Vous avez peut-être entendu parler du trouble appelé « trouble oppositionnel avec provocation » (TOP) et vous êtes demandé ce qu'il signifiait. Joignez-vous au club! À entendre les « symptômes » du TOP, le diagnostic semble une simple description d'un mauvais comportement — les critères n’expliquent pas vraiment d'où il provient, et il n'y a pas de recherches proposant des causes génétiques ou neurologiques pour ce trouble. Cela ne nous donne pas beaucoup d'idées pour composer avec ces comportements et, habituellement, les parents ou les professionnels sont laissés à réfléchir à des façons de motiver l'enfant à bien se comporter.

Toutefois, il existe des preuves croissantes que le comportement oppositionnel avec provocation ne survient pas à lui seul. En d'autres termes, la recherche qui dit que « les enfants ne choisissent pas simplement d'être méchants » s'accroît. Souvent, les enfants ont d'autres troubles, et ces symptômes sont souvent confondus avec l'entêtement et le caractère de « rebelle », ou préparent la voie pour que ces comportements apparaissent. Si c’est le cas, on pourrait s'attendre à ce que, une fois que ces autres troubles sont adéquatement reconnus, gérés et traités, le « mauvais comportement » disparaisse de lui-même… et c'est exactement ce que certains chercheurs et cliniciens commencent à découvrir!

Un grand nombre de ces troubles peuvent être considérés comme des problèmes de capacité de s'arrêter soi-même — par exemple, arrêter ses mouvements et bruits (syndrome de la Tourette [ST]), freiner ses impulsions (trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité, type à hyperactivité/impulsivité prédominante [TDAH-HIP]), empêcher son attention d'errer (TDAH à inattention prédominante [ADHD-IP]), réduire sa sensibilité à chaque élément d'information sensorielle dans une situation, ou même arrêter ses propres pensées (trouble obsessionnel-compulsif [TOC]). Être capable d'arrêter ce que vous faites lorsque quelqu'un vous demande de faire autre chose, sans vous mettre en colère, exige également de bons freins — compte tenu des « freins fuyants » que ces enfants peuvent déjà avoir, peut-être que CES freins fuient également! Si cela est vrai, nous ne devrions pas considérer que ces enfants VEULENT être désobéissants. Nous devrions plutôt interpréter leurs problèmes comme une réaction naturelle aux luttes pour composer avec ces « freins fuyants », et comme un résultat de celles-ci. Ce sont là d'excellentes nouvelles, parce qu'elles signifient que nous pouvons commencer à travailler AVEC ces enfants pour résoudre un problème mutuel, plutôt que de lutter contre eux.

Donc, Munissons-les de freins!

Tout d’abord — restez calme! Ainsi, vous donnez l'exemple du comportement approprié à la personne. Cela est plus facile à dire qu'à faire, mais semble plus facile une fois que vous réalisez que ces « comportements » proviennent d'un endroit que l'enfant ne choisit pas. Et tout comme, par exemple, il ne sert à rien de prendre personnellement une crise épileptique, prendre ces comportements personnellement commence à sembler impraticable et illogique.

  • De nombreux parents signalent que leur enfant semble avoir une réponse de « non automatique » — même lorsqu'on lui demande de se préparer pour une activité qu'il aime! Ne réagissez pas comme si le « non » est personnel (c.-à-d. avec émotion) ou une invitation à une lutte pour le pouvoir… parce que, souvent, ce n'est pas le cas! Souvent, un « non immédiat » signifie que l'enfant est accablé ou « coincé » et souvent, ce « non » peut être changé en un accord, si l'on alloue du temps à l'enfant pour assimiler le changement soudain de plans. Plutôt que de « mordre à l'hameçon », trouvez simplement un nouveau langage ensemble (p. ex. « j'ai besoin d'une seconde ») pour que l'enfant communique la difficulté qu'il a à mettre les freins et à changer de direction. De plus, prévoyez le temps supplémentaire qui sera requis pour que ces enfants s'adaptent à la nouvelle direction, et préparez-vous à cette fin.
  • Trouvez « ce qui se passe » — simplement écouter et refléter le point de vue de l'enfant rendra ce dernier plus disponible à la réflexion. Incidemment, il n'est pas nécessaire d'être d'accord avec un point de vue pour l'écouter quand même et le refléter.
  • Une autre technique à tenter pour réduire les luttes pour le pouvoir est de citer la règle plutôt que de mentionner votre autorité à titre de parent dans la situation. Par exemple, plutôt que de dire : « Tu vas terminer ton travail avant de regarder la télévision parce que je suis ta mère et que c'est ce que je dis », vous voudrez peut-être dire plutôt : « Je comprends que tu ne veux vraiment pas manquer la deuxième partie de cette émission parce qu'elle est excellente et que c'est ton émission favorite. Cependant, la règle dans cette maison est que chacun doit faire son travail avant d'avoir du  plaisir ».
  • Utilisez le mot « Arrête! » plutôt que « Non! » est un moyen qui, selon certains parents, peut être utile pour éviter les réactions oppositionnelles.
  • Offrir des possibilités de choix : « QUAND tu fais ton devoir, veux-tu le faire à la table de la cuisine ou dans ta chambre? Avec un stylo ou un crayon? À l'ordinateur ou sur papier? » Proposez des choix à la personne si elle semble « coincée », mais gardez-les simples et peu nombreux pour éviter la surcharge.
  • Mettez l'accent sur le contrôle de la situation exercé par la personne (c.-à-d. il incombe entièrement à la personne de décider quoi faire mais les conséquences seront alors de son propre choix), et encouragez-la à faire le bon choix. Discuter des choix (ou, d'ailleurs, résoudre un problème et/ou décider ensemble des réparations) ne peut pas bien se faire « dans  le  moment » et doit avoir lieu longtemps à l'avance en prévision d'une situation qui tourne mal, ou après que la pause a eu lieu et que l'enfant est à nouveau « disponible » pour parler.
  • Si l'enfant a besoin d'une pause pour réduire la stimulation (ce qui lui permettra ensuite de « plier » plus facilement), cela ne devrait pas se faire d'une façon punitive ou d'une manière qui accroît davantage le stress (c.-à-d. élever la voix, forcer le contact oculaire, forcer un choix, etc.). En fait, reconnaître qu'une pause est nécessaire devrait être récompensé; la pause devrait comprendre une activité qui est relaxante et amusante pour l'enfant, et il ne devrait pas y avoir de limite de temps.
  • C'est une stratégie pour l'enfant qui a développé un arsenal de techniques pour se retirer d'une situation lorsque le travail devient difficile. Avant d'attribuer ces comportements à l'apathie, à l'indifférence ou à une lutte pour le pouvoir, l'apparition de ces comportements devrait être considérée comme un signal potentiel que l'enfant a besoin d'aide additionnelle à un certain égard. Ce n'est pas une coïncidence que les psychologues voient souvent les comportements d'évitement les plus marqués au cours de tâches pour lesquelles les capacités de l'enfant sont très faibles.
  • Compte tenu des problèmes possibles d'estime de soi, il sera important de souligner à l'enfant que c'est le comportement non conforme qui  est inacceptable, et non pas lui. En outre, on peut signaler que ce sont les choix que l'enfant fait qui déterminent s'il recevra des récompenses ou des punitions, et non pas si son enseignant, ses pairs ou ses parents l'aiment ou ne l'aiment pas.

Une fois que les troubles de « freins fuyants » ont été dûment définis et pris en compte, si l'enfant ne donne pas suite aux attentes, il est important d'utiliser (et vous avez maintenant « acheté le droit » de les utiliser) de bonnes techniques de modification du comportement (« mod-C ») pour gérer la situation. Non pas parce que le TOP est nécessairement attribuable à un « mauvais parentage » ou à des « enfants gâtés »… mais parce que ces facteurs, s’ils existent, aggraveront davantage n'importe quel problème!

  • La mod-C est toujours une bonne chose à avoir en place avec n'importe quel enfant ce n'est pas simplement la solution à chaque problème et cela n'enseigne certainement pas les compétences nécessaires lorsqu'une personne a des « freins fuyants ». Pour cette raison, avant que la mod-C soit utilisée, elle doit être superposée à tout accommodement nécessaire pour le ou les troubles existants. Ainsi, lorsque nous avons davantage confiance que n'importe quelle non-conformité a trait à l'absence de motivation (que la punition PEUT influencer) et non pas à un déficit de compétence (pour lequel la punition ne peut absolument rien faire).
  • Il est recommandé, tant à l'école qu'à la maison, que l'enfant participe à l'établissement des règles puisque cela l'aidera à réduire les luttes pour le pouvoir. Aussi longtemps que les adultes qui font partie de la vie de l'enfant établissent les règles unilatéralement, le rejet provocant de ces règles est une façon pour l'enfant de s'affirmer. Cependant, une fois que les règles sont créées ensemble, cela signifie qu'un échec à la règle est maintenant un échec personnel de la part de l'enfant. Par conséquent, l'enfant deviendra implicitement plus motivé à investir dans le succès de ces règles. C'est également une façon d'aider l'enfant à se sentir davantage en contrôle et moins « soumis à une action », ce qui aura des ramifications positives pour l'estime de soi.
  • De même, il est crucial pour l'enfant de comprendre exactement pourquoi certaines règles et stratégies sont en place : leur existence, à elle seule, ne suffit pas. Si l'enfant présume que certains exercices sont simplement des fardeaux additionnels que les adultes lui ont infligés, il se rebellera contre eux. Toutefois, si on lui explique POURQUOI et COMMENT ces stratégies amélioreront sa vie (p. ex. souligner en quoi ces règles rendent les choses « justes »), elles pourront être adoptées plus rapidement et plus facilement.

    Utilisez les techniques suivantes lorsque vous faites une demande :
    • soyez près de l'enfant, physiquement; réduisez les autres distractions susceptibles d'être présentes;
    • ne présentez la demande qu'après avoir obtenu un contact oculaire avec l’enfant;
    • utilisez une voix calme mais ferme;
    • utilisez des énoncés directs (« range les jouets maintenant ») plutôt que des questions (« voudrais-tu ranger les jouets maintenant? »);
    • ne présentez qu'une demande à la fois;
    • soyez bref et direct;
    • regardez (c.-à-d. « fixez du regard ») l'enfant pendant 20 à 30 secondes après avoir fait la demande; cela communique que vous êtes sérieux et que vous vous attendez à ce qu'il se conforme. Cela lui permet également de réévaluer ce qui pourrait être une réaction initiale impulsive, sans exercer des pressions qui accroissent le stress et qui rendent les freins encore plus fuyants (p. ex. voix élevée, menaces). Ne répétez pas la commande avant que ce laps de temps se soit écoulé. Ne fixez pas d'un regard furieux — maintenez simplement le contact oculaire et une expression sérieuse.
  • Si l'enfant ne se conforme pas à la demande, la situation devrait faire l’objet d’une discussion aussitôt après que l'enfant a donné suite aux attentes et que la tension a diminué. Prenez soin de ne pas discuter des choses pendant que l'enfant est encore surchargé ou s'il l'est — voir « Mettre les freins à la rage ».
  • La partie initiale de la conversation devrait avoir pour but de déterminer si l'enfant sait quelles sont les attentes et comment y satisfaire. Si le problème est attribuable à un manque de connaissances ou d'aptitudes, il faudra lui rappeler, signaler ou enseigner quoi faire.
  • Si l'enfant sait ce qu'il doit faire et que son comportement est « non conforme », alors, d'une voix calme mais ferme, vous devriez répéter les attentes. Si l'enfant veut argumenter, il est préférable de continuer, en parlant d’une voix calme et ferme, d'exposer les choix et d’expliquer clairement les conséquences pour chaque choix. Il est préférable d'en faire des conséquences « naturelles ». Par exemple,
    • si l'enfant endommage un bien, il devra alors fournir un genre de restitution;
    • s'il n'a pas fini ce qu'on lui a demandé de faire, il ne peut pas avoir sa collation tout de suite.
  • Si l'enfant continue de refuser de coopérer, il devrait toujours être donné suite aux conséquences. Il est très important de ne pas céder aux désirs de l'enfant une fois qu'une attente a été formulée puisque autrement, l’enfant serait récompensé du fait d'être oppositionnel et cela assurerait qu'il continue de résister aux attentes des autres à l'avenir lorsqu'elles ne correspondent pas aux siennes.
  • Il sera important de veiller à ce que les conséquences soient constantes, immédiates et suffisamment désagréables :
    • si, par exemple, l'enfant reconnaît qu'il peut s'en tirer avec un certain comportement indésirable 5 fois avant de s'attirer des ennuis, plutôt que d'apprendre à ne pas se livrer à un tel comportement, il apprendra plutôt uniquement à adopter ce comportement jusqu'à 4 fois. Ce scénario peut être évité en enseignant à l'enfant qu'un comportement particulier mènera à une conséquence particulière à chaque fois; il n'y a pas de « cumuls »;
    • de même, si le fait de se livrer à certains comportements indésirables permet de réussir à éviter n'importe quoi qu'il ne veut pas faire, l'enfant apprendra à adopter ce comportement de plus en plus souvent et longtemps pour obtenir ce qu'il veut. Les conséquences doivent donc comprendre, entre autres, l'achèvement de la tâche que l'enfant avait évitée en premier lieu.
  • Enfin, assurez-vous que les punitions, quoique conçues pour être négatives, ne contiennent pas d’éléments positifs. Les punitions qui exigent une quantité considérable de votre temps et/ou attention peuvent, en fait, accroître plutôt que réprimer le comportement indésirable.
  • Le propre pouvoir de choisir de l'enfant devrait toujours être souligné; plutôt que d'être une lutte pour le pouvoir entre l'adulte et l'enfant, c’est là une situation où l'enfant est maître de son propre destin.
  • Parfois, il peut être utile de changer de tâche momentanément avant de retourner à l'attente initiale.
  • Certains enfants bénéficient d'une formation en compétences sociales qui incorpore les stratégies de médiation verbale, la résolution de problèmes, l’adoption de perspectives et le jeu de rôle. Cela peut aider l'enfant à apprendre des comportements sociaux appropriés ainsi que l'effet de son comportement sur les autres.

Une réaction initiale de l'enfant à la modification du comportement peut être attendue — pendant un certain temps, le comportement s'aggravera. Cela est d'autant plus vrai si l'enfant s'est habitué à faire à sa tête par le passé. L'enfant verra ces nouvelles stratégies comme pouvant également être combattues, et résistera donc à ces nouvelles normes, s'attendant à ce que vous cédiez, en définitive. Plutôt que d'être un pas en arrière, cet accroissement du mauvais comportement (appelé une « extinction du comportement ») est, en fait, un progrès et la première étape vers un meilleur comportement. La clé du succès est de rester ferme pendant que l'enfant fait l'épreuve du nouveau statu quo. Une fois que l'enfant réalise que vous ne bougerez pas, il adoptera les nouvelles règles. Peu importe combien déchirant ce processus peut sembler, il est impératif que ces nouvelles stratégies ne soient pas abandonnées, à la maison ou à l'école, au cours de cette nouvelle période d'apprentissage. Un tel abandon indiquerait à l'enfant que rien n'a changé, sauf le fait qu'il doit maintenant accroître considérablement ses agissements pour obtenir ce qu'il veut… ce qui rend les problèmes encore pires!!!

Enfin, parents, assurez-vous de demander que tout aménagement pertinent qui figure sur ce document est ajouté à un Plan d'Enseignement Individualisé (PEI) formel. Il n'est pas nécessaire qu'un PEI informel soit mis en œuvre ou transféré, tandis qu'un PEI formel est un processus législatif qui inclut également le Comité d'Identification, de Placement et de Réexamen (C.I.P.R.) et qui doit être respecté, aux termes de la Loi sur l'éducation (Loi sur l'éducation, Règlement 181/98). Tous les enfants ayant des besoins spéciaux définis ont accès à ce processus.