Les obsessions sont des pensées, des idées ou des images qui reviennent continuellement dans votre esprit même si vous ne le voulez pas. Elles peuvent être désagréables, stupides ou embarrassantes. Les compulsions sont des choses dont vous avez l'impression de devoir faire, même si vous savez peut-être qu'elles sont insensées. Parfois, vous pouvez essayer d'arrêter lorsque vous les faites, mais il se peut que ce ne soit pas possible. Vous vous sentirez peut-être inquiet, fâché ou frustré jusqu'à ce que vous ayez fini ce que vous avez à faire (tiré de Children’s Yale - Brown Obsessive Compulsive Scale de Goodman, Price et coll., 1991).

Les compulsions sont les rituels que nous pratiquons souvent pour faire disparaître les obsessions pendant un certain temps — ces pensées obsessives nous tourmentent énormément, et font en sorte que nous nous sentions très mal à l'aise. Lorsque quelque chose que nous faisons met fin au tourment et au malaise, on se sent alors très bien! En fait, nous nous sentons tellement bien que nous apprenons à faire cette chose de plus en plus souvent pour garder le tourment et le malaise à l'écart; c'est ainsi que ces choses deviennent des rituels. Les obsessions courantes ont trait à la poussière et aux microbes, à l’idée d’avoir oublié de faire quelque chose, au fait qu’une chose semble ne pas avoir été faite « de la bonne façon », ou vous donne une telle impression. Certaines obsessions sont des pensées qui nous font éprouver de la honte, par exemple des pensées au sujet de faire du mal à quelqu'un que vous aimez. Les compulsions ou rituels courants sont le nettoyage, l'organisation des choses d'une certaine façon, vérifier quelque chose à maintes et maintes reprises, compter, ou accumuler des choses inutiles.

Le problème en ce qui a trait aux rituels est qu'ils peuvent prendre beaucoup trop de votre temps. Ils peuvent être un peu stupides ou embarrassants ou causer des problèmes avec les amis. De plus, nous pouvons manquer de temps pour procéder à nos rituels, ou les gens peuvent ne pas les comprendre. Et si nous ne pouvons les pratiquer, ou si quelqu'un les supprime, cela ramène tout le tourment et le malaise, encore plus forts qu'auparavant! Nous pouvons exploser devant quelqu'un ou dans une situation, parce que nous ne pouvons pas composer avec ces obsessions encore une fois!

Tout cela ne signifie pas que nous sommes faibles, ou que nous manquons de fibre morale. Ce que cela signifie réellement, cependant, c’est que la plupart des gens ont des freins suffisamment efficaces sur leurs pensées, pour les arrêter lorsqu'ils ne veulent plus songer à ces pensées. Nous en sommes incapables, ce qui nous emprisonne dans les mêmes pensées à maintes et maintes reprises, si bien que nous ne pouvons pas passer à de nouvelles pensées aussi facilement que d'autres le peuvent.

Toutefois, cela ne signifie pas que nous ne pouvons rien faire à cet égard! Vous pouvez vous rétablir du problème que crée le trouble obsessionnel-compulsif (TOC), et vous pouvez vous débarrasser de tout ce tourment et ce malaise. Et vous savez quoi? Vous le méritez!

Donc, Munissons-les de freins!

  • Il est d'une importance cruciale d'informer la personne sur la nature des obsessions et des compulsions, et sur la façon de les reconnaître lorsqu'elles font obstacle à ses véritables intentions. Lorsqu'ils font l’objet d’un diagnostic pour la première fois, de nombreux enfants et jeunes ne savent pas que les impulsions et les pensées avec lesquelles ils sont aux prises ne sont pas des expériences communes aux autres enfants. De plus, il se peut qu'ils n'aient jamais su ce que c'est que de ne pas vivre ces expériences. Par conséquent, il faudra du temps et de la patience pour développer la connaissance nécessaire pour reconnaître l'influence du trouble. Cependant, il s'agit d'une étape intégrale de l'apprentissage visant à composer avec le diagnostic. Cette mesure permettra à ces enfants de se « distancer » eux-mêmes et de distancer leurs pensées de l'anxiété et de l'inconfort créés par les obsessions. Une fois qu’ils sont en mesure de créer une telle distance, ils sont mieux équipés pour résister aux choses qui ne se passent pas « exactement de la bonne façon » sans accès de colère ou tourmente subséquente.
  • Une bonne façon d'entreprendre cette formation est d'externaliser les obsessions; créer un nom ensemble pour celles-ci (Monsieur TOC, ce stupide tic du cerveau), et de recadrer les situations problématiques comme étant le fait que Monsieur TOC attire des ennuis à la personne, et non pas la personne qui choisit de s'attirer des ennuis elle-même. Lorsque la personne vit un moment d'inflexibilité, traitez du trouble plutôt que de la personne. Enfin, la création d'un code-phrase (p. ex. « coincé »! « blocage de cerveau! ») à utiliser lorsque la personne est perdue dans une obsession peut être une façon de rompre l'emprise et de signaler à chacun que l'ennemi véritable dans la situation donnée est cette obsession, et non pas l'un l'autre.
  • Au cours de la discussion d'un « blocage de cerveau », posez des questions de savoir quelle est, précisément, la pensée dont la personne fait l'expérience et qui lui cause tellement d'angoisse. Cette mesure peut mettre en lumière de nouveaux moyens éventuels de résoudre la situation problématique (p. ex. trouver une façon de satisfaire à l'anxiété d'une manière plus discrète). Le fait de connaître la pensée suscitant l'anxiété peut également permettre à d'autres d'aider la personne à évaluer de façon réaliste dans quelle mesure la pensée est réellement « dangereuse » et, par conséquent, de se distancer davantage elle-même de l'anxiété (p. ex. « Que pensez-vous qu'il pourrait arriver si vous ne faites pas        ? Quel est le pire qui pourrait arriver? Dans quelle mesure croyez-vous qu'il est probable que cela arrive?).

La thérapie d'exposition et de prévention de la réponse (EPR) est hautement efficace avec le TOC et pourrait être envisagée comme option de traitement. Voici comment elle fonctionne : comme la raison pour laquelle nous nous livrons aux compulsions est parce que les pensées nous dérangent tellement, nous travaillons à rendre les pensées moins gênantes. Ces pensées peuvent toujours être là parce que nos freins sont encore fuyants, mais elles n'ont pas le même pouvoir sur nous qu'elles avaient auparavant. Cela signifie que nous n'avons plus besoin de nous livrer à nos compulsions et rituels, parce que maintenant, personne ne se préoccupe de savoir si ces pensées sont dans nos têtes ou non! Vous apprendrez peut-être même à rire de ces pensées stupides qui essaient de vous pousser à faire des choses que vous ne voulez pas faire!

Les gens peuvent consulter un psychologue pour apprendre à pratiquer la thérapie EPR; il y a également différents livres qui enseignent aux parents la thérapie EPR et la façon de la mettre en pratique avec leurs enfants. Certains de ces livres sont énumérés dans notre bibliographie de l'Atelier de freins.

Les gens craignent parfois que le fait de passer beaucoup de temps à faire face à leurs obsessions rendra leurs compulsions encore pires plutôt que moins pires, mais c'est faux. D'autres personnes craignent qu’en perdant la crainte entourant leurs obsessions, cela signifie qu'elles commenceront réellement à faire toutes les choses affreuses auxquelles elles puissent penser. Cela est également faux.

Médicaments. On peut envisager un rendez-vous avec un médecin spécialisé en troubles de l'anxiété et qui connaît les médicaments psychotropes comme les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (SSRI), et les antidépresseurs tricycliques (p. ex. Anafranil). L'intervenant peut être un psychiatre, un pédiatre ou un neurologue.

Les médicaments sont importants si la thérapie EPR mentionnée ci-dessus n'est pas disponible ou appropriée, ou si les obsessions et les compulsions sont si fortes que même simplement entreprendre la thérapie est impossible. Autrement, la thérapie EPR fonctionne très bien à elle seule, et enseigne à la personne des compétences pour empêcher les symptômes du TOC de revenir avec le temps. Les médicaments ne fonctionnent pas très bien à eux seuls, et n'empêchent pas non plus le TOC de revenir.

Il est difficile de lutter contre toutes les obsessions en même temps; il est important de travailler aux pensées gênantes une à la fois. De plus, certaines obsessions, si elles sont canalisées et contrôlées adéquatement, peuvent vous aider plutôt que vous nuire (par exemple, les pensées entourant l’exécution soignée des devoirs pourraient améliorer vos notes scolaires!). Par conséquent, certaines stratégies mentionnées ci-dessous proposent une façon de « s'adapter » à certaines obsessions et compulsions ou de les accueillir dans votre vie de façons qui ne créent pas de problèmes.

Il est utile pour nous et pour ceux qui nous entourent de reconnaître les « déclencheurs » de certaines obsessions, qui peuvent mener ensuite aux compulsions. Peut-être que chaque fois que nous allons à un certain endroit, ou que nous faisons une chose particulière, cela fait surgir ces pensées. Les déclencheurs pourraient être certains jouets, certaines heures de la journée, la quantité de sommeil de la nuit précédente, la quantité de stimulation dans la pièce (c.-à-d. nombre de personnes ou niveau de bruit), voir un objet particulier qui n'est pas à sa place, ou beaucoup d'autres choses. Certains de ces « déclencheurs » peuvent être entièrement évitables, si bien que nous pouvons limiter les moments où ces pensées surviendront. Il s'agit d'un bon plan lorsqu'il n'y a simplement pas suffisamment de temps pour donner suite à la compulsion ou pour « changer de vitesse ». Les jours où on peut prédire qu'il s'agira d'une journée de « blocage de cerveau sévère », la journée devrait être organisée de manière à prévenir les difficultés — en planifiant plus de temps de transition entre les activités, par exemple.

Pour les activités dont vous savez qu'elles « déclenchent » les obsessions de la personne, passez du temps ensemble à décider combien de temps vous consacrerez à cette activité. Cependant, décidez de ceci avant d'entreprendre l'activité, autrement vous serez déjà « déclenché » et il sera déjà difficile d'y réfléchir clairement! Créez des points finaux clairs à l'activité et chronométrez-les de façon à ce qu'ils surviennent au début de quelque chose d'autre d'également intéressant pour vous. Les « Time Timers » (chronomètres) peuvent être des rappels visuels utiles — offerts en vente à ADD WareHouse, ces chronomètres sont réglés en bougeant un compteur à disque rouge dans le sens contraire des aiguilles d'une montre vers l'intervalle de temps désiré. Le disque diminue à mesure que le temps s'écoule, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de couleur rouge visible sur la face du chronomètre.

Il sera important d'établir de nombreuses routines prévisibles pour réduire l'anxiété de la personne, puisque celle-ci peut compter sur la structure externe accrue. Les routines feront également en sorte que les transitions entre les activités se fassent harmonieusement, puisque les transitions peuvent être intégrées à la routine. Il est même possible de planifier en vue des imprévus en établissant une routine sur laquelle compter à ces moments-là — une routine pour lorsque vous ne connaissez pas la routine!

Pour les moments où un changement à la routine est inévitable, fournissez des signaux à l'avance (peut-être sous forme de « bonnes nouvelles/mauvaises nouvelles ») afin d'allouer à la personne suffisamment de temps pour cesser l'activité en cours et se préparer à la nouvelle activité.

Ce peut être une excellente idée d'utiliser un ordinateur pour les devoirs et pour le plus de travail scolaire possible (p. ex. un portable, ou un Alphasmart) et ce, pour plusieurs raisons. Souvent, des frustrations surviennent lorsqu'on obsède sur des lettres ou des présentations de page qui ne semblent pas « parfaites » ou « idéales ». Sur un ordinateur, chaque lettre est formée précisément, alignée ou centrée de la façon dont vous le voulez, et la présentation des pages peut être changée en un clin d'œil! De plus, aujourd'hui, la capacité de stockage de la mémoire des ordinateurs est énorme; toute obsession ayant trait à l’accumulation de nombreuses choses inutiles (appelée « accumulation compulsive ») peut facilement être gérée au moyen d’un ordinateur.

Si l'utilisation d'un ordinateur n'est pas disponible ou possible, utiliser un transcripteur ou fournir à la personne des notes photocopiées est le deuxième meilleur choix. Ne demandez pas que des travaux manuscrits soient refaits puisque cela ne servira qu'à exacerber les compulsions entourant l'écriture.

Parfois, il peut sembler impossible de raisonner avec la personne qui vit des obsessions et des compulsions. C'est parce que la personne est « coincée » — cela ne signifie pas que ce que vous dites n'a pas de sens, ni que la personne souffrant de TOC veut vous désobéir ou vous attirer dans une lutte pour le pouvoir. Elle peut simplement vouloir se détourner de ce qu'elle est en train de faire ou de dire, tout autant que vous le voulez! Cependant, plus elle essaie, plus elle y pense, plus il lui est difficile d'arrêter.

Pour cette raison, la distraction peut donner d'excellents résultats chez les gens qui obsèdent. L'humour est un excellent facteur de distraction; c'est une façon d'échapper à l'anxiété associée à la pensée, de sorte que la personne puisse passer à autre chose plus facilement.

Des routines devraient être établies pour et avec la personne aux prises avec des obsessions et des compulsions, et appliquées dans toute la mesure du possible. Ainsi, la personne est munie d'une « voie de canalisation » constructive pour une part de la rigidité. De plus, la prévisibilité externe accrue résultante sur sa vie aidera à compenser la perte de contrôle ressentie à l'égard de ses pensées et comportements.

Assurez-vous toujours que la personne aux prises avec des obsessions et des compulsions comprend clairement ce qui est attendu d'elle, et qu'elle sait comment le faire. Ces personnes sont plus susceptibles que d'autres de leur âge de devenir « coincées » lorsqu'elles ne sont pas certaines de la façon de procéder avec une corvée, une tâche, ou un travail scolaire. Ce sont aussi des enfants et des jeunes qui peuvent poser les mêmes questions à maintes reprises pour composer avec cette anxiété.

Enfin, il y a quelques choses à « Ne pas faire » et à « Faire » pratiques pour les membres de la famille et les amis qui aident les personnes souffrant du TOC; j'ai emprunté quelques idées de M. Fred Penzel, qui aide les gens aux prises avec des obsessions et des compulsions, et j’ai élaboré à partir de ces idées :

  • Ne forcez pas la personne à obtenir de l’aide. Vous ne pouvez pas vous préoccuper d’un traitement plus que la personne elle-même; autrement, cela devient simplement un autre domaine de lutte pour le pouvoir.
  • Mais ne fonctionnez pas pour la personne non plus! Si ses besoins sont satisfaits de toute façon, pourquoi est-ce que ça vaut la peine pour elle d’aller mieux? Cela peut être difficile pour vous – vous pouvez avoir le sentiment d’être méchant, de laisser délibérément dans la misère la personne souffrant du TOC. Cependant, éviter de fonctionner pour la personne a des répercussions importantes sur sa motivation à vouloir demander de l’aide. Si cette personne est assez malheureuse et que la seule façon dont les choses peuvent changer pour elle est de participer à un traitement, elle sera alors motivée à travailler à améliorer les choses.
  • N’assumez pas la responsabilité de veiller à ce que la personne suive son traitement. Autrement, elle n’apprendra rien des exercices, ou n’aura pas de sentiment d’accomplissement personnel pour avoir exécuté les devoirs.
  • N’essayez pas d’« attraper » la personne dans une compulsion, ne vous impatientez pas de la lenteur des progrès, et ne la punissez pas parce qu’elle ne demande pas d’aide. Toutes ces choses ajoutent du stress aux obsessions, ce qui est exactement le contraire de ce que nous voulons faire, et ne feront qu’aggraver les obsessions et les compulsions!
  • Ne participez pas aux symptômes de la personne. Si vous l’avez déjà fait par le passé, il convient de cesser progressivement ou de procéder à un « sevrage brutal ». Au début, le fait que vous ne « jouez pas le jeu » peut susciter beaucoup d’anxiété chez la personne (en particulier si vous avez participé aux rituels par le passé) et donner lieu à quelques explosions (en particulier si vous avez procédé à un « sevrage brutal »), mais cette frustration à court terme est de loin préférable à une dépendance à long terme à votre égard. Plus vous participez aux compulsions, plus vous aidez la personne à éviter l’anxiété que créent les obsessions. Plus la personne évite l’anxiété, moins elle est capable de la tolérer. Ce que tout cela signifie, c’est que les obsessions deviendront de plus en plus fortes, et que la personne se livrera à ses rituels de plus en plus souvent, et de plus en plus rapidement. Avant longtemps, les obsessions et les compulsions domineront tout et tout le monde!
  • À faire : voyez la personne derrière le trouble.
  • À faire : constatez et reconnaissez le progrès de la personne, et soyez positif. Si elle fait une erreur, reconnaissez celle-ci mais renforcez quand même l’effort.
  • À faire : obtenez des renseignements au sujet de traitements, de stratégies ainsi que des histoires de réussite sur des sites Web, dans des livres, des sources médiatiques et auprès de groupes de soutien. Semez ces graines dans la personne.
  • À faire : offrez de l’aide aux fins du traitement.
  • À faire : appuyez les efforts d’autonomie de la personne (p. ex. élaborer ses propres devoirs). Vous ne serez pas là pour toujours, et cette personne doit faire face à ses obsessions et compulsions toute sa vie.
  • À faire : concentrez-vous sur la préoccupation de vivre votre propre vie!

Enfin, parents, assurez-vous de demander que tout accommodement pertinent qui figure sur ce document soit ajouté à un Plan d'Enseignement Individualisé (PEI) formel. Il n'est pas nécessaire qu'un PEI informel soit mis en œuvre ou transféré, tandis qu'un PEI formel est un processus législatif qui inclut également le Comité d'Identification, de Placement et de Réexamen (C.I.P.R.) et qui doit être respecté, aux termes de la Loi sur l'éducation (Loi sur l'éducation, Règlement 181/98). Tous les enfants ayant des besoins spéciaux définis ont accès à ce processus.