Les CTE devront piloter et favoriser la transition, tant en leur sein qu’auprès de leurs partenaires de service, vers une culture de service qui :

  • est axée sur les forces et les solutions;
  • est axée sur les enfants et la famille;
  • tient compte des traumatismes.

Cette culture promeut :

  • l’équité;
  • la lutte contre l’oppression;
  • la lutte contre le validisme;
  • la lutte contre le racismefootnote 11

Les obstacles environnementaux, sociaux et comportementaux peuvent rendre difficile l’accès à des mesures de soutien pour de nombreuses personnes, en particulier pour les personnes issues de groupes marginalisés, notamment les personnes ayant un handicap, les personnes racialisées, les femmes, les personnes LGBTQ+, les personnes issues de religions/cultures non occidentales/non chrétiennes et les personnes à faible revenu.

Pour de nombreuses familles, les modèles traditionnels de prestation de services, y compris certains comportements professionnels, peuvent être perçus comme condescendants et leur donner l’impression d’invalider leur expérience vécue, leur expertise et leurs priorités. Ces familles peuvent alors se sentir indésirables ou en danger.

Ces expériences sont encore plus courantes chez les familles racialisées ou issues de groupes en quête d’équité (marginalisés) et peuvent être aggravées par toute forme de préjugés inconscients, de sexisme, de racisme (anti-Noirs notamment), de xénophobie, d’islamophobie, d’antisémitisme, et d’autres modes d’oppression systémique.footnote 12

Lorsque les familles ont des expériences négatives d’interaction avec le système de services ou avec les fournisseurs de services, cela peut entraîner un manque de confiance et d’engagement dans le système de services, et peut avoir une incidence négative sur la capacité des familles à accéder aux services et à y participer, et donc sur l’efficacité de ces services.

Voici des exemples de propos tendancieux, discriminants ou condescendants de fournisseurs de soins des secteurs de la santé et des services sociaux :

  • Utilisation d’un « jargon » technique sans explications en langage courant
  • Sentiment de précipitation des rendez-vous ou des consultations avec les cliniciens
  • Sentiment que les familles plus privilégiées ont accès à d’autres services plus rapidement que les autres
  • Formulation de questions culturellement insensibles qui reflètent des préjugés
  • Sentiment d’être jugé ou blâmé et crainte d’être signalé aux services de protection de l’enfance ou de susciter plus de risques de soupçon de certains diagnostics (p. ex., trouble du spectre de l’alcoolisation foetale)

Les CTE veilleront à ce que les services des carrefours BonDépart soient adaptés aux familles de toutes ethnicités et cultures, et à ce que toutes les personnes se sentent en sécurité lorsqu’elles reçoivent des services et du soutien. L’adaptation culturelle est un résultat fondé sur une démarche d’engagement respectueux qui reconnaît les déséquilibres de pouvoir inhérents aux systèmes et s’efforce de les corriger.footnote 13Il existe un déséquilibre de pouvoir inhérent entre un fournisseur de services, un clinicien ou un professionnel et un enfant et sa famille, et ce déséquilibre peut être aggravé par l’intersection de facteurs supplémentaires tels que l’ethnicité, la religion, le handicap, l’orientation sexuelle, le sexe, pour ne citer qu’eux.

Il est important que les fournisseurs de services adoptent une perspective curieuse et humble lorsqu’ils travaillent avec les familles. Tout comme le service centré sur la famille affirme que les familles font autorité sur leurs enfants, la notion d'humilité culturelle reconnaît que l'on est un apprenant lorsqu'il s'agit de comprendre l'expérience d'autrui. L’humilité culturelle est un processus d’autoréflexion qui permet de comprendre les préjugés personnels et systémiques et d’établir et de maintenir des processus et des liens respectueux fondés sur la confiance mutuelle.footnote 14

Les carrefours BonDépart offriront des services qui tiennent compte des traumatismes, ce qui signifie que les fournisseurs de services seront continuellement conscients des répercussions des traumatismes et s’efforceront de rassurer les gens dans le cadre de leurs interactions avec le carrefour.

Les carrefours BonDépart s’efforceront de répondre aux préoccupations liées à la discrimination et aux préjugés et évolueront au fil du temps pour gagner la confiance de ceux qu’ils servent.

Exigences relatives aux CTEfootnote 15

Un changement culturel durable passera uniquement par l’adoption d’une approche à volets multiples appuyée par des leviers formels et informels, notamment des politiques, des processus, des outils, des séances de formation, des mesures du rendement, des agents de changement et des communautés de pratique.

Afin de soutenir l’adaptation culturelle des services des carrefours BonDépart, les CTE sont tenus de mettre en place les éléments suivants :

1. Formation

Voici les formations que les CTE offriront au personnel des carrefours BonDépart :

  • Formation de sensibilisation à la lutte contre le racisme et les préjugés
    • Tous les travailleurs des carrefours BonDépart recevront une formation de sensibilisation à la lutte contre le racisme et les préjugés, qui comprend une analyse de la discrimination et des préjugés fondés sur la race.
    • La formation peut être générale et propre au milieu de travail pour s’assurer que les familles racialisées et les familles de diverses origines, cultures et expériences ont des interactions exemptes de racisme, de préjugés et de discrimination avec le système de services.
      • Par exemple, la formation peut mettre en évidence les microagressions raciales (intentionnelles ou non), qui peuvent avoir des effets négatifs sur les enfants, les jeunes et les familles racialisés.
  • Compétence culturelle autochtone
    • Les CTE travailleront en partenariat avec les collectivités et les partenaires autochtones locaux pour offrir de la formation et des séances d’apprentissage sur l’adaptation culturelle dans les collectivités qu’ils desservent.
    • Bien que les apprentissages généraux sur les cultures et les expériences autochtones (y compris les expériences communes à de nombreuses collectivités autochtones, comme les pensionnats) peuvent s’avérer précieux, les CTE devraient également veiller à ce que les travailleurs des carrefours approfondissent leurs connaissances sur les collectivités des Premières Nations, les Métis et les Inuits qu’ils servent.
  • Services axés sur les forces et sur la famille
    • Tous les travailleurs des carrefours BonDépart recevront une formation sur les mots-clés du développement de l’enfant.footnote 16
    • On encourage également l’offre d’une formation sur la prestation de services axés sur la famille.
  • Encadrement axé sur les solutions
    • Tous les travailleurs des carrefours BonDépart seront formés à l’encadrement axé sur les solutions.
  • Prestation de services tenant compte des traumatismes
    • Tous les travailleurs des carrefours BonDépart recevront une formation sur les approches de prestation de services tenant compte des traumatismes.

2. Collaboration avec des partenaires autochtones

Les CTE travailleront avec les partenaires autochtones à l’offre de services adaptés sur le plan culturel aux enfants et aux jeunes issus des communautés des Premières Nations, métisses et inuites (pour les exigences relatives à l’établissement de relations respectueuses et significatives avec les partenaires autochtones, voir la page 52).

3. Mobilisation d’un large éventail de familles

Il est important que les CTE communiquent avec les familles pour comprendre leur expérience de service et obtenir des avis et des commentaires sur les approches de prestation de services liées au carrefour BonDépart.

Les CTE veilleront à ce que des mécanismes de mobilisation des enfants et des familles soient en place au niveau organisationnel pour leur permettre de fournir continuellement des conseils et des orientations en matière de planification et de prestation de services. Les CTE peuvent utiliser les mécanismes existants pour tenir compte des perspectives des enfants et des familles dans tous les aspects des fonctions du carrefour.

Il est important que des efforts soient déployés pour s’assurer que les mécanismes de mobilisation familiale reflètent la diversité de la collectivité. Les carrefours et comités officiels n’ont pas toujours été accueillants, sécuritaires ou inclusifs à l’égard de nombreux groupes racialisés et en quête d’équité. Les CTE chercheront à obtenir les commentaires des diverses collectivités qu’ils desservent à l’aide d’approches créatives et modulables qui permettent de réduire les obstacles à la collecte, en donnant notamment l’occasion aux gens de fournir des avis anonymes, ainsi qu’à l’aide de réunions en soirée et en fin de semaine ou de réunions virtuelles, ou de groupes de discussion sans personnel clinique (par exemple, dirigés par des membres de ces communautés) pour accroître le sentiment de sécurité des participants. Les familles devraient être rémunérées en échange de leurs services dans la mesure du possible. Il conviendrait également d’envisager la création de postes rémunérés, comme des postes d’agent de mobilisation familiale, dans la mesure du possible (voir la section sur le soutien familial à la page 41 pour de plus amples renseignements sur les agents de mobilisation familiale).

4. Intégration des principes de diversité, d’équité et d’antiracisme dans les politiques organisationnelles

Les CTE inscriront officiellement les principes de diversité, d’équité, de lutte contre l’oppression et de lutte contre le racisme dans leurs politiques organisationnelles grâce à l’adoption de pratiques d’embauche représentative, à l’intégration d’approches équitables et antiracistes dans leur prestation de services, à l’encouragement de la mobilisation et à la collaboration avec les organismes de services culturels.


Notes en bas de page