures de protection et de rétablissement pour en savoir plus sur les menaces pour l’espèce, ainsi que sur les tendances de ses populations et sa répartition.

Protection de l’espèce et de l’habitat

La protection de la couleuvre royale et l’application de la réglementation qui vise à protéger son habitat sont des éléments importants de la mise en application de la LEVD, et continuent d’être des mesures menées par le gouvernement, comme le précise la Déclaration du gouvernement de l’Ontario en réponse au programme de rétablissement. La couleuvre royale bénéficie d’une protection qui empêche quiconque de la tuer, de la blesser, de la harceler, de la capturer ou de la prendre depuis l’entrée en vigueur de la LEVD, en 2008. L’habitat de l’espèce est en outre protégé depuis 2010 contre l’endommagement ou la destruction. La protection de l’habitat reposait à l’origine sur la définition générale des habitats de la LEVD. L’habitat de la couleuvre royale est maintenant protégé par un règlement sur l’habitat entré en vigueur en 2013. La couleuvre royale bénéficie aussi d’une protection générale en tant que reptile spécialement protégé en vertu de l’annexe 9 de la Loi de 1997 sur la protection du poisson et de la faune (LPPF) (p. ex. interdiction de chasse/piégeage, approbations obligatoires pour l’achat et la vente, et autres).

Le gouvernement a élaboré un règlement sur l’habitat (Règlement de l’Ontario 242/08, section 29) pour la couleuvre royale le 17 décembre 2013. L’élaboration de ce règlement aura nécessité du temps supplémentaire pour bien tenir compte de considérations relatives à la complexité de l’espèce dans la description de l’aire à protéger en tant qu'habitat. Un avis affiché sur le Registre environnemental informait le public de la nécessité de prendre plus de temps. La réglementation sur l’habitat procure des éclaircissements au public et à d’autres intervenants à propos des aires à protéger en tant qu'habitat de la couleuvre royale. L’habitat réglementé renferme des aires dont l’espèce a besoin pour effectuer ses processus de vie (p. ex. hibernation, gestation et mise bas) dans son aire de répartition en Ontario. L’élaboration du règlement sur l’habitat reposait sur des données relatives aux besoins de l’espèce en matière d’habitat, ainsi que sur des facteurs sociaux et économiques, qui provenaient d’une variété de sources, dont les commentaires reçus dans le cadre d’une consultation publique.

Toute personne qui nuit à la couleuvre royale ou à son habitat sans autorisation préalable risque une poursuite judiciaire en vertu de la LEVD.

La couleuvre royalebénéficie d’une protection qui empêche quiconque de la tuer, de la blesser, de la harceler, de la capturer ou de la prendre depuis 2008.

De plus, l’habitat de la couleuvre royale est protégé de l’endommagement et de la destruction depuis 2010. La protection de l’habitat reposait initialement sur la définition générale du terme « habitat » figurant dans la LEVD. L’habitat de la couleuvre royale est désormais protégé par des dispositions réglementaires sur l’habitat qui ont pris effet en 2013.

Programme de rétablissement

La couleuvre royale fait l’objet d’un programme de rétablissement depuis le 18 février 2011, date qui a précédé celle exigée par la LEVD. Les programmes de rétablissement sont des conseils destinés au gouvernement et renferment les meilleures connaissances scientifiques disponibles. Il mentionne les besoins de la couleuvre royale en matière d’habitat et les menaces auxquelles elle est confrontée, en plus de recommander des objectifs et des approches pour protéger et rétablir l’espèce. Le programme de rétablissement comprend également des recommandations sur les aires d’habitat à envisager dans le cadre de l’élaboration d’un règlement sur l’habitat.

Réponse du gouvernement

Le ministère des Richesses naturelles et des Forêts (le « Ministère » ou le MRNF) a publié le 18 novembre 2011 une déclaration du gouvernement en réponse au programme de rétablissement (la « Déclaration ») de la couleuvre royale, période qui correspond à l’échéance imposée par la LEVD. La Déclaration est une politique qui contient l’objectif du gouvernement de l’Ontario en ce qui a trait au rétablissement de la couleuvre royale

Pour faciliter l’atteinte de cet objectif, le gouvernement mène et appuie des mesures de rétablissement mentionnées dans la Déclaration. . La section 2.5 du document intitulé Situation du Programme de protection des espèces en péril (2008–2015) présente vous présentera les mesures communes menées par le gouvernement dans le cadre de travaux qui visent à atteindre l’objectif de rétablissement d’une espèce. Voici une mesure particulière que le gouvernement a menée pour favoriser la protection et le rétablissement de la couleuvre royale :

Objectif de rétablissement

L’objectif du gouvernement pour le rétablissement de la couleuvre royale est de mettre fin au déclin de l’espèce et de parvenir à maintenir ou à augmenter les populations de l’espèce partout dans son aire de répartition actuelle en Ontario. Le gouvernement appuie toute étude de faisabilité visant à réintroduire des populations aux emplacements historiques à l’intérieur de l’aire de répartition en Ontario.

  • Mettre au point un protocole de recensement qui sera utilisé par les promoteurs et les partenaires afin de vérifier la présence ou l’absence de la couleuvre royale.

La Déclaration relative à la couleuvre royale dresse aussi la liste de 11 mesures appuyées par le gouvernement pour soutenir la participation d’autres intervenants. Ces mesures, appuyées par le gouvernement, vont dans le sens des objectifs énoncés dans la Déclaration, à savoir :

  • augmenter les connaissances sur la distribution, l’abondance, le cycle biologique, les menaces et les besoins en matière d’habitat relatifs à la couleuvre royale et à ses espèces-proies en Ontario;
  • mettre au point et en œuvre des mesures visant à maintenir et à rehausser la quantité et la qualité de l’habitat de la couleuvre royale, et réduire ou atténuer les menaces pesant sur l’espèce;
  • augmenter la sensibilisation de la population quant à la répartition, à l’habitat et aux possibilités d’intendance relatives à la couleuvre royale.
2000 Inscription comme espèce menacée
 
2008 Protectionde l’espèce
 
2010 Inscription comme espèce en voie de disparition
 
2010 Protection de l’habitat en vertu de la définition générale du terme « habitat » figurant dans la LEVD depuis 2010, puis par un réglement sur l’habitat qui ont pris effet en 2013
 
2011 Achèvement du programme de rétablissement
 
2011 Achèvement de la Déclaration du gouvernement en réponse au programme de rétablissement
 
2016 Achèvement de l’examen quinquennal
 

Projets financés par le gouvernement

Dans la Déclaration relative à la couleuvre royale, une des mesures importantes menées par le gouvernement consiste à soutenir financièrement ses partenaires dans la mise en œuvre d’activités de protection et de rétablissement de l’espèce. Le Ministère, par l’entremise du Fonds d’intendance des espèces en péril, a financé un total de 40 projets conçus pour favoriser la protection et le rétablissement de la couleuvre royale. Sept de ces projets (253 518 $) ciblaient exclusivement l’espèce, alors que les 33 autres (1 737 369 $) portaient sur de multiples espèces en péril, dont la couleuvre royale. En plus du financement du Fonds d’intendance des espèces en péril, les partenaires qui ont ciblé exclusivement la couleuvre royale ont rapporté qu'ils étaient parvenus à obtenir des fonds additionnels et un appui non financier (225 486 $) d’autres sources, comme l’ont fait les partenaires des projets conçus au profit de multiples espèces en péril, dont la couleuvre royale (3 495 366 $). Ces montants comprennent des fonds additionnels et un appui non financier sous forme de temps et d’expertise fournis par des bénévoles.

Loi sur les espèces envahissantes de l’Ontario

La Déclaration relative à la couleuvre royale indique qu'une espèce envahissante constitue une menace pour la survie et le rétablissement de l’espèce en Ontario. La Loi de 2015 sur les espèces envahissantes, adoptée par la province et entrée en vigueur le 3 novembre 2016, fournit un cadre habilitant pour favoriser la prévention, la détection et le contrôle des espèces envahissantes en Ontario. Ce cadre pourrait soutenir des mesures qui visent à atténuer les menaces posées par des espèces envahissantes à des espèces indigènes en péril, dont fait partie la couleuvre royale.

Les partenaires d’intendance ont aussi indiqué que le soutien financier de la province les avait aidés à faire participer 97 personnes qui ont travaillé bénévolement pendant 1 261 heures à des activités de protection et de rétablissement axées exclusivement sur la couleuvre royale, pour une valeur estimée à 40 513 $. Au total, 5 713 personnes ont travaillé bénévolement pendant 36 449 heures à des activités de protection et de rétablissement qui visaient plusieurs espèces en péril, dont la couleuvre royale, pour une valeur estimée à 775 230 $.

Les partenaires d’intendance du Ministère ont déclaré que grâce à leurs efforts et à ceux déployés par leurs bénévoles dans la mise en place de mesures mentionnées dans la Déclaration, ils avaient pu agrandir l’habitat de 59 hectares dont devraient bénéficier de multiples espèces en péril, y compris la couleuvre royale. Ils ont également indiqué qu'ils avaient procédé à une sensibilisation à la couleuvre royale auprès de 2 765 personnes, et à une sensibilisation écosystémique à plusieurs espèces en péril (dont la couleuvre royale) auprès de 155 139 personnes.

Le reste de cette section porte sur plusieurs projets subventionnés par le Fonds d’intendance des espèces en péril, ainsi que sur leurs mesures de rétablissement correspondantes, appuyées par le gouvernement.

Le Conseil d’intendance du comté de Huron travaille actuellement avec 10 autres partenaires (p. ex. organisations non gouvernementales, sociétés-conseils, chercheurs et autres) dans le cadre d’efforts concertés de grande envergure visant à recueillir des renseignements sur la couleuvre royale en Ontario. Ces groupes ont recours à des méthodes normalisées sur toute l’aire de répartition de la couleuvre royale en vue de recueillir des données sur l’utilisation de l’habitat, les interactions avec les proies, la génétique et la répartition actuelle de l’espèce (Edelsparre et McCarter, 2015). Les projets suivants ont été réalisés par différents organismes membres de ce groupe ayant reçu des fonds d’intendance pour financer des activités en lien direct avec les mesures mentionnées dans la Déclaration :

  • Un projet d’intendance, instauré en 2011 dans la vallée de la rivière Maitland par le Conseil d’intendance du comté de Huron et Conservation de la nature Canada (CNC), continue d’informer les recherches actuelles sur la couleuvre royale et favorisera la conservation de celle-ci dans les années à venir. Plusieurs objectifs du projet ont été ciblés, comme de déterminer la répartition de la couleuvre royale et les tendances de celle-ci dans le comté de Huron par la réalisation de recensements, d’études de marquage et de recapture, l’examen des caractéristiques de l’habitat (y compris les sites d’hibernation et de gestation) et de recensements des écrevisses. Les données recueillies ont servi à déterminer la sélection de l’habitat, à établir les dynamiques prédateur-proie et à faire des estimations de la taille de la population. Plus particulièrement, des études ont porté sur la probabilité d’occupation et de détection de la couleuvre royale dans la vallée inférieure de la rivière Maitland en 2013 et en 2014 afin de cerner les lacunes des connaissances sur la répartition connue de l’espèce. De plus, une analyse des proies menée en 2014 comportait la collecte de spécimens d’écrevisses, le contenu régurgité de l’estomac de la couleuvre royale et le prélèvement d’échantillons de l’eau de la rivière. L’analyse du contenu de l’estomac soumis à l’Institut de biodiversité de l’Ontario (IBO) a permis de déceler la présence d’écrevisse à rostre caréné (Orconectes propinquus) et d’écrevisse à pinces bleues (Orconectes virilis) dans les deux couleuvres royales. Ce projet pluriannuel soutient plusieurs mesures mentionnées dans la Déclaration, à savoir : déterminer la répartition et l’abondance de la couleuvre royale; effectuer des recherches afin de combler des lacunes sur le plan des connaissances liées à la couleuvre royale, y compris déterminer les superficies de domaine vital, les besoins et l’utilisation en matière d’habitat relatifs à tous les stades biologiques; identifier les espèces d’écrevisses-proies principales ainsi que leur répartition et leur abondance.
  • Le Conseil d’intendance du comté de Huron et d’autres partenaires effectuent des recensements normalisés en continu sur la couleuvre royale, dans toute la province, qui totalisent environ 140 recensements normalisés dans 20 emplacements où plus de 80 couleuvres royales ont été capturées ou observées. Ces efforts ont permis d’enrichir nos connaissances sur la répartition de la couleuvre royale sur le territoire ontarien, l’incidence des caractéristiques de l’habitat sur la répartition de l’espèce, la disponibilité des proies et les menaces potentielles. En 2015, des échantillons de sang, de matières fécales et de contenu stomacal régurgité ont été prélevés aux fins d’analyse de l'ADN. Les données génétiques tirées des échantillons de sang procureront plus de renseignements sur le niveau de flux génétique entre les populations et les sous-populations, ainsi que les données nécessaires pour dépister les populations potentiellement à risque de consanguinisation. Ce projet coordonne des recensements à l’échelle de toute la répartition provinciale et cible plusieurs mesures mentionnées dans la Déclaration, à savoir : les mesures hautement prioritaires qui consistent à mettre au point et en œuvre un programme de surveillance et de recensement à long terme des emplacements actuels et historiques; à déterminer l’emplacement de caractéristiques d’habitat clés comme les hibernacula et les lieux de gestation et d’éclosion; de même que la mesure qui consiste à effectuer des recherches afin de combler des lacunes sur le plan des connaissances liées à la couleuvre royale, y compris déterminer les superficies de domaine vital, les besoins en matière d’habitat, l’importance de l’isolement et du flux génétiques entre les sous-populations de l’espèce.
  • De plus, le Conseil d’intendance du comté de Huron et CNC ont publié un guide d’intendance pour la couleuvre royale (A Stewardship Guide for the Queensnake) en 2013. Cette publication soutient la mesure de la Déclaration qui consiste à assurer une communication et une diffusion efficaces dans l’aire de répartition actuelle de la couleuvre royale en fournissant un outil qui soutient les activités de sensibilisation et d’éducation.

Les efforts collaboratifs et stratégiques déployés par ce groupe ont favorisé le rétablissement de la couleuvre royale par la tenue d’activités collectives relatives à de multiples mesures prioritaires de la Déclaration. Il s'agit là d’un exemple imposant de ce que peuvent accomplir plusieurs partenaires dévoués qui travaillent ensemble en vue d’atteindre un objectif de conservation commun.

Recherches sur la couleuvre royale menées par le Ministère

Le ministère des Richesses naturelles et des Forêts mène des travaux de recherche et de surveillance d’espèces en péril, dont la couleuvre royale. Ces travaux procurent un important fondement scientifique pour la mise en application de la LEVD, car ils permettent de combler des lacunes en matière de connaissances et ciblent des mesures prioritaires mentionnées dans la Déclaration.

Une étude menée par Reid et Nocera (2015) a indiqué que l’écrevisse américaine envahissante pourrait avoir une incidence négative sur la couleuvre royale. Après l’examen de 99 sites riverains de tout le sud de l’Ontario et de plus de 7 500 écrevisses, les recherches ont montré que l’écrevisse américaine a une incidence négative sur les écrevisses indigènes (p. ex. diminution de l’abondance, de la richesse et de la répartition au sein d’un site), notamment d’une espèce que l’on soupçonne être la principale proie de la couleuvre royale, l’écrevisse à rostre caréné (Orconectes propinquus). L’écrevisse américaine était absente des sites qui font partie de l’aire de répartition connue de la couleuvre royale, mais elle est présente le long des parcelles en aval de la rivière Speed qui se trouve à proximité de celles de la rivière Grand où habite la couleuvre royale. Puisque nous ne savons toujours pas si la couleuvre royale chassera ou non l’écrevisse américaine envahissante, il faudra mener d’autres études pour le déterminer. Les auteurs recommandent une surveillance régulière dans les parcelles de rivière susceptibles d’être envahies par l’écrevisse américaine, afin d’élaborer et d’appliquer des protocoles d’élimination de cette espèce des habitats de la couleuvre royale. Ces recherches sont directement liées à la mesure hautement prioritaire de la Déclaration voulant que soient faites des enquêtes sur les impacts que l’écrevisse américaine pourrait avoir sur la couleuvre royale et les populations indigènes d’écrevisses.

Contribution du gouvernement du Canada au rétablissement de la couleuvre royale

Conformément à l’Accord pancanadien pour la protection des espèces en péril et à l’Accord sur les espèces en péril conclu entre le Canada et l’Ontario (Environnement Canada, 2011), l’Ontario et le gouvernement fédéral coopèrent régulièrement dans des domaines ayant un intérêt écologique commun, qui comprennent la protection et le rétablissement d’espèces en péril. De 2006 à 2012, grâce au Programme d’intendance de l’habitat pour les espèces en péril, Environnement et Changement climatique Canada a financé 26 projets et 6 projets additionnels sont en cours, qui ont profité directement à la conservation de la couleuvre royale en Ontario (Environnement Canada, 2015). Ces projets ont fourmillé d’activités, notamment des recensements ciblés de la couleuvre royale, la détermination de l’habitat des populations locales de l’espèce, l’acquisition de terres, la remise en état de l’habitat, l’étude ou l’atténuation des menaces pour l’espèce, l’encouragement à soumettre des données d’observations et la transmission de renseignements qui permettent l’identification de la couleuvre royale, la reconnaissance des menaces qui pèsent sur elle et le repérage des possibilités d’intendance. Grâce à une coopération manifeste et à une mise en commun de ressources limitées, beaucoup de ces projets ont aussi reçu un financement provincial pour soutenir collectivement les objectifs de rétablissement de la couleuvre royale et bon nombre de mesures connexes de la Déclaration.

Fonds d’intendance des espèces en péril

  • couleuvre royale
    253 518 $

    pour la couleuvre royale exclusivement

  • multiple projects
    1 737 369 $

    pour des projets visant plusieurs espèces, dont la couleuvre royales

  • dollar coin
    3 720 852 $

    en appui et financement supplémentaires

  • number sign
    40

    projets incluaient la couleuvre royale

  • two hands up
    5 810

    bénévoles

  • clock
    37 710

    heures de bénévolat

  • landscape picture
    59

    hectares

  • megaphone
    157 904

    personnes atteintes par la sensibilisation

Efforts pour minimiser les effets nuisibles et de procurer un avantage plus que compensatoire pour la couleuvre royale

Appuyer des partenaires à l’aide de permis et des conditions qui y sont associées est une importante mesure menée par le gouvernement. Au total, 16 permis ont été émis pour la couleuvre royale depuis que l’espèce est protégée aux termes de la LEVD. Il s'agissait de 15 « permis destinés à la protection ou au rétablissement » en vertu de l’alinéa 17 (2) b), dont la majorité concernait plusieurs espèces et 5, émis exclusivement pour la couleuvre royale. Des « permis destinés à la protection ou au rétablissement » sont émis lorsque l’activité qu'ils permettent de réaliser consiste à favoriser la protection ou le rétablissement de l’espèce précisée sur le permis. Ces permis habilitent une variété d’organismes à combler les lacunes en matière de connaissances (p. ex. répartition, traits du cycle biologique, besoins en matière d’habitat et autres), à atténuer les menaces (p. ex. par la réduction de la mortalité sur les routes) et à réaliser des activités de sensibilisation et d’éducation ayant trait aux espèces de serpents en péril, dont la couleuvre royale. De plus, un permis « pour avantage plus que compensatoire », c'est-à-dire en vertu de l’alinéa 17 (2) c), a été émis pour la couleuvre royale afin d’autoriser la réalisation d’activités de remise en état des berges d’une rivière à l’intérieur de l’habitat de l’espèce. Plusieurs des conditions rattachées à ces permis visent à mettre en place des mesures appuyées par le gouvernement qui sont mentionnées dans la Déclaration relative à la couleuvre royale, notamment :

  • compiler les données des observateurs et regrouper les bases de données existantes afin d’effectuer des recensements sur le terrain qui permettront de combler des lacunes sur le plan des connaissances liées à la couleuvre royale;
  • effectuer des recensements pour localiser les couleuvres royales et procéder à des études de marquage et de recapture des populations;
  • fournir le type d’habitat (Programme de classification des terres écologiques, si disponible) et coordonner cette mesure avec toute espèce de serpent observée durant les recensements;
  • mettre à jour les renseignements sur l’aire de répartition et l’habitat de la couleuvre royale;
  • restaurer, créer et maintenir l’habitat de la couleuvre royale (p. ex. gestation, thermorégulation et oviposition);
  • intervenir auprès des propriétaires fonciers et des membres de la collectivité pour les informer de la présence de la couleuvre royale;
  • signaler toutes les observations sur la couleuvre royale.

Voici quelques dispositions, entre autres, prises pour réduire au minimum les effets néfastes :

  • 1
    permis pour avantage plus que compensatoire
  • 15
    permis pour raison de protection ou de rétablissement
  • 11
    accords
  • 10
    enregistrements
  • suivre le protocole de soins animaliers pour les animaux sauvages approuvé par le Comité des soins aux animaux du Ministère et le conserver sur les lieux de l’activité;
  • exiger une formation sur les bonnes techniques de manipulation des reptiles avant de mener toute activité autorisée;
  • libérer toute couleuvre royale manipulée au point de capture, le cas échéant, durant les recensements sur le terrain ou d’autres activités liées à d’autres permis applicables, en multipliant les efforts pour confirmer l’identification de l’espèce sans avoir à capturer l’animal.

Vous trouverez plus de renseignements sur les permis pour procurer un avantage global dans le Registre environnemental de l’Ontario.

Onze ententes relatives à la couleuvre royale ont été conclues par le truchement du Règlement de l’Ontario 242/08 (avant la modification apportée le 1er juillet 2013). Les modalités des ententes prévoient l’insertion des mesures suivantes, entre autres, dans le plan d’atténuation :

  • réduire au minimum les conséquences préjudiciables de l’activité (p. ex. ériger des barrières temporaires, approuvées par le MRNF, pour empêcher la couleuvre royale de pénétrer dans la zone des travaux);
  • surveiller, recueillir et tenir à jour les renseignements sur l’espèce et les mesures d’atténuation qui ont été prises;
  • présenter un rapport annuel qui résume les résultats et l’efficacité des travaux.

Un total de 10 activités susceptibles de nuire à la couleuvre royale ou à son habitat a été enregistré aux fins du Règlement de l’Ontario 242/08 de la LEVD. Deux d’entre elles ont été enregistrées dans la catégorie « Installations de drainage » (article 23.9); trois, dans la catégorie « Protection des écosystèmes » (article 23.11); quatre, dans la catégorie « Activités de protection et de rétablissement des espèces » (article 23.17); le reste, dans la catégorie « Menaces non imminentes pour la santé et la sécurité » (article 23.18). Ces enregistrements obligeaient la personne inscrite à se conformer à toutes les conditions du règlement, notamment :

  • veiller à ce que soient prises des mesures raisonnables pour réduire au minimum les conséquences préjudiciables de l’activité pour l’espèce et son habitat (p. ex., contrôle de l’érosion et des sédiments dans toute zone touchée par l’activité; formation sur l’identification de l’espèce et de son habitat);
  • mettre en place les mesures prévues dans un plan d’atténuation élaboré par un spécialiste de l’espèce;
  • documenter et tenir des dossiers sur les interactions avec l’espèce;
  • faire participer des spécialistes de l’espèce, si nécessaire, à la réalisation ou à la supervision de certaines activités;
  • s'assurer que toute observation de l’espèce est soumise au Centre d’information sur le patrimoine naturel dans les trois mois qui suivent ladite observation;
  • préparer un rapport annuel qui mentionne toutes les observations de l’espèce et décrit les mesures prises pour réduire au minimum les conséquences préjudiciables de l’activité pour l’espèce.

Guides et ressources pour la couleuvre royale

La boîte à outils de référence pour les espèces en péril est une bibliothèque électronique qui contient des pratiques de gestion exemplaires (PGE) et des ressources techniques susceptibles de vous aider à répondre aux exigences de la LEVD et de son règlement d’application.

En 2013, le Ministère a élaboré des directives, dans « Meilleures pratiques : clôtures d’exclusion des reptiles et des amphibiens » (en anglais seulement), pour aider les propriétaires fonciers, les praticiens en matière de conservation et les experts-conseils en environnement à réduire les menaces que posent les routes et les installations routières connexes sur les espèces d’amphibiens et de reptiles en péril et sur leur habitat. Plus récemment, le Ministère a dirigé l’élaboration du document « Pratiques de gestion exemplaires pour l’atténuation des effets des routes sur les espèces d’amphibiens et de reptiles en péril en Ontario » (en anglais seulement). Ce document s'inspire des directives précédentes en fournissant des renseignements sur les clôtures d’exclusion, ainsi que sur un certain nombre d’autres sujets, comme les conséquences des routes, les processus recommandés et les facteurs à prendre en considération pour éviter et atténuer les conséquences, les structures de passage à niveau, les techniques de surveillance et les mesures d’atténuation supplémentaires. Ce document contribue également à la mesure de la Déclaration qui consiste à mettre au point, à mettre en œuvre et à évaluer des mesures d’atténuation des menaces prioritaires pesant sur la couleuvre royale et ses espèces-proies. Puisque la perte d’habitat due à la perturbation des cours d’eau et l’aménagement urbain constituent des menaces pour l’habitat de la couleuvre royale, ce document donne des conseils pour freiner le déclin, un des principaux objectifs de la Déclaration.

Mettre au point un protocole de recensement qui sera utilisé par les promoteurs et les partenaires afin de vérifier la présence ou l’absence de la couleuvre royale fait partie de la Déclaration, dans les mesures menées par le gouvernement. En août 2015, le MRNF a publié le « Protocole de recensement de la couleuvre royale (Regina septemvittata) en Ontario » (en anglais seulement). Ce document, qui présente des méthodes de recensement scientifiques fiables pour la couleuvre royale, est offert sur demande dans le bureau de district du MRNF de votre région. Le protocole donne des renseignements sur les caractéristiques, la répartition et les mouvements saisonniers de la couleuvre royale, ainsi que sur ses périodes d’activités, comme l’accouplement, la gestation et l’hibernation. Il inclut également une méthodologie de recensement, comme la réalisation d’un examen des signalements, la compréhension de l’importance des conditions environnementales dans le cadre d’un recensement, l’identification des sites de recensement dans les habitats aquatiques, les techniques et les périodes de recensement, les activités de recherche, les recensements d’écrevisses et ceux des hibernacula. S'y trouve également un formulaire de recensement recommandé pour documenter chaque recensement de la couleuvre royale, ainsi que toutes les couleuvres royales observées à prendre en considération pour leur inscription dans le registre provincial officiel.

Occurrences de la couleuvre royale en Ontario

Centre d’information sur le patrimoine naturel (CIPN)

En Ontario, la couleuvre royale se trouve à l’extrême nord de l’aire de répartition de l’espèce, dont la présence est documentée à l’ouest de l’escarpement du Niagara et au sud de la baie Georgienne. En sa qualité d’espèce aquatique, elle se trouve rarement loin de plans d’eau, dans ces zones, pour combler ses besoins spécialisés en matière d’habitat (p. ex. milieu aquatique nécessaire pour chasser l’écrevisse). La couleuvre royale a récemment fait l’objet d’importantes recherches. Même si la couleuvre a été précédemment une des espèces de serpent les moins signalées en Ontario, ces activités nous ont permis d’enrichir nos connaissances sur sa répartition, son abondance, son cycle biologique, les menaces qui pèsent sur elle, ses besoins en matière d’habitat et ses proies. De plus, ces efforts ont accru la sensibilisation du public à la répartition de l’espèce, à son habitat et aux possibilités d’intendance liées à celle-ci.

On a documenté 26 populationsfootnote 1 de couleuvre royale en Ontario. Onze d’entre elles sont considérées comme extantes (c.-à-d. observées au cours des 20 dernières années), 13, comme historiquesfootnote 2, et 2, comme disparues (c.-à-d. qu'elles n'existent plus). Les populations extantes se trouvent dans la péninsule Bruce, à Long Point, dans la réserve nationale de faune de Sainte-Claire, ainsi que le long des rivières Maitland, Canard, Detroit, Ausable, Grand et Thames.

Depuis 2008, moment où la couleuvre royale a bénéficié d’une protection en vertu de la LEVD, le Ministère a reçu 1 048 signalements de l’espèce. Ces signalements sont tirés d’observations documentées entre 1880 et 2015 en provenance de différentes sources. Les signalements soumis ont mené à la redéfinition de l’endroit où l’on sait que l’espèce se trouve et s'est déjà trouvée, en plus de fournir plus de renseignements sur son habitat et les menaces qui pèsent sur elle. À titre d’exemple, des renseignements soumis au Centre d’information sur le patrimoine naturel (CIPN) ont confirmé la présence d’une population qui était classée dans la catégorie historique et qui est maintenant considérée comme extante. Cette population, située dans la réserve nationale de faune de Sainte-Claire, a changé de statut en raison d’une nouvelle observation soumise en 2010, qui était la première à être faite dans ce secteur depuis 1883. À l’opposé, sept populations qui étaient considérées comme extantes font maintenant partie de la catégorie historique étant donné la date de la dernière observation de l’espèce. Le remplacement du terme « extante » par le terme « historique » reflète notre connaissance de la population et n'indique pas nécessairement un changement à la population en soi.

La couleuvre royale pourrait avoir fait l’objet d’autres observations qui n'auraient pas été rapportées au Ministère. Encourager la soumission au Ministère des observations de la couleuvre royale fait partie des mesures menées par le gouvernement qui sont inscrites dans la Déclaration.

Tout le monde est encouragé ou sera obligé, par les exigences liées à une autorisation ou à une approbation, de soumettre ses observations de la couleuvre royale et de toute autre espèce en péril au Centre d’information sur le patrimoine naturel du Ministère pour qu'elles soient consignées au registre d’observations provincial.

1,048 signalements de cette espèce ont été communiqués au CIPN depuis 2008

Résumé des progrès accomplis vers l’atteinte de l’objectif de rétablissement

Résumé des progrès

La mise en place de toutes les mesures menées par le gouvernement, dont il est fait mention dans la Déclaration relative à la couleuvre royale, a progressé. Le gouvernement de l’Ontario a entrepris directement la mise en place des mesures suivantes :

  • mettre au point un protocole de recensement afin de vérifier la présence ou l’absence de la couleuvre royale;
  • encourager la soumission de données sur la couleuvre royale au CIPN;
  • protéger la couleuvre royale et son habitat par l’entremise de la LEVD;
  • appuyer les partenaires pour qu'ils entreprennent des activités visant à protéger et à rétablir la couleuvre royale;
  • établir et communiquer des mesures prioritaires annuelles pour l’appui gouvernemental;
  • renseigner les autres organismes et autorités qui prennent part aux processus de planification quant aux exigences de protection de l’espèce et de son habitat;
  • entreprendre des activités de communication et de diffusion afin d’augmenter la sensibilisation de la population aux espèces en péril en Ontario.

Des progrès ont été réalisés vers l’atteinte de tous les objectifs de rétablissement appuyés par le gouvernement et de toutes les mesures connexes mentionnées dans la Déclaration relative à la couleuvre royale.

En ce qui a trait à l’objectif « Augmenter les connaissances sur la distribution, l’abondance, le cycle biologique, les menaces et les besoins en matière d’habitat relatifs à la couleuvre royale et ses espèces-proies en Ontario », d’importants progrès ont été accomplis pour quatre des cinq mesures, et les premiers pas sont faits pour la mise en place de la dernière (mesure no 5) :

  • mettre au point et en œuvre un programme de surveillance et de recensement à long terme des emplacements actuels et historiques ainsi qu'à l’intérieur des habitats adjacents appropriés afin de déterminer la répartition et l’abondance de la couleuvre royale; identifier les espèces d’écrevisses-proies principales ainsi que leur répartition et leur abondance; surveiller toute invasion de l’écrevisse américaine (mesure no 1, hautement prioritaire);
  • faire enquête sur les impacts que l’écrevisse américaine et toute autre espèce envahissante pourraient avoir sur la couleuvre royale et les populations indigènes d’écrevisses (mesure no 2, hautement prioritaire);
  • déterminer l’emplacement de caractéristiques d’habitat clés comme les hibernacula et les lieux de gestation et d’éclosion (mesure no 3, hautement prioritaire);
  • effectuer des recherches afin de combler des lacunes sur le plan des connaissances liées à la couleuvre royale, y compris déterminer les superficies de domaine vital, les besoins et l’utilisation en matière d’habitat relatifs à tous les stades biologiques, l’importance de l’isolement et du flux génétiques entre les sous-populations de l’espèce, et le niveau de contaminants chimiques chez les couleuvres royales, leurs proies et l’eau où elles vivent (mesure no 4);
  • enquêter sur la faisabilité et la pertinence de réintroduire l’espèce dans des emplacements d’habitat historique (mesure no 5).

Quatre de ces mesures ont été mises en place collectivement par le truchement de divers projets financés par le Fonds d’intendance des espèces en péril ou par des conditions liées à des autorisations ou à des enregistrements, ou à une association des deux. L’enquête sur la faisabilité et la pertinence de réintroduire l’espèce dans des emplacements d’habitat historique commence à progresser grâce à d’importants travaux réalisés sur l’habitat (recensements provinciaux et modèles de vérification de la qualité) qui constituent les premières grandes étapes vers la mise en place de cette mesure.

En ce qui a trait à l’objectif « Mettre au point et en œuvre des mesures visant à maintenir et à rehausser la quantité et la qualité de l’habitat de la couleuvre royale, et réduire ou atténuer les menaces pesant sur l’espèce », la mise en place d’une des mesures progresse :

  • mettre au point, mettre en œuvre et évaluer des mesures d’atténuation des menaces prioritaires pesant sur la couleuvre royale et ses espèces-proies (mesure no 7).

Cette mesure, mise en œuvre dans le cadre de mesures menées par le gouvernement, comprend l’élaboration d’un protocole de recensement de la couleuvre royale et d’un document sur les PGE visant à atténuer l’effet des routes sur les espèces de serpent en péril.

En ce qui a trait à l’objectif « Augmenter la sensibilisation de la population quant à la répartition, à l’habitat et aux possibilités d’intendance relatifs à la couleuvre royale », les trois mesures affichent des progrès :

  • évaluer les approches actuelles en matière de communication et de diffusion, et mettre au point de nouvelles stratégies qui favoriseront des comportements positifs chez la population (mesure no 9);
  • assurer une communication et une diffusion efficaces auprès des intervenants clés, y compris les propriétaires fonciers et les gestionnaires de terres se trouvant dans l’aire de répartition actuelle de la couleuvre royale afin d’augmenter la sensibilisation à l’égard de l’espèce, de son habitat et des options d’intendance (mesure no 10);
  • collaborer à des efforts de rétablissement et à des initiatives de conservation plus larges, et travailler en collaboration avec des groupes afin de mettre en œuvre des mesures de rétablissement axées sur le bassin versant (mesure no 11).

Ces mesures ont été mises en place par le truchement de nombreux projets financés par le Fonds d’intendance des espèces en péril, ainsi que par des conditions liées à des autorisations. Un partenaire d’intendance a, par exemple, évalué le pourcentage de variation relatif à l’attitude envers les serpents et les tortues, ainsi qu'aux connaissances sur ceux-ci, après des travaux de sensibilisation, et a découvert une forte corrélation positive avec la manipulation de serpents et l’attitude à leur endroit, ce qui montre l’importance de programmes interactifs pour influer sur le comportement des gens.

L’objectif de l’Ontario quant au rétablissement de la couleuvre royale consiste à mettre fin au déclin de l’espèce et de parvenir à maintenir ou à augmenter les populations en Ontario de l’espèce partout dans son aire de répartition actuelle, et à enquêter sur la faisabilité de réintroduire des populations aux emplacements historiques à l’intérieur de l’aire de répartition en Ontario. Le registre d’observations provincial indique la confirmation de 3 populations historiques en tant qu'extantes et de 7 populations auparavant extantes, maintenant considérées comme historiques en l’absence d’observations depuis 20 ans. Plus de données sont nécessaires pour savoir si la couleuvre royale tend vers l’objectif de parvenir à maintenir ou à augmenter les populations. À ce chapitre, l’initiation d’un programme provincial de surveillance à longue échéance à l’aide de méthodes normalisées s'avère très encourageante. Des études pluriannuelles menées dans le comté de Huron et des analyses quantitatives d’une sélection d’habitats, des dynamiques prédateur-proie et de modélisation de l’occupation, combinées aux efforts de surveillance à l’échelle provinciale, font beaucoup pour assurer le rétablissement de la couleuvre royale. L’objectif de rétablissement mentionne également que le gouvernement appuie toute étude de faisabilité visant à réintroduire des populations aux emplacements historiques à l’intérieur de l’aire de répartition en Ontario. Les premières démarches ont été entreprises pour atteindre cette partie de l’objectif de rétablissement, par la création de modèles de vérification de la qualité de l’habitat et de recensements normalisés des habitats visant à déterminer les besoins de l’espèce en la matière.

Recommendations

Comme le stipule la Déclaration, l’évaluation des progrès accomplis pour protéger et rétablir la couleuvre royale servirait à repérer plus facilement les ajustements à faire pour arriver à ces fins. D’après les progrès accomplis à ce jour, l’orientation générale que propose la Déclaration relative à la couleuvre royale devrait continuer de guider les mesures de protection et de rétablissement de l’espèce, surtout en ce qui a trait aux mesures que la Déclaration désigne comme hautement prioritaires. Comparativement aux mesures qui ont bénéficié d’un niveau d’appui élevé, les mesures suivantes ont reçu moins d’appui et pourraient être prises en considération dans les prochaines décisions relatives à la protection et au rétablissement de la couleuvre royale :

  • des progrès ont été faits quant à l’enquête sur les impacts que l’écrevisse américaine et toute autre espèce envahissante pourraient avoir sur la couleuvre royale et les populations indigènes d’écrevisses (mesure no 2; hautement prioritaire); d’autres travaux sont cependant nécessaires pour bien concrétiser cette mesure, parce que la nature très fertile et agressive de l’écrevisse américaine favorise la poursuite de son envahissement et ses possibles répercussions sur la couleuvre royale;
  • la compréhension des superficies de domaine vital, des besoins en matière d’habitat, de l’isolement génétique et du niveau de contamination de l’eau dans laquelle se trouve la couleuvre royale s'améliore, et la persévérance est encouragée, pour cette mesure, afin d’orienter les recherches actuelles visant à combler les lacunes prioritaires sur le plan des connaissances sur la couleuvre royale (mesure no 4);
  • il serait possible de faire avancer davantage les mesures qui consistent à enquêter sur la faisabilité et la pertinence de réintroduire l’espèce dans des emplacements d’habitat historique (mesure no 5); à mettre au point et à l’essai sur le terrain un manuel pour les propriétaires fonciers, les planificateurs et les partenaires en matière de conservation afin de leur fournir un résumé des pratiques de gestion exemplaires visant à restaurer, à maintenir et à protéger l’habitat de la couleuvre royale (mesure no 6; hautement prioritaire); et au fur et à mesure que les possibilités se présentent, à appuyer l’acquisition de terres où vivent des populations de couleuvres royales par l’entremise de programmes actuels d’acquisition de terres et d’intendance (mesure no 8). En Ontario, la couleuvre royale se trouve seulement dans le sud de la province, qui a connu une conversion des terres et la perturbation de ses cours d’eau, et où les demandes d’aménagement se poursuivent.

Plus tard, la protection et le rétablissement de la couleuvre royale constitueront encore une responsabilité partagée qui nécessitera la participation d’un grand nombre de particuliers, d’organismes et de collectivités. Le Fonds d’intendance des espèces en péril, le Fonds de recherche sur les espèces en péril en Ontario ou le Programme d’encouragement des exploitants agricoles à la protection des espèces en péril pourraient assurer un soutien financier pour la mise en place des mesures. Le Ministère pourrait aussi donner des conseils sur la possible nécessité d’obtenir une autorisation en vertu de la LEVD ou d’autres lois avant d’entreprendre un projet. Un travail concerté permettra d’accomplir d’autres progrès pour la protection et le rétablissement de la couleuvre royale en Ontario.

Résumé des progrès accomplis vers la protection et le rétablissement de la couleuvre royale en Ontario (2007 à 2015

Situation provinciale :

  • La couleuvre royale est désignée espèce en voie de disparition en vertu de la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition (LEVD). Avant sa transition dans la LEVD, la couleuvre royale apparaissait sur la Liste des espèces en péril en Ontario en tant qu'espèce menacée, mais elle n'était pas réglementée aux termes de la version précédente de la LEVD. Une réévaluation en tant qu'espèce en voie de disparition a entraîné la modification de son statut dans la Liste des espèces en péril en Ontario en 2010. L’espèce bénéficie d’une protection en vertu de la LEVD qui empêche quiconque de la tuer, de la blesser, de la harceler, de la capturer ou de la prendre depuis 2008, et son habitat est protégé contre les dommages et la destruction depuis 2010. Le gouvernement a en outre parachevé un règlement sur l’habitat en 2014 pour l’espèce

Documents et directives propres à l’espèce publiés par le gouvernement :

Projets d’intendance soutenus par le gouvernement :

  • Règlement sur l’habitat de la couleuvre royale Fonds d’intendance des espèces en péril le ministère des Richesses naturelles et des Forêts (le « Ministère ») a permis à ses partenaires d’intendance de mettre en œuvre un total de 40 projets qui ont favorisé la protection et le rétablissement de plusieurs espèces en péril, dont la couleuvre royale. De ces projets, 7 (253 518 $) ciblaient exclusivement l’espèce, alors que les 33 autres (1 737 369 $) portaient sur de multiples espèces en péril, dont la couleuvre royale.
  • Le soutien financier du Ministère a aidé ses partenaires d’intendance à faire participer 5 810 personnes qui ont travaillé bénévolement pendant 37 710 heures à des activités de protection et de rétablissement de multiples espèces en péril, dont la couleuvre royale. La valeur estimée de ces participations bénévoles, à laquelle s'ajoutent les fonds additionnels et un appui non financier, s'élève à 3 720 852 $.
  • Les partenaires d’intendance ont indiqué que leurs mesures avaient permis d’agrandir de 59 hectares l’habitat de la couleuvre royale et d’autres espèces en péril qui vivent dans le même écosystème.
  • Ils ont en outre signalé avoir procédé à une sensibilisation à de multiples espèces (y compris la couleuvre royale) auprès de 157 904 personnes.

Soutien des activités humaines tout en assurant l’appui nécessaire au rétablissement de l’espèce :

  • Le Ministère a émis 16 permis en vertu de la LEVD pour cette espèce : 15 « permis destinés à la protection et au rétablissement » ont été émis en vertu de l’alinéa 17(2) b) et 1 « permis pour procurer un avantage global » en vertu de l’alinéa 17(2) c) de la LEVD.
  • Au total, 11 ententes relatives à la couleuvre royale ont été conclues par le truchement du Règlement de l’Ontario 242/08 (avant la modification apportée le 1er juillet 2013).
  • Dix activités ont été enregistrées pour cette espèce. Ces activités ont été enregistrées dans les catégories « Installations de drainage » (article 23.9), « Protection des écosystèmes » (article 23.11), « Activités de protection et de rétablissement des espèces » (article 23.17) et « Menaces non imminentes pour la santé et la sécurité » (article 23.18) en vertu du Règlement de l’Ontario 242/08 de la LEVD.

Occurrences et répartition :

  • La présence de 26 populations de couleuvre royale est documentée en Ontario, à l’ouest de l’escarpement du Niagara et au sud de la baie Georgienne. À l’heure actuelle, 11 d’entre elles sont considérées comme extantes, 13, comme historiques et 2, comme disparues. Depuis 2008, le statut de 7 populations a changé d’extantes à historiques en l’absence d’observations de ces populations ces 20 dernières années. Trois populations sont passées d’historiques à extantes, puisque leur existence a été confirmée de nouveau grâce à des activités de surveillance, notamment une qui n'avait pas été observée depuis 1883. Aucune nouvelle population de couleuvre royale n'a été découverte depuis 2008.

Renseignements connexes

References

COSEPAC. 2010. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur la couleuvre royale (Regina septemvittata) au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. vii + 34 p.Regina septemvittata au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. vii + 34 p.

Edelsparre, A. et McCarter, J. 2015. Shaping the Future of Queensnake Conservation in Canada : A Collaborative Approach. The Canadian Herpetologist. 5(2) 22 p.

Environnement Canada. 2016. Programme de rétablissement de la couleuvre royale (Regina septemvittata) au Canada. Série des Programmes de rétablissement de la Loi sur les espèces en péril. Environnement Canada, Ottawa. 25 p. + annexes.

Environnement Canada. 2016. Programme de rétablissement de la couleuvre royale http://www.registrelep-sararegistry.gc.ca/document/default_f.cfm?documentID=2222 

Conseil d’intendance du comté de Huron. 2013. A Stewardship Guide for Queensnake. http://hsc.huronstewardship.ca/wp-content/uploads/sites/2/2014/01/final-queensnake-stewardship-guide.pdf (en anglais seulement)

Reid, S.M. et Nocera J.J. 2015. Composition of native crayfish assemblages in southern Ontario rivers affected by Rusty Crayfish (Orconectes rusticus Girard, 1852) invasions – implications for endangered queensnake recovery. Aquatic Invasions. 10(2) pp 189-198.


Notes en bas de page

  • note de bas de page[1] Retour au paragraphe Une population est définit comme une zone terrestre ou aquatique sur ou dans laquelle un élément (c.-à-d. la couleuvre royalee) est ou était présent. Elle est fondée sur une ou plusieurs observations. Il s’agit d’un emplacement qui a une valeur pratique en matière de conservation en raison de son importance pour la conservation de l’espèce. Une occurrence d’élément est le terme technique utilisé pour la décrire.
  • note de bas de page[2] Retour au paragraphe Une population est considérée comme historique si elle n’a pas été enregistrée dans les 20 dernières années. Il se peut que des populations historiques existent encore, mais des renseignements mis à jour ne sont pas disponibles.