Dans n'importe quelle situation (une personne peut vous dire bonjour, quelqu'un peut marcher sur votre château de sable, ou une fille vous embrasse), il y a de nombreuses façons différentes dont une personne peut réagir. Ce que font la plupart des gens est de prendre une décision sur la façon de réagir en fonction de nombreuses informations différentes. Que pensent-ils de cette personne? Que veulent-ils que cette personne pense d'eux? Qu'ont-ils fait la dernière fois? La dernière fois, cette réaction a-t-elle donné de bons résultats?

C'est une bonne chose que la plupart des gens réfléchissent à la situation : la première impulsion qu'ont les gens quant à la façon de réagir à une situation est habituellement une mauvaise idée. Imaginez, alors, si vous ne pouviez retenir votre idée ou votre pensée initiale, parce que les freins chargés de le faire sont un peu « fuyants ». En plus d'être en mouvement constant ou de parler à ce moment-là, souvent, vous diriez ou feriez les pires choses que vous pourriez dire ou faire dans une situation, même si vous saviez que vous pouviez dire ou faire mieux! Comme c'est frustrant!

Cette réaction est appelée trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité, type à hyperactivité/impulsivité prédominante (TDAH-HIP). Une bonne façon de réfléchir au TDAH-HIP est résumée dans la citation suivante de M. Russell Barkley : « Le TDAH-HIP est un problème, non pas de savoir quoi faire, mais de faire ce que vous savez ». Un ordinateur pourrait contenir quelques jeux fantastiques, mais s'il n'a pas de mémoire vive, vous ne pouvez exécuter aucun d'entre eux. De la même façon, en quelque sorte, les personnes souffrant du TDAH-HIP peuvent avoir mémorisé beaucoup de bonnes idées au sujet de quoi faire, quand le faire et à qui le faire, mais elles ne peuvent extraire cette information assez rapidement lorsque c'est vraiment important. Avant même de vous en apercevoir, vous avez déjà « suivi votre instinct », en raison de ce frein fuyant. Les personnes atteintes du TDAH-HIP ont souvent ce que j'appelle un visage « Oh merde! » — c'est l'expression qu'elles ont lorsque la solution correcte (ce qu'elles voulaient réellement faire) leur vient à l’esprit après qu'il est trop tard. Le visage « Oh merde! » prouve que ces personnes ne sont pas méchantes délibérément.

Par exemple, des parents peuvent dire que leur fils semble incapable de s’abstenir d’ennuyer son frère cadet au cours d'un déplacement dans leur camionnette. Il se peut très bien que le fils aîné ait l'intention de suivre cette règle et le désire, mais il agit néanmoins « dans le moment » puisqu'il manque la pause nécessaire pour se rappeler la règle, les conséquences et même ses propres préférences en la matière.

Pour cette raison, un certain nombre d'aptitudes qui exigent qu'une « pause » soit insérée entre l'information d'arrivée et une réaction à celle-ci seront déficientes. Ces aptitudes comprennent gérer le temps, résoudre des problèmes, se parler dans sa tête, la métacognition (réfléchir au sujet de réfléchir), appliquer quelque chose que vous avez apprise dans une situation à une nouvelle situation, et être capable de se ressaisir lorsque quelque chose ne se passe pas de la façon que vous voulez. Reconnaître ces déficits est la première étape pour trouver des « détours » autour d'eux, ou des accommodements, de sorte que les problèmes soient réduits au minimum.

Donc, Munissons-les de freins!

  • Il y a toutes sortes de médicaments qui aident à mieux faire fonctionner ce frein, et qui sont assez efficaces pour que vous en parliez à votre médecin. Certaines pilules sont à prendre une fois par jour (comme Concerta), certaines sont à prendre plus souvent (comme Ritalin), et certaines peuvent être émiettées et saupoudrées sur vos céréales du matin (comme Adderall XR). Certaines font effet pendant une petite période de la journée (comme Dexedrine) et certaines continuent de faire effet toute la journée, chaque jour (comme Strattera). Les gens s'inquiétaient habituellement au sujet de ces médicaments, pour un certain nombre de raisons, dont les suivantes.
    • Notamment, plusieurs pensaient que ces médicaments pourraient mener à la toxicomanie chez les personnes souffrant du TDAH-HIP. En fait, il s'avère que les personnes atteintes du TDAH-HIP sont moins susceptibles d'abuser de substances si elles prennent des médicaments.
    • On craignait également que les enfants prenant ces médicaments ne deviendraient pas aussi grands ou ne mangeraient pas autant que les enfants qui ne prenaient pas ces médicaments. Il est vrai qu'un grand nombre de ces médicaments peuvent vous couper l'appétit pendant que vous les prenez mais, habituellement, cela signifie simplement que vous mangez plus lorsque le médicament se dissipe. Et bien qu'il soit possible que vous ne grandissiez pas autant ou aussi rapidement que vos amis, une fois que vous devenez adulte, vous vous êtes rattrapé en matière de taille.
    • Enfin, certaines personnes croyaient que ces médicaments pouvaient vous donner des tics (mouvements ou sons involontaires), ou renforcer les tics que vous puissiez avoir. Il s'avère que, normalement, ce n’est pas le cas; en fait, il y autant de personnes chez qui les tics diminuent lorsqu’elles prennent des médicaments que de personnes chez qui ils augmentent et même lorsque ceux-ci augmentent réellement, souvent, cet accroissement ne dure que peu de temps.
  • Les médicaments insèrent cette pause nécessaire entre l'événement et la réaction — ils vous donnent un établi sur lequel débrouiller les choses — mais ils ne peuvent régler toutes les choses qui ont mal tourné au cours des périodes où votre frein était fuyant. Par conséquent, ne présumez pas que le médicament compensera soudainement des années d'apprentissage manqué et ne croyez pas que le médicament « ne fonctionne pas » si cela ne se produit pas. Gardez ceci à l'esprit au sujet des médicaments : les pilules n'enseignent pas les aptitudes. Une fois que vous avez ce frein, il vous reste à apprendre comment l'utiliser! Attendez-vous à avoir du retard en ce qui a trait à certaines aptitudes, et sachez que vous devez consacrer du temps à vous rattraper.
  • Les techniques décrites ci-dessous fonctionnent beaucoup mieux lorsque des médicaments ont déjà resserré le frein fuyant; c'est l'une de ces occasions où les médicaments et les techniques comportementales fonctionnent beaucoup mieux ensemble.
    • Les stratégies consistant à « prévoir et éviter » sont très utiles pour éviter la situation qui peut survenir lorsque tout le monde veut que les choses aillent d'une certaine façon mais que, en raison de freins fuyants, la personne souffrant du TDAH-HIP n'y parvient pas sans accommodements. Pour illustrer cette idée au moyen de l'exemple ci-dessus concernant les frères dans la camionnette, peut-être que les frères peuvent être séparés de façon préventive au début du déplacement, l'un des parents étant assis à l'arrière et l'autre à l'avant, plutôt que d'attendre l'inévitable échec et la frustration qu'il engendre
    • Les gens peuvent toujours réfléchir plus clairement lorsqu'ils ne sont pas excités ou agités; pour cette raison, trouver des façons de calmer la personne (p. ex. respirations profondes, écouter un CD de détente musculaire progressive) jouera en votre faveur. Jouez à « Je parie que je peux te faire bâiller » (où vous prétendez bâiller et déclenchez la réaction chez l'enfant, et vice versa) est une idée de Garber, Garber et Freedman- Spizman (1995).
    • Mettre en œuvre une « habitude d'hésitation » (p. ex. demander à la personne de compter jusqu'à un certain nombre entre un événement et sa réaction à ce dernier) peut aider à accroître la connaissance d'un style de réponse réactive, permettre que d'autres options en matière de réaction lui viennent à l'esprit et/ou entraîner cette pause nécessaire mais manquante. Garber, Garber et Freedman-Spizman (1995) proposent que vous dressiez d'abord un graphique des situations critiques dans lesquelles l'impulsivité de la personne cause des problèmes, puis d'établir ensemble des réactions appropriées pour chacune de ces situations. Par exemple, une bonne « habitude d'hésitation » pour que l’enfant quitte sa chambre pour aller à l'école pourrait être de toujours chercher sur son bureau des articles nécessaires à l'école. Pour que cela devienne vraiment une habitude, il faudra la pratiquer à maintes et maintes reprises — pour aider à encourager cette pratique, des points pourraient être gagnés chaque fois que la personne est observée en train de se livrer à l'une de ces habitudes d'hésitation.
    • Continuez d'établir une structure dans la vie de la personne. Il peut falloir beaucoup de temps pour que cela devienne automatique, mais il reste que c'est utile. Cela aidera à faciliter les transitions puisque moins de changements seront inattendus. Cela peut également réduire les demandes exercées sur la mémoire de travail (cette « pause » dont nous avons dit qu'elle ne fonctionnait pas très bien), puisque de nombreux aspects de la journée se consolideront en habitudes, de sorte que vous n'aurez plus besoin de vous en rappeler — elles sont automatiques. Enfin, c'est souvent au cours des périodes non planifiées que ces personnes se trouvent en difficulté, puisque cela accroît les possibilités qu'elles réagissent impulsivement à quelque chose ou quelqu'un.
    • Pour favoriser la rétention des structures/horaires, il peut être utile de les rendre visuels (p. ex. un tableau d'illustrations du matin entre le moment où l'enfant se réveille et le moment où il part pour l'école). Visez à établir des règles, des conséquences et des routines si prévisibles que  la personne peut finir les phrases pour vous. Cela peut également l'aider à se sentir plus indépendante et en contrôle.
    • Utilisez des récompenses « symboliques » immédiates et explicites pour l'accomplissement des tâches, les récompenses pouvant être accumulées et « encaissées » pour obtenir des privilèges supplémentaires, des collations ou d'autres choses désirées (décidées en partenariat avec la personne). Cela aidera les enfants souffrant de TDAH-HIP à « garder l'œil sur le prix » et à accroître leur capacité de se conformer aux demandes.
    • La nécessité d'une structure visuelle et d'un système de récompenses devrait être prise en compte lorsqu'il s'agit de choisir de nouveaux enseignants, et également lorsque l'on planifie en vue des périodes qui ne sont habituellement pas structurées (comme la récréation, ou le temps passé dans l'autobus).
    • Sans freins pour vous aider à garder vos pensées pour vous-même jusqu'à ce que vous ayez décidé quoi dire à haute voix, CHAQUE pensée que ces personnes puissent avoir peut être exprimée à haute voix. En fait, ces personnes peuvent s'attirer des ennuis en raison du fait qu'elles parlent tout le temps. C'est ce qui est appelé « tachylalie» (accélération du rythme verbal), et c'est ce qui arriverait à quiconque n'a pas de filtre entre ses pensées et ses lèvres! D'une certaine manière, ce n'est pas juste — d'autres personnes peuvent garder certaines choses pour elles-mêmes. C'est pourquoi il n'est pas seulement important, mais également respectueux à l’égard de la personne souffrant du TDAH-HIP, d'apprendre à faire la distinction entre ce qui est  censé être « un discours privé intérieur » et ce que la personne veut réellement dire aux autres. Les choses qui devraient être un discours privé intérieur ne devraient pas susciter une réaction ou faire l'objet d'un jugement. Peut-être un carnet de notes pourrait-il être fourni pour inscrire ce discours ou ces images.
    • Aidez à entraîner la personne à agir de façon plus délibérée et moins impulsive dans sa prise de décisions. Une prise de décisions appropriée exige de réfléchir à différentes solutions, de passer en revue les avantages et les désavantages potentiels de chacune, de décider quelle solution adopter, puis d’évaluer la mesure dans laquelle elle était efficace. Comme les personnes souffrant du TDAH-HIP éprouveront des difficultés à le faire de façon automatique intérieurement, donnez l'exemple de ce à quoi cela ressemble extérieurement et explicitement. Procédez à un jeu de rôles pour déterminer la nature du problème, générer des solutions possibles, débattre et même mettre sur papier les conséquences prévisibles de chaque solution, évaluer et classer chacune, mettre en œuvre la meilleure solution et prendre note des résultats.
    • Aidez la personne à identifier certains membres du personnel, membres de la famille ou amis pour agir à titre de « contrôleurs de l'impulsivité » — des personnes à qui la personne souffrant de TDAH-HIP peut s'adresser pour obtenir de l'aide dans ce processus.
    • Les stratégies orientées par le langage peuvent parfois aider les enfants à se concentrer et à maîtriser leur comportement. Par exemple, lorsqu'on donne des instructions à la personne, on devrait lui demander de les répéter dans ses propres mots afin de s'assurer qu'elle comprend ce qui est attendu. Cette stratégie peut également être utile pendant qu'elle travaille à se concentrer sur la tâche.
    • Un autre conseil pratique au sujet des instructions : étant donné que toute mention d'un comportement à une personne qui a des « freins fuyants » n'aura pour seul effet que de rendre ce comportement encore PLUS susceptible de survenir, assurez-vous que, lorsque vous donnez des instructions, vous dites à la personne ce que vous voulez qu'elle fasse, non pas ce que vous ne voulez pas qu'elle fasse! Par définition, les personnes souffrant du TDAH-HIP gèrent mal leur temps; par conséquent, le passage du temps doit être rendu plus explicite et visuel pour elles. Les sources de stress peuvent être les suivantes : savoir quand vous aurez terminé une certaine tâche, ou être sous la fausse impression que la semaine au complet est remplie de rendez-vous, sans aucun temps pour le plaisir. En fournissant des aperçus visuels à regarder (p. ex. un stylo pour cocher chaque étape à mesure qu'elle est accomplie, ou en montrant à la personne les rendez-vous qu'elle a et quand, sur un calendrier), une plus grande sécurité peut être injectée dans la situation, abaissant les niveaux de frustration et réduisant les distractions au minimum. Enfin, parents, assurez-vous de demander que tout accommodement pertinent qui figure sur ce document soit ajouté à un Plan d'Enseignement Individualisé (PEI) formel. Il n'est pas nécessaire qu'un PEI informel soit mis en œuvre ou transféré, tandis qu'un PEI formel est un processus législatif qui inclut également le Comité d'Identification, de Placement et de Réexamen (C.I.P.R.) et qui doit être respecté, aux termes de la Loi sur l'éducation (Loi sur l'éducation, Règlement 181/98). Tous les enfants ayant des besoins spéciaux définis ont accès à ce processus.