Une photo d’une fleur de la Carmantine d’Amérique

Photo: Sam Brinker

Renseignements sur l’espèce

Le présent chapitre propose une évaluation des progrès accomplis en Ontario dans la protection et le rétablissement de la carmantine d’Amérique entre 2007 et 2017.

La carmantine d’Amérique (Justicia americana) est une plante herbacée aquatique vivace qui pousse en colonies le long de cours d’eau ou au bord de lacs sur un substrat de gravier, de sable ou de matière organique. La carmantine d’Amérique, qui peut atteindre une hauteur de 20 centimètres à 1 mètre, peut être simple ou divisée et s’érige à partir d’un gros stolon rampant sur le sol. Ses feuilles de forme étroite et allongée ne sont pas divisées et sont réparties en paires qui s’opposent le long de la tige et ses fleurs blanches ou violet pâle en forme de tubes poussent au bout de longs épis minces. Le fruit de la carmantine d’Amérique est une capsule qui contient de deux à quatre graines beiges ou brun pâle. La carmantine d’Amérique est limitée aux habitats ouverts où il y a peu de compétition de la part d’autres espèces et peut survivre à une exposition à de fortes vagues ou juste au-dessus d’une nappe phréatique, probablement en raison d’une forte structure souterraine enracinée.

Les populations de la carmantine d’Amérique en Ontario sont géographiquement isolées les unes des autres et de la principale répartition de l’espèce dans le sud et l’est des États-Unis. La carmantine d’Amérique a été répertoriée dans trois régions de l’Ontario : dans le comté d’Essex, dans la région de Niagara et dans la région des Mille-Îles. On répertoriait auparavant 17 occurrences historiques de l’espèce, mais ce nombre a depuis été révisé à 15 occurrences historiques (en 2018, en suivant le protocole de NatureServe; voir la partie 8). L’espèce compte sept occurrences existantes en Ontario ainsi que onze occurrences historiques et trois occurrences existantes au Québec, dont l’une représente environ 99 % de toutes les carmantines d’Amérique connues au Canada.

Plusieurs menaces pèsent sur la survie et le rétablissement de la carmantine d’Amérique, notamment les changements des niveaux d’eau causés par des facteurs naturels et anthropiques qui entraînent des inondations ou des sécheresses, la perte d’habitat attribuable à l’érosion, au remblayage ou au dragage, la compétition de plantes envahissantes (par exemple, roseau commun (Phragmites australis sous-espèce australis)) qui supplantent et remplacent de nombreuses espèces indigènes et le piétinement lors d’activités récréatives.

D’autres facteurs influent également sur la survie et le rétablissement de la carmantine d’Amérique. Les effets de la pollution, en particulier de l’acidification des lacs, sur la carmantine d’Amérique sont inconnus. L’herbivorisme par des chevreuils et d’autres animaux qui broutent a été observé dans deux colonies de carmantine d’Amérique, et même si dans un cas les tiges ont pu pousser à nouveau, le succès de reproduction des colonies a connu un déclin qui pourrait être attribué au broutage.

La carmantine d’Amérique est inscrite comme espèce en voie de disparition à l’échelon provincial (Liste des espèces en péril en Ontario) ainsi qu’à l’échelon fédéral (Annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril). À l’échelle mondiale, elle est considérée comme une espèce en sécurité (NatureServe Explorer) (en anglais seulement).

Situation provinciale

Avant l’adoption de la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition (LEVD ou la « Loi »), la carmantine d’Amérique avait été évaluée comme espèce menacée par le Comité de détermination du statut des espèces en péril en Ontario (CDSEPO). Elle avait été inscrite sur la Liste des espèces en péril en Ontario comme espèce menacée en 2004, mais n’était pas réglementée en vertu de la version précédente de la Loi sur les espèces en voie de disparition. L’espèce a conservé son statut d’espèce menacée lorsque la LEVD est entrée en vigueur en 2008. Dans ses prochaines évaluations, le CDSEPO pourrait examiner les renseignements qui concernent les menaces pour l’espèce et les tendances de sa population et de sa répartition que les mesures de protection et de rétablissement ont permis d’obtenir.

Protection de l’espèce et de l’habitat

La protection de la carmantine d’Amérique et de son habitat est un élément important de la mise en application de la LEVD et continue de faire l’objet de mesures menées par le gouvernement, comme le précise dans la réponse du gouvernement. En tant qu’espèce menacée, la carmantine d’Amérique est protégée depuis l’entrée en vigueur de la LEVD en 2008, loi qui interdit de tuer, de blesser, de harceler, de capturer ou de prendre une espèce. De plus, son habitat est protégé contre les dommages et la destruction depuis le 30 juin 2013, d’après la définition générale de l’habitat énoncée dans la LEVD. La LEVD n’exige pas de réglementation de l’habitat pour les espèces en transition footnote 1 telles que la carmantine d’Amérique.

Toute personne qui nuit à la carmantine d’Amérique ou à son habitat sans autorisation préalable risque une poursuite judiciaire en vertu de la LEVD.

La carmantine d’Amérique bénéficie d’une protection qui empêche quiconque de la tuer, de la blesser, de la harceler, de la capturer ou de la prendre depuis 2008.

De plus, l’habitat de la carmantine d’Amérique est protégé de l’endommagement et de la destruction depuis 2013.

Programme de rétablissement

Un programme de rétablissement pour la carmantine d’Amérique a été publié le 11 janvier 2013, avant la date exigée par la LEVD. Les programmes de rétablissement renferment des conseils au gouvernement fondés sur les meilleures connaissances scientifiques disponibles. Le programme définit les besoins en matière d’habitat de l’espèce ainsi que les menaces auxquelles elle est confrontée, en plus de recommander des objectifs et des approches pour sa protection et son rétablissement. Le programme de rétablissement comprend également des recommandations sur les aires d’habitat à envisager dans le cadre de l’élaboration d’un règlement sur l’habitat.

Réponse du gouvernement

Le gouvernement a publié la réponse du gouvernement pour la carmantine d’Amérique le 11 octobre 2013, c’est-à-dire à l’intérieur du délai prescrit par la LEVD. La réponse est la politique spécifique à l’espèce du gouvernement de l’Ontario sur les éléments nécessaires à la protection et au rétablissement d’une espèce donnée et contient l’objectif de rétablissement.

Pour faciliter l’atteinte de cet objectif, le gouvernement dirige, appuie et hiérarchise les mesures de rétablissement mentionnées dans la réponse du gouvernement. La section 2.5 du document intitulé État du programme de protection des espèces en péril (2008-2015) présente les mesures communes menées par le gouvernement dans le cadre de travaux qui visent à atteindre l’objectif de rétablissement d’une espèce. Voici une mesure énoncée dans la réponse du gouvernement et à mener par le gouvernement qui est spécifique à cette espèce et qui ne fait pas partie des mesures habituelles de la section 2.5 :

Objectif de rétablissement

L’objectif du gouvernement pour le rétablissement de la carmantine d’Amérique est de maintenir les niveaux de population actuels aux endroits où pousse l’espèce et, si possible, favoriser l’accroissement des populations.

  • effectuer des enquêtes aux endroits historiques où poussait la carmantine d’Amérique dans les parcs provinciaux et si on trouve l’espèce, protéger et maintenir un habitat adéquat.

La réponse du gouvernement pour la carmantine d’Amérique fait aussi mention de sept mesures dans le cadre desquelles le gouvernement de l’Ontario a mis en place différentes démarches pour soutenir la participation d’autres intervenants. Ces mesures, appuyées par le gouvernement, vont dans le sens des objectifs énoncés, à savoir :

  • accroître les connaissances sur la répartition et l’abondance de la carmantine d’Amérique en Ontario
  • déterminer la variabilité des populations de carmantine d’Amérique dans son aire de répartition naturelle et les conditions d’habitat qu’elle préfère;
  • obtenir la participation des parties intéressées locales à l’intendance de l’habitat au bénéfice de la carmantine d’Amérique

Loi sur les espèces envahissantes de l’Ontario

La réponse du gouvernement relative à la carmantine d’Amérique mentionne que les espèces envahissantes (par exemple, roseau commun) menacent la survie et le rétablissement de l’espèce en Ontario. Le Plan stratégique de l’Ontario contre les espèces envahissantes (2012) et la Loi de 2015 sur les espèces envahissantes forment le cadre politique et législatif destiné à appuyer la prévention et la détection des espèces envahissantes en Ontario et à lutter contre celles-ci. Ce cadre peut favoriser des mesures qui visent à réduire la menace que représentent les espèces envahissantes.

2004 Inscription comme espèce menacée
 
2008 Protection de l’espèce
 
2013 Protection de l’habitat en vertu de la définition générale du terme « habitat » figurant dans la LEVD depuis 2013.
 
2013 Achèvement du programme de rétablissement
 
2013 Achèvement de la en réponse au déclaration du gouvernement programme de rétablissement
 
2018 Achèvement de l’examen quinquennal
 

Projets financés par le gouvernement

Le soutien financier de partenaires pour la mise en œuvre d’activités de protection et de rétablissement de la carmantine d’Amérique constitue une importante mesure menée par le gouvernement qui est mentionnée dans la Déclaration relative à l’espèce. À l’aide du Programme d’intendance des espèces en péril, le gouvernement a appuyé deux projets visant à contribuer à la protection et au rétablissement de la carmantine d’Amériquefootnote 2. Ces deux projets (100 310 $) portaient exclusivement sur l’espèce. En plus du financement par le gouvernement, les partenaires ont signalé qu’ils avaient réussi à obtenir des fonds supplémentaires (95 155 $) d’autres sources. Ce montant comprend l’appui non financier prenant la forme du temps et de l’expertise que les bénévoles ont consacrés aux projets.

Les partenaires d’intendance ont indiqué que le soutien financier de la province leur a permis d’obtenir l’appui non financier de 27 personnes qui ont consacré bénévolement 371 heures de leur temps à des activités de protection et de rétablissement axées exclusivement sur la carmantine d’Amérique, pour une valeur estimée à 14 560 $. En outre, les partenaires d’intendance ont indiqué avoir offert une sensibilisation ciblée sur la carmantine d’Amérique à 260 personnes.

Les paragraphes suivants mettent en évidence un projet appuyé par le Programme d’intendance des espèces en péril ainsi que les mesures correspondantes de rétablissement appuyées par le gouvernement pour l’espèce.

En 2014, Land Care Niagara a reçu un financement du Programme d’intendance des espèces en péril pour mettre en œuvre un projet sur trois ans intitulé « Conservation and recovery of the American Water-willow through Stewardship Initiatives » (conservation et rétablissement de la carmantine d’Amérique par le biais d’initiatives d’intendance). Ce projet, axé sur la région de Niagara, avait comme objectif d’accroître les connaissances sur l’écologie et les besoins en matière d’habitat de l’espèce en effectuant des études normalisées pour surveiller les populations connues, historiques et les nouvelles populations, pour déterminer les menaces pesant sur chaque population et pour collaborer avec les parties intéressées et les propriétaires fonciers afin de réduire les menaces en utilisant différentes stratégies d’atténuation.

Cinq sites ont fait l’objet d’études pendant les trois ans du projet : un site historique, trois sites actuellement occupés et un site faisant l’objet d’un suivi en vue d’une future étude de translocation. La taille de la population et la répartition de l’espèce, ainsi que des facteurs microclimatiques et la présence d’espèces envahissantes ont été enregistrés tout au long de la saison de croissance. Les paramètres de l’eau ont également été recueillis toutes les deux semaines de mai à octobre, et comparés au cours d’une même année et d’une année à l’autre. De nouvelles colonies de la carmantine d’Amérique ont été découvertes en 2016 grâce à des efforts de recherche accrus sur le ruisseau Lyons, et on a découvert sur un site historique le long de la rivière Welland une population existante de plus de 1 000 tiges. Les nouveaux projets de logements riverains et les fluctuations du niveau de l’eau ont été désignés comme les plus grands risques pour les populations existantes.

En plus des études réalisées, Land Care Niagara a recueilli des épis pour l’Université Brock afin d’aider les chercheurs dans leur recherche sur la faisabilité de la propagation, a mis au point un panneau d’information destiné aux propriétaires fonciers afin de sensibiliser le public à l’espèce, a effectué des études d’impact post-construction et la surveillance des populations et a travaillé avec un consultant privé pour dresser un inventaire de la végétation aquatique qui pousse à proximité de la carmantine d’Amérique. Land Care Niagara a travaillé avec de nombreuses parties intéressées de la communauté, a organisé une activité éducative et a mené une campagne de porte-à-porte pour sensibiliser le public à la carmantine d’Amérique.

Ce projet appuie les mesures de la Déclaration visant à accroître les connaissances sur la répartition et l’abondance de la carmantine d’Amérique en Ontario, à déterminer la variabilité des populations de carmantine d’Amérique dans son aire de répartition naturelle et les conditions d’habitat qu’elle préfère et à obtenir la participation des parties intéressées locales à l’intendance de l’habitat au bénéfice de la carmantine d’Amérique.

Fonds d’intendance des espèces en péril

  • numéro
    2

    projets incluaient la carmantine d’Amérique

  • le châtaignier d’Amérique
    100 310 $

    pour la carmantine d’Amérique exclusivement

  • projets multiples
    95 155 $

    en appui et financement supplémentaires

  • deux mains en l'air
    27

    bénévoles

  • horloge
    371

    heures de bénévolat

  • mégaphone
    260

    personnes atteintes par la sensibilisation

Efforts pour minimiser les effets nuisibles sur la carmantine d’Amérique

Le soutien des partenaires par l’entremise de permis et des conditions assorties est une importante mesure menée par le gouvernement.

Depuis que l’espèce est protégée par la LEVD, deux « permis destinés à la protection ou au rétablissement » (c.-à-d., des permis délivrés en vertu de l’alinéa 17(2)b)) ont été délivrés pour la carmantine d’Amérique. Des « permis destinés à la protection ou au rétablissement » sont délivrés lorsque l’activité autorisée vise à aider à la protection ou au rétablissement d’une espèce en péril. Les deux permis ont été délivrés exclusivement pour la carmantine d’Amérique. Ceux-ci ont permis à deux organisations d’entreprendre la collecte de matières végétales en vue de mener des études moléculaires, notamment l’extraction d’ADN afin d’examiner la viabilité de la population.

Trois activités susceptibles d’affecter la carmantine d’Amérique ou son habitat ont été enregistrées aux fins du Règlement de l’Ontario 242/08 en vertu de la LEVD. Cela comprend deux activités enregistrées sous « Activités de protection et de rétablissement des espèces » (article 23.17) et une activité enregistrée sous « Menaces non imminentes pour la santé et la sécurité » (article 23.18) du Règlement de l’Ontario 242/08. Ces enregistrements exigent que la personne enregistrée se conforme à toutes les conditions du règlement, notamment :

  • préparer un plan de mesures d’atténuation à l’aide des meilleurs renseignements disponibles sur les mesures susceptibles de contribuer à réduire au minimum ou à éviter les conséquences préjudiciables pour l’espèce;
  • signaler les observations de l’espèce en utilisant le formulaire de signalement d’observations sur les espèces en péril et en le transmettant au Centre d’information sur le patrimoine naturel (CIPN).
  • 2
    permis pour raison de protection ou de rétablissement
  • 3
    enregistrements
  •  
  •  

Occurrences de la carmantine d’Amérique en Ontario

Quinze populationsfootnote 3 de la carmantine d’Amérique ont été répertoriées en Ontario. Parmi celles-ci, sept sont considérées comme existantes (c’est-à-dire qu’elles ont été observées au cours des 20 dernières années), trois sont considérées comme historiquesfootnote 4 et cinq sont considérés comme disparues.

Depuis 2008, l’entrepôt de données central du gouvernement au CIPN a reçu 194 signalements de l’espèce. Ces signalements sont tirés d’observations entre 1900 et 2012 en provenance de différentes sources. Les documents transmis ont permis de préciser les endroits où l’espèce est présente ou a déjà été présente et peuvent fournir des informations supplémentaires sur l’habitat de l’espèce et sur ce qui la menace.

Depuis 2008, date à laquelle l’espèce a été inscrite sur la liste de la LEVD, quatre nouvelles populations ont été répertoriées et 105 observations ont été signalées. Les populations locales nouvellement relevées sont probablement le résultat de l’augmentation de l’effort de recherche et de l’éducation sur la carmantine d’Amérique et pourraient ne pas représenter une hausse réelle du nombre de populations, mais plutôt une augmentation des connaissances sur la répartition et l’abondance de l’espèce.

Il se peut que des observations de la carmantine d’Amérique n’aient pas été transmises au gouvernement. L’importance d’encourager le signalement des observations de cette espèce fait partie des mesures menées par le gouvernement qui sont énoncées dans la Déclaration. La soumission des observations de cette espèce au gouvernement permet d’accroître nos connaissances des endroits où elle est présente et peut jouer un rôle important dans l’évaluation de la viabilité de populations d’espèces.

Tout le monde est encouragé à transmettre (ou peut être tenu de le faire par une autorisation ou une approbation) les observations de la carmantine d’Amérique ou de toute autre espèce en péril observée au CIPN afin qu’elles soient intégrées au répertoire provincial des observations.

194 signalements de ces espèces ont été communiqués au CIPN depuis 2008

Résumé des progrès accomplis vers l’atteinte de l’objectif de rétablissement

Résumé des progrès

Des progrès ont été réalisés en ce qui concerne la majorité des mesures menées par le gouvernement et la majorité des mesures appuyées par le gouvernement qui sont énoncées dans la Déclaration pour la carmantine d’Amérique. Le gouvernement de l’Ontario a mené directement certaines mesures afin de faire ce qui suit :

  • renseigner les autres organismes et autorités qui prennent part aux processus de planification et d’évaluation environnementales quant aux exigences de protection prévues à la LEVD
  • encourager la soumission de données sur la carmantine d’Amérique à l’entrepôt de données du gouvernement au CIPN
  • entreprendre des activités de communication et de diffusion afin d’augmenter la sensibilisation de la population quant aux espèces en péril en Ontario
  • protéger la carmantine d’Amérique et son habitat par l’entremise de la LEVD
  • appuyer les partenaires en conservation, et les organismes, municipalités et industries partenaires et les collectivités autochtones, pour qu’ils entreprennent des activités visant à protéger et rétablir la carmantine d’Amérique. Ce soutien prendra la forme de financement, d’ententes, de permis (assortis de conditions) et de services consultatifs
  • établir et communiquer des mesures prioritaires annuelles pour l’appui gouvernemental afin d’encourager la collaboration et réduire le chevauchement des travaux

Les mesures appuyées par le gouvernement s’articulent autour de domaines d’intervention visant le rétablissement. Des progrès ont été accomplis relativement à tous les objectifs de rétablissement appuyés par le gouvernement et à la majorité des mesures connexes énoncées dans la Déclaration relative à la carmantine d’Amérique.

Dans le cadre de l’objectif visant à accroître les connaissances sur la répartition et l’abondance de la carmantine d’Amérique en Ontario, des progrès ont été réalisés pour toutes les mesures :

  • surveiller l’abondance des populations, leur démographie, les conditions de l’habitat et les menaces aux endroits où pousse l’espèce (mesure 1 – hautement prioritaire);
  • mener un programme normalisé de recensement des lieux d’habitat adéquats et des sites historiques pour tenter de répertorier de nouvelles populations dans l’aire de répartition actuelle de l’espèce (mesure 2).

Ces mesures ont été mises en œuvre par l’entremise de projets appuyés par le Programme d’intendance des espèces en péril pour mener des activités de surveillance sur les populations historiques et existantes et sur les nouvelles populations dans l’aire de répartition de l’espèce. Ces activités, autorisées par des permis destinés à la protection ou au rétablissement délivrés en vertu de la LEVD, ont permis d’obtenir davantage d’informations sur leur localisation et sur la meilleure façon de protéger leur habitat dans certaines zones où elles se trouvent.

Dans le cadre de l’objectif visant à déterminer la variabilité des populations de carmantine d’Amérique dans son aire de répartition naturelle et les conditions d’habitat qu’elle préfère, des progrès ont été réalisés dans le cadre de la mesure 3 et des progrès initiaux ont été réalisés dans le cadre des mesures 4 et 5 :

  • caractériser l’habitat de la carmantine d’Amérique et les conditions de microhabitat, y compris les conditions nécessaires pour le maintien et l’augmentation des populations de l’espèce en Ontario. Travailler en collaboration avec les autres territoires (par exemple, le Québec) lorsque cela est approprié (mesure 3 – hautement prioritaire)
  • faire enquête sur l’envergure des variations au sein des populations de carmantine d’Amérique pour déterminer le niveau de fluctuation naturelle en Ontario (mesure 4)
  • évaluer s’il est approprié et réalisable de rétablir des populations aux sites historiques dans les zones protégées. Cette évaluation devrait être entreprise en coordination avec les processus d’autorisation nécessaires (mesure 5)

Ces mesures ont été mises en œuvre par l’entremise d’un projet appuyé par le Programme d’intendance des espèces en péril pour effectuer des recherches sur l’état de l’habitat actuel de la carmantine d’Amérique dans le but d’éclairer les études de faisabilité concernant le rétablissement potentiel de l’espèce. Ces recherches, autorisées par un permis destiné à la protection ou au rétablissement délivré en vertu de la LEVD, ont permis d’obtenir davantage d’informations sur la localisation des populations et sur la meilleure façon de protéger leur habitat.

Dans le cadre de l’objectif visant à obtenir la participation des parties intéressées locales à l’intendance de l’habitat au bénéfice de la carmantine d’Amérique, des progrès initiaux ont été réalisés dans le cadre des mesures 6 et 7 :

  • maintenir la qualité de l’habitat en minimisant ou en atténuant les impacts causés par la fluctuation des quantités d’eau (p. ex., l’exploitation de barrages) (mesure 6 – hautement prioritaire)
  • mettre en œuvre des pratiques de gestion optimales (PGO) pour la lutte contre les espèces envahissantes, comme les PGO du ministère pour la lutte du roseau commun (Phragmites australis australis) dans l’habitat de la carmantine d’Amérique (mesure 7)

Ces mesures ont été mises en œuvre par l’entremise d’un projet appuyé par le Programme d’intendance des espèces en péril visant à sensibiliser et à éduquer les propriétaires fonciers sur l’importance de zones tampons riveraines pour l’habitat de la carmantine d’Amérique.

L’objectif pour le rétablissement de la carmantine d’Amérique est de maintenir les niveaux de population actuels aux endroits où pousse l’espèce et, si possible, favoriser l’accroissement des populations. Les efforts déployés vers l’accomplissement des mesures menées et appuyées par le gouvernement ont contribué aux progrès vers l’atteinte de cet objectif. Par exemple, les partenaires d’intendance ont mis en œuvre plusieurs projets qui ont amélioré les connaissances sur l’espèce et sa répartition en Ontario. Grâce à ces efforts, et conformément à l’objectif de rétablissement, le répertoire provincial des observations comprend quatre populations nouvellement répertoriées depuis 2008. Ces nouvelles populations représentent plus de la moitié des sept populations existantes et indiquent que la carmantine d’Amérique subsiste (et qu’elle augmente peut-être) en Ontario.

Recommandations

Comme le stipule la Déclaration, l’évaluation des progrès accomplis peut servir à déterminer plus facilement les ajustements à faire pour parvenir à protéger et à rétablir les espèces. D’après les progrès accomplis à ce jour, l’orientation générale que propose la Déclaration relative à la carmantine d’Amérique devrait continuer de guider la protection et le rétablissement de l’espèce, surtout en ce qui a trait aux mesures que la Déclaration désigne comme hautement prioritaires. Comparativement aux mesures ayant reçu un appui plus important, la mesure suivante a reçu moins d’appui et pourrait constituer une priorité pour les prochaines activités et décisions connexes concernant la protection et le rétablissement de l’espèce :

  • Effectuer des enquêtes aux endroits historiques où poussait la carmantine d’Amérique dans les parcs provinciaux et si on trouve l’espèce, protéger et maintenir un habitat adéquat (une mesure menée par le gouvernement) et mettre en œuvre des pratiques de gestion optimales (PGO) pour la lutte contre les espèces envahissantes, comme les PGO du ministère pour la lutte du roseau commun dans l’habitat de la carmantine d’Amérique (mesure 7).

Même si des progrès ont été réalisés en ce qui concerne ces mesures, des efforts supplémentaires sont nécessaires afin de les mettre pleinement en œuvre :

  • faire enquête sur l’envergure des variations au sein des populations de carmantine d’Amérique pour déterminer le niveau de fluctuation naturelle en Ontario (mesure 4)
  • évaluer s’il est approprié et réalisable de rétablir des populations aux sites historiques dans les zones protégées (mesure 5)

À l’avenir, la protection et le rétablissement de la carmantine d’Amérique continueront d’être une responsabilité partagée qui nécessitera la participation d’un grand nombre de particuliers, d’organismes et de collectivités. Un soutien financier pour la mise en place des mesures pourrait être offert par l’intermédiaire du Programme d’intendance des espèces en péril. Le gouvernement pourrait aussi donner des conseils sur la possible nécessité d’obtenir une autorisation en vertu de la LEVD ou d’autres lois avant d’entreprendre un projet. En travaillant ensemble, nous pourrons continuer d’accomplir des progrès dans la protection et le rétablissement de la carmantine d’Amérique en Ontario.

Résumé des progrès accomplis vers la protection et le rétablissement de la carmantine d’Amérique (2007 à 2017)

Situation provinciale

La carmantine d’Amérique est désignée comme espèce menacée en vertu de la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition (LEVD). Avant sa transition vers la LEVD, la carmantine d’Amérique était inscrite comme espèce menacée sur la Liste des espèces en péril en Ontario, mais n’était pas réglementée au titre de la version précédente de la Loi sur les espèces en voie de disparition. L’espèce est protégée depuis 2008 en vertu de la LEVD, loi qui interdit de la tuer, la blesser, la harceler, la capturer ou la prendre, et son habitat est protégé de l’endommagement et de la destruction depuis 2013.

Documents et directives propres à l’espèce publiés par le gouvernement

Projets d’intendance soutenus par le gouvernement

  • À l’aide du Programme d’intendance des espèces en péril, le gouvernement de l’Ontario a permis à ses partenaires d’intendance de réaliser deux projets (100 310 $) qui ont contribué à la protection et au rétablissement de la carmantine d’Amérique.
  • Le soutien financier du gouvernement a aidé les partenaires d’intendance à faire participer 27 personnes qui ont consacré bénévolement 371 heures de leur temps à des activités de protection et de rétablissement de plusieurs espèces en péril, dont la carmantine d’Amérique. La valeur estimée de ces participations bénévoles, à laquelle s’ajoutent le financement et l’appui non financier, s’élève à 95 155 $.
  • Les partenaires d’intendance ont indiqué avoir offert une sensibilisation sur la carmantine d’Amérique à 260 personnes.

Soutien des activités humaines tout en assurant l’appui nécessaire au rétablissement de l’espèce

  • Le gouvernement a délivré deux « permis destinés à la protection ou au rétablissement » pour cette espèce en vertu de l’alinéa 17(2)b) de la LEVD.
  • Trois activités ont été enregistrées pour ces espèces. Les activités ont été enregistrées sous « Activités de protection et de rétablissement des espèces » (article 23.17) et « Menaces non imminentes pour la santé et la sécurité » (article 23.18) en vertu du Règlement de l’Ontario 242/08 de la LEVD.

Occurrences et répartition

  • Quinze populations de carmantine d’Amérique ont été documentées dans le comté d’Essex, dans la région de Niagara et dans la région des Mille-Îles en Ontario. À l’heure actuelle, sept de ces populations sont existantes, trois sont considérées comme historiques et cinq sont considérées comme disparues. Depuis 2008, le statut d’une population est passé de « existante » à « historique » selon la date à laquelle elle avait été observée pour la dernière fois. Quatre nouvelles populations de la carmantine d’Amérique ont été relevées depuis 2008. Cette augmentation globale du nombre de populations existantes connues est conforme à l’objectif provincial de rétablissement de l’espèce et indique que l’espèce continue de subsister (et qu’elle augmente peut-être) en Ontario.

Renseignements connexes


Notes en bas de page

  • note de bas de page[1] Retour au paragraphe Aux fins du présent rapport, une « espèce en transition » est une espèce en voie de disparition ou menacée inscrite aux annexes 1, 3  ou 4 de la LEVD qui a conservé le même statut depuis juin 2008.
  • note de bas de page[2] Retour au paragraphe Certains projets appuyés dans le cadre du Programme d’intendance des espèces en péril peuvent nécessiter un permis en vertu de l’alinéa 17(2)b) pour pouvoir mener à bien le projet. Par conséquent, il est possible que certains permis en vertu de l’alinéa 17(2)b) mentionnés dans la partie 7 du présent rapport aient été délivrés pour autoriser ces projets.
  • note de bas de page[3] Retour au paragraphe Une population est une zone de terre ou d’eau sur ou dans laquelle un élément (p. ex., la carmantine d’Amérique) est ou a été présent. Elle comprend au moins une observation, et la zone a une valeur pratique de conservation puisqu’elle est importante pour la conservation de l’espèce. Le terme technique que l’on emploie à cet effet est « occurrence d’élément ».
  • note de bas de page[4] Retour au paragraphe Une population est considérée comme historique si elle n’a pas été enregistrée dans les 20 dernières années. Il se peut que des populations historiques existent encore, mais des renseignements à jour ne sont pas disponibles