Alors que l’Ordre en est à sa troisième année d’existence, son conseil d’administration et son registraire entameront leur propre processus d’examen des progrès et de réflexion sur les améliorations organisationnelles possibles et les orientations stratégiques. Le ministre et le conseil étaient prêts à entendre parler des aspects pouvant être améliorés qui n'entraient pas dans mon cadre de référence. J’ai gardé cette idée en tête en recueillant les points de vue des intervenants.

J’ai reçu des suggestions constructives et réfléchies concernant le rôle de l’Ordre en tant que défenseur de l’apprentissage et des métiers spécialisés en Ontario, les possibilités d’améliorer la gouvernance et la nécessité d’une communication active avec le public et les membres de l’Ordre. Partout dans la province, les intervenants étaient d’avis que l’examen était l’occasion de clarifier le rôle du ministère et de l’Ordre, de renforcer la diversité régionale des métiers spécialisés dans la province et de rationaliser les services et les soutiens aux apprentis et aux employeurs/parrains grâce à une approche axée sur le client.

Voici un résumé de ce que j’ai entendu sur ces sujets et mes suggestions pour fins de considération par le ministre et l’Ordre.

Promotion des métiers de l’apprentissage

Presque tout le monde a parlé du rôle important que l’Ordre joue dans la promotion et l’ennoblissement des métiers, la rationalisation de l’accès et l’offre de conseils ou de soutien aux personnes intéressées par l’apprentissage. Voici ce que les personnes et les organismes avaient à dire :

  • Il règne une grande confusion à propos du rôle que se partagent l’Ordre et le ministère de la Formation et des Collèges et Universités (MFCU) dans le système d’apprentissage, et les gens ont l’impression que les niveaux de service changent ou ont changé sans préavis.
  • Le partage permanent entre l’Ordre et le MFCU de certaines responsabilités relatives au processus d’inscription et d’examen est une source de préoccupation commune et importante. Même si ces fonctions sont partagées, rien ne justifie que les clients ne reçoivent pas ces services d’une façon appropriée. Bien que cela n'entre pas dans mon mandat, il me semble que la qualité des services et la vulnérabilité de la marque de l’Ordre est une question sur laquelle on devrait se pencher. Ce problème peut et devrait être corrigé rapidement et aisément. Il est bon de souligner que le Rapport de 2012 de la Commission de la réforme des services publics de l’Ontario (le « rapport Drummond »)footnote 4 recommandait lui aussi de rationaliser les responsabilités administratives dans le programme d’apprentissage.
  • Les conseils de métier et beaucoup d’intervenants sont d’avis qu'on pourrait faire un meilleur usage des écoles si les enseignants et les éducateurs étaient mieux outillés pour faire valoir l’apprentissage comme parcours pour décrocher un bon emploi dans un métier spécialisé. Ils ont parlé d’un large éventail de carrières potentiellement stimulantes et enrichissantes, par exemple dans les domaines de la construction résidentielle et commerciale, de l’automobile et de l’équipement, du tourisme et des services sociaux. La promotion des métiers est particulièrement cruciale dans les métiers et les professions où la demande est grande, et ceux qui accusent une pénurie de main-d’œuvre pour des raisons démographiques et d’autres facteurs.
  • La promotion des métiers consiste notamment à faire mieux connaître le certificat de qualification. Cela aiderait les apprentis à bénéficier d’une reconnaissance de leur apprentissage et de leur formation et à se diriger vers d’autres études postsecondaires. Il est apparu évident également que les gens de métier et les employeurs accordent beaucoup d’importance et de valeur au programme du Sceau rouge (la norme d’excellence canadienne dans les métiers spécialisés).
  • Il est nécessaire d’assurer la qualité de la formation par l’apprentissage, d’améliorer le rapport entre les examens de certification et la formation, et de mettre en place de meilleures mesures incitatives pour encourager les employeurs et les parrains à embaucher des apprentis et à les accompagner jusqu'au bout, comme offrir de la formation en milieu de travail et les libérer pour donner de la formation en classe.

Ce sont là des questions que l’Ordre devrait défendre, au nom des gens de métier de l’Ontario et des personnes intéressées par l’apprentissage et les métiers spécialisés, en partenariat avec les ministères, les employeurs et les établissements d’enseignement. Il est abondamment question de l’asymétrie entre l’offre et la demande de main-d’œuvre dans cette province. L’Ordre et ses partenaires ont la possibilité et la responsabilité de contribuer à combler cet écart.

Gouvernance

Beaucoup de personnes m'ont parlé de la représentation et de la gouvernance à l’Ordre. Voici ce qu'elles ont dit :

  • Les gens se posent des questions concernant le processus de nomination des membres du conseil et ils ont l’impression que le conseil d’administration de l’Ordre est « centré sur Toronto » et qu'il ne comprend pas de représentants provenant « d’ateliers ouverts », un régime où les travailleurs ne sont pas obligés d’adhérer au syndicat. Certaines personnes aimeraient avoir la possibilité d’élire les membres du conseil de l’Ordre. Le Conseil des nominations à l’Ordre des métiers (CNOM) est l’organisme responsable des nominations au sein de la structure de gouvernance de l’Ordre et je crois comprendre qu'il continue d’apporter des améliorations à ses processus. Bien que cela n'entre pas dans mon mandat, il me semble que le gouvernement devrait faire un effort pour que le CNOM continue d’améliorer ses communications concernant le processus de nomination et les critères servant à évaluer les candidates et les candidats. Le gouvernement, en consultation avec l’Ordre, pourrait réfléchir à la possibilité de modifier le processus de nomination afin d’adopter un processus similaire à celui d’autres ordres professionnels, dans lequel une partie des membres de la structure de gouvernance est constituée de représentants des professions élus par les membres et une plus petite partie est nommée par le gouvernement. À l’Ordre des infirmières et infirmiers de l’Ontario footnote 5 par exemple, une partie est constituée de membres de l’Ordre élus par les membres et une autre partie est choisie par le lieutenant-gouverneur en conseil parmi des gens qui ne sont pas membres de l’Ordre.
  • Des membres de l’Ordre ont suggéré que le conseil d’administration tienne certaines de ses réunions à l’extérieur de la région du grand Toronto afin de se rapprocher des membres et des intervenants, et de tenir les réunions le soir ou la fin de semaine, en dehors des heures de travail habituelles, afin de permettre aux gens d’y assister sans avoir à s'absenter du travail. Certains membres pensent que l’Ordre devrait s'assurer que l’assemblée annuelle soit accessible aux membres.
  • Les conseils de métier ont une grande capacité, mais bon nombre d’entre eux s'interrogent sur le rôle qu'ils jouent dans l’établissement des priorités et se demandent comment ils peuvent aider l’Ordre à atteindre les objectifs de son mandat. De plus, certains métiers n'ont pas l’avantage d’être représentés par un conseil de métier, ils sont plutôt représentés par un conseil sectoriel.

L’Ordre m'a informé qu'il avait déployé des efforts considérables pour sensibiliser les membres à l’importance de l’intérêt public, en organisant par exemple des ateliers et des séances de formation internes, ainsi qu'en retenant à plus d’une reprise les services du conférencier Richard Steinecke, qui exerce le droit exclusivement dans le domaine de la règlementation des professions. À mesure que l’Ordre prendra de la maturité, je m'attends à ce qu'il continue d’évoluer relativement à sa responsabilité envers le public et les intérêts des métiers dans l’accomplissement de son mandat.

Communications de l’Ordre

Des gens de métier, des employeurs et des apprentis ont exprimé leur désir de voir l’Ordre se montrer plus proactif dans ses communications. Ils préféreraient que l’information soit communiquée aux membres et aux intervenants, au lieu d’être simplement publiée sur le site Web de l’Ordre.

Certains membres se questionnent sur les avantages que l’Ordre leur apporte. Même ceux qui se définissent comme des supporteurs de l’Ordre ont déclaré que, bien qu'ils connaissent les avantages théoriques de l’Ordre, ils ont de la difficulté à expliquer à leurs pairs ce que l’Ordre fait pour eux concrètement. L’Ordre aurait intérêt à communiquer plus clairement les avantages de son mandat et de son travail pour ses membres actuels et éventuels. Je ne doute pas que les membres du conseil d’administration et le personnel de l’Ordre soient parfaitement conscients de ce problème, et que l’offre de l’Ordre en ce qui concerne les avantages pour ses membres puisse être améliorée.

J’ai également entendu des commentaires positifs concernant :

  • la populaire campagne de l’Ordre, intitulée Un salaire en apprenant, qui vise à promouvoir les possibilités d’apprentissage chez les jeunes;
  • le fait que l’Ordre mette à profit les possibilités de communication dont il dispose dans son mandat actuel;
  • la capacité de l’Ordre de promouvoir son rôle et l’importance de l’apprentissage et des métiers par de solides campagnes de communication.

Préoccupations régionales

Pendant ma tournée de la province, les gens m'ont parlé de la situation et des problèmes spécifiques à leur région. Ils m'ont parlé des difficultés que pose le travail interterritorial dans les régions frontalières, de l’immensité du territoire dans le Nord et de la situation et des contraintes démographiques et économiques propres à chaque région.

J’ai été particulièrement impressionné par les tables rondes dirigées par les chambres de commerce à Thunder Bay, à Sudbury et à Oshawa. Ces séances ont réuni des parties de différents milieux dans le but de trouver des solutions à une série de difficultés propres à leur région.de l’Ordre.

Les enjeux et les possibilités associés à la diversité régionale remontent souvent à très loin, à bien avant la création de l’Ordre. Les choses peuvent toutefois évoluer. L’Ordre a la possibilité et la responsabilité de tenir compte de l’ensemble des différences régionales dans ses processus décisionnels et dans le développement de l’offre de services.


Notes en bas de page